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La cité de larmes: Roman fantasy
La cité de larmes: Roman fantasy
La cité de larmes: Roman fantasy
Livre électronique255 pages3 heures

La cité de larmes: Roman fantasy

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À propos de ce livre électronique

Suivez Lana et ses compagnons dans leur quête de justice. La Princesse Sanguinaire arrivera-t-elle à mettre fin au chaos qui risque de tomber sur la capitale du Royaume ?

Les tours se déploient sur Mélua et la cité étend ses ambitions sur le monde. Mais les guerres passées ne s’oublient pas si vite. Déshéritée par sa famille, Lana Monzimmer est détective au sein de la capitale du Royaume. Ses maigres finances se dégradent encore lorsqu’elle décide de mener une enquête à titre personnel, dans l’espoir de laver son âme des crimes qu’elle a commis lorsqu’elle était la Princesse Sanguinaire. Des charniers fleurissent en effet en plusieurs endroits de la ville. Les corps des victimes sont porteurs d’un parasitisme étrange et les autorités semblent impuissantes à faire cesser le carnage. L’enquête se révèle plus dangereuse que prévu. Mais Lana n’est pas le genre à se laisser intimider. Elle négocie l’aide de deux anciens compagnons d’armes – un alchimiste obsédé par les créatures de l’autre monde et un guerrier n’ayant que l’alcool pour faire taire les voix dans sa tête. Leur quête de Justice va les conduire en territoire hostile, peuplé de mauvaises rencontres et de vieux souvenirs. La Princesse Sanguinaire devra se réveiller…

Un roman de dark fantasy où personne n'est à l'abri des dangers !
LangueFrançais
ÉditeurEx Aequo
Date de sortie14 juin 2021
ISBN9791038801639
La cité de larmes: Roman fantasy

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    Aperçu du livre

    La cité de larmes - Camille Anssel

    cover.jpg

    Camille Anssel

    La Cité de larmes

    Roman de fantasy

    ISBN : 979-10-388-0163-9

    Collection Atlantéïs

    ISSN : 2265-2728

    Dépôt légal : juin 2021

    © couverture : création originale de Laura Gerlier pour Ex Æquo

    © 2021 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.

    Éditions Ex Æquo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières Les Bains

    www.editions-exaequo.com

    Préface

    Mélua, an 0. Vous tenez entre les mains le premier tome d’un cycle romanesque poignant se situant dans la capitale du royaume Parangon. Chacun des ouvrages se lit indépendamment et vous immerge dans la cité titanesque à différentes époques de son histoire tumultueuse.

    Après l’univers médiéval-fantastique de L’Orbe sacré, Atlantéïs poursuit et confirme son élargissement à tous les sous-genres de la fantasy pour adultes avec ce cycle fort empruntant à la dark fantasy et au steampunk.

    Camille Anssel signe là son premier roman, ce que sa plume déjà acérée ne laisse pas deviner. Vous avez aimé le langage cru et l’ironie mordante de Joe Abercrombie ? La perspective sociale de Patrick Rothfuss ? Vous allez adorer suivre les aventures de Lana Monzimmer, princesse déchue en quête de justice, en éclectique compagnie dans un contexte à la fois personnel et politique tortueux.

    Un univers riche et mystérieux où l’auteur nous emmène avec humour noir dans une enquête au rythme effréné et efficace sur fond de tensions diplomatiques, trahison, vengeance et misère sociale.

    Faustine Galicia

    Directrice de la collection Atlantéïs

    Un vieil ami

    Le téléphérique se gondola une dernière fois au-dessus de la ville avant de s’immobiliser sur le parvis du bâtiment. Je lançai une pièce au liftier, posai ma botte sur le trottoir et jetai un coup d’œil à l’immeuble. Une merveille en tuffeau, avec des statues d’ornementation dont la plus minable devait coûter dix ans de mes émoluments. La demeure du Grand Bishery était une écœurante démonstration de sa fortune. Patrek Bishery ! L’homme qui avait dormi dans la boue, dévoré du foie de cheval et craché ses dents au visage du vieux Sakim ! Les gens changent, il paraît.

    Le portier était un grand gars nanti d’un haut-de-forme rouge, raide comme un piquet dans la brume matinale.

    — Je viens voir Patrek Bishery, dis-je.

    Le type pinça ses lèvres pour me grimacer toute l’étendue de son mépris. Magnifique.

    — Monsieur Bishery convoque, Mademoiselle. Il ne reçoit pas.

    — Il fera une exception, mon grand.

    Je lui collai mon badge de Condo sous le nez. Un faux bien sûr, mais ce qui se faisait de mieux dans le genre. La fine plaque de cuivre gravée produisit l’effet escompté : les traits du cerbère s’affaissèrent d’un coup. Il se précipita pour m’ouvrir la porte.

    Un domestique m’accompagna jusqu’à un petit salon. Deux fauteuils en velours brun faisaient face à la cheminée, au-dessus de laquelle trônait un tableau monumental de Patrek lui-même, chargeant l’ennemi sur son cheval en armure. Le Grand Bishery ! Ça m’aurait fait rire si je n’avais pas aussi fait partie de la farce, quelque part.

    Patrek était là, la chemise défaite, les poils du torse aussi drus que ceux de sa barbe, l’œil rouge, l’haleine chargée.

    — Ma petite Lana ! Quel plaisir de te voir ! Qu’est-ce que tu viens faire ici ?

    — Tu devais te présenter ce matin à mon bureau.

    L’épave humaine regarda autour de lui comme s’il venait de réaliser dans quel état il se trouvait. Ses doigts énormes tentèrent un instant de boutonner sa chemise avant de renoncer face à l’ampleur de la tâche.

    — Je me sentais barbouillé et…

    — Menteur !

    Je n’avais pas voulu crier – surtout pas cette espèce de gémissement éraillé de bourgeoise colérique. J’étais Lana Monzimmer, bon sang ! Mon nom faisait trembler dans les chaumières ! Avant qu’un début de sourire ironique ait le temps de se dessiner sur le visage de Patrek, je lançai une gifle en direction de sa joue. Peut-être que mon mouvement manquait de conviction, peut-être que Patrek était plus rapide que moi. Sa grosse pogne se détendit et m’immobilisa le bras plus vite que la langue du crapaud attrape la mouche.

    Patrek approcha son visage du mien et expira un souffle si épais que l’on aurait pu le découper en tranches.

    — Lana, ma petite, si tu me frappais devant mes domestiques, je serais obligé de t’écrabouiller la tronche.

    J’aurais voulu que mon haleine soit encore plus âpre que la sienne, mais c’était un combat perdu d’avance.

    — Ce serait offenser les dieux de priver l’humanité de mon joli visage, dis-je.

    Il partit d’un grand rire dont lui seul avait le secret – toutes ses dents de traviole exposées, son œil gauche complètement désaxé. Un rire trop fort, un rire faux et menaçant. Je l’avais déjà vu rire comme ça pour intimider des prisonniers. Je l’avais déjà vu rire comme ça alors qu’il décapitait des prisonniers. C’était la guerre.

    — Ah ah ! Les dieux ! Sacrée Lana ! La Princesse Sanguinaire !

    Il lança à la cantonade :

    — Apportez-nous du café et laissez-nous tranquilles.

    Il me fit signe de m’asseoir et s’effondra à son tour sur un fauteuil qui résista par miracle à l’assaut.

    — Ce n’est pas pour parler du bon vieux temps que tu es là, pas vrai ?

    J’attendis que le valet remplisse ma tasse et ferme la porte derrière lui avant de répondre.

    — Le bon vieux temps ?

    Il haussa les épaules.

    — Mes amis étaient vivants.

    Je laissai l’amertume du café m’imprégner le palais. Que Patrek évoque avec nostalgie les mois de campagne avec la Horde en disait long sur son désespoir. Son œil s’alluma soudain :

    — Est-ce que tu m’as dégoté une entrevue avec la Reine ? J’attends toujours des nouvelles au sujet de la statue de Mim…

    — La Reine t’a oublié, Patrek. On célèbre les héros une semaine, un mois ou deux peut-être, et puis ils ne servent plus à rien alors on les oublie.

    Il se rembrunit – une belle prouesse vu sa trombine de mort-vivant.

    — J’aimerais croire que c’est ton cynisme habituel qui parle, mais je dois reconnaître que je n’ai plus été invité au Palais depuis un sacré bout de temps.

    — La vie mondaine, ce n’est pas ton truc.

    — Comment ? Je suis la mondanité même ! Je vis sur la ville haute ! J’ai mon propre téléphérique à vapeur ! J’ai des serviteurs bordel !

    — Tu as dragué la grand-mère Filssi, tu as bu ton champagne au goulot, tu as renversé tes petits fours sur…

    — C’était une célébration en mon honneur ! Et c’est la vieille Filssi qui me faisait du gringue !

    Il se massa les tempes.

    — C’est pour m’énumérer toutes mes erreurs que tu voulais me voir, Lana ?

    — Je suis sur une affaire difficile. J’ai besoin de toi.

    Sa grosse lèvre trembla d’incompréhension.

    — Je t’avais bien dit de prendre l’or. Je te l’avais dit Lana ! Tu avais le choix entre une retraite dans l’opulence ou une palanquée de sacs de nœuds à démêler, et il a fallu que tu choisisses la deuxième proposition !

    Inutile de chercher à lui expliquer. J’étais née riche, avec des parents inquiets de pouvoir contrôler mes moindres faits et gestes. Il était né pauvre, avec une mère inquiète de pouvoir remplir la marmite du soir.

    — Dix-huit corps trouvés ce matin, enchaînai-je. Neuf femmes, trois fillettes, quatre garçons, deux hommes.

    — Ça fait bien dix-huit, dit-il en s’astiquant les chicots du bout de l’ongle.

    — C’est le quatrième charnier que l’on découvre. Il faut que tu viennes voir ça.

    — J’aimerais pouvoir t’aider, Lana… Ce qui me déciderait à coup sûr, ce serait d’être invité à la prochaine réception de la Reine. Tu as tant de contacts, je ne te demande pas la lune !

    Je savais que c’était la faveur qu’il me réclamerait et je lui avais déjà obtenu une invitation. Par égard pour la notion de marchandage, je produisis tout de même une longue expiration.

    — Je peux sans doute arranger quelque chose. Mais tu auras intérêt à bien te tenir.

    — Bien me tenir ? Je vais enchanter toute la compagnie, ma petite Lana ! Je ne serai que bonnes manières et valse à trois temps ! Je t’ai dit que j’avais un professeur de danse attitré ?

    Je crachai sur le parquet et tendis ma main.

    — Marché conclu.

    Il m’étreignit les doigts et hocha sa grosse tête, ravi de cette occasion de retrouver la vie mondaine. Il ne savait pas que je l’embarquais dans sa dernière aventure.

    La ville basse

    Je traînai le Grand Bishery jusqu’au fond d’une impasse lépreuse, surplombée de passerelles étalant leurs ombres sur le pavé. La ville basse ! Toujours grouillante et gorgée de détritus, toujours à se convulser dans une indéfinissable odeur de désespoir.

    Il y avait longtemps que le soleil avait déclaré forfait sur ces territoires, des ruelles enchevêtrées les unes sur les autres et des caniveaux clapotant leurs aigreurs sur toutes les anfractuosités. L’essentiel de la population de Mélua s’amoncelait ici, au pied des hautes tours, comme autant de spectres recroquevillés contre la pierre froide.

    J’ai toujours détesté Mélua. La capitale du Royaume me faisait penser à une horrible mégère parée de mille bijoux. Enorgueillie à l’extrême par ses prouesses architecturales, la ville refusait de voir que ses fondations étaient pourries. Les riches projetaient leur dédain sur les étages inférieurs depuis leurs téléphériques se croisant entre les cimes, et le peuple lui-même était si étourdi par le faste de la ville haute qu’il en oubliait d’être offusqué par son arrogance. Chacun ne trimait que dans l’espoir égoïste de s’élever à l’étage du dessus, de sorte à pouvoir piétiner à son tour.

    La ville basse ! Patrek déambulait dans cette misère coagulée vêtu d’une belle chemise bouffante. Cela ne me surprit pas lorsqu’un enfant tenta de glisser sa main dans la poche de son pantalon.

    Si le garnement avait reconnu le héros de la Horde, il y aurait sans doute réfléchi à deux fois. La main de Patrek se propulsa sur le poignet du voleur à la tire qui se retrouva aussitôt soulevé de terre. Patrek le fixa de sa prunelle éclatée et lui mitrailla le visage de postillons :

    — Je vais t’épingler au mur, CAFARD !

    L’expression faciale du gamin dépassait la terreur. Patrek lui asséna une gifle monumentale.

    — JE VAIS T’ÉPINGLER…

    Je posai une main ferme sur le bras de mon ami.

    — Repose-le.

    La respiration du Grand Bishery se modéra et il consentit à lâcher sa proie qui s’effondra sur le pavé.

    Je posai un genou au sol pour me mettre au niveau de l’enfant.

    — Ça va, petit ? Excuse mon ami, il n’avait pas à te frapper.

    Le gosse m’accabla de son regard d’animal blessé, un filet de sang au coin de la lèvre. Sans doute qu’il s’était mordu la langue.

    Je tournai le menton en direction du Grand Bishery.

    — Donne-lui un sou.

    — UN SOU ? C’est une raclure de…

    Je me levai d’un bond.

    — Ça ne t’autorise pas à lui déboîter la mâchoire !

    Ma voix s’égara dans les aigus lorsque je répétai plus fort :

    — Je t’ai dit de lui donner UN SOU !

    Patrek leva les yeux au ciel et jeta une piécette au gamin qui s’en saisit et déguerpit sans demander son reste.

    Le Grand Bishery me dévisagea de son œil bancal.

    — Tu te ramollis drôlement, Princesse.

    Je ne répondis pas, préférant le laisser se vautrer tout seul dans ses diatribes, et nous arrivâmes enfin au bout d’une venelle en pagaille. Coincée entre deux charpentes moulues, une porte métallique était flanquée de deux gardes. Deux hommes en armes à la livrée rouge et noir, qui surveillaient le dernier charnier en attendant que celui-ci soit nettoyé.

    Ils nous laissèrent passer et Patrek se mua aussitôt en cochon truffier. Il débusqua les corps nus empilés dans la pièce – une cage à poules qui sentait la charogne – et remua sa grande carcasse dans tous les recoins de la cave. Il reniflait, jurait, passait ses doigts dans ses longs cheveux gras, tentait en vain de chasser les mouches qui bourdonnaient sur les ventres putrides.

    Patrek se redressa et mordit dans une pomme. Le jus coula sur sa barbe.

    — Je peux déjà te dire qu’il y avait plusieurs égorgeurs, et des besogneux, parce que c’est un sacré boulot. Personne n’a été écorché ici. Il n’y a pas de sang. Je te parie, ma petite Lana, que les corps ont été déplacés dans ce charmant cellier parce qu’il fait frais, ce qui veut dire une décomposition des chairs plus lente, ce qui veut dire que ça met plus longtemps à sentir et à être découvert. Tu m’as suivi ?

    — Je te suis d’autant mieux que je t’ai précédé. Comment peux-tu manger dans un endroit pareil ?

    Patrek posa un genou au sol à côté d’une dépouille.

    — J’ai préparé un banquet pendant le siège de Memeth, je te rappelle.

    Il s’essuya les lèvres du revers de la main.

    — Et puis c’est tout sauf un carnage. C’est propre ! On a vu pire, non ? On a occasionné pire ! Tu te rappelles ? La ville de Darhan ?

    Le souvenir me comprima le ventre. Oui je me souviens, merci.

    — C’était la guerre, soufflai-je.

    Il hocha la tête.

    — Ce qui m’intrigue le plus, ce sont les aisselles.

    Patrek souleva le bras d’une dépouille. Toute la partie intérieure était découpée, les côtes supérieures étaient à nu.

    — Ça, c’est foutrement curieux.

    — Les yeux et les langues arrachés, ça interpelle aussi, non ?

    — Tirer sur un œil et découper une langue, c’est un jeu d’enfant. Racler les dessous-de-bras comme ça, c’est autre chose. Diablement curieux.

    Il se massa les tempes avec ses doigts poisseux, s’étalant encore davantage de sang sur la figure, puis chuchota pour ne pas être entendu par les gardes en faction :

    — Tu as chouravé un corps pour regarder à l’intérieur ?

    — J’en ai un au bureau. C’est spectaculaire à l’intérieur, répondis-je sur le même ton.

    Il opina du chef, l’air grave. Je venais de lui avouer que je profanais les cadavres, un crime bon à vous envoyer passer quelques années dans les geôles de la Citadelle. Circonstance aggravante : j’avais utilisé mon faux badge de Condo pour convaincre les gardes de me laisser embarquer l’une des victimes. C’est fou ce que cette petite plaque me facilitait la vie.

    — Bien ! dit Patrek. En vertu de notre ancienne camaraderie, j’ai accepté de venir contempler tes immondices. À présent que c’est chose faite, si tu veux bien m’excuser…

    — Avec ceux-là, ça fait cinquante victimes. Quatre scènes de crime découvertes en deux semaines, mais je n’avance à rien. Passe au moins à mon bureau.

    Il haussa les épaules.

    — Pas mon problème. Et puis, j’ai à faire ! Il faut que je me rende chez mon tailleur, je n’ai rien à me mettre pour la réception de la Reine !

    — Le tailleur ! Tu fais bien de m’y faire penser ! C’est une réception qui aura pour thème une couleur bien particulière. Les malheureux invités qui ne revêtiraient pas la teinte exacte auraient l’air de parfaits couillons.

    Sa grosse bouille se renfrogna.

    — Tu me diras pas la couleur.

    — La réception est la semaine prochaine, ça te laisse largement le temps de gagner cette information.

    Il se saisit la voûte du nez entre le pouce et l’index.

    — Ah… Lana, Lana. Je ne comprendrai jamais pourquoi tu refuses de rester peinard. Laisse donc la Garde s’occuper de ça ! On a assez donné pour le Royaume, tu crois pas ?

    — Rester peinard ? Avec des charniers qui fleurissent dans chaque recoin de Mélua ?

    Il leva les yeux au ciel.

    — D’accord, d’accord. Mais tu me promets de m’accompagner à la réception royale et de me présenter du beau monde ! Promis craché !

    Lana Monzimmer, Affaires spéciales

    Mon bureau était niché dans un ancien bastion réaménagé en immeuble. Il culminait à une dizaine de mètres au-dessus de la ville basse, ce qui était tout juste acceptable pour mes clients, des petits-bourgeois pour la majorité. En haut des escaliers conduisant à mon office, j’avais fait poser une simple enseigne en cuivre, la modestie même. Le texte était un chouïa plus prétentieux :

    Lana Monzimmer

    Éclaireuse de la Horde(Décorée par la Reine)

    Affaires spéciales

    À l’époque, j’avais laissé un espace vide, pour la mention Condo à venir. Quelques semaines d’adulation débridée par une foule me portant aux nues, toute la bourgeoisie me faisant livrer des roses, ça m’avait rendue optimiste. J’étais vite redescendue sur terre. Quelques mois seulement après le retour de la Horde au Royaume, les héros étaient devenus un souvenir embarrassant.

    Le Connétable m’avait expliqué que la Reine ne pouvait pas nommer plus d’un Condo par an, et que, par voie de conséquence, je le regrette, c’est impossible cette année. D’ailleurs, c’est une lourde responsabilité de porter ce badge, pensez donc ! L’autorité absolue au sein du Royaume ! Une dévotion corps et âme envers la Reine ! Finalement, est-ce une bénédiction ou une malédiction ? Reparlons-en dans un ou deux ans, trois années tout au plus !

    C’est là que j’avais compris que je m’étais fait avoir.

    Je ne deviendrais jamais Condo. J’allais rester Détective. La licence était minable, délivrée

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