Trois filles à la mer

Par Ellen Richardson

Elly, Tash et Sierra ont fait naufrage ! Alors qu’elles étaient parties observer des baleines au large de Sunday Island, elles ont été surprises par une tempête. Les voilà échouées sur une île déserte, avec leur chien Mojo pour seule compagnie et quelques tranches de gâteau au chocolat dans leurs sacs. La nuit s’apprête à tomber, et personne ne sait où elles se trouvent…

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions AdA
• Date de sortie: 21 juil. 2014
• ISBN: 9782897339487

Ellen Richardson

Ellen Richardson, a physician who practiced Family Medicine in small towns for 14 years and worked for 10 years in hospice and palliative care, was ordained an Episcopal priest in 2008, and served bi-vocationally in congregations of varying sizes in Georgia and Virginia until her retirement from medicine. Since June 2014, she has served as a full time parish priest in the Episcopal Diocese of Georgia. She is a graduate of Episcopal Divinity School and lives in Tifton, Georgia.

Aperçu du livre

1

— S’il faut se lever à 5h du matin pour être célèbre, ça n’en vaut pas la peine, grommela Sierra en bâillant et frissonnant à cause de l’air frais de l’aube. Et puis je n’ai pas envie d’avoir ma photo dans le journal avec cette tenue…

Tash lui avait prêté une combinaison de plongée, mais elle était trop petite. Sierra tira dessus et jeta un regard dépité sur ses chaussures en néoprène. Rien à voir avec ses habituelles gougounes à paillettes !

Avec un sourire, Elly lui prit la main.

— Dépêche-toi ! Tash va partir sans nous !

— Si on veut avoir une chance d’apercevoir les baleines à bec, il faut sortir très tôt, expliqua Tash en traversant la plage. J’espère que ce n’est pas qu’une rumeur et qu’il y a en vraiment dans le coin. C’est rare qu’elles descendent si bas vers le sud.

— Et si on veut gagner le concours de La Gazette de l’Île Soleil, mieux vaut être les premières à les prendre en photo, intervint Elly.

— Je ferai de mon mieux ! promit Tash, la main posée sur l’appareil étanche qu’elle portait autour du cou.

— Ce sont les photos de nous qui m’inquiètent… marmonna Sierra.

— Ne t’en fais pas, la rassura Tash d’un ton moqueur. Les journalistes auront prévu un coiffeur et une manucure.

— Tu crois ?

Le visage plein d’espoir de Sierra s’assombrit d’un coup.

— Pfff, j’ai failli me faire avoir. Bon, commençons déjà par trouver les baleines. Ça vous va ?

— Parfait !

Elly, tout excitée, se sentait pousser des ailes. Elle lâcha la main de Sierra et bondit joyeusement par-dessus un tas d’algues. Dans la combinaison prêtée par Tash, elle se sentait l’âme d’un vrai marin. À l’idée de prendre la mer pour la première fois, elle avait des papillons dans le ventre.

Le soleil brillait au-dessus du port de l’Île Soleil. Près de la plage à marée basse, les gréements des voiliers tintaient dans la brise et les mouettes tournoyaient en criant. Mis à part quelques canots qui dormaient sur le sable et une poignée d’oiseaux éparpillés au bord de l’eau, les filles étaient seules. Mojo, le border terrier de Tash, s’élança sur le sable humide pour donner la chasse aux oiseaux. Ils s’envolèrent dans un bruissement d’ailes et allèrent se poser un peu plus loin, hors d’atteinte.

Elly s’arrêta pour les admirer. Elle respira l’air frais chargé d’embruns. C’était un matin idéal pour partir à l’aventure !

— J’ai déjà vu des baleines de Minke, mais jamais de baleines à bec, observa Tash d’une voix songeuse. Ce serait génial d’en apercevoir une.

Elly pensa à la chambre et à la cabane de Tash, dont les murs étaient recouverts de photos de baleines et de dauphins. Elle savait combien cette journée comptait pour son amie.

Quand elles atteignirent le petit bateau bleu et blanc qui portait lui aussi le nom de Mojo, Tash appela son chien d’un sifflement. Il les rejoignit en agitant la queue.

Tash le félicita et rangea son sac à dos dans le fond du canot.

— Allez, donnez-moi vos affaires.

En découvrant l’énorme besace violette que Sierra portait en bandoulière, elle ouvrit de grands yeux.

— Mais qu’est-ce qui t’a pris d’apporter ça ? dit Tash en partant à rire.

— J’ai plein de trucs très importants à l’intérieur, répliqua Sierra. Je ne peux pas m’en séparer.

En retirant son sac à dos, Elly s’aperçut qu’il était mal fermé. En essayant de le refermer, il lui échappa et son contenu se déversa sur le sol.

— Fais attention, tu vas mettre du sable dans nos sandwichs ! protesta Sierra.

Elle s’agenouilla pour l’aider et demanda en ramassant un livre :

— C’est quoi, Elly ?

— Un livre ? Quelle idée ! s’exclama Tash. Le Mojo n’est pas un paquebot de croisière, tu sais. Il n’y a ni transat ni piscine.

— Ni restaurant de luxe avec repas cinq services, soupira Sierra en se frottant le ventre. Je meurs de faim !

— Tu aurais dû déjeuner, la gronda Tash.

— J’ai mangé avant de partir ! Mais l’air de la mer, ça creuse l’appétit.

— De toute façon, tu as tout le temps faim, se moqua Elly. Tu devrais devenir cuisinière.

— Excellente idée. J’aurais ma propre émission de télé.

Après avoir salué une caméra imaginaire, elle rendit son livre à Elly, qui expliqua :

— Je l’ai apporté pour vous le montrer. Tante Dina me l’a donné hier. Il paraît que l’auteure, Edith Builtmore, a vécu sur cette île.

— Fais voir, dit Tash. Ah, Le secret de l’île Harebell ! C’est un de mes préférés. J’ai tous ses livres. C’était une navigatrice hors pair, qui s’est intéressée à l’écologie marine bien avant que ce soit la mode. Elle a disparu alors qu’elle rentrait à l’Île Soleil après une traversée de l’Atlantique en solitaire. On n’a jamais retrouvé la trace de son voilier.

— C’est triste, dit Sierra en frissonnant. Et très mystérieux. Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver ? Peut-être qu’elle s’est échouée sur une île déserte et qu’elle y vit encore ?

— Elle serait super vieille, souligna Elly.

Elle tenta d’imaginer ce qu’on pouvait ressentir, seul en mer. Edith Builtmore devait être drôlement courageuse.

Tash examina la photo de la romancière au dos de la couverture.

— Un jour, moi aussi je ferai le tour du monde en solitaire.

— C’est ce que je pensais : tu es folle, soupira Sierra. Des journées entières sans personne à qui parler ? Et sans douche chaude ? Beurk !

Elle prit le livre et le feuilleta.

— Ça a l’air pas mal. Tu me le prêteras quand tu auras terminé, Elly ?

— Bien sûr. Ça parle de trois filles. Je me demandais… et si c’était nos mères ? L’époque correspond. Ce serait génial si elles avaient inspiré Edith Builtmore pour son roman !

Elly repensa à la photo qu’elle avait trouvée avec ses amies dans le grenier de Tash. On y voyait leurs mères, jeunes filles, en vacances à l’Île Soleil. Elles aussi étaient très proches. Elly avait accroché une reproduction de