Réjane et le Jardin Secret: Saga l'antéchimère
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À propos de ce livre électronique
Des disparitions inexplicables au Jardin Secret : suivez le début des aventures que vécut Réjane, jeune femme paumée en quête de vérité. Découvrez l’univers passionnant de cette héroïne : sa détermination, son caractère qui se dessine au fil des pages, la découverte de sombres secrets, sa rencontre avec un clan de chimères… sur fond d’enquête. Une saga pleine de surprises.
Découvrez une enquête trépidante pleine de sombres secrets et de mystérieuses disparitions, avec le premier tome de cette saga surprenante !
EXTRAIT
- « Qu’avez-vous insinué en disant devoir me parler ? » insistais-je ouvertement.
Je devais absolument comprendre pourquoi cet homme sublime, qui se trouvait assis à pouvoir contempler de si jolies femmes, voulait me parler. Et quel sujet voulait-il aborder avec moi ?
- « Promettez-moi d’abord de n’en parler à personne. », m’avertit-il en me prenant la main.
J’eus un imperceptible mouvement de recul car je ne me dérobais pas, mais il le sentit et me libéra. Je remarquais alors qu’il portait une alliance, un anneau assez simple et discret, de couleur dorée. J’en fus choquée. J’étais sûre qu’il n’en portait pas lors de notre dernière rencontre. Je hochais la tête pour lui accorder mon silence sur son secret. Il me remercia à sa façon, avec ce tendre et délicieux sourire que je lui connaissais. Il entama son explication en me plantant un regard grave pour que je saisisse l’importance de ses propos.
- « Je ne suis pas un homme d’affaires. C’est une couverture, assez commune je vous l’avoue. J’enquête sur une série de disparitions et des suspicions de meurtres. Mes recherches m’ont conduit au Jardin Secret. »
Je tombais des nues. Jamais je n’avais imaginé telle situation, jamais je n’avais envisagé rencontrer un jour un enquêteur, et être moi aussi mêlée à une telle affaire. Ce n’était pas mon intention, mais à cet instant je voulais croire que Jonathan puisse m’aider. Mais je n’osais pas lui demander. En tout cas, pas tout de suite.
- « Je n’arrive pas à y croire. », admis-je.
- « J’ai autre chose à vous avouer, Réjane. »
À PROPOS DE L'AUTEUR
Née dans le Nord, Fabienne Delfosse est vite devenue une fervente adepte de la lecture et des films fantastiques. En 2018, elle termine le premier tome de son manuscrit Les aventures de Réjane au Jardin Secret. L’histoire plaît. Ainsi, les avis et commentaires la rassurent sur cette envie dévorante qu’elle a d’écrire.
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Avis sur Réjane et le Jardin Secret
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Aperçu du livre
Réjane et le Jardin Secret - Fabienne Delfosse
À mes premières lectrices,
Céline, Flavie, Amandine, et à
Damien pour son soutien.
Première partie
La rencontre
Je flottais. Je ne pesais rien, navigant librement dans les airs, voguant à ma guise, comme un voyageur en quête de la terre promise. Je n’avais aucune conscience du temps qui passait, je sentais la vie filer entre mes doigts.
Puis tout à coup, plus rien. Je fus rappelée à mon corps déchiré qui brûlait.
Accident
Le rythme m’éveilla. J’entendais les battements désordonnés de mon cœur, comme le trottinement agaçant de l’aiguille des secondes. Un, deux, trois… Sensation de froid. Glacée comme je l’étais, je ne sentais plus rien, ma propre présence m’était étrangère, inodore ; je ne ressentais pas la douleur que je savais tapie en moi ; n’entendais que la pluie et le martèlement de la vie dans ma poitrine. Ploc, ploc, ploc… Mes sens se réveillaient peu à peu, je respirais doucement. Je savais qu’il pleuvait, de ces légères averses froides qui vous font frémir à la fois de plaisir et de peur. Pluie fluette d’été ou promesse de violentes pluies d’orage ? Je ne savais même plus quel jour nous étions.
J’ouvris les yeux sur une faible lueur trouble. C’était comme un flou artistique, feu follet insaisissable, léchant les nuages gris d’un ciel terne. Presque lugubre, comme tableau, de ceux qu’il vous restait après une mauvaise nuit peuplée de cauchemars. J’avais même le goût âcre dans la bouche. Je pris une nouvelle inspiration. « Calme-toi », pensais-je. Il avait fallu que je me reprenne, ne serait-ce que pour me souvenir de ce qu’il m’était arrivé. J’avais mal, je le sentais au plus profond de moi, mon âme parlait des souffrances que mes sens ne percevaient pas encore. Cette fois, je pris une grosse inspiration…
La douleur, fulgurante et dévastatrice, m’alerta. Une preuve, s’il en était besoin, que j’étais en vie, même si tout mon corps criait des élancements que je tentais d’ignorer. Des images implacables et vivaces défilèrent devant mes yeux, et s’imposèrent à moi comme on pouvait s’accrocher à la vie, lorsqu’elle essayait de nous échapper. Un éclair de lucidité me rappela les évènements qui venaient de se produire. Deux aveuglantes lueurs, des crissements de pneus des roues qu’on s’évertuait à maîtriser. Les échos insupportables du klaxon affolé qui précédaient à un choc. Une catastrophe inévitable, un dénouement presque attendu… une émotion indescriptible surgissait lorsque vous affrontiez la mort. Mais je vivais. J’ignorais combien de temps encore dureraient mes souffrances, combien de minutes interminables devrais-je attendre avant de sombrer dans ce redoutable et effrayant vide que me paraissait la fin.
Brusquement, l’affolement surgit par vagues et s’installa insidieusement en moi, jusqu’à me comprimer les côtes, me couper le souffle ; et je rugis intérieurement de ma faiblesse, de mon insignifiante personne. L’être humain était si fragile. J’en éprouvais une gêne atroce, c’était incompréhensible ce que l’agonie avait de pitoyable. Cette inexplicable envie de défier le cours des choses, de vouloir se rebeller pour se relever et hurler son impuissance, son mécontentement, son envie de vivre.
Je me sermonnais intérieurement de ma réaction inutile. Personne ne serait venu, ne m’aurait entendue gémir, il n’y avait pas âme qui vive dans cette campagne, en pleine cambrousse comme se plaisaient à le dire mes amis. Il était vrai que j’étais coincée, entre ces deux bourgades qu’étaient Terse et Bellerive. J’étais perdue, à jamais perdue dans cet enchevêtrement de tôles froissées et brûlantes ; l’odeur vive et calcinante de chair me montait à la gorge et affolait mon rythme cardiaque. Dans mon introspection, je n’avais pas songé un instant à la possibilité que ma voiture eut pu m’achever dans une explosion ou un quelconque incendie. Je me souvenais vaguement avoir fait le plein de mon véhicule avant de partir vers un exode que je voulais salvateur. Se pouvait-il que mes derniers instants soient passés, entre mon examen corporel et mes interrogations futiles de vie et de mort ? Penser que mes derniers moments de lucidité auraient pu être ceux-ci gonfla tout mon être d’un souffle inexplicable et douloureux, qui me faisait monter les larmes aux yeux. Aurait-il pensé à moi ? Lui aurais-je manqué, aurait-il poussé jusqu’à avertir les autorités de mon absence ? M’aurait-il ignoré comme je l’avais ignoré ? Pour ne plus souffrir. Mon père avait tort, et je le lui avais prouvé brillamment, de surcroît. Je m’étais permis la pire des rebuffades qu’il pouvait endurer. Mais il l’avait cherché, j’avais enduré plus que nulle autre aurait pu supporter. J’avais tenu bon, et pris finalement la poudre d’escampette, sans un regret, sans un regard en arrière. Pas même sur le portrait de ma défunte mère ou sur lui, et ses agissements insupportables, ces incontrôlables excès de fureur qu’il me conservait. Je n’avais aucun regret, de l’avoir fui. Et c’était avec soulagement et légèreté que j’avais tourné la clé de contact et démarré ma voiture, cocon bleu nuit qui filait doucement dans la nuit. Sur la route, j’avais glissé vers la destinée que j’avais choisie, d’abord lentement ; puis plus promptement, avec la fluidité d’un aigle survolant sa proie dans les airs. C’était déconcertant de reconnaître que ce coupé sport, si familier et confortable, aurait pu devenir à cette heure mon funeste tombeau.
Je tressaillis et sentis comme une déchirure sanglante dans mon corps de femme meurtrie. Il se rappelait à moi comme il le pouvait. J’étais pétrifiée, si vulnérable de corps et si accablée de fatalité, que mon esprit n’interpréta pas tout de suite le bruit de graviers roulés qui me parvenait, au plus loin de mes facultés auditives… N’avais-je pas entendu des roues efficaces et rapides se diriger vers moi ? Ce doux son rassérénant que j’avais tant espéré : celui du secours, d’une aide. Était-ce la folie alors qui me guettait, je n’avais pas le souvenir d’une quelconque présence sur cette route insipide et pourtant effroyable. Car c’était comme cela que tout le monde semblait la connaître, suite aux innombrables accidents qu’elle engrangeait l’hiver, avec ses virages et ses nids de poule traîtres. Une route redoutable, qui vous faisait monter l’adrénaline quand vous osiez dépasser la vitesse réglementaire, une peur autre que celle que m’inspira mon illustre exécuteur… Je revis à cet instant précis l’énorme bahut, gigantesque d’horreur, alors que j’avais été dans l’expectative de son impact ô combien douloureux et présent. Cet énorme semi-remorque, aussi terne que le temps où était plongée la campagne environnante, en ce jour de mi-janvier, avait aussitôt après m’avoir envoyée valdinguer dans le décor, mystérieusement disparu. En effet, à ma reprise de conscience, alors que j’étais toute aussi retournée que ma voiture, aucun signe de lui, si ce n’était un lambeau de tôle gris acier brillant sur l’asphalte humide, sous un ciel enluné.
Je pressentis que quelqu’un arrivait avant de le voir de mes yeux, brouillés par les larmes de douleur et d’impuissance. Cela me rappela que je n’étais plus seule, qu’une aide bienvenue me rejoignait. Ce fait acheva de me sortir de la fébrilité de mes souvenirs. Une lumière plus forte que celle du feu me traversa les paupières, closes par la vivacité de sa clarté et de sa proximité. Je discernais avec peine la silhouette de mon sauveur. La torche m’éblouissant les yeux, un ange apparut par-delà de ce qui restait de ma vitre de portière. « Exactement », pensais-je aussitôt, « ce visage ne peut être que celui d’un ange ». Les traits volontaires et puissants n’en étaient pas moins fins et doux, comme le pourtour d’une figurine en porcelaine que ma mère m’avait offerte à mon seizième anniversaire. Je n’entendis pas distinctement ses premières paroles, qui furent sûrement motivées par l’inquiétude envers une personne gravement blessée, après un accident comme le mien. Inquiétude qui perçait de ses prunelles sauvages et magnifiques. Elles me semblaient telles deux pierres précieuses couleur jade, avec un petit quelque chose d’animal et une suavité pareille à du velours, deux splendides yeux luisants d’espoir et d’expectative. Naturellement, je ne pus articuler le moindre mot. Aucun son. Rien. J’entendis plus précisément la question que formulait cet Apollon et ses lèvres toutes aussi fantastiques.
J’acquiesçais distraitement de la tête et regrettais dans la foulée cet excès de zèle.
J’étais évidemment d’accord avec lui ; d’abord parce qu’il avait raison, il fallait que je ne sombre pas, je devais rester consciente ; ensuite, pour une raison vraiment surprenante, je voulais absolument profiter des courts instants qu’il m’était imparti de rester en sa compagnie. Après tout, je n’étais pas encore sortie d’affaire ; et si cela se pouvait, je n’étais pas sûre d’être en vie, j’aurais pu aussi bien être morte et fantasmer sur une hallucination totalement improbable, avec ce dieu vivant comme acteur principal. Oui, c’était bien ce à quoi j’avais cru en premier lieu, il me faisait penser à cet acteur trop beau pour être vrai : toujours fourré dans des machinations impossibles sur fond de guerre, au physique herculéen, brun de peau, mains puissantes, torse musclé comme sculpté dans du marbre, quelques scènes sulfureuses en plus et vous aviez de quoi rêver toute votre nuit… ou toute la vie. Vie qui en moi paraissait s’essouffler, pourquoi ? Pourquoi maintenant, alors que je venais de rencontrer celui dont toutes les femmes auraient voulu, ne serait-ce que pour profiter purement de sa beauté, au sens strict du terme, et tout ce que cela pouvait impliquer par la suite. Je ne me sentais vraiment pas prête à quitter ce monde, que je qualifiais pourtant de terrible et d’invivable quelques jours auparavant. Je n’étais pas prête à faire le grand saut dans le néant et la cécité, je ne voulais pas rejoindre aussi prématurément ma mère, la muse de ma vie. Je n’avais aucun moyen sûr et pertinent de lutter et de remporter ce combat, sans sortie de secours, sans destinée…
« Oui, je vous entends », aurais-je voulu répondre. Mais mes forces me quittaient et emportaient avec elles toutes mes aspirations, mes sensations. Je tentais en vain de