Les Veillées des chaumières

De la poudre aux yeux

Accoudée à la rambarde du balcon de son appartement, Marguerite aimait à contempler longuement le manteau sombre de la nuit piqueté d’étoiles. Émerveillée, elle admirait ces myriades de lumignons célestes et se demandait parfois si l’un d’entre eux brillait pour elle. Mais elle en doutait fortement, vu le peu d’intérêt qu’offrait sa vie. Passer ses journées, retranchée derrière un ordinateur, à jongler à longueur d’année avec des chiffres, n’avait rien d’exaltant. Certes, son métier de comptable lui permettait de vivre correctement mais il lui donnait le sentiment d’être engluée dans une routine trop prosaïque à son goût.

Si seulement elle avait été moins timide, plus sûre d’elle, elle n’en serait pas là aujourd’hui, à regretter sa morne existence ! Au plus profond d’elle-même, elle rêvait d’occuper le devant de la scène d’une manière ou d’une autre, d’attirer sur elle les regards de ses semblables, de briller en société. Mais elle était de nature si discrète, qu’elle passait souvent inaperçue aux yeux de son entourage. Ce n’était pas faute de se montrer serviable, pourtant. Elle était toujours prête à donner un coup de main, à se plier en quatre pour récolter un tant soit peu de reconnaissance. Cependant, au lieu d’apprécier Marguerite à sa juste valeur, les gens qu’elle côtoyait, avaient tendance à abuser de sa gentillesse.

Seule Nadya connaissait les véritables trésors que recelait le cœur de son amie d’enfance. De deux ans son aînée, elle s’était toujours montrée protectrice envers Marguerite, à l’image d’une grande sœur. Même en devenant infirmière pour Médecins sans Frontières, elle continuait à veiller sur elle à distance, car Nadya savait aussi les failles et les blessures secrètes de celle qu’elle surnommait affectueusement Maguy. Oui, elle savait que son amie se débattait encore souvent contre les fantômes du passé. Plus particulièrement contre celui de sa grand-mère maternelle, une veuve acariâtre, au cœur de pierre, qui avait partagé le toit familial jusqu’à sa mort. Elle avait deux passe-temps favoris: se plaindre et critiquer méchamment son entourage. Rien ni personne ne trouvait grâce à ses yeux (sa petite-fille encore moins que quiconque), et elle ne se privait pas de le faire savoir.

Marguerite en fit les frais dès son plus jeune âge. À force d’être la proie constante des remarques humiliantes de son aïeule, la jeune femme avait fini par se croire insignifiante.

Parvenue au seuil de sa vie d’adulte, elle était profondément

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