Un curieux chat

Arrivée sur le palier, Julia posa les sacs en plastique contenant ses provisions pour la semaine. Elle fouilla dans son sac à main à la recherche de ses clés.

Les sept étages menant à son petit deux-pièces commençaient à la fatiguer sérieusement.

Elle songea que pour le prochain appartement, l’ascenseur serait une de ses priorités.

Jolie blonde de 27 ans, sportive, indépendante et bien dans sa peau, Julia aimait les toits de Paris, les cieux tourmentés, les petits vieux dont l’œil pétille d’une vie bien remplie, les félins – du plus modeste au roi de la savane – les mots et le langage qui ne s’encombre pas de fioritures, et surtout sa grand-mère Nanny, à l’énergie débordante et au rire généreux. La musique baroque l’apaisait et les voix de Bette Midler, Janis Joplin, Amy Winehouse et tous les grands écorchés lui tiraient des larmes.

Julia aimait la vie et son métier de secrétaire de rédaction dans un groupe de presse.

Enfin, elle ouvrit la porte, déposa ses sacs sur la table de la cuisine et appela son chat.

– Bô… Viens mon gros! Je t’ai acheté une boîte des gâteries au saumon… Elle sortit la boîte de croquettes d’un des sacs et la secoua.

Dès qu’il entendait le bruit des croquettes fourrées, son chat arrivait illico en poussant un miaulement gourmand.

Mais ce jour-là, silence.

Elle secoua de nouveau la boîte, le matou resta invisible.

– Et alors ? Pourquoi ne viens-tu pas ? Tu es devenu sourd, Bô ? La boîte à la main, vaguement inquiète, Julia sortit de la cuisine et se dirigea vers le salon. Ce n’était pas dans les manières de son félidé rouquin de bouder ce qu’il réclamait d’habitude avec force minauderies. Mais dans le salon, pas de chat. Elle l’appela. Toujours rien. Elle regarda dans les endroits où il se planquait parfois pour dormir : rien. Un juron venu du dehors la fit alors sursauter. Elle s’approcha de la fenêtre ouverte donnant sur un balconnet. Intriguée, elle