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Rythme d'Enfer: Bayou Fantasy, #2
Rythme d'Enfer: Bayou Fantasy, #2
Rythme d'Enfer: Bayou Fantasy, #2
Livre électronique268 pages3 heures

Rythme d'Enfer: Bayou Fantasy, #2

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À propos de ce livre électronique

Après les terribles événements du Mardi gras, Prudence n'a qu'une envie: retrouver son existence tranquille d'étudiante sans histoire. Hélas! Les serpents qui la possèdent ne lui laissent aucun répit, pas plus que la police, qui la soupçonne de meurtre. Prête à tout pour retrouver une vie normale, Prudence accepte l'aide d'alliés qui pourraient se montrer trop dangereux pour elle.

LangueFrançais
Date de sortie8 oct. 2017
ISBN9791095394129
Rythme d'Enfer: Bayou Fantasy, #2

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    Aperçu du livre

    Rythme d'Enfer - C. C. Mahon

    1

    Céleste avait garé sa Coccinelle un peu à l’écart de l’église. Alors que je considérais le bâtiment de bois blanc étincelant sous le soleil de mars, l’orchestre de jazz se mit en ordre de part et d’autre des marches, et une petite foule s’écoula lentement sur la pelouse. Céleste ferma la voiture à clé et prit mon bras sous le sien.

    — Prête ?

    Je hochai la tête.

    Les premières notes de musique s’élevèrent. Sur le seuil de l’église, une femme brandit une ombrelle et commença à danser sur un rythme lent. Plusieurs personnes émergèrent à sa suite. De loin, il me sembla en reconnaître deux.

    — Ce sont les serveuses du Belledeaux ?

    — Oui, fit Céleste. Elles ont un air de famille avec Jazzmine, non ?

    Je haussai les épaules. J’en savais trop peu sur mon amie Jazzmine.

    Ma main trouva le bijou qui pendait à mon cou. La médaille de baptême de Maddie, pendue à la chaine en or de Jazzmine. Les deux femmes étaient mortes, toutes deux par la faute du démon Shaah. Je n’avais su aider ni l’une ni l’autre.

    — Ça va aller ? demanda Céleste.

    Elle resserra doucement son bras sur le mien, et je lui souris. Je n’avais pas perdu toutes mes amies.

    L’orchestre se mit en marche, la procession à sa suite. Je reconnus une tête qui dominait toutes les autres : « Petit », l’immense cuistot du Belledeaux, était venu rendre hommage à sa patronne. Il n’était pas le seul.

    — Ce sont les membres de sa krewe ? demanda Céleste alors que plusieurs dizaines de danseurs habillés de noirs sortaient à leur tour de l’église. De là où j’étais, je devinais leurs auras mêlées — violettes, mauve et bleu pâle. Des couleurs de tristesse. Certains swinguaient malgré leurs béquilles ou leurs bras en écharpe. Je revis les silhouettes paniquées des danseurs du Mardi gras qui sautaient au bas des chars pour échapper aux balles et chutaient lourdement, se bousculaient…

    L’orchestre s’arrêta à quelques dizaines de mètres de l’église. La procession se mit en ordre et tout le monde se retourna vers les portes de l’édifice. Le cercueil de Jazzmine apparut, soutenu par une demi-douzaine de porteurs.

    La foule se resserra pour l’accueillir, puis s’ouvrit comme la mer devant Moise pour laisser passer les porteurs. L’orchestre se remit en marche.

    Céleste et moi suivîmes la procession de loin. Je ne connaissais pas assez Jazzmine pour oser me mêler à ses proches, mais je l’aimais trop pour ne pas lui dire adieu.

    Un prêtre en grande tenue attendait près d’un caveau de pierre blanche. Les musiciens se mirent un peu à l’écart, sans cesser de jouer, et la procession se casa tant bien que mal entre les rangées de tombes surélevées. Puis l’orchestre se tut. Je restai en arrière et observai la cérémonie de loin, heureuse de pouvoir m’appuyer sur Céleste.

    Quelques jours plus tôt, j’étais morte — pour quelques instants seulement, avant que les efforts conjugués des sauveteurs et de l’esprit qui me possède ne me ramènent à la vie. Mais même dopée à la magie comme je l’étais, j’avais du mal à tenir sur mes jambes, et mon cerveau était dans le coton. J’avais dormi pendant 48 heures à l’hôpital, et je ne m’étais jamais sentie aussi fatiguée. Voilà ce qui arrive quand on se retrouve entre un démon et le serpent géant décidé à lui faire la peau. Mais ce n’était pas suffisant pour m’empêcher de dire adieu à mon amie.

    Je n’entendis pas le discours du prêtre. Des coups de feu fantômes résonnaient à mes oreilles, le décompte froid et régulier des détonations, les cris de la foule, le silence de mort qui avait suivi…

    Le cimetière disparu, remplacé par les chars du Mardi gras sur l’avenue désertée, le trône doré de Jazzmine, et ses yeux ouverts et déjà vides.

    — Ça n’aurait jamais dû arriver, murmurai-je.

    — Tu as fait tout ce que tu pouvais. Et tu as sauvé beaucoup de vies ce jour-là.

    — Pas assez.

    Les porteurs avaient déposé le cercueil sur des tréteaux pour permettre aux vivants de faire leurs adieux à la morte. Je laissai passer les dizaines de personnes qui avaient connu Jazzmine avant moi. L’orchestre s’était regroupé dans l’allée centrale du cimetière, et la procession se reforma peu à peu derrière eux. Ils s’éloignèrent en silence, et j’avançai à mon tour. À côté du cercueil, un portrait de Jazzmine la montrait, souriante, dans une robe dorée, une couronne égyptienne sur la tête : c’était son costume de Mardi gras. Celui qu’elle avait confectionné avec application et porté avec fierté. Celui dans lequel elle était morte.

    — Pardon, murmurai-je.

    Des notes de musiques s’élevèrent dans mon dos et je reconnus le rythme enlevé. Oh when the saints go marching… J’essuyai mes larmes et fis demi-tour.

    De retour près de la Coccinelle, Céleste déverrouilla le coffre avant et en sortit un sac plastique.

    — Je t’ai apporté des vêtements de rechange, un téléphone portable et une carte prépayée. Tu vas pouvoir appeler tes parents.

    Mon estomac se serra.

    — Tu les as vus ? Ils vont bien ?

    — Ils sont passés plusieurs fois sur le campus. Ils te cherchent. Ils sont inquiets, et rien de ce que je peux dire ne les rassurera. Ils ont besoin d’entendre ta voix.

    Je sortis le téléphone du fond du sac. C’était un vieux modèle à clapet.

    — Je te laisse, souffla Céleste.

    Elle s’éloigna, et je me rassis dans le siège passager. J’ouvris le clapet, tapai le numéro de téléphone du magasin de mes parents, et soufflai un grand coup.

    — Épicerie Devreaux bonjour.

    — Papa ?

    — Prudence ! Tu vas bien ?

    Mon père chuchotait, mais son ton n’en était pas moins pressant.

    — Tout va bien. Et vous ? Maman est là ?

    — Elle se repose.

    — À cette heure ? Elle est malade ?

    J’entendis une porte se fermer et supposai que mon père s’était réfugié dans la réserve, comme il le faisait toujours quand il voulait passer un coup de fil personnel au magasin.

    — Elle dort mal en ce moment. Elle s’inquiète.

    Par ma faute.

    — Papa je suis désolée. Je voulais vous appeler plus tôt, mais j’avais peur de vous causer des problèmes.

    J’étais à l’hôpital, incapable de formuler une pensée cohérente.

    — Ma chérie, reprit mon père, la police te cherche. Que se passe-t-il ? Après la fusillade du Mardi gras, nous nous sommes fait un sang d’encre. Tu nous as laissé des jours sans nous parler, et la police nous harcèle. Tu as des ennuis ?

    — Je n’ai rien fait de mal, je te promets.

    — Je te crois, mais ce n’est pas moi qu’il faut convaincre. Où es-tu ?

    — Chez une amie, mentis-je. J’ai besoin d’un peu de calme.

    J’ai exorcisé un démon et empêché un attentat à la bombe. J’ai failli perdre une oreille, et y laisser la peau. La police me croit responsable du meurtre de ma psy, et j’ai un serpent magique dans la peau — littéralement. Il me faut juste deux ou trois jours pour régler quelques détails…

    — Rentre à la maison aujourd’hui. Ta mère a besoin de te voir. Et il faut que tu ailles parler à la police au plus vite. Nous avons engagé un avocat. Il t’accompagnera.

    J’hésitai plusieurs secondes. J’avais autant envie de franchir la porte du commissariat de Lake Louis que de me jeter dans l’antre d’un dragon. D’après ce que Céleste m’avait rapporté de ses conversations avec les policiers de notre belle ville, l’inspecteur Moore — quand il était possédé par le démon Shaah — m’avait accusée de tous les maux, notamment de l’avoir manipulé pour qu’il abatte ma psy, et de planifier une attaque sanglante sur le défilé du Mardi gras. Si je passais la porte du commissariat dans un sens, j’avais peur de ne plus pouvoir la franchir en sens inverse.

    — Parle au moins à maître Truitt, reprit mon père. Il saura te conseiller.

    J’acceptai à contrecœur. Je savais bien que je ne pouvais pas fuir la police indéfiniment.

    Je fouillai dans la boîte à gants, trouvais un vieux stylo et remontai ma manche. Sur la peau pâle, le dessin de mes serpents était à peine visible. Ils semblaient avoir besoin de repos après les événements de la semaine passée. Mon père me dicta un numéro, et je le notai sur mon bras.

    Je promis d’appeler l’avocat et raccrochai, le cœur fendu de ne pouvoir rentrer chez moi immédiatement.

    2

    — T u repars dans ta cabane ? demanda Céleste.

    — Non, j’ai réservé une suite au Ritz.

    — Tu n’as pas besoin de te cacher. Tu n’as rien fait de mal.

    — Tu oublies que Shaah a possédé ma psy, puis un inspecteur. C’est leur parole contre la mienne.

    — Le docteur McNamara est mort, et l’inspecteur est toujours à l’hôpital. Si ça se trouve, il ne s’est pas encore réveillé. Ils ne risquent pas de témoigner contre toi. Plus tu attends, plus tu aggraves ton cas. Tu ne vas tout de même pas passer le reste de ta vie en ermite dans le bayou ?

    Elle avait raison, bien sûr.

    Je ruminai quelques instants, puis rouvris le téléphone à clapet et remontait ma manche.

    — Cabinet de maître Truitt, annonça une voix féminine.

    — Prudence Devreaux. Je crois que maître Truitt attend mon appel.

    — Un instant je vous prie.

    Céleste me lança un regard interrogateur. Je plaquais le portable contre ma poitrine pour lui expliquer :

    — Mes parents ont pris un avocat.

    Je portai à nouveau le téléphone à mon oreille, à temps pour entendre une voix masculine déclarer :

    — Mademoiselle Devreaux, quel plaisir.

    — Mes parents m’ont dit de vous appeler. Pouvez-vous m’aider ?

    — Je l’espère bien. Pouvons-nous parler face à face ?

    Je réfléchis à toute vitesse.

    — Vous connaissez le pub de Voyel ? Pouvez-vous m’y retrouver demain ?

    Un froissement de papier me laissa imaginer que maître Truitt consultait son carnet de rendez-vous.

    — Que diriez-vous de 9 heures ? me demanda-t-il quelques instants plus tard.

    J’acceptai et raccrochai. Puis je me tournai vers Céleste :

    — Je vais encore rentrer dans ma « cabane » pour ce soir. Demain, j’irai mettre les choses au clair avec la police.

    Il était temps que ma vie reprenne son cours normal.

    Ma « cabane » était la petite maison de bois dans laquelle mon grand-père avait passé la plus grande partie de sa vie. Nichée au plus profond de la forêt, au bord d’un bras secondaire du Bayou Serpent, elle abritait mes meilleurs souvenirs d’enfance. Maintenant que mon grand-père n’était plus, l’endroit était tombé dans l’oubli. La forêt avait repris le dessus, et le chemin qui reliait la maison à la route avait disparu sous la végétation.

    Céleste arrêta la voiture sur le bas-côté, sous les arbres. Elle ma lança un regard soucieux :

    — Tu es sûre ? Tu ne veux pas que je te dépose chez tes parents plutôt ?

    — Je ne me sens pas d’attaque pour supporter un interrogatoire ce soir. Ni par la police ni par mes parents.

    — Tu veux que je t’emmène à ton rendez-vous demain matin ?

    — J’ai tout prévu. Ne t’en fais pas pour moi, et range notre chambre. Je reviens très bientôt t’embêter sur le campus.

    Je traversai quelques centaines de mètres de forêt en apparence impénétrable, avec l’impression de rentrer chez moi. Les cris des oiseaux, le chant des grenouilles et même le bourdonnement des moustiques… le bayou bruissait de vie, et il me semblait l’entendre vibrer contre ma peau.

    La cabane était une modeste construction de planches et de tôle : une terrasse couverte, une pièce unique, et des toilettes extérieures à l’ancienne. L’eau provenait d’une citerne (elle était croupie) et l’électricité n’avait jamais atteint les lieux. 

    Je posai le sac en plastique de Céleste sur la table de la cuisine et ouvris le clapet du vieux téléphone : aucun réseau. J’abandonnai le téléphone à côté du sac et ressortis.

    Sur le côté de la maison, quatre poteaux et quelques tôles formaient un abri à bateaux. Deux embarcations y étaient entreposées, à l’envers sur des étagères de fortune. La barque à moteur de Papère était trop lourde pour que je la déplace toute seule, et je doutais de pouvoir faire démarrer le moteur sans devoir d’abord le démonter et le décrasser. Le canoë en plastique léger ferait mon affaire.

    Je me penchai et jetais un coup d’œil à l’intérieur du canoë. Les arbres et le toit de tôle arrêtaient la majeure partie de la lumière du jour, mais j’y voyais assez pour distinguer la véritable métropole de toiles d’araignées qui occupait l’espace. Je reculai en réprimant un frisson.

    Un rapide aller-retour à la cabane me permit de récupérer le balai et la lampe à pétrole. Je posai la lampe sur la coque de la grosse barque et saisis le balai à deux mains. Quelques secondes d’hésitations et deux pas en arrière, puis je frappai la coque du canoë avec le balai, aussi fort que je l’osais. Des dizaines de corps noirs et velus émergèrent et recouvrirent les deux embarcations, la lampe et l’intérieur de l’abri à bateau. Je poussai un cri et reculai en toute hâte. Oui, je suis une fille du bayou. Non, je n’ai pas peur d’une araignée. Ceci dit, quand elles s’organisent en gang et me prennent (à moitié) par surprise… je reste humaine.

    J’attendis quelques instants que les araignées se sauvent, puis recommençai l’opération. Je dénichai encore quelques retardataires, auxquelles je laissai le temps de s’enfuir. Puis je me penchai à nouveau pour regarder dans le canoë. La lampe à pétrole me révéla que les toiles étaient plus nombreuses, plus grandes et plus épaisses que je ne l’avais cru. Je considérai un moment mon balai de paille. Il n’y en avait qu’un dans la cabane, le même depuis des décennies. Papère changeait les brindilles quand elles étaient trop usées, et il avait parfois dû remplacer le manche. Mais c’était toujours le même balai. Si je l’utilisais pour dégager l’intérieur du canoë, je devrais le jeter ensuite : rien ne pourrait en détacher autant de toiles. 

    Ce sera donc la manière forte.

    Avec une branche morte, un chiffon et un peu de pétrole, je bricolai une torche, que j’enflammais grâce au briquet de Papère. 

    « Pourvu que je ne fasse pas fondre la coque », pensai-je avant de planter ma torche dans le nid d’araignées.

    La soie prit feu avec un crépitement. Je baladai ma torche dans tous les recoins de la coque, en prenant garde à ne jamais rester plus d’une seconde au même endroit. Une odeur de poils brûlés vint se mêler à celle, plus puissante, du pétrole. 

    — Ça devrait aller, déclarai-je au bout de quelques minutes.

    Je fis quelques pas pour plonger ma torche dans l’eau du bayou, posai la lampe à pétrole en dehors de mon chemin, et attrapai le canoë à bras le corps.

    Ce n’était qu’une coque de plastique, qui pesait à peine plus lourd qu’une bassine. Mais il approchait les trois mètres de long. Je le cognai deux ou trois fois aux piliers de l’abri avant de réussir à le sortir et le poser par terre, juste au bord de l’eau. La tête me tournait. Une grosse araignée, rescapée de mon attaque, me courut sur le bras. Je la jetai à terre d’une chiquenaude. Papère m’avait appris à respecter toutes les créations du Seigneur, mais je tenais à garder mes distances avec certaines d’entre elles.

    La bonne nouvelle : la coque n’avait pas fondu.

    La mauvaise : elle était loin d’être propre. Cela ne faisait que trois ou quatre ans que j’avais cessé d’utiliser ce canoë, mais dans ce laps de temps plusieurs générations d’animaux semblaient y avoir construit puis abandonné leurs nids. Des boules de vieille paille étaient agglomérées par de multiples couches de soie d’araignée. Des cocons avaient survécu au feu sur les bords de la coque. L’ensemble allait nécessiter de l’eau, du savon et de l’huile de coude. Je levai les yeux vers le soleil. Il me restait encore plusieurs heures de jour. Je savais à quoi les occuper. 

    Je nettoyai le canoë, le transportai quelques mètres plus loin sur le ponton, et le mis à l’eau. Je m’assis en tailleur quelques minutes, autant pour surveiller l’apparition d’éventuelles fuites que pour me reposer.

    Satisfaite de constater que mon embarcation tenait l’eau, je lui dénichai une amarre de fortune, rangeai seau, brosse et savon, et constatai à quel point j’étais sale et trempée.

    L’eau de la cuve sentait le moisi, et des larves d’insectes y flottaient. Je décidai de puiser directement dans le bayou, et de faire bouillir une marmite sur le fourneau à bois. Je retrouvai la lessiveuse, la remplis et allumai le feu. Puis je pris mon mal en patience.  

    Une fois propre et changée, je m’installai sur la terrasse pour diner et admirer le coucher de soleil.

    Les oiseaux lançaient des trilles pour saluer la fin du jour. Un crapaud se joignit au concert des grenouilles. Face à moi, l’eau du bayou s’écoulait sereinement. Le bras de rivière ne faisait que quelques mètres de large, et l’autre berge était bordée de cyprès si vieux que deux adultes auraient du mal à en encercler le tronc. Leurs racines plongeaient directement dans l’eau. Le soleil était descendu sous leurs frondaisons et soulignait d’une lumière orange leurs silhouettes sombres. Le monde était en paix, et je me sentais chez moi.

    Je dus m’endormir sur ma chaise, car je rêvai.

    Je glissai dans l’air humide, les écailles de mon ventre frottant les feuilles mortes. Les odeurs de la nuit me chatouillaient

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