Les montagnes de l’horizon

Feuilleton

5 – RÉSUMÉ : Après toutes ces années à rêver, Gabriel ose enfin s’approcher des montagnes. D’abord l’été, par étapes, les premiers refuges, puis la frange des glaciers, jusqu’à la sortie accompagnée d’un guide… Mais grimper ce sommet n’a pas été l’accomplissement escompté, l’attente reprend. Et le voilà bientôt au pied du Grand Pic. C’est là qu’il trouve ce qu’il est venu chercher. Après cette expédition de courte durée, redescendre dans la vallée lui ouvre d’autres horizons. La maison de la vieille Amélie vient d’être rachetée. Contre toute attente, il constate que les travaux n’ont en rien détérioré les lieux. Ce qui augure déjà d’une bonne entrée en matière avec les propriétaires. (Voir Veillées n^o 3503 et suivants.)

Gabriel fit la connaissance de ses nouveaux voisins quand ils vinrent le voir pour s’excuser après qu’un camion de déménagement eut légèrement endommagé un muret de son jardin. L’entrevue fut cordiale, il leur proposa d’empiéter un peu sur ce mur pour aménager le virage qui n’avait pas été prévu pour les automobiles.

C’étaient deux professeurs, des gens simples et avenants, qui n’avaient pas cette cordialité affectée de beaucoup de citadins quand ils s’adressent à des campagnards. Ils avaient acheté cette maison où ils désiraient venir avec leur fille passer les fins de semaine et une partie des vacances, car d’après eux, la vie en ville devenait de plus en plus pénible, bruyante et irrespirable. Il sembla dès cette première rencontre qu’ils auraient des relations de bon voisinage.

Quelques semaines passèrent. Un matin de septembre, Gabriel, qui rentrait chez lui sans se presser, croisa une jeune fille inconnue. Il la salua discrètement, elle répondit d’un sourire et il se retint de se retourner pour l’observer. « C’est sans doute la fille des professeurs, elle a l’air très mignonne. » Puis il n’y pensa plus. Ces rencontres se reproduisirent à deux reprises. La première fois, elle marchait et il conduisait son tracteur ; la deuxième fois, il la croisa comme elle descendait à vélo vers le village. Nouveaux saluts, nouveaux sourires. Elle paraissait charmante,