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La Furie des Eaux: Héritiers de l'Âge de pierre, #1
La Furie des Eaux: Héritiers de l'Âge de pierre, #1
La Furie des Eaux: Héritiers de l'Âge de pierre, #1
Livre électronique201 pages3 heures

La Furie des Eaux: Héritiers de l'Âge de pierre, #1

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À propos de ce livre électronique

La furie des eaux

La quête des signes 1

Kadmeron, un jeune chasseur-cueilleur d'Europe occidentale, se prépare à l'initiation chamanique. L'esprit du Cheval vient le prévenir pendant son sommeil d'une catastrophe imminente. Les pluies incessantes qui s'abattent sur le territoire du peuple des Saveronacs depuis des mois ont fragilisé les sols. Elles ont aussi profondément modifié les comportements des hommes et des animaux. Alors qu'il participe à une chasse au cerf, Kadmeron se retrouve confronté à la destruction du campement où sa tribu vit depuis des générations. En effet, la Mère-Terre a déchaîné la furie des eaux qui détruit tout sur son passage. Pourquoi une telle colère, si inexplicable ? Livré à lui-même, Kadmeron doit agir malgré le déchirement et le désespoir.

Dans son village de la gorge des ancêtres, loin à l'est près de la Nouvelle Mer, Zia suit l'apprentissage de toute jeune fille de sa ginte. La vie se déroule au rythme des saisons, avec un calme apparent. Sa mère la Matriarche la destine à devenir prêtresse et à assurer, comme elle, la perpétuation des traditions. Mais ce n'est pas ce que rêve Zia pour son avenir. Elle préfèrerait se consacrer à l'élevage des animaux et l'étude des plantes. Sa grand-mère la comprend et l'encourage à trouver sa voie. Or, conformément à la volonté maternelle, Zia est finalement forcée de se lancer dans une quête dangereuse aux sources de la Grande Rivière Mère.

Kadmeron et Zia ne se connaissent pas encore, mais affrontent chacun un destin mouvementé. Pourront-ils dépasser les obstacles immenses qui se dressent sur leur route et qui ont menacé d'extinction l'humanité d'avant le Néolithique ? Est-ce que leurs chemins vont se croiser un jour ?

Héritiers de l'Âge de pierre – une série qui explore les défis du Mésolithique

Il y a plus de six millénaires avant notre ère, l'Europe du Mésolithique est ébranlée par des cataclysmes climatiques. Des pluies diluviennes s'abattent sur le monde, la Mer Méditerranée envahit les côtes. Les eaux de l'Océan Atlantique montent de plusieurs mètres à cause de la fonte massive des glaciers polaires, détruisant des villages et chassant des populations terrifiées. Bien que la partie orientale du continent semble moins touchée, la Mer Noire ne cesse de se remplir et de gagner du terrain sur le littoral.

C'est le début d'une période de migrations forcées qui placent l'humanité dans une situation terrible. Paradoxalement peu documentée et controversée, cette époque méconnue de notre préhistoire ouvre cependant les perspectives de la fabuleuse révolution de l'agriculture et des changements profonds qui suivront dans les sociétés humaines du Néolithique. Et en vérité, les extraordinaires contraintes climatiques, sociologiques et culturelles obligeront nos ancêtres à prendre des mesures drastiques et courageuses. Profondément… humaines. Un message du passé pour les profondes mutations qui se déroulent de nos jours et nous obligent à réagir ?…

LangueFrançais
Date de sortie21 nov. 2023
ISBN9798223027614
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    Aperçu du livre

    La Furie des Eaux - C.O. Rebiere

    Préface

    Il y a plus de six millénaires avant notre ère, l’Europe du Mésolithique est ébranlée par des cataclysmes climatiques. Des pluies diluviennes s’abattent sur le monde, la mer Méditerranée envahit les côtes, les eaux de l'Océan Atlantique montent de plusieurs mètres à cause de la fonte massive des glaciers polaires, détruisant des villages et chassant des populations terrifiées. Bien que la partie orientale du continent semble moins touchée, la Mer Noire ne cesse de se remplir et de gagner du terrain sur le littoral.

    C’est le début d’une période de migrations forcées qui placent l’humanité dans une situation où chaque homme, chaque femme devra faire des choix cruciaux qui modifieront à jamais l’avenir de leur peuple. Paradoxalement peu documentée et controversée, cette époque méconnue de notre préhistoire ouvre cependant les perspectives de la fabuleuse révolution de l’agriculture et des changements profonds qui suivront dans les sociétés humaines du Néolithique. Et en vérité, les extraordinaires contraintes climatiques, sociologiques et culturelles obligeront nos ancêtres à prendre des mesures drastiques et courageuses. Profondément... humaines. Un message du passé pour les profondes mutations qui se déroulent de nos jours et nous obligent à réagir ?...

    Comment se sont organisés nos ancêtres pour faire face à la montée des eaux ? Quelles technologies ont-ils développé pour réussir à survivre ? Quelles alliances ont-ils dû forger pour arriver à dépasser ces terribles catastrophes et obstacles ? Quelles croyances ont pu leur donner l'inspiration, la force et la motivation nécessaires pour continuer à lutter contre l'adversité et à transmettre le fruit de leur expérience aux générations suivantes ?

    Ce sont les questions auxquelles les « Héritiers de l’Âge de pierre » tentent, humblement, de répondre. Cette série de fiction s’appuie sur certaines découvertes archéologiques mises au jour en Eurasie et, bien évidemment, sur les suppositions et l’imagination de ses auteurs.

    Nous espérons que les aventures de nos héros et héroïnes d'un lointain passé vous aideront à réfléchir aux défis sans précédent qui se posent aujourd'hui aux habitants de cette si merveilleuse biosphère que nous avons en partage.

    Nous, qui sommes leurs héritiers.

    Chapitre 1

    Le jeune garçon se réveilla d'un coup, en nage. Haletant, il inspira plusieurs fois alors que son sang pulsait puissamment dans ses tempes. Sa bouche s'ouvrait largement pour faire rentrer dans ses poumons le fluide vital. Il avait mal à la tête et sentait son cœur battre à tout rompre, comme voulant sortir de sa poitrine. Son corps nu, trempé de sueur moite, s'agitait encore comme après une course à la chasse. Péniblement, il se redressa puis réussit à s'asseoir. Il tenta de se reconnecter à la réalité tangible.

    Où suis-je ? J'arrive encore à respirer !

    Encore tremblant sous sa fourrure au souvenir du monde affreux qu'il venait de quitter, il chercha à se calmer et regarda autour de lui. Tout était là : son univers familier dans la cabane de ses parents, qu'il chérissait depuis qu'il était né. Les petits objets du quotidien se distinguaient dans la pénombre, à peine éclairés par les rayons de la lune qui traversaient le toit de branchages : écuelles en argile, outres, outils, son arc et surtout ses chères flèches. La pluie continuait de heurter leur abri, comme depuis des jours et des jours sans discontinuer.

    Le ciel n'en finit plus ! pensa-t-il avec appréhension.

    Il expira un grand coup, encore secoué de soubresauts. Malgré son agitation, il était heureux qu'il n'avait réveillé personne. Son père et sa mère dormaient blottis dans leurs fourrures un peu plus loin, sur leur couche commune surélevée. Ils n'avaient aucune idée de ce qui se passait tout près d'eux. De son drame. Il se força à encore ralentir le rythme de sa respiration. Il se focalisa sur le mouvement cyclique de sa cage thoracique.

    J'inspire… J'expire… J'inspire… J'expire. Comme le chaman nous l'a enseigné…

    Il était brûlant. Comme faisant surface après avoir été immergé dans l'eau glacée, Kadmeron sortait progressivement d'un cauchemar affreux. Il écarquilla les yeux, habituant ses pupilles aux ombres. À ce que les esprits venaient de lui révéler pendant son sommeil.

    Était-ce seulement possible ? se demanda-t-il.

    Nerveux, il tenta de se rappeler son rêve et s'agita légèrement. Il perçut un subtil mouvement sur sa droite. Malgré toutes ses précautions, Enat avait dû sentir quelque chose. Elle était sensible à toutes ses émotions depuis qu'il était tout petit, c'était dans sa nature maternelle. Elle se dégagea des fourrures de nuit et approcha à pas feutrés de son jeune fils. Elle s'accroupit dans la pénombre, devant lui.

    — Tu es réveillé ? chuchota-t-elle.

    — Oui, mais je ne voulais pas perturber ton repos, mère. Pardon.

    — Ce n'est pas grave, Kadmi. Ça va passer…

    Elle utilisait encore son petit nom d'enfant. Mais il était un homme désormais, un chasseur de la tribu des Marterons. Quand allait-elle enfin accepter ce changement ? Pleine d'amour et sentant la détresse en lui, Enat enlaça son fils tant bien que mal. À seize ans, c'était un jeune homme athlétique aux muscles puissants, un vrai chasseur, comme son père. Il aimait afficher sa barbe naissante, signe clair de sa virilité. Malgré cela, Kadmeron était tendu. Elle l'embrassa sur le front. Un peu fâché par la tendresse envahissante de sa mère, il se prépara à un assaut de questions. Elles le percutèrent comme une volée de flèches sur le flanc d'un grand cerf.

    — Que se passe-t-il ? Pourquoi tu ne dors pas ? Tu sais qu'il y a la grande chasse, demain. C'est pour ça que tu te fais des soucis ? Tu vas me dire pourquoi tu t'es réveillé ?

    — Oui, mère.

    Kadmeron soupira. Il luttait pour ne pas s'énerver et pour faire face à ce flot de paroles. Il avait voulu être discret. C'était raté. Mais il était inutile de se lancer dans une discussion contradictoire avec sa mère. Elle avait toujours le dernier mot. Et surtout en pleine nuit, alors que son père dormait encore. Elle continua son attaque en chuchotant un peu plus fort.

    — Alors quoi ? Tu as eu un cauchemar ? Tu es tout chaud et complètement trempé ! Comme si tu avais nagé dans la Rivière Mère ! Tu n'es pas allé dehors au moins, non ?

    Elle se pencha et prit une poignée de la mousse séchée qu'elle utilisait, encore pour quelque temps, pendant sa période des saignements et commença à l'éponger énergiquement en silence. Il se laissa faire, docile. Après tout, il fallait bien qu'il se sèche pour éviter de tomber malade. Il profita de ces quelques instants d'intimité mère-fils pour songer à tout cela. Il lui semblait qu'il se détachait de son corps et observait de l'extérieur cette scène… Comme lorsqu'il courait après une proie après avoir détecté où elle se cachait. Sa mère était si prévisible. Si… gentille. Trouverait-il une femme comme elle ? Une compagne qui sache le comprendre et le calmer lorsqu'il serait assailli par les esprits... Quand il serait blessé... Non, il ne fallait pas y songer maintenant.

    Chaque chose en son temps.

    Il s'obligea à ravaler sa fierté blessée de jeune chasseur et se concentra sur les frottements rapides et rêches que sa mère imprimait avec énergie sur sa peau. Une douce chaleur l'envahit. Il avait déjà vécu ces scènes des dizaines de fois : lorsqu'il était tombé tout nu dans la Rivière Mère et qu'il n'avait pas pu s'en sortir tout seul. Quand il s'était perdu dans la forêt et qu'il avait réussi à retrouver l'abri, seul mais apeuré. Elle avait toujours été là pour le réconforter. Mais cette fois c'est sûr, c'était complètement différent. Il n'était plus un petit enfant qui cherchait le réconfort de sa mère. Cette fois, les esprits lui avaient transmis des images, des pensées. Peut-être même un présage... Il fallait les comprendre. Le jeune homme fit un effort pour se calmer et se retourna vers Enat. Elle était sage et de bon conseil. Il devait lui dire ce qu'il avait vécu. Elle sentit que quelque chose se passait. La femme s'arrêta et s'assit, prête à écouter Kadmeron.

    Il rassembla ses idées et réfléchit. Ses pensées étaient assaillies par les visions terribles qui avaient peuplées sa tête quelques instants auparavant. Il déglutit péniblement et commença :

    — J'ai fait un cauchemar. Un rêve atroce. Je crois que les esprits m'ont communiqué quelque chose. Et j'ai vraiment peur !

    — Toi, peur ?! Mais tu es capable de tuer un sanglier à toi tout seul ! Que t'ont montré les esprits ?

    — Je ne sais pas. Mais c'était comme lorsque j'étais tombé dans la Rivière Mère… Tu te souviens ?

    — Bien sûr, Kadmi. Ce fut terrible.

    — Oui, j'ai cru que j'allais sombrer dans l'autre monde ce jour-là. Je ne pouvais plus respirer sous l'eau et j'ai senti comme je m'emplissais comme une outre.

    — Je me rappelle très bien. Ton père avait dû sauter dans la rivière et ramper sous l'eau pour t'attraper alors que tu t'enfonçais. Il t'avait sorti sur le rivage et nous avons dû faire venir le chaman pour te ramener sur le territoire des Saveronacs. J'ai eu si peur que tu ne te réveilles pas, mon fils ! Tu avais avalé tant d'eau ! La femme se mit à trembler à ce souvenir.

    Kadmeron l'enlaça à son tour pour la réconforter.

    — Eh bien... C'est ce que les esprits m'ont fait revivre. Cette nuit.

    — Comment ça ??

    — En fait, j'ai cru que j'allais entrer dans leur monde. Il y avait de l'eau partout. Et il pleuvait, pratiquement sans arrêt, comme depuis la dernière lune. Je courais pour échapper à un terrible danger. C'était comme si la Rivière Mère était sortie de son lit et me poursuivait comme une harde de sangliers en colère. J'entendais son souffle à un jet de sagaie derrière moi. Le souffle de l'eau était terrifiant !

    Enat était tétanisée par le récit de son fils unique. Mais elle l’écoutait de tout son être. Il la regarda dans la pénombre, puis continua :

    — À un moment donné, j'ai été obligé de monter sur une colline mais les flots ne cessaient pas de me poursuivre. Je n'arrivais plus à garder mon avance ! L'eau avait commencé à me lécher les chevilles. Je me suis retourné, et c'est comme si... Comme si un élan m'avait percuté. Un monstrueux élan liquide. Je suis tombé, j'ai crié et l'eau a envahi mes poumons. Je me noyais et je ne m'entendais plus. Et père ne pouvait plus me sauver... C'était affreux, j’étais tout seul !

    Enat se rapprocha de lui. La pluie continuait de tomber, s'acharnant sur le toit. Quelques gouttes suintaient sur le sol à côté d'eux. Elle prit la tête de Kadmeron entre les mains et lui dit :

    — Tu dois en parler à Ausgon. Le plus tôt sera le mieux.

    — D'accord... Mais quand ? Demain nous partons tôt pour la chasse et les autres comptent sur moi et mes flèches !

    — Non. Il faut impérativement voir le chaman. C'est peut-être un présage !

    — Mais enfin, mère, je ne peux pas ! Je dois partir au lever du soleil !

    — Il faut avertir Ausgon des messages envoyés par les esprits. Immédiatement. Tu le sais. Les autres membres de notre tribu à qui ils ont parlé l'ont fait aussi. Je parlerai aux chasseurs demain pour toi. Va maintenant !

    Enat se leva et se dirigea vers sa couche où dormait son homme.

    Kadmeron était désemparé. La rage au cœur, il se prépara à affronter le déluge d'eau qui l'attendait dehors.

    Grâce aux efforts de sa mère qui l'avait frotté avec de la mousse son corps s’était réchauffé et Kadmeron était pratiquement sec. Mais ce n'était pas pour autant qu'il allait échapper à l'humidité, ni même à l'eau. En effet, dehors les trombes tombaient toujours, et ce depuis des jours. L'eau entrait partout et creusait sans relâche la terre de sillons de plus en plus profonds. La boue commençait à recouvrir les sentiers et le paysage semblait se modifier, lentement mais sûrement. Certains membres de la tribu étaient effrayés devant tant de pluie. Est-ce pour cela que les esprits m'ont envoyé ces visions de fin du monde ? Même s'il enrageait de ne pas pouvoir se joindre à la chasse du lendemain durant laquelle il comptait s'illustrer, il réalisait que sa mère avait raison. Il devait en parler à Ausgon. Et au plus vite.

    Il enfila sa peau d'ours et ses chausses en fourrure de castor. Il mit son couteau en silex dans sa besace avec le reste de son petit matériel indispensable à la vie quotidienne. L'arc et les flèches attendraient une autre occasion.

    Comment vais-je pouvoir me protéger de cette pluie ? Kadmeron n'avait pas peur de se tremper, mais il savait qu'il fallait toutefois garder une bonne santé et éviter de tomber malade. Et si je tenais une peau sur le crâne ? Ou alors une grande assiette d'argile ? Toutes ces idées finirent par lui sembler indignes d'un chasseur Saveronac. Il prit une lanière longue et étroite en peau de cerf et noua énergiquement sa longue tunique autour de la taille. Ceci fait, il écarta la grande peau qui bouchait l'entrée de la cabane, et sortit en affrontant les trombes d’eau.

    La lune éclairait faiblement les alentours à travers les nombreux nuages. Kadmeron arrivait tout de même à distinguer, parmi les rideaux de pluie, les berges de la rivière qui s'étalaient à un jet de flèche en contrebas. Le bruit des averses était assourdissant : impossible d'entendre le hululement des chouettes ni même les hurlements des loups qui parfois signalaient que la chasse de leur meute était couronnée de succès. Il marchait le long de la corniche vers la cabane du chaman. L'eau ruisselait partout, couchant les herbes et noyant les pierres. Heureusement, il connaissait la route depuis son plus jeune âge lorsqu'il arpentait les chemins de la vallée avec ses amis. Prenant garde où il mettait les pieds, Kadmeron progressait relativement rapidement. Il faillit trébucher à un moment donné, mais réussit à se ressaisir, non sans laisser échapper un petit cri : il s'était un peu fait mal la cheville. Mais comment se fait-il que la Terre-Mère nous punisse ainsi ? La rivière ne cesse de grossir ! De véritables torrents coulaient maintenant des flancs de la falaise de calcaire entraînant avec eux de multiples débris : racines, morceaux d'écorce, petits rochers qui roulaient en prenant de la vitesse.

    Perdu dans ses pensées et évitant les grosses flaques d'eau, Kadmeron ne remarqua pas qu'il était arrivé devant la hutte du chaman. C'était une cabane un peu plus imposante que celle du reste de la tribu. Un crâne d'aurochs en marquait l'entrée, au-dessus de la peau de cheval qui protégeait l'accès. Trempé jusqu'aux os, Kadmeron la souleva, non sans avoir prononcé les paroles rituelles : "Protège-moi, esprit du Cheval". Il ne serait certes pas en danger face à Ausgon qui le connaissait depuis qu'il était né, mais il fallait réveiller le chaman. En plein milieu de la nuit. Et il était connu pour ses colères noires lorsqu'on ne respectait pas le protocole. Mais sa mère avait été très claire : pas question de reculer.

    Le jeune chasseur se retrouva sur le seuil de l’unique pièce de l'habitation. Les braises du foyer rougeoyaient encore, dégageant un peu de chaleur et une faible lumière. Grelottant malgré la chaleur moite de la nuit, il laissa glisser sa fourrure trempée au sol et s'accroupit devant le feu mourant. Sa chemise de peau était encore relativement sèche mais il fallait se réchauffer. Il allait prendre un certain temps avant de se manifester auprès du dormeur dont il entendait la respiration régulière, plus loin dans la pénombre. Il fallait respecter les formes et ne pas réveiller brusquement cet important personnage qui commandait aux esprits et recevait ses instructions de celui du Cheval, le protecteur des Saveronacs. Laissant donc ses yeux s'habituer à la faible lueur, Kadmeron localisa rapidement les branchages secs qui étaient à portée de main, dans une petite niche de pierre. Il en jeta une poignée sur les braises, se mit à quatre pattes et répéta les mêmes gestes que les pères de

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