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Livre électronique270 pages4 heures

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À propos de ce livre électronique

Un accident traumatique change la vie de deux soeurs, Karen et Jenny, laissant libre court à la haine, la jalousie, la trahison et à la perversité absolue. Jenny est entraînée dans une spirale infernale et quand les choses semblent enfin commencer à s'améliorer pour elle, quelqu'un de son passé refait surface et elle doit faire face à un terrible dilemne...doit-elle parler ou continuer à se taire?

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie21 oct. 2020
ISBN9781071572061
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Auteur

Cindy Vine

Born in Cape Town, South Africa, I have traveled to many different countries working as an international school teacher. Following a bout with breast cancer and being ripped off yet again, I wrote a self-help book called Fear, Phobias and frozen Feet, which deals with how to break the pattern of bad relationships in our lives. Last year, I self-published Stop the world, I need to pee! It's a fictional tale of how a headstrong woman manages to escape from an abusive husband. Currently, I am teaching at an international school in Tanzania. The Case of Billy B is my third book.

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    Aperçu du livre

    Pas un mot - Cindy Vine

    Chapitre 1

    1986

    ––––––––

    J’ai tué maman. Pas avec un couteau ou un pistolet, mais c’est de ma faute si elle est morte. Je le sais du fond du cœur. Je le vois à chaque fois que papa détourne son regard quand j’entre dans la pièce. Il n’arrive plus à me regarder. Il ne peut plus me parler. Je suis tout aussi morte à ses yeux que l’est maman. Et en plus, ma sœur Karen m’a dit que j’ai tué ma maman. Plusieurs fois même. J’entends sa voix quand je dors. Tu l’as tuée, Jenny. Tout ça c’est de ta faute. C’est toi qui en es responsable. Ma sœur ne m’a jamais trop appréciée, mais maintenant elle me déteste. Qui aurait pensé que la varicelle pouvait tuer ? Une fichue maladie infantile, un virus ; aussi répandue que les raisins dans les vignes. Papa avait dit à maman que ça ne servait à rien de m’emmener chez le médecin.  Tu ne peux pas soigner un virus, il faut juste attendre qu’il sorte de son système, avait-il dit. Maman ne l’avait pas écouté. Elle était têtue. Elle me voyait me gratter et me gratter encore, c’était terrible, et elle voulait m’emmener chez le docteur pour s’assurer que c’était bien la varicelle et pas une sorte de maladie mortelle comme la peste et pour qu’il me donne de la pommade pour que ça arrête de me gratter. Maman ne voulait pas qu’il me reste des cicatrices après avoir gratté les cloques. On n’a rien vu venir, maman et moi. Un chien a traversé la route juste devant notre voiture. Maman ne voulait pas le percuter, elle détestait tuer des êtres vivants.  Elle ne pouvait même pas tuer et plumer un poulet à la ferme. Betsy, la femme de ménage, devait le faire. Maman s’est déportée pour éviter le chien, a perdu le contrôle de la voiture et a foncé dans un arbre. Ils ont dit que maman était morte sur le coup. Elle n’a pas eu mal. Quant à moi, je dois avouer que les cicatrices sur mon cœur sont bien pires que toutes les cicatrices que j’aurais pu avoir d’avoir gratté mes cloques. Maman aurait dû écouter papa. J’aurais aimé que ce soit moi qui sois morte sur le coup.

    -  Papa, Shirley vient de m’inviter à passer l’après-midi chez elle. Je peux y aller ? S’il te plait, s’il te plait, s’il te plait ?

    Papa sourit et ébouriffe les sombres cheveux courts de Karen. Elle est le portrait craché de maman, le teint mat, les cheveux noirs et toute menue.  Tout le contraire de moi. Je ressemble plus au côté paternel de la famille. Grande, blonde avec des palmes à la place des pieds. Bien que Karen ait deux ans de plus que moi, je suis déjà plus grande qu’elle. Une autre raison pour elle de me détester.

    -  Bien sûr que tu peux aller chez Shirley. Je vais te déposer. Mais prends Jenny avec toi, je ne veux pas qu’elle reste seule ici.

    Papa se retourne et quitte la pièce, loupant tout du regard noir et des lèvres pincées que Karen me lançe.

    -  J’aurais aimé que tu ne sois jamais née, crache-t-elle en me poussant de son chemin.

    Je ne réponds pas. Qu’est-ce que je pourrais bien dire ?

    ––––––––

    Notre maison ressemble à un sanctuaire dédié à maman. Tout est resté comme elle l’a laissé, rien n’a bougé de sa place.  Un jour, papa a renvoyé une femme de ménage parce qu’elle avait déplacé un bibelot. Betsy fait très attention en soulevant les décorations en céramique de maman, elle fait la poussière en dessous, puis les repose exactement au même endroit. Le calendrier dans la cuisine est celui de l’année dernière, avec les notes de maman écrites à la main. Le jour de l’anniversaire de sa mort, papa a fait agrandir au format poster une photo qu’il avait prise d’elle dans la vigne. Elle est maintenant accrochée dans la salle à manger, là où se trouvait avant un tableau représentant un paysage montagneux. Elle nous regarde de là-haut quand on mange. Maman est partout, un rappel constant de ce que j’ai fait. 

    Nous vivons dans une petite exploitation à flanc de montagne près de Bretherton en Afrique du sud. Papa cultive des raisins de table et nous avons un petit troupeau de vaches et de moutons. Il ne gagne pas beaucoup d’argent mais assez pour vivre. Bretherton est un petit village de pêcheurs sur la côte, appelé comme ça en hommage au révérend Bretherton qui avait créé là un avant-poste missionnaire pour les autochtones. Nous l’avons étudié à l’école. Shirley McGregor est la meilleure amie de Karen. Sa famille est très riche et possède un immense vignoble. Shirley a même une piscine ! Shirley dit que le révérend Bretherton était son arrière-grand-père. Je ne la crois pas. Elle ne fait que frimer et se vanter en permanence et elle est aussi méchante avec moi que l’est Karen. Passer l’après-midi avec Karen et Shirley en sachant que je ne suis pas la bienvenue est la dernière chose dont j’ai envie.  Les écouter ricaner et chuchoter dans mon dos. Parfois, elles partent en courant et se cachent, me laissant toute seule dans la maison. En fait, ça, ça ne me dérange pas, parce qu’alors je reste dehors et je joue avec le chien de Shirley. C’est un labrador noir appelé Dolly. Dolly n’en a rien à faire que j’aie tué ma maman.

    Shirley nous attend dehors, guettant notre voiture.

    -  Comment vas-tu, Shirley ? Demande papa un sourire aux lèvres.

    Il aime bien Shirley et nous répète tout le temps combien elle est intelligente.

    -  Bien, oncle Jan. Oh, Jenny est là aussi, dit-elle en retroussant le nez, comme si je sentais mauvais.

    -  Oui, j’ai des choses à faire et Jenny serait dans mes pattes. C’est mieux qu’elle reste avec Karen. Où sont tes parents ? Demande mon père en inspectant les lieux. Tu es sûre que ça ne les dérange pas que Karen et Jenny jouent ici ?

    Papa semble inquiet, il a cette manie de s’imposer aux gens, maman disait toujours qu’il était trop fier.

    Shirley hoche la tête, agitant ses nattes blondes.

    -  Il n’y a pas de soucis, oncle Jan. Ils sont contents que j’aie de la compagnie. Ils disent que ça me tient à l’écart des bêtises. Ils sont occupés au bureau de l’exploitation. Papa a parlé de clôture de comptes mensuels. Tu veux que je les appelle ?

    -  Ah, il faudrait que je m’y atèle aussi. Non, ne t’en fais pas, je ferais mieux de ne pas les déranger. Je reviendrai chercher Karen et Jenny vers dix-sept heures.

    Papa remonte en voiture et part, me laissant seule avec ces filles qui me détestent.

    Pas plus de cinq minutes après le départ de papa, Karen et Jenny partent en courant et me laissent avec Dolly. J’ai depuis longtemps abandonné l’idée de leur courir après pour les chercher. Shirley connait des cachettes que je suis bien incapable de trouver. 

    Maintenant, quand elles s’enfuient, je m’en fiche. Je reste là et je caresse Dolly. À elle, je peux lui parler, lui dire mes pensées sans qu’elle ne me juge ou ne se moque de moi. Elle me regarde juste avec ses grands yeux bruns comme si elle comprenait tout ce que je lui disais. En entendant une voiture remonter l’allée de graviers je me lève pour regarder. Peut-être que papa regrette de m’avoir laissée et revient me chercher. Mais je n’ai pas cette chance. C’est l’oncle de Shirley, Eddie, le frère cadet de sa mère, celui qui n’arrive pas à garder un travail. Papa dit que c’est un bon à rien et que sans l’argent de la famille, il serait à la rue. Il vit quelque part en ville, dans un appartement avec vue sur la mer. Papa dit qu’il se drogue. Je me souviens avoir entendu maman et papa en parler, juste avant qu’elle ne meure.

    Oncle Eddie sort de sa voiture et s’avance vers la chaise de jardin où je suis assise en train de caresser Dolly. Dolly n’aboie jamais sur les intrus. Le père de Shirley dit toujours qu’elle tuera quelqu’un à grands coups de langue avant de mordre qui que ce soit.  C’est le chien de garde le plus inutile qui ait jamais été.

    -  Hé, tu ne serais pas...euh... attends ça va me revenir, euh...c’est ça, Jenny ? La fille de Jan van Tonder ? Celle de l’accid...euh...c’est bien toi Jenny ?

    J’acquiesce et prend Dolly dans mes bras. Je ne sais pas pourquoi, mais oncle Eddie me rend nerveuse.

    -  Où sont les autres ? Dit-il en s’approchant encore un peu plus de moi.

    -  Au bureau. Vous voulez que je vous y emmène ?

    Dolly lèche mon bras qui est toujours posé autour de son cou.

    Avant qu’oncle Eddie ne puisse répondre, Shirley et Karen reviennent en courant de derrière la maison d’où elles m’espionnaient sûrement.

    -  Oncle Eddie ! S’écrie Shirley en faisant un gros câlin à son oncle.  Papa et maman savaient que tu devais venir ? Ils ne me disent jamais rien.

    -  En fait, c’est une sorte de surprise, dit-il en riant. J’étais dans le coin et je me suis dit que je pourrais passer prendre un verre ou autre.

    -  Ou autre ? Comme de l’argent par exemple ?  Demanda effrontément Shirley, ses yeux bleus pleins d’étincelles.

    -  Tu me connais trop bien, lui chuchote-t-il à l’oreille en lui pinçant les fesses.

    -  Tonton Eddie, je suis choquée ! Rit-elle en s’écartant hors de la portée d’oncle Eddie.  Ne vous approchez pas trop d’oncle Eddie. Il a des tentacules de pieuvre à la place des bras ! Nous met-elle en garde en souriant.

    Karen et moi nous tenons à l’écart d’oncle Eddie, un peu nerveuses. Nous avons entendu tellement de mauvaises choses sur lui.

    -  Oh, je rigolais ! Ne vous inquiétez pas, continue-t-elle en riant. Oncle Eddie est mon oncle préféré de toute la terre entière ! Il ne ferait pas de mal à une mouche, pas vrai oncle Eddie ?

    Shirley dépose un baiser sur les lèvres de son oncle. Il me regarde en me faisant un clin d’œil, ce qui me rappelle le lézard qui est dans l’aquarium dans notre salle de classe.

    -  Bon alors, dit oncle Eddie en laissant partir Shirley pour s’approcher si près de moi que je peux sentir son souffle sur ma joue, quel âge as-tu maintenant, petite Jenny ?

    -  Huit ans, réponds-je en mordant ma lèvre.

    -  Ce que le temps file. Tu grandis si vite.

    En me dévisageant, oncle Eddie passe sa langue sur ses lèvres. Ça me met mal à l’aise. Et Karen sûrement aussi parce qu’elle s’éloigne de moi pour se mettre à côté de Shirley.

    -  A quoi vous jouez les filles ? Je peux jouer avec vous ?

    Oncle Eddie ne me quitte pas des yeux et je sens mon cœur s’emballer.

    -  A cache-cache, répond Shirley. Tu peux jouer aussi. Karen et moi on forme une équipe. Tu peux former une équipe avec Jenny. Comptez jusqu’à cent puis essayez de nous trouver.

    -  Cool, répond oncle Eddie en me prenant par la main.  

    Chapitre 2

    Karen et Shirley partent vite se cacher, me laissant seule avec oncle Eddie. J’ai une sensation désagréable dans le ventre. La même que j’ai eue une fraction de seconde en voyant le chien débouler devant la voiture. Oncle Eddie n’est pas moche ni rien de tel. Il n’a pas l’air d’un monstre. Mais il y a quelque chose avec ses yeux. Je ne saurais dire ce que c’est. C’est comme s’il regardait à travers vous, comme s’il avait une vision à rayons X, sauf que ce n’est pas un super héros. Et puis il y a son sourire. Il a les dents toutes tordues. Comme celles de ce grand requin blanc que les pêcheurs ont ramené au port de Bretherton l’autre jour. J’imagine être attaquée par ce requin et déchiquetée en tout petits morceaux, toutes ces dents me sciant comme cette scie à viande que j’ai vue chez le boucher.

    -  Allons les attendre à l’intérieur, me propose oncle Eddie en montrant ses dents de requin. On pourrait jouer à un petit jeu le temps de compter jusqu’à cent. Tu aimes bien jouer, Jenny ?

    Je hoche la tête et suis oncle Eddie jusqu’à la maison.

    -  Nous allons jouer à un jeu très spécial tous les deux, un jeu secret. Shirley adore ce jeu parce qu’il la fait tellement rire qu’elle ne peut plus s’arrêter.

    Oncle Eddie me sourit, avec ses dents tordues et je sens le nœud dans mon ventre se resserrer un peu plus. Peu m’importe à quel point Shirley aime ce jeu. Je suis certaine que je ne vais pas l’aimer.

    -  C’est un jeu de chatouilles. C’est très amusant, tu vas adorer. Mais tu ne dois parler de ce jeu à personne, sinon ce ne serait plus un secret. Tu comprends ? Pas même à Shirley ou à ta sœur. Ça doit rester notre secret. Si tu en parles, tu libèreras tous ces monstres qui se cachent la nuit sous ton lit et le fantôme de ta maman. Si tu en parles, c’est comme si tu la rappelais de l’au-delà, là où vivent les fantômes. Tu ne voudrais pas qu’une telle chose arrive, n’est-ce pas ? Que ta maman revienne te hanter, toi et toute ta famille.

    Oncle Eddie se penche pour me regarder droit dans les yeux, je peux presque voir les ombres de tous ces fantômes et monstres dans ses yeux. J’ai tellement peur maintenant que j’en ai envie de faire pipi.

    -  Je...j’ai besoin d’aller aux toilettes. Je...j’ai envie de faire pipi, bégayé-je en me mordant la lèvre si fort que je peux sentir le goût du sang.

    -  Vite alors Jenny, les autres vont s’attendre à ce qu’on parte bientôt à leur recherche.

    Oncle Eddie s’assied sur le canapé bleu et me sourit à nouveau de ses dents tordues.

    -  Dépêche-toi, nous n’avons pas beaucoup de temps pour jouer à notre jeu rigolo.

    Oncle Eddie me signale d’y aller en agitant la main puis s’adosse au canapé. 

    Je termine aux toilettes puis me lave les mains, prenant mon temps pour bien les sécher avec la petite serviette suspendue sur les cornes d’impala accrochées au mur de la salle de bain. Je retourne lentement au salon, où oncle Eddie m’attend, toujours assis sur le canapé bleu.

    -  C’est bien, Jenny, tu as fait vite. Alors, voici comment on joue à ce jeu. Tu dois fermer les yeux, et ne triche pas, d’accord ? Mais d’abord, il faut que tu viennes t’asseoir sur mes genoux, pour que je puisse te chuchoter les instructions secrètes à l’oreille. Ça ne va que chatouiller. Je te promets que ce jeu ne te fera aucun mal. Shirley l’adore. Tu vas l’adorer aussi.

    Je n’ai pas envie de m’asseoir sur les genoux d’oncle Eddie, mais j’ai trop peur pour dire non, alors je m’installe et je ferme les yeux, trop effrayée pour les rouvrir et j’entends sa respiration changer, comme s’il courait quelque part. Je sens son souffle sur mon cou quand il touche mes longs cheveux blonds et les écarte de mon épaule. Ses lèvres sont sur mon cou, des bisous légers, des bisous de papillons, c’est vrai que ça chatouille un peu.

    Puis je sens sa main sur ma jambe, la caressant doucement, remontant lentement vers ma culotte. Je sursaute, personne n’a le droit d’aller là ! Maman m’a dit que cette partie de moi était privée !

    -  Je ne vais pas te faire de mal, juste une petite chatouille, me murmure oncle Eddie à l’oreille, son souffle chaud sur ma peau. N’ouvre pas les yeux, garde les bien fermés, c’est bien compris ? Nous pouvons compter jusqu’à cent puis partir chercher les autres. Un...Deux...Trois...

    Oncle Eddie commence à compter jusqu’à cent tout en remontant doucement sa main le long de ma jambe jusqu’à ce que son doigt glisse sous l’élastique de ma culotte. J’essaie de compter aussi, mais rien ne sort de ma bouche, rien qu’un léger souffle. Quand son doigt effleure mon endroit le plus privé je sursaute.

    -  Shh, tout va bien, murmure-t-il. N’aie pas peur, continue de compter avec moi, dix...onze...douze...

    Oncle Eddie me chatouille délicatement sur ma partie privée, ce n’est pas si terrible et ma respiration commence à se calmer un peu.

    -  Dix-huit...Dix-neuf...Vingt... murmure doucement oncle Eddie.

    Puis, sans prévenir, il arrête de chatouiller et remonte son doigt au centre de ma partie privée, vers l’intérieur, là où sort le pipi, et il y fait entrer son doigt de force, dans ma partie privée. Cette fois, je crie de douleur.

    -  Aïe ! Arrêtez, s’il vous plait arrêtez ! Aïe !

    Ça fait encore plus mal que quand je me suis cogné l’orteil et que mon ongle est tombé. J’essaie de descendre de ses genoux mais oncle Eddie me tient si fermement que ça me fait mal.

    -  Shhh, ne pleure pas. Shirley ne pleure jamais. C’est les bébés qui pleurent, continue de compter...trente...trente et un...trente-deux.

    Oncle Eddie me soulève de ses genoux et m’allonge sur le canapé. Je garde les yeux bien fermés. J’ai trop peur pour les ouvrir. Trop peur pour regarder oncle Eddie. Je l’entends compter, puis je sens ses doigts sur le haut de ma culotte qu’il fait lentement glisser le long de mes jambes.

    Je reste allongée là, incapable de bouger. Je voudrais l’arrêter mais je ne peux pas. J’ai trop peur. Mon Dieu ce que j’ai peur et dans ma tête, je me mets à prier Dieu, Jésus, ma mère, quiconque pourrait venir et me sauver. Me sauver du grand requin blanc que je sens se nourrir de moi, de ma partie privée, léchant, embrassant, suçant. Puis tout s’arrête et je me sens soulagée. J’entends oncle Eddie commencer à compter à nouveau

    -  Cinquante...cinquante et un...cinquante-deux...

    Je sens quelque chose de chaud et humide contre ma jambe et j’ouvre les yeux.

    Une chose rosâtre, dressée, sort du pantalon de l’oncle Eddie, comme un cobra qui sort la tête de son trou, et dégouline de bave sur ma jambe. Je crie et me relève précipitamment. Je pousse oncle Eddie de mon chemin et cours vers la porte, espérant voir Karen, priant que quelqu’un vienne m’aider. Je n’aime pas ce jeu. Ce jeu de chatouilles de l’oncle Eddie. Peut-être que je ne suis pas normale de ne pas avoir trouvé ça amusant et de ne pas avoir rigolé comme Shirley. Une fois dehors, je me retourne pour regarder dans le salon. Oncle Eddie est assis, souriant, sur le canapé bleu. Il a rangé cette affreuse chose et recommence à compter en se relevant et s’approchant de moi.

    -  Quantre-vingt-dix...quatre-vingt-onze...quatre-vingt-douze...cachées ou pas, nous voilà ! Crie-t-il, ses dents tordues lui donnant vraiment un air de requin.

    Il se met à côté de moi et chuchote :

    -  Rappelle-toi, ce petit jeu est notre secret. N’en parle à personne, parce que si tu le fais, ta mère va revenir pour te hanter.

    Oncle Eddie se penche sur moi et passe sa main dans mes cheveux blonds.

    -  Et puis qui croirait une petite fille de huit ans à l’imagination si débordante, hein ?

    Juste à ce moment, Karen et Shirley reviennent en courant.

    -  Vous avez mis tellement de temps ! On en avait marre de rester cachées alors on est venues vous chercher ! Hurlent-elles. Shirley me lançant le même sourire méchant qu’elle me lance quand elle fait exprès

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