La suppléance au secondaire: Un guide pratique

Par Valérie Harnois

Ça y est ! Vous vous lancez dans la suppléance au secondaire. La cloche sonne et soixante-quatre yeux se tournent vers vous. Par où commencer ? Faire une blague ? Vous présenter ? Demander aux élèves ce qu’ils ont le goût de faire ? Puis, ceux-ci se mettent à discuter entre eux… Comment faire pour les amener à effectuer le travail laissé par leur enseignante quand ils sont trente-deux, mais qu’il n’y a qu’une seule de vous ?

La suppléance peut paraître simple à première vue, mais il s’agit d’une tâche complexe, tout en subtilité, qui se planifie dans ses moindres gestes. Ce guide se veut un allié dans votre préparation à la suppléance au secondaire, que ce soit pour un remplacement d’une seule période ou pour un remplacement à long terme. Il vous accompagne à travers les étapes du mandat de suppléance afin que vous puissiez mettre toutes les chances de votre côté pour faire de ce travail une expérience positive pour les élèves et vous-même.

Que vous déteniez ou non une formation universitaire en enseignement, vous trouverez dans le présent guide des stratégies pour planifier les périodes, l’enseignement et l’évaluation. Vous y découvrirez également des conseils simples et prouvés efficaces par des décennies de recherche qui vous aideront à prévenir et gérer les écarts de comportements chez les élèves et créer un climat de classe agréable.

Ce guide décortique chaque étape de la suppléance à l’aide d’exemples fraîchement sortis de la classe. Ses aide-mémoire vous permettront, en un coup d’œil, de revisiter les conseils donnés et les procédures suggérées dans les différents chapitres. Son glossaire de termes issus du milieu de l’éducation et son répertoire de ressources éducatives vous aideront à naviguer les situations auxquelles vous serez sans doute confrontée en tant que suppléante.

Valérie Harnois est diplômée en éducation et en criminologie et candidate à la maîtrise en éducation à la TÉLUQ. Enseignante d’expérience, elle centre ses études et ses recherches autour de la pédagogie, la gestion et l’influence des comportements, la professionnalisation de l’enseignement ainsi que la relève enseignante.

• Langue: Français
• Éditeur: Presses de l'Université du Québec
• Date de sortie: 21 avr. 2021
• ISBN: 9782760555013

Valérie Harnois

Valérie Harnois est diplômée en éducation et en criminologie et candidate à la maîtrise en éducation à la TÉLUQ. Enseignante d’expérience, elle centre ses études et ses recherches autour de la pédagogie, la gestion et l’influence des comportements, la professionnalisation de l’enseignement ainsi que la relève enseignante.

Aperçu du livre

Remerciements

Merci à Anne-Marie Harnois et Frédéric Morneau-Guérin, Ph.D., pour leurs suggestions et leurs encouragements. Merci à Liza St-Germain de m’avoir permis d’imaginer ce document mis en page. Cet ouvrage n’aurait pu être réalisé sans l’accompagnement, la présence, les anecdotes, la patience et le soutien des personnes qui me sont les plus précieuses : François, Bianca, Noa et Matéo.

Je dédie cet ouvrage à vous toutes, suppléantes, enseignantes et remplaçantes qui avez entrepris de contribuer à former la prochaine génération. Grâce à vous, votre dévouement, votre implication et votre soutien, les adolescents d’aujourd’hui pourront poursuivre leurs rêves et contribuer à notre société de demain.

Liste des encadrés et tableaux

Encadrés

2.1/ Une communication efficace

2.2/ Une communication positive

2.3/ Une communication claire

2.4/ Une communication ferme

3.1/ Les médicaments

3.2/ Pourquoi arriver tôt ?

3.3/ Se préparer pour éviter les mauvaises surprises

3.4/ Un exemple de menu au tableau

7.1/ Un rappel du déroulement d’une période

7.2/ Préparer la vérification et l’activation des connaissances antérieures

7.3/ Préparer l’explication

7.4/ Préparer le modelage

7.5/ Préparer la première validation

7.6/ Des questions à poser pour la pratique en grand groupe

7.7/ Préparer la pratique individuelle

7.8/ Préparer la rétroaction

7.9/ Préparer la révision

7.10/ Préparer les évaluations

7.11/ Préparer la correction

7.12/ Des suggestions pour échanger les copies

8.1/ Un exemple de courriel aux parents

10.1/ N’oubliez pas que, dans la classe, c’est vous l’adulte !

Tableau

3.1/ Le traitement du personnel en suppléance

Liste des sigles et acronymes

Avant-propos

La suppléance, en raison de son caractère ponctuel, présente des avantages et des défis qui lui sont propres. La majorité des ouvrages en pédagogie traitant de la suppléance ou de l’enseignement sont destinés à des enseignantes formées ou en cours de formation. Ce guide se distingue de ces ouvrages puisqu’il s’adresse aux suppléantes occasionnelles, aux débutantes en enseignement ainsi qu’au personnel sans formation en éducation qui effectuent des remplacements au secondaire. Cet ouvrage a pour objectif d’offrir des outils concrets et accessibles à toutes, avec ou sans formation en enseignement, pour faciliter leur pratique dans les écoles secondaires. Il ne traite pas spécifiquement des différentes matières enseignées, mais plutôt de l’enseignement et de la gestion des comportements ainsi que des tâches afférentes. Ainsi, il propose des méthodes et stratégies qui ont fait leurs preuves et s’appliquent à la plupart des situations et matières ; elles sont présentées dans un langage clair avec de nombreux exemples à l’appui. Il couvre l’essentiel des tâches à réaliser lors d’une suppléance ou de remplacements de longue durée, et suggère des stratégies pour s’en acquitter de façon satisfaisante. Plus particulièrement, il précise les attentes envers les suppléantes dans un langage accessible tout en proposant des procédures concrètes pour les guider. Finalement, des aide-mémoire exposent les grandes lignes des différents concepts permettant un rappel en un clin d’œil. Les stratégies présentées reposent sur des méthodes ayant été validées à l’aide de données probantes, issues de décennies de recherche, et diffusées dans le cadre de la maîtrise en éducation (efficacité de l’enseignement et des écoles) de la TÉLUQ. Elles sont adaptées à la réalité de la suppléance occasionnelle et des remplacements à long terme, mais surtout accessibles à toute suppléante, avec ou sans formation en éducation.

Le présent document ne prétend pas se substituer à une formation universitaire en enseignement. Il se veut un outil pratique destiné à préparer toute personne désirant faire de la suppléance au secondaire, au travail qu’elle aura à effectuer, afin de rendre sa tâche plus agréable. Je recommande, à tous ceux et celles ayant de l’intérêt pour l’enseignement, de suivre la formation universitaire qui s’y rapporte et qui est offerte dans la majorité des universités du Québec.

Finalement, comme chaque milieu et chaque situation sont uniques, les consignes, les pratiques et les demandes de l’école où vous ferez de la suppléance ont toujours priorité sur le contenu de ce guide. En effet, ce guide est un ouvrage général qui ne peut tenir compte des particularités de chaque école.

Comme le milieu scolaire est majoritairement composé de femmes, le féminin est utilisé dans ce guide afin de reconnaître ce fait. Le masculin n’est pas ajouté dans le simple but d’alléger la lecture.

PARTIE I /

LES INFORMATIONS ESSENTIELLES

L’objectif de cette partie est de donner un aperçu du contexte de la suppléance et des tâches que ce travail comporte. Certains savoir-faire et savoir-être sont attendus des suppléantes par les écoles secondaires ; en prendre connaissance et les adopter n’aura que des avantages. Le professionnalisme, en présence des élèves et des collègues, ainsi que certains comportements précis sont essentiels afin de bien remplir le rôle de suppléante. Ces éléments contribuent à créer un climat de travail sain et positif dont vos collègues et les élèves pourront profiter, ainsi que vous-même par ricochet.

CHAPITRE 1 /

Le contexte

Au Québec, la formation initiale des enseignantes comprend un baccalauréat de 4 ans qui inclut environ 700 heures de stage supervisé. Cette formation est également constituée de cours portant sur le développement de l’enfant et de l’adolescent. À cela s’ajoutent des cours de psychologie, de sociologie, de didactique (reliés à la matière enseignée) et, bien sûr, d’éducation. Au terme de cette formation, les candidates reçoivent un brevet d’enseignement de la part du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ), qui est requis pour enseigner dans les écoles primaires et secondaires du Québec.

L’article 23 de la Loi sur l’instruction publique (LIP) prévoit cependant que les suppléantes occasionnelles sont « dispensé[e]s de cette obligation ». En effet, il arrive que la demande d’enseignantes qualifiées excède l’offre et que les écoles doivent faire appel à des gens sans brevet d’enseignement pour combler ce manque. Dans le jargon scolaire, ces personnes sont appelées des NLQ, acronyme pour « non légalement qualifiés ».

L’enseignement est aussi l’un des seuls métiers où les débutantes et les suppléantes ont les mêmes responsabilités, les mêmes attentes à satisfaire et la même charge de travail (certains diront que cette charge de travail est parfois plus grande dans certains cas) que les enseignantes d’expérience (Rojo et Minier, 2015). En règle générale, une fois la formation terminée, la majorité des personnes exerçant des métiers spécialisés ont droit à une période d’accompagnement et de supervision avant de se voir confier toutes les responsabilités et les tâches d’un travailleur d’expérience. Pensons au secteur de la construction, qui prévoit une période d’apprentissage s’étalant sur une à quatre années suivant la délivrance du diplôme, où le travailleur doit être accompagné à divers degrés. Les médecins suivent un programme de résidence qui s’échelonne sur plusieurs années, les ingénieurs et les architectes doivent cumuler au moins deux ans de service avant d’obtenir leur sceau professionnel et d’être autorisés à approuver des plans de façon autonome. Certains employeurs vont aussi déléguer des tâches moins importantes ou moins délicates aux nouveaux employés ou leur offrir plus de soutien. Cela se passe rarement ainsi dans l’enseignement. Une fois le diplôme obtenu – ceux qui ne détiennent pas ce diplôme reçoivent généralement le même traitement–, les responsabilités et les attentes en matière de planification, d’enseignement, de gestion de classe, de gestion des comportements ou encore d’évaluation sont les mêmes pour tous les employés en situation d’enseignement.

L’enseignement est en outre l’un des seuls domaines où les services sont offerts, peu importe que le professionnel soit présent ou non, quitte à le remplacer par quelqu’un n’ayant pas la formation requise. Par exemple, si un avocat, un comptable, un ingénieur, un criminologue ou un conseiller d’orientation est absent, deux options se présentent : reporter les engagements à un autre jour ou remplacer le professionnel par une personne qualifiée. La première option ne peut être envisagée dans le milieu de l’éducation puisque les calendriers scolaires sont établis à l’avance. Comme chacun le sait, l’école a l’obligation de fournir des services éducatifs aux élèves et les élèves ont celle de fréquenter l’école jusqu’à 16 ans (LIP). Le calendrier immuable et l’obligation de service sont des conditions qui sont propres au monde de l’éducation. C’est entre autres pour ces raisons, et compte tenu de la pénurie de personnel qualifié, que des gens n’ayant pas de brevet d’enseignement en poche sont engagés pour faire de la suppléance occasionnelle et des remplacements à long terme.

Pour aider toutes ces personnes débutant en éducation, plusieurs centres de services scolaires disposent maintenant de programmes d’insertion professionnelle qui offrent du soutien et des formations. Ces services varient d’un centre de services scolaire à l’autre, mais sont habituellement accessibles aux nouvelles enseignantes et aux suppléantes, qualifiées ou non, dès qu’elles obtiennent des contrats de remplacement.

Signalons aussi que l’école secondaire est l’un des seuls contextes en société où les adolescents sont majoritaires et les adultes minoritaires. Dans une classe ordinaire, on peut compter une trentaine d’élèves pour une seule adulte. Cette microsociété qu’est l’école obéit à des règles qui lui sont propres. Certaines de ces règles, telles que la tenue vestimentaire et la ponctualité, sont fixées par le code de vie de l’école ; d’autres sont sous-entendues, comme le fait de s’asseoir quand le cours commence.

Nous sommes toutes passées par l’école secondaire et avons toutes une expérience étendue de ce qu’est l’école. Aussi avons-nous toutes une idée de ce que fait une enseignante comme travail et de la façon dont elle devrait se comporter. Bien que cette référence ne soit pas mauvaise en soi, la prudence est de mise avant d’utiliser cette référence pour guider votre pratique. En effet, l’appréciation que vous avez faite à l’âge de 14 ou 15 ans n’est peut-être pas la plus juste. Ce que vous avez perçu n’est peut-être pas fidèle à la réalité et est assurément incomplet. Beaucoup d’adolescents ont l’impression que l’enseignement se résume à de l’improvisation, entrecoupée de temps libres. Cette perception est bien loin de la vérité, puisque la majorité des gestes et des paroles sont planifiés et que les temps libres ne sont pas si fréquents. Par conséquent, les tâches enseignantes sont beaucoup plus complexes et plus variées que ce que vous avez pu percevoir lors de votre fréquentation scolaire à l’adolescence.

1.1/ La tâche

La mission de l’école au Québec comporte trois volets interreliés : instruire, socialiser et qualifier (Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport [MELS], 2006b). Pour remplir cette mission, l’école doit permettre aux élèves 1) d’apprendre les divers éléments des matières enseignées et de développer les compétences qui y sont reliées, 2) d’entretenir des rapports sociaux enrichissants et respectueux en tenant compte des différences de chacun et 3) d’obtenir une qualification qui leur permettra de contribuer à la société (MELS, 2006b).

Au Québec, l’article 22 de la LIP décrit les responsabilités de l’enseignante comme suit :

Il est du devoir de l’enseignant :

1° de contribuer à la formation intellectuelle et au développement intégral de la personnalité de chaque élève qui lui est confié ;

2° de collaborer à développer chez chaque élève qui lui est confié le goût d’apprendre ;

3° de prendre les moyens appropriés pour aider à développer chez ses élèves le respect des droits de la personne ;

4° d’agir d’une manière juste et impartiale dans ses relations avec ses élèves ;

5° de prendre les mesures nécessaires pour promouvoir la qualité de la langue écrite et parlée ;

6° de prendre des mesures appropriées qui lui permettent d’atteindre et de conserver un haut degré de compétence professionnelle ;

6.1° de collaborer à la formation des futurs enseignants et à l’accompagnement des enseignants en début de carrière ;

7° de respecter le projet éducatif de l’école. (Québec, LIP, art. 22)

Cette responsabilité complexe repose sur trois tâches fondamentales :

Assurer un environnement sécuritaire et propice à l’apprentissage.

Gérer les