Deux cancres en liberté - TOME 2
Par André Sylvestre
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À propos de ce livre électronique
Chers lecteurs, que le rire soit avec vous et dans votre esprit pour les siècles des siècles. Amen.
Le Frère André
André Sylvestre
Passionné de lecture depuis toujours, je suis passé de la BD aux sciences, histoires, romans, biographies. Co-auteur d'une BD en 2016 et plusieurs débuts d'histoires non complétées. Un temps d’arrêt m’a enfin permis de trouver mon créneau…faire rire avec L'histoire en perles suivie de Deux cancres en liberté. Après avoir découvert la passion de l'écriture, c’est impossible de s’arrêter et j’ai encore plein de choses à vous raconter.
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Avis sur Deux cancres en liberté - TOME 2
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Aperçu du livre
Deux cancres en liberté - TOME 2 - André Sylvestre
Partie 1
Chapitre 1
Il y a quelques semaines, au début de la période post-confinement, donc avant le reconfinement, j’ai réussi à m’extraire de ma longue hibernation imposée pour aller humer l’air frais de la promenade Bellerive tout en dégourdissant mes vieilles jambes ankylosées par quatre mois d’inactivité.
Pour ceux qui ne connaissent pas ce petit paradis, sachez qu’il s’agit d’une sinueuse piste piétonnière et cyclable qui longe le majestueux fleuve Saint-Laurent entre l’avenue Georges-V à l’est et la rue Liébert à l’ouest au sud de la rue Notre-Dame, un peu à l’est du tunnel Louis-Hyppolyte-La Fontaine.
Je profite de l’occasion pour remercier les instances municipales de Montréal qui ont eu un jour la brillante idée d’aménager en parc public cet ilot magnifique, fréquenté par une importante population. On y retrouve d’innombrables bancs, des tables à pique-nique favorisant les rencontres, les jeux, les repas entre amis ou en famille, prisés par une diversité culturelle qui utilise les aménagements de façon presque optimale et où il règne une atmosphère en général respectueuse et très agréable.
Donc, je marchais à un rythme lent, humant l’air vivifiant, savourant la douce lumière du soleil filtrée par les arbres longeant le sentier. Un magnifique ciel bleu parsemé de nuages cotonneux blancs, bref, une journée comme les nordistes que nous sommes savent apprécier à la fin d’un long hiver, et plus particulièrement cette année avec le confinement et la distanciation.
Après un certain temps, mes jambes me signalèrent un désir de repos. Devant moi, une quinzaine de tables à pique-nique, toutes occupées, sauf une. Elle me tentait moins parce qu’à moins de trois mètres de distance, il y en avait une occupée par deux jeunes qui semblaient avoir une discussion animée. Fatigue oblige, je m’y rendis donc et m’écrasai sur le banc, heureux de prendre ce repos bien mérité. Je choisis le côté donnant une vue sur le fleuve et son activité fluviale et portuaire.
Un vieux cargo passait bruyamment dans le chenal, balisé de bouées vertes ou rouges, fendant l’eau avec son étrave bombée. Je me mis à penser aux premiers habitants qui ont connu le bonheur de naviguer en canoë d’écorce sur ces eaux, jadis cristallines, à une époque où les berges du fleuve étaient façonnées de façon naturelle et où le chenal n’était pas balisé de bouées aux lumières clignotantes… Je rêvais du bruit « assourdissant » que devait générer le mouvement des avirons animés par des bras musclés, et à la diversité faunique de l’époque sûrement moins effarouchée qu’aujourd’hui. J’en étais là à rêver de la cohabitation harmonieuse qui devait régner entre la faune, la flore et les Amérindiens avant l’arrivée stressante et dérangeante de ce que nous appelons aujourd’hui la civilisation et sa quête insatiable d’espace à occuper et d’air à polluer.
L’effet calmant de ma rêverie fut soudain troublé par la discussion animée des deux gars dans la jeune vingtaine qui occupaient la table voisine. Ils ne semblaient ni agressifs ni conscients du ton un peu élevé de leur discussion. Je fus incapable de retourner à ma rêverie à cause du son dérangeant de la conversation qui m’imposait, à mon corps défendant, d’entendre et de comprendre de quoi il retournait.
À ma grande surprise, le sujet portait sur un texte que j’avais pondu et publié quelques mois auparavant. Il s’agissait du chapitre relatif à Youri Gagarine dans mon essai « l’Histoire en perles ». Pour bien vous situer, ces deux jeunes hommes avaient une discussion animée sur le potentiel incroyable de la découverte mentionnée dans mon exposé historique plutôt loufoque, je l’avoue.
Mine de rien, j’ouvris mon téléphone, le plaçai sur la fonction enregistrement et je fis semblant de poursuivre ma rêverie après l’avoir discrètement placé le plus près possible de la conversation sans éveiller les soupçons.
Autant vous dire tout de suite que j’ai un peu restructuré les phrases dans la transcription pour les rendre compréhensibles dans un français acceptable. J’ai aussi extrait les mauvais mots et rendu plus tolérables les expressions parfois vulgaires par manque de vocabulaire.
Voici donc la teneur de cette discussion :
—… et toi, tu en penses quoi de cette histoire ?
—Je suis convaincu qu’elle est plausible. Un auteur qui s’appelle frère André, ça ne peut pas faire autrement qu’être crédible. Bien dit, pensais-je.
Bon point. Je pense que tu as raison. Mais le nom doit sûrement être un pseudonyme parce que le vrai frère André est mort en 1937.
—Oui, je connais l’histoire. Son vrai nom était Alfred Bessette, fils d’Isaac Bessette et de Clothilde Foisy, né le 9 août 1845 à Saint-Grégoire d’Iberville et baptisé par l’abbé Pierre-Albert Sylvestre dans la chapelle de la paroisse quelques jours plus tard.
—Wow ! Tu as une sacrée mémoire.
—Pas vraiment, j’ai fait une présentation orale sur le sujet dans mon cours « Éthique et Religion » quand j’avais 16 ans.
—Hum ! Je ne savais pas qu’il y avait des cours d’éthique et religion à l’école…
—Ben voyons donc… Nous n’étions pas dans la même classe, mais nous allions quand même à la même école, non ?
—Oui, oui… mais tu sais, j’ai sauté des cours souvent.
—As-tu ton diplôme d’études secondaires au moins ?
—Pas encore, mais j’y travaille.
—Ben voyons donc, tu viens d’avoir 23 ans et tu n’as pas encore terminé ton CÉGEP ?
—Ben, écoute, j’ai passé la moitié de mon temps, soit en retenue, soit au bureau du directeur de discipline. Il poursuivit sur un ton ironique, c’était mes matières fortes, mais il n’y avait pas d’examen là-dessus dans ce temps-là…
J’avais envie de pouffer de rire, mais j’ai pu me retenir à temps et l’autre gars…
Bon, pour faciliter la transposition de l’histoire, je vais les baptiser. Celui qui me semblait le plus intelligent sera Paul, et l’autre Jean.
L’autre gars, maintenant devenu Paul, regarda Jean avec de gros yeux dans lesquels on pouvait lire l’incrédulité et le découragement. Un coup d’œil sur mon téléphone confirma que l’enregistrement était toujours actif. Paul poursuivit néanmoins…
—Bon, continuons notre intéressante discussion sur le carburant identifié par l’ancêtre de Wladimir dans l’histoire de Youri Gagarine rapportée par le frère André. Le livre certifie que Gagarine aurait été propulsé dans l’espace par la plus grosse flatulence de l’histoire de la Sibérie en 1961.
—C’est ça, et en plus, il n’était pas à bord de la fusée Vostok 1 comme l’a prétendu l’URSS*, mais emprisonné, inconscient, dans une tête de silo absolument pas destinée à conquérir l’espace.
—Tu as raison. C’est bien ce que j’ai lu aussi. J’ai aussi bien retenu la mise en garde sur le danger que la découverte soit exploitée par des gens avides de profits dans le but d’asservir les populations.
—Écoute Jean, je connais un professeur parfaitement intègre qui pourrait nous aider à développer ce projet à la condition que nous lui brossions un tableau exhaustif *du nouvel avenir de la planète avec ce nouveau combustible.
—Je pense que tu as raison. On ne peut pas aller le voir avec une hypothèse, mais avec quelque chose de concret, de logique et de réalisable. Donne-moi une idée de ton plan.
—Ok Jean. Je te donne un point de départ à partir duquel on peut développer. Le monde a besoin d’un carburant non polluant, renouvelable, inépuisable, disponible en abondance, compatible avec tout ce qui requiert actuellement du pétrole comme moyen de propulsion ou de chauffage, et à bas prix. Je pense qu’avec une telle découverte, on peut faire l’unanimité.
—C’est un excellent point de départ, mon Paul. Mais comment on fait ça ?
—Tu es conscient qu’on parle des gaz dégagés par les excréments humains. Non ?
—Absolument. Je me sens très à l’aise avec le sujet. Vois-tu, j’ai une longue expérience là-dedans.
—Vraiment ?
—Oui. À l’école, j’étais souvent dedans et je m’en suis toujours sorti…
Exhaustif : Qui épuise complètement un sujet, une matière.
URSS : Union des républiques socialistes soviétiques.
—Ouais, mais à première vue, ce n’est pas évident. Sans vouloir t’offenser, disons que tu n’as pas l’étoffe d’un grand scientifique mon Jean.
—Je comprends ton point de vue, mais je suis rarement tombé sur des sujets qui m’intéressaient comme celui-là. Tu vas voir que je peux être très créatif lorsque le sujet m’interpelle.
—OK. Pour provoquer des gaz, il faut brasser le produit. Pour récolter beaucoup de gaz, il faut une grosse quantité d’excréments humains qu’on va baptiser popcorn.
—Pourquoi ?
—Parce que c’est un sujet délicat et que ça fait moins vulgaire si on dit popcorn.
—OK pour le popcorn donc. Hey, j’y pense là, le frère André a consacré un chapitre au Plan Nord.
—C’est vrai, poursuivit Paul. Il y a même fait allusion dans le chapitre consacré à Jacques-Cartier. Le premier ministre voulait développer un grand territoire inoccupé, riche en minerais, dans ce vaste espace. Il souhaitait octroyer des droits d’exploitation miniers à des entreprises en échange d’une contribution déterminée par contrat. Mais il a été battu aux élections et les visées du Plan Nord ont été activées frileusement par les gouvernements subséquents.
—Exactement, Jean. C’est le seul endroit au Québec où on pourrait créer une gigantesque fosse septique chauffée et brassée sans déranger les citoyens.
Avec l’aide du professeur, on pourrait construire une raffinerie qui nous permettrait de récupérer et de stocker les gaz.
—Wow ! Paul, c’est bien beau tout ça, mais ça va coûter une fortune en matériaux et en main-d’œuvre pour construire une telle entreprise. Il n’y a même pas de route pour se rendre dans ce coin-là. Où on va prendre les capitaux ?
—Au gouvernement, mon Jean. Ouais, au gouvernement.
—C’est bien beau ça, Paul, mais comment on va s’y prendre pour lui vendre notre salade ?
—Bonne question. On va essayer de la développer. Voyons ce qu’on sait déjà : Les fèves au lard et la vodka sont une mixture explosive. La preuve, douze gars qui tournent en rond dans un silo après avoir pris cette mixture ont tendance à avoir des flatulences à répétition et en nombre suffisant pour produire une explosion capable de propulser un silo dans l’espace.
—Oui, Paul, d’après l’histoire du frère André, douze gars qui tournent en rond, ça fait autant de bruit que du popcorn dans un micro-ondes, sauf que ça sent moins bon et que ce n’est pas mangeable.
Un peu irrité par l’interruption, Paul dit à Jean :
—Ce n’était pas nécessaire de m’expliquer ton image mentale.
—Ben, je disais ça comme ça, là, répondit Jean avec un air faussement piteux.
Ils étaient vraiment drôles, mes voisins. À ce moment, j’ai dû me mordre les lèvres pour ne pas rire de l’image mentale que ce commentaire faisait naitre dans ma tête. Un vrai spectacle burlesque*.
Paul poursuivit :
—On sait aussi que c’est le feu qui provoque l’ignition de cette concentration de gaz. Il faut donc trouver