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Je te dirai encore et encore: Un roman d'amour et de secrets de famille
Je te dirai encore et encore: Un roman d'amour et de secrets de famille
Je te dirai encore et encore: Un roman d'amour et de secrets de famille
Livre électronique195 pages1 heure

Je te dirai encore et encore: Un roman d'amour et de secrets de famille

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À propos de ce livre électronique

Une histoire familiale pleine de secrets qui empêchent Liana de vivre son amour.

« Toute une vie parfois ne suffit pas à prononcer une seule phrase. Il reste des mots enfouis au fond de la gorge, au fond de soi et que l’on ne parvient pas à déterrer. Des mots qu’on se répète continuellement, autour desquels on danse, on s’agite, on se tord sans jamais pouvoir les expulser. Des mots comme des enfants mort-nés. »
Quel est le rôle des secrets et des non-dits familiaux dans l’histoire de chacun ? Comment influencent-ils le cours d’une vie ? Sur une île, Liana, une jeune femme victime à son insu de quatre générations de non-dits, se bat pour vivre un amour interdit. Alors qu’elle affronte l’hostilité grandissante des insulaires, les terribles secrets de l’histoire familiale qui l’entravent, se dévoilent peu à peu. Parviendra t-elle à s’en affranchir et quel sera le prix de cette conquête de liberté ?

Découvrez, dans ce roman, l'histoire de Liana prête à tout pour dévoiler des secrets trop longtemps enfuis dans le passé. Mais tout a un prix...

EXTRAIT

La première fois que j’ai accosté ici, c’était il y a presque trois ans. Depuis la mer que je sillonnais depuis tant d’années, j’ai vu soudain cette île et j’ai voulu, plus que tout, m’y poser. Cette terre m’appelait. Je le sentais dans ma chair, intimement. Je m’y suis trouvé instantanément lié. C’était là un rivage qui m’appartenait, une voix me soufflait qu’à mon histoire il appartenait.
J’ai vu les oliviers, j’ai écouté leur chant. À l’un d’eux, je me suis adossé et j’ai laissé venir les images... C’étaient des images de sérénité. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas eu la sensation de respirer. Je retrouvais mon souffle et mes forces. C’était puissant, comme un torrent de bienfaits qui m’envahissait. Ces arbres m’évoquaient mon histoire et tous mes liens à la terre. Ils me disaient mes ancêtres qui en moi, un à un, s’éveillaient. Ils me murmuraient que je pouvais les laisser me guider.
J’ai alors traversé le village écrasé de soleil. J’ai remarqué tous les volets fermés. J’ai su immédiatement que j’aurais affaire à l’inhospitalité. Mais tu vois ma reine, cela ne m’a guère découragé. J’avais quelque chose à faire sur cette île et rien ne pouvait m’en détourner.
J’ai croisé des âmes tourmentées, des regards cireux, des visages pierreux. Quelques enfants aussi, dans les rues, qui riaient. C’était comme si la vie se débattait ici pour ne pas disparaître. La mer scandait sa menace de tout envahir. Cette île me ressemblait. C’était une survivante, une combattante de chaque instant. Je suis revenu sur mes pas. Je me suis rapproché du rivage et j’ai contemplé l’océan. Je me suis assis sur la plage et j’ai écouté ce que l’océan avait à m’apprendre. Il m’a dit qu’il pourrait m’attendre et que de repartir n’était pas une nécessité.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Catherine Montluc n’en est pas à son premier roman. Déjà publiée en 1997 ("Café-Fleur"), elle aime avant tout les mots et la musicalité de la langue. "Des mots pour soigner les maux" : elle en a fait son métier. Psychologue clinicienne, elle exerce à Paris dans le 15e arrondissement. À ses heures, musicienne et sculpteur, elle donne forme et voix aux émotions qui façonnent l’être.
LangueFrançais
Date de sortie11 sept. 2018
ISBN9782378774110
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    Aperçu du livre

    Je te dirai encore et encore - Catherine Montluc

    1

    Liana

    J’ai tant aimé ta peau, tant voulu ta peau. Peau tambour contre laquelle mon corps s’ébattait. Je n’avais pas compris alors la nature de notre lien, épousé en secret. Comment l’aurais-je pu d’ailleurs ? Il m’aurait fallu connaître, d’emblée, la puissance de ces liens de terre et de sang mêlés. Je n’en avais ni l’intuition ni l’immensité.

    J’éloigne les rumeurs de soufre qui tournent autour de nous. Ce sont des mots sales et acides qui nous sont jetés pour nous tourmenter sans répit et nous ronger les sangs. De sombres prophéties aussi qu’il nous faut conjurer.

    « Qu’ils aillent au Diable, elle, et son maudit amant », « C’était déjà comme ça dès son plus jeune âge, il n’y avait que le vice dans le regard de cette petite. », « On savait bien tous ici qu’elle ne nous apporterait que des ennuis. », « Qu’ils retournent plutôt d’où ils viennent, ce sera mieux pour tout le monde. Ils n’ont rien à faire ici, ni elle, ni lui. », « Dommage que la potence n’existe plus, moi je les aurais pendus haut et court les deux tourtereaux. »…

    Dans d’étranges danses, je m’épuise à chasser ces vautours qui planent sur nos âmes. Ils guettent sans ciller une fin attendue. L’air est lourd et vicié. Nous serons bientôt déchets retournant à la terre, de sang et d’os mêlés.

    Le monde gronde autour de moi. Tu n’es plus là pour l’entendre et c’est sans doute mieux ainsi. Ceux qui nous ont fait tant de mal, ceux du village d’en bas qu’il n’y a pas si longtemps encore je considérais comme des amis, prétendent que c’est ma folie qui t’a rendu au néant. J’aurais dû me méfier depuis le temps que je les voyais se détourner et parler dans mon dos. Ils m'ont toujours traitée comme une étrangère au fond, en dépit des efforts que j’ai faits pour m’intégrer sur cette île. Ils ont toujours cherché à m’humilier et à me mettre à part sans que je ne sache trop bien pourquoi. Ils aiment à répéter que ce qui est arrivé n’est que justice et qu’au fond, tu l’avais bien cherché. Les plus dangereux parmi eux crient même que tu brûleras en enfer. Ils lancent tant de mots en l’air sans savoir, des mots comme des meutes de chiens lâchés derrière leurs proies. Ils sont, je le sais, de cette humanité jalouse qui s’abat sur la vie de ses semblables pour la voler et la sucer jusqu’à la moelle, avec avidité. De nous, ils disent le pire, tu sais. Ce que je leur dirai moi, c’est qu’on ne déracine pas les arbres centenaires. Ils modifient à jamais la terre qu’ils ont habitée. Ils l’infiltrent jusque dans ses profondeurs et en changent patiemment la physionomie.

    Je revêts une robe rouge sombre pour affronter l’hostilité alentour. Elle est d’une étoffe dense, habilement tissée à la main, de ces ouvrages qui témoignent des longues heures passées à s’atteler à la tâche, le visage penché sur les milliers de fils à démêler, à tendre et à assembler. Tu me l’avais rapportée de ta terre natale, il y a quelques mois à peine.

    Cette robe, je la porterai telle une armure. Et j’irai ce soir, la tête haute, à travers la ville. J’irai les narguer, sans peur ni honte, et affronter un destin devenu impatient. J’aurais certes préféré continuer à me laisser bercer par le chant de notre intimité, mais puisque tu n’es plus là, il faut bien se rendre à l’évidence et accepter d’être jetés en pâture, salis, hais. D’autres l’ont été, ici même, avant nous. Tant de ragots circulent depuis des décennies sur cette île mesquine. Tant de médisances et de cruelle malveillance. Étrangement, je ne ressens aucune colère. Bien sûr, à y regarder de plus près, il y a cette violence sourde tapie au fond de moi... quelque chose d’assoiffé.

    Est-ce que tout aurait pu être différent et les événements tourner en notre faveur, si je n’avais enfanté il y a quelques heures un fils mort-né... ton fils ? Est-ce à ce moment précis que notre destin a été décidé, que sa sentence a été dite ? Le goût rance du sang afflue encore dans ma gorge. La blessure dans mon bas ventre, à jamais suintante.

    Après avoir délivré notre enfant et l’avoir recueilli tout contre ma peau, je n’ai pas pu desserrer l’étreinte autour de son corps. J’attendais encore son cri, un souffle de vie qui viendrait l’animer et le faire délicieusement tressaillir et se mouvoir sous mes doigts, mais rien n’est venu. Je le maintenais inerte contre moi. Il a fallu alors que tu me le prennes avec toute la force que tu possédais. Je me suis débattue comme une lionne pour le garder encore chaud sur mon sein. Il a fallu que tu te laisses griffer, gifler, mordre. Ces morsures, cette chair arrachée, c’étaient des morceaux de ma peine qui tentaient de se détacher de moi. Tu les as recueillis, un à un, du mieux que tu le pouvais, dans un hurlement sourd. Ta peau et tes cheveux se sont alors instantanément grisés. L’ombre, déjà, sur nos vies, penchée. C’est la dernière image que j’ai de toi. Personne ne me la prendra. Toi et ma peine épousée. Tu l’as bue comme une ciguë. Et puis, tout a basculé...

    Je me souviens de ton regard à cet instant-là, un regard comme un livre ouvert sur le passé, plein d’ombres et de langueurs. Un livre dont tu m’avais déjà conté un grand nombre de pages. J’écrirai les dernières pour que l’on n’oublie pas.

    2

    Liana, derniers instants dans la bâtisse

    Debout, depuis notre terrasse, je contemple les rangées d’oliviers qui descendent en pente douce vers la mer. Je crois aujourd’hui me souvenir que, lorsque tu avais quitté une première fois notre île il y a deux ans, j’avais vu leurs jeunes rameaux se tendre sur ton passage comme pour saluer ton départ. Et deux hivers plus tard, c’est de leur chant d’or et d’argent qu’ils avaient accueilli ton retour. J’en écoute aujourd’hui à nouveau le chuchotement au creux de mon ventre.

    Avant de partir, t’en souviens-tu Niala, tu avais passé des nuits entières sous ces arbres, mêlant ton souffle aux bruissements de leurs feuilles, enflant tes poumons de leurs fines particules d’air et d’eau. Ce sont eux qui, peu à peu, avaient diffusé en toi la nécessité de l’exil.

    « C’est ce soir qu’il me faut partir Liana. Je ne t’abandonne pas. Je reviendrai pour être auprès de toi, comme je l’ai toujours fait. À mon retour, je trouverai les mots qui me manquent aujourd’hui pour t’expliquer. Une si longue vie nécessite parfois de faire des retours en arrière pour mieux poursuivre son chemin. C’est moi qui pars ce soir mais ne doute pas que c’est aussi moi qui, chaque minute, t’attendrai. »

    Et, je t’avais laissé aller avec un courage insoupçonné. Deux hivers allaient ainsi passer, sans un signe de toi. Et puis un soir, la mer t’avait ramené sans bruit sur notre île.

    Cet exil t’avait changé. Tu étais devenu l’homme que tu promettais, celui que tu m’avais, depuis notre première rencontre, laissé deviner et espérer. Tu étais un guerrier. La vie n’avait eu de cesse que de te le rappeler. Et à ton retour, tout en toi disait la force retrouvée. Tu semblais avoir livré glorieusement bataille aux fantômes du passé. Tu étais parti pour cela n’est-ce pas : découvrir leurs vrais visages et les combattre, enfin à armes égales. D’avoir prononcé leurs noms t’avait permis de les terrasser.

    De ton exil, tu avais aussi rapporté d’autres voix porteuses de récits que je ne connaissais pas. Sans doute, étaient-ce celles qui, jusqu’alors, t’avaient tant manqué. Leur timbre retrouvé avait soutenu chacun de tes pas et ramené, plus fort et plus vaillant, jusqu’à moi.

    À mon tour aujourd’hui, je vais longer ces rangées d’oliviers pour un étrange voyage. Et peut-être nous verront-ils revenir un jour côte à côte, plus que jamais l’un à l’autre scellé ?

    Je vis mes derniers instants dans notre maison qui surplombe la mer. C’est une puissante bâtisse, solide, habitée. J’en connais mieux que quiconque chaque pierre, chaque interstice entre les dalles. La suée de ses murs aussi les jours de fortes chaleurs, comme des saignées pour guérir de maux mystérieux que l’on n’arrive pas à nommer. La pierre qui transpire nos vies et se déleste de trop lourds secrets.

    J’ai aimé m’y tenir avec toi. J’aurais tant voulu que cette enceinte calcaire puisse nous retenir l’un auprès de l’autre, quelques années encore. Elle s’élève telle une falaise, déchirant les eaux, effractant les vagues. Elle serait même, je le pressens, une tombe idéale, avec sa terrasse à ciel ouvert, avec les embruns de la mer qui entrent par chaque fenêtre... Alors, oui, nous aurions l’éternité. Je peux dire que j’y ai vécu heureuse et pleine. Je ne sais finalement si c’est moi qui l’ai habitée ou elle qui, progressivement, s’est édifiée en moi, dressant ses remparts contre la haine.

    Tu y as vécu en harmonie toi aussi Niala. Elle savait contenir tes colères, dissoudre ta rage, apaiser tes folles envies d’océan. Certaines maisons sont comme le ventre des femmes, elles donnent naissance à ceux qui y séjournent ; les nourrissent, les façonnent et les rendent au monde, revigorés, à chaque franchissement de seuil. La nôtre était de celles-là. Tu la nommais « L’enceinte ». Je n’en égalerai jamais les parois fertiles. Je n’enfanterai plus même la promesse d’un fils. Il vit en moi comme un fantôme désorienté. Il est d’innommables forces qui nous relient plus intimement aux morts qu’aux vivants... Cela, tu me l’avais confié quelques jours avant ton départ, et j’en avais alors naïvement ri. Aujourd’hui, tes mots résonnent dans cette cavité silencieuse, au cœur de la bâtisse, au creux de mon ventre outrageusement vide.

    Pendant plusieurs mois, tu as vécu à mes côtés à ton aise dans la bâtisse, entre ses murs de pierre et l’océan qui se déployait à perte de vue sous nos yeux. Mais je me souviens aussi de toi, ici, les tout derniers temps. Tu t’y mouvais comme dans une forteresse assiégée. Je pouvais voir mille flammes affoler tes yeux noirs. Ceux de la ville, ceux d’en-bas, avaient déjà commencé à s’écarter sur ton passage. Ils disaient que tu avais des yeux de chien fou, un regard qui les faisait te craindre, irrésistiblement.

    Il est vrai qu’ils n’avaient guère pris la peine de t’accueillir à ton arrivée sur l’île. Ils t’avaient d’emblée rejeté pour le même motif sans doute que moi je t’avais instantanément aimé. Certains hommes charrient avec eux les torrents d’une eau vive et menaçante. Tu étais de ceux-là. Ta présence, ils l’avaient instinctivement perçue comme un présage, un signe, une obligation à solder des dettes de vie depuis longtemps dissimulées. Un miroir posé sur des zones troubles. Bien sûr, ils n’ont pas d’emblée osé s’en prendre à toi, cependant quelque chose en toi les dérangeait, ravivant inéluctablement leurs peurs ancestrales, et au-delà, rampante, leur barbarie. J’ai

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