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L'anomalie sapiens: Roman
L'anomalie sapiens: Roman
L'anomalie sapiens: Roman
Livre électronique179 pages1 heure

L'anomalie sapiens: Roman

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À propos de ce livre électronique

l y a un peu plus de 30 000 ans, au moment où explosaient les champs Phlégréens, Homo Sapiens est arrêté et disparaît de la surface du continent. L’événement est suffisamment marquant qu’il décide de se contenter de coloniser l’Afrique et l’Asie. Ceci permet à Néandertal de survivre et de fonder une civilisation basée sur le culte de l’Ours, le respect de la nature et du vivant en général. Une société solidariste et plus juste qui va devoir faire face, de nos jours, à une civilisation homo sapiens obnubilée par l’argent, la recherche du profit, l’exploitation des autres. L’heure est grave. La planète est en danger.

Ces deux incompatibles humanités seront-elles capables de trouver et d’appliquer des solutions communes ? Rien n’est sûr…
LangueFrançais
Date de sortie4 déc. 2019
ISBN9791037702814
L'anomalie sapiens: Roman

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    Aperçu du livre

    L'anomalie sapiens - Philippe Nicolas

    Livre 1

    Les anciens chasseurs

    1

    Les autres

    Les Néandertaliens vivaient sur le territoire européen très longtemps avant que ceux que j’appellerai les Autres n’apparaissent. Certains avancent le chiffre tout à la fois faramineux et modeste de 300 000 ans. Modeste, en effet, si on compare aux 165 millions d’années de présence des dinosaures…

    Toujours est-il que les premiers Européens survécurent à tout, aux glaciations, à l’ours et au lion des cavernes.

    En revanche, ils faillirent ne pas leur survivre.

    Car, durant un hiver peut-être moins froid que de coutume, les Autres survinrent.

    *

    Tels des fantômes hirsutes, ils surgirent des brumes grises, glaciales et humides des montagnes du sud du continent. À moitié nus, les pieds laborieusement emmaillotés dans des lambeaux de peau et de cuir, lèvres gercées, oreilles et nez douloureux, ils marchaient courbés et frigorifiés. Ils ont d’abord maladroitement progressé dans la poudre blanche et froide. C’est avec beaucoup d’étonnement qu’ils se sont vus confrontés à la neige et au froid pour la première fois de leur existence. S’en amusant dans un premier temps, ils glissaient et chutaient, en riant, avant de se relever encore et encore, avant de poursuivirent leur chemin en ignorant les pincements du froid sur leur peau brune gercée par la poudre glacée et le gel.

    Mais passées l’exaltation du jeu et le ressenti de la fatigue due au franchissement des crêtes montagneuses, ils se virent souvent rattrapés par la réalité. De temps à autre, il arrivait que l’un d’eux ne se relevât plus laissant les vifs bouleversés et affligés. Impressionnés, les survivants secouaient le corps sans vie et inerte, le frappaient avec colère, lui intimant l’ordre de se relever et de poursuivre.

    Mais le souffle s’en était allé, emporté par les efforts et la faim…

    Certes, d’autres se furent certainement arrêtés avant de rebrousser chemin. Mais, les homo sapiens étaient d’une autre trempe. Et s’ils firent de nombreuses haltes pour mieux en discuter et se chamailler, aussi, ils n’en ont pas moins poursuivi leur chemin. Pas un ne prit le risque de s’opposer à la volonté de chamanes hallucinés motivés par de troubles et colorées visions ayant en commun la narration d’un avenir radieux au-delà des montagnes.

    Là, où le soleil se couche.

    Ils venaient du Levant.

    *

    Il fallait croire et continuer.

    Et ils le firent, donc.

    Au prix d’efforts sans nom, sans regarder ni même penser à derrière eux ni songer à eux-mêmes, ils évitèrent tous les précipices, survécurent aux avalanches et franchirent tous les obstacles pour finalement s’aventurer sur les terres froides occupées par le meilleur chasseur que comptât le monde. Ces nouveaux venus étaient animés d’une foi en eux telle, que celle-ci ne trouvât nulle part sa pareille au sein des clans du premier Européen présent depuis près de 300 000 années. Si l’adaptation au milieu et la vigueur physique sont une chose, la foi qui soulève les montagnes en est une autre.

    Elle fera toute la différence.

    À distance, ébahis et tapis dans leurs forêts de pins et de bouleaux, plus stupéfaits qu’effrayés, les premiers Européens les épièrent en évitant tout contact avec ces gens si différents dont ils ne savaient rien et ne voulaient d’ailleurs rien savoir.

    N’étaient-ils pas les meilleurs chasseurs que comptât le monde ?

    *

    Puis, horrifiés et impuissants, ils les virent chaque jour plus nombreux, chassant méthodiquement et quasi industriellement le renne, le bison et tout le gibier jusqu’alors à leur unique et entière disposition. Ils exprimèrent leur trouble par de rauques raclements de gorge de mécontentement, mais aussi des claquements de langues expressifs.

    Ces Autres étaient vraiment étranges.

    Ils étaient insolites à un tel point, qu’avec leur bouche, ils produisaient des sons souvent suivis de gestes, de mouvements, de rassemblement ou au contraire d’éloignement. Les premiers Européens découvraient la communication, cette chose qu’ils ne pouvaient, alors, faire que de façon limitée. Visiblement, même pour eux qui avaient toujours vécu isolés, il devenait clair que ces nouveaux venus avaient emporté avec eux leur foi, leurs légendes, leurs rites et leur redoutable froide efficacité.

    Ils étaient donc venus pour rester.

    En le réalisant, les premiers Européens furent pris d’effroi.

    Que devaient-ils faire ?

    Fallait-il attaquer et frapper dur et fort ces longs personnages à l’apparence chétive ?

    Question d’importance : étaient-ils les seuls ou les premiers d’une longue colonne ?

    Au fait, qui en avait vu d’autres ?

      C’était difficile à dire et, là résidait le problème.

      Disséminés, comme semés chichement sur tout l’immense territoire européen et eurasien, les clans de premiers Européens étaient rares et se rencontraient fort peu les uns les autres....

    Combien de doigts sur une main étaient-ils ?

    Soixante-dix mille individus pour tout le territoire, à cette époque-là, croit-on savoir.

    Sans doute, surtout au début, ont-ils tout fait pour éviter ces Autres, qui, convaincus de leur supériorité, n’ont que peu tendu la main vers eux. L’implacable loi du nombre n’incite pas à l’empathie envers des gens d’ores et déjà considérés comme perdants et en voie de soumission.

    Et encore, soumission est-il un bien grand mot.

    Évitement serait un terme plus correct.

    Une attitude traduisant la réelle angoisse qu’éprouve celui qui a toujours été seul pour faire face à des conditions de vie difficiles, un climat versatile et cruel, une faune plus puissante que lui et mieux adaptée…

    Angoissés, oui, inquiets, les adorateurs de l’Ours sont restés timorés et en retrait vis-à-vis de ces gens pourtant vus comme chétifs et fragiles. Les affrontements semblent avoir été l’exception car nulle trace de massacres n’a véritablement été retrouvée, si tant est que ce soit possible à une telle distance.

    Certes, à l’occasion d’une chasse en territoire « commun », il leur arriva de se retrouver confrontés les uns aux autres même si ce ne fut qu’indirectement, tel ce jour où un groupe des meilleurs chasseurs que comptât le monde découvrit le corps sans souffle d’un des étrangers. Une opportunité s’offrait ainsi à de l’examiner avec curiosité ; le bougeant et le retournant dans tous les sens en commentant à grand renfort d’onomatopées voulant dire :

    Comment était-il possible d’être si différent et si faible ?

    Jamais, ils ne survivront…

    Mais comment font-ils ?

    Moins par respect que par superstition, les chasseurs ensevelirent sous pierre et terre la dépouille mortelle comme ils l’eurent fait pour un des leurs. L’Autre, bien que fragile, n’était-il pas un chasseur lui aussi ? À tort, mais cela ils ne le surent pas, ils eurent le sentiment d’avoir bien fait et d’avoir honoré le corps et l’esprit de l’étranger. En réalité, découvrant la sépulture, les Autres ne comprirent sans doute pas. Les meilleurs chasseurs que comptât le monde se trouvaient déjà loin et s’en étaient allés en quête d’autres gibiers. De leur côté, les Autres se dirent que leur nombre croissant associé au temps qui passe étaient en leur faveur : leur foi en eux était si inébranlable.

    *

    Les lunes, les années, les siècles puis les millénaires s’écoulèrent mais l’augmentation du nombre d’Autres ne cessa pas. Au contraire, il s’amplifia. Progressivement, ils prirent possession de la terre des meilleurs chasseurs que comptât le monde. Désormais minoritaires chez eux, ceux-ci reculèrent toujours un peu plus en continuant à faire ce qu’ils avaient toujours fait : éviter toute confrontation en oubliant, apparemment, les fondements de leur vieille Loi :

    « La terre appartient à l’ours et aux adorateurs de l’ours ».

    2

    Le roux

    Un éclair d’un bleu aveuglant éventra le ciel orangé devenu noir. Le vent se mit à souffler fort sur la savane ; faisant onduler les hautes herbes, sifflant tous les tons au travers des troncs vides avoisinants et emportant avec lui l’odeur forte du fauve. C’est très exactement à ce moment-là qu’apparaît notre râblé et musculeux chasseur.

    Le voilà !

    Il est là, mon parent.

    Il est roux, hirsute, les traits de son visage sont aussi épais qu’est solide sa peau burinée et large, son nez. Des yeux bruns décidés se cachent sous d’épaisses arcades sourcilières, points de départ d’un front fuyant. L’homme est plus couvert de cicatrices que de peau de bête et il sent que l’ours n’est plus très loin. Plus que l’odeur, c’est son instinct qui l’en a averti. Sans doute l’animal doit-il être pressé car l’orage ne va pas tarder à fondre sur la grande plaine et le pressentant, le plantigrade n’a dès lors plus qu’une envie : retrouver la paix et la protection de sa caverne.

    À l’instar des Autres qui ne sont pas très éloignés, le roux se situe entre un massif rocheux protecteur et l’animal effrayé par les éclairs et le grondement du tonnerre. Mon parent vient de se recroqueviller et effectue un lent mouvement de retrait afin de mieux se fondre parmi les hautes herbes. D’instinct, il a jeté son dévolu sur les restes de l’arbre mort et en partie calciné. Là, une longue et épaisse souche gît sur le sol et il se dissimule derrière elle. Allongé, cœur palpitant, il reste immobile et attentif. C’est la première fois qu’il est en contact visuel direct avec des étrangers en dehors de la bulle protectrice de sa communauté. Le cri d’un oiseau lui frôlant la tête le fait sursauter plus fort que le tonnerre ne l’a jamais fait et il hausse les épaules en signe d’agacement. Désormais, il tonne à répétition et la pluie commence à tomber en giflant tapageusement les hautes herbes.

    Quelques instants plus tôt, le rouquin qui va nous accompagner tout au long de ces pages, n’a pas manqué de remarquer que le dernier de la petite colonne des Autres s’était un instant immobilisé avant de humer longuement l’air, jetant alentour des regards inquiets voire soupçonneux. C’est que les Autres avaient un odorat particulièrement développé ! C’est ce qu’il pensa savoir à cet instant-là. Mais, se demanda le roux, était-ce lui ou

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