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Une raison de vivre ou de mourir (Pas de paradis sans... l'enfer, t. 9)
Une raison de vivre ou de mourir (Pas de paradis sans... l'enfer, t. 9)
Une raison de vivre ou de mourir (Pas de paradis sans... l'enfer, t. 9)
Livre électronique359 pages4 heures

Une raison de vivre ou de mourir (Pas de paradis sans... l'enfer, t. 9)

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À propos de ce livre électronique

David et une équipe d’élèves d’Éden se préparent pour aller en mission sur Zatvor, la planète-prison, où le double de Gabriel a été envoyé.

David offre à Greg Arsh de devenir son esclave, car ils croient que personne n’osera exclure la Terre, l’une des planètes fondatrices de la Communauté des planètes, parce que l’esclavage y existerait de nouveau. On croit qu’ainsi, il y a une chance qu’on n’ose pas chasser Doulòs de la C.P. En effet, pourquoi chasser une planète esclavagiste et en conserver une autre ? Mais Dennis, un ami d’enfance de David en mission sur Doulòs, y meurt d’une horrible façon. Naga, une jeune Darumienne emprisonnée depuis des années dans le corps d’un dragon de Zatvor, en est enfin libérée grâce à David.

LangueFrançais
ÉditeurDanielle Tremblay
Date de sortie31 oct. 2025
ISBN9782924400104
Une raison de vivre ou de mourir (Pas de paradis sans... l'enfer, t. 9)
Auteur

Danielle Tremblay

FRANÇAIS :Danielle Tremblay complète ses études collégiales en informatique au Cégeg de Chicoutimi en 1973. Elle possède également deux attestations d’études collégiales du Cégep de Jonquière, l’une en techniques de la documentation (1984), l’autre en techniques de micro-informatique (1994). De 1984 à 2012, année de sa retraite, elle travaille comme technicienne en bibliothèque pour diverses institutions à Chicoutimi, dont les neuf dernières années au Conseil national de recherches du Canada. Elle a remporté en 1981 le concours littéraire La Plume saguenéenne dans la catégorie science-fiction pour sa nouvelle «Cosmose», le second prix du concours du meilleur texte de trois pages du module des lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1988 et le premier prix de ce même concours en 1989 pour «La Lettre d’adieu». En 2011, elle gagne le premier prix du concours littéraire de science-fiction Ascadys avec sa nouvelle «Adam et Ève». L'année suivante, elle publie son premier roman, «Pas de paradis sans... l’enfer» tome 1. Depuis, elle n'a pas cessé d'écrire sous son vrai nom et sous un nom de plume.--------------ENGLISH:Danielle Tremblay completed her college studies in computer science at Cégeg de Chicoutimi in 1973. She also holds two attestations of collegial studies from the Cégep de Jonquière, one in documentation techniques (1984) and the other in microcomputer techniques (1994). From 1984 to 2012, the year of her retirement, she worked as a library technician for various institutions in Chicoutimi, including the last nine years at the National Research Council of Canada. In 1981, she won the literary competition La Plume saguenéenne in the science fiction category for her short story "Cosmose", the second prize in the competition for the best three-page text at the Université du Québec à Chicoutimi in 1988 and the first prize in the same competition in 1989 for "La Lettre d'adieu". In 2011, she won the first prize in the Ascadys science fiction literary competition with her short story "Adam et Ève". The following year, she publishes her first novel, "Pas de paradis sans... l'enfer" volume 1. Since then, she hasn't stopped writing under her real name and a pen name.

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    Une raison de vivre ou de mourir (Pas de paradis sans... l'enfer, t. 9) - Danielle Tremblay

    Finalement, mon maître a choisi les membres de la mission. Il y a en tout cinq élèves en dehors de moi. Ce qui fait sept membres avec lui. Le jour de la première rencontre, à sa demande, nous nous présentons les uns aux autres.

    Rock, un élève de maîtresse Borg, est un grand blond musclé aux cheveux coupés ras et aux yeux bleu layette. Il porte plusieurs tatouages aux motifs occultes et autres modifications corporelles. Même si j’ai vérifié dans toutes les langues que je connais, je ne trouve pas ce que ces signes peuvent représenter. Je ne saurais pas davantage dire pour l’instant si ses marques corporelles sont permanentes ou si Rock en change régulièrement, selon le message à transmettre à qui peut le comprendre. Il semble un gars d’action qui tient difficilement en place.

    Sophra, une élève de maître Maïtreya, est une rouquine aux yeux vert tendre. Elle me paraît être le pendant féminin de Rock. Elle est presque aussi musclée que lui et semble avoir hâte de passer à l’action.

    Sila, une élève de maître Scott, a les yeux bruns si foncés qu’ils semblent aussi noir corbeau que ses cheveux. Mais ses yeux scintillent d’intelligence. Elle est plus posée que les deux autres et a à cœur de bien préparer sa mission de sorte que rien n’aille de travers.

    Yan, une élève de maître Kraft, est une petite brunette nerveuse aux yeux noisette. Elle regarde sans arrêt autour d’elle comme un animal perpétuellement aux abois. Timide, elle ne parle que si on l’interroge directement. Ce qui me fait penser à Ben, le frère de Mily.

    Le dernier, Craig, est l’élève de maître Kerdil, un maître karzelien qui l’a prêté à mon maître il y a quelques semaines. Les Karzeliens sont des nains par rapport aux habitants de la plupart des planètes de la CP, mais l’élève de maître Kerdil est un échalas taciturne aux cheveux et aux yeux de couleur bronze. Il est originaire de Gekihen, mais il a passé l’essentiel de sa vie sur Kerdil. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il a pu apprendre des arts du combat sur Karzel. Il n’a certainement pas dû se battre contre des Karzeliens. Ce serait vraiment inégal comme combat.

    Quand mon maître lit cette pensée dans mon esprit, il me regarde et se met à rire. Je souris en me demandant ce qu’il y a de si drôle. Mais je sens que je le comprendrai très vite.

    Toute l’équipe, même mon maître, suit les cours d’utilisation d’armes potentiellement mortelles et de bagarre de rue. C’est fou, mais j’adore faire exploser des images de monstres, les incendier, liquéfier, les désintégrer, les congeler si bien que, s’ils étaient vivants, ils en mourraient tous de différentes façons.

    Les techniques de combat pour arriver à les transpercer de part en part d’un poignard métallique ou laser m’amusent. Je me sens comme un enfant qui se bagarre par jeu avec des copains. Je me doute bien qu’en réalité, si ma vie ou celle de mes confrères était en danger, je ne trouverais pas tout ça si amusant, mais pour l’instant, ces cours me plaisent. Quant aux professeurs qui nous enseignent les techniques pour mettre K.O. n’importe quel adversaire à mains nues ou autrement, on ne peut pas dire qu’ils soient des saints et qu’ils craignent d’estropier l’adversaire s’ils le jugent nécessaire.

    À l’exception de mon maître, je réussis mieux que les autres élèves. J’imagine que c’est surtout en raison de mon don de télépathie, qui me permet d’anticiper les coups qu’on veut me porter. Mais j’aime me battre sans avoir à respecter une seule règle de combat. Se battre juste pour vaincre est un nouveau concept pour moi. Je ne me connaissais pas cette tendance belliqueuse. Mais peut-être que nous l’avons tous quelque part en nous et qu’elle n’attend qu’une occasion de se manifester. Néanmoins, je ne suis pas pressé de détruire autre chose que des représentations de monstres ou de donner des coups, douloureux, mais non mortels.

    J’ai eu l’occasion de comprendre pourquoi mon maître s’était tellement amusé de mes pensées concernant le géant karzélien. Craig se bat admirablement bien. On le croirait presque télépathe tellement il prévoit les coups qu’on se prépare à lui assener et c’est souvent de nos propres mouvements dont il se sert pour nous déjouer et qui lui permettent d’avoir le dessus sur nous. Son attitude au combat est déconcertante. À le regarder agir, on a le sentiment que rien ne le trouble ou ne l’inquiète, comme s’il portait une armure lui épargnant toute douleur et s’il était tout à fait certain de l’emporter. Pourtant, chaque fois qu’il s’est battu contre mon maître, il a reçu une raclée. Mais il se relève toujours en souriant, apparemment très heureux d’avoir enfin trouvé un adversaire à sa taille.

    – Bats-toi contre lui, David, que je voie ce que ça donne, m’ordonne mon maître un matin.

    Je le fais, non sans une certaine appréhension. Craig gagne sans peine la première fois. Il a un peu plus de difficulté à notre deuxième combat. Au troisième, je suis plus sur mes gardes et à l’écoute de ses intentions. Il tente vainement de me fermer son esprit. On dirait que je me suis enfin mis en phase avec lui. Comme je sens à ses moindres mouvements, autant que ses plus infimes pensées, ce qu’il se prépare à me faire et comment il va contrer mes attaques les plus courantes, j’utilise des techniques apprises au kolesa ou celles, pas toujours orthodoxes que m’a montrées maître Zhang, pour le désorienter. Chaque fois que j’ai le dessus sur lui, il sourit. On dirait que d’être vaincu lui plaît, mais je lis en lui un fort désir d’apprendre à vaincre n’importe quel rival utilisant n’importe quelle technique. Objectif très valable à mes yeux. Lorsque je l’emporte enfin, il se relève, me sourit et me donne une vigoureuse poignée de main.

    – Tu apprends vite, me dit-il, tout en continuant de me serrer la main avec énergie.

    – Tu veux me broyer les doigts pour que je ne puisse plus me battre contre toi, c’est ça, hein ? lui dis-je en lui retirant ma main et en la secouant afin de permettre à la circulation sanguine d’y reprendre.

    Il a un petit rire, puis me rappelle que nous aurons des adversaires bien plus rusés et vindicatifs que lui et qu’il est peu probable qu’ils se contentent de nous serrer la pince. Il dit qu’il veut se préparer aussi bien que possible à les affronter. Je ne lui donne pas tort.

    J’ai fini par pénétrer l’esprit de l’un des plus jeunes scientifiques zatvoriens à la poursuite de Gabriel. Le mécanisme de sa puce bio est assez semblable à celui de l’appareil qu’on avait utilisé sur moi dans la vieille chapelle parisienne et à celle qu’on voulait me mettre lors des jeux de survie. La seule différence est que son port ne tue personne et n’occasionne de douleur ni au porteur ni à ceux qu’on sonde. Ils ont subtilement fusionné et modifié les mécanismes des deux précédents appareils. J’ai trouvé comment les désactiver sans que son porteur s’en aperçoive. Je suis à la veille de connaître tous ceux qui le portent. Le seul que je n’ai pas réussi à percer à jour est le grand patron. Mais lui, je crois qu’en plus de porter une puce, il me bloque l’accès à ses pensées. Mais j’y arriverai ! Je m’en fais la promesse.

    Toute l’équipe discute quotidiennement de ce que sera notre mission. Qui ira où ? Pour y faire quoi ? Quand ? Ainsi de suite. Un jour, alors que nous discutions de choses et d’autres en attendant que maître Arsh ait terminé de discuter avec Maître Mestari, je dis à tous à quel point mon maître est surchargé de travail et que je ne sais pas comment il trouvera le temps de participer à cette mission. Quand mon maître revient, il me demande quelle solution géniale j’ai à suggérer pour lui permettre d’y participer. Je lui dis en souriant, à demi sérieux, qu’il pourrait s’acheter un androserviteur. Même si je sais qu’il n’aime pas les androserviteurs, j’insiste pour qu’il s’en procure un, quitte à le revendre ensuite. Il cherche à m’interrompre pour exprimer son avis, mais dans le feu de la discussion avec les autres, je lui coupe la parole, ne lui laissant pas la chance de s’exprimer.

    – Sors d’ici, David. Va dans le cercle rouge, dévêts-toi et attends-moi, j’irai t’y rejoindre une fois que j’aurai réussi à exprimer mon avis au sujet des androserviteurs.

    Je lui obéis en réfléchissant à ce que je viens de faire. Peu de temps ensuite, il vient me rejoindre. Il me menotte aux chevilles et aux poignets et accroche mes menottes de poignets au crochet au-dessus de ma tête et celles des chevilles à un crochet qu’il fait jaillir du sol. Puis il appuie sur le poussoir qui fait remonter mes poignets. Je suis étiré à l’extrême lorsqu’il arrête enfin d’appuyer sur le poussoir. Ma situation me rappelle quand maître Ushtar m’avait fait ce singulier massage-étirement avec mon maître avant les grands jeux. Ce souvenir me met dans un état d’esprit proche de celui que j’ai éprouvé à l’arrivée de maître Sklig dans ma chambre ce jour-là. Mon maître fait alors abaisser le crochet supérieur et me libère des deux crochets, mais me laisse les menottes.

    – Quand tu ne laisses à personne la chance de parler, c’est comme si tu disais à tous que ton opinion est meilleure que la leur. Tu as accaparé toutes les discussions depuis la première rencontre pour cette mission. Et maintenant, tu te permets même de me couper la parole. Tu voulais que je te mentionne tes fautes d’orgueil, David. Je le fais, bien gentiment encore une fois, mais ne m’oblige pas à le faire trop souvent. Me comprends-tu ?

    – Oui, Maître.

    Je me demande comment je devrais m’y prendre pour me débarrasser une bonne fois pour toutes de cette mauvaise habitude. Mon maître a fait tout ce qu’il a pu pour me corriger et j’en suis toujours là. Il faut que je trouve quelque chose avant qu’il ne soit trop tard.

    Puis mon maître me tient par la chaîne unissant les menottes de mes poignets et me tire dans son bureau, là où mon équipe nous attend en discutant. La longueur de la chaîne entre mes chevilles ne me permet que de tout petits pas. Alors je sautille autant que je marche pour réussir à suivre mon maître, tout en craignant de me retrouver à plat ventre. Je suis sûr que si cela se produisait, mon maître ne ralentirait pas un instant sa marche. Il m’entraîne devant mon fauteuil, me retourne pour que je sois dos au siège et m’y pousse. Je m’y retrouve assis, tout nu et enchaîné. Il s’assoit puis se tourne un peu vers moi.

    – Tu auras le droit de parler et d’aller te rhabiller lorsque tu auras trouvé une meilleure idée pour m’aider dans mes tâches que l’achat d’un androserviteur. Premièrement, je n’ai plus les moyens de m’en offrir un. Deuxièmement, tu sais ce que j’en pense.

    Peu après la naissance d’Angel, il a acheté un appartement pour Mily, Angel et moi. Je croyais qu’il l’avait juste trouvé, mais quand je lui ai parlé du paiement, il m’a dit qu’il avait déjà tout payé. J’ai secoué la tête et j’ai voulu discuter, mais il m’a fait taire et m’a dit que c’était son cadeau pour la naissance de sa petite-fille.

    Cet appartement, avec tout le confort moderne qu’il nous offre, a dû lui coûter une fortune. L’édifice s’aère comme les termitières, par ventilation passive. Les appartements sont modulaires et modifiables pour s’adapter aux besoins d’une famille grandissante ou vieillissante. Les fenêtres autonettoyantes s’orientent d’elles-mêmes vers le soleil ou s’obscurcissent, selon qu’il fait froid ou chaud. Leur verre, qui n’en est pas, fonctionne comme des plaques photovoltaïques et récupère l’énergie solaire, qui est redistribuée pour répondre à tous nos besoins et ceux de nos appareils domestiques, tous programmables de simples commandes vocales selon notre bon vouloir. Toutes les poubelles sont désintégratrices et renvoient également l’énergie ainsi produite à nos appareils. Le bâtiment entier lui-même est modulaire et souple entre chaque module, afin de contrer sans secousses les effets du vent, et il pompe l’eau du sol, qu’il purifie pour le partager entre les différents propriétaires. Je veux bien croire que tous ces atouts sont la norme dans ce coin de la ville, mais nous nous serions contentés de moins.

    Et maintenant, il dit ne plus avoir assez d’argent pour s’offrir de l’aide. Peut-être que la vente de son application d’automatisation des tâches lui rapportera beaucoup, mais il ne peut pas en être certain. J’ai un père et maître extraordinaire et je n’arrive qu’à le décevoir.

    Il a repris la discussion sur la mission avec le groupe. Je me tais parce que je ne sais pas quoi lui suggérer d’autre comme solution à son débordement de travail. Pendant que j’écoute chacun lui présenter son avis et ses idées sur le déroulement possible de la mission, je me rends compte qu’ils sont tous très astucieux et motivés. Ils ont tous des idées originales pour nous aider à bien réaliser cette mission. Probablement que, si je n’avais pas été forcé de me taire, je serais intervenu pour tout et pour rien, comme si mes idées étaient plus géniales que celles de tous les autres. Maintenant, forcé d’écouter, je vois bien que mes idées ne sont pas si extraordinaires.

    Une fois ou deux, je pousse Yan, qui est timide, mais intelligente, à donner son avis, car il correspondait assez au mien.

    – Je n’ai nul besoin de ton aide pour guider la discussion, David. Et je ne t’ai pas permis de parler, même par la bouche des autres. Alors, arrête tes stimulations mentales.

    J’écoute donc la conversation d’une oreille pendant que je pense à une meilleure suggestion pour alléger la surcharge de travail de mon maître. Je me rappelle quand il m’a mis son fameux casque susceptible de me transformer en androserviteur. Peut-être que c’est ce qui aurait pu lui arriver de mieux, d’avoir un fils le servant comme un bon petit robot.

    Chapitre 2. Moi, esclave ?

    Le souvenir du casque qui aurait pu me transformer en androserviteur me donne une idée. Je lève alors mes poignets joints.

    – Tu as trouvé quelque chose de mieux à me suggérer que les androserviteurs ?

    – Je crois que oui, Maître.

    – Quoi ? Que devrais-je faire selon toi ?

    – Vous procurer un esclave, Maître.

    La façon dont il me regarde me met tout de suite sens dessus dessous, mais j’ai fait cette suggestion en pensant aux difficultés récentes concernant Doulòs. Parce que Doulòs résiste à la volonté de la CP d’abolir l’esclavage, plusieurs planètes non esclavagistes voudraient l’exclure de la Communauté. Mais, parmi les planètes qui ont encore des esclaves, certaines sont influencées par la résistance doulòsienne.

    Il y a différentes façons de voir la question de l’esclavage sur les planètes de la Communauté. On peut le rejeter complètement, bannissant du même coup toute planète le pratiquant ; on peut l’accepter totalement, mais cela ne fait pas partie des vues de la Communauté, qui souhaite en venir à l’abolir ; ou on peut trouver des accommodements permettant aux planètes qui le pratiquent de demeurer au sein de la CP. Cette troisième option correspond plus aux vues du Grand Maître et de mon maître, car elle permet, une fois les planètes admises en notre sein, d’y légiférer pour l’abolition graduelle de l’esclavage non consenti et pour l’amélioration des conditions de vie de leurs esclaves, tant qu’il en restera. Graduelle, car sur les planètes qui le pratiquent, ce sont les citoyens les plus riches, puissants et influents qui possèdent des esclaves depuis toujours. Et ce sont ces citoyens qui résistent à l’abolitionnisme. Si la Communauté ne veut pas provoquer la rébellion et la sécession de ces planètes, puis leur alliance avec d’autres planètes esclavagistes non membres de la CP pour créer une nouvelle fédération qui risquerait de nous faire ensuite la guerre, il est préférable d’agir avec tact et modération et d’y aller lentement mais sûrement.

    Faire en sorte qu’une planète dont l’esclavage a été abrogé depuis des siècles admette une forme différente d’esclavage peut paraître contredire la volonté abolitionniste de la CP ; mais en fait, la diffusion de l’esclavage consenti là où l’esclavage n’existe pas rend la CP plus accueillante pour des planètes esclavagistes, qui n’auraient peut-être pas voulu ou pu être admises en notre sein autrement.

    Comme le dit mon maître : « On ne peut pas légiférer pour améliorer la vie des gens sur des planètes qui ne font pas partie de la Communauté ». Alors, si on veut améliorer le sort d’un maximum d’esclaves, il faut donc admettre un maximum de planètes qui en ont encore et offrir quelque chose en compensation des pertes graduelles d’esclaves et comme récompense pour les efforts d’amélioration de la vie de ceux qui restent.

    Alors, j’ai pensé que si quelqu’un de la Communauté, sur une planète où l’esclavage n’existe pas, avait l’audace de se procurer en bonne et due forme un esclave, il démontrerait que Doulòs n’est pas si exceptionnelle, que l’esclavage peut répondre à un besoin sur d’autres planètes de la CP et que les lois devraient être changées pour s’adapter à cette nécessité. Les planètes que l’on rejette paraîtraient alors moins singulières et leur présence dans la CP, moins contestable. Et une fois membres de la CP, toutes ces planètes esclavagistes devront s’efforcer de réduire puis d’abolir l’esclavage non consenti.

    – Je n’ai pas les moyens de m’offrir un androserviteur, encore bien moins un esclave, David, répond-il.

    – Pas si cet esclave, c’était moi, Sahibi.

    Il m’étudie quelque temps, tant au-dehors qu’au-dedans.

    – Toi ? Et pour combien de temps serait la durée de ton contrat d’esclavage ?

    – Aussi longtemps que vous le jugerez nécessaire. Jusqu’à ce qu’Angel devienne Grande Maîtresse, si elle doit le devenir un jour, ou jusqu’à la fin de ma vie, Sahibi, dis-je en baissant les yeux.

    Jamais un esclave n’a accédé à un poste aussi important que celui de Grand Maître, ni à quelque poste crucial que ce soit. Si Angel, fille d’un esclave, devenait Grande Maîtresse, ce serait une révolution pour la CP. Je lis l’esprit de mon maître et il comprend très bien où mes pensées m’ont mené. On ne pourrait pas lui reprocher d’avoir forcé quelqu’un à devenir esclave, si je signais ce contrat d’esclavage après le lui avoir proposé devant plusieurs élèves de différents maîtres d’Éden et même d’ailleurs. Mais il n’en deviendrait pas moins propriétaire d’esclave, un véritable sahibi.

    Le Grand Maître ne peut sans doute pas se permettre lui-même une telle manœuvre politique, mais mon maître le pourrait. Sa proximité avec le Grand Maître donnerait à penser que ce dernier approuve cette acquisition, sans qu’on puisse pour autant le prouver. Il serait donc impossible de condamner Maître Mestari d’avoir ouvertement encouragé l’esclavage. Le Grand Maître m’a déjà dit qu’il me trouvait « retors ». Je vois dans l’esprit de mon maître qu’il n’en pense pas moins.

    Maître Arsh s’éloigne pour répondre à son com qui vient de sonner. Il va dans la salle voisine pour répondre sans qu’on l’entende. Je lis dans son esprit qu’il s’agit de Maître Mestari, qui veut lui parler de la question doulòsienne, justement. Pendant que mon maître est absent, Craig, le géant taciturne, me questionne.

    – Es-tu sérieux, David ? Veux-tu vraiment devenir son esclave ?

    Je réfléchis. Si le fait de devenir esclave permet un jour à des millions de gens, en esclavage en ce moment, d’être libérés ou du moins de voir leurs conditions de vie s’améliorer, cela en vaudrait vraiment la peine.

    Mais je me demande ce que serait la vie d’esclave sous l’autorité d’un sahibi tel que mon maître. Je ne doute pas que ce serait difficile, mais la vie d’élève de Greg Arsh l’est aussi. Et devenir son esclave me semble la concrétisation d’une situation de fait. Je le sers et je suis prêt à faire tout ce qu’il exige. Je suis même prêt à partir dans une mission suicide à sa demande. Serait-ce si différent si j’étais son esclave ? Peut-être qu’alors, je n’aurais plus le choix d’apprendre l’humilité et de demeurer humble ensuite. L’idée de cet esclavage provoque en moi un sentiment de bien-être, de plénitude, comme lorsque j’étais aux pieds de mon maître au retour de Doulòs.

    – Oui, je suis très sérieux, dis-je enfin à Craig.

    Il pose sur moi un regard songeur pendant que je le regarde droit dans les yeux, puis il me sourit. Mon maître revient. En passant derrière moi, il fait un crochet de son bras droit et m’en entoure le cou. Il me soulève ainsi de mon siège et me soutient dans le vide en serrant ma gorge si fort que j’étouffe. Je pourrais poser les pieds sur le siège de mon fauteuil, tenter de retirer son bras, me défendre. Je n’en fais rien.

    – Si tu deviens mon esclave, ta vie m’appartiendra, le comprends-tu ? me demande-t-il d’une voix grave, presque rauque, en relâchant un peu son étreinte pour me permettre de parler.

    – Oui, Sahibi, fais-je, d’une voix étouffée et à peine audible.

    Il resserre son étreinte. Je dois être violet quand Yan se met à tellement trembler que, bien que j’en sois rendu à voir des étoiles tant je manque d’air, je m’aperçois de son tremblement. Mon maître me relâche si brusquement que je rebondis sur mon siège. Il retourne s’asseoir, en se tournant encore vers moi.

    – À la minute où tu auras signé ce contrat d’esclavage, je pourrai faire ce qui me plaira de toi. Je pourrai te vendre, te donner, te prêter pour plusieurs mois ou même des années ou te garder pour moi, mais te rendre la vie insupportable à force d’exigences et des pires châtiments pour la moindre de tes erreurs ou hésitations,

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