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DUNKAEL: Les mercenaires du chaos
DUNKAEL: Les mercenaires du chaos
DUNKAEL: Les mercenaires du chaos
Livre électronique442 pages6 heures

DUNKAEL: Les mercenaires du chaos

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À propos de ce livre électronique

L’Empire Varlhane s’apprête à lâcher ses mercenaires, les redoutables aranéides de Thyrn. Le destin de la Terre semble scellé et même l’alliée des Humains, Gralhia, l’Aïeule d’un Clan dissident, commence à douter. Le triple champ de force planétaire sera-t-il suffisant pour contrer la menace ?

À des années lumières de là, préoccupé par le sort de sa mère restée sur Terre, Dunkael, le jeune adolescent au terrifiant bagage génétique, s’éveille.

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie27 avr. 2023
ISBN9782384546749
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    Aperçu du livre

    DUNKAEL - Christian Coudert

    CHAPITRE 1

    Le soleil matinal inondait la ter­rasse de la 4e branche du Central de Genève. Ornée de quelques bas-reliefs et sculptures Varlhanes, la plate-forme blanche de 800 m² déployait plusieurs longs buffets copieusement pourvus et décorés.

    En ce 21 novembre 2243, mal­gré les combats se déroulant à des milliers de kilomètres au-dessus des têtes, les tendances politiques terriennes se réaffirmaient chaque jour un peu plus. Après deux siècles d’étouffement, les partis se reformaient et, déjà, les vieilles dissensions réapparaissaient. Des brouilles désormais renforcées par la rapide détérioration de la 1re ceinture de défense. Devant les difficultés des Belisinnes, certains ne se faisaient guère d’illusions et, dès lors, préféraient miser sur le prochain retour du Clan Slyneiras. Un avenir pour eux déjà écrit.

    De fait, cette situation provoquait une dégradation des relations avec les Belisinnes. L’Aïeule espérait donc, par cette réception, renforcer une coopération fragilisée entre les siens et les Humains. Ainsi, aujourd’hui et à travers toute la planète, le Central de chaque continent accueillait ambassadeurs, consuls, délégués, journalistes, ministres ou chefs d’État.

    À Genève, plus de six cents convives s’éparpillaient sur la vaste terrasse, en petits groupes aux discussions animées. Les frontières, n’ayant jamais disparu, elles s’inscrivaient en ce jour plus vivement dans les esprits et chaque diplomate tentait de redorer son blason.

    La présence indubitable, dans la galaxie explorée, de plus de mille trillions d’êtres vivants, aux intelligences et aux anatomies variées, donnait à tous ces émissaires de quoi méditer sur les sanglants conflits passés de la Terre.

    Avec le recul, toutes ces dissensions, qu’elles fussent d’ordre religieux, territorial ou qu’elles fussent liées aux diverses ressources naturelles, se révélaient n’avoir été finalement fondées que sur l’ambition, l’orgueil, les préjugés, l’envie, et l’égoïsme. Et, lorsque l’on creusait un peu, ces notions disparaissaient pour ne plus laisser finalement que la peur, la survie animale et l’instinct primaire. À ce stade, l’intelligence devenait un simple outil soumis au diktat de l’émotionnel et du physiologique.

    De plus en plus de représentants des diverses nations s’accordaient donc à reconnaître qu’il fallait abandonner ces nationalismes archaïques et ces pensées sectaires pour considérer chaque nation sur Terre comme une région libre et autonome, regroupée sous l’égide d’un pouvoir central élu par l’ensemble des peuples.

    Une majorité d’individus commençaient à comprendre qu’une réelle union planétaire permettrait d’offrir à leurs futurs interlocuteurs galactiques, non pas une cacophonie d’avis disparates et fragiles, mais, une seule et unique puissante voix. Ainsi, avec l’aide de la jeune Ligue stellaire et afin d’aller dans cette direction, l’ONU devrait bientôt évoluer vers la création d’un gouvernement mondial.

    Beaucoup enfin pensaient également qu’aucune religion n’avait le droit de s’imposer aux autres et que l’approche du divin devait rester de l’ordre de l’intime. Chacun pouvait prier, se vêtir et régir sa vie comme il l’entendait, sans jamais chercher à imposer ou enchaîner autrui dans ses propres convictions.

    D’autre part, il devenait de plus en plus évident que le désir et le choix d’une religion ne devaient se faire qu’à la pleine maturité d’un être. Une adoption librement consentie en son âme et conscience, et non pas dictée, imposée à la naissance par un rite quelconque. Un culte qui, sans demander l’avis du premier intéressé, mènerait d’office à une adhésion de principe. Ceci se révélant être, pour beaucoup en ce siècle, d’un ascendant des plus arbitraires, d’une odieuse prise de contrôle de l’esprit et, surtout, d’une aberrante infantilisation.

    Enfin, certains avancèrent même l’idée que si Dieu est Dieu, il était temps de réaliser que, face aux milliards de galaxies et au nombre astronomique de vies étalées sur des milliards d’années-lumière, Lui n’avait nul besoin de poussières, tels que les Humains ou toute autre race, pour s’exprimer en son Propre Nom.

    Dieu étant Dieu et distinct de l’Homme, il était amplement capable, quel que fût son nom, de le faire Lui-même, quand bon Lui semblait et s’Il lui semblait bon. Et, finalement, pour beaucoup présents en ce jour, considérer le contraire, c’était admettre qu’il n’était pas le Divin espéré. Ainsi, en cet instant, nombre d’idées s’échangeaient sur la terrasse du Central.

    Quelque peu à l’étroit dans son smoking, le professeur Arthur Archibald Kinsley se sentait assez perdu dans ce monde si guindé. Une coupe de champagne à la main, l’homme passa len­tement entre divers groupes, tout en saluant une femme, ici, un consul, là. Tous connaissaient le corpulent personnage, que l’Aïeule avait promu représentant unique de la résistance mondiale. Mais, ces regards, parfois admira­teurs, amicaux ou intéressés, voire envieux, le mettaient le plus souvent mal à l’aise.

    Assis sur son épaule, Darius avait, lui aussi, sa part de curieux. D’habitude réceptif à ce genre d’attention, pour l’instant, l’oiseau se concentrait sur le rythme de la marche, relevant et rabaissant sa queue afin de conserver son équilibre.

    En attendant le moment où il pourrait s’entretenir en particulier avec l’Aïeule, le professeur effectua une approche tactique de l’un des buffets en cet instant désert. Devant un serveur en livrée blanche, il s’empara d’un pic sur lequel s’embrochaient du jambon fumé, du me­lon et une olive verte. Le tout fut avalé en une bouchée.

    Kinsley retrouvait son as­surance dans cet isolement recherché, lorsque :

    –C’est la première fois que j’y goûte. Naturellement, sans cette chair que vous nommez jambon. Sinon, l’olive et le melon sont vraiment délicieux !

    Faisant osciller Darius, Kinsley se retourna. Un grand Varlhane de plus de 2,40 m lui souriait aimablement. Le bout sombre de son nez contrastait du fin pe­lage roux. Le professeur prit vraiment conscience de cette différence qui ne le choquait ce­pendant pas. D’ailleurs, une certaine beauté émanait de ce visage aux traits réguliers. Il reconnut le Légat Prima.

    –En effet, et encore, vous n’avez pas tout vu, Kho-Wal ! Vous devriez goûter ces petits morceaux de melon au porto, saupoudré de poivre et de paprika !

    Le professeur prit une coupe et la lui tendit :

    –Vous m’en direz des nouvelles !

    Le grand Varlhane s’en saisit et à l’aide d’un pic avala délicatement l’un des cubes de melon.

    –Décidément, votre art culinaire a de l’avenir dans la galaxie. Alors, Maître Kinsley, comment se porte notre ami Guinlho ? Je suppose qu’il est resté dans la Base à gérer les nouveaux aménagements.

    Avant que Kinsley ne réponde, Darius se redressa sur l’épaule :

    –En effet, Légat Prima, il remplace le professeur. Grâce au matériel que vous avez offert aux Humains, les travaux sont pratiquement termi­nés.

    Mais Kinsley lui pinça le bec entre deux doigts :

    –Darius, personne ne t’a sonné. Sois plus discret, veux-tu !

    Néanmoins, dans un souffle à peine audible et avec beaucoup de difficulté, l’Alpha IV réussit à émettre :

    –Excusez-moi, professeur, c’était seulement pour me rendre utile !

    Kho-Wal ne put s’empêcher de rire :

    –Vos biotechnologies sont vraiment étonnantes ! J’ai hâte que nous partagions nos connaissances en ce domaine.

    Kinsley approuva :

    –Nous avons tant à apprendre les uns des autres. D’ailleurs, je tenais à vous remercier de l’aide que vous nous avez apportée. L’Aïeule est-elle au courant des liens qui nous unissent depuis des années ?

    –Lui en parler me semble un peu prématuré. Je crains sa réaction. Vous savez, c’est une Varlhane au tempéra­ment parfois explosif, professeur, et je tiens à conserver sa confiance. Ah, je crois que c’est l’heure de votre rendez-vous… Tout le monde étant arrivé, nous pouvons y aller.

    Ils quittèrent le buffet et traversèrent la terrasse sous le regard intrigué des convives. Arrivés devant l’un des accès ouverts, Kho-Wal regar­da le professeur et sourit en lui indiquant Darius :

    –Vous êtes donc décidé à lui parler de vos petits secrets ?

    –Ma foi, avec les risques qu’elle a pris, je pense que nous lui devons bien ça !

    Guidé par un Vorlis jaune, Kinsley s’enfonça avec Darius dans le couloir lumineux.

    –C’est pas mal, cette branche ! Un peu austère, mais pas mal ! émit l’Alpha IV.

    –Chut !

    ***

    Sous la couverture des croiseurs, les rapides Wuiss tourbillonnaient autour de la colossale sta­tion de défense. Tel un essaim de frelons aux brûlantes pulsions, ils grignotaient peu à peu l’éner­gie de son écran. Celui-ci, désormais au ras de la superfi­cie métallique, peinait à absorber les mortels assauts. De plus en plus vives et étendues, de nombreuses zones incandescentes naissaient à la surface de la superstructure conique.

    Finalement, les capsules de sauvetage s’échappèrent par centaines du masto­donte et foncèrent vers l’abri de la 2e ceinture. Un espoir vain que brisèrent rapidement les Slyneiras. Implacables, les chasseurs Wuiss s’alignèrent derrière les inoffensifs ovoïdes et les transformèrent un à un en d’ardentes lumières, sous le regard impuissant des Belisinnes.

    Malgré la pugnacité et le courage des derniers membres d’équipage restés à bord, les taches rougeoyantes s’é­largirent. Elles grignotèrent les coursives, les racines d’alimentation, les alvéoles de repos et la branche de commandement. Finale­ment, le tronc, l’axe central, et les espaces où siégeaient les niches d’armement furent atteints. Dans une im­mense boule de feu, la 28e station de combat explosa, éparpillant ses millions de fragments dans l’espace. Les lambeaux métalliques heurtèrent violemment les champs de forces des plus proches belligérants et, durant un instant, tous scintillèrent sous la profusion d’impacts incandescents.

    Masquant aux yeux de l’équipage sa profonde colère, Zelden fulminait en silence. Désarmées, les capsules de sauvetages représentaient nul danger et se devaient d’être arraisonnées ou ignorées. Mais, en aucun cas, être annihilées gratuitement, pour rien ! En massacrant plusieurs milliers de Varlhanes, les Slyneiras venaient de bafouer sans remord un accord millénaire ! Comment pouvait-on trouver plaisir à ôter ainsi la vie ?

    –Que les dernières stations abandonnent leurs positions et rejoignent la 2e cein­ture.

    –Bien, Almieris !

    Sur la passerelle de la branche de commandement, Zelden, les mains dans le dos, contempla le mouvement des colossales structures spatiales. Alors que l’enfer silencieux et lumineux des tirs s’atténuait, elles traversèrent le second champ de force planétaire, désormais actif, et s’intégrèrent à la 2e ligne. Pendant ce temps, les Slyneiras avaient cessé leur assaut. Ils s’éloignèrent, l’accalmie s’instaura et, durant quelques heures, chacun pansa ses plaies.

    La 1re ligne tombée, le bilan pour les Slyneiras restait conséquent et bon nombre d’épaves encombraient l’espace. Attirées par la gravitation terrestre, elles heurteraient le nouveau champ de force et se disloquaient ajoutant pagailles et confusions aux combats à venir.

    Ne tenant pas à gérer deux problèmes à la fois, Zelden lança un ordre. Sous son regard attentif, des milliers de Vorlis d’entretien jaillirent des stations et, après avoir vérifié si aucun survivant ne s’y trouvait encore, s’emparèrent des monstrueux blocs, pour les tracter et les repousser vers le soleil. En les observant à l’œuvre, l’Almieris tiqua, devint songeur et se mit à analyser leurs déplacements…

    Mais alors que les croiseurs se rassemblaient hors de portée de tir, comme une scène déjà vue, leurs soutes s’ouvrirent dans une coordination parfaite. De nouveau, 120 000 capsules en jaillirent et s’élancèrent dans la nuit stellaire. L’appétit des plantes polaires allait pouvoir s’assouvir sur le 2e champ planétaire.

    Sur le cercle central, Zelden nota les chasseurs Slyneiras qui se déployaient, afin de couvrir les absorbeurs de Baoda. Cependant, toujours pensif, il revint sur les Vorlis d’entretien qui, déjà, rejoignaient les stations.

    Bientôt, les Wuiss devancèrent les capsules et lâchèrent des milliers de leurres à l’encontre des mines à gravitons. Après des heures de combats, le nombre de celles-ci avait grandement fondu. Les dernières disparurent, libérant l’accès à la 2e ceinture.

    Inquiète, la Cominis Lirska s’empressa de vérifier la position des stations et le niveau du champ de force planétaire. Puis elle se tourna vers son supérieur :

    –Almieris, nous n’aurons jamais assez d’Astells pour contrer les Wuiss !

    Zelden quitta le cercle et se tourna vers sa subordonnée. Depuis des années à ses côtés, cette combattante émérite l’avait secondé avec une redoutable efficacité durant le conflit de Basul-kaïr. Le timbre anxieux de sa voix, habituellement si maîtrisé, ne lui avait pas échappé.

    –Combien nous en reste-t-il ?

    –En comptant ceux au sol ? Peut-être 600, Almieris. Mais leurs réserves plasmiques sont limitées et beaucoup ont les déflecteurs de leur champ de force en piteux état.

    Zelden réfléchit. Sur les 200 bâtiments de classe Bhayrn engagés par les Slyneiras, une trentaine avaient été anéantis ou étaient suffisamment endommagés pour ne plus refaire surface et plus de 700 Wuiss avaient été détruits. Connaissant Sulrion, la 1re ceinture tombée, Zelden savait que le Slyneiras s’en moquait ! Il estima qu’il avait donc en face de lui encore 170 croiseurs en pleine possession de leurs moyens et plusieurs milliers de Wuiss ! Effectivement, l’ennemi avait l’avantage du nombre.

    Pourtant, il se permit un petit sou­rire.

    –Lirska, durant la première phase de leur engagement, auriez-vous remarqué quelque chose ? Je ne sais pas, un style, une façon particulière d’agir ? Une stratégie quelconque ?

    –Voulez-vous parler de cette façon de concentrer leurs forces et les fleurs de Baoda en un seul point du champ planétaire, au lieu de tout éparpiller ? Oui, Almieris ! Si j’avais été à la place de Sulrion, j’aurais agi de même. Non seulement cela permet d’accélérer la chute du champ, mais, de plus, cela n’empêche nullement les Slyneiras de bloquer l’en­semble du globe.

    –C’est vrai, actuellement, le front s’étend seulement sur 1/5 de la circonférence terrestre, à 15 000 welns soit environ 3000 kilomètres d’altitude. Ce qui équivaut à un cercle de 6000 kilomètres de diamètre. 30 000 welns ! Or, étalées dans ce périmètre, les fleurs ne se concentrent que sur un point de deux à trois welns. Sinon, avez-vous noté autre chose ?

    Cherchant à deviner où l’Almieris voulait en venir, Lirska réfléchit un moment. Patient, Zelden ne la déconcentra pas. Enfin, elle se rappela un élément.

    –Si, enfin… Cela n’a peut-être pas d’importance, mais tout à l’heure, alors que les dernières stations de la 1re ceinture manœuvraient pour nous rejoindre, je pensais que l’ennemi allait en profiter pour intensifier leur assaut. Mais, les croiseurs se sont contentés d’un repli avant de larguer à nouveau des Krïsellides. À mon avis, voilà une opportunité que les Slyneiras n’ont su saisir !

    Zelden se retourna et sourit :

    –Allons, Cominis, pourquoi voudriez-vous que l’escadre de Sulrion se casse les dents sur le champ de force planétaire et augmente ses pertes ? Les absorbeurs sont suffisamment efficaces pour effectuer ce travail. Non, si l’Almieris avait eu la moindre occasion, croyez-moi, il en aurait profité. Dites-moi, Lirska, que savez-vous des Krïsellides de Baoda ?

    Tout en se concentrant sur les tirs des stations, qui s’acharnaient à effacer une à une les fleurs po­laires, Lirska se remémora le temps lointain où elle n’é­tait qu’une Virtine bleue et récita une leçon bien apprise :

    –Les Krïsellides absorbent les énergies des sources les plus prolifiques dans le but de se nourrir et de se protéger du froid. Une fois lâchées dans l’espace, si une source solaire ou autre leur permet de s’épanouir, elles se placent face à cette abondance et s’y concentrent définiti­vement.

    La Cominis avait terminé. Le silence s’installa dans la branche de commandement, seulement entrecoupé par les com­munications entre les stations, les ordres qui circulaient et l’activité classique d’une situation de guerre.

    –Sauf si… ? demanda doucement Zelden.

    Lirska se tourna vers lui sans comprendre :

    –Sauf si… Almieris ?

    Zelden la regarda, un petit sourire toujours présent au coin des lèvres. Elle connaissait bien cette expression sur le visage de son supérieur. Avec impatience, la Cominis attendit la suite.

    –Voyons, Lirska, avez-vous oublié l’essentiel ? Sauf si une source d’énergie su­périeure devient plus alléchante pour les Krïsellides !

    –Oh ! Oui, je vois, mais… non, c’est impossible, Almieris. Le champ planétaire est largement plus puissant que ceux de tous les bâtiments Slyneiras réunis, ici. Si les croiseurs donnaient l’assaut maintenant et s’approchaient des Krïsellides, ils ne risqueraient absolument rien. Voyez les chasseurs Wuiss qui circulent sans problème au milieu des fleurs polaires. Pour qu’elles changent de cible, il faudrait leur offrir une énergie supérieure, ou bien, je ne sais pas, pour cela, au contraire, il faudrait…

    Brusquement, elle pâlit. Ou plutôt son fin duvet se hérissa :

    –Vous voulez bais­ser la puissance du champ pour que les fleurs se retournent contre les croiseurs Slyneiras ? Pour que ce soit efficace, il faudrait descendre son niveau à 10 %. C’est risqué, Almieris. Les Slyneiras attendent des renforts et si tous leurs bâtiments s’y mettent, ce sera la saturation.

    Elle dressa son doigt et lut les données devant ses yeux mauves :

    –Le temps que nous parlions, le niveau d’énergie a déjà baissé de deux centièmes !

    Zelden la regardait toujours d’un air amusé :

    –Dites-moi, Lirska, en tout et pour tout, combien avons-nous de Vorlis d’entretien à bord des stations ?

    La bouche violette de la Cominis émit une petite moue d’approximation.

    –De toutes les stations ? Dans les 50 000, environ… À quoi songez-vous, Almieris ?

    Le sourire de l’Almieris disparut et ses yeux violets devinrent de glace. Sans ré­pondre, il ordonna :

    –Que tous les Drolhons se positionnent derrière la 2e ceinture, à environ 60 000 welns à l’est des absorbeurs ! Que tous les Astells agissent de même ! Mais en trois groupes. L’un à l’ouest et les autres au sud et au nord. Ils n’interviendront qu’à mon signal. Quant au champ, nous n’allons pas le baisser…

    Le petit sourire revint se poser sur ses lèvres :

    –Lirska, j’aurai besoin que vous m’en disiez un peu plus sur ces déblayeurs d’épaves.

    Alors qu’elle transmettait les ordres et que de tous les continents, les puissants Drolhons décollaient en cadence, intriguée et assez inquiète, la Cominis s’interrogea sur les intentions de son supérieur.

    ***

    Le Vorlis jaune s’écarta et le professeur pénétra dans la salle du conseil. Kinsley fut assez étonné de découvrir la mère de Dunkael et l’Aïeule des Belisinnes, Moofi sur les genoux, dis­cutant aimablement, comme deux amies de longue date.

    As­sises autour d’une petite table anti-g, une tasse de thé dans une main, la sous-tasse dans l’autre, toutes deux tenaient une conversation aux accents joyeux, ponctuée de rires. L’ensemble ré­sonnait agréablement sous l’immense coupole.

    Darius sur son épaule, il s’avança, sa­lua courtoisement et attendit.

    –Asseyez-vous donc, professeur. Deux personnes du sexe opposé ne sauraient vous inti­mider. Plaisanta l’Aïeule.

    Kinsley prit un siège et s’assit lourdement. Darius battit des ailes et se posa sur le haut dos­sier. Un petit Vorlis bleu s’approcha :

    –Que puis-je vous offrir ?

    Le professeur tira le pan de sa veste coincé sous son lourd fessier, regarda Suzanne et la Varlhane :

    –Ah ! Eh bien, un porto, peut-être ?

    Un plateau chargé de bouteilles arriva et de fines radicelles jaillirent du Vorlis. Elles se sai­sirent d’un petit verre, le remplirent et le tendirent au grand barbu. Durant tout ce temps, l’Aïeule n’avait cessé de l’observer :

    –Étonnant de se promener avec un oiseau sur l’épaule, professeur. Vous me faites pen­ser à ces vieilles représentations marines de ces époques épiques, aux récits d’aventures si en­voûtants ! C’est que, depuis que je suis ici, j’ai eu le temps d’explorer vos bibliot­hèques. Mais, je vous en prie, je sens que vous avez beaucoup de choses à me raconter. Je vous écoute.

    Oui, il en avait des choses à dire. Seulement, par où commencer ? Comment aborder un sujet qui risquait de contrarier celle qui leur avait accordé sa confiance ?

    –Comme vous l’avez compris, noble Aïeule, Dunkael, le fils de Suzanne possède certaines particularités. Heu, connaissez-vous l’origine de cet enfant ?

    Gralhia caressa Moofi, puis se pencha pour prendre sa tasse. Ses yeux devinrent deux fentes. Elle but une gorgée, puis :

    –Non, professeur, mais vous allez me l’apprendre.

    Elle m’attend au tournant, se dit Kinsley. Comme à son habitude, il toussota et se lança :

    –Les grottes de notre Base n’ont pas été aménagées dans le seul but de sauver les gens de la déportation, ou pour préparer une révolte…

    Le professeur résuma les divers évènements qui conduisirent à la création des infrastructures souterraines, du développement du projet et de son aboutissement. Impertur­bable, la vieille Belisinnes ne l’interrompit pas une seule fois et Suzanne ne put s’empêcher d’avoir une attention particulière sur un récit déjà connu, mais dont son fils était le centre.

    –… Cependant, nous n’avions pas prévu cette capacité.

    Enfin, il se tut et durant un moment, masquant son trouble, Gralhia garda le silence. Elle finit par sourire :

    –Ainsi, avec le temps, vous auriez pu former une armée de milliers de combattants prête à franchir n’importe quel champ. Belle prouesse technique, vraiment ! Cependant et dans le cas qui nous préoccupe actuellement, comment comptez-vous combattre des Slyneiras lour­dement armés et équipés de champs de force individuels ? Aux corps-à-corps peut-être ? Ou à l’arme blanche ?

    La pointe d’ironie dissimulait une réelle préoccupation. Ce qui depuis des siècles semblait être l’arme défensive la plus efficace se révélait être obsolète, par les lumières d’une civilisation préstellaire et, il fallait le reconnaître, grâce au soutien d’un Talnien. Une telle puissance entre les mains des Humains se devrait d’être contrôlée ! Le professeur anticipa le tourment de la vieille Belisinnes :

    –N’ayez crainte, les hommes n’oublieront pas l’aide que votre famille leur a apportée.

    Gralhia lui sourit tristement :

    –J’apprécie, professeur et ne mets nullement en doute votre intégrité. Cependant, d’autres Humains viendront après vous et vous ne pouvez parler en leurs noms. Leurs ambitions pourraient se montrer… dévorantes. Croyez-moi.

    Kinsley se demanda s’il ne s’était pas avancé un peu vite. Pourtant, son instinct le poussait à lui maintenir sa confiance. Il abattit l’une de ses cartes :

    –C’est vrai, mais dans l’immédiat, vous et moi, nous nous retrouvons devant deux ennemis communs, les Slyneiras et, dorénavant…

    Il déglutit, puis :

    –… plusieurs millions d’Aranéides venus de Thyrn, et dont l’Arkeïsis Torkhane vient de s’octroyer le soutien… N’est-ce pas ?

    Cette fois-ci, l’Aïeule accusa le coup. Retrouvant toute sa vi­gueur, d’un geste rapide, elle posa sa tasse et se redressa d’un bond.

    –AH, ÇA ! Cette information vient seulement de m’être communiquée, Terrien ! Comment peux-tu déjà être au courant ?

    Sous le regard de Suzanne, soudain effrayée par le changement de ton, Kinsley se leva lentement avec son verre à la main et se dirigea vers le grand cercle où sié­geait la vision de Paris. Puis, il se retourna et appela le félin :

    –Moofi, viens ici !

    Sous le regard incrédule de Gralhia, le chat se déplaça nonchalamment jusqu’au professeur. Celui-ci tendit les bras et l’animal sauta dans le siège offert. Non sans une pointe d’humour, le bar­bu lui prit la patte, la remua, de haut en bas en un petit salut, et lança :

    –Dis bonjour à la dame, Moofi !

    Charmeuse et câline, une voix masculine s’éleva doucement du félin :

    –Bonjour, Gralhia Belisinnes, noble Aïeule de Porsandre !

    Un moment de flottement plana dans la salle. Mais il en fallait plus pour décontenan­cer longtemps Gralhia. Alors qu’elle se remettait de sa surprise, l’Aïeule se rassit devant Suzanne. Celle-ci se resservit du thé d’une main peu assurée :

    –Je… je vous sers ? demanda-t-elle timidement.

    –Oui, je veux bien, ma petite. Suzanne, votre ami le professeur est un drôle de coquin ! Professeur Kinsley, je suppose que votre oiseau parle également. Technologie neuronique ? Vous avez beau­coup progressé depuis notre arrivée ! Le plus étonnant est d’avoir réussi ce tour de force aussi discrètement. Ainsi, voilà comment vous avez été averti de l’assaut sur votre base et comment vous avez su pour les Kriiss. Moofi vous renseignait-il régulièrement ?

    Le professeur revint s’asseoir et le félin remonta sur les genoux de l’Aïeule. Gralhia se pencha et lui tira doucement l’oreille :

    –Sale petit espion !

    –En fait, nous n’avions que peu de rapports de sa part. Ce prototype n’est que de la génération Alpha II. Ils sont moins évolués que Darius, par exemple.

    Le professeur montra le pigeon qui ne put s’empêcher de fanfaronner, devant une Gralhia surprise, mais au fond, amusée.

    –Les Alpha IV, dont je suis le digne représentant, sont ce que l’on fait de mieux, actuelle­ment ; et pour longtemps ! Je suis capable de brouiller certaines ondes Varlhanes, je suis polyglotte, je vois la nuit, je n’ai pas besoin d’entretien et j’ai en mémoire une bibliothèque équivalente à plusieurs millions de livres. De plus, je chante ! Voulez-vous m’entendre ? Dites-moi ce qui vous plairait…

    Kinsley s’était retourné et, d’une main ferme, lui avait pincé le bec. Alors que Darius, dans un murmure inaudible, tentait de se libérer et battait furieusement des ailes, Kinsley pencha la tête pour éviter le plumage agité et regarda la Varlhane :

    –Ils sont très efficaces, mais aussi très bavards !

    Finalement, Darius arrêta son manège et le professeur continua, l’air grave :

    –Madame, l’avenir dira si les Humains et les Belisinnes poursuivront cette alliance. Pour l’heure, il est impératif d’unir nos forces. Vous et moi le savons, d’ici peu, des portes vont s’ouvrir sur Terre et si Torkhane lâche les Kriiss de Thyrn, sans une solide union de notre part, la déferlante sera telle que je ne donne pas cher de notre peau !

    L’Aïeule des Belisinnes comprit que le professeur avait une requête à formuler :

    –Qu’attendez-vous exactement de moi ?

    Kinsley poussa un soupir de soulagement. Une partie du chemin était fait. Restait à la convaincre du reste. Mais sans dévoiler sa dernière carte. Pour cela, il était encore un peu tôt.

    –La permission d’installer à travers le monde quelques-uns de vos systèmes numériques végétaux, largement plus performants que nos ordinateurs. Sans eux, les calculs, les simulations et en définitive la production, que nous devons entreprendre au sein de nos usines, risquent de durer des mois et nous n’avons plus le temps !

    –Je vous écoute, professeur.

    CHAPITRE 2

    Située à l’extrémité de la branche de commandement, l’alvéole de pilotage du croiseur amiral se cerclait à bonne hauteur d’une large passerelle. L’un des sas qui la bordaient s’ouvrit dans un soupir et l’Almieris Sulrion apparut.

    Le Varlhane s’avança au bord du parapet et observa d’un air placide les officiers, pilotes et techniciens présents en contrebas. Ne relevant rien de particulier, il longea la passerelle et rejoignit une avancée, qui surplombait l’alvéole. Un fauteuil aux larges accoudoirs chargés de commandes l’y l’attendait. Il s’y enfonça pesamment et, comme les assises anti-g protestaient sous la masse, bien calé, Sulrion apostropha son subordonné :

    –Dites-moi, Hozrill, où en sont les renforts que m’a promis l’Arkeïsis Torkhane ?

    Le visage impassible du Virtine Prima flottait au-dessus du petit cercle de communication incrusté dans l’accoudoir de gauche. En réalité, l’officier au regard mauve se trouvait un peu plus bas, à son poste, près du grand anneau métallique qui lévitait au centre de l’alvéole.

    –Les 400 croiseurs, les 10 000 Wuiss et les troupes de débarquement viennent d’émerger près de Jupiter, Almieris. Cependant, ils ne seront pas ici avant plusieurs heures.

    –Bien, nous patienterons. À part cela, rien d’autre ?

    –Eh bien, tout paraît calme. Les tirs des stations ont cessé et leurs Drolhons se sont positionnés au niveau de la 2e ceinture de défense. Donc, rien de particulier, si ce n’est le déblaiement en cours. Les Belisinnes s’occupent d’écarter les nombreuses épaves et débris qui encombrent la zone des combats. Des milliers de Vorlis d’entretiens venus de toutes les stations sont actuellement à l’œuvre.

    Bien que surpris par de telles préoccupations de la part de l’Almieris Zelden, Sulrion n’en soupira pas moins d’aise :

    –Après tout, si cela les amuse de se complaire dans les tâches ménagères, bien leur en fasse. De toute façon, d’ici peu, les Portails vont s’activer au sol et, une fois débarqués, les mercenaires feront ce pour quoi ils sont si grassement payés. Du nettoyage, comme ce que fait actuellement Zelden. Mais là, les Belisinnes auront alors vraiment de quoi s’occuper. L’heure du saccage va bientôt sonner, Hozrill. Tenez, pendant que nous y sommes, ordonnez donc aux croiseurs positionnés près de la lune de nous rejoindre. Après tout, il serait injuste de les priver d’un petit moment de gloire. Croyez-moi, Hozrill, cet assaut restera dans les annales !

    Satisfait, l’Almieris fit pivoter son fauteuil anti-g. Le siège abandonna la passerelle et descendit en douceur vers le grand anneau de communication. Large de quatre mètres, la planète bleue y flottait au-dessus, entourée de ses deux ceintures de défense. S’y affichaient également les milliers de points blancs des Vorlis d’entretien, occupés à tracter et écarter les triangles noirs des épaves.

    Arrivé devant l’affichage tridimensionnel, l’Almieris quitta son fauteuil anti-g, qui recula doucement, et attentif au moindre détail, fit le tour de l’anneau. Mais, en dehors des Vorlis au travail, nul mouvement de l’en­nemi n’apparais­sait et aucune station n’avait de plasmique activé. Sans doute, se dit-il, afin d’écono­miser la moindre parcelle d’énergie du champ planétaire.

    D’une impulsion sonique, il zooma en arrière, la planète recula et l’escadre Slyneiras réapparut. Elle se tenait dorénavant en retrait à 130 000 km de la Terre. L’Almieris effectua un zoom avant localisé et suivit quelques Wuiss, qui passaient et repassaient entre les fleurs polaires. Devant la colossale intensité du champ de force, l’énergie cumulée de tous les chasseurs ne représentait, pour les végétaux, qu’une dérisoire nourriture. Une pitance qui, de fait, ne méritait aucune attention. Satisfait, Sulrion revint s’asseoir et se tourna vers le Virtine Prima qui patientait à quelques pas, derrière sa console :

    –Voyez-vous, Hozrill, il y a quelques années, alors que je lui proposai un commandement dans notre Clan, Zelden a rejeté mon offre. Soi-disant parce que cela allait à l’encontre de ses valeurs. Non, mais, vous entendez ça ? N’importe qui aurait accepté un tel avenir, mais lui, non ! Cet idiot a toujours eu une conception très personnelle de l’honneur. Eh bien, par sa faute, les siens ont découvert ce qu’il en coû­tait de nous ré­sister et, désormais, c’est à son tour d’en subir les conséquences.

    Sulrion n’avait jamais pu supporter le vieux soldat au regard qui vous transperçait impudem­ment. Rien qu’à cette pensée, une impulsive envie de brusquer les évènements le saisit :

    –Combien de temps encore, avant la chute de ce satané champ ?

    –Désolé, Almieris, mais plusieurs heures. Il leur reste 96 % d’énergie. Heu, si vous permettez, comment l’Aïeule des Belisinnes, que l’on dit si fine, s’est-elle laissé enfermer dans cette nasse, au lieu de retourner chez elle, sur Porsandre ?

    L’Almieris Sulrion eut un petit ricanement :

    –Fine politique, sans doute, mais mauvaise stratège. Pour cela, elle se repose entière­ment sur un vieil officier en déclin.

    –Justement, voilà qui est plutôt surprenant de la part de l’Almieris Zelden, ne trouvez-vous pas ? Nos forces sont largement supérieures et vont encore s’accroître dans les prochaines heures. Lui et l’Aïeule ne l’ignorent pas et savent que leur acharnement sera impitoyablement réprimé. Pourtant, ils s’obstinent. Attendraient-ils des renforts ? Sur Varlha, on parle encore de l’Almieris en termes forts élogieux. Beaucoup le décrivent comme l’intrépide de Basul-kaïr. Vraiment, je ne comprends pas !

    Sulrion ricana :

    –L’intrépide ? Laissez-moi rire, Virtine Prima. L’arrogant, oui ! En réalité, l’Aïeule et lui ne font que s’accrocher à leurs illusions, voilà tout. Mais, bientôt, tout ceci ne sera plus de l’histoire ancienne. Croyez-moi, Virtine Prima, leur fin est proche !

    Soudain, l’un des officiers se redressa :

    –Almieris, les Drolhons Belisinnes quittent leurs positions et traversent le champ. Ils sont suivis par plusieurs centaines de chasseurs. Deux autres groupes d’Astells quittent à leur tour l’orbite terrestre.

    Quelque peu surpris, Sulrion se redressa et s’approcha du cercle.

    En effet, suivis d’une myriade d’Astells, les 30 bâtiments venaient de quitter la protection du champ planétaire et entamaient un large arc dans l’espace. Courbe qui, en se prolongeant, allait indéniablement aboutir à l’escadre. Sulrion ne put s’empêcher de sourire :

    –Allons donc, dites-moi que je rêve, Hozrill ! Sont-ils vraiment décidés à nous attaquer ?

    Observant ses cercles, le Virtine Prima ne put que confirmer :

    –On dirait bien, Almieris, ils sont en train d’activer leurs plasmiques et leurs champs de force sont poussés au maximum. J’avoue que pour un assaut, c’est assez curieux. Ils se déplacent à la vue de tous, sans effet de surprise, et à une vitesse des plus modiques.

    –Surprise ou pas, de toute façon, avec ses 30 malheureux Drolhons et ses quelques centaines d’Astells, je ne vois pas ce que Zelden espère réaliser. Mais, s’il a l’esprit suicidaire, alors, nous allons lui faire plaisir. Que l’escadre établisse une formation parabolique interne de 500 welns de rayon face à l’ennemi et qu’elle s’approche au contact !

    Tandis que les bâtiments des Belisinnes progressaient sur leur courbe, les 170 croiseurs se placèrent en formation incurvée, le vaisseau amiral au centre. Puis, l’escadre s’ébranla.

    –Parfait ! Contact dans… ?

    –… dans huit minutes, temps terrestre, Almieris.

    Sur la représentation virtuelle, les deux formations se rapprochaient lentement l’une de l’autre. Trop lentement aux yeux de certains officiers Slyneiras et membres d’équipages, résolus à en découdre. À bord des croiseurs, l’attente devenait interminable et la tension s’accrut. Beaucoup retenaient donc leur souffle, quand, les premiers Drolhons arrivèrent enfin à portée de tir des croiseurs. Une distance que l’armement des Belisinnes était incapable de couvrir.

    Sulrion aurait pu s’en satisfaire et ouvrir le feu dès cet instant. Mais il savait avoir de la marge et temporisa encore. L’occasion était trop belle pour ne pas tout gâcher en se précipitant.

    Les Drolhons venaient de changer de configuration et s’étiraient à présent les uns derrière les autres, en trois files parallèles. Les trois formations d’Astells, bien espacées entre elles, suivaient à bonne distance.

    –Laissons-les venir, nous allons les hacher menu, ces petits. Aucun ne doit en réchapper !

    Mais, à cet instant précis, Hozrill ne l’écoutait plus. Scotché sur la représentation tridimensionnelle du grand cercle, le Virtine Prima n’aimait pas du tout ce qu’il venait d’y découvrir.

    –Almieris, les fleurs polaires, elles s’éloignent du champ planétaire. C’est impossible, elles n’ont aucun système de propulsion !

    À son tour, Sulrion observa l’holographie. De larges et sombres trouées venaient d’apparaître au sein de l’amas d’icônes jaunes, les pictogrammes des fleurs de Baoda occupées à grignoter le champ planétaire. L’Almieris se pencha et repéra, un peu plus bas, les fleurs disparues. À l’évidence, leur trajectoire allait bientôt croiser celles des deux formations antagonistes. Cependant, autre chose l’intriguait. Plus aucun point blanc n’apparaissait.

    –Hozrill, où sont passés les Vorlis d’entretiens ? Sont-ils retournés aux stations ?

    Quelque chose le titillait de plus en plus fort. Il regarda le Virtine Prima. Mais, celui-ci semblait aussi déconcerté que

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