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L'héritage de Tristan
L'héritage de Tristan
L'héritage de Tristan
Livre électronique284 pages3 heures

L'héritage de Tristan

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À propos de ce livre électronique

Depuis maintenant dix ans, la paix règne enfin sur Gaberin. Tristan, chef des Aigles, a l’étrange sentiment que des forces obscures convergent contre lui. Elles l’entrainent dans une série d’événements qui le conduira au cœur de sa propre histoire.

Quelles sont les forces qui sont liguées contre lui? Pourra-t-il sauver Gaberin une fois encore ?
LangueFrançais
Date de sortie5 mars 2020
ISBN9782897753177
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    Aperçu du livre

    L'héritage de Tristan - Daniel Bergeron

    Préface : Des souvenirs perdus

    S

    ur une grande plage de sable fin était étendu un homme inconscient. Les puissantes vagues de la mer venaient le frapper à intervalles réguliers. Du sang maculait ses cheveux et ses vêtements déchirés démontraient l’importance des tourments qu’il avait subis. Il toussa violemment et cracha de l’eau de mer. Après quelques respirations difficiles, une nouvelle quinte de toux le reprit. Il avait les poumons en feu et une violente douleur abdominale. Se relevant sur les mains, il prit conscience de la douleur qui lui parcourait le corps. Il était courbaturé de la tête aux pieds. Avec un effort surhumain, il rampa hors d’atteinte des vagues et, roulant sur le dos, laissa tous ses muscles prendre un peu de répit. Il avait toujours du mal à respirer et, dans son état actuel, il devait prendre du repos. Après une période indéterminée, en se concentrant uniquement sur le bruit régulier des vagues, il reprit suffisamment d’aplomb pour se relever. Il avisa les alentours, cherchant un repère qui lui indiquerait sa position. Sur sa gauche, la plage s’étendait à perte de vue et sur sa droite, la même chose. Rien ne pouvant l’aider à indiquer l’endroit où il se trouvait. Secouant le sable accumulé sur ses vêtements détrempés, il entama sa marche vers le sud. Du moins, c’est ce qu’il pensait. 

    En avançant, il réfléchit à ce qu’il venait de vivre et rassembla tous les morceaux de souvenirs. Il fut surpris de constater qu’il ignorait qui il était, ce qui lui était arrivé et comment il avait abouti sur cette plage. Le vide total. Son esprit refusait de répondre aux questions silencieuses qu’il se posait. Après de longues heures de marche sur cette plage sans fin et de nombreux efforts, un souvenir ressurgit. Une histoire qui paraissait tellement lointaine. Il n’arrivait pas à se remémorer s’il l’avait vécue ou s’il en avait été témoin. Il s’accrocha aux images qui défilaient dans sa tête, cherchant à comprendre ce qu’il voyait. Ne pouvant trouver de réponses à ses questions, il continua d’avancer d’un pas nonchalant.

    Le paysage autour de lui changea. Au fur et à mesure de sa progression, le sable fut remplacé par un sol plus ferme et la végétation fit son apparition. Ses pas devinrent plus difficiles, dû à l’inclinaison du terrain. Il redoubla d’efforts pour gravir le monticule devant lui. Découvrant l’ampleur de la tâche à accomplir, il s’accorda une pause bien méritée et s’assit sur le sol en regardant au loin sur l’océan. Pendant cette période, il tenta de forcer sa mémoire à se remettre en marche. Sans succès. Frustré par cette tentative infructueuse, il se redressa et continua de marcher, malgré l’épuisement qui l’accablait. Alors qu’il progressait lentement, son estomac, vide depuis trop longtemps, se fit entendre. Il prit conscience pour la première fois qu’il avait une faim de loup. L’intense douleur qu’il ressentait partout dans son corps l’avait empêché d’entendre l’appel de ce besoin vital. Malheureusement pour lui, il n’avait aucune provision. Il se trouvait au milieu de nulle part, aucun village en vue, ni aucun signe de vie. En revanche, il était évident qu’il devait trouver à manger rapidement s’il voulait survivre. Reprenant la marche vers la végétation, il espérait trouver des racines ou de petits arbres fruitiers qui lui procureraient quelque chose pour le sustenter. Scrutant l’horizon, il ne voyait rien pouvant l’aider. Avec un sentiment de désespoir, il continua d’avancer. Ses lèvres craquelées par la déshydratation et une sourde douleur dans l’abdomen provoquée par la faim rendirent sa démarche ardue. Tout à coup, le paysage dansa devant ses yeux. Pris de vertige, il chuta lourdement au sol. Le bruit du martèlement des sabots d’un cheval se fit entendre au loin, juste avant que les ténèbres ne l’emportent. Un groupe de cavaliers s’approchait à grande vitesse. Avant que les cavaliers mettent pied à terre, le gouffre noir se referma.

    L’amnésique battit des paupières. Sa vue était embrouillée, comme s’il venait de s’éveiller d’un long sommeil. Sa plus grande surprise fut d’être encore vivant. Il tenta de se relever, mais une main puissante, mais chaleureuse, l’en empêcha. Il tourna la tête avec une facilité qui le surprit. Il ne ressentit aucune douleur. Une personne était à son chevet, probablement une jeune servante, compte tenu de son habillement. Elle avait les joues rondes et un air jovial. Se tenant près de lui, elle examinait la coupure qu’il avait à la tête. 

    — Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

    — Je suis Nijas, servante au service du roi Thomas Ier. On m’a demandé de veiller sur vous après qu’une patrouille de chevaliers vous ait trouvé presque sans vie, affamé et complètement déshydraté.

    — Depuis combien de temps suis-je ici ?

    — Vous avez dormi pendant plus d’une semaine. Nous avons réussi à vous faire avaler de petites gorgées d’eau durant quelques courtes périodes d’éveil. Ensuite, ce fut de la soupe. Nous n’avons pu vous donner un vrai repas encore.

    — Et mes vêtements, où sont mes vêtements ?

    — Lors de votre arrivée, je vous ai dévêtu et lavé. Nous avons jeté ce que vous portiez et, après avoir pris vos mesures, un tailleur vous a confectionné de nouveaux vêtements, répondit Nijas.

    Il fit une nouvelle tentative pour se relever, mais elle plaqua sa main sur sa poitrine pour le recoucher.

    — Holà ! Pas si vite ! Vous ne pouvez pas vous lever encore. Je vais aller vous chercher quelque chose à manger et nous verrons plus tard.

    La servante se leva et sortit. Pour la première fois, il regarda autour de lui. Il était couché sur un lit de paille recouvert d’une épaisse couverture. Une odeur d’humidité semblait planer en permanence. Avisant la structure du bâtiment, il conclut qu’il se trouvait dans une grange. Les grosses poutres de bois soutenaient le toit à intervalles réguliers. Le foin était empilé à l’étage supérieur et quelques outils et autres instruments, utiles aux cultures, étaient placés à l’étage inférieur. Il chercha à comprendre pourquoi il avait été installé là. Toutefois, il ne trouva aucune explication.

    Au retour de la servante, il la questionna au sujet de son lit de fortune.

    — Pourquoi m’a-t-on installé dans une grange ?

    — Le roi ne savait pas si vous représentiez une menace, alors il vous a installé ici. Des soldats montent la garde devant les portes. Maintenant, mangez, dit-elle en lui présentant une assiette garnie de viandes et de légumes.

    Il mangea avec appétit, mais sans trop se presser. La nourriture était délicieuse et lui fit le plus grand bien. Après avoir vidé son assiette, il la remercia et, selon ses directives, se recoucha pour prendre du repos. Il dormit toute la journée et toute la nuit. Ce long sommeil le revigora, mais ne remplit pas son estomac. Il appela les gardes et leur demanda de lui rapporter de la nourriture. C’est évidemment Nijas qui apparut dans l’embrasure des portes de la grange. Elle était tout sourire, comme si elle venait d’apprendre une excellente nouvelle. Sa bonne humeur fut contagieuse. Alors qu’elle déposait l’assiette de son petit déjeuner, elle prit place près de lui et ils discutèrent de choses et d’autres. Il commençait à vraiment apprécier sa compagnie.

    Dès qu’il eut fini son repas, elle se leva, le prit par les mains et l’aida à se lever. Il chancela sur ses jambes, mais arriva tout de même à faire quelques pas malgré l’inégalité du sol qui ne l’aidait point. Après seulement quelques jours, il prenait du mieux. Sa condition n’était pas parfaite, mais elle s’améliorait. Il demanda à Nijas de rester un peu plus longtemps et de lui parler d’elle. Elle avait toujours vécu à Talsa. Sa mère avait été au service du défunt roi Saico et, lorsqu’elle fut en âge, elle rejoignit les rangs des servantes du château. Les derniers événements avaient chamboulé un peu son travail. Elle avait été attristée d’apprendre la mort du roi, lui qui avait été si bon et juste envers tous. Lorsque le nouveau roi fut arrivé, il avait relaté toutes les actions traîtresses du général Anston et les combats entre sorciers et magiciens qui avaient suivi.

    — Nous avions entendu certaines conversations dans le château concernant les actions d’Anston, mais nous n’étions pas tous d’accord, relata Nijas.

    — Saviez-vous qui étaient les sorciers qui ont combattu ?

    — Il s’agissait du nouveau chef de la lignée des Aigles, Tristan et son opposant s’appelait Gamien, je crois.

    Lorsqu’il entendit ces noms, tout autour de lui commença à tourner. Il tenta de se lever, mais Nijas insista pour qu’il reste au lit. Elle se demandait bien pourquoi il avait tant réagi à l’annonce du nom des combattants. Elle le questionna à ce sujet.

    — Que se passe-t-il ? Connaissiez-vous ces magiciens ? demanda-t-elle, perplexe.

    — Quand vous avez prononcé leur nom, la seule image dont je me souvienne est revenue. Tout ce que je peux voir dans ma tête, c’est ce combat entre magiciens. 

    — Mais il y a de ça quelques mois maintenant. Étiez-vous là-bas ?

    — Je crois que oui, mais je ne peux l’affirmer. Si je pouvais au moins me souvenir de qui je suis.

    — Ne vous en faites pas avec ça. Tout reviendra quand le temps sera venu. Encore un peu de repos pour vous.

    Elle plaça une main tendre et amicale sur son front et, avant de sortir, le regarda dans les yeux et lui promit de revenir lui porter son prochain repas. Toutes ses émotions l’avaient complètement vidé du peu d’énergie qu’il avait récupéré et il s’endormit presque aussitôt. L’unique souvenir revint le hanter durant cette sieste. 

    Nijas arriva avec le plateau du dîner qu’elle déposa sur une petite table près de son patient préféré. Elle s’était attachée à cet homme. Bien que ses origines soient brouillées, elle ne vit aucune malice en lui. Alors qu’il dormait toujours, elle s’assit près de lui et caressa ses cheveux. Il marmonna des paroles inintelligibles avant de battre des paupières et de sortir doucement de son repos.

    — Bonjour ! Bien dormi ? lui dit-elle. 

    — Non, pas très bien. J’ai fait un autre cauchemar. Toujours le même combat, mais cette fois, j’ai ressenti leurs douleurs.

    — C’est vraiment étrange.

    Elle l’invita à manger un peu, histoire de lui changer les idées. Voyant qu’il mangeait avec un certain appétit, elle lui proposa de marcher encore un peu. Il s’exécuta sans broncher. Avec l’aide de son aide-soignante personnelle, il parvint à faire plusieurs pas et même quelques-uns tout seul. 

    Nijas laissa son patient pour retourner au château. Dès qu’elle entra dans les cuisines, de merveilleux arômes lui parvinrent. La préparation du dîner allait bon train et plusieurs cuisinières s’affairaient un peu partout. Quelques-unes coupaient des légumes, d’autres préparaient du pain et la cuisinière en chef s’occupait d’une énorme pièce de viande. Nijas traversa la pièce pour y déposer l’assiette vide lorsqu’elle entendit des ricanements derrière son dos. Pivotant sur elle-même, elle aperçut deux servantes qui chuchotaient plus loin en la regardant. Piquée au vif, elle s’avança vers les impertinentes pour savoir ce qu’elles avaient à rire d’elle.

    — Qu’est-ce qui vous fait rire comme ça ?

    — Tu sembles avoir un nouvel amoureux. Tu passes tellement de temps à ses côtés, dit la plus jeune servante en roulant des yeux.

    — Comment s’appelle-t-il déjà ? demanda l’autre avec un ton sarcastique.

    — Ça ne vous regarde pas. Vous n’avez aucune idée de ce que cet homme a enduré avant d’arriver ici.

    — Peut-être pas, mais tu as un faible pour lui. Avoue-le.

    — Que se passe-t-il ici ? demanda la cuisinière en chef. Au travail, mesdemoiselles, et cessez vos bavardages.

    Les deux servantes tournèrent les talons et quittèrent la pièce, laissant Nijas bouillante de colère. Réalisant la situation, elle se demanda pourquoi elle fut aussi prompte à réagir à leurs attaques et pourquoi elle en était aussi choquée. Elle arriva à la conclusion qu’elles devaient avoir raison. 

    La servante revint tous les jours, à tous les repas, et elle passait beaucoup de temps avec lui. Elle l’aidait à faire certains exercices d’étirement, d’autres pour renforcir ses muscles qui avaient perdu leur tonus et même à marcher. Au fil du temps, il reprenait des forces. Après plusieurs jours, il fut en état de marcher normalement. À partir de ce moment, ils prirent de grandes marches. Elle lui fit visiter la grande cour, les jardins et même le château ainsi que ses diverses ailes.

    Un jour, alors qu’il se promenait dans un jardin par une journée ensoleillée, suivant une allée de pierres blanches bordée d’une haie d’arbustes aux magnifiques fleurs rouge orangé, il trébucha et tomba tête première dans le gravier.

    — Est-ce que ça va ? demanda-t-elle inquiète.

    — Oui, oui, je crois.

    Ne prenant aucun risque, elle le ramena à son lit de fortune dans la grange. Elle l’aida à s’étendre et lui ordonna de prendre du repos. Elle remplit une bassine d’eau froide, revint auprès de lui et plaça un linge mouillé sur son front.

    — Je reviendrai un peu plus tard pour prendre de vos nouvelles. Pour l’instant, restez au lit.

    Alors qu’il avait les yeux fermés, un flot d’images, sans cesse grandissant, traversait son esprit à une vitesse folle. Les souvenirs se succédaient ainsi que la douleur qui s’y rattachait. Il récupérait petit à petit son identité.

    Nijas revint dans la grange quelques heures plus tard. En arrivant, elle fut inquiète de voir le lit abandonné. Elle s’approcha doucement et plaça sa main sur le matelas de paille. Il était encore chaud, alors son patient ne pouvait être bien loin. Elle le chercha dans la grange en regardant autour d’elle. Elle semblait seule. Elle fit quelques pas lents vers le fond de la pièce et l’appela. Aucune réponse. Elle aperçut, du coin de son œil droit, un mouvement. Elle se retourna vivement, mais rien. Son cœur battait à tout rompre et sa respiration devint haletante. Tandis qu’elle inspectait dans un coin, un bruit de métal sur métal se fit entendre. Elle se retourna rapidement pour s’apercevoir qu’elle était toujours seule. Un drôle de sentiment s’empara de Nijas à cet instant précis. Elle tenta de l’appeler à nouveau, sans succès. Prenant la décision de ne plus chercher seule, elle se dirigea, d’un pas précipité, vers la porte. Dès qu’elle toucha le bois de la porte, prête à la faire glisser, une main se posa sur son épaule. Elle se retourna lentement. Ce qu’elle vit lui glaça le sang pour le reste de sa vie, bien qu’elle fût écourtée dramatiquement ce jour-là. Elle vit son compagnon des derniers jours. Du moins, elle put reconnaître les vêtements ainsi que les cheveux, mais cette créature n’avait rien de l’homme avec qui elle aimait marcher et discuter. Il y avait une colère qui déformait ses traits et le rendait presque difforme. Les yeux de cet être révélaient une haine si profonde que même son âme devait être noire.

    — Je sais maintenant qui je suis, dit-il en serrant sa main sur la gorge de Nijas.

    — Qui donc ?

    Les dernières paroles que Nijas entendit dans sa vie furent le nom de ce funeste personnage. 

    — Tu me connais sous le nom de…

    Mais les paroles s’estompèrent alors que les ténèbres l’engouffraient et Nijas s’éteignit.

    1. 

    Un chef inquiet

    À

    l’intérieur de la tour des Aigles, assis sur le rebord d’une fenêtre de la grande salle, Tristan regardait la grande forêt d’Arpel qui s’étendait devant ses yeux. La brise faisait valser la cime des arbres dans une danse sans fin. La journée déclinante teintait la forêt d’une couleur irréelle. Perdu dans ses pensées, il faisait tournoyer le nouveau pendentif qu’il avait magiquement conçu, une silhouette d’aigle de fer sur un cercle de pierre ; le précédent ayant été détruit durant le combat contre le sorcier. Dix ans s’étaient écoulés depuis cette grande bataille et beaucoup de choses avaient changé. La paix était revenue dans les royaumes qui collaboraient tous ensemble à la prospérité de chacun. Puisque la grande majorité des membres avaient été massacrés par le traître, il avait reformé les Aigles en créant son nouvel emblème et en recrutant les successeurs. Ce ne fut pas chose simple. William, son fidèle ami et maintenant son second, avait aidé à dénicher les membres potentiels, les sélectionner en fonction de leurs aptitudes et les former. Évidemment, Narkya avait participé au rite d’Émergence de tous ces nouveaux apprentis, en plus de parfaire la formation de leur chef. Durant l’apprentissage des règles de l’ordre, certaines règles furent modifiées. Surtout celle qui concernait la famille. Aucun membre de l’ordre ne devait plus se couper de sa famille, comme auparavant, et ils pouvaient maintenant fonder la leur. Cependant, fonder une famille impliquait des risques majeurs auxquels ils pouvaient s’exposer. Alors de fortes mises en garde étaient clamées. Après leur formation, il mit en place des patrouilles régulières qui étaient appréciées de la population, saluant l’aide apportée. Tranquillement, les jours d’abondance revinrent et la terreur du peuple s’estompa. 

    Tristan repensa fièrement à tout ce chemin parcouru. Toutefois, il était inquiet, ressentant un inconfort au plus profond de son être. Il avait appris à bien écouter ce que ses sentiments et ses instincts lui disaient. Ce poids, au fond de lui, lui criait que quelque chose n’allait pas, que quelque chose allait se produire. Il n’arrivait pas à en déterminer la source et tous les rapports qu’il recevait ne lui indiquaient rien d’anormal. Tous les jours, il repassait en revue tout ce qui s’était produit essayant de voir l’anomalie qui lui donnerait une piste de solution, mais rien ne lui venait.

    Alors qu’il réfléchissait profondément, une main rassurante lui toucha l’épaule. Sachant très bien qui était présent dans la pièce, il plaça sa main sur la sienne.

    — Toujours le même sentiment ? demanda une voix familière.

    — Oui, encore. Je ne comprends pas pourquoi je me sens comme ça. Pourtant tout semble aller pour le mieux, répondit-il.

    — Alors pourquoi t’en fais-tu autant ? Ce sont les enfants qui t’inquiètent ?

    — Entre autres, oui. J’aimerais qu’ils puissent grandir dans un monde en paix, mais j’ai le sentiment que ça ne sera pas le cas.

    — Chéri, si vraiment une menace plane encore, tu pourras t’en occuper aisément. Depuis que tu as terminé ta formation avec Narkya, tu maîtrises tous tes pouvoirs à un niveau que même le magicien ne peut plus rien t’apprendre, puisque tu es plus puissant que lui. Tu as en ta possession les objets de puissance qui décuplent tes forces. Aucun chef de l’ordre n’a jamais été aussi fort. De plus, tu peux compter sur l’aide des membres de l’ordre qui sont aussi de très bons guerriers. Alors, je ne m’inquiète pas.

    — Tu as sans doute raison. Merci pour ton soutien. Je peux toujours compter sur toi.

    Tristan se leva et se retourna pour contempler celle qui faisait battre son cœur. Arcani était toujours aussi belle que le jour où il l’avait sauvée de sa prison. Le soleil couchant donnait à sa chevelure auburn, qui tombait en boucles par-delà ses épaules, des allures enflammées. Son visage d’ange n’avait pas pris une ride comme si le temps n’avait toujours aucune emprise sur elle. Sa gentillesse n’avait d’égale que sa compassion. Il repensait souvent à ce jour où elle était venue le rejoindre dans la tour après les combats et comment leur amitié était devenue plus grande pour se transformer en amour, un amour sincère qui, au fil du temps, ne faisait que se renforcer. Il se demandait souvent comment une femme dotée d’une telle bonté avait pu être emprisonnée. Il comprenait que sa jumelle y était pour quelque chose.

    Le couple descendit de la tour d’un pas lent, main dans la main, en profitant de cette intimité. Ils échangèrent quelques regards complices. Le bruit de leurs pas résonnait dans l’espace restreint de l’escalier de pierres. Les torches s’éteignaient à mesure qu’ils descendaient, tamisant l’éclairage. Dès qu’ils furent sortis, Tristan replaça la protection magique et un bruit

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