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D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6)
D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6)
D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6)
Livre électronique644 pages9 heures

D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6)

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À propos de ce livre électronique

Dans ce tome, David, le principal protagoniste vie l'épreuve d'admission de l'autre côté du miroir. Il aide son maître, Greg Arsh, à infliger cette épreuve à une groupe de vingt postulants. Ce qui aide David à mieux comprendre ce qu'on peut ressentir quand on a la charge d'élèves que l'on doit aider à devenir eux aussi de bons soldats de la paix.
David participera également à une tournée des écoles terriennes pour parler aux élèves de ce qu'est la vie des étudiants à Éden sous l'autorité du plus sévère maître de la Communauté des planètes. À la suite de cette tournée, David sera kidnappé par des petits trafiquants de drogues et d'armes. Il apprendra aussi des choses surprenantes sur sa fille, encore à naître.

LangueFrançais
Date de sortie29 avr. 2020
ISBN9782924400067
D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6)
Auteur

Danielle Tremblay

FRANÇAIS :Danielle Tremblay complète ses études collégiales en informatique au Cégeg de Chicoutimi en 1973. Elle possède également deux attestations d’études collégiales du Cégep de Jonquière, l’une en techniques de la documentation (1984), l’autre en techniques de micro-informatique (1994). De 1984 à 2012, année de sa retraite, elle travaille comme technicienne en bibliothèque pour diverses institutions à Chicoutimi, dont les neuf dernières années au Conseil national de recherches du Canada. Elle a remporté en 1981 le concours littéraire La Plume saguenéenne dans la catégorie science-fiction pour sa nouvelle «Cosmose», le second prix du concours du meilleur texte de trois pages du module des lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1988 et le premier prix de ce même concours en 1989 pour «La Lettre d’adieu». En 2011, elle gagne le premier prix du concours littéraire de science-fiction Ascadys avec sa nouvelle «Adam et Ève». L'année suivante, elle publie son premier roman, «Pas de paradis sans... l’enfer» tome 1. Depuis, elle n'a pas cessé d'écrire sous son vrai nom et sous un nom de plume.--------------ENGLISH:Danielle Tremblay completed her college studies in computer science at Cégeg de Chicoutimi in 1973. She also holds two attestations of collegial studies from the Cégep de Jonquière, one in documentation techniques (1984) and the other in microcomputer techniques (1994). From 1984 to 2012, the year of her retirement, she worked as a library technician for various institutions in Chicoutimi, including the last nine years at the National Research Council of Canada. In 1981, she won the literary competition La Plume saguenéenne in the science fiction category for her short story "Cosmose", the second prize in the competition for the best three-page text at the Université du Québec à Chicoutimi in 1988 and the first prize in the same competition in 1989 for "La Lettre d'adieu". In 2011, she won the first prize in the Ascadys science fiction literary competition with her short story "Adam et Ève". The following year, she publishes her first novel, "Pas de paradis sans... l'enfer" volume 1. Since then, she hasn't stopped writing under her real name and a pen name.

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    D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6) - Danielle Tremblay

    Le code canadien de la propriété intellectuelle n'autorisant d'une part que « les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite ». Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par la loi.

    Tous droits réservés pour le livre « D’épreuve en épreuve » : ISBN 978-2-924400-06-7 à Danielle Tremblay, première édition en 2013.

    All rights reserved, Danielle Tremblay, first edition published at Smashwords in January 2013. No part of this book may be reproduced in any form, by any means, without the prior written consent of the author.

    Table des matières

    Droits d’auteur

    Chapitre 1. Les préparatifs pour l’épreuve d’admission

    Chapitre 2. L’épreuve d’admission : Les premiers pas

    Chapitre 3. L’épreuve d’admission : Les boîtes et Gusa

    Chapitre 4. L’épreuve d’admission : le repas et le casse-tête

    Chapitre 5. L’épreuve d’admission : mort et renaissance

    Chapitre 6. Le retour de Gabriel

    Chapitre 7. Le poteau

    Chapitre 8. L’avenir du bébé et les préparatifs pour la tournée

    Chapitre 9. Visite chez mes parents et chez la mère de Mily

    Chapitre 10. L’ange et l’enfant

    Chapitre 11. La tournée des écoles

    Chapitre 12. Enlèvement à Paris

    Chapitre 13. Aider, de toutes les façons

    Chapitre 14. Survivre, de toutes les façons

    Chapitre 15. Après l’épreuve de survie

    Chapitre 16. Mily et moi

    Chapitre 17. Liberté de choix

    Autres tomes de cette série

    Chapitre 1 : Les préparatifs pour l’épreuve d’admission

    Mon maître, à la fin de notre voyage à Këshill, m’avait parlé de la possibilité que je participe à la préparation de la prochaine épreuve d’admission à Éden. Tout ce que je connais de cette épreuve est ce que j’ai vécu moi-même lors de la mienne. L’idée de voir ce qui se passe de l’autre côté du miroir pique ma curiosité.

    En attendant de pouvoir aider mon maître pour la préparation de cette épreuve, je continue ma formation. Je suis allé voir Mily plusieurs fois et lui ai parlé de ce que Monsieur m’avait suggéré de discuter avec elle. Peut-on ou non avoir des aventures érotiques ou si notre amour nous suffit ? Comme je m’y attendais, Mily n’est pas très favorable à ces aventures, même si c’est pendant que nous ne sommes pas sur la même planète. Elle craint de me perdre si jamais je voyais d’autres femmes.

    — Une aventure d’une nuit avec une autre passe encore, mais qu’arrivera-t-il si tu la revois ? Qui te dit qu’elle ne s’attachera pas à toi ? Qui te dit que tu ne t’attacheras pas à elle ?

    — Impossible. Je suis amoureux fou de toi. Je ne pourrais pas être aussi follement amoureux d’une autre.

    — Sois sérieux, David. Tu sais bien que c’est possible. Et si tu as le droit de voir d’autres femmes, ça signifie que j’ai le droit de voir d’autres hommes. Ne craindrais-tu pas que je m’attache ? Que dirais-tu si un jour, en rentrant de voyage, je t’apprenais que j’ai couché avec un beau grand mâle et que je trouve qu’il baise comme un dieu ?

    Je la regarde sans savoir quoi répondre. Juste le fait qu’elle parle ainsi d’un autre homme, même s’il n’est pas réel, me rend malheureux. J’ai l’impression qu’elle n’aime pas la façon dont je baise avec elle et qu’elle souhaite trouver un plus bel homme, plus performant au lit que moi.

    — Tu vois bien, David. Je n’ai couché avec personne d’autre que toi et je ne souhaite pas le faire, mais juste d’en parler te rend malheureux.

    — Je ne comprends pas comment notre maître et madame Borg arrivent à vivre ça. Je sais qu’il a eu une aventure avec la docteure Sam. Maîtresse Borg en a certainement vécu elle aussi.

    — Je ne sais pas, David. Peut-être que lorsque ça fera vingt ans qu’on se connaîtra, on aura le goût de se laisser un peu plus de liberté. Notre relation va évoluer. Dans quelle direction, je ne le sais pas, mais elle va sûrement changer. Personnellement, je préfère Maîtresse Borg à la docteure Sam.

    — Ah non, moi, je trouve la docteure Sam extrêmement band…

    Je n’ai jamais pu finir ma phrase. Elle m’a sauté dessus et m’a attaqué comme si j’étais un prédateur voulant s’en prendre à ses petits. Mais comme souvent, la bagarre s’est terminée au lit.

    Le lendemain, comme je crois nécessaire de répondre à la demande de mon maître concernant le système de communication, j’appelle Don pour savoir s’il veut quand même aider à déterminer quel équipement parmi tous ceux que nous a transmis notre maître serait le meilleur. Il accepte bien entendu, vu qu’il avait dit à notre maître qu’il le ferait. On s’entend donc pour examiner les différents systèmes chacun de notre côté et pour donner nos préférences par ordre de priorités. On discutera ensuite pour dire pourquoi nous avons préféré tel ou tel appareil.

    Quelques jours plus tard, Don me rappelle et m’indique ses préférences, je lui donne les miennes. Sur mes trois préférences, deux coïncident avec les siennes, mais mon premier choix n’était même pas l’un des trois choix de Don. C’est la même chose pour lui ; je n’ai pas choisi son premier choix. Nous défendons donc nos points de vue. Et à force de discussion, un système que nous n’avions ni l’un ni l’autre considéré ressort comme une option plus intéressante que ceux que nous avions préférés au départ. Mais cet équipement a une petite faille qui nous fait hésiter à le sélectionner. Don me dit qu’il va revoir tout ce qu’il y a dans la banque de données que nous a transmise notre maître. Il lui semble avoir vu quelque chose qui pourrait pallier cette petite faille. Je lui dis que je ferai pareil de mon côté.

    Dès le lendemain, nous nous rappelons. Nous avons trouvé tous deux le même bidule qui devrait éviter le problème possible avec notre dispositif préféré. L’appareil en question est adaptable aux principaux équipements de communications sécurisés. Probablement que le fournisseur avait vu qu’il y avait un besoin pour plusieurs installations. Il a fait en sorte que son appareil soit polyvalent, facile à installer et qu’il rende le système de communication presque inexpugnable.

    Nous communiquons donc avec notre maître pour l’informer de notre choix. Il est surpris que nous ayons fait le travail de sélection malgré le fait que Don est fort occupé sur Këshill. Il nous dit d’abord quel est son premier choix. C’est le même que le nôtre. Il était lui aussi conscient de la faille, mais n’avait pas eu le temps de voir s’il était possible d’y remédier. Il avait cependant confiance de pouvoir trouver une solution. Nous lui disons avoir trouvé quelque chose qui rend le système très fiable. Nous le lui décrivons et nous en discutons.

    — Merci d’avoir pris le temps de trouver ce qui nous conviendrait le mieux. Je m’attendais à devoir me taper la recherche de quelque chose pour pallier la faiblesse de ce système tout seul. Vous me sauvez pas mal de temps. Il va falloir maintenant que nous réfléchissions à une façon de procéder pour l’installation. Quand tu auras le temps d’étudier comment l’effectuer, Don, tu me diras si tu peux former d’autres personnes pour l’implanter partout.

    — Vous ne préférez pas que je le fasse moi-même ?

    — Oui, mais tu ne peux pas abandonner Maître Mestari sans Chef de la sécurité.

    — Je me disais que je pourrais former Nicole et Joso pour ça également. Joso pourrait s’occuper de la sécurité ici pendant que je ferais la tournée des collèges. Je pourrais revenir régulièrement sur Këshill pour m’assurer que tout va bien et pour répondre aux besoins particuliers de Maître Mestari. Je n’en ai pas encore discuté avec lui cependant. Peut-être qu’il préféra que je reste sur Këshill pour ma formation d’assistant et que Joso se promène d’une école à l’autre. Une chose est sûre, c’est que, comme vous le disiez, Monsieur, je ne peux pas être partout à la fois.

    — Je dois en discuter avec Maître Mestari, pour choisir le meilleur plan d’action pour ton futur, Don.

    — Je sais que vous êtes tous deux d’excellents stratèges et j’ai entièrement confiance en vous, mais j’aimerais participer à ces discussions, justement pour apprendre à devenir un peu meilleur stratège moi aussi.

    — Oui, bien entendu, Don. Je suis convaincu que tu apporteras un point de vue original à ce sujet. Nous en reparlerons bientôt.

    — Au revoir, Maître.

    — Au revoir, Don. David, veux-tu venir ici ?

    — Oui, j’arrive, Maître.

    ~.~.~

    Mon maître veut me parler des préparatifs de l’épreuve d’admission à venir. Il a déjà sélectionné une vingtaine d’élèves, mais il souhaite que je regarde tous les dossiers et que je sonde les esprits de ceux qui me paraîtraient les plus intéressants ainsi que de ceux qu’il a déjà sélectionnés. Puis, nous discuterons de ceux qui devraient être choisis pour l’épreuve et pourquoi. J’avoue que l’idée de donner des raisons de refuser quelqu’un me met un peu mal à l’aise. Je suis presque sûr que tous ceux qui lui ont envoyé leur CV sont des candidats intéressants.

    — La majorité de ceux que je n’ai pas sélectionnés une année me renvoie leur CV les deux ou trois années suivantes. Alors, ne t’en fais pas, tu les reverras passer l’an prochain et l’année d’ensuite. S’ils sont vraiment bons, tu verras qu’entre-temps, ils auront étudié dans des domaines utiles pour un maître et qu’ils se seront mis à l’entraînement. Alors, ne te fais pas de cas de conscience parce que tu élimineras quelques postulants. Et, en passant, ils ne sont pas tous intéressants. Certains ne savent pas quoi faire de leur vie et ils voient un reportage à la tridi, puis se disent : « Tiens, ça a l’air intéressant », et ils nous envoient leur CV. Une fois, une jeune femme que j’avais sélectionnée m’a appelé après avoir reçu son acceptation pour me dire qu’elle ne s’était jamais inscrite, que ses parents l’avaient sans doute fait sans lui en parler et qu’elle ne souhaitait pas venir étudier à Éden.

    — Vraiment ? N’a-t-elle pas eu envie de quand même tenter sa chance ici ? Moi, j’y aurais pensé deux fois avant de refuser.

    — J’ai discuté un peu avec elle et l’ai sondée. Elle avait tout son plan de carrière bien établi en tête et ne souhaitait pas en changer.

    Je ris un peu.

    — Et, de toute manière, David, on ne peut pas accepter tout le monde. Et il faut que quelqu’un choisisse. Avant, c’était Don et moi. Maintenant, c’est toi et moi.

    — D’accord, Maître.

    Entre deux cours, je dissèque les dossiers pour aller chercher le fin fond de ce que ces postulants pourraient avoir à offrir à la Communauté. C’est étrange d’examiner des dossiers si semblables à celui que j’avais envoyé à mon maître. Plusieurs n’ont rien de bien spécial sinon le désir de devenir maître de la C.P. Plusieurs nous disent n’avoir jamais rien voulu faire d’autre, que pour eux, c’est ça ou rien du tout.

    Je suis surpris de voir le dossier d’Alexina Leshko, Alex pour les amis. Monsieur, Joso et moi l’avions rencontrée pendant un voyage de retour de Këshill. Elle disait vouloir s’inscrire à Éden, mais n’était pas certaine de choisir maître Arsh. Elle a mis son nom et celui de maîtresse Borg. En écoutant son enregistrement, je vois qu’elle a pris des cours de chant, comme je le lui avais suggéré, et qu’elle s’est mise sérieusement à l’entraînement physique. D’ailleurs, je le vois lorsqu’elle fait quelques mouvements de danse pour qu’on puisse mieux l’observer sous tous ses angles. Elle s’est même inscrite dans un organisme de bénévolat pour les jeunes défavorisés et y a participé avec régularité. C’est à se demander où elle a pu trouver le temps de suivre tous ses cours réguliers et d’obtenir d’aussi bonnes notes. Qui plus est, on la voit avec quelques amis, qui disent d’elle quelle fille formidable elle est. Elle termine son enregistrement par un petit poème de son cru et par un beau sourire. Franchement, si je devais lui attribuer une note, je lui donnerais A+. Quand j’en parle à Monsieur par la suite, il me sourit. Il dit que, lui aussi, la trouve très prometteuse, mais qu’il ne voulait pas juger trop vite. Il est d’accord pour la sélectionner, mais il dit qu’il lui est arrivé de sélectionner des postulants très prometteurs, comme elle, mais que pendant l’épreuve, ils avaient mal réagi à peu près à tout ce qui leur avait été imposé. Il y en avait même un qui avait fait une crise de rage. Il avait pris les bols de tous les autres postulants et le leur avait lancé au visage sans que personne ne comprenne exactement ce qui lui était arrivé.

    — Il m’a fallu le sonder en profondeur pour en découvrir la cause : il avait un problème psychologique récurrent depuis qu’il était tout petit. Personne n’avait réussi à y changer quoi que ce soit. Et en situation de stress, il piquait des crises de colère ou de larmes, parfois même les deux à la fois.

    — Monsieur, je vais retenir mon jugement, par respect pour vous et votre expérience, mais je doute qu’elle soit comme ça. Je l’ai sondée et elle semble très solide.

    — Oui. Nous devrions avoir du plaisir à vivre cette épreuve avec elle.

    Je vois aussi le dossier de Sipho. C’est la troisième fois qu’il envoie son formulaire à notre maître. Monsieur l’a rejeté jusqu’ici parce que son comportement dénotait qu’il n’avait pas changé. Mais dernièrement, il s’est assagi et a décidé de mettre de l’ordre dans sa vie. Il s’est mis à étudier dans une école qui donne de la formation similaire à celle qui se donne à Éden. Monsieur a inscrit une note disant que ses professeurs et le directeur de l’école n’ont que de bons commentaires à son sujet. En sondant Sipho, je vois sa tristesse à l’idée d’être peut-être encore rejeté cette année par notre maître, mais il se dit que si c’est le cas, il continuera à cette école où il s’est inscrit et deviendra leur meilleur élève. J’en discute avec mon maître. Il me dit qu’il n’est pas certain que le fait de l’accepter l’aidera. Je ne comprends pas ce qu’il veut dire.

    — Il se comporte très bien à l’heure actuelle à cette école. Tout le monde l’apprécie et Sipho aime qu’on le considère comme le meilleur élève qu’ils aient eu. Qu’arrivera-t-il s’il vient étudier à Éden, qu’il réussisse l’épreuve et qu’un jour, je lui dis qu’il est très loin d’être mon meilleur élève, que ce qu’il fait est insuffisant et qu’il peut faire bien mieux, ou bien si je reste des mois sans le flatter, sans lui faire le moindre compliment, sans rien lui dire pour l’encourager ? Comment le vivra-t-il ?

    — Et s’il se montrait aussi bon ici qu’à cette école, si vous n’aviez rien à lui reprocher ?

    — Tu crois vraiment que c’est possible, David ? Se peut-il que quelqu’un ait un comportement absolument parfait en tout tout le temps, qu’il donne toujours le maximum qu’il peut donner, qu’il ne commette jamais la moindre erreur ?

    Il me laisse le temps de réfléchir. Évidemment, c’est assez peu probable que notre maître n’ait jamais la moindre critique à lui faire. Saura-t-il l’accepter ? Supportera-t-il qu’on lui dise qu’il n’est pas le meilleur élève ? Pas sûr.

    — J’aimerais quand même lui donner une chance, Monsieur.

    — Alors, sélectionne-le. Si nous n’avons pas trop de postulants choisis, nous verrons si nous pouvons l’intégrer au groupe.

    J’avoue que ce choix n’est pas du tout rationnel. J’écoute mon cœur. J’aime bien Sipho, ce grand noir exubérant. Je crois que s’il a appris à agir moins impulsivement, il pourrait devenir un excellent élément pour la Communauté. Mais nous verrons bien.

    Il y a même quelqu’un qui porte le même nom de famille que Mily. Il s’appelle Ben Pokoran. Monsieur me dit que c’est le jeune frère de Mily. Je ne suis encore jamais allé dans la famille de ma douce. Je ne connais pas Ben. Si nous n’avons pas le temps d’aller dans sa famille avant l’épreuve, j’aurai l’occasion de le rencontrer dans de bien particulières circonstances, car mon maître l’a sélectionné et, en regardant son dossier, je comprends pourquoi. C’est presque Mily au masculin. Tout en lui ne semble que gentillesse, volonté d’aider et de servir la Communauté. Il est en bonne forme physique. Lui aussi, il joue de plusieurs instruments de musique. Il parle plusieurs langues. D’après tous ses résultats scolaires et tests de quotients intellectuel et émotif, c’est un petit génie au grand cœur. J’ai bien hâte de le connaître.

    Je crois comprendre pourquoi Monsieur voulait que je l’aide pour cette épreuve d’admission. Ce n’est pas seulement parce que Don n’est plus ici pour l’aider, ni à cause de mon don de télépathie, mais parce que je connais des postulants qui en feront probablement partie.

    ~.~.~

    Le jour du début de l’épreuve approche et il faut envoyer à ceux qui sont sélectionnés leur message d’acceptation. Monsieur et moi discutons pour déterminer les vingt postulants que nous allons conserver. À nous deux, nous en avons trente-trois. Il faut donc en éliminer treize. C’est extrêmement difficile. Les arguments de mon maître pour n’avoir pas sélectionné quelqu’un sont très solides, très rationnels. Je vois qu’il a l’habitude de ces tris et éliminations. Pas moi. Et chaque rejet me donne presque envie de pleurer. J’imagine chaque fois le jeune homme ou la jeune femme, pourtant de grande valeur, qui recevra une lettre de refus et j’ai envie de laisser mon maître décider tout seul. Je me suis même levé une fois pour aller prendre l’air. Je me sentais mal. Monsieur m’a suivi. Nous nous sommes assis sur les marches de l’Enfer, ces mêmes marches que monteront les vingt postulants choisis et avons regardé le soleil se coucher.

    — Tu fais de l’excellent travail, David. C’est bien que tu prennes tout ça à cœur. C’est vrai que c’est difficile d’avoir à en éliminer, mais nous n’avons pas le choix. Et, comme je te le disais, certains présenteront une nouvelle demande l’an prochain. Ceux qui y tiennent vraiment le font plus d’une fois. Imagine comment tu te sentiras quand tu devras rejeter la même personne pour la troisième fois.

    — Je n’ai pas de difficulté particulière à rejeter ceux qui n’ont vraiment pas le profil du futur maître, Monsieur. Ce qui me peine, c’est lorsque je vois le dossier de jeunes qui ont voulu toute leur vie devenir maître, qui sont de bons élèves, qui sont en bonne santé et en bonne forme physique, mais qu’on ne conservera pas parce qu’il y en a d’autres qui sont encore meilleurs qu’eux. J’ai de la peine pour eux.

    — Oui, parce que tu t’identifies à eux. Tu imagines ce que tu aurais ressenti si l’année où tu as postulé, il y avait eu tout un lot de candidats si formidables que tu aurais eu l’air minable en comparaison. Tu aurais reçu une réponse négative. Et alors, David ? Qu’aurais-tu fait ? Aurais-tu abandonné ?

    — La lecture de ce message aurait été un choc pour moi, Maître. Vraiment un choc ! J’aurais probablement été incapable de savoir quoi faire de ma vie pendant des jours sinon des semaines.

    — Mais ensuite ? Quand tu aurais compris que c’était bien vrai, qu’aurais-tu fait ?

    — Je… Je crois que j’aurais voulu vous prouver que vous vous êtes trompé. J’aurais tout fait pour vous en convaincre. Je serais même peut-être venu frapper à votre porte.

    — On ne peut pas entrer à Éden sans invitation. Tu aurais dû attendre que je sorte.

    — Alors je serais venu très tôt le matin et serais resté jusque très tard le soir pour avoir une chance de vous voir.

    J’imagine la scène. Je me vois le poursuivre dans ses sentiers de course habituels, lui barrant le chemin alors qu’il retourne à Éden. Et lui, s’arrêtant à quelques pas devant moi, me souriant peut-être.

    — David, rappelle-toi, je suis télépathe. J’aurais su que tu m’attendais là et je t’aurais évité. Nos routes ne se seraient jamais croisées.

    — Si je vous avais attendus assis sur les marches d’Éden. Vous n’auriez pas pu ne jamais y entrer ou en sortir.

    — Il y a un tunnel reliant Éden et l’Enfer. J’aurais pu sortir par une autre porte. J’aurais pu aussi demander à quelqu’un de la garde d’aller te reconduire chez toi.

    — Vous auriez agi de cette manière, même si vous aviez vu dans mon esprit que j’étais prêt à faire tout ce que vous auriez pu me demander.

    — Ils pensent tous la même chose. Tous croient être prêts à tout jusqu’à ce qu’on leur demande d’entrer et de rester dans une cabine pleine d’araignées. Alors, seulement quelques-uns y restent.

    — Peut-être que j’aurais fait comme Sipho. Je me serais inscrit dans l’une de ces écoles et je vous aurais envoyé, année après année, ma demande, jusqu’à ce que j’aie cent cinquante ans.

    Monsieur rit.

    — Je te crois, David. Tu es aussi têtu que ta mère.

    — Et que mon père. Il paraît que c’est fatal quand on hérite de ce trait de caractère des deux côtés de la famille.

    — Oui. Il fallait que tu sois très entêté pour rester sur Doulòs sous l’autorité d’Öman Sklig malgré ce qu’il t’infligeait.

    — Ce n’était pas l’entêtement qui me retenait là, Maître, dis-je avec les larmes au bord des yeux.

    Il se penche et m’embrasse sur le front.

    — En passant, je n’avais pas encore pensé à te raconter ce qui est advenu de ton accusation de tricherie de la part de maître Dukakis lors des grands jeux. Comme Sklig ne voulait pas que tu témoignes, j’ai dû réaliser un montage de ce que tu avais dit à ce sujet à madame Naska et de ce qui s’est passé à l’entrée de la salle virtuelle, alors que Nick Snyder disait à tous les élèves assemblés près des portes ce qu’il savait au sujet du contenu de la salle. Je ne pouvais pas montrer ce qui s’était passé à la salle de toilettes, mais j’ai fait entendre sa voix qui disait que son maître lui avait tout dit au sujet de ce que contiendrait la salle et j’ai demandé à May et à Pierce d’identifier formellement son empreinte vocale ; ce qu’ils ont fait sans difficulté.

    — J’aurais tellement voulu pouvoir vous aider lorsque vous avez appelé maître Sklig. Je l’ai détesté pour le peu de considération qu’il a montré envers vous et envers tout ce qui compte à mes yeux. J’avais honte de l’avoir pour maître.

    — Je sais, David. J’étais dans ton esprit alors que tu pensais que si ton cœur continuait de battre aussi fort et aussi vite, tu finirais sûrement par perdre connaissance. Ta pression artérielle a dû faire un bond étonnant pour un si jeune homme. Ton malaise était intense, je le sentais. Et à cette distance, il est difficile de ressentir ce genre de chose d’ordinaire. Mais que penses-tu que je ressentais de te savoir à quelques pas de Sklig et de ne pas pouvoir te voir ni même t’entendre ? Quant à lui, ma brève lecture de ses pensées à ce moment-là m’a permis de voir tout le plaisir qu’il éprouvait à l’idée du malaise qu’il provoquait en nous deux.

    Je le regarde, ému d’apprendre que je n’étais pas le seul ce jour-là à avoir souffert de la situation.

    — Allez, rentrons. Allons terminer cette sélection.

    Nous l’avons terminée, cette sélection, mais nous y avons mis encore trois heures de discussions intenses. Discussions pendant lesquelles je m’efforçais de garder à l’esprit avec qui j’étais en train de discuter. L’ardeur de nos débats m’ayant poussé à hausser un peu la voix, j’ai tendu les bras, poignets joints, une fois. Monsieur y a touché et m’a dit qu’il me forcerait à montrer combien je suis un élève docile et humble pendant cette épreuve d’admission. Ce qui m’a convaincu de ne pas recommencer.

    Nous avons choisi vingt élèves, parmi lesquels Sipho, Alex et Ben ; tous d’excellents candidats à mon point de vue. Je les ai sondés en profondeur et ils croient tous en leur capacité de devenir de bons maîtres pour la Communauté. Cette épreuve devrait être fort intéressante. J’ai le goût de la rendre intéressante pour eux en tout cas. J’aimerais que même ceux qui abandonneront et ceux que notre maître chassera en gardent un souvenir impérissable et fortifiant.

    ~.~.~

    Le lendemain, je découvre que Mily sera également son assistante pendant l’épreuve. Elle a déjà vu les dossiers des postulants sélectionnés. Notre maître nous donne ensuite à regarder de précédentes épreuves d’admission, dont la mienne. Il y a aussi une liste d’activités possibles, compte tenu des locaux et des transformations qu’on peut leur faire subir, ainsi que des équipements disponibles. Monsieur a quelques objets qui lui appartiennent personnellement et dont il se sert régulièrement, comme les billes blanche et noire, mais la plupart des équipements et autres objets utilisables appartiennent au collège et peuvent être utilisés par tous, alors il faut prévoir leur utilisation et les réserver assez longtemps à l’avance, car il faut tenir compte des autres maîtres qui feront subir en même temps l’épreuve d’admission à leurs propres postulants. On fait en sorte de décaler de trois semaines les épreuves de plusieurs maîtres afin que tout le monde n’utilise pas les mêmes locaux en même temps. Si bien qu’en réalité, ces épreuves, des toutes premières aux dernières, s’étalent sur plusieurs mois. Monsieur préfère être parmi les derniers. En général, il ne reste que quelques maîtres qui font subir des épreuves à ce moment-là. Il y a donc plus de locaux et d’équipements disponibles.

    Nous choisissons ensemble différentes activités qu’il a classées par catégories. Il y a les jeux purement sportifs ou ludiques, les jeux culturels, sociaux ou d’ouverture d’esprit, les épreuves de caractères, les épreuves de maîtrise de soi ou de courage, les épreuves de partage ou de travail en équipe. Plusieurs de ces jeux et épreuves s’entremêlent. Un jeu sportif peut facilement devenir une épreuve de travail en équipe, de caractère ou de maîtrise de soi, par exemple. Une épreuve de maîtrise de soi, lorsqu’elle dure un tant soit peu longtemps, prend souvent l’allure d’une épreuve d’endurance ou de courage.

    Bien sûr, il faut aussi tester les habilités diverses comme celles pour le pilotage, l’entretien et la réparation d’équipements, le dépannage, la programmation, la facilité à comprendre ou à acquérir de nouvelles connaissances langagières, par exemple, les connaissances en premiers soins et en secourisme, etc. Habituellement, mon maître inclut le long interrogatoire qui permet aux postulants de retrouver des souvenirs enfouis dans les profondeurs de leur mémoire. Il vérifie également si la volonté de servir est réelle ou si devenir un maître n’est surtout pour le postulant que synonyme d’une vie aventureuse. Il y a toujours une part d’imprévus dont il faut également tenir compte.

    Quelques jours avant le début de l’épreuve, Monsieur nous donne ses instructions sur la manière dont tous ses assistants doivent se comporter pendant les épreuves. Il s’attend à ce que nous faisions exactement ce qu’il nous demandera et que nous soyons à l’écoute de ses besoins ainsi que de ceux des postulants. Sinon, nous devons demeurer en posture d’attente ou assis avec les autres, à l’écoute de ce qui se dit, de ce qui est pensé et de ce qui est fait. Comme toujours, s’il nous questionne, nous devons lui répondre immédiatement et succinctement, à moins d’indications contraires. Si un élève nous questionne, nous devons attendre son autorisation pour répondre, à moins qu’il nous ait permis de parler librement. De plus, s’il nous demande d’aider quelqu’un à traverser une partie de son épreuve, nous devrons nous y efforcer de notre mieux par la parole ou le geste. Si, pour une raison ou pour une autre, nous nous retrouvons seuls avec les élèves et que quelqu’un a besoin d’aide ou nous pose une question relative à l’épreuve, nous pourrons lui répondre et l’aider. Dans ces cas-là, il nous autorise même à raconter notre propre épreuve, si la partie racontée peut être utile au postulant concerné. Mais il précise que nous ne sommes pas là pour leur faire la conversation sur tout et rien ni pour surmonter les difficultés à leur place.

    Il nous fait également visiter les différentes salles que moi, lui et quelques gardes avons installées. Il nous montre où se trouvent tous les équipements dont il aura besoin et à quel endroit remiser ce qui a été utilisé en attendant d’avoir le temps de remettre chaque objet à sa vraie place. Il nous indique aussi où se trouvent les sacs dans lesquels les élèves devront mettre leurs vêtements. J’avais pris moi-même soin il y a deux jours d’y inscrire les initiales de tous les participants et de les ranger à l’endroit approprié.

    ~.~.~

    Lorsque nous avons terminé la tournée des locaux de l’Enfer que nous utiliserons, Mily et moi nous rendons à la chambre de ma belle. Tout en marchant, je lui demande comment elle se sent à l’idée de participer à l’épreuve de son jeune frère.

    — Quand Monsieur m’a demandé si j’acceptais d’être son assistante et qu’il m’a dit que mon frère faisait partie des postulants sélectionnés, j’ai hésité. Je me suis demandé si je serais capable de me montrer assez objective pour ne pas intervenir davantage en sa faveur que pour n’importe quel autre postulant. J’ai eu peur de ne pas être à la hauteur. Puis je me suis dit que ce serait une expérience intéressante de maîtrise de soi. Il peut arriver qu’en mission, nous ayons à diriger une équipe comportant un parent ou un ami. Il se peut aussi que nous soyons confrontés à l’obligation de faire semblant de ne pas connaître quelqu’un devant nos geôliers, par exemple. Si on frappait un proche devant nous, nous ne l’aiderions pas en réagissant différemment que nous réagirions pour un inconnu ou un collègue comme les autres. Alors, j’ai dit à notre maître que j’acceptais. Il a répondu : « Ça, c’est bien, ma petite Mily ». Il était visiblement satisfait de mon acceptation, sans doute en partie parce qu’il connaissait mes motivations, et ça m’a fait plaisir.

    — Dis-moi, Mily, as-tu plusieurs frères et sœurs ?

    — Non, j’avais un frère aîné, qui est mort sur Vikirana, et ce petit frère, qui veut devenir maître lui aussi.

    — Mort sur Vikirana ? Était-il maître ?

    — Monsieur n’a jamais voulu lui donner la double étoile.

    Je suis soudain parcouru de frissons. Serait-ce… ?

    — Gabriel ? Gabriel est ton frère ?

    — Oui, il était mon frère.

    — Je… je ne voudrais pas te donner de faux espoirs, mais je le crois toujours vivant.

    — Non. Des gens sur Vikirana ont des hallucinations. Ils le voient, mais Gaby est bien mort.

    — Monsieur ne t’a pas raconté ce que nous avons vu tous les deux.

    — Oui, mais vous êtes télépathes. Vous avez pu partager la même hallucination.

    — Je le crois vivant, dans un univers parallèle ou quelque chose de ce genre.

    — Il n’existe rien de ce genre. En tout cas, il n’y a rien où un être humain pourrait disparaître, puis reparaître et y disparaître encore.

    — Gaby est quelqu’un d’exceptionnel, Mily.

    — Il l’était, oui, c’est vrai.

    Elle se met à pleurer au souvenir de son grand frère disparu. J’essaie de la consoler en lui demandant pardon de lui en avoir parlé.

    — Ce n’est pas ta faute. Tu ne savais même pas qu’il était mon frère. Je ne t’ai jamais parlé de ma famille. Il faudrait que je te raconte.

    — Pourquoi pas tout de suite ?

    — Tu ne peux pas attendre que nous soyons rendus à ma chambre ?

    — Eh, je vais faire de gros efforts pour maîtriser mon impatience, dis-je en lui faisant un sourire un peu niais.

    Quand nous arrivons à sa chambre, elle nous prépare des tisanes et nous nous installons l’un contre l’autre sur son lit. Elle se met à me raconter son enfance avec des parents toujours partis en mission. Son père et sa mère étaient maîtres de la Communauté. Ils allaient en mission, rentraient quelques mois et repartaient. Une fois, leur mère restait sur Terre. Une autre fois, c’était leur père. Parfois, les deux partaient ensemble, et madame Barkari venait s’occuper des enfants. Chaque fois, les enfants avaient peur de ne jamais les revoir. Un jour, son père n’est pas rentré, alors sa mère a décidé de changer d’emploi pour pouvoir rester avec ses enfants. Elle s’est mise à travailler pour un camp de vacances pour des jeunes qui ont perdu leurs parents. Elle aime les enfants, mais elle regrette de ne plus avoir à relever les défis que représentait chaque nouvelle mission. Et ses amis et collègues d’Éden lui manquent. Elle s’ennuie même de notre maître avec qui elle se disputait pourtant sans arrêt. Notre maître et elle n’étaient jamais d’accord sur rien, alors il s’ensuivait de longues discussions qui ne débouchaient jamais sur une seule conclusion ou sur une solution unique. Mais je pense qu’au fond, ils s’aiment bien tous les deux.

    — Qu’a-t-elle dit quand elle a su que notre maître ne voulait pas donner la double étoile à Gabriel ?

    — Elle était en colère, mais elle s’était juré de ne jamais intervenir dans ce que notre maître donnerait à vivre à ses enfants. Elle n’a rien dit. Mais lorsque Gabriel est parti, nous sommes allés lui faire nos adieux et le serrer dans nos bras à l’astroport. Il y avait des centaines de jeunes qui attendaient mon frère dehors. Maman n’aime pas beaucoup les adieux et encore moins les foules, alors elle n’a pas voulu sortir. On a regardé un instant par la fenêtre pendant que Gabriel s’éloignait et que les gens criaient son nom. Puis je suis rentrée à la maison avec elle. Maman est ensuite allée parler à notre maître. Je pense qu’elle avait l’intention de l’engueuler, mais ce n’est pas ce qui s’est produit.

    — Elle t’a raconté ?

    — Oui. Après le départ de Gabriel, je suis allée la voir. Elle était seule à la maison. Ben est toujours en train de s’entraîner à l’extérieur ou parti à l’une de ses innombrables activités avec ses copains. J’ai toujours du mal à voir mon petit-frère à cause de toute cette énergie dont il fait montre et qu’il dépense dans toutes sortes d’occupations. Quand je suis entrée, je me suis approchée de maman et je l’ai serrée dans mes bras. Elle s’est mise à sangloter. Je me suis mise à pleurer avec elle. Nous avons pris le temps de nous calmer avant de parler. Elle m’a dit : « Je suis allé le voir ». Elle parlait de notre maître, bien sûr. Je me suis dit : « Ah non ! » Elle m’a raconté : « Comme je ne suis plus maîtresse à Éden, je devais être invitée pour pouvoir entrer. Mais j’ai dit à la réceptionniste qui j’étais et qui je voulais rencontrer. Elle l’a appelé et il a dit de me laisser entrer. Je me suis rendue à son bureau. Il était assis au bord de la fenêtre à l’arrière et il regardait dehors. Je me suis approchée. Il s’est mis à me dire : Gabriel est un ange. Il est le meilleur élève que j’ai eu. Il pleurait. Je ne m’attendais pas à ça. Je me suis mise à pleurer aussi. Je me suis assise au bord de la fenêtre près de lui. Il s’est mis à me raconter Gabriel, depuis son épreuve d’admission jusqu’à son départ pour Vikirana. Tout ce qu’il me racontait était étonnant. À travers son récit, il me montrait combien Gabriel était extraordinaire, généreux, courageux, serviable ; mais ce récit me disait aussi à quel point, lui, son maître, l’aimait. Il m’a expliqué pourquoi il a refusé de lui donner la double étoile. Il a dit que le fait qu’il n’était pas arrivé premier pendant les jeux n’était qu’un prétexte. En réalité, le fait que Gabriel n’ait pas reçu la double étoile était sa consécration, la preuve qu’il était bien au-dessus de tous les autres, parce que les autres ont besoin de la double étoile pour se prouver à eux-mêmes qu’ils sont des maîtres, mais pas lui. Il m’a dit que Gabriel était déjà un maître dès son premier jour à Éden, qu’il a bien commis quelques erreurs, connu quelques doutes, mais que tout ça ne démontrait qu’une chose : qu’il était un être humain. Quand il s’est arrêté de parler, je lui ai dit merci et je suis partie. »

    Mily pleurait pendant qu’elle me racontait cette visite de sa mère chez notre maître. Moi aussi, je me suis mis à pleurer au souvenir de Gabriel et de son départ.

    — Maman a dit que, pour la première fois, elle a compris ce que notre maître recherchait chez ses élèves et les valeurs qu’il promouvait.

    — Je comprends maintenant pourquoi tu as dit à ma mère que nos enfants ne seraient pas heureux avec deux parents toujours partis en mission.

    — Oui, je savais de quoi je lui parlais. Je ne veux pas infliger à des enfants la peur constante que nous avons connue, mes frères et moi.

    — Et ton jeune frère, ressemble-t-il à Gabriel ?

    — Non. Ni physiquement ni psychologiquement. C’est vrai que Gabriel était un ange. Il n’aurait pas fait de mal à une mouche, même ogmiosienne. Ben est un blagueur, un fonceur et un bagarreur indomptable, mais il a un grand cœur lui aussi.

    — Tu as une famille vraiment exceptionnelle, Mily. Toi aussi, tu es hors du commun.

    — Non, moi… Jamais je n’arriverai à la cheville de mon grand frère.

    — Je suis sûr qu’il ne serait pas d’accord s’il t’entendait dire ça.

    — Non, bien sûr que non. Mais je sais ce que je vaux. Je ne suis pas aussi… parfaite que lui.

    — Il ne l’était pas non plus, Mily. Je l’ai entendu critiquer notre maître pendant la fête après les jeux. On aurait dit un débutant fraîchement débarqué à Éden et qui n’a rien compris de ce que notre maître lui a appris.

    — Vraiment ?!

    — Oui. Mais ça n’a pas duré. Je suppose qu’il lui arrivait d’avoir des moments d’inquiétudes et de doute comme tout le monde. Comme disait notre maître à ta mère, ça prouve qu’il était humain. Tu es fabuleuse toi aussi, Mily.

    — Toi, tu es aveuglé par l’amour.

    — Oui, c’est certain, dis-je en souriant méchamment pour la taquiner.

    Et encore une fois, nos jeux se sont terminés en embrassades torrides.

    Chapitre 2 : L’épreuve d’admission : Les premiers pas

    Le jour du début de l’épreuve est arrivé. Notre maître, Mily et moi regardons ce qui se passe dans la cour. Pierce, l’IA générale d’Éden, nous présente tous ces jeunes qui attendent leur tour pour entrer en Enfer. Ils semblent tous si nerveux. Nous pouvons non seulement les voir, mais les entendre. Maître Arsh a préalablement programmé l’enregistrement pour que, chaque fois que nous voyons l’un de ses postulants, l’enregistrement se fasse séparément du reste. Ainsi, si l’un d’eux prétend, par exemple, qu’il a mis maître Arsh et maîtresse Borg dans ses choix de maîtres sur son formulaire, mais, qu’en fait, il n’avait mis que maître Arsh à deux reprises, il serait facile pour notre maître de préparer un montage montrant le formulaire du postulant en arrière-plan et la scène enregistrée de son mensonge au premier plan.

    Personne n’a menti. D’ailleurs, à part Sipho, personne n’a mis le nom de maître Arsh deux fois sur son formulaire. La plupart des autres ont mis Maîtresse Borg en deuxième place. Quelques-uns ont mis un jeune maître ou une jeune maîtresse qu’on dit prometteurs, de sorte que si notre maître avait rejeté sa candidature, ce candidat aurait eu une bonne chance d’être admis par le nouveau maître formateur.

    — Quelle impression avez-vous de ce que vous voyez ? demande notre maître.

    — C’est étrange de les voir parler à leurs parents et à leurs amis de leurs craintes, de leurs espoirs et de ce qui les attend, dit Mily.

    — Je me revois attendant mon tour pour entrer. J’étais presque en transe à un moment donné, dis-je en riant.

    — Oui, c’est vrai. C’est tout juste si j’arrivais à répondre à mes amis, confirme Mily.

    — Oui, moi aussi, approuvé-je en lui souriant.

    — Que pensiez-vous qu’il allait se passer ? Vous étiez-vous fait une idée de ce qui vous attendait ? nous interroge encore notre maître.

    — Je préférais ne rien imaginer. Sinon, j’aurais eu trop peur, dit Mily sur un ton montrant qu’elle ressent un peu de cette nervosité qu’était la sienne ce jour-là.

    — Moi non plus, je n’imaginais rien de particulier, mais tout ce qu’on dit de vous, Maître, me rendait si nerveux que j’en tremblais ; tellement que lorsqu’on m’a appelé, j’ai eu du mal à avancer. Il me semblait que mes jambes allaient me lâcher, dis-je en riant un peu de moi-même.

    — Oui, c’est vrai, ajoute Mily. Nous avions attendu si longtemps. Pendant tout le temps de notre attente, je me conditionnais pour me donner du courage, pour ne pas m’écraser sur place et ne plus pouvoir avancer le moment venu.

    — Je demande toujours qu’on appelle mes élèves en dernier. Je trouve très révélateur ce qu’on peut observer et entendre pendant cette attente. Il est arrivé que des postulants que j’avais sélectionnés abandonnent avant d’être appelés. Cette attente à elle seule constitue une part non négligeable de l’épreuve, affirme notre maître.

    — Le jour de mon épreuve, un élève d’un autre groupe a viré de bord alors qu’il montait les marches. Je n’arrive pas à imaginer abandonner alors qu’on a été accepté et qu’on est sur le point d’entrer, dis-je.

    — Je trouve désolant qu’ils abandonnent si rapidement, mais que voulez-vous, personne ne réagit au stress de la même manière. Pour certains, la seule solution est la fuite. Alors, je préfère le savoir dès le début que pendant une mission, explique notre maître.

    Nous regardons encore avec fascination tous ces jeunes et leurs proches qui attendent dans la cour.

    — Et pendant l’attente à l’intérieur, comment vous sentiez-vous ?

    — J’étais heureuse de ne pas avoir été appelée la première et qu’il y ait d’autres jeunes pour m’accueillir. Je ne sais pas si j’avais hâte que vous arriviez, Maître, ou si je préférais que vous n’arriviez pas trop vite.

    Notre maître rit en entendant cette déclaration de Mily.

    — Il me semblait que tout le monde mentait, dis-je.

    — Que veux-tu dire ? me questionne Mily.

    — Tout le monde sortait son petit discours sur les statistiques qui démontrent que les élèves de notre maître réussissent mieux. C’est ce qu’ils donnaient comme raison principale de leur choix de maître. Pourtant, s’ils étaient comme moi, ces statistiques ne devaient pas les avoir tellement influencés. Mes raisons étaient tout autres.

    — Quelles étaient-elles ? demande mon maître.

    — Je ne sais pas. Je… Frances. Frances était la principale raison.

    — Frances? Que veux-tu dire ? demande Mily.

    — As-tu vu ce reportage avant le départ de Frances en mission ?

    — Oui, mais je ne comprends pas que ce soit ça qui t’a convaincu de choisir notre maître, affirme Mily.

    Mon maître et moi nous regardons intensément. Mily nous regarde alternativement, mais ne comprend toujours pas.

    — Pour moi, Frances était la représentation de ce qu’est un maître ou une maîtresse. Elle partait là-bas en sachant que, probablement, elle n’en reviendrait jamais, qu’elle y mourrait. Et notre maître qui refusait de lui accorder son amitié… ! J’en avais mal au ventre tellement ce reportage me mettait à l’envers. Et c’est ce jour-là où j’ai inscrit le nom de notre maître deux fois sur mon formulaire d’inscription. C’est sans doute ce qu’ont ressenti d’autres jeunes en assistant à l’émission avant le départ de Gabriel, Mily. Il était la représentation vivante de ce qu’est un maître. Il n’attendait même pas la marque prouvant sa valeur. Il était prêt à partir au pire endroit où il pouvait aller parce que c’est là où on avait le plus besoin de lui. Je suis sûr qu’aussi contradictoire que cela paraisse, d’autres jeunes ont dû inscrire le nom de notre maître sur leur formulaire de demande d’admission ce jour-là. Comprends-tu, Mily ?

    Mily pleure, mais elle acquiesce de la tête. Je la serre très fort dans mes bras.

    — Pourtant, toi aussi, David, tu avais prétendu que c’était ces mêmes statistiques qui t’avaient convaincu de me choisir.

    — Oui, j’étais gêné de ce choix unique parce que je me sentais à part et je ne savais pas si je réussirais à me faire comprendre si on me demandait les raisons réelles de mon choix.

    — Et toi, Mily, pourquoi m’avoir choisi ?

    — À cause de Gabriel, surtout. Parce que vous étiez son maître et tout ce qu’il disait de vous frisait l’idolâtrie.

    Mily rit un peu avant de continuer.

    — Comme le dit David, j’étais consciente de ce à quoi Gabriel renonçait et de ce qu’il était prêt à faire pour aider. C’était si énorme ! Et c’était mon grand frère qui était à la tridi en train de dire ce qui comptait le plus pour lui. Je l’écoutais en pleurant, mais je le comprenais complètement. Il parlait la même langue que moi. Mais Maîtresse Borg me semblait excellente aussi, alors je l’ai mise en second.

    — Et lorsque je suis entré, qu’avez-vous ressenti ?

    — Moi, j’ai eu l’impression de recevoir un coup de poing en plein ventre, dis-je en souriant.

    — Pourquoi ?

    — Parce que vous étiez là, devant moi, en chair et en os. Le maître dont tout le monde parlait, celui qui a formé la fabuleuse Fédora Lynn, mon idole, celui qui faisait peur à tellement de gens, mais que je n’avais vu qu’à la tridi, était dans la même pièce que moi.

    — C’est aussi que le fait que vous entriez dans la pièce signifiait le début de notre épreuve. Là, c’était vrai. Tout allait commencer. Tout pouvait arriver, ajoute Mily.

    — Oui, c’est vrai. Moi aussi, je l’ai ressenti comme ça, dis-je.

    Nous regardons encore les jeunes dans la cour. Ils blaguent et rient. Certains se moquent d’une postulante qui vient de s’étaler sur les marches qu’elle montait. Je lis leur esprit. J’y vois la crainte de ne pas faire mieux qu’elle. Quelques-uns se demandent s’ils ont bien fait de mettre le nom de notre maître sur leur formulaire. Ils pensent qu’ils se sont peut-être surestimés. Et si tout ce qu’on dit de terrible sur Greg Arsh était vrai… La peur envahit leur esprit et leur tord les entrailles. Ils me ressemblent tellement. Je les aime tous déjà.

    — Comment était Gabriel lors de son épreuve d’admission, Maître ? demande Mily.

    — Gabriel a été exceptionnel du début à la fin, Mily. Je l’ai dit à ta mère et je le pensais. Il s’offrait toujours pour faire toutes les corvées. Il était toujours prêt à prendre la bille noire et à ne pas manger pour que les autres puissent le faire. Même lorsque c’était à son tour de boire, il fallait l’empêcher de donner son eau aux autres. Il se serait laissé mourir de soif pour qu’ils boivent. Pourtant, il avait peur et mal, tout autant que les autres. Il dormait mal à cause de son inquiétude pour le lendemain. Mais le lendemain, il faisait aussi bien sinon mieux que la veille. Quand j’ai vu à quel point il était bon, je me suis acharné sur lui. Je lui ai demandé davantage qu’à tous les autres ; je lui ai reproché la moindre hésitation, mais loin de se décourager, il en donnait encore davantage. Tous les maîtres rêvent d’avoir un élève comme lui. Gabriel, c’était un vrai cadeau.

    — J’étais loin d’être aussi bien. J’ai toujours tellement peur. J’hésite tout le temps. Je… Je suis si…

    — Bonne. Tu m’as beaucoup fait penser à lui, ma petite Mily. Je te regardais agir et je revoyais Gabriel. Je me disais que c’était impossible. On ne gagne pas deux fois le gros lot à la loterie. Pourtant, c’était vrai. J’avais cette grande chance de t’avoir parmi mes postulants.

    — Et David ? demande-t-elle.

    Je fais « non » de la tête. Je ne voulais qu’elle pose cette question et je ne l’aurais pas fait moi-même. Je ne tiens pas à entendre la réponse. Mon maître se tourne vers moi, il met une main derrière ma tête et la penche vers lui. Il m’embrasse le front.

    — David aurait pu être ton frère. Vous vous ressemblez beaucoup tous les deux. Sauf qu’il avait cette tendance à se pavaner dès qu’il faisait quelque chose de bien, tendance que tu n’as jamais eue, Mily. Mais son séjour sur Doulòs l’a beaucoup changé de ce côté.

    — Il a failli mourir pour pouvoir changer, dit Mily sur le ton du reproche.

    Monsieur lui sourit affectueusement.

    — Il était prêt à encore pire. Il était prêt à vivre, à passer toute sa vie dans cet enfer pour changer. Je lisais dans son esprit qu’il se voyait dans vingt ans, me croisant sur la rue et n’osant pas m’aborder, mais espérant que je sonderais son esprit et que j’y verrais toute l’humilité qu’il avait acquise. Il n’osait même pas espérer que je l’approcherais pour lui parler, mais il espérait qu’au moins, je lui pardonnerais. Cet indéniable et indéfectible désir d’obtenir mon pardon l’a guidé dans ses actes pendant toute cette terrible année.

    L’émotion m’envahit. Je me rappelle avoir imaginé cette scène. Je me souviens comment l’idée que mon maître me pardonne enfin, serait-ce quand j’aurais quatre-vingts ans, me donnait du courage.

    — J’aime en vous deux cette détermination à vous donner quoi qu’il vous en coûte et ce besoin de servir. Cela jaillit de vous et vous illumine. C’est inspirant. C’est pourquoi je vous ai choisi tous les deux pour m’aider pendant cette épreuve. Je sais que vous pourrez soutenir ceux que la peur pourrait décourager ou que le doute pourrait égarer. Vous saurez ranimer leur flamme.

    — Mais nous ne sommes pas censés dire grand-chose, Maître, n’est-ce pas ? demande Mily.

    — Non, c’est vrai, mais il se peut que je vous demande d’aller parler à l’un ou à l’autre, qui pourrait avoir besoin d’encouragements. Sinon, je suis sûr que vous saurez leur montrer votre valeur et ce qu’ils doivent faire par vos actes.

    ~.~.~

    L’enregistrement de ce qui se passe dans la cour se poursuit. Nous regardons ce que nous avons déjà enregistré. Monsieur veut faire deux montages : celui des pires moments et celui des meilleurs. Il mettrait les meilleurs moments à la suite des autres. Nous départageons donc les bons et moins bons moments de ce que nous avons vu et entendu dans la cour. Monsieur s’occupe du montage pendant que nous continuons de regarder les jeunes, de moins en moins nombreux et de plus en plus nerveux qui attendent dehors. J’écoute leurs discussions.

    — J’espère que ce n’est pas lui qui m’a choisi, dit Sacha.

    — Lui ? Tu veux dire Arsh ? demande Josée.

    — Ouais, répond Sacha.

    — C’est lui. Il n’y a que lui pour nous faire attendre jusqu’à la toute fin comme ça, assure Sipho.

    — On dirait que tu sais déjà à quoi t’attendre, dit Abdel.

    — Non. Pas vraiment. On ne sait jamais à quoi s’attendre avec ce gars-là,

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