Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux: Enjeux cliniques et organisationnels
Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux: Enjeux cliniques et organisationnels
Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux: Enjeux cliniques et organisationnels
Livre électronique436 pages3 heures

Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux: Enjeux cliniques et organisationnels

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Au fil des années, les technologies numériques se sont imposées comme un nouvel intermédiaire entre nous et notre environnement.

Malheureusement, certaines personnes n’ont pu suivre le rythme de leur déploiement et se sont trouvées face à une nouvelle forme d’exclusion d’ordre numérique. Les professionnels et les intervenants du secteur des services sociaux comptent parmi les acteurs pouvant jouer un rôle de première importance dans le soutien de ces personnes. En effet, par leurs actions cliniques, ces spécialistes peuvent intervenir sur les plans individuel et environnemental afin de favoriser une adaptation optimale des individus aux exigences de l’ère du numérique.

Le secteur des services sociaux amorce actuellement un virage technologique important impliquant l’intégration des technologies numériques en intervention clinique auprès de diverses populations : personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme ou une déficience intellectuelle, personnes âgées en perte d’auto­nomie, etc. Toutefois, plusieurs acteurs-clés (intervenants, gestionnaires, professionnels, spécialistes en informatique) se disent peu outillés pour soutenir ce virage et expriment le besoin d’être guidés dans cette démarche d’envergure.

Le présent ouvrage vise à aider l’ensemble des acteurs du secteur des services sociaux dans le déploie­ment de l’intervention technoclinique. Il se veut un guide d’accom­pagnement simple et accessible qui s’adresse tant aux gens sur le terrain qu’aux futurs pro­fessionnels en formation. Situé à la convergence de plusieurs disciplines (sciences sociales, de la gestion et informa­tiques), il aborde l’ensemble des enjeux (cliniques, techno­logiques, de gestion, de développement durable, éthiques) associés au déploiement de cette forme d’inno­vation et il offre des pistes de solutions et des outils d’accompagnement conviviaux.
LangueFrançais
Date de sortie31 mai 2017
ISBN9782760544895
Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux: Enjeux cliniques et organisationnels

Lié à Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux

Livres électroniques liés

Sciences sociales pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux - Dany Lussier-Desrochers

    INTRODUCTION

    Par Dany Lussier-Desrochers

    Dans les années 1970, nous imaginions le futur et l’an 2000 avec des robots exécutant les tâches domestiques, des vidéophones et des voitures volantes.

    À l’école, on mentionnait aux enfants que la société du futur en serait une de loisirs et où la réalisation d’un travail serait relayée au second plan pour laisser plus de place aux sports, au cinéma, à la lecture et aux voyages. En France, l’arrivée du Minitel, dans les années 1980, fut l’une des premières innovations en ce sens. Ce téléphone de nouvelle génération, déployé dans les milieux résidentiels, constituait un premier pas vers la «maison connectée». Cet appareil permettait d’accéder à une multitude d’informations, de communiquer par le truchement de messagerie électronique et de réaliser des achats à distance. Toutefois, ce n’est que dans les années 1990 que la révolution numérique s’est véritablement enclenchée. En effet, l’arrivée d’Internet a radicalement transformé nos modes de communication et d’accès à l’information. Puis, dans les années 2000, c’est la miniaturisation des dispositifs technologiques qui a fait en sorte qu’il est désormais possible de tenir dans le creux de sa main un téléphone intelligent permettant non seulement de téléphoner mais également de payer nos achats dans un restaurant, d’obtenir de l’information sur n’importe lequel des sujets, de prendre des photos, de gérer nos rendez-vous, d’envoyer des courriels, d’activer à distance les interrupteurs ou le système de climatisation de notre maison, etc. En somme, les technologies numériques (TN) se sont imposées comme un nouvel intermédiaire entre nous et notre environnement. La société du futur, imaginée il y a 45 ans, est désormais accessible… les voitures volantes en moins!

    Toutefois, l’intégration des technologies numériques dans la vie des individus s’est réalisée au prix d’un investissement important de temps et d’efforts. Ainsi, pour pouvoir devenir des citoyens à l’ère numérique, les individus ont dû apprendre à utiliser les ordinateurs (souris, clavier), installer des périphériques (imprimante, numériseur, webcam), naviguer sur Internet (nétiquette, moteurs de recherche), déployer des réseaux sans fil, mettre à jour et s’approprier de nouvelles versions de logiciels, résoudre des problèmes techniques, etc. Malheureusement, au fil de cette évolution, certaines personnes n’ont pu suivre le rythme de déploiement de cette innovation, ce qui a ainsi contribué à la création d’une nouvelle forme d’exclusion, soit l’exclusion numérique. Ainsi, certaines personnes ne peuvent actuellement contribuer à la société numérique ni en tirer profit, car elles ne possèdent pas les compétences ou les ressources financières et techniques suffisantes. Dans la société d’aujourd’hui, cette forme d’exclusion représente un enjeu fondamental sur lequel il faut agir.

    Plusieurs actions peuvent être posées afin de soutenir les personnes présentant un risque d’exclusion numérique. Par exemple, il est possible d’augmenter le niveau de compétence des utilisateurs au moyen de l’éducation, de l’intervention clinique et de la formation. Toutefois, pour certaines personnes, ces actions sont insuffisantes. En effet, des limites sensorielles, cognitives ou motrices compromettent l’acquisition de nouvelles compétences. Pour cette raison, des actions complémentaires doivent être réalisées dans l’environnement. Ainsi, il est possible d’utiliser des périphériques ergonomiques (p. ex. souris ou claviers adaptés), de simplifier les interfaces et les logiciels (p. ex. options d’accessibilité ou développement en fonction des règles d’accessibilité universelle) ou de développer des programmes gouvernementaux favorisant l’accès aux technologies (p. ex. programme d’accès aux technologies en milieu scolaire). En somme, la mise en place d’une série d’actions ciblées peut favoriser un accès élargi aux technologies pour l’ensemble de la population.

    Parmi les acteurs pouvant jouer un rôle de premier plan dans le soutien des populations à risque d’exclusion numérique, on retrouve les professionnels et intervenants du secteur des services sociaux. En effet, par leurs actions cliniques, ces spécialistes peuvent intervenir sur les plans individuels et environnementaux afin de favoriser une adaptation optimale des individus aux exigences de l’ère du numérique. Les résultats des études scientifiques sur le sujet montrent qu’en intégrant les technologies dans la vie des personnes en difficultés d’adaptation, ces spécialistes peuvent non seulement limiter les risques d’exclusion numérique, mais également donner accès à de nouvelles occasions de participation sociale (socioprofessionnelles, résidentielles, communautaires).

    Actuellement, le secteur des services sociaux amorce un virage technologique important impliquant l’intégration des TN en intervention clinique auprès de diverses populations (autisme, personnes âgées en perte d’autonomie, déficience intellectuelle, etc.). Toutefois, plusieurs acteurs clés (intervenants, gestionnaires, professionnels, spécialistes en informatique) se disent peu outillés pour soutenir ce virage, et ce, pour plusieurs raisons (travail multisectoriel et multidisciplinaire, nécessité de transformer radicalement les structures de gestion, acquisition de nouvelles compétences par le personnel, coûts associés aux technologies dans un contexte de restrictions budgétaires dans le secteur de la santé et des services sociaux, etc.). En somme, ces acteurs expriment le besoin d’être guidés dans cette démarche d’envergure.

    Dans ce contexte, le présent ouvrage vise à soutenir l’ensemble des acteurs du domaine des services sociaux dans le déploiement des technologies en intervention clinique (ici appelée intervention technoclinique). Le livre servira alors de guide d’accompagnement simple et accessible. Situé à la convergence de plusieurs disciplines (sciences sociales, sciences de la gestion et sciences informatiques), il aborde l’ensemble des enjeux (clinique, technologique et gestion) associés au déploiement de cette forme d’innovation. Cet ouvrage vulgarisé s’adresse à tous les acteurs clés impliqués et propose des éléments de réflexion, des pistes de solutions et des outils d’accompagnement conviviaux. Cet outil de référence s’adresse autant aux gens sur le terrain qu’aux futurs professionnels suivant actuellement une formation universitaire.

    Pour ce qui est de son contenu, le livre est divisé en trois parties. La première partie du livre aborde la situation actuelle sur l’intervention technoclinique dans le secteur des services sociaux. Les chapitres associés couvrent notamment les assises conceptuelles et théoriques de l’intervention technoclinique, les enjeux liés au déploiement de l’innovation, les types de technologies pouvant être utilisées dans le cadre des interventions cliniques et les défis des différents acteurs clés impliqués dans le déploiement de l’intervention technoclinique. La deuxième partie présente quant à elle les différents éléments à considérer pour assurer un déploiement technoclinique réussi. Les chapitres qui y sont présentés offrent plus précisément des solutions concrètes aux intervenants, gestionnaires et techniciens en informatique qui joueront un rôle de premier plan dans ce processus. Enfin, la troisième partie du livre aborde les éléments incontournables à considérer au moment de la mise en place de l’intervention technoclinique. Les chapitres aborderont successivement les dimensions éthiques et le développement durable. Cette dernière partie contient également des fiches synthèses soutenant l’accompagnement du déploiement technoclinique dans les organisations.

    Enfin, il est important de mentionner que le présent ouvrage offre des outils permettant de mettre en place une structure de déploiement de l’intervention technoclinique et s’inscrit dans une démarche multi-dimensionnelle tenant compte à la fois des enjeux cliniques, technologiques et de gestion. Les principes de déploiement de l’innovation transcendent en effet les types de populations cliniques et les frontières géographiques. Jusqu’à présent, aucun ouvrage ne permettait de couvrir un spectre aussi large dans le secteur du déploiement de l’innovation en contexte clinique.

    Cette première partie du livre vise à présenter quelques assises conceptuelles associées aux interventions technocliniques réalisées auprès des personnes présentant des déficiences ou des incapacités.

    En plus de présenter les assises théoriques, le chapitre 1 précise le rôle des services sociaux en la matière et présente quelques-uns des outils technocliniques actuellement utilisés auprès de différents usagers du réseau. Quant au chapitre 2, il montre à quel point l’utilisation d’outils technocliniques bouscule le fonctionnement de plusieurs organisations du réseau des services sociaux. Ce chapitre précise alors en quoi l’intervention technoclinique constitue une innovation dans les modalités de prestation de services auprès des usagers et comment elle influence les organisations et leurs acteurs. Afin de compléter la discussion sur la situation actuelle et les assises, le chapitre 3 présente précisément les enjeux concrets auxquels font face les acteurs touchés par l’innovation. En somme, au terme de cette partie, le lecteur aura une idée précise de ce qu’est l’intervention technoclinique de même que de ses impacts sur le réseau des services sociaux.

    OBJECTIFS

    ›Démontrer l’influence des facteurs personnels et environnementaux sur le fonctionnement humain;

    ›Décrire les assises théoriques de l’intervention technoclinique;

    ›Définir l’intervention technoclinique en fonction de cinq catégories de technologies (technologies mobiles, réalité virtuelle, robotique, domotique et télésanté).

    Ce chapitre présente les assises théoriques et conceptuelles pouvant guider la mise en place de l’intervention technoclinique dans le secteur.

    En une quarantaine d’années seulement, la société québécoise a vécu d’importants changements dans le réseau des services sociaux, notamment en raison de cadres conceptuels, de mouvements sociaux et d’approches tels que la normalisation, la valorisation des rôles sociaux, l’intégration et l’inclusion scolaire et sociale ainsi que l’autodétermination et la participation sociale des personnes présentant des déficiences et des incapacités.

    L’un des changements observés concerne les perceptions de la population générale envers ces personnes dans la mesure où elles sont désormais reconnues comme citoyens à part entière à qui l’on doit garantir l’égalité de droits et de traitements (Fraser et Labbé, 1993). Ainsi, le défi actuel du réseau de la santé et des services sociaux consiste à se doter de moyens permettant decibler les facteurs personnels et environnementaux qui créent des obstacles ou limitent la participation sociale des personnes présentant des déficiences et des incapacités et d’intervenir sur ces facteurs.

    Ce chapitre présente les assises théoriques et conceptuelles pouvant guider la mise en place de l’intervention technoclinique dans le secteur. Dans un premier temps, il présente les composantes du Modèle du fonctionnement humain et Processus de production du handicap (MDH-PPH2 – Fougeyrollas, 2010) proposé par le Réseau international sur le processus de production du handicap (RIPPH), ainsi que du modèle fonctionnel de l’autodétermination (Wehmeyer et Sands, 1996). Le modèle du RIPPH est celui officiellement reconnu par le ministère de la Santé et des Services sociaux (Office des personnes handicapées du Québec – OPHQ, 2009) alors que le modèle fonctionnel de l’autodétermination représente un complément pertinent dans une visée de promotion de la participation sociale. Ces modèles permettent notamment de cibler les différentes composantes qui devraient soutenir la réflexion sur le choix et l’utilisation des technologies dans une visée d’intervention technoclinique. Dans un deuxième temps, il présente quelques outils technocliniques actuellement utilisés dans le secteur des services sociaux ainsi que quelques-uns des effets recensés. Le chapitre se conclut par des pistes de réflexion sur les enjeux et défis associés à l’intégration de ces outils.

      1.1 L’INTERVENTION TECHNOCLINIQUE, LES ASSISES THÉORIQUES

    L’un des grands défis actuels de l’intervention dans le secteur des services sociaux consiste à développer des services cliniques orientés sur une réponse optimale aux besoins essentiels des personnes présentant des déficiences et des incapacités, notamment en leur offrant la possibilité de vivre à domicile, de se loger adéquatement, de s’exprimer, de communiquer et de se déplacer sans contraintes d’accessibilité, de temps ou de coûts, et ce, peu importe leur milieu dte vie (OPHQ, 2009). Concrètement, le but ultime est d’accroître la participation de ces personnes dans tous les secteurs de la vie quotidienne (école, travail, loisirs, etc.). Bien que nul ne puisse contester ou ne pas adhérer à cette vision, sa concrétisation exige à la fois le réaménagement des services offerts et une amélioration des capacités des personnes présentant des déficiences et des incapacités. De fait, la participation active de ces personnes ne peut se produire que dans la mesure où elles sont les agents causaux d’une bonne partie de ce qui leur arrive dans leur vie (Lachapelle et Therrien-Bélec, 2013). Or ceci ne peut se produire qu’en présence de deux éléments essentiels, à savoir posséder les capacités nécessaires et se voir offrir des occasions de les exprimer (Lachapelle et Therrien-Bélec, 2013). Pour développer les capacités nécessaires, ces personnes doivent notamment posséder une connaissance de leurs forces et de leurs limites, avoir confiance en elles et être capables de se fixer des objectifs et des buts à atteindre dans leur vie (Lachapelle et Wehmeyer, 2003). L’apprentissage et l’expression de ces capacités se traduisent, en situation de participation sociale, par des comportements dits autodéterminés qui doivent orienter les pratiques d’intervention actuelles.

    1.1.1Modèle du fonctionnement humain et Processus de production du handicap 2

    Bien que la politique ministérielle concerne le modèle du Processus de production du handicap (PPH) de 1998, une nouvelle version a récemment été publiée. Il s’agit du Modèle du fonctionnement humain et Processus de production du handicap 2¹ (MDH-PPH2 – Fougeyrollas, 2010). À l’instar du PPH, le MDH-PPH2 s’inscrit dans une perspective écosystémique réaffirmant l’importance de considérer d’abord l’interaction entre les éléments constituants d’une personne (les facteurs personnels) et ses environnements (les facteurs environnementaux). Celui-ci se présente comme un modèle anthropologique du développement en proposant un modèle conceptuel, une définition de ses divers domaines et une nomenclature (Fougeyrollas, 2010). Selon le MDH-PPH2 (figure 1.1), il existe deux types d’interactions: l’interaction entre les facteurs personnels et les facteurs environnementaux et les interactions entre les sous-systèmes de chacun de ces facteurs.

    FIGURE 1.1 Modèle MDH-PPH2

    Source: Fougeyrollas, 2010, p. 175.

    Ces interactions entre les facteurs personnels et environnementaux s’inscrivent donc dans un «espace temps» où les résultantes sont les habitudes de vie qui s’expriment selon deux dimensions, soit les activités courantes et les rôles sociaux.

    Facteurs personnels

    Les facteurs personnels sont composés de trois sous-ensembles appelés «dimensions», soit les systèmes organiques, les aptitudes et les facteurs identitaires. Un système organique est un ensemble de composantes corporelles concernant une fonction commune telle que le fait le système nerveux, par exemple. Dans le MDH-PPH2, la dimension conceptuelle des systèmes organiques concerne les structures ou les fonctions internes des systèmes organiques. Pour qualifier l’état de ces structures ou fonctions, le modèle propose de le situer sur une échelle allant de la «déficience» complète à l’intégrité. Par exemple, une personne présentant une myopie ou ayant des cataractes aura un fonctionnement visuel évalué et qualifié de déficient (déficience partielle) comparativement à une autre personne dont les yeux fonctionnent parfaitement (intégrité).

    Par ailleurs, une «aptitude» concerne la possibilité et la capacité (dimension intrinsèque), pour une personne, d’accomplir une activité physique ou mentale. Il s’agit donc d’aptitudes fonctionnelles humaines (capacités et incapacités) qui concernent les activités, actions physiques ou mentales de toute personne telles que marcher, respirer et se comporter socialement. Pour qualifier l’état des aptitudes, le modèle propose de le situer sur une échelle allant de la capacité complète à l’incapacité totale. Ainsi, il faut comprendre que ce modèle propose qu’il arrive parfois que des déficiences (dans les systèmes organiques) engendrent des incapacités (limites à exprimer des conduites fonctionnelles) physiques ou intellectuelles.

    En ajout au modèle de 1998 (Fougeyrollas, Cloutier, Bergeron, Côté et St-Michel), le MDH-PPH2 intègre une dimension conceptuelle des «facteurs identitaires». Ces facteurs sont des caractéristiques de la personne (âge, sexe, valeurs, croyances, compétences, degré de scolarité, statut d’emploi, revenu) qui influencent favorablement (facilitateurs) ou défavorablement (obstacles) la qualité de la participation sociale de la personne. Pour qualifier l’état des aptitudes, le modèle propose de le situer sur une échelle allant de facilitateur optimal à obstacle complet.

    Facteurs environnementaux

    Les facteurs environnementaux (physiques et sociaux) offrent maintenant une place importante à l’approche écosystémique en intégrant les dimensions suivantes: macrosociale, microsociale et mésosociale. Cette dimension s’intéresse aux influences favorables ou défavorables que peuvent exercer l’environnement personnel (proches, milieu de vie), l’environnement communautaire (voisins, école, travail) ainsi que l’environnement sociétal (ville, services offerts, politique). Pour qualifier l’état des facteurs environnementaux, le modèle propose de le situer sur une échelle allant de facilitateur optimal à obstacle complet qui influence la qualité de la participation sociale de la personne.

    Habitudes de vie

    Une habitude de vie peut prendre la forme d’une activité courante ou un rôle social que la personne réalise. Les activités courantes peuvent s’illustrer par les tâches réalisées au quotidien (p. ex. se laver, prendre l’autobus) alors que les rôles sociaux touchent davantage l’implication de la personne dans diverses sphères (p. ex. chef d’équipe au travail, responsable du matériel pour la récréation à l’école, animateur en activités de loisirs). Les habitudes de vie ont une connotation très personnelle puisqu’elles sont les résultantes de l’interaction entre la personne et l’environnement. La vie étant ce qu’elle est, les personnes doivent constamment s’adapter à leurs milieux et la réalisation d’une même habitude de vie nécessite souvent une adaptation que l’on pourrait situer sur une échelle allant de minime à très importante (p. ex. préparer du café à la maison avec une machine à café filtre versus préparer un café au travail avec un percolateur). Pour qualifier les habitudes de vie, le modèle propose de les situer sur une échelle allant de situation de pleine participation sociale à une situation de handicap total. Plusieurs éléments permettent de soutenir la réalisation des habitudes de vie, dont les aides techniques, les aides humaines, les aménagements et la satisfaction de la personne (Fougeyrollas, 2010).

    Facteurs de risque et de protection

    Les facteurs de risque, considérés auparavant comme provoquant une maladie, un traumatisme ou toute autre atteinte à l’intégrité ou au développement de la personne (Fougeyrollas et al., 1998), sont maintenant intégrés à chaque dimension du modèle et intègrent la nouvelle notion de facteur de protection, apportant ainsi une perspective plus complète et indépendante pour chacune de ses dimensions.

    1.1.2Modèle fonctionnel de l’autodétermination

    L’autodétermination réfère à un construit personnel évoquant la capacité d’une personne à gouverner sa vie en étant, aussi souvent que possible, l’agent causal de ce qui lui arrive (Lachapelle et Wehmeyer, 2003). On la définit comme les «habiletés et attitudes nécessaires chez une personne lui permettant d’agir directement sur sa vie en exerçant librement des choix non influencés par des agents externes indus» (Wehmeyer et Sands, 1996, p. 24).

    Cette définition s’inscrit dans le cadre du modèle conceptuel fonctionnel de l’autodétermination proposé par ces auteurs, où il est spécifié qu’un comportement est autodéterminé seulement si:

    1la personne agit de manière autonome;

    2le comportement est autorégulé;

    3la personne agit avec empowerment psychologique;

    4elle agit de manière autoréalisée².

    Ces quatre caractéristiques essentielles décrivent la fonction du comportement qui le rend autodéterminé ou non. Ainsi, les actions d’un individu doivent refléter, à un certain degré, chacune de ces quatre caractéristiques fonctionnelles. De plus, le modèle fonctionnel illustre l’influence qu’exercent d’autres facteurs (personnels et environnementaux) sur l’expression de comportements autodéterminés. Par exemple, l’âge, la présence ou l’absence d’occasions, les capacités et les événements sont autant de facteurs qui peuvent influencer le degré auquel chacune des caractéristiques essentielles est présente. Par conséquent, l’autodétermination relative exprimée par un individu résulte de trois acteurs déterminants, à savoir:

    1ses capacités individuelles qui sont liées aux situations antérieures d’apprentissage et au développement personnel;

    2les occasions fournies par l’environnement et ses expériences de vie;

    3les types de soutien qui lui sont offerts (figure 1.2).

    Ces caractéristiques essentielles doivent être présentes, chacune étant nécessaire (quoique non suffisante) à la manifestation de comportements autodéterminés.

    FIGURE 1.2 Modèle fonctionnel de l’autodétermination

    Source: Sands et Wehmeyer, 1996.

    1.1.3Deux modèles, une vision

    Il convient de présenter une vision intégrative de ces deux modèles avant d’aborder précisément les modalités d’intervention technocliniques pouvant constituer un moyen de soutenir les interventions selon cette vision. D’abord, les deux modèles ont pour dénominateur commun de proposer une vision interactionniste personne / environnement, où le fonctionnement d’une personne (habitudes de vie, comportement adaptatif ou comportement autodéterminé) est le résultat d’interactions complexes entre des éléments personnels (organiques, aptitudes, identitaires, capacités) et environnementaux (macro, micro, méso, contexte, occasions). Ces visions dynamiques traduisent une approche développementale du fonctionnement humain, ce qui signifie que nous nous développons toute la vie durant. Seul le schéma du modèle MDH-PPH2 présente explicitement les éléments «déficiences»

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1