Ma vie avec Pablo Escobar
La première fois que je suis allée voir les terres que Pablo venait d’acheter, ce fut une expérience terrifiante. C’était un matin de février 1979. Dans le petit et fragile hélicoptère, il y avait une de mes sœurs, Gustavo Gaviria [cousin et bras droit d’Escobar] et sa femme. Après moins d’une heure de vol, nous avons atterri dans un champ boueux, si meuble que mes bottes se sont enfoncées. Pablo a dû venir m’en dépêtrer. J’étais furieuse, d’autant qu’il m’observait avec son regard malicieux. Nous sommes arrivés dans une maison paysanne perdue dans la jungle, basique, avec des fenêtres rouges, des murs blancs et un sol en ciment. […]
La faible lumière des bougies éclairait, derrière les étroites fenêtres, d’énormes insectes et des serpents, tenus à distance grâce à des boîtes de conserve remplies de diesel dans lesquelles se consumaient des mèches. Malgré cet attirail, j’ai passé une mauvaise nuit parce que l’endroit m’horrifiait. […] Le soleil est enfin apparu avant 6 heures du matin et j’ai senti que je respirais à nouveau. Où étais-je ? Pablo nous a expliqué qu’ils venaient d’acheter ce terrain de 850 hectares, avec Gustavo, pour la somme de 35 millions de pesos (820 000 dollars de l’époque). L’histoire qu’il nous a ensuite racontée ressemblait à un conte : une autoroute relierait bientôt Medellín à Bogotá, et cette région, Puerto Triunfo, deviendrait un centre touristique au cœur de la Colombie.
« Ces terres n’auront pas de prix, je t’assure, Tata. Il y a beaucoup d’eau, de montagnes, de jungle… C’est un paradis et tu apprendras à le connaître. »
Pablo semblait avoir réalisé le rêve dont lui avait montré un avis publié dans le journal , dans lequel ils proposaient à la vente une ferme dans la municipalité de Puerto Triunfo, tout près de la future autoroute Medellín-Bogotá. Il lui avait expliqué que cette région du centre du pays était très belle et avait un grand avenir.
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