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Le chant de Sam: Les mystères de Sam Smith
Le chant de Sam: Les mystères de Sam Smith
Le chant de Sam: Les mystères de Sam Smith
Livre électronique245 pages3 heures

Le chant de Sam: Les mystères de Sam Smith

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À propos de ce livre électronique

L’amour fait mal. Pour Derwena de Caro, chanteuse, icône de la pop et des ados, le succès a apporté avec lui drogues, alcool et un petit ami coureur de jupons. Le succès a également apporté la fortune, la gloire et un harceleur, selon ses dires. Et c’est là que j’entre en scène : pour enquêter sur l’identité de ce soi-disant harceleur, en étant loin de m’imaginer que la piste me mènera jusqu’au meurtre et un scandale qui fera la une des journaux pendant des mois.

L’amour fait mal. Pour moi, Samantha Smith, détective privée, l’amour est toujours arrivé au bout d’un coup de poing. D’abord avec ma mère alcoolique, qui se défoulait sur moi quand j’étais plus jeune, puis avec mon mari, Dan, qui considérait les violences conjugales comme faisant partie intégrante du mariage. Mais j’ai survécu. J’ai obtenu le divorce, conservé mon sens de l’humour et un semblant d’optimisme. J’ai lancé ma société et gagné le respect de mes pairs. Mais je n’étais ni prête à ce que Dan refasse irruption dans ma vie ni pour l’affection que le Dr. Alan Storey me porte – un psychologue empathique et assez alléchant.

Le chant de Sam est l’histoire d’une semaine qui a pour toujours changé ma vie.

LangueFrançais
Date de sortie1 févr. 2019
ISBN9781386933786
Le chant de Sam: Les mystères de Sam Smith
Auteur

Hannah Howe

Hannah Howe is the bestselling author of the Sam Smith Mystery Series (Sam's Song, book one in the series, has reached number one on the amazon.com private detective chart on seven separate occasions and the number one position in Australia). Hannah lives in the picturesque county of Glamorgan with her partner and their two children. She has a university degree and a background in psychology, which she uses as a basis for her novels.Hannah began her writing career at school when her teacher asked her to write the school play. She has been writing ever since. When not writing or researching Hannah enjoys reading, genealogy, music, chess and classic black and white movies. She has a deep knowledge of nineteenth and twentieth century popular culture and is a keen student of the private detective novel and its history.Hannah's books are available in print, as audio books and eBooks from all major retailers: Amazon, Barnes and Noble, Google Play, Kobo, iBooks, etc. For more details please visit https://hannah-howe.comThe Sam Smith Mystery Series in book order:Sam's SongLove and BulletsThe Big ChillRipperThe Hermit of HisaryaSecrets and LiesFamily HonourSins of the FatherSmoke and MirrorsStardustMind GamesDigging in the DirtA Parcel of RoguesBostonThe Devil and Ms DevlinSnow in AugustLooking for Rosanna MeeStormy WeatherDamagedEve’s War: Heroines of SOEOperation ZigzagOperation LocksmithOperation BroadswordOperation TreasureOperation SherlockOperation CameoOperation RoseOperation WatchmakerOperation OverlordOperation Jedburgh (to follow)Operation Butterfly (to follow)Operation Liberty (to follow)The Golden Age of HollywoodTula: A 1920s Novel (to follow)The Olive Tree: A Spanish Civil War SagaRootsBranchesLeavesFruitFlowersThe Ann's War Mystery Series in book order:BetrayalInvasionBlackmailEscapeVictoryStandalone NovelsSaving Grace: A Victorian MysteryColette: A Schoolteacher’s War (to follow)What readers have been saying about the Sam Smith Mystery Series and Hannah Howe..."Hannah Howe is a very talented writer.""A gem of a read.""Sam Smith is the most interesting female sleuth in detective fiction. She leaves all the others standing.""Hannah Howe's writing style reminds you of the Grandmasters of private detective fiction - Dashiell Hammett, Raymond Chandler and Robert B. Parker.""Sam is an endearing character. Her assessments of some of the people she encounters will make you laugh at her wicked mind. At other times, you'll cry at the pain she's suffered.""Sam is the kind of non-assuming heroine that I couldn't help but love.""Sam's Song was a wonderful find and a thoroughly engaging read. The first book in the Sam Smith mystery series, this book starts off as a winner!""Sam is an interesting and very believable character.""Gripping and believable at the same time, very well written.""Sam is a great heroine who challenges stereotypes.""Hannah Howe is a fabulous writer.""I can't wait to read the next in the series!""The Big Chill is light reading, but packs powerful messages.""This series just gets better and better.""What makes this book stand well above the rest of detective thrillers is the attention to the little details that makes everything so real.""Sam is a rounded and very real character.""Howe is an author to watch, able to change the tone from light hearted to more thoughtful, making this an easy and yet very rewarding read. Cracking!""Fabulous book by a fabulous author-I highly recommended this series!""Howe writes her characters with depth and makes them very engaging.""I loved the easy conversational style the author used throughout. Some of the colourful ways that the main character expressed herself actually made me laugh!""I loved Hannah Howe's writing style -- poignant one moment, terrifying the next, funny the next moment. I would be on the edge of my seat praying Sam wouldn't get hurt, and then she'd say a one-liner or think something funny, and I'd chuckle and catch my breath. Love it!""Sam's Song is no lightweight suspense book. Howe deals with drugs, spousal abuse, child abuse, and more. While the topics she writes about are heavy, Howe does a fantastic job of giving the reader the brutal truth while showing us there is still good in life and hope for better days to come."

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    Aperçu du livre

    Le chant de Sam - Hannah Howe

    Table des matières

    Chapitre un

    Chapitre deux

    Chapitre trois

    Chapitre quatre

    Chapitre cinq

    Chapitre six

    Chapitre sept

    Chapitre huit

    Chapitre neuf

    Chapitre dix

    Chapitre onze

    Chapitre douze

    Chapitre treize

    Chapitre quatorze

    Chapitre quinze

    Chapitre seize

    Chapitre dix-sept

    Chapitre dix-huit

    Chapitre dix-neuf

    Chapitre vingt

    Chapitre vingt-et-un

    Chapitre vingt-deux

    Chapitre vingt-trois

    Chapitre vingt-quatre

    Chapitre vingt-cinq

    Chapitre vingt-six

    Chapitre vingt-sept

    Chapitre vingt-huit

    Chapitre vingt-neuf

    Chapitre trente

    Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux et évènements sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou utilisés fictivement. Toute ressemblance à des personnes existant ou ayant existé, à des évènements ou des lieux, est fortuite.

    À ma famille, avec amour

    Chapitre un

    _______________________________________________

    J’étais assise à mon bureau, en train de tambouriner des doigts sur la surface, attendant que mon ordinateur démarre enfin. Comme toujours, mes ongles étaient rongés jusqu’au sang – une mauvaise habitude dont je tentais de me défaire – et, comme souvent, mon ordinateur avait un de ses ‘moments’. À l’instar de la plupart de mes fournitures de bureau, l’ordinateur était un modèle de récup, le meilleur que j’aie pu m’offrir. Aujourd’hui, j’avais de la chance et le programme démarra. Je sélectionnai le fichier désiré et j’étais sur le point de taper un rapport pour un client quand un homme entra, une canne à la pointe en argent dans une main, un fedora en feutre dans l’autre.

    — Samantha Smith, détective privée ? s’enquit-il. 

    Je levai les yeux de mon clavier et hochai la tête.

    — Vous voulez m’embaucher ?

    C’était la question que je posais à tous ceux qui entraient dans mon bureau – les temps étaient durs et j’avais grand besoin de clients. Au début de ma carrière, j’empruntais un ton presque désespéré quand je la posais – désespoir qui se reflétait dans mes yeux de chien battu. Avec le temps, mon ton et mon regard s’étaient affirmés mais, à mes oreilles, je paraissais toujours éperdue.

    — Puis-je d’abord entrer ? demanda patiemment l’homme au fedora.

    J’agitai la main vers la chaise des visiteurs et marmonnai :

    — Oui, veuillez m’excuser. Faites comme chez vous.

    L’homme à la canne et au fedora balaya mon bureau des yeux. Il contempla les murs vert pomme fraîchement repeints, mon portemanteau, mon trench couleur crème – j’aime faire ma petite impression – et mon bureau en chêne usé, acheté pour une bouchée de pain sur une brocante. En vérité, hormis deux meubles de rangement gris fer, il n’y avait rien d’autre à regarder. Ses yeux se posèrent enfin sur moi.

    — Charmant bureau, lança-t-il en souriant poliment.

    Je hochai la tête en guise de réponse.

    Par-dessus mon épaule, il regarda la fenêtre martelée par la pluie, la seule source de lumière naturelle dans mon bureau du premier étage. La vue ne semblait pas être à son goût, car il retroussa sa lèvre supérieure, imitant la grimace d’Elvis Presley.

    — Quartier pourri...

    Je haussai les épaules. Mon bureau était situé à Butetown, Cardiff, tout près des docks. Le quartier n’était pas salubre. À vrai dire, j’exerçais mon métier depuis une rue sordide, mais je ne pouvais pas me permettre mieux.

    Il s’agita sur sa chaise, puis se dérida. Son sourire révéla un plombage en or sur sa canine droite.

    — Pour tout vous dire, ma petite dame, je voudrais effectivement vous embaucher.

    — Et vous vous appelez...

    — Milton, répondit-il en souriant de plus belle. Milton Vaughan-Urquhart.

    Se penchant vers moi, il m’offrit sa main droite. Je la serrai. Sa poignée de main était un rien flasque. Je remarquai ses ongles soigneusement manucurés et la peau de ses mains, aussi douce que celle d’un bébé.

    — Très bien, Milton. Donc, vous aimeriez m’embaucher...

    — Au nom de Derwena de Caro, ajouta-t-il, avant de marquer une pause théâtrale.

    Je rejetai mes cheveux par-dessus mon épaule. Je ramassai un crayon et m’adossai à mon fauteuil en similicuir. Tout en le faisant tournoyer entre mes doigts, j’adressai à Milton un sourire poli. Je la jouais cool, comme si j’avais l’habitude de voir défiler des managers de pop stars multimillionnaires dans mon bureau tous les jours.

    — Vous savez qui est Derwena de Caro, n’est-ce pas ? m’interrogea-t-il, les sourcils froncés.

    — Bien sûr.

    J’avais entendu parler de Derwena. J’avais entendu dire qu’elle pouvait être une chieuse de première, une diva de la pop qui tapait sur les nerfs des autres musiciens et parasites de service. Mon découvert bancaire était une triste réalité. Mais avais-je besoin des casseroles que traînait Derwena de Caro ? J’en doutais fort.

    — Elle n’a pas sorti un tube il y a quelques années ? demandai-je en me creusant les méninges pour me rappeler du titre. ‘Love Bullet’, c’est ça ?

    Come up to me, baby, hold me real close, you know I’m the one who loves you the most, and I wanna shoot all my love bullets into you, chantonna Milton.

    Sa voix était affreuse, m’évoquant une craie crissant sur un tableau noir.

    — On n’en fait plus des comme ça, soupirai-je.

    — En vérité, si, rectifia Milton. C’est Woody, le guitariste et amant de Derwena, qui a écrit ce texte. Il a également écrit une série de chansons classiques pour son prochain album, ‘Midas Melange’. Il est vrai que Derwena a connu un passage à vide. On ne parle que de hip-hop et de rap, de nos jours. Des battements par minute... Donc il n’est pas facile pour une chanteuse comme Derwena de percer – mais elle fera un come-back spectaculaire grâce à ‘Midas Melange’.

    Milton se réadossa à sa chaise. Il posa la pointe argentée de sa canne sur le sol de mon bureau. C’était un plancher en bois nu – j’économisais pour m’offrir de la moquette. Entre ses doigts potelés, il tripota le pommeau bulbeux de sa canne. Il me regardait de ses yeux doux, bruns, chargés d’espoir. Soudain, un chat sauta par l’ouverture de ma fenêtre et atterrit sur mon bureau.

    — Sacrebleu ! s’écria Milton en portant une main à sa gorge, avant de lisser sa cravate pour retrouver son sang-froid. Qu’est-ce que c’est que ça ?!

    Je caressai le chat, qui se mit à ronronner, frottant sa tête humide contre le dos de ma main.

    — Ça, c’est Marlowe. Et ne criez pas comme ça, il est très nerveux.

    Marlowe, un chat des rues à l’air malveillant et couvert de cicatrices, m’avait adoptée. Un jour, j’étais entrée dans mon bureau et l’y avais trouvé. Il s’était faufilé par la fenêtre ouverte, via le toit de l’abri de jardin du rez-de-chaussée. Je lui avais donné une soucoupe de lait et, le jour suivant, il était revenu quémander à manger, miaulant comme un violon mal accordé. Trois mois plus tard, nous ne nous quittions plus – ce qui était un record en matière de mes récentes relations masculines.

    Marlowe s’installa au bord de mon bureau. Il écarta ses pattes, se pencha en avant et se lécha les valseuses. Ah non ! Ne fais pas ça, Marlowe, grognai-je intérieurement. Du moins, pas devant des clients potentiels... Malheureusement, Marlowe s’en donnait à cœur joie. Un chat doit bien faire ce qui faut...

    En jetant un coup d’œil à Milton, je remarquai qu’il avait haussé le sourcil droit, curieux. Il hocha la tête d’un air approbateur.

    — Si seulement j’étais si adroit...

    Je m’empourprai. C’était plus fort que moi : je rougissais facilement. Cela allait de pair avec mes taches de rousseur et mes cheveux auburn.

    Marlowe continua à se lécher les parties. Puis il flâna sur mon bureau, trouva un endroit libre qui lui convenait et se roula en boule, ronronnant jusqu’à s’endormir.

    — Derwena pense que quelqu’un la suit.

    Milton avait retrouvé sa pose d’orateur : penché en avant, les bras posés sur la canne plantée entre ses jambes.

    — Et est-ce le cas ? demandai-je.

    Milton haussa une épaule bien replète. La petite quarantaine, il était bedonnant et court sur pattes. Il était rasé de près, avec un double-menton grassouillet et des joues rondelettes. Ses cheveux étaient ondulés et bruns, la raie à droite, et tombaient jusqu’à son col, révélant un front haut. D’un geste élégant, il dégagea les mèches de son col et m’adressa un petit sourire.

    — Derwena est une artiste, expliqua-t-il. Elle a l’imagination fertile...

    — Donc ce harceleur pourrait être dans sa tête...

    Il haussa de nouveau les épaules, me décochant un petit sourire poli mais douloureux.

    — Ou il pourrait être réel. L’industrie musicale attire des tas de barjos.

    Comme Derwena de Caro, pensai-je, avant de me reprendre. C’était désobligeant de ma part. Après tout, si ma vie était placardée à la une des journaux du dimanche, le public me considérerait difficilement comme la ménagère de l’année.

    — Pourquoi moi ? demandai-je, sincèrement curieuse.

    Milton Vaughan-Urquhart fixa ses ongles des yeux. Il souffla dessus, puis les astiqua avec son gilet en tweed.

    — Il n’y a pas un grand choix de femmes qui exercent la profession de détective dans le coin.

    — Ah ! Merci pour cette marque de confiance...

    Si je semblais sarcastique, c’était parce que les temps étaient durs, dernièrement. Pour tout dire, les temps étaient durs depuis environ trente-deux ans. Mais je devais bien faire avec et garder l’espoir que le soleil brillerait un jour.

    — Et Derwena a insisté pour que j’engage une détective privée, continua Milton. J’ai mené ma petite enquête auprès de vos collègues masculins et ils m’ont assuré que vous étiez la meilleure.

    J’étais certaine qu’il s’était renseigné auprès de Mickey Anthony, un de mes confrères privés. Il avait toujours un mot gentil à dire à mon sujet mais, dragueur invétéré, je n’aurais pas été étonnée qu’il ait des arrière-pensées. Accepte le compliment, murmura le petit ange dans ma tête. Tu travailles d’arrache-pied, tu es consciencieuse et tu n’abandonnes jamais tant que le client n’est pas satisfait. Mais je ne pouvais l’accepter : j’avais toujours eu du mal avec les louanges.

    — Mais je suis spécialisée dans le divorce...

    Et voilà : encore une fois, j’étais sur la défensive. Je le faisais pour me protéger et, étant une femme seule dans ce business, j’en avais bien besoin.

    — Vous voulez rester dans ce trou pour toujours ? demanda Milton d’un ton sévère en jaugeant mon bureau.

    Puis il me lança un regard noir.

    — À en croire mes recherches, vous avez une bonne réputation auprès de vos collègues. Vous êtes digne de confiance, méticuleuse et pleine de ressources. Mais une bonne réputation seule ne suffit pas pour mettre du tapis au sol et des rideaux aux fenêtres. Donc je répète ma question : voulez-vous rester dans ce trou pour toujours ?

    Il avait raison : c’était un trou. Mais j’aimais bien mon bureau. Je m’entendais bien avec les habitants du quartier. Cela dit, j’avais de l’ambition et je savais qu’il me faudrait relever des défis pour progresser. De plus, j’avais une ribambelle de factures à payer avant la fin de la semaine – j’avais besoin de cet argent. Ne pouvant me permettre de faire la fine bouche, je haussai les épaules.

    — Je facture vingt-cinq dollars de l’heure, en plus de mes dépenses.

    J’étais consciente du fait que je sous-évaluais mon temps et mon talent. En réalité, si j’avais eu une sœur jumelle, je nous aurais sans doute vendues à deux pour le prix d’une.

    Milton contempla les bagues en or et la montre dorée à sa main gauche, puis le bracelet d’identité en or attaché à son poignet droit. Il sourit.

    — Je pense que nous pouvons nous permettre vingt-cinq dollars de l’heure. Nous sommes confortablement installés à Castle Gwyn et nous vivons et enregistrons sur place. Connaissez-vous le château ?

    J’acquiesçai de la tête.

    — Venez nous y retrouver à midi. Derwena devrait être levée.

    — Elle aime son lit...

    — Les sessions d’enregistrement peuvent durer jusqu’aux petites heures. Sa voix est souvent au meilleur de sa forme après le coucher du soleil.

    Milton Vaughan-Urquhart se releva. Il plaça le fedora sur son crâne, puis lissa les coutures de son pantalon. Celui-ci était brun, avec une rayure fauve. Je remarquai qu’il portait également des guêtres blanches et brun clair. Il consulta sa montre gousset, avant de la ranger dans la poche de son gilet. Une montre gousset et une montre-bracelet... Soit cet homme avait un ancêtre suisse, soit il était obsédé par le temps.

    — Nous nous reverrons à midi.

    Je posai les yeux sur Marlowe. Il était toujours endormi – sans doute à rêver de souris. Peut-être que dans une prochaine vie, je pourrais être réincarnée en chat...

    — Midi tapant, dis-je en opinant du chef.

    Milton prit la porte. Je baissai les yeux vers mon bureau. Il était doté de deux tiroirs : l’un contenait une bouteille de whisky, l’autre une arme. J’avais une règle stricte – le whisky n’était là que pour des raisons thérapeutiques et, comme avec tout médicament, il valait mieux ne pas dépasser la dose prescrite. Ma dose était de deux doigts par jour, maximum. J’avais vu ma mère boire du gin comme si c’était de l’eau. Pour tout dire, c’était mon premier souvenir d’elle : avachie dans un fauteuil, saoule, une bouteille de gin vide à la main. À l’époque, je devais avoir trois ou quatre ans. J’avais connu mes propres ténèbres, mais je n’avais aucune envie d’emprunter cette voie-là. Deux doigts, maximum. C’était ma dose prescrite. Le second tiroir contenait un Smith & Wesson calibre 32. J’avais déjà tiré sous le coup de la colère, mais je n’avais encore jamais tué personne. Je pensai à l’arme. Puis au harceleur potentiel. J’ouvris le tiroir et glissai l’arme dans mon sac à main. Elle jurait certainement avec le maquillage, les mouchoirs et les serviettes hygiéniques ; mais, allez, on n’est jamais trop prudent. J’avais une heure à tuer. Suffisamment de temps pour achever mon rapport et le livrer à mes clients. Je me penchai sur le clavier et, tandis que Marlowe s’étirait paresseusement sur mon bureau, je gagnai mon pain. 

    Chapitre deux

    _______________________________________________

    Au volant de ma Mini moderne, je roulais vers le nord-est, en direction de la périphérie de Cardiff. Bon, cette voiture m’avait endetté jusqu’au cou, mais il me fallait quelque chose de fiable dans l’éventualité où je devais pourchasser les ‘méchants’. Plus précisément, il me fallait quelque chose de fiable dans l’éventualité où les ‘méchants’ décidaient de me pourchasser.

    C’était un jour terne, froid et humide ; un jour où l’automne se muait lentement en hiver. J’étais à présent perdue en pleine campagne, m’évertuant à voir à travers les essuie-glaces, cherchant désespérément un panneau qui indiquerait ‘Castle Gwyn, par ici’. Enfin, je trouvai le panneau, puis le virage qui menait au château. La route était étroite, à une seule bande, mais récemment asphaltée et en bon état. Après avoir parcouru un peu moins d’un kilomètre, le château apparut devant moi, s’élevant majestueusement derrière une rangée d’arbres.

    Castle Gwyn était une folie de l’époque victorienne, un château doté d’un pont-levis, de douves asséchées et de tours qui évoquaient des chevaliers en armure blanche, des princesses et autres contes de fée. Les tourelles rondes avaient été blanchies à la chaux – ‘gwyn’ signifie blanc en gallois – et brillaient comme des phares sur fond boisé. De nos jours, les clients utilisaient le château comme plateau de tournage, pour des réceptions et cérémonies de mariages et comme studio d’enregistrement. La pensée de cérémonies de mariage me rappela mon ‘grand jour’ et ma lune de miel passée aux urgences mais, ça, c’était une autre histoire.

    Je garai la Mini et descendis de voiture. J’admirais toujours le paysage quand Milton traversa le pont-levis, sa canne remplacée par un parapluie. Il tenait autre chose dans sa main gauche : un badge ‘accès à toutes les zones’.

    — Vous feriez mieux de porter ceci, dit Milton en me présentant le cordon, que je passai par-dessus ma tête. Le château a ses propres gardes de sécurité qui patrouillent de temps à autre et mieux vaut qu’ils ne vous sautent pas au cou, n’est-il pas ?

    Alors que nous traversions le pont-levis et entrions dans la cour, j’étudiai le badge et ma photo.

    — Où avez-vous trouvé cette photo ? m’enquis-je.

    — Sur Internet. Vous vous rappelez l’affaire Beatrice Black ?

    Je hochai la tête : évidemment, que je m’en souvenais. Beatrice était une prostituée de Cardiff. Elle avait été assassinée et, après six mois d’enquête, la police avait fait chou blanc. Ses proches étaient venus me trouver pour me demander mon aide. J’avais fureté un peu, eu de la chance et, pour faire bref, obtenu une condamnation. Pendant quelques jours, mon visage était apparu dans les journaux locaux et sur la toile. Bien que fière d’avoir résolu l’affaire, j’avais détesté cette publicité. Enfant déjà, j’avais horreur qu’on me prenne en photo.

    Le gravier crissa sous nos pas tandis que nous traversions la cour et entrions dans l’édifice. L’intérieur était à couper le souffle : chaque centimètre carré des murs aux plafonds était décoré. Des scènes de la littérature arthurienne recouvraient les murs : Arthur à cheval, Lancelot embrassant Guenièvre,

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