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Chacun son tour (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 8)
Chacun son tour (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 8)
Chacun son tour (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 8)
Livre électronique517 pages6 heures

Chacun son tour (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 8)

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À propos de ce livre électronique

David et son maître intervertissent un certain temps leur rôles à la demande du Grand Maître. Ils ramèneront sur Terre un homme qui a été assujetti sur Gekihen grâce à un tokmak, un animal qui a envahi et contrôlé son cerveau pendant des années jusqu'à en faire perdre à l'homme toute liberté de choix. David sauvera la vie du double de Gabriel.

Chapitre 1. Liberté de choix
Chapitre 2. Demande spéciale du Grand Maître
Chapitre 3. Mon élève nommé Greg Arsh
Chapitre 4. Suite de l’interrogatoire
Chapitre 5. Les rats
Chapitre 6. Le sort de Gabriel en question
Chapitre 7. Servitude publique
Chapitre 8. Discussion avec le Grand Maître
Chapitre 9. Punition
Chapitre 10. À mon tour
Chapitre 11. Les oiseaux et le synthétiseur vocal
Chapitre 12. Don
Chapitre 13. Maître Zhang
Chapitre 14. Entraînement physique
Chapitre 15. Sipho
Chapitre 16. Lisa
Chapitre 17. Questions d’automatisation
Chapitre 18. Difficultés de négociation
Chapitre 19. Maître Zhang et Sipho
Chapitre 20. Moïra
Chapitre 21. Damien et monsieur Drayber : l’arrivée
Chapitre 22. Travail bureaucratique de monsieur Drayber
Chapitre 23. L’enfer de la liberté de pensée et de choix
Chapitre 24. Tokmak et androserviteur
Chapitre 25. Gabriel numéro 2
Chapitre 26. Le Kipas
Chapitre 27. Rencontre avec Don
Chapitre 28. Dans la chambre de Maître Mestari
Chapitre 29. Révélation du Grand Maître
Chapitre 30. Mon frère Don
Chapitre 31. Greg et Monsieur Drayber
Chapitre 32. Tâches et apprentissages
Chapitre 33. Fin de l’inversion d’autorité
Chapitre 34. Reprise de pouvoir et le dragon de Zatvor
Chapitre 35. Réflexion
Chapitre 36. L’Histoire de Maître Mestari
Chapitre 37. Explications
Chapitre 38. Confiance
Chapitre 39. Ma vie à Éden
Chapitre 40. Cours de pilotage en conditions extrêmes
Chapitre 41. Données historiques sur un sauvetage
Chapitre 42. Problèmes de sécurité
Chapitre 43. Débuts difficiles pour Nicole
Chapitre 44. Tireur
Chapitre 45. Incendie
Chapitre 46. Nestor et ses amis
Chapitre 47. Ala
Chapitre 48. La fin de ma formation et des ennuis pour Don
Chapitre 49. Rencontre avec Dennis
Chapitre 50. Rencontre de maître Arsh et de Dennis
Chapitre 51. Retour de Dennis
Chapitre 52. Entraînement de Dennis
Chapitre 53. Chez la consule Dreki
Chapitre 54. Formation érotique
Chapitre 55. La naissance d’Angel
Chapitre 56. Max et Isila
Chapitre 57. Paternité
Chapitre 58. Visites amicales et familiales
Chapitre 59. Préparation à l’épreuve d’accession

LangueFrançais
ÉditeurDanielle Tremblay
Date de sortie3 mai 2020
ISBN9782924400081
Chacun son tour (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 8)
Auteur

Danielle Tremblay

FRANÇAIS :Danielle Tremblay complète ses études collégiales en informatique au Cégeg de Chicoutimi en 1973. Elle possède également deux attestations d’études collégiales du Cégep de Jonquière, l’une en techniques de la documentation (1984), l’autre en techniques de micro-informatique (1994). De 1984 à 2012, année de sa retraite, elle travaille comme technicienne en bibliothèque pour diverses institutions à Chicoutimi, dont les neuf dernières années au Conseil national de recherches du Canada. Elle a remporté en 1981 le concours littéraire La Plume saguenéenne dans la catégorie science-fiction pour sa nouvelle «Cosmose», le second prix du concours du meilleur texte de trois pages du module des lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1988 et le premier prix de ce même concours en 1989 pour «La Lettre d’adieu». En 2011, elle gagne le premier prix du concours littéraire de science-fiction Ascadys avec sa nouvelle «Adam et Ève». L'année suivante, elle publie son premier roman, «Pas de paradis sans... l’enfer» tome 1. Depuis, elle n'a pas cessé d'écrire sous son vrai nom et sous un nom de plume.--------------ENGLISH:Danielle Tremblay completed her college studies in computer science at Cégeg de Chicoutimi in 1973. She also holds two attestations of collegial studies from the Cégep de Jonquière, one in documentation techniques (1984) and the other in microcomputer techniques (1994). From 1984 to 2012, the year of her retirement, she worked as a library technician for various institutions in Chicoutimi, including the last nine years at the National Research Council of Canada. In 1981, she won the literary competition La Plume saguenéenne in the science fiction category for her short story "Cosmose", the second prize in the competition for the best three-page text at the Université du Québec à Chicoutimi in 1988 and the first prize in the same competition in 1989 for "La Lettre d'adieu". In 2011, she won the first prize in the Ascadys science fiction literary competition with her short story "Adam et Ève". The following year, she publishes her first novel, "Pas de paradis sans... l'enfer" volume 1. Since then, she hasn't stopped writing under her real name and a pen name.

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    Chacun son tour (Pas de paradis sans... l'enfer, vol. 8) - Danielle Tremblay

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    Published by Danielle Tremblay at Smashwords

    Copyright pour la première édition en 2015 et la 2e en 2025 Danielle Tremblay

    ISBN: 978-2-924400-08-1

    Table des matières

    Droits d'auteur

    Chapitre 1. Liberté de choix

    Chapitre 2. Demande spéciale du Grand Maître

    Chapitre 3. Mon élève nommé Greg Arsh

    Chapitre 4. Suite de l’interrogatoire

    Chapitre 5. Les rats

    Chapitre 6. Le sort de Gabriel en question

    Chapitre 7. Servitude publique

    Chapitre 8. Discussion avec le Grand Maître

    Chapitre 9. Punition

    Chapitre 10. À mon tour

    Chapitre 11. Les oiseaux et le synthétiseur vocal

    Chapitre 12. Don

    Chapitre 13. Maître Zhang

    Chapitre 14. Entraînement physique

    Chapitre 15. Sipho

    Chapitre 16. Lisa

    Chapitre 17. Questions d’automatisation

    Chapitre 18. Difficultés de négociation

    Chapitre 19. Maître Zhang et Sipho

    Chapitre 20. Moïra

    Chapitre 21. Damien et monsieur Drayber : l’arrivée

    Chapitre 22. Début du travail bureaucratique de monsieur Drayber

    Chapitre 23. Liberté de pensée et de choix

    Chapitre 24. Tokmak et androserviteur

    Chapitre 25. Gabriel numéro 2

    Chapitre 26. Le Kipas

    Chapitre 27. Rencontre avec Don

    Chapitre 28. Dans la chambre de Maître Mestari

    Chapitre 29. Révélation du Grand Maître

    Chapitre 30. Mon frère Don

    Chapitre 31. Greg et Monsieur Drayber

    Chapitre 32. Tâches et apprentissages

    Chapitre 33. Fin de l’inversion d’autorité

    Chapitre 34. Reprise de pouvoir et le dragon de Zatvor

    Chapitre 35. Réflexion

    Chapitre 36. L’histoire de Maître Mestari

    Chapitre 37. Explications

    Chapitre 38. Confiance

    Chapitre 39. Ma vie à Éden

    Chapitre 40. Cours de pilotage en conditions extrêmes

    Chapitre 41. Données historiques sur un sauvetage

    Chapitre 42. Problèmes de sécurité

    Chapitre 43. Débuts difficiles pour Nicole

    Chapitre 44. Tireur

    Chapitre 45. Incendie

    Chapitre 46. Nestor et ses amis

    Chapitre 47. Ala

    Chapitre 48. La fin de ma formation et des ennuis pour Don

    Chapitre 49. Rencontre avec Dennis

    Chapitre 50. Rencontre de maître Arsh et de Dennis

    Chapitre 51. Retour de Dennis

    Chapitre 52. Entraînement de Dennis

    Chapitre 53. Chez la consule Dreki

    Chapitre 54. Formation érotique

    Chapitre 55. La naissance d’Angel

    Chapitre 56. Max et Isila

    Chapitre 57. Paternité

    Chapitre 58. Visite familiale

    Chapitre 59 Préparation à l’épreuve d’accession

    Autres tomes de cette série

    Chapitre 1. Liberté de choix

    Pas si mal de rester ici auprès de Mily, peut-être. Pourtant, j’ai rêvé que ma vie d’étudiant était si ennuyante que je n’arrêtais pas d’aller voir mon maître pour lui quêter de participer à tel jeu, telle épreuve, telle autre activité plus palpitante que mes cours, mais qui m’éloignaient toutes de ma belle. Alors, après mon entraînement, mes pas me conduisent comme malgré moi au bureau de mon maître et je m’arrête devant sa porte, me demandant pourquoi je suis ici. Puis, la porte s’ouvre sans que je m’en approche ou que je demande la permission d’entrer.

    — Suis-moi, m’ordonne-t-il aussitôt en se dirigeant vers l’autre salle.

    Il vient lui aussi de terminer son entraînement et ses cheveux sont mouillés de sueur. Il se dévêt pour prendre sa douche et me dit de prendre aussi la mienne. Après m’être dévêtu, je m’apprête à entrer dans la deuxième douche.

    — Ici. Cette douche est bien assez grande pour deux, affirme-t-il en activant le deuxième jet d’une tape sur le bouton de démarrage.

    Contrairement à mon attente, la température de l’eau est tiède, agréable, telle que je l’aurais mise moi-même si j’avais choisi sa température. Il se lave en me regardant de temps en temps à sa façon pénétrante. Je jette un coup d’œil sur lui pendant qu’il ne me regarde pas. Comment ai-je pu penser que ce loup pourrait se transformer en agneau et me faire la vie trop douce ? On ne change pas sa nature profonde. Ce bel animal a les crocs bien trop acérés pour ne pas mordre de temps en temps.

    — Je connais une méthode pour changer la nature des gens, mais elle est très radicale.

    Il lui a suffi de me demander de prendre ma douche avec lui et de quelques mots, et me voilà effrayé, presque prêt à fuir, comme l’agneau devant le loup. Je ne dois pas avoir toute ma tête pour être venu ici ce matin.

    Il arrête son jet et sort de la douche. Je sors aussi. Il est allé chercher deux serviettes. Il m’en tend une. Je la prends et nous commençons à nous essuyer chacun de notre côté en silence.

    — Dans le cercle, m’ordonne-t-il tout en terminant de s’assécher les cheveux.

    Je suis tenté de lever les poignets pour demander si j’ai fait quelque chose de mal, presque prêt à pleurer à cette seule idée, mais je lui obéis, me rends dans le cercle et y prends la posture d’attente. Il prend ma serviette et la lance avec la sienne dans la chute à linge sale.

    — Tu ne peux donc pas accepter ma décision telle qu’elle est, hein ? Il t’en faut toujours un peu plus. Ne pourras-tu donc jamais me faire totalement confiance ?

    J’aimerais lui dire que j’ai confiance en lui, bien plus qu’il ne l’imagine. Mais alors, que suis-je venu faire ici ? Chercher la confirmation de ce qu’il est et de ce que je suis peut-être.

    Il s’éloigne et va chercher quelque chose dans son débarras à l’arrière. Qu’est-ce que c’est ? Mon cœur s’est mis à battre la chamade, pourtant je reste dans le cercle et rien, sinon son ordre, ne m’en fera sortir.

    Il revient, s’approche avec deux objets dont je ne comprends pas immédiatement la nature. Il m’en montre un. Je sais ce que c’est. C’est la preuve que j’aurais dû aller étudier ce matin plutôt que de venir ici. C’est la preuve au cube qu’il est bien le loup que je croyais qu’il était.

    — C’est une perceuse chirurgicale, me confirme-t-il. Elle sert, entre autres, à percer les boîtes crâniennes.

    Devrais-je fuir ? Est-ce raisonnable de rester ici ? Nos regards se croisent et je me mets à pleurer. La seule idée qui me traverse est : « Ai-je si mal agi qu’il veuille se servir de cet objet sur moi ? » Et l’idée que la réponse soit « oui », même si je ne sais pas ce que j’ai pu faire de mal, suffit à me faire rester dans ce cercle à attendre sa décision.

    S’il avait besoin de m’infliger quelque chose que j’ignore pour une raison inconnue, peut-être pour une mission qu’on voudrait me confier, aurais-je le droit parce que je ne connais pas cette raison de refuser de le laisser agir à sa guise ? Je ne le crois pas. Je crois que je dois lui faire confiance, totalement confiance, ou alors ma place n’est pas ici, dans cette salle, dans son bureau, auprès de lui, ni peut-être même à Éden. Alors, je reste et j’attends, le cœur battant trop fort.

    — Ceci est un casque chirurgical. Lorsqu’on le pose sur la tête de la personne qu’on veut opérer, il s’adapte parfaitement à la forme de sa boîte crânienne. Les ouvertures et les indications qu’on trouve au-dessous de ces trous servent à nous permettre d’utiliser la perceuse au bon endroit et efficacement. Je m’en suis servi de nombreuses fois sur mes androïdes lorsque je voulais les transformer en humains. Mais ces instruments peuvent aussi bien servir à transformer des humains en androïdes.

    Je le regarde le souffle court. Pourquoi me montre-t-il ces objets ? Pourquoi ces explications ?

    — Connais-tu les trois premières lois de la robotique, David ?

    — Oui, Maître.

    — Quelles sont-elles ?

    — La première dit : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger ». La deuxième : « Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ». La troisième : « Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi ».

    Il me sourit.

    — Parfait, affirme-t-il.

    Il me contourne avec le casque et la perceuse en main. Il installe le casque sur ma tête et le met en marche. Le casque se met à vibrer et à s’ajuster à la forme de mon crâne. Je me mets à trembler.

    — Pourquoi, si tu as peur à ce point de ce qui t’attend, ne fuis-tu pas ? Pourquoi ne pas aller te trouver un autre maître comme Mily le souhaiterait ?

    Est-ce qu’il ne ferait ceci que pour me pousser à fuir, pour se débarrasser d’un élève dont il ne peut plus faire ce qu’il veut ?

    — Parce que je ne peux pas, Maître.

    — Mais si, tu le peux. Tu as toujours ton libre arbitre. Je ne te force nullement à rester ici dans ce cercle ou cette pièce. Tu n’es pas mon prisonnier, n’est-ce pas ?

    — Non, Maître.

    — Alors, pourquoi rester ?

    — Parce que vous êtes le maître que j’ai choisi et que je n’en veux pas d’autre. Parce que j’ai confiance en vous, que je vous respecte et que je vous aime.

    — Serais-tu en train de quêter ma pitié, David ?

    — Non… Oui, peut-être un peu.

    J’entends un petit rire feutré, si doux derrière moi. J’ai envie de lui demander pardon pour cette terrible faute que je ne connais même pas.

    Il met les mains de chaque côté de ma tête et la penche tout doucement, affectueusement même, vers l’arrière. Je ne lui résiste pas le moins du monde. Il met ensuite une main sur mon front, pour garder ma tête dans cette position et appuie l’extrémité de la perceuse contre l’une des ouvertures du casque. Je sens un frottement et j’entends le déclic de raccords des deux instruments. Il ne lui reste sans doute qu’à appuyer sur l’interrupteur qui mettra la perceuse en marche.

    Je regarde l’un des plafonniers qui éclaire la pièce.

    — Ma vie vous appartient, Maître. Faites-en ce que vous voulez, dis-je mentalement.

    Il reste là, silencieux derrière moi, comme s’il n’arrivait pas à se décider à passer à l’acte. Je serais l’élève le plus docile qui soit s’il le faisait pourtant. Plus jamais de discussions, de doutes, d’hésitations. Il n’aurait qu’à ordonner et je lui obéirais. Le moindre reproche me plongerait dans un abîme de douleurs infernales. Le moindre signe de satisfaction de sa part me comblerait d’une béatitude infinie. Le monde deviendrait pour moi si simple et paisible tant que je me plierais à sa volonté. Pourtant, il a voulu libérer ses androïdes de cette paix factice, préfabriquée. Il a voulu leur donner le choix de leurs pensées, de leurs paroles, de leurs actes, si douloureux que soient ces choix, si terribles que puissent en être les conséquences. Pourquoi aujourd’hui voudrait-il me transformer en l’un d’eux ?

    J’attends, moi aussi. Je ne tremble plus. J’accepte à l’avance sa décision, aussi parfaitement que le ferait l’un d’entre eux.

    Je sens ensuite qu’il fait quelque chose derrière ma tête. Je m’attends à sombrer dans une sorte de néant existentiel, un néant existenciel. Mais non, il retire la perceuse, puis le casque se remet à vibrer et s’ouvre. Il me le retire, va le ranger sur la table près de la chute à linge sale, puis il s’approche de moi avec un petit sourire triste. Je me mets à sangloter. Je crois que l’idée de ce sacrifice, du renoncement à ma liberté de pensée m’était infiniment pire que ne l’aurait été le renoncement à ma propre vie. Il s’approche un peu plus et m’embrasse sur le front puis sur la bouche.

    — Merci. Merci, mon courageux petit soldat. Merci de ta confiance, de ta générosité et de ton amour filial.

    Il met une main dans mon dos et m’attire à lui, me serre dans ses bras. J’y pleure encore un peu pendant qu’il commence à m’expliquer la raison de ses actes.

    — Maître Mestari m’a ordonné de faire quelque chose et j’ai refusé de lui obéir. Il dit que j’agis par orgueil, que je me crois plus à même que lui de décider de ce qui est bien ou mal. Il veut me confier à toi, David. Je serai ton élève, ton sujet, pour les prochaines semaines. Tu pourras faire ce qu’il te plaira de moi pendant la période qui te semblera nécessaire pour découvrir si l’orgueil est la cause de ma désobéissance.

    J’ai cessé de pleurer et il a retiré sa main de ma nuque. Je me recule un peu. Ce faisant, je retourne sans m’en rendre compte dans le cercle rouge. Je lève les bras, poignets joints, pour lui demander la permission de parler librement. Il me l’accorde.

    — Puis-je savoir ce que vous avez refusé de faire, Monsieur ?

    — D’opérer un homme pour le transformer en androserviteur, répond-il.

    La tête me tourne tout à coup, tellement qu’il me retient de peur que je tombe. Il me sourit affectueusement.

    — Il ne s’agissait pas de toi, David, mais de Gabriel. Le déconditionnement n’a pas fonctionné. Ils ont tout essayé, sans succès. Je… J’ai suggéré à Maître Mestari de l’envoyer sur Zatvor, la planète-prison, comme il en avait été question, mais Maître Mestari ne veut rien savoir de ça. Il craint que Gabriel ne s’évade, qu’il découvre qu’il n’est plus dans son univers et qu’il veuille détruire le nôtre, ce monde de femmelettes à ses yeux d’homme très violent. J’ai dit à mon maître que sur Zatvor, Gabriel se sentirait comme chez lui et qu’il pourrait nous être utile. Il pourrait prendre le contrôle de cette planète et nous y servir à sa façon, la seule possible peut-être là-bas. Mais le Grand Maître croit que c’est un trop grand risque que de le laisser en liberté. Il m’a ordonné d’user de ces instruments chirurgicaux pour faire le contraire de ce que j’ai fait avec mes androserviteurs. J’ai refusé. Jamais je n’ai dit « non » à mon maître avant, mais je n’arrivais pas à me résoudre à faire ça à quelqu’un, serait à ce Gabriel. J’ai dit à Maître Mestari de plutôt me demander de l’abattre, que ça me serait moins difficile.

    — Je comprends, Monsieur, dis-je.

    Sans doute, si mon maître ne venait pas de m’infliger ce simulacre de métamorphose en androserviteur, je ne l’aurais pas si bien compris, mais maintenant, je le comprends trop bien.

    — Quand sommes-nous censés renverser nos rôles ?

    — Dans quatre jours. Je dois d’abord m’occuper de monsieur Drayber, le père de Damien. Nous l’avons retrouvé. Il doit arriver aujourd’hui. Maître Mestari croit que je suis le mieux placé pour l’aider à retrouver sa liberté de pensée. Cette perspective m’enchante. Elle m’est bien plus naturelle que son contraire. J’ai dit à Maître Mestari que de recouvrer une telle liberté après l’avoir perdue pendant huit ans risque d’être un long processus. Il pense que je peux très bien m’en occuper pendant que je serai sous ton autorité, David. Mais j’ai demandé à Maître Mestari de me donner au moins trois jours pour pouvoir rencontrer monsieur Drayber, lui permettre de retrouver son fils et commencer ce rattrapage mental qui lui permettra d’au moins pouvoir survivre par lui-même. Donc, pour répondre à ta question, à partir du retour de monsieur Drayber, nous aurons trois jours pour nous préparer à ce renversement temporaire des rôles. J’ai plusieurs choses à te montrer avant de t’abandonner le pouvoir.

    — Je… J’avoue que j’appréhende ce renversement. Si… si vous… moi…

    Je ne sais pas trop comment lui expliquer que je ne sais pas si j’ai les compétences requises pour jouer un tel rôle et que je crains que ce ne soit plus jamais la même chose entre lui et moi ensuite.

    — Je suis certain que ce sera aussi enrichissant pour toi que pour moi, David. Si j’ai pensé à te confier mes élèves si jamais je disparaissais ou mourais, ce n’est pas sans raison. Et Maître Mestari croit que tu es la meilleure personne pour découvrir s’il y a de l’orgueil dans mon esprit et mon cœur, termine-t-il avec un petit sourire un peu acide.

    Je secoue la tête. Malgré moi, il me reste des doutes.

    — Tu as toujours des doutes quand tu commences quelque chose de neuf, David, n’est-ce pas ? Pourtant, d’ordinaire, tu te débrouilles plutôt bien. Ces doutes m’énervent un peu parfois, mais je crois que même si je t’infligeais un changement aussi radical que celui que Maître Mestari voudrait me voir imposer à Gabriel, cette tendance est trop ancrée en toi, elle ne disparaîtrait pas complètement. Alors, il me faut bien la tolérer.

    — Dire que je suis venu ici parce que je craignais que ma vie devienne trop plate, dis-je avec un air qui doit être si piteux que mon maître se met à rire aux éclats, ce qui finit par me faire sourire.

    — David, je voulais aussi te poser une question. Sais-tu que sur Ogmios, on avait envoyé il y a des années des messagers ? Dix au total. Huit sont morts. Kaity était l’un d’eux. Tu sais ce qu’elle est devenue. Il reste un jeune homme, Adami Atyanta, une sorte d’hercule surdoué. Il est l’élève, à demi Ogmiosien, à demi Darumien, de madame Tama, une maîtresse darumienne dont on dit presque plus de mal qu’on en dit de moi. Il y a sept ans qu’il est parti sur Ogmios et il est devenu célèbre là-bas. Il gagne le premier prix tous les ans au combat. Il pratique le kolesa, un sport de combat ogmiosien qui mélange la boxe et la lutte en prenant en considération la façon dont les gens se déplacent lorsqu’ils veulent attaquer et en se servant des déplacements de l’adversaire pour passer à l’attaque. Tous les dix ans, exceptionnellement, les Ogmiosiens organisent un match interplanétaire de kolesa. Il va sans dire que ce sont toujours des Ogmiosiens qui gagnent, car peu de gens d’ailleurs pratiquent ce sport. Ça demande à la fois force, souplesse et stratégie. J’aimerais que tu t’y entraînes. Dans un peu plus de trois ans, il y aura un match et ma promesse de ne pas trop t’éloigner de la Terre aura pris fin. Tu pourrais aller t’y battre et fournir ainsi une chance à Adami de rentrer sur Daruma. Qu’en dis-tu ?

    — Qui pourrait me l’enseigner ?

    — Monsieur Kriger.

    — Il connaît le kolesa ? !

    — Oui, sinon il ne pourrait pas te l’enseigner, me répond-il avec une expression très arshienne.

    Il ajoute que ce n’est pas vraiment sa spécialité, mais qu’il en sait bien assez pour m’enseigner les rudiments.

    — Pas que je veuille vous désobéir, Maître, mais pourquoi n’entraînerait-il pas Jonny ?

    — Il l’entraîne déjà. Ainsi vous auriez au moins un concurrent de votre calibre contre qui combattre. Le meilleur de vous deux pourrait partir là-bas.

    — Est-ce que Monsieur Kriger est d’accord ?

    — Oui, je lui en ai parlé. Contacte-le et arrange-toi avec lui et Jonny pour tes premiers cours.

    — Je le ferai, Maître.

    Je suis heureux à l’idée de pouvoir m’entraîner avec Jonny et me battre contre lui.

    — Vous dites que ces combats interplanétaires sur Ogmios donneraient à Adami l’occasion de rentrer. Est-ce qu’il ne peut pas le faire, maintenant que le traité de paix a été signé ?

    — Ce n’est pas si simple que tu le crois. On ne quitte toujours pas Ogmios comme on quitterait la Terre. Il faut justifier le départ. D’ici à ce que l’un de vous, toi ou Jonny, aille là-bas, nous aurons organisé le départ d’Adami. Il pourra monter dans l’astronef qui doit ramener celui de vous deux qui y sera allé.

    — Cela ne signifie donc pas que celui de nous deux qui irait serait forcé d’y rester ?

    — Théoriquement non. Il y a quand même un risque que quelqu’un découvre qu’Adami veut rentrer chez lui et qu’il tente de l’en empêcher. Il est une idole là-bas. Et toute tentative pour avorter son voyage de retour risquerait de retarder ou même d’empêcher le tien. Toutefois, je crois que c’est improbable. D’ici la date de ce match interplanétaire, la situation sur Ogmios devrait s’être libéralisée et stabilisée. Les voyages interplanétaires seront sans doute devenus plus faciles.

    Je n’arrive pas à ne pas avoir des visions de Kaity prisonnière de son sous-sol. Même si on retardait mon départ, on ne me traiterait sans doute pas comme elle, mais la vie sur Ogmios ne m’attire pas pour autant. Je vais quand même m’y préparer, tant physiquement que psychologiquement. J’essaierai d’en apprendre un peu plus sur la vie qu’on mène sur cette planète.

    — Pourrais-je apprendre leur langue ?

    — Oui, j’ai commandé une nouvelle base de données mémorielles langagières. Je te la transmettrai dès que je l’aurai. Tu pourras toi-même la transmettre à Jonny et à Don. Je veux aussi que tu améliores tous les aspects de ton don que tu as mentionnés après l’épreuve de survie. Il faudra également que tu apprennes à utiliser le synthétiseur dans ta bouche et que tu pratiques l’ogmiosien. Je peux t’enseigner ces deux dernières choses. Si tu le veux, je pourrai continuer de le faire pendant que tu seras le patron, dit-il en souriant.

    — Oui, on verra, dis-je en lui souriant à mon tour.

    Il met la main sur mon épaule gauche, maintenant tout à fait guérie.

    — Allez, profite de ta relative liberté en tant qu’élève de Greg Arsh. Sors d’ici, j’ai du travail.

    — Merci, Maître.

    — Pourquoi ?

    — Pour m’avoir permis de comprendre, vraiment comprendre, pas juste dans ma tête, mais aussi dans mon cœur.

    Il a ce petit hochement de tête approbateur, qui m’est devenu si familier et qui dit sa satisfaction de ma conduite. Bien sûr, j’aurais pu lui reprocher la cruauté de ce qu’il m’a fait, mais je ne lui reproche rien. Je préfère de loin comprendre que d’être épargné.

    Je suis ensuite allé prendre le petit-déjeuner avec Mily. J’étais songeur, alors elle m’a demandé si j’étais allé le voir. « Le » signifiant notre maître, bien entendu. Comme je ne répondais pas, elle a compris que la réponse était « oui ».

    — Pourquoi ? Pourquoi es-tu allé le voir ?

    — Je ne sais pas.

    — Tu ne sais pas ? !

    Elle commence déjà à s’énerver. Je crois qu’en fait, elle me comprend trop bien. Elle sait de quel bois je suis fait : du même que lui.

    — Qu’est-ce qu’il t’a dit ? De ne pas t’inquiéter parce qu’il ne tiendra pas sa promesse ?

    — Nous n’avons pas parlé d’hier, Mily, ni de notre futur, ni de celui du bébé. Il m’a dit avoir désobéi à Maître Mestari et que son maître voulait le punir en se servant de moi pour lui faire la leçon.

    — Quoi ? ! Lui, désobéir au Grand Maître ! Que veux-tu dire en se servant de toi ?

    — Le Grand Maître veut que j’agisse comme si j’étais le maître de notre maître pour les prochaines semaines. Notre maître agira envers moi comme s’il était mon élève.

    — Quoi ? ! Je ne comprends pas.

    — Moi non plus, Mily. Je n’ai pas encore parlé à Maître Mestari. Je n’en sais pas plus que toi. Mais une chose est sûre, cela n’implique pas que je sois ailleurs qu’à Éden et je pourrai continuer de m’occuper de toi.

    — Pourquoi toi ?

    — Je crois que c’est parce que Maître Mestari croit que notre maître a agi comme il l’a fait par orgueil. Comme mon maître m’a déjà puni sévèrement pour avoir fait montre d’orgueil, le Grand Maître doit penser que, grâce à mon don de télépathie, je suis le mieux placé pour repérer l’orgueil chez une autre personne et pour tenter de l’en débarrasser. Mais, comme je te disais tantôt, je n’ai pas encore parlé au Grand Maître, alors ce ne sont que des suppositions.

    — Et qu’arrivera-t-il si tu n’agis pas à sa satisfaction ?

    — Je te l’ai dit, Mily, je ne sais rien de plus. C’est pour ça que j’étais dans la lune. Je m’interroge sur tout ça, tout comme toi.

    Elle secoue la tête, impatiente.

    — Quand ce n’est pas notre maître qui te demande des choses impossibles, c’est le Grand Maître lui-même. Tu ne crois pas qu’ils devraient te foutre un peu la paix, tous les deux.

    — Non.

    — Quoi ?

    — Non, Mily. Je ne crois vraiment pas qu’ils devraient « me foutre la paix », comme tu dis. Je suis un futur maître en formation, je suis ici pour apprendre, et pas juste à piloter des aéronefs. Moins ils me foutront la paix, plus j’apprendrai. C’est pour ça que j’ai choisi notre maître, pour ça que je suis à Éden.

    — Alors tu n’as pas l’intention de rester tranquille, de juste essayer d’être un étudiant normal et de m’aider à… terminer ma grossesse normalement ?

    — « Normal », « normalement »… Tu n’as que ces mots à la bouche ces temps-ci. Qu’est-ce qu’un étudiant « normal » pour toi ? Un élève de John Weak ? Que veux-tu dire par terminer cette grossesse « normalement » ? Veux-tu dire sans que ton maître te demande quoi que ce soit, comme le ferait Weak justement ? Je croyais venir déjeuner ici tranquillement avec mon amie. Je ne pensais pas être mis en accusation juste parce que j’ai parlé quelques minutes à mon maître ce matin.

    — Tu… tu ne te soucies pas de moi, affirme-t-elle.

    — Qu’est que j’ai fait ce matin qui te permet d’en venir à cette conclusion ?

    — Tu es allé le voir.

    — Milyyyyy !

    C’est trop. Après ce que mon maître vient de me faire vivre, l’attitude de Mily, c’est trop pour moi. Je me mets à pleurer. Je prends mon cabaret et je m’éloigne. Je vais m’asseoir seul à une autre table. Quelques minutes plus tard, elle vient s’asseoir près de moi.

    — Pardonne-moi, David, mais cette grossesse…

    — …n’est pas responsable de tous tes actes. Tu dois te reprendre en main, Mily. Je ne tiendrai pas la route si tu agis tout le temps comme ça. Je veux t’aider et je m’y efforcerai, mais je n’y arriverai pas si tu nous accuses sans arrêt, moi et notre maître, de toutes tes peurs et de tous tes malheurs. Ta vie t’appartient, c’est à toi d’en faire ce que tu veux.

    Elle me regarde les yeux ronds, rougissant. Elle a l’air d’être sur le point de se mettre à pleurer, elle aussi. Alors, je la prends en pitié.

    — T’est-il encore arrivé quelque chose d’inhabituel ? As-tu entendu des voix ? Eu des impressions bizarres ? la questionné-je.

    — Non. Juste ces maudits oiseaux qui me suivent partout où je vais.

    — Peut-être que ce n’est pas toi qu’ils suivent, mais la petite.

    Elle me regarde, bouche bée.

    — Si tu crois que ça me rassure…, dit-elle.

    — Est-ce qu’ils s’en prennent à toi ?

    — Non. Mais c’est effrayant de les voir me suivre tout le temps.

    — Est-ce qu’ils te chient dessus ?

    — Ah, David ! Je n’ai pas envie de rire.

    — Je le vois bien, Mily, mais j’essaie de dédramatiser la situation. S’ils ne te font aucun mal, tu devrais peut-être essayer de les ignorer, de faire comme s’ils n’étaient pas là. Et si un jour, ils te chient dessus, dis-le-moi, j’organiserai une chasse.

    Elle sourit un peu. Je l’embrasse, d’abord doucement sur la joue. Puis, je retire une mèche de son visage et je cherche sa bouche. J’effleure ses lèvres des miennes et je lui souris. Elle est vraiment déroutée. Elle ne sait plus si c’est vrai qu’elle exagère ou si elle devrait être terrorisée. Elle ne sait plus si elle ne devrait pas trouver un nouveau petit ami, plus « normal » que moi, ou si elle doit se fier à tout son être qui lui dit que je suis celui qui lui faut. Je la serre contre moi, l’embrasse, puis lui mordille la langue comme elle aime que je le fasse. Elle me repousse.

    — Salaud ! me dit-elle, mais elle me sourit vraiment enfin.

    — Il a raison. Je ne suis pas normal. Je suis fou. Fou d’amour pour toi, dis-je.

    — J’ai eu les résultats des tests, dit-elle.

    — Déjà ? Et ?

    — Les masses ont diminué de dimension, mais elles semblent plus… opaques, comme si elles se condensaient dans des points précis de ma tête. J’espère que les choses n’empireront pas, que je ne deviendrai pas vraiment folle, pas juste d’amour pour toi.

    — Qu’en pense le neurologue ?

    — Rien. Il est de plus en plus dérouté. Je trouve que ce n’est pas rassurant quand même les meilleurs spécialistes ne savent plus quoi penser.

    — Oui, mais pour l’instant, tu me sembles relativement normale.

    — Comment ça, « relativement » ?

    — Tu as dit que tu étais folle d’amour pour moi, non ? dis-je en lui faisant un sourire taquin.

    Elle secoue la tête, mais me sourit.

    — Je vais être en retard à mon cours et Madame Ghalliema n’est guère plus indulgente que notre maître sur ces questions. Il faut que je parte, dit-elle.

    Je la retiens pour l’embrasser encore en faisant « mmmmmm, c’est bon ! » et je recommence. Mais elle me pousse si fort qu’elle m’a presque jeté en bas de ma chaise. Elle est forte. Une fois près du corridor, elle souffle un baiser dans ma direction. J’aimerais tant qu’elle soit toujours comme ça.

    Je vais moi aussi à mon cours. Je m’y rends en courant pour ne pas m’attirer d’ennuis. Mon maître ne deviendra mon élève que dans trois jours. Il pourrait encore me faire porter ses belles pierres pour me rappeler que le temps a de l’importance.

    Chapitre 2. Demande spéciale du Grand Maître

    Cet après-midi-là, j’assiste à l’un de mes cours quand mon com sonne. Avant de le désactiver, je regarde qui appelle. Je ne le désactive pas. Je me lève pour aller répondre à Maître Mestari dans le corridor. Pourquoi faut-il que ce soit toujours dans le groupe d’un enseignant qui ne tolère pas qu’on prenne des messages en classe que j’en reçois que je ne peux pas refuser ? En passant, je montre qui m’appelle au prof, qui ne me faisait pas les yeux doux.

    – Bonjour, Monseigneur ! le salué-je avant même d’être sorti de la salle.

    – Peux-tu te rendre dans un endroit tranquille, que nous puissions parler sans être espionnés ?

    – Oui, Votre Majesté, j’y suis, lui dis-je, en entrant dans un petit local de réunion vide, qui se trouve presque en face de celui où je me trouvais.

    – Déjà ?!

    – Oui, c’est l’avantage d’être membre de la garde. On a accès presque partout.

    – C’est vrai. David, je voudrais savoir : pourquoi m’appelles-tu toujours « Monseigneur » ?

    – Parce que je crois sincèrement que vous êtes l’un des plus grands seigneurs à avoir existé. Vous êtes probablement même LE plus grand seigneur de tous les temps. Il y a eu des rois et des chefs d’État sur toutes les planètes de la Communauté et il y a eu d’autres Grands Maîtres avant vous, mais personne n’a encore eu d’autorité sur autant de gens et pour aussi longtemps que vous. Permettez-moi de vous dire bien humblement que je pense que, non seulement vous méritez d’être toujours à ce poste, mais vous êtes digne du titre de seigneur, Votre Majesté.

    Il grogne. Je lis dans son esprit que c’est un grognement de satisfaction.

    – Mais si ça vous déplaît que je m’adresse à vous en ces termes, je ne le ferai plus, Maître.

    – Si tu es sincère et ne m’appelles pas ainsi par dérision, je n’ai pas d’objection à ce que tu continues.

    – Je n’oserais jamais me moquer de vous, Monseigneur. D’ailleurs, je ne vois même pas sur quel point je pourrais plaisanter.

    – Tu en as vu bien plus que la plupart et d’autres ont pourtant trouvé de nombreux sujets de moqueries.

    – Joso a reconnu avoir agi comme un imbécile. Quant aux autres, j’aime mieux ne pas savoir qui ils sont de peur de m’impatienter envers eux si je les rencontrais.

    Il rit un peu.

    – Tu me fais tellement penser à Greg parfois. Cette tête de muldyr.

    – Qu’est-ce qu’un muldyr ?

    – Tout ce qui compte à ce sujet, c’est que les muldyrs ont la tête très dure. Greg t’a-t-il parlé de ce que je voulais te demander ?

    – Il m’a seulement dit que vous aviez l’intention d’intervertir nos rôles pour plusieurs semaines, Monseigneur.

    – T’a-t-il expliqué pourquoi ?

    – Il m’a raconté qu’il avait choisi de vous désobéir lorsque vous lui avez ordonné d’opérer Gabriel pour le transformer en quelque chose comme un androserviteur.

    – Cet orgueilleux semble croire qu’il sait mieux que moi ce qui est préférable à ce sujet. Je n’admets pas qu’il conteste mon jugement. Qui plus est, il refuse obstinément d’obtempérer bien qu’après avoir mis le kipas à Gabriel, nous ayons vu toutes sortes de violence

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