D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6)
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À propos de ce livre électronique
Dans ce tome, David, le principal protagoniste vie l'épreuve d'admission de l'autre côté du miroir. Il aide son maître, Greg Arsh, à infliger cette épreuve à une groupe de vingt postulants. Ce qui aide David à mieux comprendre ce qu'on peut ressentir quand on a la charge d'élèves que l'on doit aider à devenir eux aussi de bons soldats de la paix.
David participera également à une tournée des écoles terriennes pour parler aux élèves de ce qu'est la vie des étudiants à Éden sous l'autorité du plus sévère maître de la Communauté des planètes. À la suite de cette tournée, David sera kidnappé par des petits trafiquants de drogues et d'armes. Il apprendra aussi des choses surprenantes sur sa fille, encore à naître.
Danielle Tremblay
FRANÇAIS :Danielle Tremblay complète ses études collégiales en informatique au Cégeg de Chicoutimi en 1973. Elle possède également deux attestations d’études collégiales du Cégep de Jonquière, l’une en techniques de la documentation (1984), l’autre en techniques de micro-informatique (1994). De 1984 à 2012, année de sa retraite, elle travaille comme technicienne en bibliothèque pour diverses institutions à Chicoutimi, dont les neuf dernières années au Conseil national de recherches du Canada. Elle a remporté en 1981 le concours littéraire La Plume saguenéenne dans la catégorie science-fiction pour sa nouvelle «Cosmose», le second prix du concours du meilleur texte de trois pages du module des lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1988 et le premier prix de ce même concours en 1989 pour «La Lettre d’adieu». En 2011, elle gagne le premier prix du concours littéraire de science-fiction Ascadys avec sa nouvelle «Adam et Ève». L'année suivante, elle publie son premier roman, «Pas de paradis sans... l’enfer» tome 1. Depuis, elle n'a pas cessé d'écrire sous son vrai nom et sous un nom de plume.--------------ENGLISH:Danielle Tremblay completed her college studies in computer science at Cégeg de Chicoutimi in 1973. She also holds two attestations of collegial studies from the Cégep de Jonquière, one in documentation techniques (1984) and the other in microcomputer techniques (1994). From 1984 to 2012, the year of her retirement, she worked as a library technician for various institutions in Chicoutimi, including the last nine years at the National Research Council of Canada. In 1981, she won the literary competition La Plume saguenéenne in the science fiction category for her short story "Cosmose", the second prize in the competition for the best three-page text at the Université du Québec à Chicoutimi in 1988 and the first prize in the same competition in 1989 for "La Lettre d'adieu". In 2011, she won the first prize in the Ascadys science fiction literary competition with her short story "Adam et Ève". The following year, she publishes her first novel, "Pas de paradis sans... l'enfer" volume 1. Since then, she hasn't stopped writing under her real name and a pen name.
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Aperçu du livre
D'épreuve en épreuve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 6) - Danielle Tremblay
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Tous droits réservés pour le livre « D’épreuve en épreuve » : ISBN 978-2-924400-06-7 à Danielle Tremblay, première édition en 2013.
All rights reserved, Danielle Tremblay, first edition published at Smashwords in January 2013. No part of this book may be reproduced in any form, by any means, without the prior written consent of the author.
Table des matières
Droits d’auteur
Chapitre 1 : Préparatifs pour l’épreuve d’admission
Chapitre 2 : L’épreuve d’admission : Les premiers pas
Chapitre 3 : L’épreuve d’admission : Les boîtes et Gusa
Chapitre 4 : L’épreuve d’admission : le repas et le casse-tête
Chapitre 5 : L’épreuve d’admission : mort et renaissance
Chapitre 6 : Le retour de Gabriel
Chapitre 7 : Le poteau
Chapitre 8 : L’avenir du bébé et les préparatifs pour la tournée
Chapitre 9 : Visite chez mes parents et chez la mère de Mily
Chapitre 10 : L’ange et l’enfant
Chapitre 11 : La tournée des écoles
Chapitre 12 : Enlèvement à Paris
Chapitre 13 : Aider, de toutes les façons
Chapitre 14 : Survivre, de toutes les façons
Chapitre 15 : Après l’épreuve de survie
Chapitre 16 : Mily et moi
Les autres volumes de cette série
Chapitre 1 : Le jour des jeux
J’avais mis le réveil une heure trente avant les jeux. Je voulais me donner l’occasion de me dégourdir un peu en pratiquant mes exercices de tai-chi. Dès que le réveil sonne, je me lève et je commence. La porte s’ouvre. Mon maître entre avec un homme que je ne connais pas. Je les salue. Aucun des deux hommes ne me répond.
— Par terre, couché sur le dos, David, m’ordonne mon maître.
Je lui obéis, sans savoir où il veut en venir. Je tente de lire leurs pensées.
— Pas de ça aujourd’hui. Tu sonderas l’esprit de qui tu voudras, sauf de moi, de lui, des juges et des autres organisateurs des jeux.
Ils s’agenouillent tous deux de chaque côté de moi et commencent à me manipuler, me contorsionner, m’étirer jusqu’à la limite du tolérable, puis ils me retiennent dans cette posture de contorsionniste presque insupportable où ils m’ont placé.
— Ne résiste pas, David, me commande mon maître. Plus tu t’abandonneras, moins tu auras mal.
Je m’efforce de rester aussi mou et souple qu’une poupée de chiffon, mais j’ai quand même mal. Pendant un certain temps, du moins. Après plusieurs minutes, on dirait que mes muscles et mes articulations se sont habitués à ces étirements et à ces torsions ; j’y trouve même du soulagement et du plaisir. Je voudrais presque qu’ils m’étirent encore davantage, mais ils s’arrêtent. D’ailleurs, il est temps que je mange un peu.
Pendant que je termine de me vêtir des vêtements spéciaux que m’a donnés mon maître, on sonne à la porte. Quelqu’un vient livrer trois repas. Les deux maîtres s’assoient à la table. Je suis encore étendu par terre.
— Assis-toi, David.
Je tends les bras, poignets joints.
— Tu es bien là où tu te trouves, ne penses-tu pas, David ?
— Oui, Maître, dis-je en lui souriant.
Monsieur me tend mon plateau-repas.
— C’est comme ça que tu traites ton fils, Greg ? demande l’autre homme en souriant lui aussi.
— Il est d’abord mon élève. Il est bon qu’il se souvienne d’où est sa vraie place, dit-il en pointant le sol.
— Tu ne crois pas que tu devrais te rebeller, David ? demande l’inconnu.
— Pourquoi, Monsieur ? Je m’attendais à me préparer tout seul dans ma chambre et je me retrouve avec deux masseurs qui m’aident à m’étirer et à m’assouplir. Le repas semble excellent. Et qui a dit que la hauteur dans l’espace donnait de la hauteur spirituelle ou sociale ? Je me trouve très bien ici. Contre quoi devrais-je me rebeller ?
— Un philosophe, hein ? demande l’inconnu.
— Quand sa situation lui semble supportable, il essaie d’impressionner tout le monde avec ses commentaires philosophiques et ses traits d’esprit. Quand elle l’est moins, il s’apitoie sur son sort, répond mon maître.
La réponse de mon maître me donne à penser qu’il n’aime pas davantage mes « traits d’esprit » que mon apitoiement sur mon sort.
— Je sais que tu peux leur rendre la vie très difficile et trouver tous les meilleurs arguments du monde pour l’avoir fait, Greg, mon ami. Je te connais bien, tu le sais.
Mon maître lui sourit. On dirait deux frères. Ils se ressemblent assez physiquement et quelque chose me dit qu’ils ont bien plus de points en commun que l’apparence physique.
— Ne fais-tu pas la même chose avec tes petits soldats, Odyn ?
— Oui, mais si je les fais s’asseoir au sol, c’est qu’il n’y a pas de chaises ou d’autres fauteuils dans la pièce.
Mon maître rit.
— Parce que tu les as enlevés. Quelle différence cela fait-il ?
— Pour eux, une grande différence. Si je leur dis de s’asseoir, ils le feront tout naturellement au sol s’il n’y a aucune autre place plus confortable où le faire et surtout si je m’assois par terre avec eux. Toi, tu exiges qu’il le fasse pour leur montrer « leur vraie place ». C’est très différent.
— Tes élèves ne s’assoiraient-ils pas volontiers à tes pieds si tu l’exigeais d’eux ? Ne te vénèrent-ils pas assez pour ça ?
Maître Odyn réfléchit en avalant une bouchée et en regardant intensément mon maître.
— Sans doute que la plupart le feraient.
— S’en sentiraient-ils humiliés selon toi ?
Maître Odyn réfléchit encore tout en mâchant.
— Je crois que pour plusieurs, ce serait un honneur au contraire. Si je le leur demandais, ils se sentiraient… exceptionnels, comme faisant partie d’une élite, celle à qui on peut tout demander et qui acceptera par… loyauté, courage et fidélité.
Mon maître a un petit signe d’assentiment de la tête. Il achève son propre petit-déjeuner.
— Et les autres ? Ils se sentiraient humiliés ? questionne encore mon maître.
— Ils ne comprendraient sans doute pas pourquoi je leur demande une telle chose. Ils croiraient probablement que je suis en train de les punir pour une faute qu’ils ignoreraient avoir commise.
— Si tu avais à choisir parmi tous tes élèves une petite fraction que tu pourrais garder et continuer de former, lesquels choisirais-tu ?
Maître Odyn se met à rire.
— Ah, Greg. Je crois que ceux qui ont le plus besoin de moi sont ceux qui ne comprendraient pas ma demande, pourtant tu sais bien que je préférerais garder les autres.
— Pourquoi ? demande mon maître en se levant pour partir.
Il me fait signe de me lever et d’aller me vêtir. Ce que je m’empresse de faire même si je n’ai pas terminé mon repas.
— Il y a une meilleure complicité entre moi et eux qu’avec les autres.
— C’est tout ? insiste mon maître.
— Que cherches-tu à me faire dire, Greg ?
— Rien en particulier. Je cherche à savoir comment la cervelle de mon ami fonctionne.
— Tu sais très bien comment elle fonctionne, foutu télépathe !
— Alors, disons que j’aime t’entendre dire ce que tu crois vraiment, répond le foutu télépathe en question.
Maître Odyn se lève aussi et nous sortons. Je marche en veillant à demeurer deux pas derrière eux.
— Qu’est-ce qu’il fait ? demande-t-il à mon maître en s’arrêtant de marcher.
Je m’arrête pour demeurer à la même distance d’eux. Maître Odyn se retourne et me regarde. Je lui souris.
— Il s’offre un petit plaisir, répond mon maître.
Il a totalement raison. J’aime marcher derrière mon maître à la distance prescrite aux esclaves doulòsiens envers leur sahibi ou leur sahiba.
— Un plaisir ?
Ils se remettent à marcher. Je les suis à la même distance.
— Oui. Il aime bien jouer l’esclave. En un sens, c’est ce qu’il est. Le « serviteur des serviteurs », est-ce que ça ne décrit pas assez bien un esclave ? Mais tu ne m’as pas répondu, Odyn. Pour quelle autre raison préférerais-tu conserver les autres ?
Odyn secoue la tête, comme un refus de répondre. Puis il me jette un coup d’œil. Je lui souris.
— Un plaisir ? me demande-t-il.
— Oui, Maître Odyn.
Il tourne la tête, sans répondre à la question de mon maître, à moins qu’il ne l’ait fait mentalement. En tout cas, mon maître n’insiste pas et ne semble pas s’offusquer de ce silence. Maître Odyn salue mon maître et va parler à une jeune femme qu’il connaît et que nous venons de croiser. Mon maître se retourne et me fait signe de m’approcher. Il m’ordonne de marcher devant lui.
— Il faut toujours que tu cherches à impressionner les gens avec ta grande sagesse, même les maîtres qui ont deux fois ton âge et cent fois ton expérience, n’est-ce pas, David ?
Il n’a définitivement pas aimé mon commentaire philosophique. Comment aurais-je pu répondre à cette question à propos d’une rébellion possible sans philosopher sur ma position assise au sol ?
— Ce n’est pas tant ce que tu dis qui me déplaît, que tes motivations. Tu cherches sans arrêt à impressionner, à montrer à tous quel merveilleux élève tu es, n’est-ce pas ?
Je sonde ma propre conscience et je ne peux pas nier que je me sentais fier d’être assis aux pieds de mon maître et que je voulais qu’on sache que ce n’est pas une humiliation pour moi. Je sais que mon maître juge que c’est loin d’être un déshonneur de se trouver dans une telle position et je voulais faire comprendre qu’au contraire, je me sens honoré de m’y trouver. Est-ce mal ?
— Maître, je voulais seulement…
— Réfléchis bien avant de me répondre, David. Es-tu certain qu’il n’y avait pas la plus petite trace d’orgueil dans ta réponse à maître Odyn ?
De la fierté, oui, mille fois oui, mais de l’orgueil ? J’ai soudain envie de pleurer de me voir mal jugé parce que je me trouve bien dans ma servitude.
— Arrête-toi ici, David. Va faire face au mur.
Je fais ce qu’il m’ordonne.
— Approche-toi davantage du mur.
J’appuie la pointe de mes chaussures contre le mur du corridor. Je sens sa main qui appuie entre mes omoplates et me pousse la poitrine tout contre le mur. Je dois tourner la tête pour pouvoir tenir dans cette position. Il reste derrière moi, si près de moi que la pointe de ses propres chaussures est de chaque côté de mes talons.
— Comment te sens-tu maintenant dans cette posture ?
— Je… Je me sens sous votre contrôle, Maître.
— En ressens-tu de la fierté ou de l’orgueil ?
— Non, Maître.
— De l’humiliation ?
— Non, Maître.
— Ce que tu ressens ici, maintenant, est ce que tu aurais dû ressentir pendant que tu étais assis par terre dans ta chambre. Tu fais ce que je t’ordonne, parce que je te l’ordonne et que tu sais que c’est ce que tu dois faire. Il n’y a rien d’autre à dire, rien de plus à prouver ou à éprouver. Il n’y a pas de leçon de philosophie à en tirer et surtout pas à donner à bien meilleur que toi. Me comprends-tu ?
— Oui, Maître.
Je comprends très bien que ce que j’ai fait dans la chambre en m’assoyant au sol était ce qui était attendu de moi, mais je n’avais pas à tirer une gloire de l’avoir fait. Pas plus qu’un oiseau ne se glorifie de voler ou un poisson de nager. Une telle attitude devrait m’être naturelle et je devrais m’y appliquer sans aucune ostentation.
— Ce n’est pas la première fois que je te critique pour des fautes d’orgueil, n’est-ce pas, David ?
Après m’avoir reproché ma tendance à l’orgueil de nombreuses fois, mon maître m’avait envoyé à Maître Mestari pour m’apprendre à me montrer respectueux et plus humble, mais à la première occasion, je me pavane encore.
— Non, Maître.
— Mérites-tu de participer à ces jeux ?
— Non, Maître.
— Mérites-tu de demeurer mon élève ?
— Pitié, Maître ! Je regrette. Je ne sais pas d’où me vient cette tendance à vouloir en remontrer aux gens. J’aimerais changer, mais je ne sais pas quoi faire pour que cette tendance disparaisse. Donnez-moi un truc, une méthode pour y parvenir et je le ferai immédiatement.
— Il n’y a aucun truc. Je t’ai posé une question, David.
Je me mets à pleurer. Ce qui me trouble le plus n’est pas tant l’idée d’être chassé, mais celle de ne plus l’avoir pour maître.
— Non, Maître, dis-je dans un souffle.
— À quoi réponds-tu « non », David ?
— Vous m’avez souvent dit que je me montrais trop orgueilleux et je continue de faire montre d’orgueil. Je ne suis pas digne de vous, de ce que vous nous enseignez, Maître.
Ces mots sont sortis de ma bouche sans que je sache comment, mais je ne pouvais pas répondre autre chose. Mon maître me retourne, me pousse dos au mur. Il a l’air si triste.
— Le pire, David, est que je ne sais même plus quoi faire pour te corriger. J’ai tout tenté. J’ai même demandé l’aide du Grand Maître, lui-même. Que puis-je faire de plus ? Te punir encore ? Comment ?
Je pleure sans savoir quoi lui répondre.
— La dernière fois que je t’ai puni, tu es entré dans le cercle rouge et tu t’y es dévêtu sans même que j’aie à te le demander. Tu as mis les mains sur les poignées et tu étais prêt à subir stoïquement ta punition. Pourtant, je ne sentais aucun vrai remords en toi, aucun désir réel de te corriger. Si tu voyais, David, comment se comportent Don et Mily quand ils sont dans ce cercle ! Tu aurais envie de les serrer très fort contre toi et de leur dire que tu ne leur en veux pas, que tu sais qu’ils regrettent et qu’ils ne recommenceront pas. Ils sont si malheureux des fautes qu’ils ont commises, si désireux de ne plus les répéter. Et quand je lis dans leur cœur, je sais avec certitude qu’ils ne recommenceront jamais.
J’ai vu plus d’une fois Don tendre les bras, poignets joints, pour réclamer sa punition pour la faute insignifiante qu’il venait de commettre. Il avait tout le regret du monde dans les yeux et le cœur. Je voyais qu’il s’en voulait terriblement de ne pas avoir su faire mieux. Et quand Monsieur effleurait ses poignets, il en ressentait une forte décharge nerveuse, une telle peine ! Il ne veut tellement pas déplaire à son maître, à son grand-père. Il veut que tout ce qu’il fait soit parfait. Je sais que la réaction de Mily est très semblable. C’est d’ailleurs quelque chose qui va manquer à sa sahiba, cette simplicité, la facilité avec laquelle elle reconnaît ses fautes et est prête à en subir la conséquence, et la volonté si sincère de s’améliorer. Je comprends très bien de quoi mon maître me parle en ce moment.
— Je ne sens rien de semblable en toi, David. Tu subis ta punition parce que tu sais que tu dois la subir, mais je ne sens pas ce tourment à la seule idée d’avoir commis une erreur, cette détestation de toi-même pour l’avoir commise qu’éprouvent Don et Mily.
Il me regarde encore avec cette infinie tristesse dans les yeux, comme s’il ne pouvait plus continuer de me donner de nouvelles chances et qu’il savait devoir me renvoyer. Mes larmes coulent de plus belle.
— Va t’inscrire maintenant. La salle est au bout du corridor. Nous réglerons nos comptes après les jeux.
~.~.~
Je me dirige vers la salle en essuyant mon visage. Tout en marchant, je pense à l’origine de cette tendance à l’épate. Mes parents m’ont dit que lorsque ma sœur est née, je faisais tout pour attirer leur attention sur moi, la détourner d’elle. Je devais craindre d’avoir perdu leur amour, l’amour de mes parents, qui était le premier des grands amours de ma vie. Je suis peut-être resté avec la crainte que si l’on ne me prête pas attention, c’est qu’on ne m’aime pas et que ma vie est menacée, alors qu’au contraire, aujourd’hui, c’est parce que je cherche à attirer l’attention que je risque de me faire chasser. J’essaie de réfléchir à ce que je pourrais faire pour détruire cette tendance enracinée si profondément en moi que tout ce que mon maître a tenté jusqu’ici n’est pas parvenu à l’éradiquer. Peu importe ce que pourrait être cette solution, aussi terrible et douloureuse qu’elle puisse être, j’y mettrais tout mon cœur et mon énergie, mais je ne trouve pas ce moyen.
J’arrive bientôt à une grande salle remplie de tables avec des gens qui prennent le nom des participants. Une fois que j’ai trouvé la table pour mon niveau de participation, on me demande mon nom, mon niveau de formation, ma planète, d’autres informations générales et le nom de mon maître. Quand je réponds « Greg Arsh » à la dernière question, je me dis que c’est peut-être la dernière fois que je pourrai répondre à une telle question par ce nom et ma voix vibre au point que la personne qui m’a questionné me demande de répéter. Sans m’en rendre compte, je me suis remis à pleurer. La personne qui m’interroge me demande si je vais bien. J’essuie mon visage et lui réponds que oui. Elle me tend une gourde vide en me disant que je pourrai la remplir d’eau une fois dans la salle virtuelle.
On vérifie que je suis bel et bien sur la liste. Je ne me suis pas inscrit, mais je suppose que mon maître l’a fait pour moi. On trouve mon nom, puis on vérifie que ma tenue vestimentaire est bien réglementaire. Tout semble l’être. On me dit ensuite à quel endroit me rendre.
J’arrête aux toilettes avant de me rendre à l’endroit indiqué. Pendant que je suis dans ma cabine, des jeunes entrent. Sans doute, n’ont-ils pas remarqué que j’étais là, mais je les entends dire que leurs maîtres leur ont décrit en quoi consisteraient les jeux pour leurs niveaux. Je lis dans leurs pensées leurs noms et celui de leurs maîtres. Jamais mon maître ne commettrait un pareil manquement à l’éthique. Je transmets cette information à mon maître et lui demande ce que je dois en faire. Il me demande si je les ai vus ou juste entendus. Je lui dis que je ne les ai pas encore vus. Il me dit d’attendre de les voir, pour pouvoir les identifier officiellement, puis si je crois qu’il le faut, je peux porter plainte contre eux et contre leurs maîtres. Si je crois qu’il le faut ? Mais eux et leurs maîtres ont triché ! Ne dois-je pas porter plainte contre eux pour décourager de nouvelles tricheries ?
Je sors de ma cabine et je les regarde tous les deux. L’un d’eux était en train de remplir sa gourde d’eau froide. Celle de l’autre est mouillée. Il a dû la remplir lui aussi. Comme moi, ils auraient dû attendre d’être dans la salle virtuelle pour les remplir. Ils semblent mal à l’aise de constater qu’ils n’étaient pas seuls. Je retourne aux tables et demande à qui nous devons nous adresser si j’ai eu connaissance de tricheries. On veut que j’aille au quatrième étage au bureau numéro… Je n’ai pas bien entendu le numéro et n’ai pas demandé qu’on me le répète. De toute manière, si je m’y rends, j’imagine que la procédure sera longue. J’aurai des formulaires à remplir et je risque d’être en retard pour le début des jeux de mon niveau. Je me dis que je pourrai toujours porter plainte après les jeux, si je suis toujours élève d’Éden.
Je me rends donc à l’endroit qu’on m’avait indiqué. Je me tiens devant de grandes portes qui s’ouvrent sans doute sur une salle virtuelle. D’autres jeunes attendent. Je reconnais l’un des deux élèves qui se trouvaient aux toilettes. Il me jette un regard inquiet. Les autres semblent tous nerveux. Une jeune femme dont le maître ou la maîtresse n’a certainement pas triché demande si on a une idée de quoi peuvent avoir l’air les jeux pour notre niveau. Tout ce que je sais, c’est que nous devrons traverser une salle remplie d’embûches, qu’à ce niveau, il y a une petite possibilité qu’on doive se battre contre une personne ou un animal, mais c’est tout ce que je sais. Alors, autant ne pas répondre. Je regarde le gars des toilettes, qui agit de manière distante, comme s’il ne m’avait jamais rencontré, et qui ne répond pas plus que moi à la question. Je m’en approche.
Même si je connais déjà son nom, je lui demande :
— Comment t’appelles-tu ?
— Nick.
— Nick ? Nick comment ?
— Il hésite.
— Snyder.
— Tu es terrien ?
— Oui, pourquoi ?
— Je suis terrien, moi aussi. Qui est ton maître ?
— Dukakis. Et le tien ?
Je ne suis pas très étonné par sa réponse. Dois-je dire que Greg Arsh est mon maître ? L’est-il encore ? Oui, il l’est et, à mes yeux, il le sera toujours. Et je vais m’efforcer de traverser cette salle aussi parfaitement que je le peux. C’est peut-être la toute dernière fois que je pourrai tenter de lui prouver ma valeur, de lui montrer que j’ai appris quelque chose de lui et que si j’ai un défaut qu’il déteste, je n’ai pas que des défauts.
— Greg Arsh, dis-je.
— Oh. Il a fait partie du comité organisateur, je crois, n’est-ce pas ?
— Oui. Il fait aussi partie des juges.
— Je suppose qu’il ne t’a rien dit sur ce que contient la salle virtuelle.
— Tu supposes très bien. Il a un sens aigu de l’éthique et jamais il ne tricherait.
Il détourne la tête, mais j’ai eu le temps de voir qu’il rougissait.
— Vas-tu me dénoncer ? me demande-t-il avec de l’inquiétude dans la voix.
— C’est surtout ton maître qu’on devrait dénoncer, mais je ne sais pas encore si je le ferai.
— Si je te dis ce que mon maître m’a appris, est-ce que tu voudras ne rien raconter ?
— Dis-le aux autres, si tu veux. Moi, je ne veux rien savoir.
Je m’éloigne de lui. Il me regarde me tenir suffisamment à l’écart pour ne rien entendre de ce qu’il risque de raconter. Je pourrais quand même entendre, si je demandais à mon traducteur de hausser le volume, ou je pourrais lire ces informations dans son esprit, mais je n’y tiens pas. Je veux participer aux jeux selon les règles et m’y donner totalement. Que je remporte ces jeux ne changera sans doute rien à la décision de mon maître, mais au moins j’aurai agi aussi bien que possible jusqu’au dernier moment.
Chapitre 2 : Les jeux
Bientôt, on nous invite à entrer dans la salle virtuelle face à nous. Je m’en approche sans y entrer immédiatement. Je laisse aux autres la possibilité de se faire sauter dessus par diverses bestioles dès l’entrée. J’ai sans doute pris la bonne décision, car Nick ne s’avance pas tout de suite, lui non plus.
Je m’avance pour entrer avant que les portes ne se referment pour de bon. Plusieurs sont en train d’essayer de chasser je ne sais quelle vermine en faisant de rapides mouvements affolés. Je les contourne en prenant soin de vérifier que rien ne s’apprête à s’en prendre à moi et je continue mon chemin.
Je comprends vite l’utilité de la tenue vestimentaire que m’a fait porter mon maître. Traverser cette salle au sol uniquement risque d’être fort difficile, sinon impossible, mais si je parcours une partie du chemin en sautant d’arbre en arbre, je m’éviterai un grand nombre d’embûches. Pas qu’il n’y ait rien de dangereux dans ces arbres, mais en faisant très attention à ne pas sauter dans un arbre déjà habité par une forme de vie hostile, je pourrai arriver à la porte de sortie sans trop de difficulté.
Toutes les plantes et tous les animaux me sont familiers. Je les ai tous déjà vus dans ma banque d’information mémorielle. Cette salle ressemble à une version miniature de la planète Orman. C’est la jungle intégrale, avec sa végétation touffue et une grande variété de ses plantes, insectes et autres animaux. Il est facile d’accéder à un point d’eau et, si c’est comme sur Orman, l’eau doit y être assez pure pour être buvable sans la filtrer ou la faire bouillir, sauf aux endroits où les bêtes en profitent pour faire leurs besoins tout en s’abreuvant. Sinon, je pourrai m’abreuver aux lianes à eau si je peux les casser ou trouver un instrument assez tranchant pour les couper.
Je continue d’évoluer partiellement dans les arbres, partiellement au sol, selon les obstacles à éviter. Alors que je suis à sauter d’une liane à une autre, je vois Nick, qui essaie d’éviter un karaca. Il fuit, mais l’animal, plus grand et rapide que lui le rattrape. Nick a peur, mais ne sait pas quoi faire pour s’en sortir. Je descends de mon arbre en riant de sa fuite, car l’animal est absolument inoffensif. Il a juste la fâcheuse habitude de courir après qui le fuit. Si vous l’ignorez, il fera de même. Une fois au sol, je regarde Nick courir en tout sens pendant quelques secondes, puis je m’approche du karaca et me mets en travers de son chemin. L’animal s’arrête devant moi. Je lui donne une pichenette sur le museau. L’animal, surpris, s’enfuit aussitôt. Peureuse la bête. J’en suis presque triste de la minuscule douleur que je lui ai infligée, car le karaca n’avait rien fait sinon de vouloir s’amuser. Nick me remercie pendant que je remonte dans mon arbre.
Deux jours plus tard, je suis encore à traverser la salle. Je trouve ma traversée trop longue. Il me semble que j’aurais dû arriver depuis longtemps à la porte de sortie. J’ai trouvé quelques points d’eau et j’ai réussi à casser une liane à eau ; ma gourde est toujours aussi pleine. Je n’ai pas dormi, sinon peut-être une heure dans un arbre, seul endroit sûr que j’ai trouvé. En sautant d’une liane à l’arbre voisin, je vois une fille assise par terre. Elle ne semble pas en danger, pourtant elle reste assise au pied de mon arbre. J’en descends pour voir ce qui ne va pas. Elle sursaute en me voyant bondir près d’elle.
— Est-ce que ça va ? questionné-je.
— Depuis que je suis dans cette maudite salle, je n’ai pas trouvé une seule gorgée d’eau et il fait si chaud ! Je n’ai jamais ressenti une telle chaleur. Je n’en peux plus.
Je ne sais pas comment elle a réussi à se rendre jusqu’ici aussi vite, mais sans trouver d’eau. C’est vrai que du haut des airs, c’est plus facile de voir où se trouvent les sources et les rivières, mais tout de même, elle est assise à environ deux cent mètres d’un cours d’eau. C’est presque impossible de ne pas l’entendre couler. Elle a peut-être peur que cette eau ne soit pas potable.
— Tu es sûr que ton eau est buvable ? demande-t-elle.
— En tout cas, mes implants de salubrité me disent qu’elle contient quelques bactéries, mais qu’elles ne sont pas dangereuses. J’en ai bu et je me sens très bien.
En plus de notre implant séméiologique, on nous implante dès la naissance des testeurs de salubrité dans les pouces. Il suffit d’effleurer ce que l’on veut boire ou manger pour savoir si c’est potable ou comestible. Il est rare que ces implants ne sachent pas faire la distinction entre salubre et insalubre pour leur porteur. Mais si c’était le cas, ils nous en informeraient, et ce serait alors à nous de prendre les précautions nécessaires. Dans ce cas-ci, nos implants nous ont envoyé une alerte pour nous informer que l’eau contient des micro-organismes, mais que ceux-ci sont sans grands dangers pour notre santé.
Je sais que si le risque était réel, nos implants enverraient à notre cerveau un signal de danger imminent accompagné d’un sentiment de peur assez intense pour nous convaincre de ne pas boire. Si nos implants ne l’ont pas fait, c’est qu’au pire, les gens les plus sensibles à ces micro-organismes pourraient avoir quelques problèmes digestifs mineurs. Cette éventualité a suffi à convaincre la fille de ne pas boire de cette eau.
Maintenant que je lui ai dit en avoir bu sans en éprouver le moindre problème, elle en prend de grandes gorgées goulues, puis me rend la gourde à moitié pleine. Je lui demande de me donner sa gourde. Elle fronce les sourcils, me dit qu’elle est vide et me demande ce que je veux en faire. Je lui dis de garder la mienne, que je trouverai bien encore de l’eau potable. Nous échangeons nos gourdes.
— Bonne chance, lui dis-je avant de remonter dans mon arbre.
— Bonne chance, fait-elle en me regardant monter, étonnée de la vitesse de mon ascension, facilitée par le matériau dont sont faits mes gants et mes bottes.
J’évolue en direction du cours d’eau. Je vérifie que rien de menaçant ne s’y trouve et je vais y remplir ma nouvelle gourde, puis je repars par la voie des airs.
J’ai bien rencontré un tora, mais je l’ai vu avant qu’il me voie. J’étais en train de sauter d’un arbre à l’autre à l’aide d’une liane et j’ai profité de mon élan pour pousser de mes pieds cette espèce de tigre ormanien en bas de l’arbre où il surveillait tout ce qui passait par terre sous lui, sans doute pour sauter dessus et s’en faire un bon repas. Il est tombé par terre avec un bruit sourd et ne s’est pas relevé. J’espère que ce n’est qu’un animal virtuel ou qu’il n’est que sonné. En tout cas, je peux continuer ma route sans encombre.
Deux jours et quart. C’est le temps que j’ai pris pour arriver à la porte. « Beaucoup trop long », me dis-je, déçu par ma performance. Je prends quand même le temps de vérifier si quelque chose m’y attend pour m’empêcher de sortir. Je lance une petite branche sur la porte. Pas de réaction. J’avais trouvé une titara morte sur une branche d’un arbre où je m’étais arrêté. Je ne mangerais pas cette perdrix ormanienne, même si l’animal est comestible, car je ne sais pas depuis combien de temps ni de quoi elle est morte ; mais je l’ai accrochée à ma ceinture au cas où j’en aurais besoin pour amadouer un animal, par exemple. Je lance donc la titara contre la porte. Toute une nuée de krysas saute sur la titara et se met à la déchiqueter comme des piranhas affamés, sauf que ces bêtes ressemblent plutôt à des lézards volants ou à des dragons miniatures, mais voraces, qui ne crachent pas de feu. Pendant qu’ils se nourrissent, je saute de l’autre côté de la meute, près de la porte, qui s’ouvre aussitôt. Je sors.
~.~.~
Je me dirige vers la table où m’attend une dame âgée.
— Bonjour, David ! me dit madame Naska.
— Bonjour, Madame Naska, lui dis-je en tentant de lui sourire.
Mon sourire ne doit pas être très convaincant, car elle plonge aussitôt dans mon esprit.
— Je vois que ça ne va pas vraiment bien pour toi en ce moment, dit-elle.
— Mon maître a raison. Il y a trop longtemps qu’il me répète la même chose. Si je n’ai pas encore compris…
Je sèche une larme presque rageusement, honteux de ne pas mieux me comporter devant elle.
— Comment allez-vous, Madame ? Et la petite ?
— Tout le monde va très bien, David. Ma servante s’occupe des deux petites, qui sont comme des sœurs jumelles et qui s’amusent ensemble. Grâce à toi, Trania est vivante et je veillerai à ce qu’elle le reste. J’ai su que tu avais aussi sauvé la vie de Don.
— Je ne sais même pas comment j’ai fait. On dirait que les choses arrivent comme malgré moi. Mais je suis heureux qu’il soit vivant. C’est quelqu’un de vraiment bien et nous nous aimons comme des frères.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à la façon dont Don réagit quand il est dans le cercle rouge et j’ai de nouveau envie de pleurer, mais cette fois-ci, j’arrive à retenir mes larmes.
— Tous les maîtres de la Communauté rêveraient d’avoir un élève comme toi, David. Je trouve ton maître très difficile à satisfaire.
— Il l’est. C’est pour ça que je l’aime autant, Madame. Je ne tiens pas à ce qu’il le soit moins, pas envers moi en tout cas.
— Même si ça devait signifier ton rejet ? questionne-t-elle.
Encore les larmes… Je regarde les mains à la peau mince et un peu fripée de Madame Naska et je pense que la petite Trania a trouvé une magnifique maman et qu’elle a eu de la chance malgré tout. Puis je relève les yeux vers ceux de la dame.
— Oui, Madame. S’il veut que je parte, je partirai.
Elle secoue la tête et son regard semble se tourner vers l’intérieur. Quand ses yeux se posent sur moi, elle me sourit tristement.
— Je crois que tu vas devoir te montrer très courageux, David. Je ne pense pas que ton maître change d’avis à ton sujet. Je viens de lire ses pensées. Il est très triste, mais déterminé à faire ce qu’il a décidé.
Je gardais un tout petit espoir que mon maître me garde auprès de lui, mais Madame Naska vient de me l’enlever. Si je ne me retenais pas, je sangloterais ici, devant tout le monde qui attend d’accueillir les gagnants.
— Tu es le premier à sortir de cette salle, David. Mes félicitations !
Elle me demande de lui donner mes empreintes vocales, oculaires et digitales pour officialiser ma réussite. Elle me dit que je peux me rendre à ma chambre ou à celle de mon maître si je le désire, parce que les jeux de ce niveau ne seront officiellement terminés qu’à la fin de la journée, que la délibération des juges au sujet des gagnants, particulièrement du prix d’honneur ne se fera que demain matin. Les prix ne seront donc remis que demain au début de l’après-midi.
— À qui dois-je m’adresser si j’ai eu conscience de tricheries ? la questionné-je.
— Par les participants aux jeux ?
Je lui explique ce qui s’est passé. Je lui donne le nom des élèves et des maîtres concernés. Elle enregistre ma déclaration et me dit qu’elle transmettra l’information aux responsables. Elle me dit que mon maître observe l’évolution des jeux depuis sa chambre, que si je le veux, je peux aller l’y rejoindre. J’acquiesce de la tête et je la salue avant de commencer à m’éloigner.
— David ? me retient-elle.
— Oui, Madame.
— Il t’aime vraiment beaucoup. Ne crois surtout pas qu’il agisse comme il le fait par indifférence.
Les maudites larmes m’assaillent encore.
— Merci, Madame. Moi aussi, je l’aime beaucoup. Il va me manquer horriblement.
— Je sais, Petit. Courage.
Jamais un gagnant des jeux n’aura été si triste sur Këshill.
Chapitre 3 : Premiers jours sur Doulòs
Je demande à l’IA centrale où se trouve la chambre de mon maître et je m’y rends. La porte s’ouvre à mon approche. J’entre et je vais me mettre en posture d’attente devant mon maître, qui est assis à une petite table semblable à celle où il a mangé ce matin dans la mienne.
J’essaie de suivre la recommandation de Madame Naska, mais malgré moi, les larmes reviennent m’assaillir. Un élan de tout mon être me pousse à m’agenouiller devant lui et à poser la tête au sol. Il se lève et va s’asseoir dans un fauteuil un peu plus loin. Je ressens son geste comme un déni du mien.
Qu’importe. Il est mon maître et le sera toujours, dussé-je vivre deux cent cinquante ans. Il est mon maître car il a su toucher mon âme. Je ne crois pas qu’un autre saurait arriver au même résultat. Je reste donc agenouillé, tête au sol, bras au dos. Qu’il fasse de moi ce qu’il veut, qu’il m’ordonne n’importe quoi, je lui obéirai. Car il est mon maître à tout jamais.
Des larmes me coulent sur le front avant de mouiller mes cheveux ou de tomber sur le sol. Il ne dit rien, demeurant aussi parfaitement immobile qu’il sait le rester. Quelqu’un entre. Mon maître l’attendait, car le visiteur n’a pas eu à s’annoncer. Mon maître se lève pour l’accueillir. Je ne vois que leurs chaussures.
— C’est lui ? demande l’inconnu d’une voix un peu rauque.
— Oui. Debout, m’ordonne mon maître en me poussant un peu du pied. Voici ton nouveau maître, Omän Sklig. Maître Sklig, voici votre élève.
Je me mets en posture d’attente devant mon nouveau maître. Il est un peu moins grand que moi. Il a une chevelure rousse, épaisse et flamboyante, comme une crinière de lion. Il a de magnifiques yeux verts
