Jours de neige: Recueil de nouvelles percutantes

Par Claire Mazard

La candeur de Lucienne, les excentricités de Dark Vador, la fierté de Flora, la colère de Pierre…

À travers des héros ordinaires ou extraordinaires, Claire Mazard nous invite à partager l’univers de personnages attachants, dans des histoires pudiques mais sans concession qui racontent les joies et les peines des petits et des grands.

Des récits courts mais efficaces qui évoquent la réalité de la société actuelle.

EXTRAIT DE PALAIS DE LUMIÈRES

Autour du palais, les guirlandes lumineuses devaient représenter des gigantesques animaux, des rennes tirant un traîneau, des chevaux traînant un carrosse, des fontaines crachant des jets de lumière… L’ensemble se devait d’être féérique.
Les jours précédents, des essais avaient eu lieu mais par morceaux : le palais, puis le carrosse. Aujourd’hui, toutes les guirlandes d’ampoules – palais, carrosse, traîneau, fontaine – s’allumeraient ensemble.
Combien d’ampoules avaient été suspendues ? 3 000 ? 4 000 ?

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Six histoires courtes et percutantes sur notre société et ses dysfonctionnements. [...] À lire absolument ! - Blog Nouveautés Littérature Jeunesse

Ces nouvelles se donnent bien comme objectif de nous faire réfléchir à qui nous sommes et ce que nous voulons. Un recueil accessible aux ados, mais qui a toute sa place auprès des adultes. - Blog leslecturesdeladoc

À PROPOS DE L'AUTEUR

Claire Mazard a écrit une cinquantaine de récits pour la jeunesse, pour enfants dès 7 ans, mais surtout pour les adolescents. Ces récits sont des policiers, des souvenirs, de l’aventure ou des romans basés sur des faits de société. Elle habite Paris, un petit coin tranquille, où elle se plaît à écrire. Elle est notamment l’auteure de L.O.L.A. (Flammarion, 2010) et de L’absente (Syros, 2008).

À PROPOS DE LA COLLECTION

La collection Rester vivant est constituée de nouvelles et de romans qui parlent du monde d’aujourd’hui, en abordant sans détour les questions écologiques, sociales et éthiques qui émergent au sein de la société dans laquelle nous évoluons. Elle s’adresse en priorité aux pré-ados, aux ados… et plus généralement à tous les lecteurs qui résistent encore à l’asservissement des esprits, quel que soit leur âge. Ces livres ont pour ambition, en plus d’attiser l’imaginaire du lecteur, d’éveiller son sens critique et de poser un regard incisif sur nos comportements individuels et collectifs.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Muscadier
• Date de sortie: 16 févr. 2017
• ISBN: 9791090685802

Aperçu du livre

6 décembre 2O14

trait

Quatre stations encore et le RER arriverait à Bry-sur-Marne. Pour la troisième fois, Lucienne sortit son miroir de poche. Ce courant d’air, au démarrage de la rame, ne l’avait-il pas décoiffée ? Pourvu que la météo ne se soit pas trompée, pourvu qu’il ne pleuve pas. Elle tapota sa permanente. Ça serait trop injuste. Quatre heures passées la veille chez le coiffeur. 100 euros !

— Ne vous inquiétez pas, vous serez très bien, Madame Lucienne.

Dans le salon de coiffure, toutes l’enviaient.

— Les cartes d’identité, Robert, je les ai oubliées !

Affolée, elle fouilla son sac, puis eut un petit rire. Qu’elle était sotte, elle venait de vérifier dix minutes plus tôt. Le règlement était strict : sans carte d’identité, sans carte de Sécurité sociale, impossible d’entrer. « D’où l’utilité d’une carte d’identité », songea-t-elle, et elle se félicita de les avoir renouvelées à temps.

Sélectionnée ! Parmi les vingt mille lettres qu’ils recevaient par jour, ils avaient retenu sa candidature.

Elle posa sur son mari, assis à côté d’elle, un regard satisfait. Au-dessous de l’article 18 qui clôturait le contrat – « Les frais de transport, d’hébergement et de restauration sont à la charge exclusive des candidats » –, la petite phrase lui avait sauté aux yeux : « Il est vivement recommandé aux militaires et aux gendarmes, candidats ou spectateurs, de venir en uniforme. »

Dans le sien, son Robert était tout simplement superbe. Il paraissait à peine quarante ans avec sa moustache d’ébène. Il avait pu – Dieu soit loué – obtenir une journée de RTT pour l’accompagner et – Dieu merci – la RATP ne faisait pas grève comme prévu. N’importe quel jour mais pas celui-là !

— Plus qu’une station, murmura-t-elle.

Le 3 février 2007. Le 9 octobre 2009. Lucienne aimait se réciter les jours. Désormais, elle pourrait ajouter le 6 décembre 2014.

Gare de Bry-sur-Marne.

Elle se leva comme un ressort.

* *

*

— Mettez-vous tous à la queue. Nous allons vérifier votre identité et vous distribuer un logo avec votre prénom.

Des cars entiers, venus de province, se déversaient et grossissaient la longue file déjà formée. Lucienne et Robert se faufilèrent derrière un couple à l’accent marseillais. L’attente commença – interminable.

— Vu le nombre de personnes, z’ont bien fait de nous convoquer à sept heures du matin, souffla Lucienne à Robert.

Véritable embouteillage. Les chaussures glissaient, freinaient, redémarraient.

— On va gagner ! scanda soudain une voix pour tromper l’attente.

Aussitôt, des rires complices fusèrent.

La bonne humeur éclairait les visages et Lucienne se sentit bien. Tous ces gens, à la file, les uns derrière les autres, qui ne s’étaient jamais vus, rassemblés par le même idéal, semblaient se connaître depuis toujours. C’était formidable.

Elle s’avança avec Robert.

— N° 132.

Son badge était rose. Rose, sa couleur porte-bonheur !

Un des organisateurs l’arrêta :

— Voyons, Madame, vous ne vous êtes pas regardée ! Votre gilet, ôtez-le !

Elle se fait un peu