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L'Érudit Saison 03-04: Terres inconnues
L'Érudit Saison 03-04: Terres inconnues
L'Érudit Saison 03-04: Terres inconnues
Livre électronique462 pages6 heures

L'Érudit Saison 03-04: Terres inconnues

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À propos de ce livre électronique

À peine réuni avec Seven et Lacrima, Nero doit maintenant se préparer à l’affrontement ultime contre Judass De Mauve. Découvrant que ce dernier projette d’étaler ses plans sur les terres du Sud (le Royaume de Kûdary), Nero et sa bande se lancent dans une nouvelle aventure afin de contrer les sombres desseins du grand général.

Faisant face à de nombreux défis, ainsi qu’à de nouveaux adversaires, Nero dépendra de l’aide de ses amis et se battra pour sa survie, comme il ne l’a jamais fait auparavant.

Le danger les guettant de toute part, l’Érudit au lourd passé ainsi que ses fidèles compagnes Seven, Louise et Lacrima feront face ensemble à l’épique conclusion de la saga de La Larme Noire.
LangueFrançais
Date de sortie16 avr. 2020
ISBN9782925014591
L'Érudit Saison 03-04: Terres inconnues

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    Aperçu du livre

    L'Érudit Saison 03-04 - Alex Turcotte-Roy

    !

    Je vous présente un ouvrage que j’ai longuement rêvé de voir adapté en série animée ou en jeu vidéo.

    Mais avant que ce rêve ne soit réalisé, je vous présente son histoire…

    Le monde de Sheradiez est la naissance de toutes ces idées qui ont occupé mes nuits (blanches) de créateur.

    Tout au long des saisons 01 et 02 de cette histoire, parfois loufoque, parfois dramatique, vous avez pu connaître les personnages attachants pour certains, détestables pour d’autres, qui en font partie.

    Je vous présente maintenant les saisons 03 et 04 de cette saga qui viennent clore L’Érudit : La Larme Noire. Encore une fois, vous y découvrirez des personnages attachants et d’autres plus ignobles ; une aventure qui fera exploser au grand jour toute la vérité sur cette histoire, parfois triste, parfois surprenante, mais surtout captivante.

    Je vous remercie de tout cœur de vivre avec moi cette grande aventure.

    Alex Turcotte Roy

    Personnages :

    Principaux

    Nero — Membre de la Guilde des Mercenaires, de la race des Érudits.

    Seven — Membre de la Guilde des Mercenaires, de la race des Lucas.

    Louise — Chasseuse de primeurs.

    Lacrima — Érudit maîtrisant les pouvoirs de la pénombre ; âme sœur de Nero

    Royaume de Mauve

    Orphea de Mauve — Princesse (bientôt reine) du Royaume de Mauve.

    Judass de Mauve — Grand général de l’armée de Mauve.

    Herman Ferlox Arche — Général, second aux commandes de l’armée de Mauve ; père de Louise Arche et oncle de la princesse Orphea.

    Adèle Arthur — Générale de l’armée de Mauve (et amoureuse folle d’Eight).

    Eight — Général de l’armée de Mauve, de la race des Lucas ; espion de la princesse Orphea et frère jumeau de Seven.

    Balarai — Vice-capitaine d’Adèle ; horrible personnage ; déteste les Lucas ou toute autre race

    Le Royaume de Kûdary

    Bambaros de Kûdary — Empereur du Royaume de Kûdary

    Wulgh de Kûdary — Prince exilé de Kûdary ; leader du clan Tsunadee ; héritier du trône

    Michaela de Kûdary — Princesse de Kûdary

    Kerhean — Vice-roi du Royaume de Kûdary

    Enishiel — Fils de Kerhean ; fiancé de la princesse Michaela

    Maximilian de Mauve — Ambassadeur du Royaume de Mauve

    Mao et Nina — Jumelles et guerrières du clan Tsunadee ; dévouées à leur maître

    Village des Érudits

    Gungnir — Mentor de Nero ; frère de Judass ; dit pouvoir présager l’avenir

    Lyn — Érudit en herbe ; gardienne du village ; semble apprécier Nero et même… le connaître

    Robin — Érudit en herbe ; partenaire de Lyn et gardien du village ; avide de connaissance

    Personnages secondaires

    Arco — Petit Ferthux ; partenaire de Nero et Seven

    Barthen — Résident de Forg Dump ; ami de longue date de Nero.

    Fredhzien — Autrefois grand tailleur de mode féminine ; maintenant tenancier des hôtels Blanc Neige ; dit comme étant l’un des hommes les plus riches du monde.

    Maya — Fille unique de Ferdhzien.

    Bald — Second aux commandes du clan Tsunadee ; grand-père de Mao et Nina

    Argoth — Chef des pirates du Sud ; de la race des Wingos

    Mama Angelo — Matriarche du Clan Siverian

    Vitanni — Mystérieuse Érudit qui approche Nero avant son départ de Kûdary

    Les races du monde de Serhadiez

    Broniac

    Lucas

    Ferthux

    Thermon

    Wingos

    Érudit

    Pour voir les personnages de la saga

    L’Érudit : la Larme Noire

    prendre vie, rendez-vous sur le site

    creationsatr.com

    Épisode 01

    L’Océan Noir

    La mort, une ambiance lugubre. Une ambiance ainsi qu’une odeur suffocante. Une odeur qui nous rappelle que la vie n’est qu’une médiocre illusion, prête à s’éteindre à tout moment. Voici l’atmosphère qu’écrasait la cathédrale mère de la Sainte-Religion. Délaissé, l’endroit était maintenant vide depuis quelques heures. Malgré ce vide absolu, Nero et Lacrima arrivaient à ressentir la peur, la souffrance ainsi que le souffle de la fin.

    Il n’y avait aucune question à se poser. Judass, grand général de Mauve (et puissant Érudit), avait fait une nouvelle collection d’âmes. « Estimons-nous chanceux qu’il ne soit pas parti à nos trousses », avait déclaré Nero.

    Depuis des mois, le grand général de l’armée de Mauve essayait, par tous les moyens possibles, de mettre la main sur Nero et son groupe. Probablement afin de tirer un trait sur leur aventure… une aventure qui visait l’échec de ses plans.

    Les heures suivant le sauvetage de Seven, le groupe retourna à la cathédrale mère. « Et si Judass est encore là », avait demandé Louise. Mais le danger était loin derrière eux maintenant. Nero assurait que le grand général s’en était retourné au Royaume de Mauve. Et Eight vint rapidement confirmer cette hypothèse.

    — Judass est constamment surveillé par la princesse de Mauve, avait clarifié le jeune Lucas. Je suis prêt à parier ma tête qu’il est venu ici sans l’avertir.

    — Et ? C’est un problème ça ?

    — Réfléchis un peu, Louise, poursuivit-il. Imagine-toi à sa place. La princesse te surveille parce que tu trempes dans quelque chose de louche, et tu dois aller faire le ménage quelque part. Que fais-tu ?

    — Je… je…

    Elle marqua une pause avant de répondre.

    — Je rassemble ceux qui me sont les plus fidèles, et je vais faire le ménage sans alerter qui que ce soit… et je rentre le plus tôt possible pour ne pas éveiller les soupçons. Par chance, personne ne réalisera mon départ, et si la princesse vient à le réaliser, je peux toujours lui inventer une histoire parce que je ne suis partie qu’une journée.

    — Tu vois quand tu veux, l’applaudit Nero.

    — Mais ça n’a pas de sens… si nous étions sa cible, pourquoi ne nous a-t-il pas pourchassés ? Après tout, il a couru de gros risques pour venir ici.

    — J’imagine qu’il arrivait à ressentir la présence de Loco, songea Eight.

    — Ou encore, il nous croyait trop loin et il ne voulait pas s’attarder plus longtemps.

    — Donc, fit Louise, il a fait « au diable » et il a collectionné les âmes des fidèles… Tout un numéro, cet homme…

    — J’aimerais d’ailleurs savoir ce que vous voulez dire par collection d’âmes, poursuit Eight. Mais j’imagine que tu veux garder cette information pour Orphea… pas vrai Nero ?

    — Exact !

    Eight soupira tout en laissant paraître une grimace amusée.

    Le groupe s’aventura dans les couloirs vides de la cathédrale. Les seules choses laissées derrière furent les capes et les robes des fidèles. Nero ravala sa salive quand il vit celles pour enfants. Judass n’avait épargné personne. À ses côtés, Lacrima ressentait le même arrière-goût morose. Après tout, l’auteur de ce massacre avait été, autrefois, l’image paternelle de leur enfance.       

    Les seuls corps trouvés furent la dépouille de Fallmen ainsi que celles de ses cardinaux.

    Bien que le décor et l’atmosphère lugubre leur donnaient la nausée, Nero tenait à fouiller les environs. Peut-être trouveraient-ils des indices leur permettant de déjouer les futurs plans de Judass.

    Ce n’était qu’une hypothèse, mais Nero et Lacrima doutaient sérieusement que le grand général soit tout près du but. Sinon, il ne perdrait pas son temps avec ces petites « nuisances ». Il mettrait son plan à exécution, ne se souciant guère des risques. Orphea serait morte, Mauve réduit en cendres… et personne n’arriverait à rivaliser sa puissance.

    Alors que ses compagnons fouillaient les appartements du prétendant, Nero enfila une nouvelle tunique ainsi qu’un nouveau pantalon. (Il n’allait pas sauver le monde recouvert de lambeaux.)

    Les heures défilèrent et tout ce que l’équipe arriva à trouver se limita à de vulgaires lettres de présentation et d’inquisition. Lacrima et Seven ne survolaient que quelques mots avant de chiffonner les bouts de parchemins entre leurs mains.

    De son côté, Louise passa la majorité de l’après-midi à taquiner la serrure d’une armoire. « Qu’est-ce que tu cachais, grand patriarche », se disait-elle. Après maintes tentatives, la jeune Broniac entendit le déclic qu’elle attendait avec impatience.

    — Regardez ce que j’ai trouvé, s’exclama-t-elle aussitôt.

    Nero et les autres tournèrent vivement les talons pour apercevoir Louise, tenant fièrement une pile de petites pierres noires dans ses mains. « J’ai dégotté le gros lot », s’émerveilla-t-elle, avant que le groupe n’éclate de rire.

    — Quoi ? s’interrogea Louise.

    — Tu ne vas pas faire long feu avec ça, ma grande ! rigola Seven.

    — Et pourquoi, ce sont des diamants, non ?

    — Non, ce sont des pierres de mémoire, poursuivit Nero. On arrive à s’en procurer dix pour deux kinos de bronze. Les revendre ne te donnerait même pas de quoi te nourrir !

    — Tu rigoles, j’espère…

    Louise laissa pendre ses épaules alors que Lacrima commença à fouiller l’armoire remplie à ras bord.

    — Ce n’est peut-être pas une découverte lucrative… mais nous avons ici les mémoires du grand patriarche, soit l’un des plus proches disciples de Judass.

    À ces mots, les rires et moqueries cessèrent.

    « Prenez-en chacun une », s’était aussitôt empressé Nero.

    Les heures suivantes furent les plus longues et pénibles de toute l’histoire de Serhadiez. Frappant une pierre après l’autre, pour entendre la voix de Fallmen s’élever, le groupe entra dans la tête d’un monstre.

    Après sa quinzième pierre, Nero survola son regard autour de lui. Lacrima, tout comme Eight et Louise, semblait chamboulée par cette découverte. Il n’était pas le seul à être dégoûté par ces mémoires. L’Érudit en frappa une seizième en se serrant la langue.

    La voix de Fallmen s’anima.

    Jour de la collecte, mois du Topaze de l’année 1650…

    Notre Créateur s’est une fois de plus montré très généreux envers ses plus fidèles disciples. Il nous a offert une relique de l’ancien monde en échange de notre infinie coopération. Je ne vois pas pourquoi il nous teste ainsi… nous sommes ses fils et filles, après tout.

    Nero soupira puis en frappa une seconde.

    Jour de l’offrande, mois de la Citrine de l’année 1648…

    La nuit dernière, j’ai encore succombé à la tentation. Cette fille doit le faire exprès… cette Cassia. Chaque jour, elle m’apporte mon repas et joue à l’innocente avec moi. Je sais que je devrais résister… mais son corps est trop voluptueux ! Elle n’a que quinze ans… et je suis si vieux. Mais je ne peux pas résister. Elle est si douce et si tendre. Si je dois me flageller pour cette faute, alors c’est une sanction que je suis prêt à endurer, tous les jours s’il le faut…

    « Bon sang, ce n’était qu’une gamine à l’époque », réalisa Nero.

    Jour de la méditation, mois de l’Émeraude de l’année 1655…

    Notre Créateur est venu à notre rencontre, accompagné d’un Érudit. Bien que son allure soit louche, notre maître nous a exigé loyauté à ce nouveau venu. Cet Érudit sera placé à Devhelon pour une nouvelle partie du plan de notre Créateur. Quelle en est la raison, nous l’ignorons et je n’aime pas ça… Est-ce que notre maître commence à douter de notre efficacité ?

    Nero s’arrêta. Il n’était plus capable d’en entendre. Si ce n’était pas une nouvelle qu’il savait déjà, c’était une pensée qui ne lui était d’aucune utilité. Fallmen parlait de ses cardinaux, de ses fidèles jusqu’à ses activités douteuses avec Cassia. Il semblait apprécier le caractère vicieux de cette dernière et il ne ménageait pas les détails.

    L’Érudit se retourna en direction de l’armoire encore pleine. « Mais combien en a-t-il fait ? », avait-il soupiré. Apparemment, Fallmen tenait une mémoire par jour… et il ne s’était pas donné la peine de les ranger en ordre.

    Alors que Nero allait pour en piger une autre poignée, Seven s’agita dans son coin.

    — C’est pas vrai ! Venez entendre ça ! C’est pas croyable !

    Le groupe encercla la jeune Lucas, le regard rivé sur la petite pierre qu’elle tenait entre ses doigts. Sans attendre, Seven la frappa contre le comptoir.

    Jour de l’offrande, mois du Quartz de l’année 1657

    J’ai été témoin de bien des choses dans ma vie. Des rites, des fêtes… des meurtres. Mais aujourd’hui, notre maître nous a informés d’un nouveau venu. Après une longue période de guerre en association avec Blue, notre Créateur vise maintenant les terres du Sud.

    Pourquoi les terres inconnues ? Je l’ignore… mais apparemment, un nouveau disciple s’y trouve. Un autre Érudit, qui a… selon moi, le plus puissant des pouvoirs.

    Notre maître semblait réticent à nous partager cette information, mais nous sommes parvenus à le convaincre. Le pouvoir de cet Érudit est d’annuler les facultés de ses semblables par la pensée seulement. Même notre maître ne fut pas épargné par ce pouvoir invraisemblable. Il semble avoir perçu un certain potentiel chez cet Érudit, parce qu’il a mobilisé une partie de ses infanteries à Kûdary, et il lui a laissé une relique capable de capturer des âmes.

    Le disciple de Kûdary a trois mois pour amasser un certain nombre d’âmes qu’il rendra à notre maître en temps voulu…

    Suite à ça, le jour promis sera à nos portes…

    Le groupe demeura muet.

    La voix de Fallmen sautilla puis disparut pour de bon. Nero et Lacrima furent les premiers à réagir à la nouvelle. Un Érudit capable d’annuler les pouvoirs de ses semblables… Il s’agissait là d’un pouvoir invraisemblable. Même pour eux, détenteurs d’Ordhéral.

    Mais si cette mémoire s’avérait être vraie, alors cela faisait déjà deux mois que cet Érudit accumulait des âmes en secret, à Kûdary. L’heure de la collecte était proche et donc, la victoire de Judass. « Nous sommes mal, j’ai pas raison », s’inquiéta Louise.

    Le silence de Nero et Lacrima confirmait ses craintes.

    Après tout, ils avaient fait face à maints dangers… Et ils avaient bravé chacun d’entre eux grâce à leurs pouvoirs magiques. Combien de fois auraient-ils chuté sans eux ? Ils affrontaient probablement le plus dangereux dilemme qui soit.

    Certes, ils ne dépendaient pas seulement de leurs pouvoirs. Bon nombre de fois, Nero et Lacrima s’étaient tirés des ennuis grâce à leurs prouesses au combat. Mais si ce nouvel ennemi possédait titre et avantages… alors ils étaient mal. Comment affronter une armée si d’un claquement de doigts, il ne sortirait que poussière ?

    Ils devaient prévoir leur coup et calculer leur stratégie… Chose dans laquelle Nero n’excellait pas vraiment.

    — Cette fois, tu ne pourras pas te jeter dans la gueule du loup sans réfléchir, avait dit Seven.

    — Certes, répondit Nero. Mais ce n’est pas comme si nous avions le choix… Cet Érudit doit être arrêté, quoi qu’il en soit.

    — Alors… notre prochaine destination va être… Kûdary ?

    — On dirait bien.

    — Mais, combien de temps ça prend pour se rendre là-bas ? ajouta Louise.

    — Deux semaines tout au plus, déclara Eight. Bien sûr, il nous faudra un transport digne de ce nom. Avec un petit bateau, cela prendrait plus d’un mois.

    — Même si nous avons un transport digne de ce nom, le temps sera contre nous, poursuivit Lacrima. Sans nos pouvoirs, nous serons incapables de ressentir l’énergie vitale qui nous entoure. Donc… nous allons devoir débusquer l’Érudit à l’ancienne méthode.

    — En gros, on va jouer à cache-cache avec lui…

    — C’est ça…

    Eight se croisa les bras alors que les regards contrariés se rivèrent sur la pierre de mémoire. Une nouvelle aventure les attendait, aux terres inconnues.

    Le jeune général se racla la gorge avant de poursuivre.

    — Nous devrions retourner à Mauve, dit-il.

    — Quoi ? Tu es fou, s’exclama Louise. Tu te rappelles qui vit à Mauve, pas vrai ? Judass !

    — Oui, mais j’ai un navire qui m’attend là-bas et donc, un transport digne de ce nom. Pour ce qui est de cacher vos visages, j’ai déjà ma petite idée.

    Il marqua une pause pour dévisager chacun de ses compagnons.

    — Alors, qu’en dites-vous ?

    Nero et Lacrima se lancèrent un regard. Ils n’avaient pas vraiment le choix et Eight était digne de confiance. « Nous retournons à Mauve », déclara l’Érudit.

    Le Royaume de Mauve était toujours aussi prospère et saisissant. Sous un ciel immaculé, le soleil plombait ses rayons contre les dalles argentées qui tapissaient les rues et ruelles de la cité. Au loin se dressait le palais royal, immense et emblématique.

    Difficile de croire que quelques mois plus tôt, un Érudit et une Broniac avaient causé une commotion si impressionnante qu’ils avaient troublé la sérénité de cet endroit quiet.

    Nero et Louise observèrent les résidents passer devant eux, parlant, rigolant, hurlant… Il y en avait de tous les genres et le royaume ne manquait pas de vie. De son côté, Lacrima revoyait l’endroit où elle avait échoué lamentablement sa mission d’assassiner Judass.

    Eight tapa des mains, les sortant de leur errance.

    — Nous avons un dépôt d’armes et d’armures à quelques pâtés de maisons. Vous enfilerez une armure et un casque, cachant ainsi votre identité.

    — C’était ça ton plan, nous faire passer pour des soldats de Mauve, s’exclama Seven.

    — C’est toujours mieux que les capes de la Sainte-Religion. Et avec moi à vos côtés, vous aurez libre accès au palais royal.

    Il n’avait pas tort. L’équipe accompagna le jeune général qui donna à chacun une armure. En une question de minutes, ils étaient revêtus des couleurs emblématiques du Royaume de Mauve. Il ne restait plus que quelques détails à régler.

    Une fois que Nero eut enfilé son casque, celui-ci talonna Eight en silence, tentant d’imiter la marche militaire de ses semblables. « Ces armures sont beaucoup trop suffocantes », se plaignit-il. « J’ai l’impression d’avoir un poids contre ma poitrine », rajouta Seven.

    — Cessez de vous plaindre, les autres soldats vont se poser des questions, grogna Eight.

    Nero et Seven reprirent une pose formelle puis poursuivirent leur route en silence… malgré l’inconfort de leur armure.

    Le trajet, de la ville jusqu’à la cour centrale du palais, se fit sans encombre. Et fort heureusement, Judass n’était pas dans les parages. (Ils n’avaient pas à risquer un affrontement ici et maintenant.)

    Mais tout en se dirigeant aux portes du palais, Eight s’immobilisa, ainsi que Louise, quand ils reconnurent le duo qui s’apprêtait à sortir. Un homme et une femme… tous deux portant la tunique des généraux de Mauve.

    — Eight, s’exclama Adèle. Je ne savais pas que tu étais de retour !

    — Oh… Adèle, quel heureux hasard !

    La jeune femme se libéra du schéma classique d’un général pour aller à la rencontre de son collègue. Hystérique, elle sembla avoir du mal à contenir sa joie… à la grande surprise de Seven et de Nero.

    — Pourquoi ne m’as-tu pas envoyé un message ? Je serais venue t’accueillir en personne, vilain Noonie !

    — Noonie ? répéta Seven.

    — Du calme Adèle, s’interposa Herman, rappelle-toi que tu es une générale de Mauve et donc que ton image doit être exemplaire.

    Ce dernier marqua une pause tout en ébauchant un tout petit sourire.

    — Mais je dois l’admettre, Eight, c’est totalement irresponsable de ta part de jouer avec les sentiments d’une aussi jolie fille… honte à toi.

    — Vous aussi, général Arche ! soupira Eight.

    Les rires s’élevèrent et Herman posa son regard cendré sur les recrues du général Lucas.

    — Et qui sont vos soldats ? demanda-t-il, tout en dévisageant Louise.

    — Eux… ils m’ont été imposés par la princesse, pour ma dernière mission. J’allais justement faire mon rapport.

    — Je vois…

    — Et vous, général.

    — Oui ?

    — J’ai entendu dire que vous avez eu un retour foudroyant à Devhelon. Rien de bien grave, j’espère.

    Herman posa un nouveau coup d’œil sur Louise avant de poursuivre.

    — Eh bien, mon fils a été blessé, mais il a repris du mieux. La dernière fois que je l’ai vu, il jouait à la cachette avec sa sœur et les rires ne manquaient pas à l’appel.

    Il termina sa phrase tout en souriant à sa fille.

    — Je suis persuadé que sa grande sœur serait ravie de cette nouvelle. Mais bon, je ne vous retiens pas plus longtemps général Eight. Prenez soin de cette équipe surtout, elle semble inestimable.

    Le général Arche poursuivit sa route, tout en posant une main rassurante sur l’épaule de Louise, et quitta la cour centrale. Malgré le casque qui recouvrait sa tête, ce dernier semblait avoir vu au-delà de la supercherie. « C’est bien mon père », se moqua Louise.

    Eight tourna les talons puis s’inclina pour saluer le départ de ses collègues. À ses côtés, Seven semblait coller les morceaux entre Adèle et lui.

    — Qui est cette fille ? demanda-t-elle.

    — Une amie, pourquoi ?

    — Une amie ? Vraiment, Eight.

    — Oui… pourquoi ?

    — Oh, je ne sais pas, mais le petit surnom qu’elle t’a donné semblait très personnel.

    — Abandonne Seven, rigola Nero. Il est trop impénétrable pour comprendre.

    — J’imagine…

    — Et je suis aussi votre supérieur en ce moment, alors jouez le jeu par Serhadiez !

    Le groupe attendit près d’une heure avant d’avoir une audience avec Orphea. Nero faisait les cent pas tandis que Lacrima méditait tranquille. Puis, il y avait Seven et Louise, qui semblaient encore embêtées par les événements au jardin de givre.

    Eight les observait à tour de rôle, quelque peu amusé. Mais chaque seconde passée était une chance offerte à Judass. Quand les portes s’ouvrirent enfin, il fut le premier à exprimer son contentement… aussitôt suivi de Nero.

    Le groupe entra dans la salle du trône.

    Immense et imposante, la pièce baignait dans les rayons du soleil, avec ses immenses fenêtres ovales. Au plafond étaient suspendus des lustres de cristal reliés par quelques tapisseries violacées aux divers motifs orange et rouges.

    Le sol, recouvert de marbre, imitait pratiquement les landes enneigées de Devhelon. Au fin fond de la salle se trouvait le trône, une simple chaise coussinée de velours rouge. Et finalement, la princesse de Mauve… que Nero et Louise reconnurent aussitôt.

    — Je suis heureuse de te revoir, Eight.

    — Et je vous apporte de bonnes nouvelles, Votre Majesté, s’empressa le jeune Lucas.

    — Cela pourra attendre… enfin, quand nous serons seuls, bien sûr.

    — Ne vous en faites pas Altesse, ces gens sont…

    — Alors, ton nom n’était pas une coïncidence !

    Orphea sursauta.

    Nero retira son casque, aussitôt imité par les autres. Malgré le sourire quelque peu inquiétant de l’Érudit, Orphea lui sourit de toutes ses dents. Elle n’avait jamais démontré quelconque faiblesse à qui que ce soit… elle n’allait pas commencer avec lui.

    Tout en se redressant de son trône, celle-ci alla retrouver ses invités.

    — Je suis heureuse de vous revoir, dit-elle.

    — Attends, c’est tout ce que tu as à dire ! s’exclama Louise. Aux dernières nouvelles, j’ai bien failli y passer la dernière fois que nous nous sommes vues !

    — Et si je me rappelle bien, tu ne m’as pas vraiment porté chance le jour où je t’ai rencontrée, trancha Nero.

    — Oh Serha ! Mais que d’horribles accusations, rigola Orphea.

    — Ne joue pas à ce jeu avec moi… princesse !

    Celle-ci haussa les épaules tout en gardant son sourire.

    — Je dois l’admettre, c’est regrettable pour vous. Mais je vous assure, votre implication dans cette histoire n’est qu’une tragique coïncidence.

    — Comme si j’allais te croire !

    — Nero, calme-toi, le détendit Lacrima.

    Orphea maintint une attitude nonchalante alors qu’Eight la dévisageait à son tour. « Pourquoi gardez-vous le secret ? », songea-t-il.

    Mais il pouvait remettre les questions pour plus tard. Pour l’heure, ils avaient tous un ennemi commun. Et ils avaient des nouvelles concernant cet ennemi.

    Orphea s’assit au pied des escaliers menant à son trône, puis écouta chaque parole avec attention. Dès le départ, celle-ci savait que sa quête nécessiterait de la délicatesse. Elle avait toujours envisagé que Judass n’était pas ce qu’il affirmait être… mais de là à être un Érudit. « Je n’arrive pas à y croire », s’était-elle échappée.

    Elle ne craignait pas les Érudits. La preuve, elle acceptait la compagnie de Nero et Lacrima. Mais le danger était désormais plus imminent. Judass était puissant, autant par son titre que par ses origines. Et avec la seconde révélation, Orphea pouvait s’estimer heureuse d’être encore en vie.

    — Des… reliques ?

    — Je ne sais pas comment il a fait, mais il semble s’être approprié une relique d’Irershin, capable d’absorber les âmes de ses victimes.

    Eight et Orphea écoutèrent en silence. Médusée, la jeune princesse tentait de faire le lien entre une âme et une arme de destruction massive.

    Lacrima clarifia ce point.

    — En chaque individu résident deux énergies, le bien et le mal. Les deux sentiments sont entremêlés et forment l’âme. Avec cette relique, Judass est capable d’extraire la force négative des âmes pour ensuite l’utiliser sous forme d’arme. Ce canon, dont il souhaite se servir, délivrera une énergie si condensée qu’elle détruira tout sur son passage.

    — Et ce n’est pas tout, poursuivit Nero. S’il s’en sert un certain nombre de fois, l’effet des ondes négatives aura des répercussions sur le monde entier et bien sûr… menacera l’existence de la planète. En d’autres mots, Judass va détruire le monde dans sa soif de vengeance.

    — Par la Créatrice, frissonna Orphea.

    — Mais, pourquoi est-ce qu’on le laisse faire ? s’interposa Louise. Il a fait disparaître des villages, et il compte menacer le monde entier…

    — S’il était fermier, ce serait simple, la coupa Orphea. Mais Judass est le grand général d’une armée, et donc, tout puissant. En tant que princesse, je n’ai pas l’autorité de le destituer de son titre. Et puis d’ailleurs, cet homme a su comment se construire une réputation de fer. Tout le monde le vénère et l’admire.

    — Mais quand même…

    — Le seul moyen de le vaincre est de dévoiler ses plans au grand jour, comme j’ai tenté de le faire. Mais il est beaucoup trop doué. Il ne laisse rien au hasard et personne n’oserait le trahir.

    — Alors, nous devons nuire à ses plans jusqu’à ce qu’il commette une erreur, conclut Nero.

    — Ou on attend le moment opportun et on le tue, rajouta Seven.

    Le silence tomba.

    Comme l’avait si bien dit Orphea « s’il était fermier », les choses seraient différentes. Mais Judass était beaucoup trop puissant. Même s’il n’était pas un Érudit, au même rang que Nero et Lacrima, il était capable de les vaincre, sans le moindre effort.

    Il fallait calculer… mettre toutes les possibilités en jeu et être prudent. Mais comment vaincre un homme qui avait toutes ces qualités et plus encore ? Il avait le charisme et le peuple.

    Certes, Orphea avait aussi un certain pouvoir. Elle était aussi aimée et vénérée que le grand général. Mais cela ne valait rien. Une langue d’argent n’allait rien changer à la situation.

    Les mauvaises nouvelles atteignirent leur paroxysme quand Nero dévoila l’existence d’un nouvel Érudit, résidant à Kûdary.

    — Notre prochaine destination est décidée, déclara-t-il.

    — Et je pense pouvoir aider à votre voyage, sans que l’ennemi se doute de quoi que ce soit, poursuivit Orphea.

    — Je suis tout ouïe.

    — Mon ambassadeur, Maximilian de Mauve, est parti en mission à Kûdary, depuis déjà quelques mois. Mais je ne suis jamais mise au courant des déroulements. Alors que je me posais des questions à son sujet, j’ai eu la visite d’un Thermon qui s’était caché clandestinement dans un navire de transport.

    — Il venait de Kûdary ?

    — Oui. Et il a réclamé une audience. Il m’a expliqué que l’ambassadeur et le vice-roi de Kûdary dirigeaient maintenant le royaume, et que les conditions de vie s’étaient dégradées drastiquement. Il me demandait de faire quelque chose… mais je ne pouvais pas prendre le risque de mettre Judass en colère. Alors j’ai décidé de protéger cet homme… mais le lendemain, il avait disparu.

    Le groupe soupira.

    — Je demanderai qu’on enquête sur une rumeur douteuse qui est venue à mon attention. Vous serez mes envoyés. Vous enquêterez et trouverez cet Érudit et mettrez fin aux plans de Judass, à Kûdary. Mais…

    — Mais ?

    — Il y a un autre problème. L’Océan Noir est devenu particulièrement vorace ces derniers temps.

    — L’Océan Noir ? répliqua Seven.

    — Il s’agit d’une partie de la mer qui est toujours en pleine tempête, lui expliqua Louise. Bon nombre de navires marchands y ont disparu.

    — Et vous dites qu’il est devenu plus féroce, poursuivit Eight.

    Orphea répondit d’un hochement de tête.

    Nero et Lacrima se lancèrent un regard.

    — Judass est derrière tout ça, affirma Lacrima.

    — Quoi ? Comment est-ce possible ? s’exclama Seven.

    — Tu te rappelles, à son usine ? La température était surnaturelle, non ? Eh bien, c’est parce qu’il est capable de la contrôler. Il s’agit de l’un de ses pouvoirs uniques.

    — Mais ce ne sera pas un problème. Une fois que nous nous engagerons dans cet Océan Noir, Lacrima et moi userons de nos pouvoirs pour protéger notre navire des vagues.

    — Vous pouvez faire ça ? s’étonna Orphea.

    — Simple comme tout, sourit Nero.

    Elle pouvait donc préparer les papiers pour l’expédition. Avec une lettre signée par la princesse de Mauve, l’ennemi à Kûdary serait moins alerte. Orphea se redressa puis assura au groupe que tout serait conclu d’ici la fin de la journée.

    Et bien que Nero avait toujours quelques questions de son cru, il devait remettre cette idée à plus tard. Pour le moment, il enfila à nouveau son casque puis quitta la salle du trône, accompagné d’Eight et de ses compagnons.

    L’heure pour une nouvelle aventure sonnait.

    La plume d’Orphea grattait le morceau de parchemin. Silencieuse, la jeune princesse signait son nom, sous l’attention discrète d’Eight. Quelque chose dérangeait le jeune général. « Pourquoi lui avez-vous caché ? », se demandait-il.

    Mais Orphea n’était pas dupe. Tout en gardant son regard rivé sur le document qu’elle remplissait, celle-ci autorisa le droit de parole à Eight.

    — Je n’arrive simplement pas à comprendre, Votre Majesté, répondit le jeune Lucas.

    — Qu’est-ce que tu ne comprends pas Eight ?

    — Vous avez dit à Nero que son implication dans cette histoire n’était que le fruit du hasard. Une personne aussi futée que vous devrait savoir que ce n’est pas une bonne idée de cacher quoi que ce soit à cet Érudit.

    — Pourquoi, est-ce qu’il va me faire du mal ?

    — Non… Mais je le connais suffisamment pour vous confirmer qu’il n’aime pas être manipulé. Et s’il vient à savoir que vous lui cachiez la vérité tout ce temps… eh bien, disons qu’il ne résout jamais ses problèmes dans la dentelle.

    Orphea soupira tout en échappant un léger rire.

    — Je ne sais pas de quoi il est capable, dit-elle, tout en terminant sa lettre. Et je dois l’avouer, il m’effraie un peu. Mais si au bout du chemin, ma machination le conduit à la chute de Judass, alors je suis prête à encaisser toutes ses représailles.

    La jeune princesse tendit la lettre à son général qui hésitait encore.

    — Je sais que je ne m’y prends pas de la bonne façon… mais je n’ai pas le choix, Eight. Le temps joue contre nous, et je ne voulais pas prendre de risque. Il fallait qu’il prenne part à cette histoire… non, il le devait ! Voilà pourquoi j’accepte mon rôle de méchante. Et crois-moi, je suis prête à toutes les sanctions possibles, une fois cette histoire terminée.

    — Vous êtes trop bonne, ma reine…

    — Je ne suis pas encore reine, rigola-t-elle.

    — Peut-être, mais vous en avez déjà l’étoffe. Je dois vous dire… cette histoire m’aura coûté mon village. Je vois ça comme le prix de ma tromperie envers Nero. J’espère que la vôtre sera moins sévère.

    — Eight…

    Le jeune général s’inclina puis quitta la pièce sans se retourner. Orphea posa une main sur son cœur. Elle savait que le jour où Nero viendrait la voir pour ses mensonges approchait. Comment s’y prendrait-il, que lui réserverait-il… cela, elle ne pouvait le prédire. Mais elle savait que le sort de ses ambitions reposait sur les prouesses de cet Érudit et de ses compagnons. Elle pouvait le laisser débattre du prix… cela n’avait pas d’importance.

    « Assurez-vous seulement de le vaincre », exigea-t-elle.

    Les quais de Mauve étaient aussi riches en couleurs qu’en variétés de bateaux et navires. Passant des simples transports marchands jusqu’aux cuirassés de l’armée, l’endroit ressemblait à une fourmilière, où œuvraient marins et soldats.

    Nero pouvait reconnaître bon nombre de citoyens et touristes franchissant cette partie du royaume. Ici et là, il y avait de rusés marchands qui avaient installé leurs prises ou leur marchandise afin d’attirer les regards, loin de la compétition. Et bien sûr, il y avait les enfants qui couraient sur la digue contournant les quais.

    L’ambiance était typique à celle d’une vie suivant la guerre. Malgré les cicatrices, le peuple se redressait et apprenait à revivre. « Dommage que le monde ne soit pas véritablement en paix », songea Nero, qui observait deux enfants jouer à la balle.

    Finalement, Eight prit les devants, incitant l’équipe à accélérer le pas. « Nous y sommes », avait-il dit, d’un ton enthousiaste.

    Nero et Seven furent les premiers à s’immobiliser, aussitôt imités par Louise et Lacrima.   

    — Tu rigoles,

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