Bruno Monsaingeon
« Comme beaucoup d’autres, je m’étonnais qu’il fût encore en vie, à tel point que, dans mon esprit, il avait presque atteint un statut d’immortalité. qui n’appartenait qu’à lui. Et pourtant, c’est un sentiment de tristesse irrémédiable qui m’envahit à l’heure de l’ultime bilan. Sous la forme d’une interrogation qu’il est impossible de ne pas se poser à son sujet : a-t-il vraiment accompli les dons étincelants qui furent les siens ? Et d’ailleurs, le souhaitait-il ? Le génial rhapsode qui a laissé, jeune, des enregistrements prodigieux des concertos de Stravinsky, Bartok ou Sibelius, possédait-il la cohérence de pensée, et les autres ingrédients indispensables qui font l’interprète des grands classiques? On ne peut malmener la structure rythmique des partitions de ces derniers comme on le ferait, en se mesurant aux convulsions acrobatiques des concertos de Paganini et Wieniawski. En fin de compte, la trace, indélébile, qu’il laissera, ne se trouve pas dans la musique, au sens sacré du terme, mais dans l’histoire de l’instrument magique qu’est le violon. »
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