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Guide d'intervention en activités physiques adaptées à l'intention des kinésiologues
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Guide d'intervention en activités physiques adaptées à l'intention des kinésiologues
Livre électronique1 207 pages11 heures

Guide d'intervention en activités physiques adaptées à l'intention des kinésiologues

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À propos de ce livre électronique

Le Guide d’intervention en activités physiques adaptées à l’intention des kinésiologues s’adresse aux étudiants en kinésiologie et aux kinésiologues susceptibles d’intervenir auprès de différentes populations en situation de handicap ou présentant des besoins particuliers. Conçu sous la forme d’un guide pratique, ce livre a été rédigé par plus de 50 spécialistes en kinésiologie et en activités physiques adaptées. Issus de cette collaboration, les 20 chapitres proposés interpellent directement les compétences professionnelles du kinésiologue. Plus particulièrement, ils présentent les cadres de pratique et de référence dans lesquels le kinésiologue s’inscrit, le concept d’activité physique adapté et les éléments fondamentaux à considérer pour l’intervention en activités physiques adaptées auprès de différentes populations en situation de handicap ou présentant des besoins particuliers.

Christophe Maïano (Ph. D., ps. éd.) est professeur titulaire au Département de psychoéducation et de psychologie de l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Il s’intéresse aux déterminants biopsychosociaux et aux interventions visant l’amélioration du bien-être chez les personnes ayant une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme et des problèmes de santé physique ou mentale.

Olivier Hue (Ph. D.) est titulaire d’un doctorat en sciences du mouvement humain de l’Université de la Méditerranée Aix–Marseille II. Il est professeur agrégé au Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il s’intéresse principalement au contrôle de la posture et du mouvement dans les domaines du vieillissement et de l’obésité, ainsi qu’aux effets des interventions en activités physiques adaptées, notamment chez les personnes âgées.

Grégory Moullec (Ph. D.) est titulaire d’un doctorat en sciences du mouvement humain de l’Université Montpellier I. Il est professeur adjoint sous octroi au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, et chercheur au Centre de recherche du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Il s’intéresse principalement à l’implantation de programmes cliniques et populationnels visant la promotion de l’activité physique et de la santé mentale chez les personnes vivant avec une maladie chronique et l’évaluation de leurs effets.

Véronique Pepin (Ph. D.) est titulaire d’un doctorat en exercice et bien-être (Exercise & Wellness) de l’Arizona State University. Elle est professeure agrégée et directrice du Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée de l’Université Concordia à Montréal et chercheuse au Centre PERFORM (Concordia) et au Centre de recherche du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Kinésiologue de formation, elle s’intéresse aux effets aigus et chroniques de l’exercice cardiorespiratoire sur les capacités physiques, psychologiques et cognitives, principalement auprès de personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques.
LangueFrançais
Date de sortie26 août 2020
ISBN9782760554436
Guide d'intervention en activités physiques adaptées à l'intention des kinésiologues
Auteur

Christophe Maïano

Christophe Maïano (Ph. D., ps. éd.) est professeur titulaire au Département de psychoéducation et de psychologie de l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Il s’intéresse aux déterminants biopsychosociaux et aux interventions visant l’amélioration du bien-être chez les personnes ayant une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme et des problèmes de santé physique ou mentale.

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    Aperçu du livre

    Guide d'intervention en activités physiques adaptées à l'intention des kinésiologues - Christophe Maïano

    1   La pratique de la kinésiologie au Québec

    Par Serge Bourdeau, Véronique Brouillette, Francis Gilbert, Éric Le Bouthillier, Valérie Lucia et Marc-Antoine Pépin

    La

    La

    pratique de la kinésiologie a beaucoup évolué au Québec dans les 30 dernières années. Elle a fait des pas de géant en matière de contenu, de recherche et de formation, a été implantée dans le réseau québécois de la santé et en est devenue un maillon indispensable.

    Le présent chapitre présentera la discipline, la profession, les champs d’exercice, la formation, les compétences et activités professionnelles, les milieux d’intervention et le type d’approche.

    1.1  La kinésiologie

    La kinésiologie (encadré 1.1) est l’étude de la motricité humaine et de ses composantes biologiques (anatomiques, physiologiques, neurophysiologiques, neurologiques, biochimiques, biomécaniques, neuromotrices) et psychosociologiques dans l’environnement, sous l’angle de deux catégories (Fougeyrollas et al., 1996) :

    1les facteurs sociaux (politico-économiques et socioculturels) tels que le système politique et les structures gouvernementales, le système juridique, le système économique (incluant le marché du travail), la sécurité financière, le système socio-sanitaire, le système éducatif, les infrastructures publiques, les organisations communautaires (incluant la religion), les facteurs socioculturels (réseau social, structure familiale, règles sociales, règles formelles incluant les législations) ;

    2les facteurs physiques (nature et aménagement) tels que la géographie des lieux, le climat, le temps, le bruit, l’aménagement (par exemple, l’architecture), l’aménagement du territoire, la technologie (incluant les aliments et drogues, les vêtements, les équipements, le transport).

    1.2  Le kinésiologue

    L’appellation kinésiologue désigne le professionnel qui exerce la kinésiologie. On retrouve cette appellation au Canada et aux États-Unis.

    Le kinésiologue, professionnel¹ du secteur de la santé qui se spécialise en activité physique, possède une expertise reconnue dans le domaine de l’activité physique adaptée. Il participe à des décisions ou à des interventions en tant que professionnel de la santé travaillant au sein d’équipes multidisciplinaires. Il travaille en effet quotidiennement en interdisciplinarité avec d’autres professionnels de la santé tels que les médecins, les nutritionnistes, les psychologues, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes, les pharmaciens, les chiropraticiens, et ce, dans le respect de son champ d’exercice.

    Le kinésiologue participe à la réadaptation fonctionnelle, aux soins en santé mentale ainsi qu’à l’adaptation² de la pratique de l’activité physique et sportive, et ce, de manière individuelle ou en groupe (encadré 1.2). Il sait s’adapter et répondre aux besoins changeants de la population en matière d’activité physique et sportive, afin que le client puisse retirer le maximum de bénéfices de sa pratique d’activité physique et que le risque de blessures soit minimisé. Il agit en amont et en aval des situations de handicap. Selon Fougeyrollas et ses collègues (1996, p. 130), « une situation de handicap correspond à la réduction de la réalisation des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels (les déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques personnelles) et les facteurs environnementaux (les facilitateurs et les obstacles) ».

    Dans le cadre de ses fonctions, il procède à l’évaluation et à l’optimisation de la dynamique du mouvement pour des fins de développement, d’éducation, de prévention, de réadaptation, de traitement et de performance. Son principal moyen d’intervention est l’activité physique et motrice.

    1.2.1

    Le champ d’exercice du kinésiologue

    Le kinésiologue intervient dans plusieurs sphères de la santé : la prévention, le conditionnement physique, la préparation physique, la réadaptation fonctionnelle, la réadaptation cardiorespiratoire, la réadaptation physique, la santé mentale, la performance sportive, l’enseignement, la promotion de la santé, etc.

    Il offre des services de qualité et sécuritaires, et ce, peu importe l’état de santé ou le handicap du client. Il a la formation nécessaire pour gérer les exceptions, faire les adaptations adéquates, remplir son obligation de moyens et, si nécessaire, diriger les clients vers les spécialistes de la santé les mieux outillés pour répondre à leurs besoins.

    Il évalue entre autres les différents paramètres de la condition physique d’une personne qui présente ou non des facteurs personnels perturbés qui regroupent les éléments relatifs au système organique et aux aptitudes, incluant les dimensions de la santé mentale et les caractéristiques comme l’âge et le sexe.

    Il établit un plan d’intervention et de traitement par le moyen de l’activité physique, puis en assure la réalisation dans le but de maintenir ou de rétablir la santé du client. Ses actes s’étalent de la dimension fonctionnelle à la performance, et ce, selon des fondements biopsychosociaux.

    Encadré 1.1  La kinésiologie

    La kinésiologie a pour préoccupation l’adaptation et le développement optimal du potentiel de la personne sur le plan de sa motricité et de ses composantes biologiques et psychosociologiques.

    Encadré 1.2  Les valeurs du kinésiologue

    La valeur-phare du kinésiologue est la promotion de l’activité physique tout au long de la vie à l’aide d’interventions sécuritaires et professionnelles appuyées sur des compétences reconnues.

    Les valeurs du kinésiologue sont le professionnalisme, l’honnêteté, le respect, l’intégrité, la responsabilité, la rigueur et la bienfaisance (faire du bien à autrui dans un intérêt social).

    La vision du kinésiologue (l’objectif qu’il souhaite atteindre) est d’optimiser la performance motrice et la condition physique, ainsi que ses déterminants, de la personne. Il souhaite ainsi lui donner le goût d’être physiquement active sur une base régulière afin de réduire les facteurs de risque reliés au mode de vie sédentaire, de contribuer à l’adaptation/la réadaptation d’une situation personnelle perturbée et de mettre en place les conditions nécessaires pour améliorer sa condition physique.

    Le kinésiologue possède les compétences qui lui permettent d’aider le client à atteindre ses buts et à optimiser ses capacités fonctionnelles, qu’il s’agisse d’un jeune adulte sans facteur de risque qui souhaite se remettre en forme, d’une personne qui désire perdre du poids ou encore d’un tétraplégique qui souhaite faire une carrière sportive. Il peut exercer sa profession dans plusieurs milieux publics (centres hospitaliers, centres intégrés de santé et de services sociaux [CISSS], centres de réadaptation, cliniques médicales et groupes de médecine familiale [GMF], cégeps) et dans le privé (cliniques privées en réadaptation, cliniques de physiothérapie, cliniques d’ergothérapie, cliniques médicales privées, centres de la petite enfance et centres de conditionnement physique) à des fins préventives, de traitement ou de performance ou dans l’adaptation et l’encadrement d’athlètes paralympiques.

    1.2.2

    La formation du kinésiologue

    Au Québec, plusieurs universités francophones et anglophones offrent le programme de formation en kinésiologie.

    La formation de base (premier cycle universitaire) inclut l’acquisition de nombreuses connaissances dans des sphères scientifiques variées qui touchent tous les stades de la vie et qui prend en compte l’environnement dans lequel évolue l’individu.

    Au moment d’écrire ces lignes, les formations aux cycles supérieurs ne sont pas obligatoires pour la pratique clinique de la kinésiologie. La formation de deuxième cycle comprend des programmes de type professionnel et des programmes de recherche clinique et fondamentale. Des programmes de troisième cycle axés aussi sur la recherche clinique et fondamentale sont également offerts.

    En kinésiologie, l’évaluation repose sur des fondements scientifiques universitaires reconnus. Les domaines d’étude couvrent, entre autres, les aspects suivants :

    › l’anatomie humaine topographique et descriptive ;

    › la cinésiologie ;

    › la physiologie humaine ;

    › la neurologie ;

    › la biomécanique ;

    › la psychologie ;

    › la sociologie ;

    › le développement moteur, physiologique et psychologique ;

    › l’évolution de la personne à travers les étapes de la vie ;

    › la physiopathologie, les blessures, les déficiences et les incapacités.

    La figure 1.1 illustre la profession du kinésiologue ; la liste qu’elle propose ne se veut pas exhaustive.

    Le champ de recherche en kinésiologie est vaste et diversifié. Parmi les créneaux de recherche associés à des études de deuxième et de troisième cycles universitaires en kinésiologie au Québec, on compte, entre autres :

    › l’effet de l’activité physique en lien avec la génétique de l’obésité ;

    › la physiologie de l’effort ;

    › les comorbidités de l’obésité liée à la sédentarité/ activité physique ;

    › la substance ergogène et l’activité physique ;

    › la réadaptation par l’activité physique ;

    › l’activité physique chez les populations spéciales ;

    › le contrôle moteur associé à l’activité physique ;

    › l’activité physique et le vieillissement.

    Figure 1.1  Le kinésiologue à travers sa formation et son environnement de travail

    Figure: Un graphique intitulé Le kinésiologue à travers sa formation et son environnement de travail. Le graphique combine des composantes de la formation et de l'environnement de travail du kinésiologue disposés dans des cases et des colonnes. En haut, les clientèles du kinésiologue. En bas, les disciplines de soutien. À gauche, les disciplines générales. Au centre, de gauche à droite, les pathologies, la préparation et le conditionnement physique, les modifications des habitudes de vie et les types de performance. Deux flèches encadrent le graphique et pointe vers la case Recherche clinique et fondamentale.

    1.2.3

    Les compétences du kinésiologue

    ³

    Telles que définies par le Conseil national de la kinésiologie de la Fédération des kinésiologues du Québec, les compétences attendues du kinésiologue lors de sa formation ont été établies en fonction des étapes du cheminement d’un client avec un professionnel de la santé au Québec.

    Compétence no 1 – rechercher les informations pertinentes à la détermination des besoins de l’individu et des objectifs d’intervention :

    › identifier les besoins et les objectifs de la personne ;

    › interpréter les besoins et les objectifs de la personne afin d’être en mesure de les évaluer, de les mesurer et de les réaliser ;

    › rechercher et analyser les informations pertinentes préalables à l’intervention.

    Compétence no 2 – évaluer la capacité fonctionnelle, la motricité et les déterminants de la condition physique de l’individu afin d’élaborer un plan d’intervention :

    › identifier et effectuer les tests appropriés pour juger de la capacité fonctionnelle, de la motricité et des déterminants de la condition physique de la personne ;

    › appliquer les tests appropriés pour juger de la capacité fonctionnelle, de la motricité et des déterminants de la condition physique de la personne ;

    › créer, au besoin, des tests appropriés pour juger de la capacité fonctionnelle, de la motricité et des déterminants de la condition physique de la personne ;

    › analyser les résultats des tests ;

    › rédiger un bilan en fonction de l’analyse clinique.

    Compétence no 3 – construire un plan d’intervention spécifique :

    › établir les priorités d’intervention auprès de la personne ;

    › formuler des objectifs réalistes correspondant aux objectifs de la personne ;

    › identifier les stratégies et les techniques d’intervention adéquates permettant au client d’atteindre les objectifs ;

    › établir un échéancier réaliste des interventions.

    Compétence no 4 – réaliser son intervention efficacement :

    › connaître les stratégies et les techniques d’intervention ;

    › appliquer les stratégies et les techniques d’intervention de façon efficace.

    Compétence no 5 – poser un regard critique sur son intervention et, au besoin, réajuster son intervention :

    › évaluer les effets de ses interventions ;

    › évaluer l’adéquation entre les effets de ses interventions et les objectifs ;

    › réajuster ses interventions au besoin.

    Compétence no 6 – agir de façon éthique et responsable :

    › communiquer de façon appropriée (oralement et par écrit) avec ses collègues de la même discipline et d’autres disciplines ;

    › communiquer de façon appropriée (oralement et par écrit) avec le client ;

    › apporter sa contribution disciplinaire dans une situation de collaboration ;

    › identifier et planifier des formations pertinentes à l’égard de sa formation continue ;

    › analyser sa capacité professionnelle avant d’agir avec la personne (ses forces, ses limites, son champ d’exercice), consulter d’autres professionnels s’il y a lieu ou diriger le client vers d’autres spécialistes ;

    › connaître et respecter les normes d’éthique de sa profession ;

    › respecter les individus, ses collègues et autres intervenants, et éviter toute forme de discrimination à l’égard d’autrui ;

    › réaliser des activités de promotion, d’éducation et de prévention de la santé adaptées à une population désignée.

    1.2.4

    Les activités professionnelles du kinésiologue

    1.2.4.1

    La prévention

    Le kinésiologue réalise une intervention préventive auprès d’un client ayant fait appel à ses services. Dans certains cas, ce client lui est référé par un professionnel de la santé, par exemple à la suite d’une détérioration de sa condition physique.

    Une importante partie du travail du kinésiologue se réalise en phase de prévention de la santé. Le client ne présente alors aucun signe ou symptôme particulier et pratique l’activité physique à des fins de mise en forme. Lors de l’apparition des premiers signes et symptômes de problèmes de santé, le kinésiologue sera appelé à collaborer avec d’autres professionnels comme les médecins, les nutritionnistes, les psychologues, les physiothérapeutes, les ergothérapeutes, les pharmaciens et les chiropraticiens afin de prévenir la détérioration de la condition de la personne et l’apparition d’une maladie ou d’une blessure. Le kinésiologue peut aussi agir en prévention secondaire pour prévenir les conséquences d’un problème de santé existant.

    1.2.4.2

    Le traitement et la réadaptation

    L’intervention en kinésiologie peut contribuer au diagnostic médical ou au pronostic. Alors qu’il interviendra pleinement dans son champ d’exercice dès l’apparition des premiers signes et symptômes d’une condition de santé, d’une situation de handicap ou de pathologies diverses et variées, le kinésiologue sera appelé à collaborer avec d’autres professionnels de la santé à l’élaboration et la réalisation du plan de traitement.

    1.2.4.3

    La performance

    Le kinésiologue travaille à améliorer la performance motrice humaine sur plusieurs plans, que ce soit en performance sportive, au travail ou dans les tâches au quotidien, et ce, pour toutes les clientèles.

    1.2.5

    Les milieux d’intervention et la clientèle du kinésiologue

    Bien que les activités du kinésiologue soient variées, elles ont en commun l’évaluation de la dynamique du mouvement humain dans le but de maintenir ou d’améliorer la santé humaine par la pratique d’activité physique. Ces activités sont accomplies dans une proportion qui varie selon les clientèles et les milieux d’exercice. Voici quelques exemples d’activités professionnelles du kinésiologue :

    › services de prévention, de traitement et de réadaptation en milieu hospitalier, centres locaux de services communautaires, centres intégrés de santé et de services sociaux, centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux, établissements de santé mentale, cliniques privées ;

    › évaluation neuromusculosquelettique, fonctionnelle et psychosociale ;

    › ergonomie en milieu de travail ;

    › entraînement et préparation physique pour la haute performance ;

    › promotion de l’activité physique en santé publique ;

    › gestion de programmes d’activités physiques ;

    › entraînement personnel, animation de programmes d’activités physiques, adaptation par l’exercice (c’est-à-dire conditionnement physique, performance, préparation physique, sport) ;

    › recherche et transfert de connaissances.

    Le kinésiologue se démarque des autres professionnels de la santé et complète leur travail par son éventail de connaissances et son large champ d’exercice. En effet, la capacité du kinésiologue à travailler en synergie avec les autres professionnels de la santé lui permet d’être non seulement contributif, mais aussi complémentaire aux soins et aux traitements, ce qui a pour effet d’améliorer l’offre du système de soins de santé. Cela est confirmé par l’intégration en 2013 des kinésiologues dans 60 groupes de médecine familiale du Québec.

    1.2.6

    L’approche centrée vers la personne

    Une des qualités intrinsèques de la formation du kinésiologue, surtout dans un contexte de pratique de l’activité physique, est de prendre en considération les goûts et centres d’intérêt de sa clientèle. Cette considération est une donnée essentielle à ses interventions. Son utilisation judicieuse de l’activité physique fait de lui un intervenant apprécié, mais surtout qui obtient des résultats marquants lors de ses interventions.

    Ce concept est utilisé en milieu de réadaptation et découle du concept d’affordance (issu des travaux du psychologue Gibson [1979], à partir du verbe anglais to afford, dont la signification est « permettre » ou « donner la possibilité de »). Il introduit la notion que l’environnement peut inciter la personne à agir. Les kinésiologues planifient leur programme d’exercices à partir des motivations de la clientèle, en créant un environnement qui permettra d’éprouver du plaisir et du bien-être, ce qui augmente les chances que le client poursuive l’activité proposée. Le kinésiologue se démarque des autres professionnels par cette notion, qui s’applique à toutes les sphères de la profession.

    1.2.7

    Les capacités en devenir

    Une autre caractéristique du kinésiologue est de privilégier une approche axée sur le développement des capacités plutôt que sur les incapacités, et ce, dans tous les domaines. Cette approche, plus écosystémique, met en perspective le large spectre des interventions du kinésiologue, dans lesquelles l’approche globale est privilégiée. Ainsi, le kinésiologue a les habiletés pour accompagner le client à partir de sa condition initiale, pour contribuer au traitement de la problématique de santé en jeu et pour viser une performance globale améliorée.

    Encadré 1.3  La Fédération des kinésiologues du Québec

    Constituée en 1988, la Fédération des kinésiologues du Québec (FKQ) est un organisme sans but lucratif qui regroupe plus de 1700 membres accrédités et étudiants, soit plus de 20% des kinésiologues sur le marché. Elle a acquis une notoriété enviable dans le milieu. La FKQ a déjà fait une avancée remarquable et incontestable dans la reconnaissance professionnelle du kinésiologue au cours des 25 dernières années.

    La FKQ est l’organisme ressource en matière d’activité physique et de kinésiologie :

    › pour la population qui consulte son répertoire pour trouver un kinésiologue ou pour lui poser une question ;

    › pour les employeurs qui exigent l’accréditation de leurs employés kinésiologues ou qui veulent trouver des services ;

    › pour les organismes publics et le gouvernement ;

    › pour les compagnies d’assurances qui vérifient la validité des numéros de permis ;

    › en raison de l’utilisation croissante de son comité de gestion de plaintes.

    Afin de s’assurer d’un service professionnel de qualité, la FKQ exige de ses membres accrédités un diplôme universitaire en kinésiologie, l’adhésion au code de déontologie et la réussite de l’examen d’accréditation. Lorsqu’un candidat satisfait à toutes ces exigences, la FKQ lui accorde une confirmation de pratique (numéro de membre) en tant que kinésiologue. Celle-ci lui assure ainsi le droit de remettre des reçus destinés aux compagnies d’assurances.

    La FKQ représente l’ensemble des membres du Québec et regroupe des associations régionales officiellement installées (Québec, Est-du-Québec, Mauricie et Centre-du-Québec, Estrie, Saguenay–Lac-Saint-Jean).

    Bibliographie

    Conseil Consultatif Sur Les Aides Technologiques (1994). Petit vocabulaire des aides techniques, Québec, Ministère de la Santé et des Services sociaux.

    Fougeyrollas, P. et al. (1996). Révision de la proposition québécoise de classification : processus de production du handicap, Québec, CQCIDIH.

    Gibson, J.J. (1979). The Ecological Approach of Visual Perception, Hillsdale, Lawrence Erlbaum Associates.

    1La dénomination et le qualificatif professionnel sont utilisés dans ce chapitre pour désigner les personnes qui sont membres d’un ordre professionnel. Pour des raisons d’harmonisation du texte, ce terme inclut ici également les kinésiologues, même s’il n’existe pas pour le moment d’ordre professionnel pour les kinésiologues.

    2Ici, adaptation signifie plus précisément « regroupement, sous forme d’un processus personnalisé, coordonné et limité dans le temps, des différents moyens mis en œuvre pour permettre à une personne ayant des déficiences de développer ses capacités physiques et mentales et son potentiel d’autonomie sociale » (Conseil consultatif sur les aides technologiques, 1994, p. 15).

    3Section tirée de , consulté le 30 mars 2020.

    2   Activité physique adaptée

    Repères historiques, conceptuels et perspectives

    Par Claire Boursier et Didier Séguillon

    Le

    Le

    domaine de l’activité physique adaptée (APA) et du mouvement international, son histoire, ses acteurs clés et ses perspectives actuelles seront traités dans le présent chapitre. Les acteurs clés sont ceux qui ont fait émerger le concept, l’ont fait évoluer, l’ont fait reconnaître et ont permis que le domaine et le mouvement APA se développent dans le monde depuis près de 50 ans.

    Cette discipline en constante évolution englobe les activités physiques destinées aux personnes en situation de handicap ou celles ayant des besoins particuliers telles que les personnes âgées, celles atteintes de maladies ou celles vivant des difficultés sociales majeures. Le terme adapté est l’essence même de l’accompagnement de ces personnes ; il reflète la démarche d’ajustement aux capacités et aux besoins de chacun.

    L’APA constitue ainsi depuis des décennies un champ professionnel d’interventions variées dans les milieux de l’inclusion sociale (incluant les loisirs, l’éducation physique, les pratiques sportives dites « unifiées »), de la santé (incluant la prévention et la participation à la réhabilitation), et des pratiques sportives de tous niveaux.

    Si aujourd’hui l’activité physique, l’éducation physique (ÉP) et le sport sont reconnus pour leurs bienfaits en matière de santé, d’éducation, de bien-être, d’épanouissement, d’inclusion sociale par les instances internationales comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’accès à ces pratiques pour tous est une préoccupation relativement récente et fait écho au développement de valeurs humanistes liées aux droits de la personne et au vivre-ensemble.

    Nous nous pencherons d'abord sur les grandes lignes de l’histoire du mouvement international de l’APA, ses acteurs majeurs, ses valeurs, missions et ambitions en ce qui concerne les programmes, les formations et les recherches. Nous exposerons par la suite l’effet de ce récent domaine d’expertise sur les politiques internationales, nationales et locales, qui se déclinent différemment selon le contexte. Cela nous permettra de présenter les évolutions et perspectives actuelles de l’APA dans le monde.

    2.1  Repères historiques

    Pour retracer les repères historiques du concept de l’APA, nous prendrons appui sur plusieurs contributions scientifiques, dont l’ouvrage de référence de ses pionniers Activité physique adaptée (Simard et al., 1987A). Cette publication a été une contribution marquante sur le plan international, après l’ouvrage de Claudine Sherill (1976), dont la carrière a été dédiée au développement de programmes d’intervention et de recherches liées à l’APA. Nous tenterons de circonscrire un domaine d’intervention singulier, un espace de formation en pleine expansion dans le monde aujourd’hui, un champ de recherche porteur mais aussi, un objet polysémique à bien des égards (Génolini, 2001). Nous appuierons également notre analyse sur les articles de Greg Reid (2013, 2015, 2016) qui retracent l’historique de la Fédération internationale en activité physique adaptée (IFAPA).

    Le domaine ainsi que les programmes d’APA ont pour origine le cadre scolaire de l’ÉP. Il s’agissait de répondre aux besoins et à la singularité d’élèves en situation de handicap ou ayant des besoins particuliers dans les classes et les établissements spécialisés. L’émergence de l’APA a également répondu au constat que les populations de tous âges se sédentarisaient, avec l’effet négatif que l’on connaît maintenant sur la santé, et que certaines n’avaient pas accès aux pratiques d’ÉP, d’activités physiques ou sportives. Il s’agissait dès les prémices d’une recherche d’une autre solution que le modèle médical dans le champ du handicap et de l’inadaptation, s’appuyant sur un modèle écologique environnemental d’intervention promouvant l’accessibilité et la compensation. Ce modèle alors en gestation du « développement humain » est aujourd’hui déployé par le Réseau international sur le Processus de production du handicap. Il analyse le développement humain comme une interaction entre des facteurs personnels (intrinsèques à chaque individu) et des facteurs environnementaux (extrinsèques à la personne) qui influencent le degré de participation sociale de chacun.

    En s’appuyant sur une conception holistique de l’homme, le domaine de l’APA traverse les 50 dernières années d’une belle manière (Reid, 2013). Il se structure d’abord autour de l’IFAPA, dont l’objectif et la mission sont de développer les programmes d’activités physiques accessibles, de former des professionnels de l’intervention, de la conception et de l’évaluation de programmes d’APA, de soutenir la recherche et la diffusion de ses résultats et, enfin, d’en promouvoir l’effet auprès des instances nationales et internationales. L’accessibilité à tous de toute activité physique, programme d’ÉP, pratique sportive est pensée par les promoteurs de l’APA dès sa naissance et n’a jamais cessé de l’être depuis, dans le contexte d’une société qui se veut inclusive.

    L’émergence du concept d’APA, au Québec, est concomitante à un mouvement qui est particulièrement fort dans les années 1970, celui de la désinstitutionalisation. Elle s’effectue dans le contexte d’une politique mettant à l’avant-plan les services publics pour tous avec, en perspective, la diminution, voire la suppression, des institutions spécialisées. Dès lors, des spécialistes de différentes disciplines et professions s’intéressent à l’évolution de ce domaine d’intervention et effectuent des recherches sur l’effet des programmes d’APA sur des clientèles spéciales (Pépin, 1996). Les pionniers du mouvement APA sont des militants de l’accessibilité de tous à toutes les activités physiques. Ils s’élèvent contre la tutelle des approches médicales et tentent de développer une approche plus humaniste et sociale.

    Clermont Simard présente le concept de l’APA dans son premier ouvrage (Simard, 1987). Ce texte est une référence pour le mouvement sur le plan international. En introduction, il annonce : « L’activité physique adaptée déborde de l’éducation physique adaptée mais celle-ci fait partie de ses priorités » (Simard, 1987, p. 1). Il souligne les liens qui unissent et séparent l’APA de l’ÉP ou encore de l’ÉP adaptée (ÉPA), alors en plein développement en Amérique du Nord. Pour lui, les deux concepts existent, le premier, l’APA, englobant le second, l’ÉPA, plus restrictif et consacré au domaine de l’éducation et de l’école. « Elle [l’APA] peut, à la suite d'une bonne identification de son champ, s’inscrire comme sous-ensemble de divers ensembles plus globaux. Ces ensembles peuvent se nommer soit les Sciences de l’activité physique, soit les Sciences médicales, soit les Sciences de la réadaptation, soit les Sciences de l’éducation, soit les Sciences de la récréation ou diverses autres sciences humaines » (Simard, 1987, p. 1). L’APA et un sous-ensemble du domaine plus large de l’activité physique. C’est un champ de connaissances et de recherches qui a son objet propre dans sa capacité à intégrer des connaissances associées aux diverses populations ayant des besoins particuliers et aux principes qui régissent la personne dans sa motricité authentique. Il définit une « population spéciale » comme étant constituée de personnes qui vivent une limitation congénitale ou acquise, temporaire ou permanente, et qui ont besoin d’un accompagnement particulier sur les plans de la réadaptation, du développement, de l’éducation et de l’intégration optimale à son milieu de vie (Simard, 1987, 2001).

    La démarche des professionnels en APA doit permettre en priorité la pleine participation des personnes en situation de handicap. L’APA est « utilisée comme moyen pour atteindre les fins recherchées par des professionnels provenant de domaines scientifiques très divers » (Simard, 1987). Les spécialistes qui utilisent l’APA peuvent être, au Québec, le kinésiologue, le physiothérapeute, l’ergothérapeute, l’infirmier, le récréthérapeute, l’éducateur physique, le rééducateur, le spécialiste en réadaptation, l’éducateur spécialisé, etc. (Simard, 1987). Ainsi, le domaine de l’APA amorcé au Québec est caractérisé par l’intervention pluridisciplinaire de différents professionnels. En France, ce sont les professionnels de l’ÉP, des activités physiques et sportives dédiées aux personnes en situation de handicap qui sont légalement reconnus : professeurs en APA, éducateurs sportifs handisport ou sport adapté (Boursier et Séguillon, 2018B).

    Si Claudine Sherrill est l’une des pionnières du développement des pratiques d’APA, considérée par la communauté comme la marraine du mouvement, Clermont Simard est perçu comme le père du concept d’APA, de son développement et de sa reconnaissance sur le plan international. Il accepte volontiers ce titre et confie : « J’en suis fier. J’ai toujours souhaité être utile, apporter ma touche, m’inscrire dans l’histoire. Je me suis ainsi fortement impliqué dans mon milieu professionnel durant de longues années, afin de promouvoir différents modes de vie actifs. Je demeure encore aujourd’hui très actif » (Simard, 2018, p. 82). Pionnier de la première heure, il est la figure de proue du mouvement de l’APA que l’on connaît aujourd’hui :

    Nous avons lancé ce concept d’APA dans les années 1970 afin de l’étendre et de promouvoir l’activité physique en dehors des écoles traditionnelles et spécialisées, afin de le transposer à toutes nos actions de réadaptation auprès des autres publics non scolaires et en cherchant à démontrer toute l’importance de ce nouveau champ de recherche et d’étude dans tous les processus de réhabilitation (Simard, 2018, p. 89).

    Il a également contribué au développement des premières formations en APA à l’Université Laval en 1975. En 1976, un mouvement se dessine à l’international. Le premier symposium international en APA est organisé en 1977, à Québec, au Château Frontenac. Il regroupe pour la première fois des chercheurs venus du monde entier autour de ce nouveau paradigme de recherche (Reid, 2015). L’Association des professionnels de l’activité physique du Québec est alors en plein développement et l’organisation des Jeux olympiques d’été en 1976 est un véritable accélérateur de la mise en œuvre de nouveaux projets et de nouvelles pratiques dont l’émergeant domaine de l’APA. Grâce au charisme de Claudine Sherill et de Clermont Simard, à leurs compétences scientifiques et à leur volonté farouche de développer l’APA, de nombreux collègues joignent le mouvement international né lors de ce premier congrès.

    Clermont Simard contribue juste après ce premier congrès international à la création de l’IFAPA. Il concourt à la structuration du mouvement et à la diffusion des résultats de la recherche en participant à la création, en 1984, de la revue scientifique internationale Adapted Physical Activity Quarterly (APAQ). En 1989, elle devient une revue scientifique internationale en langue anglaise (précédemment bilingue français/anglais), qui vise la diffusion de la recherche dans le domaine de l’activité physique, de l’ÉP, des pratiques sportives dédiées à des populations spéciales incluant les personnes en situation de handicap. Clermont Simard sera toute sa vie professionnelle un ambassadeur de ce domaine novateur, promoteur d’une façon de vivre dite « proactive », d’une nouvelle démarche holistique, bienveillante, dans un cadre inclusif, démarche alors innovante (Simard, 2018).

    Dans les années 1980, le concept d’APA fait une percée sur le plan international grâce à la diffusion de plusieurs ouvrages, dont celui qui a pour la première fois défini les contours de l’« activité physique adaptée » (Simard et al., 1987A). Cet ouvrage, tout comme le mouvement, est « un égrégore, dans le sens d’une force produite et influencée par les compétences, les désirs et les émotions de plusieurs individus unis dans un but commun » (Simard, 2018, p. 87). Cette première publication a également pour objectif le développement et la reconnaissance de ce nouveau champ d’expertise, par la diffusion des résultats de recherches portant sur l’effet de programmes d’APA en relation avec la thérapie, la réadaptation, le reconditionnement physique, la prévention, les loisirs sportifs, l’ÉP et les activités sportives. Il s’agit de promouvoir un mode de vie actif pour tous, de favoriser l’inclusion et le vivre-ensemble.

    2.2  Objectifs fondamentaux

    Le mouvement APA soutient dès son origine la promotion d’une démarche adaptative ou d’ajustement à la singularité de chacun. Les modalités d’adaptation des pratiques sont nombreuses et variées (Ramanantsoa et Legros, 1999). Elles se déclinent et s’adaptent selon les publics accompagnés, les lieux, les objectifs poursuivis, allant de l’ÉP ou l’ÉPA à des pratiques sportives dites « inclusives, unifiées ou partagées » ; des activités physiques utilitaires ou professionnelles ; des pratiques de loisirs, de réadaptation, de rééducation, de réhabilitation à des pratiques sportives compétitives, et ce, dans des espaces spécialisés ou bien accessibles à tous (Hutzler, 2010).

    L’inclusion des personnes en situation de handicap est au centre des préoccupations du mouvement APA international depuis toujours. L’histoire du mouvement fait référence à l’année 1976 comme celle de l’année des Jeux olympiques de Montréal, mais aussi comme celle où Mary Warnock réalise un rapport à la demande du Department for Education and Sciences qui fait émerger un concept promis à un bel avenir, celui du special education needs ou besoins éducatifs particuliers (Meziani et Séguillon, 2018). Il s’agit de proposer une solution possible à la distinction entre le normal et l’anormal, entre le normal et le pathologique (Canguilhem, 1966) ou encore entre le normal et le handicap (Stiker, 1982). On doit prendre en compte les attentes, les besoins et les potentialités des personnes pour construire ou coconstruire un programme d’APA individualisé. Ce modèle, promouvant la capabilité ou le fait d’être « autrement capable » (Plaisance, 2009), est créé comme une solution de rechange aux approches médicales du handicap. Les jeunes étaient alors accompagnés dans des établissements médicosociaux avec une pédagogie spéciale (Séguillon, 2017). Dès l’origine, l’APA s’inscrit comme un moyen de penser la diversité des difficultés vécues par les personnes ayant des besoins particuliers sans mettre l’accent sur l’étiologie des pathologies de ces personnes. Dans ce contexte se développent des activités physiques adaptées à chacun dans un contexte d’inclusion sportive, sociale et sociétale (Morales et Séguillon, 2018).

    Le mouvement APA met de l’avant la nécessité de porter attention aux besoins de chaque personne tout au long de sa vie. Différents programmes d’intervention sont mis sur pied dans des contextes très diversifiés, portés par de nombreux acteurs. Ces programmes possèdent un trait commun : l’individualisation de l’intervention pour chaque pratiquant, en tenant compte de ses singularités pour s’ajuster à ses besoins, ses aptitudes et ses souhaits (Pépin, 2006). Il peut, selon les cas, être nécessaire de modifier ou d’adapter les paramètres d’une activité comme les règles, le matériel, l’environnement ou les méthodes pédagogiques. Il peut également s’agir de créer de nouvelles activités, comme la boccia, le torball ou encore le baskin.

    Le domaine de l’APA possède ainsi son propre objet, né de préoccupations centrales : la lutte contre la sédentarité, le respect des différences et la pleine participation sociale. Dans le prolongement des militants qui ont lancé les domaines d’intervention et de recherche, le domaine de l’APA met en lumière une philosophie, une éthique, une démarche dite « holistique » prenant en compte les différentes dimensions de l’homme en action dans ses rapports avec l’écologie, ce qui présuppose des comportements et des attitudes humanistes envers l’être humain et l’adoption d’une posture bienveillante (Goodwin et Standal, 2012).

    2.3  Un domaine de formation

    L’analyse du quatrième chapitre de l’ouvrage Activité physique adaptée (Simard et al., 1987B), « La formation en activité physique adaptée », nous permet de porter notre regard plus directement sur la formation. Dans les années 1980, les professionnels de l’activité physique et sportive auprès des populations spéciales possèdent une place de choix dans le dispositif d’accompagnement au Québec.

    Le mouvement international préconise depuis sa création de s’appuyer sur des professionnels d’expérience, ayant reçu une solide formation. Le professionnel de l’APA n’est pas à proprement parler un professionnel de la santé même s’il peut devenir l’artisan d’un mieux-être ou d’une meilleure condition de santé des personnes qu’il accompagne. À cet égard, Clermont Simard indique que les professionnels en APA

    « sont avant tout des éducateurs-chercheurspédagogues travaillant dans différents milieux et non des paramédicaux […] Il s’agit de spécialistes formés dans l’intervention et pour l’intervention dans le face-à-face pédagogique ou thérapeutique, l’enseignement et la recherche, en ayant en tête toute l’importance de la portée de l’APA, vraiment adaptée selon les objectifs recherchés et les besoins des usagers (Simard, 2018, p. 91).

    Ces professionnels peuvent être des intervenants « indirects » ou des intervenants « directs » (Simard et al., 1987B). À propos des professionnels intervenant indirectement, les auteurs indiquent que dans le domaine de l’activité physique au Québec, tous les ministères sont engagés, à des degrés divers, dans les services où les « populations spéciales » ont des droits à revendiquer. Ces intervenants indirects sont les professionnels administratifs (administrateurs du milieu de l’entreprise ou du milieu médical) qui offrent des programmes adaptés et variables en fonction de l’espace dédié à la pratique d’activité physique. Ils ont pour rôle de sensibiliser les employés ayant ou non des incapacités à la pratique des activités physiques et de leur offrir des conditions nécessaires à cette pratique. En parallèle, les services de l’urbanisme doivent permettre l’accessibilité des lieux et penser à la sécurité des pratiquants. Les médias doivent quant à eux promouvoir une activité physique régulière auprès du grand public. Enfin, les organisations philanthropiques contribuent à sensibiliser le public à l’importance et au droit à une vie saine et active. Les intervenants indirects sont donc légion et participent à la sensibilisation du grand public sur les nouvelles préoccupations contre la sédentarité durant toute la vie. Quant aux intervenants « directs », ils participent à la santé et la qualité de vie des patients par un accompagnement en APA.

    Il existe différents types de formations, qui se déclinent selon les cadres de pratique et les acteurs concernés (professionnels, bénévoles, etc.). Tous doivent pouvoir bénéficier de formations, qu’elles soient davantage à caractère « pratique » pour les bénévoles et professionnels des fédérations sportives, ou plus pédagogiques ou universitaires pour les étudiants et autres professionnels en reconversion. De nouvelles modalités de formation sont en émergence, notamment grâce aux nouvelles technologies, qui permettent le développement de formations à distance, qu’il s’agisse de formations initiales ou continues. L’IFAPA est engagée dans cette voie, avec nombre de partenaires internationaux tels que l’UNESCO, le Conseil international pour l’éducation physique et la science du sport (ICSSPE) et le Centre de recherche international en APA basé à l’Université des sciences du sport de Pékin, pour n’en citer que quelques-uns. L’objectif principal est non seulement de favoriser les échanges en matière de recherche et de pratiques, mais également de favoriser la création de modules de formation de qualité accessibles à tous, suivant les recommandations de la charte révisée de l’UNESCO en faveur de programmes d’activités physiques, d’éducation physique et de sport de qualité. Des organisations non gouvernementales et des entreprises créées par des professionnels de l’APA ont développé des centres ressources, de nouvelles modalités d’accompagnement à distance utilisant notamment les nouvelles technologies et des modules de formation à distance comme The Inclusion Club ou l’entreprise Mooven. L’un des objectifs sous-jacents au développement de ces ressources, accompagnements et cours en ligne, est de permettre l’accès à la formation sans contraintes d’espace ni de temps, tout en offrant aux étudiants ou aux intervenants et professionnels une ouverture conséquente sur le plan international.

    Les orientations professionnelles s’organisent dans quatre secteurs : l’ÉP, la réadaptation, les loisirs sportifs et enfin les pratiques sportives. Les principales « tâches » du spécialiste en APA sont de plusieurs ordres. L’intervention directe y possède une place de choix. Le spécialiste doit également être compétent dans les secteurs de la recherche appliquée et avoir des compétences dans les tâches de supervision, de programmation, d’évaluation et de gestion. Il doit en effet disposer des compétences pour l’enseignement collectif et individuel, pour la gestion des ressources, pour la planification des programmes, pour l’administration et la gestion). Les tâches principales du professionnel en APA s’articulent ainsi autour de la conception de programmes et de projets d’activités physiques accessibles à toute personne ayant des besoins particuliers. Cela comprend l’évaluation des besoins et des ressources des personnes accompagnées et l’aménagement, lorsque nécessaire, des ressources matérielles et humaines pour réaliser son intervention dans les meilleures conditions. Le professionnel en APA doit également être en mesure d’évaluer l’incidence des programmes mis en œuvre et d’en communiquer la portée auprès des parents, des professionnels, des chercheurs, des décideurs, etc.

    Le spécialiste de l’APA doit structurer son travail en fonction de ces particularités. Les déclinaisons sont aussi nombreuses que variées. Dans certains cas, il est le maître d’œuvre de programmes en intervenant directement auprès de publics ayant des besoins particuliers. Pour ce faire, il doit être capable d’évaluer les besoins, les aptitudes et les souhaits de chacun ; d’élaborer des programmes d’APA en s’ajustant aux projets institutionnels et au contexte ; de communiquer avec les membres de l’équipe pluridisciplinaire ainsi qu’auprès de l’administration, voire de collectivités locales, d’institutions d’État ou de partenaires associatifs. Parfois, selon la mission et les mandats qui lui sont confiés, il encadre et gère des équipes de professionnels ou parfois de bénévoles. Dans ce contexte, une part de son travail est consacrée à l’accompagnement et au suivi d’équipes, à l’évaluation des projets dont il est responsable.

    D’autres professionnels en APA se consacrent aux innovations techniques ou technologiques afin de rendre les activités physiques et sportives accessibles à tous (création de matériels adaptés, accessibilité des lieux de pratique, élaboration de nouvelles activités, innovations technologiques).

    Certains s’attachent, quant à eux, à la reconnaissance, au rayonnement et au développement local, national ou international de l’APA. Ils travaillent auprès d’organismes publics ou privés, d’organisations non gouvernementales, d’organisations ou de fédérations internationales. D’autres compétences sont à cet égard nécessaires, incluant notamment les capacités à communiquer auprès de multiples décideurs, à créer des partenariats ou à solliciter les médias.

    2.4  Un domaine d’études et de recherches

    Les problématiques internationales qui animent le champ de l’APA, exposées notamment dans la revue Sport et handicap : les activités physiques adaptées (Boursier et al., 2012), nous donnent l’occasion d’analyser les manières dont le champ d’intervention en APA se construit et comment il affirme sa place auprès de la communauté scientifique internationale et des acteurs du terrain (Bouffard, 2012).

    En matière de recherche, l’IFAPA a toujours œuvré à mettre sur pied des programmes d’APA tout en mesurant la portée de ceux-ci. Les membres de la Fédération sont dès le départ des universitaires et des chercheurs qui ont su légitimer l’APA grâce à leurs nombreuses contributions scientifiques présentées dans le cadre de colloques ou dans des publications nombreuses et variées, ainsi que par leur contribution à des recherches internationales. Ces recherches étaient portées notamment par l’OMS, l’UNESCO, et le Conseil international pour l’éducation physique et la science du sport (ICSSPE) et mettaient de l’avant les bienfaits de la pratique d’activités physiques ou sportives sur la santé, mais aussi sur l’inclusion et la qualité de vie.

    Les acteurs de la recherche internationale dans le domaine de l’APA sont nombreux. Depuis le début, les résultats des recherches sont partagés sur la scène internationale, notamment grâce à l’émergence puis à la reconnaissance scientifique de la revue Apaq. Les premières contributions à celle-ci s’appuient sur des disciplines scientifiques en biomécanique, en physiologie et en psychologie, associées à des articles portant sur l’effet des pratiques sportives, sur l’éducation spécialisée et sur la pédagogie. Par la suite, elle s’est ouverte aux sciences de l’éducation, à l’éthique, à l’histoire et à la sociologie. Au fil du temps, cette revue internationale est devenue pluridisciplinaire, ce qui en fait sa force et son originalité.

    Notons toutefois que les avancées de la recherche ont parfois peiné à atteindre les personnes concernées au premier chef, à savoir les professionnels et les publics bénéficiant des programmes d’APA (Boursier, 2018). Les publications scientifiques, les colloques et les congrès n’ont pas toujours permis que se rejoignent chercheurs et praticiens. Depuis quelques années, une volonté de partager les résultats de la recherche à des professionnels et de nourrir les projets de recherche par les problématiques de terrain voit le jour (Reid, 2016). Les congrès internationaux des dernières années ont eu pour thématique principale de construire des ponts et de permettre le dialogue entre les protagonistes. En 2011, lors du 18e Symposium international en APA à Paris Nanterre, la thématique retenue (« Traduire les résultats de la recherche dans la pratique ») avait pour objectif d’établir une dialectique entre la recherche et ses applications sur les divers terrains d’intervention : « Il s’avère que la recherche s’est parfois éloignée des préoccupations des acteurs de terrain, ou que les résultats, aussi prometteurs qu’ils soient, ne se traduisent pas toujours dans les pratiques » (Boursier et al., 2012, p. 6). On retrouve la même préoccupation dans le congrès de l’IFAPA de 2013 à Istanbul en Turquie (thème choisi : « Bridging the gap between research and practice »). Les congrès suivants, même si cet objectif est toujours important, mettent de l’avant des thématiques humanistes fortes : en 2015 à Tel-Aviv en Israël (thème : « APA : Integration and diversification ») ; en 2017 à Daegu en Corée du Sud (thème : « Create a new paradigm and go beyond APA ») ; et à Charlottesville aux États-Unis d’Amérique en 2019 (thème : « Liberty and the pursuit of happiness »).

    La légitimité de l’APA n’est pas liée uniquement aux études scientifiques, mais aussi aux pratiques de terrain. La recherche est le plus souvent menée par des professionnels (recherches appliquées). Le champ de la recherche en APA est pluridisciplinaire et se construit soit en allié et partenaire, soit en parallèle du champ médical, selon les publics accompagnés, les objectifs poursuivis et les lieux d’intervention. Sont ainsi mis sur pied des programmes complémentaires aux approches médicales et paramédicales qui ont fait émerger des notions telles que la santé pour tous, le bien-être, la qualité de vie par l’activité physique, avec en ligne de mire la notion d’accessibilité universelle (universal design) et de capabilité (Sen, 2010). Les programmes s’inspirent notamment de modèles conceptuels fondés sur une approche dite « systémique » telle que la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé, créée en 2001.

    2.5  Essor international et perspectives

    L’IFAPA est l’entité représentative du domaine de l’APA à l’international. C’est à elle que revient le rôle de délimiter les contours du concept et les prérogatives des professions de ce domaine. Elle organise depuis 40 ans un symposium international bisannuel, manifestation de premier plan dans le domaine de la recherche dans ce secteur. Elle dirige également la revue Apaq, dont les administrateurs sont, pour la plupart, des membres de l’organisation. L’IFAPA a su progressivement tisser des liens avec de nombreuses organisations internationales. Elle s’est pas à pas distinguée auprès d’instances majeures telles que l’OMS et l’UNESCO, faisant la promotion des bienfaits des programmes d’APA, des formations et des recherches. Par ses missions, ses choix stratégiques, l’UNESCO contribue à la poursuite des objectifs de la déclaration du millénaire des Nations Unies, par diverses actions et en soutenant des programmes dans les domaines suivants : ÉP dans le système éducatif ; sport, paix et développement humain ; sport et culture ; sport et santé. L’APA est maintenant reconnue par l’UNESCO comme domaine essentiel au développement personnel, à la qualité de vie, à l’inclusion et à la santé. L’une des preuves est la création de la première chaire en APA en mai 2014, qui porte le nom de Chaire UNESCO en éducation physique inclusive, sport, fitness et loisirs. Celle-ci a d’abord été confiée à Margaret Talbot, alors présidente de l’ICSSPE. Elle a pignon sur rue en Irlande, plus précisément à l’Institut de technologie Tralee. À la suite du décès de Margaret Talbot, en 2017, la Chaire a été transmise à Catherine Carty puis à Timothy Shriver, président des Jeux olympiques spéciaux ou Special Olympics International (SOI) ou Olympiques Spéciaux International. Ces choix de l’UNESCO montrent la volonté d’ouvrir l’APA dans tous les domaines du sport et de toucher de nouvelles populations en plus de faciliter les partenariats entre les instances et les structures internationales.

    Ces dernières années, nombre de liens ont été tissés entre l’IFAPA, des instances ou fédérations internationales et des organisations non gouvernementales. L’IFAPA a signé des accords de collaboration avec l’ICSSPE, le Comité paralympique international (IPC), l’organisation SOI, la Fédération internationale du sport pour tous, la Fédération internationale d’éducation physique, la Fédération internationale de l’ÉP et du sport pour les filles et les femmes, avec Humanité et Inclusion (anciennement Handicap international) et le centre de ressources The Inclusion Club. Dans cet élan fédérateur, la campagne internationale d’engagement en faveur de l’inclusion par l’activité physique a vu le jour en 2015 (Global Partnership on Children with a Disability Task Force on Physical Activity and Disability). Ce partenariat international a pour mission de faire avancer les droits des enfants en situation de handicap dans toutes les formes d’activité physique et sportive, par des mesures d’encouragement des pouvoirs publics et par des campagnes de sensibilisation, suivant les directives de la Convention relative aux droits de l’enfant et celles de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

    Grâce à ces collaborations internationales en faveur d’une société plus active et plus inclusive, de nombreux projets de recherche ont été lancés et portés par l’UNESCO et l’ICSSPE. Le premier a conduit une recherche, par l’entremise d’une enquête mondiale, sur la qualité des programmes d’ÉP à l’école (de la maternelle au lycée). Elle s’est soldée, d’une part, par un ouvrage sur les politiques en faveur d’une ÉP de qualité (Quality Physical Education : Guidelines for Policy Makers) et, d’autre part, par la révision de la charte internationale de l’ÉP, de l’activité physique et du sport en novembre 2015. Bien d’autres projets collaboratifs internationaux sont en cours et ont récemment permis l’adoption, par l’OMS, d’un texte d’importance sur la promotion de l’activité physique pour un monde en meilleure santé. Le corps du texte a été écrit par l’ensemble des partenaires internationaux piloté par l’UNESCO et l’ICSSPE, et le texte a été adopté en juin 2018 (Global Action Plan on Physical Activity 2018–2030 : More Active People for a Healthier World). L’IFAPA possède ainsi une place conséquente sur le plan international.

    …  Conclusion

    Nous avons présenté les contours du champ professionnel relativement récent qu’est celui de l’APA, tel qu’il a été pensé et développé par quelques pionniers dans les années 1970. Sous-ensemble du champ des activités physiques et du sport, le domaine de l’APA possède une histoire particulière et une solide carte d’identité. Le concept d’APA a été érigé dans la décennie suivante grâce aux actions de l’Association des professionnels de l’activité physique du Québec, partagées au cours de plusieurs journées d’études et de recherches régionales, puis nationales. Le mouvement international lié à l’APA est né en 1976, lors de la première conférence internationale sur les activités physiques organisée par l’UNESCO. À cette occasion, il a été déclaré que la pratique de l’ÉP, des activités physiques et du sport est un droit fondamental pour tous et que les personnes porteuses d’un handicap ont les mêmes droits au regard de ces pratiques. Les pionniers ont organisé le 1er Symposium international de l’APA à Québec, en 1977, qui sera suivi par la création de l’IFAPA, qui deviendra le pivot du mouvement APA international. Dès le début des années 1980 émergent des associations ou fédérations dans plusieurs régions du monde, émanations de la Fédération internationale en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Ont ainsi été mis sur pied nombre de programmes d’intervention et de recherche, lesquels trouveront une voie de diffusion et de valorisation par la revue scientifique Apaq et ses symposiums bisannuels qui permettent de mettre de l’avant la dialectique entre la recherche et ses applications sur les divers terrains d’intervention où sont accompagnées les populations à besoins particuliers (Burrows, 2012).

    Le mouvement APA a, depuis ses prémices, avancé avec une vision de l’homme humaniste, dans une société inclusive, où l’ÉP et plus généralement les activités physiques seraient partagées, où la notion de besoins particuliers ne serait pas seulement un appui pour la prise en compte des différences ou des inaptitudes, mais plutôt la clé de l’accessibilité de tous à toutes les pratiques. Les développements récents font écho à la reconnaissance par nombre d’organismes internationaux tels les Nations Unies, l’OMS, l’UNESCO des bienfaits de l’activité physique, de l’ÉP et du sport pour la santé, l’inclusion sociale, la paix, le bien-être de tous et de chacun. De nombreuses coopérations entre l’IFAPA et ces organismes ainsi que nombre d’organisations non gouvernementales ou de fédérations internationales ont vu le jour et ont permis l’avènement de recommandations internationales, de projets d’accompagnement de politiques, la mise en œuvre de formations sur les plans national et international, le développement de recherches collaboratives. Bien des chantiers sont encore à venir afin de permettre à toute personne dans le monde d’avoir une vie active tout au long de la vie, quelles que soient ses conditions de santé, quel que soit le contexte dans lequel elle évolue, et qui prend en compte ses aspirations.

    Bibliographie

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    3   Cancer et activités physiques adaptées

    Par Hugo Parent-Roberge, Adeline Fontvieille, René Maréchal, Eléonor Riesco et Michel Pavic

    Cinq bonnes raisons de prescrire des activités physiques adaptées à des personnes ayant un cancer

    1L’activité physique améliore la qualité de vie.

    2Elle diminue la fatigue pendant les traitements et à distance des traitements.

    3Elle diminue le risque de rechute et de récidive.

    4Elle permet un retour plus rapide à une vie normale à la fin des traitements.

    5Elle est possible chez presque toutes les personnes ayant un cancer, moyennant une prise en charge individualisée.

    Le

    Le

    travail du kinésiologue en contexte de traitements et de rémission d’un cancer n’est pas simple, car le terme cancer regroupe en fait un ensemble de plus de 100 types de maladies impliquant toutes la prolifération incontrôlée de cellules dans l’organisme. D'une part, le type de cancer, le stade de progression de la maladie, ses caractéristiques particulières ainsi que la quantité de plans de traitements possibles impliquent une grande variété de signes, symptômes et effets secondaires pouvant interférer avec la capacité de ces individus à pratiquer de l’activité physique. D’autre part, le simple terme cancer revêt une connotation particulière, souvent associée à une onde de choc et à un difficile combat pour les personnes atteintes et leur entourage. Combiner effort physique et traitements contre un cancer peut sembler contre-intuitif dans ce contexte.

    Malgré tout, la recherche chez cette population ne cesse de démontrer que, lorsqu’elle est adaptée, l’activité physique s’accompagne de nombreux bénéfices liés à la condition physique, la qualité de vie, le contrôle de plusieurs symptômes et même la réduction du risque de récidives. L’objectif du présent chapitre est donc d’introduire cette population au kinésiologue sur les plans biologique et psychosocial, ainsi que les adaptations qui en découlent sur les plans de l’évaluation, de la prescription et du suivi en activité physique.

    3.1  Caractéristiques biopsychosociales

    3.1.1

    Définition et généralités sur la population oncologique

    Le nombre de nouveaux diagnostics de cancers dépasse annuellement 200 000 cas au Canada. Le risque de développer au cours de la vie un cancer est estimé à 49% pour les hommes et à 45% pour les femmes (Comité consultatif de la Société canadienne du cancer, 2017). Bien qu’observé à tous les âges, le cancer est nettement plus prévalant dans la population de plus de 65 ans. Chez les personnes âgées, les antécédents et comorbidités (maladies cardiovasculaires, diabète, maladies pulmonaires, neuropathie) sont très fréquents et influencent les capacités de ces personnes à pratiquer une activité physique et, donc, la prescription d’exercices. La sédentarité est reconnue parmi les facteurs de risque de cancer et serait responsable d’environ 25 % de l’ensemble des cancers du sein et d’environ 25% des cancers du côlon. L’Organisation mondiale de la santé recommande (en plus d’une bonne hygiène alimentaire) une activité physique de 150 minutes par semaine, ce qui permettrait de diminuer de 25 % le risque de développer un cancer au cours de la vie, tous types de cancers confondus (c’est-à-dire prévention primaire).

    Les progrès des traitements en oncologie (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie) permettent de guérir de plus en plus de personnes et d’augmenter l’espérance de vie en cas de cancer incurable, ce qui classe ainsi le cancer parmi les maladies chroniques. Malgré ces progrès, les personnes ayant un cancer vivent très souvent des complications plus ou moins sévères, au premier rang desquelles la fatigue. Ce symptôme affecterait de 80 à 100% des personnes et participe fortement au déconditionnement physique qui va lui-même aggraver le symptôme de fatigue (c’est-à-dire boucle d’autoaggravation) (Pavic et al., 2008). La fatigue liée au cancer est un symptôme souvent présent dès le diagnostic (c’est-à-dire symptôme cardinal du cancer). Elle s’aggrave pendant les traitements et dure souvent plusieurs mois ou années après la fin des traitements. Jusqu’à 30% des personnes traitées à visée curative pour un cancer du sein restent sévèrement affectées par la fatigue six mois après la fin de leur traitement (Wang et al., 2014). Cela est en grande partie expliqué par le déconditionnement physique qui s’installe très tôt au cours des traitements et s’aggrave progressivement. Ce déconditionnement affecte la qualité de vie et diminue la capacité de la personne à terminer ses traitements. La prévention du déclin de la condition physique est donc un enjeu primordial en contexte de traitements actifs ou de survivance du cancer. Les symptômes liés au cancer (par exemple, douleur, fatigue, amaigrissement) et les effets secondaires des traitements actifs (par exemple, fatigue, nausées, fonte musculaire) peuvent inciter les personnes à réduire leur pratique d’activité physique et à se sédentariser, ce qui accélère le déconditionnement physique et crée donc une spirale négative (Demark-Wahnefried et al., 2017). Cela augmente les risques de mortalité et l’apparition de plusieurs comorbidités dans les années suivant la période de traitements (Cormie et al., 2017). De nombreuses personnes vont éprouver de grandes difficultés à retrouver leur état général antérieur à la maladie et à reprendre leur activité professionnelle et de loisir. Chez la population âgée, la plus touchée par le cancer, ces déclins s’additionnent à ceux observés en contexte de vieillissement, phénomène pouvant accélérer la perte d’autonomie et la fragilité (Balducci et Fossa, 2013).

    Parmi les autres complications les plus préva-lentes, la perte musculaire est très fréquente au cours des cancers. L’âge s’accompagne d’une perte physiologique du volume et des capacités musculaires. Cette perte musculaire risque d’être aggravée par la survenue d’un cancer chez le patient âgé, puisque certains cancers actifs (particulièrement ceux avec métastases) se compliquent de catabolisme musculaire lié à un état inflammatoire. La chimiothérapie ainsi que certains traitements de soutien comme la corticothérapie contribuent aussi à la fonte musculaire, et cela très précocement dans l’évolution de la maladie. L’anorexie, qui est un symptôme très fréquent au cours des cancers, limite l’apport nutritionnel (particulièrement en protéines). La fatigue favorise la sédentarité et le déconditionnement physique induisant de facto une perte musculaire. Tout cela peut aboutir à un état de cachexie qui rend illusoire de demander à la personne de pratiquer de l’activité physique à ce stade. En effet, les actions doivent être entreprises bien

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