LE PORTRAIT
Elio, 5 ans, est tout excité de rentrer chez lui. Dans l’hydroptère (aliscafo, en italien) qui quitte le port de Milazzo, au nord de la Sicile, il interpelle les passagers : « Restez assis ! », lance-t-il en imitant les marins chargés de la sécurité à bord. Il leur demande aussi de quelle île ils viennent, à quelle escale ils descendront. Tout le monde se prête au jeu. Sur cette navette quotidienne, on connaît bien Elio, fils de Diego Taranto, marin à Salina, et de la Parisienne Clara Schwartzenberg. Le petit garçon colle son nez à la vitre du bateau qui plane à la surface de l’eau. Des cônes surgissent des flots et pointent leur nez dans le vent. L’archipel des Éoliennes coiffe la Sicile et signe la démarcation entre les continents européen et africain en pleine mer Tyrrhénienne.
Elio ne le sait pas forcément, mais il savoure l’arrivée comme le font les touristes, les yeux pleins d’étoiles. Premier arrêt, Vulcano, son soufre et son aridité. Deuxième arrêt, Lipari, l’île de l’obsidienne et de la pierre ponce. Et enfin, Salina, encore plus éloignée de la terre. Un macaron sur un confetti.