Le Prophète et le Politique: L'évangile païen de Jésus Christ

Par Julien Benomar

Quelles sont les racines de la culture insurrectionnelle française ? Le peuple français est-il culturellement prédisposé aux soulèvements populaires ?
L’hypothèse proposée est celle d’une défiance réciproque : défiance des classes populaires envers leurs élites, convaincues que celles-ci les dupent, et défiance des élites envers le peuple dont ils ne comprennent plus les aspirations et les inquiétudes, affichant parfois, en réaction à cette incompréhension, une forme de distance pouvant être interprétée comme du mépris.
Mais quelle peut-être l’origine de cette double défiance tandis que la doctrine chrétienne du « aimez-vous les uns les autres » devrait trôner au firmament des valeurs de la France, ex-fille aînée de l’église ? Quelle est la cause profonde de ce phénomène ? Est-ce la modernité et la laïcité qui ont dépourvu la France de ses valeurs chrétiennes ou est-ce à l’inverse au sein de ses racines chrétiennes que le peuple français trouve la fougue de la contestation populaire, allant parfois jusqu’à l’insurrection ? 
L’objet de ce livre est de retracer, dans l’histoire du christianisme, les origines de cette défiance réciproque en portant un regard à la fois sur les causes anciennes mais aussi sur les conséquences modernes aux niveaux sociétal et culturel.
Du christ aux gilets jaunes, un parcours épique qui permet d’appréhender certaines causes des phénomènes contemporains à la lumière toujours éclairante de notre Histoire.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Julien Benomar est diplômé de Sciences Politiques de l’École des Arts & Métiers de Paris et est titulaire d’un doctorat en Sciences de Gestion de l’université Pars 1 Panthéon Sorbonne.
Il dirige le cabinet de conseil et d’évaluation Thésée Consulting dédié aux acteurs du développement et de l’action humanitaire parallèlement à des activités d’enseignement universitaire au sein notamment de la Sorbonne Business School et de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 16 déc. 2019
• ISBN: 9791037703279

Aperçu du livre

Préface

C’est une maladie naturelle à l’homme de croire qu’il possède la vérité¹

À l’heure où la fracture entre le peuple et ses élites apparaît irréconciliable, il semble important de se pencher sur l’origine de ce phénomène afin d’en favoriser la compréhension. Deux spécificités majeures caractérisent la France : ses racines chrétiennes et son appétence pour les confrontations civiles violentes. Y a-t-il un lien de cause à effet entre ses deux caractéristiques a priori contradictoires ?

La France, anciennement fille aînée de l’église, est-elle culturellement prédisposée à l’insurrection et aux soulèvements populaires ?

L’objet de cet ouvrage est de se plonger, sans dogme ni passion, dans les racines chrétiennes évoquées, afin de s’interroger sur leurs influences réelles sur notre société moderne et sur l’impact potentiel de ces valeurs sur la culture française parfois qualifiée d’insurrectionnelle.

Pour ce faire, un premier livre sera dédié à la présentation des principes majeurs du christianisme, ce qui permettra d’offrir un cadre explicite au contenu de notre propos. Un second livre présentera les différents évangiles en s’interrogeant sur leur cohérence et sur la possible coexistence de différentes écoles de pensée au sein même de la communauté des apôtres. Un troisième livre abordera la période cruciale du césaropapisme qui marque l’allégeance de l’Église apostolique à Rome, avec le risque d’une altération du contenu originel de la parole christique. Enfin, nous conclurons au cours du quatrième livre notre analyse de l’actualité du message christique et sa potentielle influence sur la culture insurrectionnelle française en passant en revue les différents principes explicités en début d’ouvrage, puis en proposant une analyse transversale et thématique sous forme de conclusion.   

Ci-après, la table des matières en guide d’itinéraire vers l’égarement².

Introduction

Là où tout a commencé… Là où tout finira ?

Résumé : Un projet de construction d’un 3e Temple est actuellement à l’étude à Jérusalem. Ce projet marque l’actualité de deux mouvements religieux importants : la religion juive et le protestantisme évangélique.

Il pose également la question de l’actualité du message religieux en général et christique en particulier, notamment en France, ex-fille aînée de l’Église. A-t-il été définitivement éradiqué par la modernité ou influence-t-il toujours subrepticement, par les valeurs véhiculées, notre société moderne ?

La reconnaissance récente, par l’actuelle première puissance économique, de Jérusalem comme capitale d’Israël laisse libre cours aux velléités de construction d’un nouvel édifice religieux : il s’agirait du troisième Temple de Jérusalem (cf. paragraphe suivant). Cette étape cruciale du judaïsme qui pourrait avoir lieu plus de trente siècles après l’émergence de cette croyance pose la question de l’actualité du religieux et du spirituel : les sociétés modernes prétendument laïques, à l’image de la France, sont-elles réellement libérées de toute influence religieuse ?

Un Temple qui s’inscrirait dans une lignée créée il y a 30 siècles

Deux Temples ont, en effet, déjà été bâtis à cet endroit. Le premier afin de protéger l’arche d’alliance, à savoir les dix commandements transmis par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï afin de fixer les règles de l’Ancien Testament (1-4), et aussi les fondements de la morale juive (5-10). Ce Temple fut construit à Jérusalem au Xème siècle avant notre ère sous le règne du roi Salomon, fils du roi David et fondateur de la tribu de Juda.

Il fut détruit au VIe siècle avant notre ère par l’armée de Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui cherchait à se saisir de l’arche d’alliance, d’essence divine. Il semblerait qu’un ingénieux dispositif de poulies, inspiré des systèmes de leviers égyptiens³, ait permis d’éviter le pillage babylonien par l’utilisation du poids des chapiteaux ornant les deux colonnes à l’entrée du Temple qui, en se tassant, propulsèrent l’arche d’alliance sous terre, hors de portée des envahisseurs.

Suivant la conquête de la terre de Judée par les babyloniens, le roi Nabuchodonosor tint l’essentiel du peuple juif en captivité jusqu’à ce que Cyrus, roi de Perse et victorieux des babyloniens autorisa la fin de la captivité et le logique retour en Judée des princes de Jérusalem et du peuple israélite qui allait bientôt devenir le peuple juif (se distinguant ainsi des Samaritains).

Ce retour favorisa la construction d’un second Temple de Jérusalem, en 516 avant notre ère (70 ans après la destruction du premier Temple) qui devint le lieu de culte majeur pour l’ensemble de la communauté juive.

Ce second Temple fut détruit en 70 après JC par le futur empereur romain Titus qui réprimait un mouvement de révolte du peuple juif. Cette destruction emporta le secret de la localisation de l’arche d’alliance qui ne fut jamais plus retrouvée. De nombreuses recherches ultérieures ont pourtant eu lieu, dont celle effectuée par une délégation des pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon (plus connus sous le nom de Templiers) en 1119, qui resta neuf années dans ce qu’ils appelaient le templum salomonis afin d’effectuer des fouilles dans les soubassements des ruines du Temple, probablement sans succès.

Un projet soutenu par deux prophéties antagonistes

Aujourd’hui, le projet de construction d’un troisième Temple est soutenu par une partie de la communauté juive⁴ se référant notamment à la prophétie du Temple d’Ezéchiel⁵ et par le mouvement Évangéliste américain devenu selon l’expression de Denis Lacorne⁶ « la forme la plus courante et la plus banale du protestantisme américain ». Ce mouvement est représenté par un tiers de la population américaine et est le courant religieux qui a connu la plus forte expansion outre-Atlantique depuis un siècle⁷. Ces partisans soutiennent que la création de l’État d’Israël en 1948 correspond, avec la construction du troisième Temple, à un accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament qui augurent le retour du Messie en Israël pour accomplir son règne millénaire après avoir converti au christianisme l’ensemble du peuple juif.

Selon Hal Lindsey⁸, auteur à succès puis conseiller au département d’État et au Pentagone, le rétablissement d’Israël ne fait pas de doute, annonçant l’imminent retour du Christ et la manifestation de l’Antéchrist qui s’affronteront dans un combat final dans la plaine d’Armageddon. Cette thèse, qui peut sembler pour le moins farfelue en Europe, constitue une croyance profonde pour des millions d’Américains et justifie certaines décisions de politique extérieure américaine et brésilienne au Moyen-Orient, dont notamment l’installation des ambassades respectives à Jérusalem.

C’est ainsi que, selon la vision des évangélistes, Jérusalem constitue le lieu où « tout a commencé et… où tout finira »… 

Qu’en est-il du message christique ? Quel futur Jésus souhaitait-il pour l’humanité ?

Une forme de réponse sera apportée par l’analyse au premier livre des quatre évangiles rendus nécessaires, contrairement aux autres religions monothéistes, par l’absence d’écriture d’essence divine. Mais au-delà des valeurs et principes préconisés, la question plus complexe et subtile