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Arrêt à Ré: Roman
Arrêt à Ré: Roman
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Livre électronique131 pages1 heure

Arrêt à Ré: Roman

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À propos de ce livre électronique

En plein cœur de l'île de Ré, suivez les embrouilles de Pedro au sein du collège où il travaille.

Une nouvelle aventure de Pedro : dès que Pedro met son nez dans une embrouille, la faucheuse suit avec sa carriole de macchabées frais, d’autant plus frais que le dernier sort du congélo.
Le drame se noue dans l’île de Ré, sous l’œil bovin des ânes sans culottes et des cyclistes sans sel, au sein de son sanctuaire spirituel, le collège « Les Salières ».
D’où, forcément, un Arrêt à Ré.

Un drame pour les amateurs de macchabées bien frais !

EXTRAIT

― Quand t’auras fini, appo’te moi les pâtes, l’sont dans l’magasin, puis la sauce, dans les boîtes du dessus, puis les épices dans les p’tites boîtes à gauche et l’huile d’olive dans les bouteilles en bas, pendant qu’tu y es le sel et l’poivre, tu mets tout sur le chariot d’vant toi. Presse, ma poule, t’es à la bourre. À sa connaissance, jamais Pedro n’avait été appelé « ma poule ». Cet individu lui ouvrait des perspectives inexplorées jusqu’à aujourd’hui. Il était temps que le chef termine sa deuxième boîte de pâté, se penche, sans tomber, sur le bas peuple affamé, que les enfants se tartinent de sauce tomate pour que lui, Pedro, aille tranquillement à la chasse aux renseignements dans le reste de l’établissement.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Villeneuve-sur-Lot, Philippe Garenne a longtemps guidé l’unique collège de Ré la blanche vers l’orgasme budgétaire et financier. Revenu sur le continent, il arpente les quais de La Rochelle et les allées du château de Périgny à la recherche de l’inspiration… parfois, il la trouve.
LangueFrançais
Date de sortie6 mars 2019
ISBN9782378779474
Arrêt à Ré: Roman

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    Aperçu du livre

    Arrêt à Ré - Philippe Garenne

    Avant-propos

    La Rochelle, capitale de la Charente inférieure vers huit heures trente du mat…

    Regardez ce fier bipède qui marche prestement vers un destin glorieux. Il est grand, mince, beau dans son petit costume ajusté. Son large front d’intellectuel transpire la réussite. Le monde libéral est fait pour lui. Il toise d’un regard blasé, les deux tours de La Rochelle, éclaire son visage mangé par une barbe de trois jours, d’un sourire carnassier de vegan repenti. Ça va chier des bulles, ce monde d’assisté n’a qu’à bien se tenir !

    Horreur et damnation ! Une mouette indélicate a laissé échapper une fiente visqueuse sur le pavé de vieux port. Notre homme, trahi par son talon, glisse et s’étale de tout son long. La tête, irrésistiblement attirée vers le sol, plonge dans une flaque d’eau alimentée par l’urine des fêtards nocturnes et les déjections molles de chiens errants.

    Une mouche bleue, dérangée dans son festin, s’envole bourdonner avec ses congénères, au-dessus d’un rat crevé.

    Cet homme n’est pas Pedro.

    Regardez ce mec à la combinaison fluo et aux baskets sur coussins d’air. Il court, d’une foulée saccadée, à la poursuite de sa jeunesse qui s’est fait la malle sans demander son reste. Il est tracté par un chien abruti. Un tel concentré de bêtise et de fidélité dans un cerveau si petit tient du prodige. Darwin a encore frappé !

    À hauteur de la grosse horloge, en face de la statue de l’amiral Duperré, les deux mammifères reprennent leur souffle en attendant la crise cardiaque qui les délivrera d’une vie inutile.

    Ce sportif haletant, lui non plus, n’est pas Pedro.

    Mais alors, me direz-vous, avec l’esprit d’à-propos qui caractérise le lecteur averti, qui est Pedro ?

    Regardez ce flâneur qui contourne sans un regard le bellâtre assis par terre en train de se nettoyer la face avec un mouchoir blanc en signe de trêve.

    Regardez ce promeneur nonchalant qui souffle sa fumée de cigarette sur le forçat du footing et donne un coup de pied au chien en signe de supériorité du maître sur l’esclave.

    Le gars en question, grand, mais pas trop, mince, mais pas trop, les bras encombrés d’une cagette pleine de poissons frais achetés au marché, va rejoindre le restaurant dont il est l’heureux propriétaire, Le dragon d’or. Ses cheveux mi-longs poivre et sel annoncent la cinquantaine, La mâchoire carrée indique une certaine force, adoucie par de petits yeux gris et rieurs et un sourire satisfait sur les lèvres.

    Cet homme est notre homme.

    Un beau jour, Jean-Pierre Laville avait décidé de s’appeler Pedro. Un caprice de star ? Non, simplement la lecture d’un titre de livre, La vie est un songe, de Pedro Calderón de la Barca. Où s’arrête l’illusion, où commence la réalité, l’existence n’est-elle qu’un rêve ? Le thème lui avait plu, le prénom de l’auteur aussi.

    Il avait ramené d’un séjour à la Réunion, île française de l’océan Indien, l’amour de sa vie, Li, une jolie Chinoise, légère comme une chemise de lin, au caractère solide comme une corde de chanvre. La jeune femme était la mère d’une adorable enfant, Luan, et la fille de l’abrupte Yu, avec qui la coexistence n’avait rien de pacifique.

    Avec quelques économies et l’héritage de ses parents, Pedro avait acheté un restaurant, Le dragon d’or, enseigne réputée de La Rochelle. Aidé d’Avotra, le commis malgache, il faisait fructifier le commerce et coulait des jours heureux à Périgny, ville de la banlieue rochelaise. Sauf que la vie n’est pas toujours aussi simple…

    Du même auteur :

    Hortense et Marie-Jeanne:

    Membres émérites d’une association de malfaiteurs, Pedro et ses potes se sont entre-tués pour une sordide histoire de gros sous partis en fumée et de cannabis mal encoffré. Pas de tune, c’est la galère, plein de tunes c’est l’ivresse, trop de tunes c’est la gueule de bois. Le couteau et le poison eurent leur mort à dire.

    Geneviève et Pedro:

    Tel Lazare en jupette, une occise de l’exercice précédent réapparut. Miracle ou hallucination ? Pedro découvrit, dans un laboratoire clandestin cubain, que le génie génétique n’était pas le génie qu’on croit. Et le nouveau président de la République, alors ? Esprit ou démon ?

    Pedro et Saint Expédit:

    Li, la femme de Pedro, était en train de perdre la tête. Une seule solution, s’agenouiller et prier saint Expédit. Mauvaise idée ! Ici, Saint Expédit est le surnom d’un Réunionnais, un yab qui veut se faire la malle du pénitencier de l’île de Ré.

    Les filles de La Rochelle, il s’en fout un peu, ce qu’il veut, c’est jouer les filles de l’air.

    1

    Le petit chat noir et blanc pénétra dans le jardin par un trou de souris du grillage. Le ventre à terre, il contourna prudemment l’épais feuillage de la haie et progressa à pas de loup sur la pelouse, méprisant les mauvaises herbes. Il se figea à la limite de la terrasse. De là, il ramena sa queue autour de son arrière-train et scruta les mouvements suspects.

    Rassuré, il reprit sa marche en avant vers la main qui pendait d’une chaise longue. La main était rattachée à un primate humanoïde à la respiration lente et régulière. Un ronflement désagréable s’échappait de sa bouche entrouverte et troublait la sérénité des lieux.

    Heureusement, si les meilleures choses ont une fin, les plus mauvaises aussi.

    Pedro émergea de sa sieste.

    Il vit l’animal.

    Le chat l’observait de son air qu’ont tous les chats de juger leurs colocataires mammifères. À l’ombre de son parasol, Pedro tendit la main. Le félin s’approcha, renifla, se laissa caresser le haut du crâne, puis, jugeant les amabilités suffisantes, se recula d’un mètre et entreprit sa toilette. Il passa sa patte droite au-dessus de son oreille droite, sa patte gauche au-dessus de son oreille gauche, s’assit et promena sa langue rugueuse sur les poils de son ventre.

    Il se jugea présentable.

    En était-il de même pour le Sapiens affalé devant lui ? Il s’approcha de nouveau, se laissa caresser le dos. Il s’allongea de tout son long, offrant son flanc au grattage des doigts de son interlocuteur. Enfin, content de la prestation de son partenaire, il se roula en boule et entama un sommeil réparateur. Il avait trouvé un territoire et un bipède pour le servir. Plus tard, il aborderait la question des repas et du gîte pour la nuit, à l’intérieur de la maison de préférence. La négociation ne serait pas longue, tant il pensait avoir fait bonne impression. Seul obstacle potentiel, l’allergie des femelles aux poils de chat, mais dans ce cas, rien ne les empêcherait d’aller dormir ailleurs.

    La tête posée sur ses pattes avant, le chat ouvrit un œil, dressa une oreille. Il jugea le bruit extérieur intempestif, mais pas dangereux pour autant. Cependant, il fallait être prudent. Il se leva, s’étira, bâilla et gagna le fauteuil de Pedro pour s’allonger dessous. Le poste d’observation lui convenait.

    Luan était certainement la plus jolie fille de Périgny, elle était aussi la plus bruyante. Au son du talon martelé sur le parquet, Pedro entendit son repos se terminer.

    Luan haussa les épaules et tapa du pied. Elle avait l’air sincèrement inquiète, l’œil plus noir que ses chromosomes le lui commandaient.

    Pedro mit la main sur le menton et fit semblant de réfléchir.

    Il admit enfin qu’il avait horreur d’être réveillé pendant sa sieste et que le retour brutal au cauchemar de la triste réalité influait néfastement sur son caractère naturellement aimable. Il n’avait pas la main verte, pourtant, il cultivait la mauvaise foi.

    Comme pour s’intéresser au débat, le chat fixa la nouvelle venue. Il en profita pour mettre un coup de langue sur ses pattes, les mordilla délicatement à la recherche d’une puce éventuelle.

    Li, la femme de Pedro et mère de Luan, par l’odeur du dialogue alléchée, s’invitait à la table de la conversation.

    Misère ! pensa l’homme de la maison. Lui qui militait pour un dialogue court et concis, il allait devoir écouter les questions pertinentes, les remarques subtiles, les digressions indispensables, les analyses psychologiques appropriées. Apporteraient-elles cependant une réponse lumineuse à une interrogation oubliée ?

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