ON LE RETROUVE, au téléphone, reposé de pouvoir enfin parler français, harassé mais prévenant. En fond sonore, une étrange mélopée, comme des sirènes enchanteresses: des singes hurleurs festoient, dans une jungle édénique, où nous avouet-il, “des arbres poussent sur des arbres”. Lové dans une corde d’abondance, au coeur de la forêt mexicaine, il tourne Madame Webb, mastodonte du studio Marvel, où il partage l’affiche avec Dakota Johnson (vue dans Cinquante Nuances de Grey) et Sydney Sweeney, tête de proue de la série Euphoria. Pour ce rôle, plus que jamais, il “enfile son pyjama d’enfant rêveur”. Figurine tout droit sortie du coffre à jouets, il savoure la prodigalité des grands studios, conscient que sa passion est une bénédiction: “Je ne serais jamais venu là sans le cinéma, qui magnifie ces lieux mythiques. Tout à l’heure, j’étais au bord d’une cascade de quarante mètres de haut. Je pratique ma passion comme un touriste. C’est insensé, je m’éclate!”.
Qu’il soit au fin fond de la jungle ou dans l’automnal. Avant Marvel, il y a eu Ridley Scott, réalisateur légendaire de ou , et sa version de , avec Joaquin Phoenix dans le rôle-titre. Tahar Rahim y interprète Paul Barras, figure méconnue qui a mis le pied à l’étrier au futur empereur. Du tournage, il garde le souvenir grisant de ces “caméras partout, certaines même implantées directement dans le décor”, et où “il faut jouer plusieurs fois la scène dans sa tête avant d’entrer, car chez Ridley Scott, il n’y a que deux prises”. La grosse machine hollywoodienne pourrait l’effrayer; au contraire, on le sent d’une confiance absolue, sûr de ses choix et des conséquences de ceux-ci.