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Curieuses histoires de noms de lieux devenus communs: Les origines linguistiques de Bermuda, Bikini et Siamois
Curieuses histoires de noms de lieux devenus communs: Les origines linguistiques de Bermuda, Bikini et Siamois
Curieuses histoires de noms de lieux devenus communs: Les origines linguistiques de Bermuda, Bikini et Siamois
Livre électronique272 pages1 heure

Curieuses histoires de noms de lieux devenus communs: Les origines linguistiques de Bermuda, Bikini et Siamois

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À propos de ce livre électronique

1er juillet 1946. Les États-Unis entament des essais atomiques sur l’atoll de Bikini. Quelques jours plus tard, un scandaleux maillot deux-pièces est présenté à la presse. La nouveauté fait l’effet d’une bombe. On l’appellera… bikini.

Il y a ainsi, dans la langue française, plusieurs dizaines de mots qui tirent leur origine d’un nom de lieu. Le bikini, le bermuda, le panama… Mais qui se souvient que l’eau de Javel fut fabriquée pour la première fois dans le petit village de Javel, aux portes de Paris ? Et que le corbillard servait à évacuer les morts de Paris à Corbeil ? Savez-vous que Limoges est devenue la ville des limogeages depuis que Joffre y a envoyé ses généraux en disgrâce ? Que le Siam a donné son nom aux frères siamois ? Que la cravate était l’écharpe des soldats croates ? Que la pils a été inventée à Plzen, en Tchéquie ? Et le rugby à Rugby ? Que Moka était autrefois le port du Yémen par où transitaient les précieuses fèves de café ? Que le phare doit son nom à l’île de Pharos, où fut construit le phare d’Alexandrie ? Que les bateaux-mouches étaient jadis construits dans le quartier de la Mouche, à Lyon ? Que l’on faisait ripaille au château de Ripaille ? Que les ploucs viennent de Plougastel, les hamburgers de Hambourg, les berlines de Berlin, et la toile denim… de Nîmes ?

En 45 textes courts et enlevés, voici raconté comment ces noms de lieux se sont imposés dans la langue française.

A PROPOS DE L’AUTEUR :

Christine Masuy est déjà l’auteur de Curieuses histoires de noms propres devenus communs, un recueil consacré aux personnages dont le nom est entré dans la langue française. Ce premier tome a reçu un bel accueil de la presse. « On y apprend tellement de choses qu’on a fini par lui consacrer toute une soirée sans voir le temps passer ! », s’exclame Le Journal de
Montréal. « Christine Masuy réussit le pari de montrer sous un autre jour quantité d’objets du quotidien dont on utilise le nom sans en connaître l’origine », constate Le Soir. Tandis que Le Figaro Littéraire parle d’un « aimable livre, aussi délicieux qu’érudit ».

EXTRAIT :

La pils, une belle blonde venue de Bohême
« Et pour nous, garçon, ce sera une pils ! » La pils est la blonde la plus prisée du monde. Mais qui sait encore que cette bière est née à Plzen, une petite ville entre Prague et Nuremberg...
Plzen fait aujourd’hui partie de la République tchèque. Autrefois, c’était l’empire austrohongrois et plus précisément la Bohême, une région réputée pour sa production de houblon. À Plzen, on boit donc de la bière depuis toujours… au nez et à la barbe de l’évêque qui a menacé d’excommunication toute personne qui produirait ou consommerait. Peu importe. Dès 1295, le roi de Bohême, Venceslas accorde le droit de brassage aux citoyens bourgeois de Plzen.
LangueFrançais
ÉditeurJourdan
Date de sortie2 mars 2015
ISBN9782390090809
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    Aperçu du livre

    Curieuses histoires de noms de lieux devenus communs - Christine Masuy

    Hautier

    LA PILS, UNE BELLE BLONDE VENUE DE BOHÊME

    « Et pour nous, garçon, ce sera une pils ! » La pils est la blonde la plus prisée du monde. Mais qui sait encore que cette bière est née à Plzen, une petite ville entre Prague et Nuremberg…

    Plzen fait aujourd’hui partie de la République tchèque. Autrefois, c’était l’empire austro-hongrois et plus précisément la Bohême, une région réputée pour sa production de houblon. À Plzen, on boit donc de la bière depuis toujours… au nez et à la barbe de l’évêque qui a menacé d’excommunication toute personne qui produirait ou consommerait. Peu importe. Dès 1295, le roi de Bohême, Venceslas accorde le droit de brassage aux citoyens bourgeois de Plzen.

    À l’époque, la bière est cependant de piètre qualité. À Plzen comme ailleurs, c’est un liquide brunâtre et trouble qui, en plus, surit rapidement. Il n’empêche, ce breuvage traverse les siècles jusqu’au début du XIXe.

    Un jour de février 1838, les citoyens de Plzen, excédés, marchent en rangs serrés jusqu’à l’Hôtel de Ville et déversent une trentaine de tonneaux de la bière locale sous les fenêtres des édiles. Ça suffit ! Cette bière est imbuvable ! Il est temps que cela change !

    Il faut dire que, depuis quelques années, la Bavière voisine produit un autre type de bière. Là-bas, au pied des Alpes, il fait évidemment plus froid. Et les brasseurs ont expérimenté une autre fermentation, avec d’autres levures, mais surtout à moindre température. Résultat : la bière est moins foncée, moins alcoolisée donc plus fraîche, et elle se conserve infiniment plus longtemps. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Allemands l’appellent ‘Lager Bier’ – lagern signifiant ‘stocker’.

    Les hommes préfèrent la blonde

    Les gens de Plzen décident alors de fermer toutes leurs petites brasseries pour créer ensemble une grande brasserie toute neuve et y produire de la Lager. Pour ce faire, ils recrutent un jeune brasseur bavarois : Josef Groll.

    Josef a 29 ans. Il vient d’une famille où l’on est brasseur de père en fils et il connaît donc toutes les techniques pour fabriquer une Lager de qualité. Oui, mais voilà… À Plzen, l’eau est beaucoup plus douce qu’en Bavière et les grains d’orge sont beaucoup plus clairs. Du coup, lorsque Josef Groll termine son premier brassin, sa bière ne ressemble pas exactement aux Lager de Bavière. Déception ? Oh non ! Cette bière est incroyablement limpide, merveilleusement dorée et elle affiche une belle mousse blanche. Nous sommes le 5 octobre 1842 et, grâce à un petit coup de pouce de Mère Nature, Josef Groll vient de mettre au point la bière bonde – celle que l’on appellera bientôt ‘la pils’.

    Très vite, on ne boit plus que cela à travers toute la Bohême jusqu’à Prague, puis à Vienne, à Paris… On raconte même que le pape, Léon XIII, s’en voit prescrire par son médecin pour faciliter sa digestion. En d’autres temps, souvenez-vous, il aurait risqué l’excommunication !

    La pils va s’imposer à travers le monde. Malgré cet immense succès, la brasserie de Plzen n’est guère reconnaissante envers Josef Groll. Au bout de trois ans, personne ne jugera utile de renouveler son contrat. Et il rentrera chez lui, en Bavière, dans la petite brasserie de son père. La pils continuera sans lui.

    Aujourd’hui, la brasserie de Plzen est toujours en activité. Elle a survécu à la Première Guerre et à la dislocation de l’Empire austro-hongrois, puis à la prohibition, à la Seconde Guerre, à la période soviétique, à la nationalisation… et elle est toujours là.

    Entre-temps, la ville de Plzen a vu naître une autre industrie : Skoda. Comme quoi, entre boire et conduire, il ne faut pas toujours choisir.

    LES PLOUCS, CES PAYSANS DE PLOUGASTEL

    Mais quel plouc ! Un plouc, c’est un péquenaud. Un idiot. Bref, c’est une insulte. À tout le moins, un substantif très péjoratif. La faute aux Bretons. Ou plutôt aux Parisiens qui méprisent les Bretons, ces paysans venus de Plougastel et des environs. Ils avaient pour cousine une certaine Bécassine…

    L’histoire commence à la fin du XIXe. Les paysans bretons n’arrivent plus à vivre de leurs terres. Bon nombre d’entre eux décident alors de partir pour se construire un meilleur avenir. Et comme le chemin de fer dessert désormais Brest, Nantes et Quimper, ils sont des milliers à prendre un aller simple pour Paris.

    À la veille de la Première Guerre mondiale, on estime que 200 000 Bretons sont installés dans la capitale. La plupart sont des gens rustres, qui ne parlent pas français. Les Parisiens les regardent avec dédain et condescendance, d’autant qu’ils constituent une main-d’œuvre bon marché et acceptent les tâches les plus ingrates. Les mieux lotis sont employés de maison. Les hommes jouent les cochers tandis que leur femme ou leurs filles travaillent comme servantes. Il n’y a pas de bon bourgeois qui n’ait sa petite bonne bretonne.

    Quand on demande à ces Bretons d’où ils viennent, c’est toujours de ‘Ploug… quelque chose’. Plougastel, Plougasnou, Plougenast, Plougonven, Plougonver, Plouharnel, Plouhinec… Il y a en Bretagne, dans le Finistère et les Côtes d’Armor, une septantaine de localités dont le nom commence par ‘plou’ – ‘plou’ signifiant simplement ‘paroisse’. Du coup, à Paris, les Bretons sont surnommés ‘les ploucs’ avec tout le mépris que cela suppose pour leurs racines paysannes et leurs habitudes un peu simples.

    L’attentat anti-Bécassine

    Ce mépris va être entretenu et renforcé par une héroïne de papier : Bécassine. En 1905, paraît un nouvel hebdomadaire pour fillettes : La Semaine de Suzette. Quelques jours avant la parution du premier numéro, un auteur fait défaut. La rédactrice en chef, madame Bernard de la Roche se retrouve avec une page vide. Elle a alors l’idée de raconter une bourde commise par sa petite bonne bretonne et de faire mettre cette histoire en images par un illustrateur de ses amis. Ainsi naît Bécassine.

    Avec sa robe de drap vert, son tablier blanc et sa coiffe, c’est une caricature de la brave Bretonne montée à Paris. Elle est gourde à souhait, ce que souligne ce surnom de ‘Bécassine’ – une bécasse étant, dans le langage courant, une jeune fille totalement niaise.

    Bécassine rencontre un énorme succès. D’abord dans La Semaine de Suzette, puis en albums (26 albums) jusque dans les années 50. Ce sont donc plusieurs générations de petits Français qui vont grandir avec cette image de la paysanne bretonne : brave fille, mais un peu stupide, à la fois simplette et candide quoique roublarde. C’est en fait une grande enfant puisque telle est l’image qu’ont les Parisiens de leur petit personnel de maison breton. Bécassine confirme donc à la France entière que les Bretons sont des ploucs.

    Au bout d’un moment, on l’imagine, les Bretons ne supportent plus ce genre de caricature. Et c’est ainsi que Bécassine est victime… d’un attentat ! En juin 1939, trois Bretons de Paris organisent un commando pour aller détruire sa statue de cire au Musée Grévin. Non, Bécassine n’est pas leur héroïne. Et encore moins leur cousine !

    Si vous passez par la Bretagne cet été, mieux vaut donc éviter toute allusion à Bécassine. Et plus encore à cette vieille histoire de ploucs…

    L’ALPINISME, UN SPORT NÉ DANS LES ALPES

    De quelqu’un qui gravit les Alpes, on dit que c’est un alpiniste. Mais s’il s’attaque ensuite à l’Annapurna ou à l’Everest, c’est toujours un alpiniste. Parce que c’est dans les Alpes qu’a commencé cette passion de la grimpette.

    Il y a 200 ans, très peu de gens s’aventuraient en montagne. Dans les Alpes, on croise bien sûr des bergers qui mènent leurs troupeaux pâturer dans ce que l’on appelle déjà ‘les alpages’, mais ces bergers ne prennent les chemins de la haute montagne qu’à la belle saison. Il y a aussi quelques chasseurs de chamois – la finesse de la peau de chamois étant très appréciée par les gantiers. Et puis, il y a des cristalliers, des chasseurs de quartz, les cristaux de roche qui sont vendus aux tailleries de Paris.

    Le chamois comme le quartz se moque éperdument des pentes et des crevasses. Il s’agit donc de métiers périlleux que seuls les gens du coin, très expérimentés, peuvent pratiquer. Et ils ne s’aventurent pas n’importe où… Aucun n’a jamais tenté de gravir le Mont Blanc. À l’époque, on le surnomme d’ailleurs ‘la montagne maudite’ tant ses glaciers sont impressionnants. Il se dit que, au sommet, la température peut descendre jusqu’à 40 degrés sous zéro. Ce serait pure folie que de vouloir monter là-haut.

    Mais il est un homme que le Mont Blanc fascine. Il s’appelle Horace-Benedict de Saussure. Il

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