Le Journal du dimanche

Cachez ces fréquences que je ne saurais voir !

Mille fois merci à toi, ô Rima Abdul Malak ! Que le lumineux sentier du totalitarisme soft qui t’a fait ouvrir la bouche ce matin du 9 février sur France Inter à propos des fréquences télé décrétées conformes ou pas soit sanctifié ! Que tes chastes lunettes – ces fenêtres sur cour de la vigie des consciences – à jamais soient béatifiées Ô ma Rima Abdul-Jabbar, que tu as dunké profond ce matin-là ! Depuis le temps que j’attendais une nouille progressiste assumer d’une façon si décontractée un projet totalitaire ! Béni soit le ventre qui nous a accouché aux aurores radiophoniques les mots de Staline dans un sari de Gandhi ! Passer cinq minutes à expliquer qu’on pourrait retirer sa fréquence à une chaîne au nom de la liberté et du pluralisme ? On n’a pas fini de nettoyer le verre du panier brisé que par ton dunk tu as causé ! Les politiques ont d’ordinaire les dents qui rayent le parquet, les tiennes savent mâcher des nourritures autrement plus digestes. La langue de bois, ce n’est pas pour toi, et jamais on n’avait essuyé aussi peu de sciure sur la table d’une matinale ! Hélas, le principe d’un moment de grâce étant qu’il ne dure pas, sitôt tes épanchements staliniens au sujet de certains médias passés, quand on t’a interrogée sur d’autres, chassez la langue de bois et le copeau revient au galop ! Je ne te cacherai pas, ô Rima, que si j’avais un jour fait une demande de naturalisation pour rejoindre la France – ultime zone de pensée juste et vraie dans un océan d’opinions délictuelles –, cela aurait été dans le seul but de décrocher ton poste et d’y affirmer avec la même décontraction des élans absolutistes ! Après tout, après la Franco-Libanaise à la Culture, la Franco-Sénégalaise au porteparolat du gouvernement, pourquoi pas un Franco-Yougo de mon espèce aux commandes d’un ministère que j’aurai sobrement dénommé « ministère de mes Goûts persos à moi ? » Je m’en étais même ouvert à des amis qui, inquiets, m’ont demandé : Et moi de répondre du tac au tac : J’aurais « sanctuarisé » au sens propre la culture, c’est-à-dire transformé la chose en immense cimetière tant l’idée d’une culture sous tutelle m’est insupportable. J’aurais rendu au mot « intermittence » toute sa noblesse en envoyant de manière parfaitement intermittente subsides, droits au chômage, allocations diverses et variées, jamais plus élevés que 10 euros, selon mes caprices, mes humeurs, au hasard, à la manière d’une tombola imaginaire ! Que de grands projets j’avais, mais hélas tu m’as précédé… Désormais le pionnier c’est toi, et tu resteras l’étalon mètre de tout ce qui viendra après. C’est un combat perdu d’avance. On ne peut pas lutter contre quelqu’un dont le fait d’armes sur un CV se résume à la ligne « présidente de l’association clowns sans frontières ». Respectueusement.

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