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Ce que le futur nous réserve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 7)
Ce que le futur nous réserve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 7)
Ce que le futur nous réserve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 7)
Livre électronique491 pages7 heures

Ce que le futur nous réserve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 7)

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À propos de ce livre électronique

Le Grand Maître intervertit les rôles de David et de Greg Arsh. Pendant que David a autorité sur lui, Greg Arsh démontre quel élève hors du commun il peut être, même pour son propre fils. David et maître Arsh en profitent pour redonner à monsieur Drayber la faculté de penser et de choisir librement, faculté qu’il avait perdue après avoir passé de nombreuses années avec un tokmak, cloporte de la planète Gekihen, dans son cerveau. David aide à décider ce qui doit être fait du double en provenance d’une autre dimension de Gabriel. Et lorsque Greg Arsh retrouve son autorité auprès de lui, David se prépare pour son épreuve d’accession, qui lui permettra de mettre un terme à sa formation et d’obtenir le titre de maître de la Communauté des planètes. Angel, la fille de David et de Mily vient au monde.

LangueFrançais
ÉditeurDanielle Tremblay
Date de sortie30 avr. 2020
ISBN9782924400074
Ce que le futur nous réserve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 7)
Auteur

Danielle Tremblay

FRANÇAIS :Danielle Tremblay complète ses études collégiales en informatique au Cégeg de Chicoutimi en 1973. Elle possède également deux attestations d’études collégiales du Cégep de Jonquière, l’une en techniques de la documentation (1984), l’autre en techniques de micro-informatique (1994). De 1984 à 2012, année de sa retraite, elle travaille comme technicienne en bibliothèque pour diverses institutions à Chicoutimi, dont les neuf dernières années au Conseil national de recherches du Canada. Elle a remporté en 1981 le concours littéraire La Plume saguenéenne dans la catégorie science-fiction pour sa nouvelle «Cosmose», le second prix du concours du meilleur texte de trois pages du module des lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1988 et le premier prix de ce même concours en 1989 pour «La Lettre d’adieu». En 2011, elle gagne le premier prix du concours littéraire de science-fiction Ascadys avec sa nouvelle «Adam et Ève». L'année suivante, elle publie son premier roman, «Pas de paradis sans... l’enfer» tome 1. Depuis, elle n'a pas cessé d'écrire sous son vrai nom et sous un nom de plume.--------------ENGLISH:Danielle Tremblay completed her college studies in computer science at Cégeg de Chicoutimi in 1973. She also holds two attestations of collegial studies from the Cégep de Jonquière, one in documentation techniques (1984) and the other in microcomputer techniques (1994). From 1984 to 2012, the year of her retirement, she worked as a library technician for various institutions in Chicoutimi, including the last nine years at the National Research Council of Canada. In 1981, she won the literary competition La Plume saguenéenne in the science fiction category for her short story "Cosmose", the second prize in the competition for the best three-page text at the Université du Québec à Chicoutimi in 1988 and the first prize in the same competition in 1989 for "La Lettre d'adieu". In 2011, she won the first prize in the Ascadys science fiction literary competition with her short story "Adam et Ève". The following year, she publishes her first novel, "Pas de paradis sans... l'enfer" volume 1. Since then, she hasn't stopped writing under her real name and a pen name.

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    Ce que le futur nous réserve (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 7) - Danielle Tremblay

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    Published by Danielle Tremblay at

    Smashwords

    Copyright 2013 Danielle Tremblay

    ISBN: 978-2-924400-07-4

    Table des matières

    Droits d’auteurs

    Chapitre 1. Le retour de Gabriel

    Chapitre 2. Le poteau

    Chapitre 3. L’avenir du bébé et les préparatifs pour la tournée

    Chapitre 4. Visite chez mes parents et chez la mère de Mily

    Chapitre. 5. L’ange et l’enfant

    Chapitre 6. La tournée des écoles

    Chapitre 7. Enlèvement à Paris

    Chapitre 8. Aider, de toutes les façons

    Chapitre 9. Survivre, de toutes les façons

    Chapitre 10. Après l’épreuve de survie

    Chapitre 11. Mily et moi

    Les autres volumes de cette série

    Chapitre 1. Le retour de Gabriel

    Après la fin de l’épreuve, j’ai dormi presque un autre jour entier. Quand je me suis levé, je me sentais redevenu moi-même, mais affamé. Monsieur m’avait averti de ne prendre que de la nourriture liquide au premier repas. Même si je n’en avais aucune envie, j’ai pris un jus de légumes et l’un des brouets de notre maître. Mais au deuxième repas, je suis allé à la Pomme m’offrir un bon petit gueuleton avec Mily. En sortant du resto, je suis allé avec elle à sa chambre et j’ai compensé tous les derniers jours sans amour.

    Mily s’est ensuite mise à me demander si j’avais vraiment l’intention de partir plusieurs années sur Beth ou sur Ayaska. Je l’ai regardée sans répondre pendant de longues secondes.

    — Tu pourrais trouver un autre maître qui ne te demanderait pas tout le temps toutes ces choses terribles, a-t-elle dit.

    Je lui ai souri.

    — Et toi, vas-tu changer de maître avec moi ? On deviendrait tous les deux les élèves de Dukakis. C’est ce que tu veux ?

    — Mais non ! Il y a d’autres maîtres que Dukakis. On pourrait demander à cette jeune maîtresse si elle veut bien de nous. Il paraît qu’elle est bonne.

    — Mily, je ne peux pas croire que c’est toi qui es en train de me dire ça. Je me demande même si je suis bien revenu dans le bon monde.

    — Je ne veux pas être séparée de toi aussi longtemps, David. Il y a tout le temps de terribles accidents là-bas à ce qu’on dit. Plus tu y restes longtemps, plus tu risques de ne pas en revenir ou d’en revenir infirme ou malade. Je t’aime, David. Comprends-tu ?

    — Très bien, Mily, bien mieux que tu ne l’imagines. Si c’était à toi qu’il avait posé cette question, je serais malade de peur à l’idée de te perdre. Je n’ai pas davantage que toi envie de ne plus te voir pendant plusieurs années. Mais peut-être que ce n’était qu’une question en l’air, rien de sérieux.

    — Ah ah ! Elle est bien bonne celle-là. Lui, poser une question juste pour voir comment tu vas réagir ou sans raison aucune. Voyons donc ! Peut-être que tu as raison, tu dois venir d’un autre monde où Greg Arsh était différent, mais ici, ça ne lui arrive pas de poser des questions sans rime ni raison.

    — Mily…

    Je ne lui ai pas encore dit qu’elle était enceinte. D’ailleurs, elle doit bien s’en douter, ses règles ont sûrement pris du retard. J’ai peur de la manière dont elle réagira. Elle m’a clairement dit ne pas vouloir d’enfant. Que se passera-t-il quand elle apprendra sa grossesse ?

    — Quoi ?

    — Non, rien.

    — Daviiiid !

    — Non, oublie ça. J’avais pensé à quelque chose, mais je crois qu’il vaut mieux attendre pour t’en parler.

    — Non. Maintenant que tu as commencé, dis-le-moi.

    Je la regarde encore longtemps avant de me décider à répondre.

    — Tu es enceinte.

    Elle me regarde étrangement.

    — Comment l’as-tu su ?

    — Je l’ai su pendant que j’étais mort. Tu le savais ?

    — Oui. J’étais en train de réfléchir à ce que je devais faire de cet enfant.

    — Mais comment est-ce possible ? Tu n’as pas de contraceptif permanent ?

    — Oui. Sauf qu’ils n’ont jamais bien fonctionné avec moi. Alors, j’en essaie un autre et un autre encore. D’après le gynécologue, le dernier qu’il m’a prescrit était tout nouveau et personne n’avait de problème à l’utiliser. Lorsqu’il me l’a prescrit, il était certain que je n’aurais plus jamais besoin d’en changer.

    — Mais ça n’a pas été le cas et tu es retournée le voir, c’est ça ?

    — Oui. Il m’a fait subir une batterie d’examens. Il n’en revenait pas. Je n’avais plus aucun contraceptif en moi. Comme si je l’avais épuisé en quelques jours alors qu’il aurait dû se déverser en moi toute ma vie. Je ne pouvais pas savoir que je n’en avais plus, David.

    — Je ne te fais aucun reproche, ma belle.

    Je sonde son esprit. Elle est vraiment déconcertée par ce qu’il lui arrive. Elle avait l’intention de tout faire pour ne jamais se retrouver devant ce genre de décision, mais maintenant qu’elle est enceinte, elle ne sait pas quoi faire. L’idée de tuer le fœtus dans son ventre est, à ses yeux, un meurtre d’enfant. Mais elle ne peut pas élever une famille. Alors, que peut-elle faire d’autre ? Mettre le bébé au monde et le donner en adoption, puis tenter de l’oublier ? Elle s’en sait incapable.

    — En as-tu parlé à notre maître ?

    — Je ne l’ai pas vu depuis la fin de l’épreuve. Il m’a dit que s’il avait des nouvelles de Gabriel, il nous en informerait, Ben et moi. Je lui ai dit que si c’était moi qui en avais, je le lui dirais aussi. Mais apparemment, personne n’en a eu.

    — Peut-être que…

    Son téléphone sonne. C’est notre maître. Il veut nous voir. Quand nous arrivons à son bureau, Ben s’y trouve déjà. Je sonde l’esprit de notre maître. Il a eu des nouvelles de Gabriel.

    Il lit rapidement notre esprit et fronce les sourcils en lisant celui de Mily.

    — David, la version de Gabriel qui se trouve sur Terre, a appelé. Il m’a dit avoir terminé avec succès sa mission sur Veda. Je n’avais aucune idée de quoi il me parlait, j’ai donc sondé son esprit. Il a assassiné Pelarian. Il semble que, dans son monde, c’est le genre de mission qu’on confie aux élèves et maîtres de la Communauté. Je lui ai ordonné de rentrer à Éden, que j’avais à discuter avec lui. Il ne comprenait pas. Dans son monde, il ne rentre jamais. Une fois qu’il a achevé une mission, la version de moi de son univers l’envoie aussitôt dans une autre mission. Nous ne discutons jamais de rien. Il était inquiet. La seule raison à ses yeux pour laquelle je voudrais qu’il rentre, ce serait parce qu’il aurait commis une erreur grave. Il pense que je vais le renvoyer ou même pire, le condamner au peloton d’exécution. Vous ne pouvez imaginer le nombre d’horreurs que j’ai vues dans son esprit. Et pour lui, tout ça est plus que normal. Il est très fier de toutes les tortures qu’il a infligées, de toutes les personnes, hommes, femmes et même enfants, qu’il a tuées de manières atroces. Je vais devoir en parler à Maître Mestari. Mais comme je vous avais promis de vous informer dès que j’aurais de ses nouvelles…

    — Monsieur, dis-je en levant les bras, poignets joints, pouvons-nous parler librement ?

    — Bien sûr.

    — Cet homme. Il ressemble à Gabriel, mais ce n’est pas lui. C’est une sorte de monstre fabriqué sur un autre monde. Il ne faut pas le traiter comme un ami ou un frère ou même un élève. Il ne l’est pas, assuré-je.

    Monsieur a baissé la tête. Il est songeur. Je lis ses pensées. Il se dit qu’il va falloir être très prudent avec ce Gabriel.

    — Il doit arriver dans quelques heures, s’il ne fuit pas de peur de ce que je pourrais lui faire. Je vais appeler Maître Mestari d’ici là pour savoir comment il aimerait que j’agisse envers Gabriel. Aimeriez-vous assister à la discussion ?

    — Oui, dis-je en cœur avec Ben.

    Mily n’a pas répondu.

    — Si tu préfères ne pas y assister, tu peux partir, Mily, lui permet Monsieur. Mais il va falloir que nous discutions de l’enfant. Compris ?

    — Oui, Monsieur.

    Elle est sortie, nous laissant décider du sort de celui qu’elle a déjà cessé de considérer comme son grand frère chéri.

    — De quel enfant parlez-vous, Maître, demande Ben ?

    — Discutes-en avec ta sœur, lui recommande notre maître.

    Il appelle le Grand Maître. Il tombe sur son répondeur, mais y laisse un message de rappeler, que c’est urgent. Nous attendons donc que Maître Mestari rappelle. Quand le com de notre maître sonne, nous sursautons tous.

    — Maître, je viens d’avoir un appel de Gabriel. Mais Gabriel n’est pas celui qui avait quitté notre monde.

    — Que veux-tu dire ?

    Mon maître lui fait une sorte de résumé de ce que j’ai appris sur Gabriel pendant que j’étais à mi-chemin entre la mort et la vie. Il lui raconte aussi sa conversation téléphonique avec lui et ce qu’il a vu dans son esprit. Maître Mestari fronce les sourcils. Il a l’air vraiment embêté.

    — Est-ce que ça implique que le monde est en voie de disparition ?

    — Réponds, David, m’ordonne mon maître.

    Je dis au Grand Maître ce que je pense à propos de l’équilibre entre les mondes et de la nécessité qu’il y ait un exemplaire de chaque personne dans chaque monde, même si ce n’est pas le bon.

    — Donc, il s’agit de décider quoi faire de ce Gabriel-ci. Je connais des psychologues et autres spécialistes de l’esprit qui aimeraient bien l’avoir comme cobaye, prétend le Grand Maître en souriant.

    — Oui, mais j’imagine que vous ne souhaitez pas le transformer en cobaye, suppose notre maître.

    — Non, mais nous pourrions quand même le leur confier en leur expliquant les limitations à leur travail. Il s’agirait uniquement de reconditionner ce Gabriel et de l’informer des principales réalités de notre monde pour qu’il y soit un peu mieux adapté.

    — Permettez-moi, Monseigneur, d’émettre des doutes, dis-je.

    — Tu as des raisons de croire qu’on ne pourra pas le reconditionner ? demande le Grand Maître.

    — Ce n’est qu’une intuition, Votre Altesse, mais je crois qu’on aurait plus de chance de transformer le général en chef d’Ogmios en citoyen modèle de la Communauté que de convaincre ce Gabriel que ce n’est pas bien de mettre à mort des enfants.

    — Je ne donne pas entièrement tort à David, Maître. Notre nouveau Gabriel a toujours vécu dans un monde où la violence était loi. Il est né là-dedans et a été conditionné toute sa vie à croire que c’est bien de tuer les plus faibles, les estropiés, les sans-abris, tous ceux qu’il considère comme les rebuts de la société. Le changer demanderait de faire table rase de son passé et de tout reprendre à zéro. Je ne sais pas si c’est faisable.

    — Nous ne pouvons pas le renvoyer d’où il vient. Nous ne pouvons pas le condamner à mort, même en sachant qu’il a tué Pelarian. Nous pouvons seulement le retenir prisonnier et tenter de le reconditionner. Alors, à moins qu’il ne vous vienne une meilleure idée…

    — Maître, commence Ben. Il y a une autre possibilité.

    — Laquelle ?

    — La planète Zatvor.

    La planète Zatvor est une planète-prison créée il y a des siècles par un regroupement planétaire qui ne savait pas quoi faire de certains de ses citoyens les plus indésirables. En effet, ce pourrait être une solution.

    — La Communauté n’est pas très favorable à l’envoi de ses citoyens sur cette planète. Nous serions très mal vus si nous le faisions.

    — C’est l’idée de Ben, le frère de Gabriel. Je suis sûr qu’il n’en parlera à personne si on lui demande de garder le silence. Quant à moi et David, vous savez que vous pouvez compter sur nous pour garder le silence sur son emprisonnement là-bas.

    — Très bien. Ne parlez pas de tout ça pour le moment. Nous allons d’abord tenter de le reconditionner et nous verrons ce que ça donne. S’il reste aussi violent et dangereux, nous pourrons l’envoyer sur Zatvor et prétendre qu’il a encore une fois disparu. D’ailleurs, si j’en crois ce que vous dites, cette planète est probablement ce qui se rapproche le plus de l’endroit d’où il vient. Ce serait certainement là où il se sentirait le plus à son aise.

    — Il a tellement peur de ce que je vais lui faire qu’il ne viendra peut-être jamais ici. Sinon, ce serait facile de convaincre tout le monde que, croyant que nous allions nous en débarrasser de la pire façon, il a trouvé un moyen de s’évader quelque part et qu’on ne sait pas où il est. Après l’avoir envoyé sur Zatvor, il serait même possible de lancer un avis de recherche de personne disparue partout dans la Communauté. Personne ne pourrait alors prétendre que nous ne sommes pas préoccupés de ce qui lui est arrivé.

    — Oui, bonne idée Greg. On verra tout ça en temps et lieu. Une chose à la fois. Mais comment comptes-tu t’y prendre pour le convaincre de se laisser déconditionner ?

    — Je pourrais lui dire que nous n’avons jamais voulu la mort de Pelarian, car il était le seul à savoir comment fabriquer les bombes de Sanaki et que, sans lui, toute l’information est perdue. Je l’amènerai à croire que s’il a tué Pelarian, c’est qu’il a été fait prisonnier par l’ennemi, qui l’a conditionné pour l’assassiner, et qu’il lui reste maintenant à choisir entre le peloton d’exécution et le déconditionnement.

    — Excellent, Greg. Je savais que je pouvais compter sur ton imagination. Ben semble être quelqu'un plein de ressources également.

    — David et moi allons le sonder à fond avant son arrivée et nous allons discuter pour savoir comment je dois agir afin de ressembler le plus possible au Greg Arsh de son monde et ne pas le faire fuir pour de bon avant de l’avoir enfermé dans un caisson de reconditionnement.

    — Très bien. Tu me donnes des nouvelles dès que tu en as.

    — Bien entendu, Maître. À bientôt.

    Maître Mestari raccroche. Je viens de réaliser que mon maître laisse toujours le Grand Maître mettre fin à la conversation, question de respect, je suppose. Petits détails qui comptent aux yeux de mon maître et sans doute aussi du sien.

    Une fois que Ben a été parti, mon maître et moi avons plongé ensemble dans l’esprit du nouveau Gabriel. Je peux dire que je n’aime pas du tout ce que j’y vois. Ce n’est qu’horreurs et atrocités de toute sorte. Et tout lui semble le plus naturel du monde. Dans son univers, les faibles, les malades, les miséreux, les infirmes doivent tous être éliminés de peur qu’ils ne provoquent la dégénérescence de la race humaine en s’accouplant avec des gens forts et sains. On encourage donc les enfants à ne faire montre d’aucune faiblesse et à mettre à l’index tous ceux qui ne sont pas aussi forts qu’eux. Au fil des siècles, les gens les plus forts, mais aussi les plus violents ont fini par avoir le haut du pavé et par éliminer tous ceux qui ne leur ressemblaient pas. Si bien que maintenant, ceux qui restent sont les descendants d’ancêtres de plus en plus violents. Lorsque nous avons fini de le sonder, je questionne mon maître.

    — Je ne comprends pas, Maître, comment il se fait que Gabriel ait même existé dans leur monde. Je veux dire qu’ici, il était si bon, si doux, si peu porté à la violence. Ses ancêtres n’étaient pas plus violents que lui.

    — Je crois que ça ne veut dire qu’une chose, David. Nous portons tous en nous une tendance à la pire violence. Tout dépend de la vie que nous menons et qu’ont menée nos parents. Si nous sommes entourés des pires atrocités, jour après jour, elles finissent par nous sembler normales.

    — J’ai vu dans son esprit comment vous étiez dans son monde. Physiquement, vous étiez le même, sauf que vous aviez les cheveux plus courts. D’ailleurs, ce serait peut-être le moment de les couper un peu. Il n’a sûrement jamais vu son maître avec les cheveux aussi longs. Mais pour la manière d’agir. Ouf !

    — Oui, je sais. J’ai vu moi aussi. Il peut bien craindre ce que je vais lui faire. Mais il est sur la route pour la Terre. Je crois qu’il va rentrer. Il semble avoir autant le respect de l’autorité et le sens du devoir que dans notre monde, sauf que pour lui, le devoir est bien différent.

    — Ça, vous pouvez le dire ! Mais que pouvez-vous faire pour qu’il vous croie la même personne ? J’avoue que je ne vous imagine pas en train de lui infliger ce que son maître lui infligerait s’il s’était trompé aussi gravement que vous voulez suggérer qu’il l’a fait.

    — Il a une excuse. Il aurait été conditionné sans s’en apercevoir. On peut dire qu’ils ont fait en sorte qu’il ne se souvienne pas que ça lui est arrivé et qu’il croyait vraiment que l’assassinat de Pelarian était le but de sa mission. Mais je ne peux pas me montrer trop… compréhensif non plus, ça ne correspondrait pas au Greg Arsh qu’il connaît.

    — Non. Mais où est la limite entre ce que vous pouvez vous permettre de lui faire et ce qu’il s’attend à subir ?

    — Il s’attend à être condamné au peloton d’exécution. Si nous l’envoyions sur Zatvor, ça lui semblerait une douce condamnation.

    — Rien ne dit qu’il ne s’en évadera pas.

    — L’évasion y est très difficile. Mais je crois que Maître Mestari a raison. En le déconditionnant et le reconditionnant, il sera un moins grand risque si on l’envoie sur Zatvor et qu’il réussissait à s’en évader. En tout cas, je peux parler du peloton et de la possibilité qu’il soit plutôt envoyé sur Zatvor étant donné qu’il n’était pas conscient d’obéir à l’ennemi. Il devrait se laisser déconditionner sans discuter. Ensuite, nous verrons bien.

    Je lis dans l’esprit de mon maître qu’il voit des gestes qu’a commis l’autre version de lui-même envers ses élèves. Il s’imagine les infligeant au nouveau Gabriel et il se sent mal à cette idée, mais il n’a pas vraiment le choix. S’il veut que le jeune homme le croie assez pour le suivre et faire ce qu’il lui demandera, il doit se montrer convaincant.

    — Je n’aimerais pas être à votre place, Maître.

    — Moi non plus, dit-il en imitant l’une de mes réponses au sortir de la mort.

    Je lui souris.

    — Et pour Mily ? Que penses-tu lui suggérer de faire de l’enfant ?

    — S’il n'en tenait qu’à moi, Maître, je demanderais à Mily de le mettre au monde et de le confier à mes parents. Le bébé est une petite fille. Je le sais, je ne sais pas comment, mais j’en suis certain. Maman, si elle apprend que Mily est enceinte, ne voudra pas entendre parler d’avortement. Mily non plus ne semble pas trop chaude à l’idée de se faire avorter. Quant à confier le bébé à l’État pour lui trouver des parents, elle croit qu’elle ne pourra jamais oublier sa fille, faire comme si elle n’avait jamais existé. Il va pourtant falloir qu’elle décide. Alors soit l’un de nous deux oublie sa carrière pour élever le bébé, et je doute qu’elle aime beaucoup cette idée, soit elle le confie à mes parents.

    — Tu crois que ton père accepterait d’avoir un enfant à son âge ?

    — Il n’en veut pas, mais quand il aura la petite dans les bras…

    — Ce serait mieux de leur en parler avant d’en arriver là, David. Ce serait un sale coup à faire à ton père que de lui arriver avec un bébé et de dire : « Tiens, papa. Il est à toi. », ne penses-tu pas ?

    — Oui, Maître, vous avez raison, comme toujours. Je ne comprends pas comment quelqu’un doué d’un tel sens moral peut être un monstre dans un autre monde.

    — J’ai le sens moral du monde dans lequel j’ai vécu. Dans cet autre monde, la moralité est bien différente. Je dois paraître juste un peu plus dur que la moyenne des maîtres là-bas également.

    — C’est quand même… troublant. De quoi ai-je l’air dans ce monde ?

    — Tu n’y existes peut-être même pas. Peut-être que nous n’existons pas partout.

    — Oui, c’est vrai. J’ai vu un monde où Éden était en ruines comme le Parthénon. Personne ne semblait y exister.

    — Changement de sujet. Tant qu’à t’avoir sous la main, David. On m’a demandé si je n’accepterais pas de faire la tournée des écoles pour aller faire peur aux enfants, dit-il en souriant. Je n’ai aucune envie d’y aller et je n’en ai pas le temps de toute manière. Alors on m’a demandé de désigner un élève qui accepterait de me remplacer. Qu’en dirais-tu ?

    Je pense à ce qu’il ressent dès que je me pavane, que je me montre un peu trop fier de ce que je suis. J’ai peur qu’une tournée des écoles constitue un piège dans lequel je risquerais de tomber. Bien sûr, mon maître n’ignore pas mes pensées.

    — J’ai peur de commettre une erreur, Maître.

    Il me sourit.

    — Pourquoi crois-tu que j’ai pensé à toi ? me demande-t-il en mettant une main sur mon épaule et en la pressant un peu.

    Je ravale ma salive avant de répondre.

    — Parce que vous voulez m’éprouver, voir si je saurai demeurer aussi humble que je le dois.

    — Bonne réponse. Je crois que tu en es très capable, David. Tu ne vas pas là pour parler de toi, mais d’Éden, de la formation qu’on y reçoit, des missions auxquelles on peut participer et peut-être un peu aussi de ton maître.

    — Mais si on me questionne sur la vie des élèves à Éden, ce sera difficile de ne pas parler de moi, de l’expérience que j’y ai vécue sous votre autorité, Monsieur.

    — Oui, mais si tu demeures descriptif et général, tu ne devrais pas tomber dans le piège de l’orgueil. Et si jamais tu sens que tu pourrais y tomber, imagine-toi au retour de Doulòs, alors que tu t’étais jeté à mes pieds. Imagine ce que le David qui était à genoux avec mon pied sur sa tête aurait dit, je suis certain que tu sauras trouver les mots justes, David.

    — J’ai quand même peur, Maître.

    — Tant mieux, David. J’espère que tu continueras d’avoir assez peur pour faire très attention de ne pas dépasser la limite entre fierté et orgueil, que tu sauras être à l’écoute de ces jeunes plutôt que de toi-même et que tu leur diras ce qu’ils ont besoin de savoir plutôt que ce que tu aimerais leur dire ou ce qu’ils aimeraient entendre. Et si tu commets une erreur, nous règlerons nos comptes à ton retour.

    Il regarde ma mine dépitée et se met à rire.

    — Franchement, David, j’ai confiance que tout ira pour le mieux. Alors, acceptes-tu cette mission ?

    Je me dis que c’est l’occasion ou jamais de tester ce que j’ai cru avoir compris sur Doulòs. Si je n’y arrive pas, c’est que je n’avais rien appris. Et si j’y arrive, je devrais pouvoir continuer à me comporter comme mon maître le souhaite.

    — Merci de me faire confiance, Maître. J’accepte.

    Tes raisons sont excellentes, David. Il ne faut jamais refuser d’avancer ou de vérifier si on l’a bien fait.

    J’acquiesce de la tête, mais on dirait que c’est moi qui ai un bébé en moi, tellement cela s’agite dans mon ventre.

    Il m’explique alors que la tournée doit commencer dans un mois, que d’ici là, je peux reprendre mes cours réguliers. Lorsque le comité organisateur aura regroupé tous les volontaires requis, la tournée se mettra en route dans toutes les principales écoles de la planète. Des jeunes d’autres écoles pourront aussi venir y assister. Il pense que la tournée devrait être assez populaire. Il a promis une visite surprise dans une des écoles. Comme ce sera une visite surprise, il n’a pas dit quand ni où, mais sa présence possible risque de mettre un peu de piquant dans cette tournée.

    — En dehors de ça, la grande maîtresse veut nous voir pour nous parler de ta mort, pas de celle à venir, mais de celle que tu as vécue dernièrement. Elle aurait aimé nous voir avant, mais elles avaient des activités qui l’ont empêchée de nous rencontrer plus vite. Elle doit m’appeler pour me confirmer le moment. Lorsque ça se produira, je t’appellerai. Alors, laisse ton com sur la vibration, même pendant que tu seras en classe au cas où elle voudrait nous rencontrer rapidement.

    Mes profs ne vont pas tellement aimer, mais ce ne sera pas la première fois que je prendrai un message en classe.

    Pendant les jours qui suivent, j’entends dire partout que mon maître a commis un meurtre, qu’on l’a vu enterrer un cadavre derrière le collège, qu’un policier est même venu vérifier que c’était bien vrai. On dit aussi que la grande maîtresse veut renvoyer mon maître. Des élèves me demandent si je suis au courant. Un peu que je suis au courant !

    — Il n’a tué personne, dis-je. Ce ne sont que des rumeurs idiotes.

    — On a vu un enregistrement où il était en train d’enterrer un cercueil dans la cour, derrière le collège, affirme Claude.

    — Ah, bon.

    Je demande à Pierce s’il n’y a pas moyen de voir cet enregistrement. Il répond qu’il est confidentiel.

    — Comment as-tu pu le voir s’il est confidentiel ? questionné-je Claude.

    — Je… Je ne l’ai pas vu, mais quelqu’un m’a dit l’avoir vu. Et il existe, s’il est confidentiel, non ? répond-il.

    — Oui. Et si c’était juste un test qu’il a fait subir à ses élèves lors de la précédente épreuve d’admission. Vous êtes tous en train de tomber dans un piège et vous croyez tout ce qu’on vous dit.

    — Évidemment, toi, tu vas le défendre. Je parie que tu n’étais même au courant de cette histoire, répond Alya.

    La prof est maintenant arrivée et je cesse de discuter avec eux.

    — David, j’ai croisé ton maître. Il se rendait voir la grande maîtresse. Il m’a demandé de te dire d’y aller aussi tout de suite.

    — D’accord, merci.

    Je me lève et quand je me prépare à sortir, elle m’arrête.

    — Est-ce au sujet de cette histoire de meurtre ?

    — Oui, Madame.

    Et je suis sorti sans rien ajouter. J’imagine qu’au prochain cours, je vais subir un interrogatoire. Je cours en direction du bureau de la grande maîtresse. Quand j’y arrive, mon maître est en train d’y entrer. Je profite de la porte ouverte. Il se met en posture d’attente devant le bureau. Je fais de même.

    La grande maîtresse sort d’une salle voisine avec un café qui sent terriblement bon. Il y a longtemps que j’en ai bu. Mais elle ne nous en offre pas. Elle s’assoit derrière son bureau et nous regarde en prenant une gorgée du liquide chaud.

    — J’ai bien regardé cet enregistrement. Vos nouveaux postulants étaient là ainsi que cette jeune femme, comment s’appelle-t-elle déjà ?

    — Mily, répond mon maître.

    — Ah oui. Il ne manquait que David. Mais en vérifiant, j’ai compris que c’était lui qui se trouvait dans le cercueil. Ai-je raison de penser que vous l’avez enterré vivant ?

    — Non, Madame. Je ne l’ai pas enterré vivant.

    — Il était bien dans ce cercueil, n’est-ce pas ?

    — Oui, Madame.

    — Et vous dites ne pas l’avoir enterré vivant ?

    — Non, Madame.

    — Alors, expliquez-moi.

    — Il était mort au moment de l’enterrement.

    — Quoi ? !

    Elle me regarde, comme pour s’assurer que je suis bien réel. Je lui souris.

    — Je ne comprends pas.

    Elle nous regarde. Monsieur, comme toujours, attend qu’on le questionne pour parler, ce qui me fait sourire, mais agace royalement la grande maîtresse.

    — Qu’est-ce qui vous amuse ? me demande-t-elle si sèchement que je sursaute.

    — C’est l’attitude disciplinée et déférente de mon maître qui me fait sourire, Madame.

    — Déférente ?

    — Oui, Madame.

    Elle secoue la tête comme quelqu’un qui se désespère de comprendre un jour quoi que ce soit de nous deux.

    — Pourriez-vous m’expliquer ce que tout ça signifie ?

    — Oui, bien sûr, Madame. Il s’agissait du kembali, le rituel darumien de mort et de renaissance.

    — Vous voulez dire que vous avez tué David et qu’il est revenu à la vie ?

    — Exact.

    « Concis à souhait », me dis-je. Mais je ne suis pas sûr que la grande maîtresse apprécie tellement cette concision.

    — Et vous pratiquez ce rituel souvent ?

    — Jamais. C’était la première fois.

    — Et pour cette première expérience, vous avez choisi de le pratiquer pendant l’épreuve d’admission ?

    — Oui, Madame.

    — Je ne suis pas sûr que ce soit permis de tuer vos élèves, même s’ils doivent renaître ensuite.

    Je lis dans l’esprit de mon maître que ce rituel est permis dans toute la Communauté depuis que Mzimba Zulu, sa première maîtresse, le lui a fait vivre ici à Éden. Il se dit aussi que cela aurait été la moindre des choses que madame Nagi, la grande maîtresse, vérifie si ce rituel était permis ou pas sur Terre avant de les faire venir à son bureau pour leur reprocher de l’avoir pratiqué.

    — N’auriez-vous pas dû m’informer de vos intentions avant de pratiquer un rituel susceptible d’attirer une attention indésirable sur ce collège ?

    — Je vous en ai avisée, Madame.

    — Comment ? !

    — Je vous ai envoyé un message vous disant qu’un rituel darumien autorisé dans toute la Communauté serait pratiqué pendant l’épreuve d’admission de mes élèves.

    — Je ne me rappelle pas avoir vu un tel message.

    Pendant qu’elle recherche un message envoyé par mon maître, Monsieur pense : « Bien sûr. Elle ne regarde pas le vingtième de ses messages. »

    — Je ne le trouve pas. Pourriez-vous me le renvoyer si vous l’avez encore, bien sûr ?

    — Oui, Madame. C’est comme si c’était fait.

    En fait, il le lui a envoyé un peu avant de venir en demandant qu’il y ait un délai de vingt minutes avant sa transmission. Le com de la grande maîtresse sonne pendant qu’on attend qu’elle nous permette de partir. Elle en regarde l’écran et fronce les sourcils. Elle ne comprend pas comment mon maître a pu faire ce tour de magie, pourtant si simple. Il lui sourit. Elle ouvre le message. Nous entendons la voix de mon maître lui expliquer sommairement le rituel et la raison pour laquelle il voulait le pratiquer pendant l’épreuve d’admission.

    — Très bien. Je vais envoyer un message à tous pour expliquer que la rumeur qui court concernant la mort de votre fils n’était rien de plus qu’une rumeur.

    Je lève les bras, poignets joints, pour demander la permission de parler. Monsieur lit dans mon esprit ce que je veux dire.

    — Nous permettez-vous de parler librement, Madame ?

    — Mais bien entendu, répond-elle impatiente.

    — Explique-lui ce que tu voulais dire, David.

    — Madame, il n’y a pas qu’une rumeur qui court. Des gens auraient vu l’enregistrement de mon enterrement dans la cour d’Éden. S’ils ont conservé une trace de cet enregistrement, vous pourrez difficilement prétendre que ce ne sont rien de plus que des rumeurs.

    — Qui a vu cet enregistrement ?

    — Un élève dans mon groupe de pilotage en conditions extrêmes dit connaître quelqu’un qui l’aurait vu. Je ne sais pas de qui il s’agit, mais il est l’élève de maître Weak, qui doit avoir droit de visionner ces enregistrements. Ce n’est qu’une possibilité que des gens l’aient vu, Madame, mais il serait peut-être préférable d’en tenir compte.

    — D’accord. Dans ce cas, je leur dirai la vérité à propos de ce rituel. Pouvez-vous me donner plus de détails à ce sujet ?

    — Vous trouverez toutes les explications attachées au message que je vous ai renvoyé.

    — D’accord, merci. Vous pouvez retourner à vos activités.

    Une fois à l’extérieur, j’ai vu que mon maître s’était retenu de perdre patience. Elle avait en main tout ce qu’il lui fallait et elle ne s’était même pas donné la peine de lire son message. Pour lui changer les idées, je lui parle d’autre chose.

    — Maître. Comment s’est passée la rencontre avec Gabriel ?

    — Aussi bien que faire se pouvait. J’ai dû le malmener un peu pour le convaincre que j’étais son bon vieux maître. Mais il s’est laissé enchaîner sans discuter et on l’a conduit chez les spécialistes du comportement dont Maître Mestari avait parlé. Ils l’ont mis sous bonne garde et ils vont tenter de le transformer en parfait citoyen de la C.P. S’il ne fuit pas de là, on verra bientôt s’il est nécessaire de l’envoyer sur Zatvor.

    — Que lui avez-vous dit pour le convaincre de se laisser enchaîner ?

    — À peu de choses près, la vérité. Je lui ai demandé en quoi consistait selon lui sa mission sur Veda. Il a répété qu’il devait retrouver et tuer Fo Pelarian et qu’il avait bien exécuté cette mission. Je me suis montré très choqué par cet acte, pas juste parce qu’il me choquait vraiment, mais pour le convaincre qu’il avait été conditionné par l’ennemi pour faire le contraire de ce qui était prévu par sa mission. Je lui ai dit : « Pelarian était le seul à connaître la recette des bombes de Sanaki. Nous voulions nous en emparer. Maintenant, la recette est perdue à tout jamais à cause de toi ». C’est là-dessus que je me suis mis à lui en faire voir de dures. Je lui ai expliqué qu’il avait servi l’ennemi en agissant de cette manière. Je lui ai expliqué qu’étant donné qu’il n’était pas conscient de servir l’ennemi et qu’il avait toujours été un bon soldat de la Communauté, nous avons décidé de tenter un déconditionnement et que, si le déconditionnement ne fonctionnait pas bien, il serait envoyé sur Zatvor. J’ai lu dans son esprit qu’il tenterait de s’en évader. Je lui ai dit que si jamais il réussissait à s’en évader, nous le saurions et que, lorsque nous le rattraperions, nous ne nous montrerions pas aussi tolérants envers lui que nous l’avions été jusqu’ici. J’avais vu dans son esprit que la « tolérance » était pour lui une vertu des faibles et qu’on lui avait appris à cracher sur ceux qui en faisaient montre. En lui parlant de tolérance, je voulais qu’il comprenne à quel point il avait de la chance d’être traité comme il l’était. Mais j’ai aussi su en examinant ses souvenirs qu’il avait subi des séances d’entraînement anticonditionnement organisé par son maître. Cette technique d’anticonditionnement semble très efficace. Je peux te dire qu’il sera difficile à reconditionner. J’en ai parlé avec Maître Mestari, qui m’a dit de joindre les spécialistes du comportement pour les informer de ce fait et leur donner des détails concernant la méthode employée pour cet entraînement.

    Je lis dans son esprit ce qu’il appelle « en faire voir de dures ». Ouch ! En tout cas, ce Gabriel s’attendait à bien pire et il sera peut-être libre bientôt. Si ce n’est pas sur Terre, ce sera sur Zatvor, où il trouvera de nombreuses personnes partageant sa vision du monde. Je vois aussi dans l’esprit de mon maître en quoi consiste cette fameuse méthode pour que le conditionnement ne fonctionne pas. C’est inimaginable qu’un maître inflige pareil supplice aussi longtemps à son élève juste pour être sûr que « l’ennemi » ne le conditionnera jamais.

    Chapitre 2. Le poteau

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