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La Mésange
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Livre électronique77 pages1 heure

La Mésange

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À propos de ce livre électronique

Un jeune garçon timide filme le monde et le fantasme. Le bandeau rose de Sophie lui permettra finalement d’accéder à une certaine forme de réalité.

LangueFrançais
Date de sortie7 août 2015
ISBN9781311954312
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    La Mésange - Paul Souleyre

    1. Le nid

    Pedro déposa l'assiette de vers de terre sur le rebord de sa fenêtre, et la caméra à la main, attendit que la mésange se montre.

    Il faisait cela souvent. Une trentaine de photos étaient ainsi fixées sur les murs de sa chambre : des oiseaux, des arbres, des fleurs, des cailloux et de nombreux visages d'inconnus pris sur le vif, à leur insu. Il tentait par tous les moyens de saisir quelques instants fugitifs de la vie quotidienne, quelque chose comme des petits miracles auxquels il donnait parfois le nom d'éphémères. Les éphémères se faisaient malheureusement de plus en plus rares ces temps-ci, peut-être parce qu'il devenait lui-même de plus en plus exigeant avec eux, peut-être parce que les éphémères eux-mêmes émergeaient à peine de leur hibernation. Quelle qu'en soit la raison, il n'était plus possible de compter sur le hasard pour lui rapporter un éphémère quelque peu consistant, le meilleur moyen de retrouver un minimum de chance était de la provoquer.

    Il avait donc décidé de filmer à la main et en continu l'assiette contenant les vers de terre ; au bout d'une demi-heure, son bras lâcha, saisi en traître par une crampe qu'il n'avait pas sentie venir. Ce n'était pas la bonne solution. La petite table près de son bureau ferait beaucoup mieux l'affaire ; il n'avait qu'à la déplacer un peu et y poser sa caméra. Il se trouvait bête de ne pas y avoir pensé plus tôt. L'idée lui aurait évité cette horrible douleur à l'épaule. Enfin, c'était du passé, il allait laisser tourner la machine *après tout, c'était son travail) et se reposer bien tranquillement dans le fauteuil que ses parents venaient de lui offrir.

    Il était presque assoupi lorsqu'un léger bruit le réveilla. La mésange venait d'atterrir sur le rebord de la fenêtre. Elle n'osait pas encore attaquer son repas et ses yeux fixaient Pedro qui la fixait lui-même, immobile. Aucun des deux n'osait engager la conversation. S'apercevant finalement que le garçon ne lui voulait pas de mal la mésange s'approcha de l'assiette, et d'un violent coup de bec, s'empara d'un premier ver de terre. Celui-ci se mit à gigoter dans tous les sens à la recherche d'une issue de secours, mais l'oiseau le tenait beaucoup trop fort. Son destin était joué, il finirait son existence dans le gosier d'un oisillon. La mésange disparut dans les airs, la proie fermement coincée dans son bec. Le stratagème avait bien fonctionné. Pedro avait maintenant pas mal de temps devant lui pour profiter du spectacle. La mésange voyagerait jusqu'au dernier vers de terre.

    Il était depuis longtemps à la recherche de son nid. Il avait fait le tour du quartier à vélo des dizaines de fois sans pouvoir mettre la main dessus, mais il se refusait à abandonner la partie. Il fallait bien que cette mésange loge quelque part ! Et puis il n'était pas du genre à laisser tomber à la première difficulté. Il en avait vu d'autres, des oiseaux de son espèce qui aimaient le cache-cache, aucun n'avait eu le dessus. Cette mésange était coriace, certes, mais lui aussi !

    La caméra tournait toujours et ne semblait pas le moins du monde déranger l’oiseau qui faisait maintenant de nombreux aller-retour. Pedro avait envie de se lever et de suivre son trajet pour tenter de repérer le nid, au loin. Mais il savait que si la mésange l'apercevait à la fenêtre, elle ne prendrait plus le risque de s'aventurer chez lui. Il ne la reverrait plus.

    Enfin, il n'y eut plus de ver de terre dans l'assiette. La mésange jeta un œil sur le garçon comme pour lui demander une ration supplémentaire. Pedro n'osa pas bouger de peur de l'effrayer, mais le résultat fut le même : la mésange s'envola, probablement déçue par un tel manque de savoir-vivre. Lorsqu'il comprit qu'elle ne reviendrait plus, Pedro appuya sur le bouton « stop » de sa caméra et lança l'ordinateur. Il était temps de passer aux choses sérieuses et regarder ce que la machine avait pu retenir du petit événement qui venait de se produire, de cet éphémère minutieusement préparé et plutôt réussi.

    Quelques minutes suffirent à transférer le film sur le disque dur de l'ordinateur et Pedro put enfin regarder à loisir la petite scène qui avait duré à peu près un quart d'heure. Il chercha une image nette de la mésange portant son regard sur l'objectif puis fit une capture qu'il récupéra dans sa visionneuse. Après avoir recadré l'oiseau, il décida que la photo était parfaite et la tira à l'imprimante. Il avait hâte de pouvoir l'accrocher au mur, en bonne place, à côté de ses autres chefs d'œuvres. C'était quand même la première fois qu'il planifiait un éphémère !

    En punaisant la photo, une petite tache floue, au loin, derrière la mésange, attira son attention. À quoi pouvait bien correspondre cette tache marron dans le paysage ? La photo agrandie à l'imprimante avait perdu de sa netteté, il fallait revenir à l'original, c'est-à-dire au film. Il repassa les différentes séquences et reconnut plusieurs fois de suite la petite tache dans le lointain.

    Il finit par sursauter ! Ce qu'il voyait à l'horizon, c'était tout simplement le nid de la mésange !… Mais un nid dangereusement penché.

    Il avait dû tomber depuis une branche supérieure et ne tenait plus que par un fil, une brindille. Pedro imaginait les oisillons, tremblants de peur et d'incompréhension devant ce terrible changement d'horizontalité, le bec grand ouvert, en attente de leur nourriture et criant à tue-tête ! C'était horrible ! Il

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