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Justice Pour Belle
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Livre électronique134 pages2 heures

Justice Pour Belle

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À propos de ce livre électronique

Ahnia a un passé trouble, qui cherche désespérément à refaire surface.

Elle a touché le fond. Fauchée et voulant à tout prix remonter au sommet, elle s’allie à Mac, un homme qu’elle connaît à peine. Il est complètement inaccessible mais, bientôt, ils se retrouvent tous deux en péril.

Leur décision dangereuse sera-t-elle un succès, ou Ahnia se retrouvera-t-elle aux prises avec une force implacable, déclenchée par le crime de son adolescence ? Dans ce thriller palpitant, les apparences sont trompeuses et nul ne peut faire confiance à personne.

LangueFrançais
ÉditeurNext Chapter
Date de sortie12 avr. 2020
ISBN9781071537572
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    Aperçu du livre

    Justice Pour Belle - Didi Oviatt

    Remerciements

    À ma mère, Diane, merci pour tes encouragements et ton soutien ; sans toi, mes écrits seraient une cause perdue. À TL Harty, auteur de talent ; ce livre ne serait pas ce qu’il est sans toi. Et surtout... Caleb, tu es mon roc, et nos enfants sont ma raison. Merci pour ta patience et pour avoir supporté mes caprices toutes ces années. Je t’aime de tout cœur.

    -  Didi

    Chapitre Premier

    Un type dégingandé de quarante et des ans est assis sur le petit banc en fer forgé en face de celui, identique, sur lequel je gâche mon après-midi. Il est midi, un dimanche, aussi la gare Amtrak est plus bondée qu’en semaine à la même heure. Sans doute les voyageurs du week-end rentrent-ils chez eux et retournent-ils à leurs vies trépidantes, ici à Flint, dans le Michigan. Je ne vais ni ne viens de nulle part ; je suis là pour observer les gens. C’est ce que je fais souvent quand je cherche l’inspiration.

    L’homme en question tape ses chaussures de ville pointues sur la moquette couleur terre ultra-résistante sous nos pieds. Il est assurément coupable d’une chose ou d’une autre ; ça, ou il est pressé et impatient. Quoi que ce soit, il veut visiblement fuir cet endroit. C’est probablement un agresseur à l’arme blanche.

    J’imagine ses doigts effilés agrippant si fermement le manche d’un couteau de boucher que ses articulations saillantes ont blanchi. Sa mâchoire semble encore plus carrée quand il serre les dents. Les blancs de ses yeux perçants, couleur de l’océan, sont vitreux, et une marbrure pourpre apparaît sur son visage.

    L’image est nette, marquante. Je crois que je vais l’appeler Donovan. Donovan, ex-taulard, récemment évadé de la prison d’État, condamné pour avoir brutalement massacré sa famille avec un couteau de boucher, puis avoir entassé leurs corps mutilés dans le congélateur familial. Ouaip, ça fera l’affaire.

    Traitez-moi de bizarre, de folle, de parano, de tordue ou de ce que vous voulez, mais j’ai cette sale petite manie d’essayer de deviner quel genre de meurtriers feraient les gens... s’ils étaient réellement des meurtriers, naturellement. Dès qu’une personne se démarque du reste de la foule, je la vois. Cela peut être une question de taille, sa manière de se mouvoir, son regard... Tout joue un rôle, et l’image est généralement assez détaillée. Ensuite, je prends note de mes observations pour un usage futur.

    La femme de mon père, Dorothy, l’attribue à une « imagination sombre et débordante qui trouve sa source dans la mort de ma mère. » Dorothy est thérapeute ; naturellement, elle pense tout savoir. Ma mère est décédée il y a près de dix-sept ans dans un accident de voiture. Deux ans plus tard, Dorothy est arrivée, et elle s’efforce de rafistoler toute la famille depuis lors. Cela étant dit, je doute que notre bien-être mental la tracasse tant que ça ; elle agit clairement pour l’image. Le décès de ma mère n’avait rien de sombre : les accidents arrivent et, parfois, la vie craint, point.

    Dorothy est sur-éduquée et manque cruellement de bon sens. Elle se soucie plus de l’argent et de sa réputation que du reste, et papa est trop doux pour la faire taire. J’ai du mal à comprendre pourquoi une personne saine d’esprit irait débourser des centaines de dollars de l’heure pour écouter ses opinions tirées par les cheveux ; son « soutien », comme elle l’appelle. Encore que, ces personnes ne sont PAS saines d’esprit. Voilà la définition même de l’ironie, j’imagine. Entendons-nous bien : je ne suis pas complètement anti-thérapie. Mais des thérapeutes, il y en a à la pelle, et pas que des bons. J’ai moi-même consulté plusieurs psys. Pourtant, me voici, constamment en train de rêver tout éveillée de meurtres effroyables.

    Et, pour étayer encore davantage les clichés de cette chère Dorothy, mon petit frère a récemment été accepté en faculté de médecine. À trente ans, il remonte vraiment la pente après notre jeunesse difficile. J’attends avec impatience que Dorothy nous sorte une ânerie comme quoi son subconscient veut sauver les victimes d’accidents de voiture pour compenser la perte de notre mère. C’est vraiment la seule chose qu’elle maîtrise et dont elle puisse tirer parti.

    Je termine tout juste de peaufiner les détails – Donovan en train de brûler ses vêtements ensanglantés dans un brasero au fond du jardin – quand un nouveau corps chaud vient m’accompagner sur mon banc. Il s’assied bien trop près à mon goût. Assez près pour que je puisse sentir la chaleur de sa jambe ainsi que son parfum – son parfum délicieux. Les gens n’ont-ils plus de limites ? je pense. Je laisse retomber mes longs cheveux noirs de jais sur le côté pour lui cacher mon profil. Rien à faire, je sens toujours son regard amusé me fixer et percer mon bouclier chevelu. Je peux même le sentir sourire. Pour qui il se prend, ce taré ?

    — Je peux vous aider, monsieur ? je lance en jetant un coup d’œil de derrière mes mèches, lui révélant le haussement irrité de mon sourcil, mais rien d’autre.

    Il est bel homme, très bel homme. Merde, c’est bien ma veine. Probablement mon âge ou alentours. Les pattes d’oie à peine formées aux coins de ses yeux crient la petite trentaine. C’est lors de tels moments que je souhaiterais ne pas faire la moitié de mon âge. Chaque fois qu’un homme de mon âge, voire un peu plus âgé, me montre de l’intérêt, je suppose automatiquement que c’est un sale type qui cherche à flirter avec une ado. J’attirerai probablement les pédophiles pour le restant de mes jours. Je passe facilement pour une lycéenne.

    Je suis certaine que, quand j’aurai atteint la soixantaine, je serai reconnaissante envers ma peau lisse et mate qui ne semble pas avoir pris un jour depuis mon enfance. C’est l’un des avantages d’être métisse au point de ne pas savoir exactement d’où je viens – le produit d’au moins cinq générations d’héritage mixte originaire d’un peu partout. Une touche de gènes hispaniques, irlandais, italiens... et même grecs. Franchement, qui sait quel autre sperme s’est insinué dans mon arbre généalogique ? Dans ma famille, personne ne se ressemble. Ma peau n’est pas noire, mais elle n’est pas blanche non plus, alors que mon frère est aussi pâle que l’on puisse l’être, avec des cheveux roux assortis à ses taches de rousseur.

    — On se connaît ? répond l’homme aux traits parfaits, qui n’a apparemment pas de limites.

    Il me sourit de toutes ses dents impeccables. Son sourire est accompagné des fossettes les plus profondes que j’aie jamais vues.

    — Ça m’étonnerait.

    — Vous êtes sûre ? Votre visage me dit quelque chose.

    — Nan, je marmonne avant de reposer mon attention sur le cahier sur mes genoux. J’ai un visage très commun, j’ajoute en tapotant la page avec mon stylo.

    — Ce n’est pas vrai.

    Je peux entendre son sourire dans sa voix. Ne lève pas les yeux, Ahnia. Quoi que tu fasses, ne cède pas au charme de cet inconnu terriblement séduisant.

    — Ah ouais ? je lance, le regard rivé sur mon cahier.

    — Non, votre visage n’a rien de commun. Ce sont vos yeux, je crois ; d’un vert électrique... Et vos lèvres aussi. Très ourlées. Je suis sûr de vous avoir déjà vue. Faites-moi confiance ; les visages, c’est mon fort. Surtout les beaux visages harmonieux comme le vôtre.

    Bon, là, je suis intriguée. Au moins, son approche est originale. Je jette un autre regard derrière le rideau formé par ma chevelure. Je ne peux pas m’en empêcher. Une barbe naissante couvre ses joues, et ses cheveux sont en bataille. On dirait qu’il ne les a pas peignés récemment... voire jamais. Je n’adore pas d’habitude l’air débraillé mais, pour une raison inexplicable, je le trouve absolument irrésistible sur cet homme. Il semble naturellement détendu et décontracté.

    Bien qu’il soit décoiffé, ses vêtements sont propres, repassés, même. Et son odeur ; oh mon Dieu, son odeur ! Plus il reste assis si près de moi, plus c’est le paradis. C’est un parfum frais, comme un savon léger, artisanal. Rien de trop fort ni d’étouffant, contrairement à la majorité des hommes qui draguent dans des lieux publics comme une gare Amtrak. Je déteste les relents d’après-rasage qui s’attardent, surtout ceux de l’Old Spice. L’odeur me donne envie de vomir.

    Je suis certaine de ne jamais l’avoir rencontré. Je suis totalement convaincue que j’aurais mémorisé son visage, moi aussi. Pour me distraire, je baisse les yeux vers ma page et relis mes dernières notes assassines. Je ne pense pas pouvoir l’imaginer se gratter le menton une seconde de plus sans céder au besoin de me pencher vers lui pour humer sa chemise. Juste pour me noyer dans sa fraîcheur et essayer d’identifier la marque de sa lessive. Après, je me rendrai peut-être au supermarché pour aller renifler le rayon des détergents. Là tout de suite, je tuerais pour sentir comme lui.

    — Hmmm..., fredonne-t-il tout haut, sa voix grave et douce comme du beurre.

    — Alors, vous avez trouvé ? je demande sèchement.

    — Pas encore. Mais ne t’inquiète pas, je trouverai, glousse-t-il. Qu’est-ce que tu écris ?

    Je lui lance le même regard irrité qu’auparavant, agacée par sa familiarité et son indiscrétion. Je ne prononce pas un mot ; j’essaie juste d’ériger mes murs aussi haut que possible. Ce mec est tenace. Il rit de nouveau, rejette mes cheveux derrière mon épaule, puis se penche vers moi, envahissant encore davantage mon espace personnel.

    Mais pour qui il se prend, putain ? Je ne le repousse pas parce que, en bougeant, il a effleuré ma clavicule avec son pouce. Le frisson qui s’est emparé de moi m’a pratiquement coupé le souffle. Il n’est pas question de protester, et aucun mot ne me vient.

    Qu’importe : dès qu’il aura lu mes écrits morbides, il prendra ses jambes à son cou. Quelle meilleure manière de faire fuir un mec qu’en lui présentant quelques paragraphes sortis de nulle part décrivant l’homme assis en face en train de massacrer sa famille avec un couteau de boucher.

    Il lit la page, puis se redresse nonchalamment. Son visage impassible ne trahit rien. Il recommence à frotter le chaume qui couvre ses joues et observe l’homme maigre et nerveux qui piétine le sol en face de nous.

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