Charme Sur la vague
Laetitia avait été saisie par l’atmosphère en entrant dans le local.
Comment pouvait-on synthétiser si simplement l’odeur du renfermé et celle de l’océan, des vêtements mouillés et des espaces battus par les vents ? La pièce n’était pas plus grande qu’un studio de centre-ville. Au sol, le sable formait des flaques sur le béton. Au-dessus du banc de vestiaire en plastique, des combinaisons pendaient aux portemanteaux. Elle pensa à des contes lointains. Aux cadavres de Barbe-Bleue peut-être, mais l’image ne collait pas complètement.
Cannelle avait insisté pour ce stage de surf. Elles avaient loué un bungalow dans le parc d’un club près de la forêt.
La semaine mère-fille ne s’annonçait pas si mal.
Laetitia avait accepté de jouer le jeu sur ces cours du matin et Cannelle y mettait du sien. Le passage des 18 ans avait tenu sa promesse d’apaisement. C’était le dernier printemps avant la fac.
Le rendez-vous avait été fixé en fonction de la marée. Dehors, les planches orange et bleu étaient alignées dans un rack en bois au bout duquel un tuyau d’arrosage avait été jeté en tas.
– Servez-vous dans le bac !
Laetitia avait d’abord entendu la voix avant de découvrir le visage du moniteur. Une voix claire, sonore, habituée à couvrir le bruit du ressac et à se projeter face au vent.
Une voix qui aurait pu appartenir à un type plus grand que le jeune homme blond qui se tenait devant elle, habillé en pingouin, le visage barré, sur les pommettes et le nez, d’un trait d’écran total.
Le pingouin était une image facile, elle le savait bien.
Il y avait pourtant quelque chose de gentiment animal dans ces grappes de corps allongés sur les vagues, à la fois sirènes et oiseaux, plongeurs et guerriers.
C’était bizarre et beau, c’était troublant. Les filles, de plus en plus nombreuses à l’eau, se confondaient avec les hommes aux cheveux mi-longs. Celui-ci s’appelait Johann – « ou Jo » –, il venait de se présenter au groupe tandis que Laetitia laissait défiler toutes ces images en
