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Juno: Roman
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Livre électronique194 pages2 heures

Juno: Roman

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À propos de ce livre électronique

La survie de la planète Terre repose sur un chien : Juno.

La Terre a été envahie par deux espèces extraterrestres qui ont choisi notre planète pour se combattre. Au milieu de cette guerre, les humains se font détruire. Il n'y a plus d'espoir. Sauf peut-être au cou d'un chien, Juno, une trousse contenant le remède à cette invasion. Cette trousse ira de mains en mains, de l'homme jusqu'à l'animal, dans l'espoir de sauver la Terre.

Juno parviendra-t-il à transmettre le remède face à l'invasion extraterrestre ? Découvrez ce roman de science-fiction en pleine apocalypse !

EXTRAIT

La première explosion m’extirpa de mon sommeil. Je sursautai, pris le premier objet à proximité et frappais devant moi. Bien heureusement, personne ne s’y trouvait. Je ne savais plus du tout où j’étais. Ni comment j’étais arrivé là. Ce cauchemar m’avait troublé plus que je ne l’avais jamais été dans ma courte vie.
Cravate arriva vers moi, la gueule horrifiée :
— Doux Jésus, ils sont ici ! Ils nous ont trouvés ! Entends-tu le cri de l’agonie, le son du fanfaron de la mort ?
Je ne comprenais rien à ce qu’il racontait, utiliser de métaphores dès mon réveil n’était pas judicieux, surtout après une telle aventure chimérique.
— Quoi, que se passe-t-il ? grognai-je, en baillant.
    — Il y a trois têtes rondes dehors !
    Je n’avais plus envie de bâiller.
    Le cauchemar, broutille, je n’y pensais plus.
    Je ne m’étais jamais senti aussi frais.
    Cravate me décolla du sol, me jeta mon sac dans les mains et partit en m’ordonnant de le suivre. Nous traversâmes les rails et franchirent la porte menant jusqu’à une sortie de maintenance. Derrière nous, les tirs de défense commencèrent.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Frédéric Bonnotte est un passionné de littérature, d’astronomie et de science-fiction. Fraiseur-aléseur de métier, il écrit durant ses temps libres et quelques romans aux nuances apocalyptiques et totalement désespérées naissent, dont Juno.
LangueFrançais
Date de sortie27 juil. 2018
ISBN9782378773304
Juno: Roman

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    Aperçu du livre

    Juno - Frédéric Bonnotte

    1

    … Juno…

        Je traversais une ville, a priori paisible. Des hommes et des femmes profitaient du calme. J’aimais les voir ainsi sereins, calmes, avec ce naturel réconfortant qui différait tellement de la pression quotidienne. C’était… comme s’il ne se passait rien. Mais ils savaient tous que ledit calme serait d’une durée suffisamment courte pour qu’en eux paraisse l’envie inaltérable d’en savourer chaque instant. Même si cette notion du temps se voulait si différente de la mienne, nous étions comme unis dans cette pause salvatrice. Ils s’échangeaient des vivres, des munitions, partageaient volontiers de la connaissance. Ils se racontaient des anecdotes apparemment incroyables que je ne comprenais pas mais dont les expressions sincères qui se dessinaient sur les visages des auditeurs prouvaient un intérêt fasciné.

        Tout se faisait en chuchotant, dans ces ruelles bondées de survivants aux vêtements usés et troués, cœur de ville comme fanfare silencieuse qui apaisait. Happé par leur présente quiétude, j’en oubliais presque la raison de ma présence au sein de cette activité humaine.

    Était-il là ? Non, impossible.

        Le petit marché improvisé était très actif mais si silencieux qu’il en devenait macabre. Ce même silence qui changea et prit une tonalité terriblement spécifique que je connaissais bien. Silence plus profond, mes innombrables cellules auditives se mirent à frétiller.

        J’étais au mauvais endroit, au mauvais moment.

    Ce calme aux relents si précieux se brisa si rapidement qu’on regretta son jubilé.

        Le faisceau violet partit de l’énorme objet au ciel, qui venait d’apparaître sans que je puisse concevoir comment, sans que personne ne s’en rende compte et frappa le véhicule sur ma droite. Il explosa dans une fresque lumineuse et illumina une soirée qui s’était voulue aussi calme que l’impression que me donnait l’astre éclairé, loin là-haut. Du verre vint me déchirer la peau à nombreux endroits et je m’écroulai de douleur. Des hommes et des femmes tombèrent autour de moi, tués ou blessés eux aussi. L’un fut si proche de moi que je pus voir clairement ses deux yeux brûlés par les flammes. Les survivants chanceux partirent se réfugier. Puis la défense se mit en place, improvisée et pas si mal organisée que ça. Mais ils n’avaient malheureusement pas la moindre chance de s’en sortir.

    Les hommes avançaient, dans un genre de formation que je ne pouvais pas comprendre. Ils tiraient de longues rafales qui semblaient précises, mais totalement inefficaces. Les balles ricochaient contre les ennemis qui s’approchaient en nombre, elles n’atteignaient pas le vaisseau qui surplombait désormais le champ de bataille. Puis ça riposta et je reçus plus de sang que je n’en avais jamais vu.

    Je me remis à courir, il fallait que je m’éloigne de cette guerre. Un homme devenu presque tronc et à l’agonie tenta de m’accrocher par pur réflexe : il savait que je ne pouvais pas le sauver. Je fis un petit bond sur le côté et sentis le bout de ses doigts déjà gelés par la mort précoce. Il glapit de peine puis chercha à atteindre le bout de ses tripes avant de sombrer.

        Je voyais les hommes qui sursautaient en me voyant courir ainsi, se demandant la raison de ma présence ici et priant secrètement pour que je m’en sorte. Leurs visages déformés par la terreur me hantaient, leurs expressions étaient si communicatives que je les ressentais comme si elles étaient les miennes.

    On ne me visait pas, pas vraiment, j’étais juste là, au mauvais endroit, au mauvais moment.

        L’énorme chose ronde qui se posa devant moi poussa un cri terrible, je me sentais dominé, soumis, esclave, en parfaite contradiction avec l’éducation que j’avais reçue. Mais cette éducation ne représentait plus rien, désormais. Je l’évitai aussi habilement que la douleur me le permettait et continuai de courir, voyant les hommes se faire démembrer, voyant les maisons exploser sous les faisceaux violets qui sortaient du vaisseau. Et des espèces d’insectes mécaniques qui s’acharnaient. Je compris, en analysant rapidement ce qu’il se passait autour de moi que si j’étais au milieu d’une guerre, les humains y étaient tout autant.

        Je réussis à m’extirper du champ de bataille puis m’écroulai un peu plus loin : j’avais très mal.

    **

    Je m’appelais Juno.

    J’étais âgé de 4 ans, du moins, c’est l’âge que me donnait mon défunt ami, mon défunt maître.

    J’étais encore très jeune.

    Juno, fier berger de Picardie, au pelage ocre semblable aux reflets scintillants du soleil, comme le fut si fier de dire, hier encore, mon défunt maître, mon défunt père, mon défunt ami.

    Juno, fier chien aux yeux vairons, l’un bleu ciel aux heures claires et l’autre très proche d’un vert végétal qui avaient toujours autant épaté les amis de mon défunt maître. Inlassablement, c’était le premier sujet de conversation lorsque l’on s’approchait de notre périmètre de sécurité et de notre territoire, notre espace vital, notre demeure, notre chez nous. Il me regardait toujours avec des yeux fiers et attendris, expliquant durant des heures les mécanismes naturels ayant engendré une telle morphologie, ce regard atypique.

        Le jour de notre rencontre, je m’en souvenais parfaitement. J’étais dans cette cage, il faisait sombre comme la nuit et froid comme l’hiver. La porte, au fond du couloir, s’était ouverte. Comme à l’accoutumée, les autres s’étaient mis à hurler, à japper tout ce qu’ils pouvaient. Comme à l’accoutumée, j’avais baissé la tête pour ne pas regarder dans les yeux les humains qui passaient. Par respect. Pour montrer que j’étais prêt à être dominé. Et j’avais pensé que comme à l’accoutumée, je ne verrais que des pieds inconnus qui passeraient devant ma cage sans s’arrêter un instant pour me regarder. Mais ce jour-là, lesdits pieds inconnus s’étaient arrêtés devant ma cage, piétinant d’impatience.

    — Montre-moi ta jolie bouille. Avait dit une douce voix que j’avais déjà l’impression d’aimer.

        J’avais levé les yeux et nous nous étions regardés, subjugués, tout autant l’un que l’autre. S’était déroulée une période suffisamment longue pour que je ne puisse pas la dater, nous avions joué, nous avions ri, ce maître avait été tout ce que j’avais eu de plus cher.

        Tout ce que j’avais toujours espéré.

        Puis le monde s’était effondré.

    Pour lui – car je ne pouvais que lui obéir – j’avais déjà traversé une bonne partie du trajet, l’itinéraire précis. Et malgré les dangers, malgré la mort qui pullulait, malgré un monde en ruine où chaque seconde était un combat pour la survie, où les rêves que je pouvais encore faire étaient les seuls exutoires permis. Et de mon esprit canin, je ne rêvais qu’une seule et unique chose perdue à jamais : le confort de ma demeure, et mon maître.

        En temps normal, j’aurais ajouté : et manger.

    Je n’étais pas certain de comprendre pourquoi il fallait tant le faire. Mais quand de mes yeux de chiens, j’avais exploré le regard de mon maître, j’avais compris qu’il n’y avait pas besoin de mots pour me l’expliquer. Nous n’avions pas besoin de parler le même langage, nul besoin d’explications interminables.

    J’avais traversé une partie de la région, peut-être plus loin encore, dans un vestige d’architectures délabrées. Le monde était si vaste, je l’ignorais auparavant, mais j’en étais persuadé à cet instant : j’aimais cette planète, j’aimais cette vie, mais tout ça… ce monde, cette nature, ça me dépassait. Comment me rendre dans un endroit que je ne connaissais pas m’était inexplicable.

    Je n’en savais rien.

        Je n’en saurais jamais rien.

    Ce n’était qu’un détail.

    Car je le faisais pour mon défunt maître.

    Même si je devais avouer… que je restais terrorisé par tout ce que mes yeux de chiens avaient eu le malheur de voir. Des pires odeurs que j’avais pu sentir jusqu’aux pires sensations qui avaient hérissé mes poils jusqu’à l’espace coloré de bleu ou de gris, tout là-haut.

    J’étais blessé depuis l’explosion au marché et depuis cet instant, je traînais l’une de mes pattes avec difficulté, bientôt en proie à une gangrène qui me ferait mourir dans d’atroces souffrances. Mon corps d’habitude résistant avait été trop affaibli par le voyage, par la faim et la soif, par la douleur. Balancer ma queue m’était devenu impossible, elle était ankylosée et je ne sentais que quelques légers picotements glaciaux et douloureux.

    Je secouai la tête et entendis la clochette, preuve de la présence à mon cou de la trousse que mon défunt maître m’avait donnée. J’avais eu peur, l’espace d’un instant, de l’avoir perdue.

    Je m’écroulai subitement. Je poussai un double gémissement, le fameux kaï-kaï onomatopéique. Puis me revint l’image de mon défunt maître me donnant l’ordre de me relever, d’accomplir la mission, ou si jamais… Si jamais je ne pouvais plus continuer, je devais absolument transmettre la trousse à celui que je jugerai capable de continuer cette quête.

        En me répétant son ordre, en me gavant de sa voix, je forçai sur mes pattes et me remis debout. Je n’avais plus le temps de choisir, pas le temps d’analyser le comportement d’un humain pour me poser les questions que mon maître avait répété :

        –– Est-il suffisamment bon pour avoir la trousse et continuera-t-il le chemin ?

    Je levai la tête, espérant y voir un de ces oiseaux, si proches du ciel, plus proches que je ne le serais jamais. Mais ils se faisaient rares, ils se cachaient, peut-être étaient-ils déjà tous morts et jamais plus ils ne m’enivreraient de leurs ballets aériens si synchronisés que mon esprit canin n’avait jamais pu saisir.

    Je fermai les yeux et tentai de me remémorer le visage de mon défunt maître ; je n’y parvins pas. Les seules choses qui vinrent furent le son de sa voix – le ton fort lorsqu’il ordonnait, le ton sec lorsqu’il grondait, le ton si doux lorsqu’il me cajolait – puis me revint son odeur si particulièrement douce.

    Une larme, j’en étais persuadé, se mit à couler le long de mon pelage. Mon défunt maître me manquait terriblement.

    Ma vie, sans lui… n’était plus qu’un souvenir que je ne faisais perdurer que dans l’unique but d’obéir à son ultime ordre.

    Puis ça me revient : cette trousse devait sauver le monde.

    Pas mon maître.

        Le monde.

    C’était son ordre.

    Et cela, c’était suffisant pour moi.

    Je soulevai mon museau et activai mes deux cents millions de cellules olfactives. Des odeurs, j’en perçus, allant de celle du sang d’un cadavre gisant non loin à celles d’aliments pourris. Heureusement je sentais tout de même l’odeur terriblement spécifique de la vie. J’aurais aimé sentir l’odeur corporelle de mon défunt maître, dans un ultime reniflement, mais plus jamais ce ne serait le cas.

    J’entendis, plus loin, un léger cliquetis qui me fit sursauter sur mes trois pattes valides. Plus loin, une lumière passa au travers des rideaux, dans une maison à l’air délabrée. La petite lampe stagna quelques instants, comme une luciole qui se prélasserait en illuminant le monde de son pouvoir luminescent hypnotique. Puis elle disparut. J’avançai un peu et poussai un gémissement de douleur : ma patte me faisait bien trop mal, la douleur envahissait désormais mon ventre et me forçait à me plier légèrement.

        Je me traînai jusqu’à la demeure, plein d’espoir. Elle se rapprochait lentement, je la voyais se dandiner à chacune de mes enjambées maladroites, elle ressemblait à mon maître, lorsqu’il m’appelait. Il avait toujours eu son air amusé, en tapant sur ses genoux dans l’espoir certain de me voir m’y jeter avec amour et maladresse.

    J’arrivai à la porte et poussai quelques jappements discrets. Je ne tenais pas à alerter le reste des survivants, s’il y en avait d’autres non loin. J’entendis quelqu’un grommeler avec indélicatesse. Je grattai frénétiquement la porte, créant rapidement des petits copeaux de bois. L’une de mes griffes céda et je poussai un couinement aigu, le sang se répandit sur le mur mais j’insistai, encore et encore. Je pensai à mon défunt maître. Il fallait que j’obéisse à son ordre, il fallait qu’il soit fier de moi, ou qu’il puisse être à cet instant.

    Lorsque j’entendis la porte se déverrouiller lentement, je m’écroulai.

    La joie, à ce moment, me tua presque, la douleur dans ma patte grimpa jusqu’à mon ventre, puis ma tête puis jusqu’au moindre centimètre de mon cerveau.

        Ma vie me quittait.

        Il était temps que je m’en aille.

    En quoi est-ce que je croyais en cet instant, pas grand-chose, si ce n’était en mon maître.

    Et je pensais :

    S’il vous plaît, quoi qu’il y ait, quoi que ce soit que mon esprit canin n’a pas la force d’imaginer, faites que je puisse le retrouver, que nous puissions à nouveau nous amuser comme les deux enfants que nous étions, cette jeunesse qui nous paraissait imperturbable, mais que ce monde nous avait volée.

    Ma vie me quittait.

    Je vis l’image de mon défunt maître.

    Les bras tendus, le sourire si sincère.

    Je fermai les yeux et poussai un long soupir.

    Je sentis quelqu’un me prendre dans ses bras.

    Il était affectueux.

    Je partis avec bonheur.

    2

    …Mr Darwerder…

    Je pris le chien entre mes bras frêles.

    Je me mis à papilloter.

        Envie de pleurer.

        De mourir.

    Je ne changerai donc jamais.

    Pourquoi avais-je si longuement hésité pour ouvrir cette foutue

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