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Résurrection (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 10)
Résurrection (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 10)
Résurrection (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 10)
Livre électronique420 pages5 heures

Résurrection (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 10)

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À propos de ce livre électronique

Mon maître, Greg Arsh, est mort. Il est mort exactement comme nous l’avait prédit l’ange-devin, celui qui nous révèle ce que devrait être notre futur. Il a risqué sa vie pour sauver celle d’Angel, ma petite fille, et il y est parvenu, mais il est mort à sa place.

Il est ressuscité, mais dans un autre corps que le sien. Et depuis, il n'a qu'un but : permettre à Angel et Ally, ses petites-filles chéries, de permettre l'avènement des anges dont elles font partie. Et moi, je n'ai d'autre mission que de l'y aider.

Mais de nombreux obstacles, comme jamais personne n'en a connus, se trouvent sur notre route, et nous devons tout mettre en oeuvre pour les surmonter. Ou ce monde, notre monde, pourrait être détruit.

LangueFrançais
Date de sortie17 avr. 2021
ISBN9782924400333
Résurrection (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 10)
Auteur

Danielle Tremblay

FRANÇAIS :Danielle Tremblay complète ses études collégiales en informatique au Cégeg de Chicoutimi en 1973. Elle possède également deux attestations d’études collégiales du Cégep de Jonquière, l’une en techniques de la documentation (1984), l’autre en techniques de micro-informatique (1994). De 1984 à 2012, année de sa retraite, elle travaille comme technicienne en bibliothèque pour diverses institutions à Chicoutimi, dont les neuf dernières années au Conseil national de recherches du Canada. Elle a remporté en 1981 le concours littéraire La Plume saguenéenne dans la catégorie science-fiction pour sa nouvelle «Cosmose», le second prix du concours du meilleur texte de trois pages du module des lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1988 et le premier prix de ce même concours en 1989 pour «La Lettre d’adieu». En 2011, elle gagne le premier prix du concours littéraire de science-fiction Ascadys avec sa nouvelle «Adam et Ève». L'année suivante, elle publie son premier roman, «Pas de paradis sans... l’enfer» tome 1. Depuis, elle n'a pas cessé d'écrire sous son vrai nom et sous un nom de plume.--------------ENGLISH:Danielle Tremblay completed her college studies in computer science at Cégeg de Chicoutimi in 1973. She also holds two attestations of collegial studies from the Cégep de Jonquière, one in documentation techniques (1984) and the other in microcomputer techniques (1994). From 1984 to 2012, the year of her retirement, she worked as a library technician for various institutions in Chicoutimi, including the last nine years at the National Research Council of Canada. In 1981, she won the literary competition La Plume saguenéenne in the science fiction category for her short story "Cosmose", the second prize in the competition for the best three-page text at the Université du Québec à Chicoutimi in 1988 and the first prize in the same competition in 1989 for "La Lettre d'adieu". In 2011, she won the first prize in the Ascadys science fiction literary competition with her short story "Adam et Ève". The following year, she publishes her first novel, "Pas de paradis sans... l'enfer" volume 1. Since then, she hasn't stopped writing under her real name and a pen name.

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    Aperçu du livre

    Résurrection (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 10) - Danielle Tremblay

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    Published by Danielle Tremblay at

    Smashwords

    Copyright 2021 Danielle Tremblay

    ISBN : 978-2-924400-33-3

    Table des matières

    Droits d’auteurs

    Introduction

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 21

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 24

    Chapitre 25

    Chapitre 26

    Chapitre 27

    Chapitre 28

    Chapitre 29

    Conclusion

    Autres tomes de cette série

    Introduction

    Mon maître, Greg Arsh, est mort. Il est mort exactement comme nous l’avait prédit l’ange-devin, celui qui nous révèle ce que devrait être notre futur. Il a risqué sa vie pour sauver celle d’Angel, ma petite fille, et il y est parvenu, mais il est mort à sa place. Un fou furieux, drogué de surcroît, qui tirait en tout sens sur tout le monde a visé mon enfant. Comment avait-il réussi à apporter une arme mortelle sur le territoire d’Éden ? Je n’en sais rien. J’ai tout vu, mais j’étais trop loin pour intervenir et protéger ma petite. Mon maître, son grand-père, non loin de là, a compris ce qui se passait. Il a soulevé Angel et s’est tourné, dos au tireur, pour la protéger de son corps tout en s’enfuyant. C’est sur lui que l’homme a tiré. Pourquoi Maître Arsh, mon père, portait-il une ceinture-bouclier ce jour-là ? Personne ne le sait, mais il a eu le temps de l’activer ; ce qui a permis de sauver la vie de mon bébé. Il était cependant trop tard pour le sauver, lui.

    Et depuis, il me manque horriblement ! Il me semble que mon cœur et mon âme ne sont plus que des coquilles vides que rien ne saurait arriver à le combler. Mais je dois me montrer fort, car depuis sa mort, Angel pleure souvent à son souvenir. Elle fait des cauchemars dans lesquels elle le revoit mourir encore et encore.

    Peu après son décès, elle appelait inlassablement son grand-père, répétant sur un ton accusateur qu’il lui avait promis de ne jamais la quitter. Si Angel ne comprend pas que son papi chéri a donné sa vie pour elle, Ally le comprend fort bien et, depuis, elle en veut un peu à Angel, je crois, de lui avoir enlevé son grand-père et guide. Et leur relation, auparavant sororale et chaleureuse, est maintenant plus distante et tiède. Les pauvres petites souffrent autant que moi.

    Quand, lors de la mission ogmiosienne, Maître Arsh avait appris la mort de Don, son petit-fils et l’actuel Grand Maître de la Communauté des Planètes, son visage s’était figé en un masque de douleur indicible et de tristesse infinie. Rien ne semblait pouvoir y changer quelque chose ou y mettre un terme. Maintenant, c’est moi qui suis enveloppé dans ce linceul funèbre sans pouvoir le retirer.

    ─ Pourquoi n’essaies-tu pas de l’oublier ? me demande inlassablement Mily depuis sa mort.

    ─ L’oublier ? Je ne peux pas. Jamais je ne l’oublierai.

    ─ Pourquoi ? Il n’était qu’un homme comme les autres après tout.

    ─ Non.

    ─ Non ?

    ─ Non, il ne l’était pas. Pas comme les autres. Il était unique. Et il n’était pas de ceux qu’on oublie. En tout cas, moi, je ne peux pas l’oublier.

    ─ Mais il était têtu, manipulateur, intransigeant, cruel et… totalement insupportable.

    Quand elle m’a dit ça, j’ai ri. Au moins, elle avait réussi à me faire rire.

    ─ Il était tenace, autoritaire, exigeant, dur et… totalement insupportable. Et je l’aimais. Il était mon père et mon maître, et il me manque.

    J’avais prononcé les derniers mots avec la gorge serrée et des larmes aux yeux.

    Mais devant mes petites filles, je m’efforçais de me montrer fort et de les consoler. Et quand je n’arrivais pas à me consoler moi-même, il m’arrivait de fuir. Comme aujourd’hui, je laissais Angel à sa mère ou à quelqu’un d’autre en qui j’avais entière confiance, et j’allais prendre le temps de respirer un peu, de retrouver mes esprits dehors ou à ma chambre au collège. Ou je m’assoyais, seul, à l’heure des repas dans l’une des salles publiques du collège pour essayer de me distraire un peu en regardant ce qui s’y passait. Mais rien de bien intéressant ne se passe ici ou ailleurs au collège depuis son décès.

    J’avais promis à mon maître que, s’il venait à partir, à disparaître ou à mourir, je prendrais possession de son bureau et le remplacerais de mon mieux auprès de ses élèves, du conseil du collège et du Grand Conseil. Quand il est mort, j’ai donc demandé officiellement la charge de ses élèves et la permission d’occuper son bureau et ses fonctions. Comme il m’avait indiqué comme son successeur, j’ai pu aussi prendre sa place au Conseil d’Éden et au Grand Conseil de la Communauté des Planètes. Et depuis, je tente de me substituer à celui qui m’a toujours paru irremplaçable. Je ne crois pas que j’arriverai un jour à faire aussi bien que lui, mais j’essaie de tout mon cœur et de toutes mes forces.

    Parfois, on me dit que je suis aussi cruel que lui. Cruel ? Ce sont les seuls moments où j’arrive à sourire. Tellement de gens le trouvaient cruel. Tellement de gens ne le comprenaient pas, ne savaient rien de sa vision du monde ou de tout ce qu’il était prêt à donner pour le rendre meilleur. Mais il est vrai qu’il était toujours très exigeant, trop aux yeux de certains, et se montrait souvent inflexible. Ah, Seigneur, comme mon maître me manque !

    Le pire, c’est que j’ai sondé les pensées de tous ceux en qui il aurait pu choisir de se réfugier, en qui il aurait pu réincarner son esprit à nul autre pareil. Lors de ses funérailles, tous les gens qui l’ont connu et aimé ou au moins respecté se trouvaient là. Angel pleurait à vous en déchirer les tympans et le cœur. Ally semblait vibrer tellement elle tremblait. Elle s’efforçait de retenir ses larmes et de se montrer courageuse, ma pauvre petite chérie. Et je l’ai vu, lui, mon cher père, à travers les yeux de mes enfants. J’ai vu mon maître prenant Angel dans ses bras, tenant Ally par la main et leur parlant gentiment comme il le faisait si souvent. Mais, contrairement à la vision transmise autrefois par l’ange-devin, personne d’autre ne semblait le voir ; ou si certains l’ont vu, ils n’en ont rien dit.

    Un chant funèbre darumien grave et sublime, mais infiniment triste, fredonné du fond de la gorge d’une centaine de chanteurs a envahi la salle et mon cœur et m’a fait frissonner. Je me suis dit que si quelqu’un pouvait croire que, dans toute leur dureté, les Darumiens pouvaient sembler sans cœur, il ne le croirait plus jamais en entendant ce profond et douloureux lamento. Mon maître n’était pas sans cœur en tout cas. On ne se jette pas instinctivement sous un feu meurtrier pour protéger sa petite-fille quand on n’a pas de cœur !

    Pendant que ce chant entêtant et bouleversant continuait de résonner autour de nous et en nous, j’en ai à nouveau profité pour sonder les pensées de presque toute l’assemblée dans l’espoir d’y trouver son esprit bien vivant. Mais je ne l’ai perçu nulle part. À croire qu’il était bel et bien mort et que l’image que j’avais vue dans l’esprit des mes petites filles n’était qu’un souvenir particulièrement vivace.

    Depuis, je n’arrête plus d’entendre ce maudit hymne funéraire darumien. Il me hante et me transperce le cœur chaque fois, car il me rappelle la terrible absence.

    Ce qui m’afflige le plus, c’est la crainte de ne jamais le revoir.

    Chapitre 1

    Aujourd’hui, c’est le premier anniversaire de la mort de mon maître et son souvenir se ravive dans mon esprit. J’essaie de manger dans la grande salle publique de mon étage au collège, même si je n’ai aucun appétit. La musique qui joue en ce moment me rappelle l’air darumien de ses funérailles, et je me mets à pleurer.

    Un enfant, un petit garçon, court et sautille en tout sens joyeusement dans les allées entre les tables. Il tourne autour des maîtres les plus anciens et ceux-ci lui adressent des regards impatients. Je me demande où sont les parents de ce gamin turbulent, quand il m’approche. Il s’arrête près de moi et me regarde tripatouiller avec ma fourchette la nourriture dans mon assiette et tenter de porter une bouchée à ma bouche.

    ─ Mange, ordonne l’enfant.

    Je le regarde, n’en croyant pas mes oreilles. Un enfant d’à peine sept ou huit ans qui me donne un ordre !

    ─ Quoi ?! dis-je sur un ton tranchant.

    ─ Mange. Il faut vivre. Ta mission n’est pas terminée, affirme l’enfant.

    Je le regarde, ébahi. Qui donc est ce sale mioche qui me donne des leçons de vie ? Mais je suis troublé. Le ton de voix, l’autorité tranquille avec laquelle l’ordre a été donné, la mention de ma mission à accomplir, tout est tellement conforme à ce que Greg Arsh m’aurait dit s’il s’était adressé à moi dans une telle circonstance que j’en frémis.

    ─ Comment t’appelles-tu ? questionné-je le garçonnet.

    ─ Greg.

    Des frissons dressent alors tous les poils de mes bras, de mon dos et de ma nuque tandis que l’enfant me regarde avec insistance en souriant.

    Sa mère s’est approchée pendant que je parlais à son fils.

    ─ Ne dérange pas ce monsieur, lui ordonne-t-elle.

    ─ Non, je vous assure que ce n’est rien, Madame, m’empressé-je de répondre de peur qu’elle entraîne l’enfant loin de moi.

    ─ Comment a-t-il dit s’appeler ?

    ─ Greg.

    ─ Karl, il s’appelle Karl. Je ne sais pas pourquoi depuis un an il s’entête à dire qu’il se nomme Greg.

    Je jette un coup d’œil à l’enfant, qui me fixe avec un air bien trop sérieux pour un gamin de l’âge qu’il semble avoir.

    ─ C’est ton nom secret. N’est-ce pas Greg ? dis-je.

    Il me fait un sourire en coin, comme mon maître le faisait parfois quand il me taquinait.

    ─ Tu vois, il sait, dit-il en regardant sa mère.

    ─ Il sait ? Que sait-il ? demande-t-elle.

    ─ Qui je suis vraiment, déclare le gamin.

    Je m’adosse à ma chaise, car la tête me tourne. J’ai tellement envie de serrer ce petit bout d’homme dans mes bras ! « Maître ? » Est-ce possible que mon maître soit en lui ? Pourquoi en ce gamin que je ne connais pas ?

    ─ Qui es-tu vraiment ? le questionné-je.

    ─ Tu le sais, David, dit-il.

    ─ David ? Vous appelez-vous David ?

    ─ Oui.

    Je me lève, serre la main de la maman et me présente. Elle me dit se nommer Maya Magnusson. Je tends ensuite la main à l’enfant, qui la regarde avec une expression moqueuse comme l’aurait fait mon maître à cet instant, si j’avais voulu me présenter à lui. Je lui fais un clin d’œil.

    ─ Ce n’est pas poli de ne pas serrer la main de quelqu’un quand on te la tend, réprimande-t-elle son enfant.

    ─ Ça n’a pas d’importance, Madame, je vous assure, la rassuré-je.

    Mais l’enfant me tend maintenant sa petite main avec un sourire amical. Je la prends dans la mienne. Je sens alors une décharge puissante d’énergie qui me cloue sur place et me coupe le souffle. Oui, oh que oui, il est bien là ! J’en suis certain maintenant. Mon maître est de retour. Maître Arsh est bien vivant ! Je dois lutter pour ne pas me mettre à sangloter de joie. Que penserait la dame si elle me voyait sangloter ?

    ─ Bonjour, Monsieur ! dis-je à l’enfant d’une voix cassée alors que je tente de retrouver mon souffle.

    Il m’adresse un sourire compatissant cette fois.

    ─ Bonjour, David.

    S’il avait la voix plus grave, ce serait tout à fait ça. Parfaitement identique. L’intonation posée, le regard intense, droit dans mes yeux. Il est là. Merci, quelle que soit la force à laquelle je dois ce miracle, merci !

    Je n’ai pas réussi à retenir mes larmes. Quand je les sens couler sur mes joues, je me rends compte que je fais peur à Maya. Elle ne comprend pas pourquoi je pleure.

    ─ Désolé, Madame. Je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise. Mais mon père est mort et il m’arrive encore de pleurer aux moments les plus inopportuns, surtout le jour de son anniversaire de décès. Désolé, répété-je en essuyant mon visage de mes deux mains.

    Je vois l’expression de Maya s’adoucir. C’est une bonne personne, un peu déconcertée par l’attitude inhabituelle de son fils. Je crois qu’elle et Mily s’entendraient très bien.

    ─ J’ai une petite fille qui a à peu près l’âge de votre fils. Elle s’ennuie beaucoup de son grand-père. Je crois que ça lui ferait du bien de voir un autre enfant de son âge ici, à Éden. Accepteriez-vous de m’accompagner, vous et Karl, et d’aller la voir ? questionné-je avec espoir.

    ─ Angel, dit le gamin avec enthousiasme.

    Il a levé vers moi un visage lumineux et rempli d’espoir.

    ─ Angel ? Est-ce le nom de votre fille ?

    ─ Oui.

    ─ Lui avez-vous parlé d’elle avant que j’arrive ? demande-t-elle en pointant son fils du menton.

    ─ Non.

    ─ Mais… comment peut-il connaître son prénom ?

    ─ Je crois que votre fils est télépathe, Madame.

    Je suppose que ce sera moins troublant pour elle d’apprendre que son fils est télépathe que de lui expliquer que mon maître, à sa mort, a introduit son esprit dans celui de son enfant.

    ─ Quoi ?!

    ─ Je suis télépathe, Madame. Je sais de quoi il retourne, lui dis-je mentalement.

    Elle me regarde, bouche bée, m’adresser à elle en silence. Elle a de grands yeux magnifiques avec de longs cils épais et recourbés, qui lui donnent l’air d’une biche effrayée.

    ─ Ce… C’est possible ?

    ─ Je vous assure que oui. Mon père se nommait Greg Arsh. Il était télépathe et je le suis aussi.

    Elle secoue la tête. Elle doute encore malgré la démonstration de mon don.

    ─ Greg Arsh ? Oui, on m’a dit qu’il était mort récemment en sauvant sa petite-fille. C’est vrai ?

    ─ Oui.

    ─ Il devait beaucoup l’aimer. Est-ce celle qui se nomme Angel ?

    ─ Oui, c’est elle. Et il l’aimait énormément, dis-je en regardant Karl-Greg.

    ─ Angel. Allons voir Angel ! s’exclame le gamin.

    Je lui souris.

    ─ Voulez-vous permettre à nos enfants de se rencontrer ? J’en profiterais pour vous présenter mon épouse.

    ─ Oui, mais j’ai un cours dans une heure. Je ne pourrai pas rester bien longtemps.

    ─ Une heure, c’est suffisant. Et si nos enfants s’entendent bien, on pourrait même les confier à la même baby-sitter.

    ─ J’ai déjà embauché un gardien d’enfants.

    ─ Alors nous pourrons les lui confier, s’il accepte. Ou on les confiera à la nôtre. Qu’en dites-vous ?

    Je lis dans son esprit que de confier son fils à des inconnus l’inquiète.

    ─ Vous n’êtes pas forcée de décider tout de suite, bien sûr, dis-je en souriant aussi gentiment que je le peux, pour l’apaiser.

    Je sais bien que si je la presse trop d’accepter, je ne ferai que l’effrayer davantage et je risquerais de ne plus revoir… Karl.

    ─ D’accord.

    Pendant que je jette mes reliefs dans le désintégrateur, je lis dans son esprit qu’elle trouvait que sa vie à Éden forçait son fils à une solitude qui ne lui semblait pas très saine. Même s’il va quelques heures chaque jour à une école voisine, il n’y a pas beaucoup de jeunes de son âge avec qui s’amuser ici même. L’idée qu’il ait à Éden une amie lui plaît. Surtout que le gamin court devant nous « comme s’il savait où aller ». Lorsqu’il s’arrête devant la porte de mon bureau, de SON bureau, sa mère me questionne.

    ─ Est-ce bien ici que votre fille se trouve ?

    ─ Oui. Vous avez du mal à vous faire à l’idée d’avoir un fils différent de la norme terrienne, n’est-ce pas ?

    ─ C’est déroutant. Mais, pour moi, ce qui compte le plus, c’est qu’il soit en santé et heureux.

    La porte s’ouvre d’elle-même devant l’enfant. Serait-ce Pierce, l’IA centrale d’Éden, qui aurait reconnu mon maître malgré sa nouvelle apparence et lui aurait ouvert ? Ou est-ce l’enfant qui a commandé mentalement l’ouverture de la porte. Mon maître n’en était pas capable. Il en commandait l’ouverture silencieuse par l’émission d’ultrasons produits avec un synthétiseur implanté dans l’une de ses molaires.

    ─ Mily ? appelé-je.

    Pas de réponse. Le gamin se dirige tout droit vers la porte de la salle au cercle rouge. Je le suis et sa mère m’accompagne. En ouvrant la porte, je vois Mily et Angel qui courent autour de la pièce, jouant à je ne sais quel jeu. Mais quand Angel voit Karl, c’est vers lui qu’elle accourt.

    ─ Papiii ! dit-elle en se serrant contre lui.

    ─ Quoi ?! disent Maya et Mily d’une seule voix.

    ─ Je t’avais promis de ne jamais t’abandonner, mon ange, dit mentalement Karl-Greg, qui est bel et bien télépathe, à Angel.

    Les deux enfants s’embrassent.

    ─ Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi l’appelle-t-elle Papi ? demande Mily, visiblement inquiète.

    Je la regarde droit dans les yeux.

    ─ Il est en lui.

    ─ Qui ?! demande Mily, tendue.

    Elle semble apeurée, presque sur le point de se mettre à pleurer.

    ─ L’homme qui a sauvé la vie de notre fille, Mily ; l’esprit de son grand-père est dans ce gamin.

    Elle regarde Karl, sourcils froncés, visiblement incrédule. L’enfant la regarde avec cet air sérieux qui était le propre de notre maître. Il s’approche d’elle, lui fait signe de la main de se pencher et il lui dit quelque chose à l’oreille que je n’entends pas et que je n’arrive pas à lire dans l’esprit du garçonnet. Puis il pose une petite bise sur la joue de ma femme. Mais les poils des bras de Mily se hérissent. Elle se redresse et lève les yeux vers moi.

    ─ Est-ce possible ?

    ─ Bien sûr que ça l’est. Je ne sais pas pourquoi il a choisi ce gamin, mais il est bien en lui, Mily.

    ─ De quoi parlez-vous ? questionne Maya en nous regardant l’un après l’autre.

    ─ Mily a compris que votre enfant est, lui aussi, télépathe. Angel et lui ont bien plus en commun que vous ne l’imaginez, dis-je, en espérant la rassurer.

    ─ Tu ne crois pas qu’on devrait tout lui dire ? me demande Mily.

    ─ Me dire quoi ? demande Maya.

    ─ Ne pourrions-nous pas donner à nos enfants le temps de faire connaissance avant de parler de gardiennage et de… tout le reste ? questionné-je les deux femmes.

    ─ D’accord, répond Maya après une brève hésitation.

    Mily hoche la tête, visiblement à contrecœur. Elle n’aime pas cacher des choses importantes à la mère d’un enfant. Mon maître et moi lui avons sans doute caché trop de choses concernant Angel et Ally. Mais ce n’est que depuis que notre maître a sauvé la vie d’Angel au péril de la sienne que Mily a compris qu’il ne voulait que le bien de sa petite-fille. Peut-être que leur vision du futur d’Angel différait, mais aucun d’eux ne lui voulait du mal.

    Et en lisant l’esprit de ma belle, je vois qu’elle est reconnaissante à notre maître de n’avoir pas envahi l’esprit d’Angel. Elle n’aurait pas aimé le savoir en elle, car elle aurait eu le sentiment qu’il aurait eu une trop forte influence sur notre fille, sa petite-fille. C’est peut-être aussi pour ça qu’il a choisi ce gamin, peut-être encore au risque de sa vie, par respect pour la volonté de Mily.

    ─ Nous pourrions aller discuter dans mon… bureau, suggéré-je.

    Karl a tourné la tête vers moi quand j’ai hésité à dire « mon bureau » plutôt que « le bureau de notre maître », mais il m’a souri. Comme j’aimerais pouvoir lui rendre sa place et ses charges ! J’aimerais aussi tellement lui parler seul à seul. Mais je ne crois pas que sa mère verrait d’un très bon œil une conversation « entre hommes » pour l’instant.

    Nous retournons au bureau pendant que les enfants discutent et jouent ensemble. Pour rassurer les mamans, je fais en sorte que la porte entre le bureau et la salle contiguë reste ouverte. Tout en questionnant Maya sur ses origines, sa formation et son travail à Éden et sur le père de l’enfant, je sonde Karl, y cherchant l’esprit de mon maître. Il est bien là, tout entier. J’en ressens un soulagement et un bonheur indicibles ! Mais je ne perçois pas l’esprit de Karl, du propriétaire originel de ce petit corps.

    Maya nous explique qu’elle n’a aucun conjoint et n’en veut pas, mais elle voulait un enfant. Elle est allée dans une banque de sperme et a choisi selon certains critères les spermatozoïdes qui donneraient vie à son enfant. Je frissonne encore en regardant Mily, qui a, elle aussi, compris qui devait être le père de Karl. Ce petit bout d’homme serait-il mon demi-frère ? Dans ce cas, son propre père aurait pris possession de son corps. Mais ce demi-frère a peut-être autant de pouvoirs psioniques qu’Angel et Ally.

    ─ C’est sans doute la raison du choix de notre maître, Mily. Et Karl est peut-être l’un des premiers petits anges comme Angel et Ally.

    ─ Où est Karl, Maître ?

    ─ Mort.

    ─ Quoi ?!

    ─ Karl allait mourir. J’ai envahi son corps à l’instant même où il le quittait. C’était risqué, mais je préférais être l’unique possesseur de mon enveloppe charnelle. J’ai guéri ce corps malade comme tu as guéri Alicia, il y a des années. Et je suis maintenant le seul à l’habiter. Si je quittais cette enveloppe, animée par aucun autre esprit que le mien, elle ne survivrait pas, même si elle est saine maintenant.

    ─ Étrange, Maître. Les filles ne sont jamais malades. Je croyais que les anges ne pouvaient pas l’être.

    ─ C’est sans doute rare, mais pas impossible apparemment.

    Peut-être que, quand ils ne sont encore que des bambins, les anges, bien qu’ayant, à la base, un bon système immunitaire, ne l’ont pas encore suffisamment développé pour savoir détruire tout ce qui menace leur santé et leur vie et qu’ils l’apprennent en grandissant.

    Les « enfants » jasent, rient et s’amusent pendant presque toute l’heure dont disposait Maya. Mais elle préfère partir avec son fils pour l’instant que nous le confier. Elle veut se donner le temps de réfléchir à tout ce qui vient de lui être dit et de se produire. Alors, elle va chercher Karl dans l’autre salle. Lorsqu’ils reviennent dans le bureau, Angel les suit et s’assoit sur mes genoux.

    Karl, avant de partir, vient se tenir debout devant Mily et moi et nous regarde en souriant. Puis il s’approche de moi, me fait signe de la main d’approcher. Je me penche vers lui et il tend le cou pour m’embrasser le front, comme notre maître l’a fait tant de fois. Puis il me contourne et va sauter sur les genoux de Mily pour lui donner un tendre baiser sur la joue.

    ─ Ne soyez pas tristes. Je suis ici, avec vous, dit-il avant de courir vers Maya, qui s’apprêtait à sortir en appelant son fils.

    ─ Au revoir papi, dit Angel en faisant des signes joyeux de la main à son nouvel-ancien ami-papi quand Maya et lui sortent du bureau.

    Karl lève sa main pour nous saluer et envoyer un baiser soufflé à Angel tout en nous souriant.

    Dès que nous sommes seuls, Mily se met à parler frénétiquement de ce qui s’est passé. Elle me demande si c’est bien qu’on laisse Karl et Angel jouer ensemble.

    ─ Comment ?! Tu ne vas pas recommencer avec tes craintes, hein ? J’en ai assez de ça. Plus qu’assez ! Tu ne priveras pas Angel de son grand-père. Je te l’interdis !

    ─ Quoi ? Tu n’as pas d’ordre à me donner !

    ─ Oh que si ! Je peux très bien t’en donner en tant que ton maître et que ton « propriétaire » de substitution. Tu le sais.

    ─ Tu ne vas pas jouer à ça avec la vie d’Angel, n’est-ce pas ? dit-elle d’une voix menue, mais vibrante d’émotion.

    ─ Si tu ne recommences pas avec tes foutues inquiétudes stupides, non, je ne jouerai pas à ça. Laisse ces enfants faire ce qu’ils veulent ensemble et permets au grand-père de notre fille de la voir tant qu’il lui plaira. Et en parlant de la vie d’Angel, il l’a sauvée, je te rappelle. Sans lui, Angel serait morte. Morte !

    J’ai presque hurlé le dernier mot. J’entends alors la voix intérieure de mon maître me dire :

    ─ Non, David. Ne lui parle pas sur ce ton. C’est ton épouse et la mère de ta fille, je te rappelle. C’est elle qui s’est occupée avec amour d’Angel pendant que tu parcourais l’univers. Elle mérite ton amour, pas tes cris.

    Pendant que je parcourais l’univers à sa demande, je m’ennuyais de tous les miens et même de lui. Je me sens comme s’il venait de me faire le reproche de mes nombreuses absences et j’en suis peiné.

    ─ David ! dit-il.

    Bien sûr, il a changé de corps, mais pas de vision du monde. Pour lui, l’apitoiement sur soi-même a toujours été un péché capital.

    ─ Quelle qu’ait été la raison de tes absences, c’est quand même Mily qui s’est chargée d’Angel et parfois même de mes élèves quand je t’accompagnais. Tu lui dois ton respect et ton amour pour ça.

    Je me sens idiot d’avoir cru qu’il me critiquait pour mes absences. Peut-être que c’est moi qui, au fond, me sens coupable de les avoir laissées seules sans moi aussi souvent.

    ─ Oui, Maître, vous avez raison.

    Pendant que mon maître et moi discutions mentalement, Mily me répondait :

    ─ Je sais. D’accord. Mais si quelque chose d’inhabituel se produit, je... commence-t-elle.

    Oh non ! Elle ne va pas recommencer avec ça ! Je sens déjà ma colère contre elle se raviver.

    ─ D’inhabituel comme quoi ? Comme des discussions télépathiques ? Mily, ta crainte de leur différence est profondément irrationnelle et incompatible avec le devoir d’une soldate de la paix. Tu es censée pouvoir t’adapter à toutes les races, à toutes les espèces, à toutes les différences génétiques ou culturelles et aux situations les plus inhabituelles et même inquiétantes. Mais ta fille devrait être une terrienne « ordinaire » ! Quelle que soit ta notion rétrograde d’humanité, oublie-la, elle ne correspond plus à la réalité d’un monde plein d’enfants comme notre fille. Alors, défais-toi pour de bon de cette notion dépassée de normalité. Elle est sans aucun rapport avec ce qu’est ton enfant, NOTRE enfant.

    Je me rappelle avoir lu qu’autrefois, des parents qui avaient des enfants infirmes les enfermaient à l’abri de la vue de tous et parfois même les tuaient de peur d’être mal jugés. L’attitude de Mily me semble aussi révoltante que me paraît celle de ces anciens. Les poils de mes bras et de ma nuque se hérissent rien que d’y penser.

    ─ C’est si difficile.

    ─ Non, ça ne l’est pas. C’est toi-même qui t’es créé depuis le début cet obstacle qui te paraît insurmontable. Il ne l’est pas. Il te suffit de le vouloir. Pourquoi n’ai-je eu aucun mal à m’y faire, tu crois ? Contrairement à toi, je ne suis pas bourré de préjugés antédiluviens sur ce qu’un terrien devrait être. C’est la seule différence véritable entre toi et moi.

    Malgré moi, j’avais à nouveau haussé le ton.

    ─ Crie pas, papa, me supplie Angel, avec sa petite frimousse toute fripée et au bord des larmes.

    ─ Non. Je ne crie plus. Promis, dis-je en l’embrassant sur la joue et la serrant contre moi.

    Mais je suis vraiment écœuré par l’attitude de Mily depuis qu’elle a accouché d’Angel. D’accord, tout, depuis le début de sa grossesse jusqu’à aujourd’hui, a été rempli d’événements étonnants et déconcertants. Sa grossesse elle-même et son accouchement ont été inhabituels. Mily est dépassée par tout ça. Mais moi, je me réjouis du fait qu’Angel soit vivante et ait des pouvoirs psioniques comme aucun humain n’en a eu jusqu’à ce jour. Et Ally, ma véritable petite fille, en a autant et peut-être même davantage. La véritable mère d’Angel accouchait en même temps que Mily à la même clinique. Les bébés, qui se ressemblaient beaucoup à la naissance, ont été intervertis, on ne sait trop comment. Mais mon maître et moi avons préféré conserver secrète cette interversion pour protéger Ally de quiconque lui voudrait du mal. L’enfant que Mily cherche presque désespérément à protéger comme sa fille ne l’est pas réellement. Mais nous le lui avons caché.

    Peu importe. Angel et Ally sont devenues les meilleures amies du monde et nous nous voyons tous régulièrement. Ally pourra sans doute bientôt rencontrer Karl. Et avec leurs pouvoirs psioniques, ils pourront communiquer télépathiquement et préparer la venue des anges, de tous les autres enfants doués des mêmes pouvoirs exceptionnels que ceux de mes deux petites filles, et, sans doute, aussi de Karl.

    Avant sa mort, mon maître m’a dit croire qu’Angel, Ally et les autres enfants comme elles constituent un nouveau pas dans l’évolution de la vie intelligente et qu’ils sont les précurseurs d’un monde nouveau peuplé d’êtres comme elles. Quelle sera leur mission ? Apporter la paix dans toute la Communauté des Planètes ? Dans tout notre univers ? Dans tout le multivers ? Nous n’en savons rien, mais nous le souhaitons et nous voulons nous en assurer et y participer.

    Chapitre 2

    Mon maître, dans le corps de Karl, Angel, ma fille adoptive, et Ally, ma véritable petite fille, se rencontrent tous les jours. Les mamans ont donné leur consentement pour qu’ils soient tous sous la responsabilité de la même gardienne d’enfants pendant que Maya, la mère de Karl, Mily et moi vaquons à nos occupations respectives.

    Karl devient l’instructeur des fillettes pour leur permettre d’acquérir vigilance, force, adresse et courage, ainsi qu’une acuité d’esprit peu commune pour un humain moyen. Précoces, les filles savaient déjà lire, écrire et compter avant sa venue. Je transfère à Karl toutes les bases de données neuronales que je possède. Et lui, il les utilise pour amener les filles à découvrir l’histoire, les lois, le fonctionnement politique, social et culturel, la flore et la faune et tout ce qui compte concernant la C.P. et les

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