Les Veillées des chaumières

Une nouvelle aurore

Assise devant son ordinateur, Matilda travaillait à son roman : c’était la troisième fois en cinq ans qu’elle reprenait toute l’histoire. Vraiment fatiguée de sa vie professionnelle, elle ne savait plus trop où elle en était. Elle avait plus la sensation de survivre qu’autre chose et se demandait souvent à quel moment elle s’était trompée. Qu’est-ce qui était allé de travers dans sa vie ? Elle avait quitté les montagnes de sa Calabre natale pour emménager à Milan il y avait presque dix ans de cela, dans l’espoir de devenir écrivaine. Son manuscrit dans ses bagages, elle avait espéré que les maisons d’édition lui ouvrent leurs portes. Pas une seule n’avait montré le moindre intérêt pour son texte. Alors, comme nombre de personnes, elle avait vécu dans un entre-deux. Petit boulot de jour, écriture de nuit. Milan n’avait pas été la capitale du livre comme elle se l’était imaginé, mais elle poursuivait son rêve, envers et contre tout. Avec persévérance, elle avançait. Un magazine féminin publiait ses nouvelles et elle continuait à y croire.

Dans son deux-pièces en périphérie, elle avait eu l’idée de reprendre son roman, resté dans un tiroir. « Oui, j’y crois », se disait-elle, tandis qu’elle tapotait sur son clavier. Elle avala l’une de ces soupes instantanées bon marché, histoire d’économiser un peu d’argent sur son budget.

La sonnerie de son téléphone la fit sursauter. Elle avait oublié de l’éteindre, comme elle le faisait d’habitude pour ne pas être dérangée et pouvoir écrire en paix.

– Allô ? Oui, c’est moi…

Une fois la conversation terminée, Matilda raccrocha, très en colère contre elle-même ! Elle avait accepté de remplacer une dame au pied levé, pour trois francs six sous, sans contrat d’embauche à la clé. On lui avait juste laissé entendre que si son article était bon, ils la prendraient peut-être comme pigiste. Cette opportunité l’avait séduite. Avait-elle fait le bon choix ? Décidément, la négociation n’était pas son fort… Elle espérait juste avoir bien compris pour le reste, une semaine offerte dans un hôtel mythique sur les rives du lac de Côme : la Villa d’Este.

Elle avait griffonné à la hâte le nom du petit village où se trouvait l’établissement. Il s’agissait de réaliser l’interview d’un chef d’orchestre italo-américain, qui y avait passé son enfance et donnait le dernier concert de sa tournée dans cet endroit.

À présent, le plus difficile restait à faire : sa valise. Devant l’armoire, le constat était sans appel : elle n’avait vraiment rien à se mettre ! Bon, après tout, ce n’était pas si important. Allez, un, deux, trois, en route pour l’aventure !

Comme chaque matin à l’aube, Rita suivait un rituel immuable pour arriver impeccable Une fois son uniforme gris enfilé, elle se sentait une autre femme. Oubliés, les problèmes : elle était comme une soldate avec pour seule médaille ses trente ans de bons et loyaux services. Une petite pilule contre le mal de dos ou les articulations douloureuses et hop ! sur le front, direction les chambres. Elle avait vingt minutes pour chacune. Ses pires ennemis : le mépris de la majeure partie des clients qui ne lui adressaient pas un seul bonjour, pas même un regard, et le piteux état dans lequel certains laissaient leur chambre. Les poubelles à vider, les draps sales, le chariot des produits, le chiffon, le silence des couloirs, les clés… tel était son quotidien. La satisfaction du travail bien fait, de rendre une chambre parfaitement propre, voilà ce qui faisait la fierté de Rita. Sa rigueur et son sens de la perfection avaient été sa planche de salut. Quand son mari l’avait quittée pour une femme plus jeune, la laissant seule pour élever leurs deux enfants alors adolescents, elle avait béni cette opportunité. Avec cet emploi, elle avait pu subvenir à leurs besoins, payer leurs études… Et aujourd’hui, ses enfants bien-aimés avaient tous deux un travail à Milan et y faisaient leur vie.

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