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Lathouor - Le livre de l'exil: Mémoires d'un Veilleur
Lathouor - Le livre de l'exil: Mémoires d'un Veilleur
Lathouor - Le livre de l'exil: Mémoires d'un Veilleur
Livre électronique239 pages3 heures

Lathouor - Le livre de l'exil: Mémoires d'un Veilleur

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À propos de ce livre électronique

L'exode de Lathouor, là où tout a commencé.
Alors que toustes vivent paisiblement dans la zone protégée de Lathouor, la folie d'un homme va contraindre les Sages à prendre les armes. Denoël et les Sages parviendront-iels à sauvegarder la communion entre tous les peuples ? Parviendront-iels à  sauver toutes les formes de vie de Lathouor ?

Dans notre galaxie, 4 peuples, 4 planètes de 3 systèmes solaires différents présentent des similitudes étranges. Pourquoi leurs langues sont similaires ? Pourquoi pratiquent-ils tous la méditation ? Pourquoi croient-ils tous en la présence des Endánlíkae ?

D'où viennent ces quatre mots si importants pour les Veillorz : Respect, Protection, Justice, Sauvegarde.

LangueFrançais
ÉditeurLou Morens
Date de sortie6 déc. 2023
ISBN9782494897267
Lathouor - Le livre de l'exil: Mémoires d'un Veilleur

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    Aperçu du livre

    Lathouor - Le livre de l'exil - Lou Morens

    Publié en mai 2023

    Auteur & graphiste : © Lou Morens

    © Lou Morens 2022

    ISBN : 978-2-494897-27-4

    Lathouor

    Le livre de l’exil

    Mémoires d’un Veilleur

    Lou Morens

    Lexique

    Le Ræðusamos, prononcé [raiðyzεmoz], est le langage commun utilisé dans les villages protégés et sur beaucoup de planètes. Il est présenté en italique, comme tous les mots des langues étrangères.

    Le mot Veilleur vient du Ræðusamos et existe tel quel sur la planète Haïdadainkel. Il n’est pas sexué et ne s’accorde pas. Il se prononce [vejorz]. Dans la graphie simplifiée du Ræðusamos basée sur le langage parlé il s’écrit aussi Veillorz. Le choix a été fait d’utiliser cette graphie plutôt que la graphie traditionnelle, pour éviter les amalgames avec le mot français qui n’est qu’un homographe, puisqu’il n’a pas la même signification.

    Le mot Valaquenta vient aussi du Ræðusamos.

    Comme pour le mot Veilleur/Veillorz, les noms des peuples qu’ils existent ou non en français proviennent du langage commun : le Ræðusamos et ne sont pas conséquent pas accordés puisque ce sont des mots étrangers. Tous sont écrits en italique dans les textes. Tous les noms de peuples, y compris celui des humains qui se dit Humani, sont écrits avec une majuscule, comme en Ræðusamos.

    ***

    Berarouwl : Forme animale des Shamadroih.

    Einfölsál : un Simple. Einfölsálae : Les simples

    Endánlík : Une Endánlík. Endánlíkae : Les Endánlíkae

    Gubernat : président.e.

    Gubern : roi/reine.

    Hlaeford : Titre honorifique : Monseigneur/« Maseigneure » (Milord/Milady)

    Moffaðir : parent. Lorsque la personne parle de l’un de ses parents, elle ajoute le prénom de la personne concernée. Si elle parle de ses parents, aucun prénom ne suit le terme. Il n’y a pas de différence de fait entre le père et la mère sur Lathouor, Routha et Rakuna. Moffaðirae : parents. « Les parents de Denoël » se formule : Denoël’s moffadirae.

    Nauðgurlægja : Personne qui humilie par le viol. Mot qui n’existe que dans la cité de Haïdadainkel sur Lathouor.

    Paddima : mot affectueux utilisé pour signifier l’équivalent de maman/papa. Lorsque la personne parle de l’un d’eux, elle ajoute le prénom de la personne concernée.

    Seann-moffaðirae : grands-parents : idem que pour parent

    Sponfæder : parrain/marraine

    Wardein : chef.fe de la police/militaire : plus haut représentant de l’ordre, plus haute autorité après le Gubernat.

    Le temps journalier est compté en quart. Une journée comptait 60 quart. Une année, qui représente une révolution autour du soleil principal de Lathouor, équivaut environ à 2 années terrestres, elle est appelée « gearan ». Le système de Maga, dans la galaxie d’Agrimagal, compte deux soleils. Tous les deux gearan, une puissante éruption solaire du soleil situé non loin des planètes de Lathouor et Routha coupe les communications sur Lathouor. Cela dure normalement une semaine, mais lorsque le deuxième soleil est aussi en éruption, l’intensité est plus forte et elle dure plus longtemps. Ceci arrive environ tous les 20 gearan.

    Les différents peuples de Lathouor, de Routha et de Rakuna possédaient deux organes complémentaires situés sur le bas ventre et l’entrejambe. Les femmes possèdent un kleitor et un humaeus, orifice situé sous le kleitor et les hommes, à l’inverse, possèdent un kleitus et un humaeor. Lorsque l’humaeor entre dans l’humaeus, une membrane le recouvre pour le stimuler et récolter la poche de gamètes dans une seconde membrane. Elles sont conservées dans la poche qui est rejetée tant qu’il n’y a pas volonté de procréer. Le kleitor entre dans le kleitus qui le stimule et en retour reçoit un liquide qui constitue ensuite la poche de protection des gamètes.

    Une paix fragile

    Ewena, profitait de son jour de repos pour emmener sa fratrie en ballade. Ils approchaient du lac lorsqu’ils aperçurent le meunier se débattre avec les pâles du moulin qui semblait avoir subi de lourds dégâts lors de la récente tempête. Il leur expliqua qu’il ne parvenait pas à joindre le menuisier et Ewena se proposa de trouver son frère aîné qui travaillait avec le menuisier. Elle ne savait pas où ils avaient été appelés, mais ils étaient partis depuis trois jours à la demande du Sage Wïsaz. Ce dernier pourrait sans doute la renseigner.

    La jeune femme laissa ses jeunes frères et sœurs à la garde du meunier. Elle se déshabilla pour ne laisser que la combinaison de facture Veruruisc qui prenait la forme de son porteur et se transforma en un oiseau de la taille d’un merle. Elle vola sans encombre jusqu’à Dyraljarna et se posa directement devant la porte de la maison du Sage.

    — Ewena, que fais-tu ici ? demanda ce dernier dès qu’il vit l’oiseau se poser.

    La jeune femme oiseau n’avait pas vu le vieil homme caché par le haut buisson. Elle sautilla sur le côté en entendant sa voix avant de reprendre sa forme classique sous le regard amusé du Sage.

    — Wïsaz ! Tu m’as fait peur.

    — Que veux-tu, Ewena ? Tu sembles avoir parcouru un long chemin.

    Elle lui expliqua rapidement la situation. Wïsaz lui sourit avant de lui répondre quelque peu amusé.

    — L’éruption solaire bloque toutes les communications depuis une semaine. Tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici une dizaine de jours.

    — Le meunier ne pourra pas préparer les farines à temps pour le marché. Je dois trouver mon frère pour qu’il puisse lui apporter son aide.

    — Ton frère ou le menuisier ? taquina-t-il avec un petit sourire coquin.

    — Wïsaz !

    — Tes sentiments sont tout à ton honneur, Ewena. Ils sont tous les deux à Varia, un autre moulin a été endommagé. Si tu te dépêches, tu devrais les trouver à l’auberge de Varuljarna, ce soir.

    — Merci, Wïsaz.

    — Prends cette carte et sauve-toi vite. Ne vole pas, le vent souffle encore fort dans cette contrée. Traverse la forêt pour raccourcir ton chemin. Lorsque tu seras près de l’ancien autel, dépose-y ceci. Tu pourras aussi prendre un peu de repos pendant que la pierre se recharge. Ensuite, tu continueras ta route.

    Il sortit une pierre ternie aux reflets verdâtres de sa poche et la lui tendit. Ewena l’admira un instant.

    — C’est une pierre de méditation, n’est-ce pas ?

    — C’est bien ça. Elle a besoin de se recharger, je n’ai pas pu me rendre à l’ancien autel à cause de la tempête.

    — J’irai avec plaisir, Wïsaz. C’est un grand honneur. Pourras-tu m’apprendre à l’utiliser ?

    — Tu médites aussi bien que moi, Ewena. Tu es puissante. Tu n’en as pas besoin. Elle ne sert qu’aux séances collectives afin de canaliser chaque personne présente.

    Devant son regard interrogateur, le Sage continua.

    — Je continuerai à t’apprendre, tu m’aideras à préparer la prochaine séance. En attendant, n’oublie pas de méditer lorsque tu seras près de l’autel, ça t’aidera à reprendre des forces. Varuljarna n’est pas tout près. Tu sais comment fonctionne l’autel, n’est-ce pas ?

    — Je t’ai vu procéder au temple.

    — Alors tu sauras comment la recharger. Vas-y, maintenant.

    La jeune femme le remercia et partit aussitôt sur le sentier qui menait à la route principale. Elle passa chez elle et emporta un petit sac avec quelques affaires avant de suivre la route qui menait à la forêt.

    Lorsqu’elle arriva enfin au centre de la forêt, elle sentit sa puissance s’accroître. Elle méditait souvent à l’autel de Dyraljarna où elle se rendait régulièrement, mais jamais auparavant, elle n’avait ressenti une telle sensation. Elle s’arrêta respectueusement devant l’autel ancestral. Il s’agissait d’une table ronde entourée de sièges de pierre. Une pierre singulière prenait place au centre. Beaucoup d’histoires se rapportaient à cet endroit. D’après les contes anciens qui dataient d’avant la séparation, la table servait au Conseil des Sages qui régissait tous les peuples. Ils auraient appris, ici même, la folie qui avait mené à la guerre. Elle caressa délicatement la pierre et déchiffra avec difficulté les entrelacs qui en ornaient le pourtour. Le temps avait abîmé les gravures, mais elle parvint à trouver l’arc maître. Elle fit glisser le panneau qui recouvrait le tableau de contrôle. Après s’être remémoré comment le Sage manœuvrait la table, elle l’imita. Un petit support se leva de quelques centimètres, elle y déposa la pierre verdâtre et appuya sur d’autres symboles. Une rainure se dessina et le support la suivit jusqu’à se positionner au centre de la table avant de s’élever d’environ un mètre. Des faisceaux lumineux relièrent les bords du support et ceux de la table. Chaque faisceau alluma à son tour une rainure qui rejoignait le centre et semblait descendre sous la table. Elle contempla alors la pierre qui scintillait. Elle resta admirative quelques instants encore, troublée non seulement parce qu’elle savait comment fonctionnait la table, alors qu’elle n’avait jamais vraiment remarqué quels symboles le Sage manœuvrait à Dyraljarna, mais aussi par les sensations de puissance qu’elle ressentait. Elle prit finalement place sur le siège et se mit en position de méditation, comme Wïsaz pouvait le faire. Elle se détendit plus qu’à l’accoutumée et ressentit des sensations étranges. Il lui sembla entendre des voix lointaines. Elle resta ainsi un long moment en essayant de comprendre ce qui se passait. Il lui semblait que sa puissance ne cessait d’augmenter et elle perdit connaissance avec cette sensation étrange.

    Dans son rêve, elle entendit des voix encore inconnues. Ce n’étaient pas les Einfölsálae, elle en était certaine. Elle les avait déjà entendus et ils ne parlaient pas de cette façon. Lorsqu’elle comprit qui s’adressait à elle, elle en fut particulièrement émue.

    — Je m’appelle Haldisa, je suis l’une des Davika. Eliška, Muskan, Nabushezibanni, Kanila et moi-même ne pouvons plus tolérer les agissements des Galdramadur qui dirigent Haïdadainkel. Ils ont déjà détruit une fois cette planète, notre planète. Ewena, tu dois prévenir l’homme qui vient de l’extérieur, comme vous les appelez. L’heure où il va devoir se révéler approche. Ceux qu’il a fuis approchent aussi à grands pas. Ils veulent ces terres encore fertiles et ne tarderont plus à détruire le champ de force qui protège la zone. Une fois encore, ils refusent de nous écouter. Ils ont de nouveau une arme de destruction. Nous sommes impuissants. Tu dois agir. L’extérieur doit agir. Le Sage nommé Wïsaz pourra t’aider.

    Quelques images de la cité interdite apparurent dans son rêve, celle des terres dévastées suivit aussitôt.

    Ewena resta dans un état de transe encore quelques minutes avant que les Endánlíkae la laissent revenir dans la réalité. Elle mit un long moment avant de reprendre totalement possession de ses moyens. Elle n’était même pas certaine que ce ne soit pas qu’un rêve. Pourquoi les Davika seraient-ils entrés en contact avec elle ? Les Sages rêvaient souvent de pouvoir communiquer avec eux, elle n’était pourtant pas l’une des leurs. Elle était toujours absorbée dans ses réflexions lorsque le support coupa la liaison avec la table et redescendit à son niveau. Il amena ensuite la pierre rechargée devant la jeune femme. Elle brillait de divers reflets verts. Ewena la prit délicatement et sentit une douce chaleur l’envahir. À cet instant, elle fut certaine qu’il ne s’agissait pas seulement d’un rêve.

    Elle ne pouvait plus s’attarder, elle devait rejoindre le menuisier au plus vite. Elle comprit aussi pourquoi elle avait su dès qu’elle avait croisé son regard qu’il était un extérieur. Rien ne le laissait supposer. Lors d’une séance de méditation, il lui avait semblé que les Endánlíkae le lui avaient confirmé, sans jamais en avoir été certaine. Jeoffrey, son frère aîné était entré en apprentissage auprès de Denoël quelques années plus tôt. Elle profitait de rendre visite à son frère pour voir le menuisier avec qui elle s’entendait très bien. Elle n’avait jamais fait part de ses sentiments à quiconque, mais elle savait que Wïsaz l’avait deviné.

    Ewena remit la table en place et vérifia que tout était calme. Les instruments magnétiques n’étaient d’aucune utilité tant que durerait l’éruption. Elle coupait tous les appareils pendant une quinzaine de jours tous les deux ans, mais elle permettait aussi de recharger la terre d’après les Sages. En y repensant, il lui sembla qu’à son approche la table scintillait. Elle avait vu la table, une fois lorsqu’elle était enfant et qu’elle s’était perdue en forêt. Dans son souvenir, elle était terne.

    Après avoir repéré le chemin sur la carte, elle pressa le pas. Le sentier lui sembla interminable. Elle arriva finalement à un embranchement non signalé. Elle réfléchit un instant et suivit le chemin de droite. Elle marcha plus de deux quart avant d’arriver à la frontière. Jamais, elle n’était allée aussi loin. Seuls quelques gardes venaient vérifier l’état des modules qui créaient le champ de protection. La forêt était en surplomb de l’ancienne vallée. Le ciel dégagé et la luminosité à son apogée lui permirent de distinguer les terres ravagées où quelques végétaux tentaient de reprendre leurs droits. Elle scrutait l’horizon sans pouvoir détacher son regard de ce spectacle de désolation. Elle apercevait les tours luisantes de Haïdadainkel qui reflétaient le soleil, comme elle l’avait entendu dans les contes que les anciens Galdramadur avaient amenés avec eux lors de leur fuite. La légendaire cité et ses tours de lumière. C’est alors qu’elle aperçut des engins parfaitement inconnus. Ils semblaient nombreux. Elle tenta vainement de distinguer plus de détails. Elle se souvint de quelques images transmises par les Davika et un frisson la parcourut. Les engins semblaient s’être arrêtés. Une explosion illumina le ciel et l’obligea à fermer les yeux. Elle fut tout de même étourdie par la lumière et le bruit que le champ de protection avait pourtant atténué. Personne n’avait dû l’entendre ni la voir depuis les zones habitées. La forêt cachait très bien la zone interdite. Elle protégeait les habitants des radiations et de tout ce qui pouvait venir de la zone dévastée.

    Dès qu’elle eut retrouvé ses facultés, elle scruta la vallée. Un immense cratère remplaçait les quelques végétaux qu’elle avait aperçus quelques minutes plus tôt. Des bruits étranges qui semblaient provenir du champ de force la sortirent de sa contemplation. Elle s’approcha de celui-ci et distingua de petits objets qui tentaient de pénétrer la zone. Le champ de force les détruisait au fur et à mesure, mais la quantité d’objets déjà au sol ne lui laissait présager rien de bon. Elle ne pouvait pas en récupérer un pour l’amener au Sage. Elle attrapa alors son carnet et un crayon pour retracer le plus précisément possible ce qu’elle voyait. Par chance, les objets étaient tombés sous différents angles et elle put les dessiner assez fidèlement.

    Le nuage de poussière que l’explosion avait soulevé l’empêcha de revoir la cité interdite. Elle rebroussa alors chemin, retrouva l’embranchement et emprunta l’autre sentier pour finalement arriver à l’orée de la forêt. Elle courut aussi vite que ses jambes le lui permirent. Elle puisa dans sa puissance pour trouver le souffle et la force nécessaire pour filer jusque Varuljarna. Elle n’arrêta sa course que lorsqu’elle fut devant l’auberge. Elle bouscula le client qui en sortait au moment où elle poussa la porte. Il n’eut que le temps de la retenir alors qu’elle balbutiait quelques excuses.

    Le menuisier attiré par le bruit releva la tête et aperçut la scène. Il se leva aussitôt et incita Jeoffrey à l’imiter. Ce dernier remercia l’inconnu et porta sa sœur à leur table. Le menuisier discuta un instant avec l’aubergiste avant de les rejoindre.

    Jeoffrey tentait vainement de réanimer la jeune femme. Ses yeux étaient toujours ouverts, mais elle ne réagissait pas.

    — Elle a trop puisé dans sa puissance. Montons-la dans la chambre !

    Denoël fit signe à l’aubergiste de les suivre. Jeoffrey déposa Ewena sur l’une des chaises, puis humidifia ses lèvres. L’aubergiste les rejoignit quelques instants plus tard avec un pichet d’eau fraîche, un repas et quelques plantes.

    Jeoffrey peinait à cacher son inquiétude. Si sa sœur avait pris un tel risque, quelque chose de grave devait se passer. Il fouilla dans le sac qu’elle avait amené et découvrit la pierre ainsi que le carnet. Denoël préparait une décoction avec les plantes pendant que son apprenti feuilletait le carnet. Il remarqua les dessins que Jeoffrey ne comprenait pas. Il tressaillit en les examinant discrètement.

    — Que se passe-t-il, maître Denoël ?

    — Rien. Rien du tout. J’ai seulement peur pour ta sœur. Elle est très faible. J’espère que ces plantes sauront lui redonner des forces rapidement. Elle n’a pas pris autant de risques sans raison.

    Jeoffrey dévisagea son maître ; ce dernier avait blanchi et il n’était pas dupe. Il se doutait que ces dessins lui rappelaient quelque chose. Ils avaient forcément une signification. Il avait, un jour, surpris une conversation entre Denoël et le Sage Voskoboï. De ce qu’il avait entendu, il en avait facilement déduit qu’il venait de la cité interdite, mais n’en avait jamais parlé. Voskoboï considérait Denoël comme son frère et s’il lui faisait confiance, il n’avait aucune raison que lui-même fasse autrement.

    Denoël termina sa préparation en silence. Il approcha d’Ewena et lui expliqua doucement comment il allait procéder. Il demanda à Jeoffrey de passer derrière elle et de tenir sa tête bien droite.

    — Je vais mettre cette décoction dans ta bouche. Elle n’est pas très ragoûtante, mais tu vas devoir la garder un moment. Les principes actifs vont être absorbés et tu retrouveras un peu de force. Je pourrai ensuite m’introduire dans ton esprit pour te transmettre un peu de ma puissance. Surtout, reste calme.

    — N’est-ce pas dangereux ?

    — N’aie aucune crainte, je l’ai déjà fait. Elle ne risque rien. Jeoffrey, je serai aussi affaibli, tu devras veiller sur nous deux un petit moment. Quoi qu’il arrive, lorsque je serai dans son esprit, ne nous sépare pas. N’interviens pas. Empêche quiconque d’intervenir. Là, ce serait dangereux.

    Le regard du jeune homme trahissait ses craintes et Denoël lui sourit. Il comprenait aisément l’appréhension de son apprenti.

    — Fais-moi confiance, Jeoffrey. Elle est à bout de force et n’y arrivera pas toute seule.

    En faisant cela, Denoël savait qu’il trahissait en partie ses origines, mais après tout il y avait aussi des Galdramadur dans la zone protégée. Ils étaient les seuls à pouvoir pratiquer une telle opération.

    Jeoffrey acquiesça et fit au mieux pour aider le menuisier. Ce dernier ouvrit doucement la bouche de la jeune femme et déposa la mixture sur sa langue avant de la maintenir fermée quelques instants. La jeune femme avait eu le réflexe de vouloir se débarrasser de la mixture.

    — Tu dois la garder encore un peu, un bon repas t’attend. Il fera passer le goût.

    Il leur sembla qu’Ewena avait esquissé un sourire. Elle se détendit et laissa la préparation agir. Son frère lui maintenait toujours la tête. Après quelques minutes, il lui sembla qu’elle reprenait un peu de force. Denoël prenait le pouls de la jeune

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