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La venue des Fae: La venue des Fae
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Livre électronique286 pages4 heures

La venue des Fae: La venue des Fae

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À propos de ce livre électronique

Les contes de Fae ne connaissent pas tous des fins heureuses. Ella pensait que de s’occuper du dieu des Mamoods à l’amour propre démesuré serait un moyen sûr de ramener la paix dans la galaxie et de satisfaire son goût pour la vengeance. Mais elle avait tort. Malgré la disparition de leur dieu, les Mamoods refusent d’abandonner leur attaque sur la planète Soltak, et les personnes qui se disaient les amis d’Ella commencent à se retourner contre elle. Et avec Soltak à l’agonie — ses océans qui s’assèchent et sa végétation qui flétrit — Ella et Cailen soupçonnent qu’il s’agit de l’oeuvre
d’un nouvel ennemi. En plus de la mort d’un nombre toujours croissant de Soltakians en raison de la sécheresse sur la planète, ils doivent se préparer tous deux à affronter une menace tout droit sortie d’un cauchemar. Les Fae arrivent.
LangueFrançais
Date de sortie21 juil. 2014
ISBN9782897339241
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    Aperçu du livre

    La venue des Fae - Emily White

    imagination.

    Partie I

    Prologue

    Le feu était le seul ami de Manoo et pourtant, il l’avait détruit. Les âges et les millénaires avaient enseigné à Manoo à oublier le caractère volage de son ami. Mais quand il sortit de son trou dans le néant, qui avait été créé par la personne censée causer sa perte, il n’oublia ni la trahison de son ami ni son véritable but.

    Affaibli jusqu’à l’état d’ombre, Manoo apprit à faire preuve de patience en se renforçant, caché dans le seul endroit où l’on ne s’attendrait jamais à le trouver.

    Chapitre 1

    Les surprises

    Je tombai sur mon lit en riant.

    — Je suis sérieux, déclara Cailen, les yeux écarquillés, pleins d’innocence. L’eau me terrifie.

    Je ris alors si fort que tout mon corps fut secoué. Je plongeai tête première dans mon oreiller. C’était totalement ridicule. Cailen ? Le gars qui avait suivi un programme de formation avec des centaines d’autres jeunes hommes et qui avait fini parmi les quatre survivants avait peur de quelque chose d’aussi bénin que de l’eau ? J’enfonçai ma tête plus profondément dans les doux plis du duvet pour étouffer le bruit. Quand je lui lançai un coup d’œil, je savais, à l’expression aigre inscrite sur son visage, qu’il n’était pas amusé.

    Ce qui me fit éclater de rire de nouveau.

    Je commençais même à avoir mal à la poitrine et je dus me la frotter pour retrouver mon souffle. Plusieurs minutes et un estomac douloureux plus tard, j’avais enfin fini par retrouver suffisamment mon calme pour le regarder.

    Il s’assit en face de moi sur la seule chaise de ma chambre. Il pencha la chaise en arrière au maximum, et s’appuya le dos contre le mur, les bras sur la poitrine. J’avais gaffé.

    Après avoir poussé un soupir empreint de ricanements, je m’assis en face de lui. Il me fallut me concentrer un peu, mais après quelques respirations, je réussis à afficher un visage impassible.

    — As-tu fini ?

    Je dus y réfléchir. Mais comme je pus sentir l’irritation de Cailen arriver par vagues, je décidai de répondre par l’affirmative. Il m’était parfois facile d’oublier que Cailen n’avait pas l’habitude d’être raillé. Et quand cette pensée traversa mon esprit, je me sentis coupable. À Auru, il était quelqu’un d’important. Mais il n’était pas à Auru, et c’était à cause de moi.

    — Je suis désolée.

    Il posa les pattes avant de la chaise sur le sol et se pencha en avant en me souriant. Il avait toujours eu le pardon si facile.

    — À ton tour.

    Depuis mon retour à Soltak depuis plus de trois semaines, il n’y avait rien d’autre à faire qu’attendre l’inévitable combat entre les Soltakians et leurs alliés, les Mosandarians — une race qui louange la musique et dont les chansons retentissaient continuellement à la surface de la planète — , et les Mamoods. Il était difficile de se distraire dans ces kilomètres de couloirs contrôlés par l’armée qui composent le bunker souterrain soltakian. Ils l’avaient appelé le Bloc à juste titre : il était plat, fade et banal. Et ce n’était pas comme si nous pouvions partir. J’avais été ferme sur ce point. Je ne pouvais pas abandonner les Soltakians seuls face à une bataille que j’avais provoquée.

    J’avais déjà prouvé que je n’avais aucun problème à tuer des hommes.

    Alors Cailen avait suggéré que nous jouions à un jeu de vérité, auquel s’étaient adonnés des milliards de personnes à travers la galaxie, pour passer le temps. Entre s’attarder sur la catastrophe imminente, errer sans but ou en découvrir davantage au sujet Cailen, le choix ne fut pas très difficile.

    De plus, Cailen et moi avions convenu que nous devions passer du temps ensemble. Cela m’avait toujours agacée de ne pas savoir si nos sentiments l’un pour l’autre étaient authentiques ou artificiels. Je me disais que tant que nous essayions d’apprendre à nous connaître davantage, un jour, leur nature n’aurait plus aucune importance.

    Le lien du drilium était là pour rester. Je pouvais le sentir maintenant, bourdonnant dans mes veines, m’attirant à Cailen. Parfois, mon envie de lui était insupportable, mais je ne cédais pas à la tentation de le toucher. Je n’étais pas encore prête pour ça. Pas avant que je sache si je l’aimais vraiment.

    Je fronçai le nez et me frottai un sourcil. Quelle vérité pouvais-je bien dire qu’il ne savait pas déjà ? Quatre-vingt-dix-huit pour cent de ma vie avaient été perdus dans l’oubli de ma mémoire défaillante. Le reste du temps, je l’avais passé avec lui.

    Eh bien, il n’y avait qu’un secret. Je frémis comme la chair de poule apparut sur ma peau. C’était un secret particulier, que je n’étais pas prête à annoncer à personne. Personne ne devait savoir que j’avais été victime d’une hallucination. D’ailleurs, je n’en avais eu qu’une seule. Le fantôme de Malik devait avoir décidé que je ne valais pas la peine d’être hantée.

    — Ma couleur préférée est le vert, finis-je par dire.

    Je sentis le sang me monter aux joues quand je me rappelai pourquoi c’était ma couleur préférée, et dans une nuance particulière. En regardant les yeux verts de Cailen, je repensai aux années que j’avais passées sur Sho’ful à me les remémorer. Ils étaient les seules choses qui étaient restées dans ma mémoire. Tout le reste avait disparu.

    Il me fit un demi-sourire d’un air entendu.

    — C’est pour ça que tu as porté cette robe trois fois cette semaine ?

    Je baissai les yeux et caressai les plis soyeux de ma robe verte aurie. Un sourire apparut sur mes lèvres alors que je me rendis compte que non seulement Cailen l’avait remarqué, mais qu’il s’en était rappelé.

    — Je n’ai pas à répondre à cette question. C’est à ton tour ! dis-je en le regardant à travers mes mèches de cheveux.

    Il se pencha à nouveau vers l’arrière et leva les yeux vers le plafond argenté pendant quelques secondes. La fatigue et l’impatience passèrent de lui à moi.

    — Je suis fatigué d’être coincé ici. Tu ne voudrais pas remonter à la surface ?

    — Tu sais que c’est dangereux à l’extérieur.

    Il rit. Il n’y avait aucun humour là-dedans, pourtant.

    — Oui. Dangereux.

    Il y eut plusieurs longues minutes de silence inconfortable avant que je comprenne que notre jeu était terminé. Je me levai pour enfiler mon manteau.

    — Allons-nous avoir des ennuis si nous sortons ?

    Il arracha son regard du plafond et me fit un sourire de loup.

    — Je m’en fiche.

    Et avant que je puisse réagir, il bondit de sa chaise et m’attrapa le poignet.

    Je commençai à m’envoler, mes pieds décollant à quelques centimètres du sol, avant de m’écraser contre sa poitrine, nos bras s’enroulant autour de l’autre pour éviter de tomber. Nous restâmes figés dans cette position pendant une seconde avant d’éclater de rire.

    — Désolé, dit-il. J’avais oublié à quel point tu étais légère.

    Ses mains m’enserrèrent la taille alors que l’atmosphère changea soudainement. Je sentis la colère qu’il dégageait. Il était en colère contre les Mamoods, en raison de ce qu’ils m’avaient fait sur Sho’ful. Parfois, quand il me regardait,je voyais le coin de ses yeux rétrécir et je savais à quoi il pensait. Je n’avais alors pas besoin de notre lien pour décoder ses sentiments.

    D’un geste raide, il me lâcha la taille et entrelaça ses doigts dans les miens. Notre lien me fit frissonner à son contact, et je me souvins vaguement que j’avais décidé de ne pas m’en servir. Je relâchai les doigts, prête à me laisser aller, mais sa chaleur m’attira, inondant mon cœur. Les bords de ma vision devinrent plus foncés, jusqu’à ce que j’aie physiquement mal juste à penser à le lâcher. Il baissa les yeux et me fit un sourire crispé.

    J’arrachai ma main de la sienne avant de me convaincre de ne pas le faire, puis une douleur me déchira la poitrine. Je me penchai en haletant.

    — Désolé, marmonna-t-il.

    Je respirai profondément à quelques reprises alors que la douleur se transforma lentement en un battement sourd.

    — Ça sera toujours comme ça ? demandai-je en essuyant la sueur derrière mon cou tout en appuyant une main sur mon côté douloureux.

    J’avais l’impression qu’on venait de me battre avec une barre de fer.

    Il poussa un soupir tendu et glissa ses mains derrière son dos.

    — Non, pas toujours, répondit-il

    — On dirait qu’il existe une façon secrète de s’y prendre.

    Cailen sourit et secoua la tête avant que son regard ne passe au-dessus de ma tête.

    — Ce n’est pas un secret. Mais si tu te sens mieux, on devrait sortir pendant que nous en avons la chance.

    Un rapide coup d’œil dans le couloir confirma que Cailen avait raison. Si nous voulions nous faufiler à l’extérieur, l’accalmie entre les repas et le changement de garde nous permettait de mettre notre plan à exécution. Malheureusement, cette tranquillité ne durait qu’une trentaine de minutes. Les couloirs étaient à présent silencieux et vides. Aucun témoin pour rapporter à quiconque que les deux Auris étaient sortis se promener. Ce n’était pas exactement contre le règlement, mais de la façon dont tout le monde nous surveillait « sans nous surveiller », et étant donné que Lastrini semblait toujours savoir ce que nous faisions, nous avions compris que les Soltakians n’aimaient pas nous savoir à l’extérieur de nos chambres. Un fait qui irritait et enrageait Cailen, même s’il ne l’avait jamais admis.

    — Dépêchons-nous, dit-il en passant devant.

    Cailen semblait toujours connaître le chemin, les portes secrètes et les pièces spéciales. J’avais l’étrange impression qu’il avait beaucoup exploré le Bloc sans moi. Même maintenant, alors que je n’avais aucune idée de la façon de me rendre à la porte de sortie du bunker, Cailen marchait d’un pas très assuré, ne s’arrêtant pas une seule fois à une intersection et n’hésitant pas sur l’endroit où tourner.

    Et jusqu’alors, nous n’avions rencontré personne. Nous entendions l’écho de nos pas dans les vastes couloirs vides. J’avais envie de rire tellement je me sentais sournoise.

    Après quelques tours et détours à travers ce labyrinthe interminable, Cailen s’arrêta net et me fit signe de me tenir près de lui. Je restai à côté de lui, le cœur battant la chamade en me demandant quel plan bien conçu il entretenait. Il me regarda du coin de l’œil et sourit comme s’il venait de décider qu’il me confierait l’un de ses secrets super spéciaux.

    J’eus un coup au ventre, tellement j’étais avide de sa confiance.

    Il mit un doigt sur ses lèvres et pencha la tête vers quelque chose qui se tenait juste de l’autre côté du coin. Je regardai de l’autre côté du mur où nous nous cachions et vis la « fameuse grande porte » qui donnait sur le monde extérieur, gardée par trois soldats dont les armes bourdonnaient. En fait, si cela n’avait pas été des gardes alertes qui se tenaient très droit, je n’aurais jamais deviné que cette porte plate sans inscription menait vers l’extérieur. Elle n’était pas différente de toutes les autres portes du bunker. Ils auraient probablement été sages de la laisser sans gardes, comme ça, personne n’y aurait fait attention. Eh bien, aucun des civils en tout cas. Non pas qu’ils avaient à se soucier de cela, cependant. Les gens se battaient pour entrer dans l’édifice, pas pour en sortir.

    Je me penchai en arrière et le regardai en remuant les sourcils. Cela allait être si bien. Je mourais secrètement de vivre une aventure comme celle-ci depuis des semaines. Il aurait été facile de passer à côté d’eux. L’un de nous pourrait prendre leurs armes et faire exploser les portes. Le secret serait probablement éventé, mais qui s’en souciait ? Rien de ce que nous faisions ne plaisait à Lastrini de toute façon.

    Cailen se pencha et pressa les lèvres contre mon oreille. Il parla si bas que je dus arrêter de respirer pour l’entendre.

    — Ne fais pas de bruit.

    Je sentis ses lèvres former un sourire avant qu’il se redresse. C’est à ce moment précis que le signal pour le changement de garde et le repas sonna à travers les murs, et l’air autour de moi et de Cailen scintilla alors que des centaines de géants Ladeshians remplirent les couloirs.

    Cailen m’attrapa la main — je n’opposai aucune résistance — et nous conduisit au cœur de la masse des soldats qui marchaient comme des fourmis. Personne ne nous vit. Eh bien en fait, on aurait dit que les gardes nous voyaient, mais quand j’étudiais attentivement leurs yeux, je compris qu’ils regardaient à travers nous. Comme si nous n’étions pas là.

    Je levai les yeux vers Cailen, curieuse, et il se contenta de sourire encore plus.

    Il nous conduisit à l’arrière d’un petit groupe de soldats formant une file pour se rendre à la porte. Quand la soldate en face de nous, une fille géante aux cheveux très roux et aux bras aussi épais que ma taille, accéléra la cadence pour sortir, nous la suivîmes de près. Les trois gardes nous ignorèrent.

    Je fus un peu surprise de constater qu’il n’y avait pas d’escaliers jusqu’à l’extérieur. Je m’attendais à devoir monter plusieurs étages. En fait, je pris un instant fugace pour me demander si la téléportation ne serait pas la meilleure solution, mais je l’oubliai vite en haussant les épaules. Avoir été presque déchiquetée m’avait rendue plus nerveuse. Même maintenant, et même si je savais que j’étais en sécurité, l’idée de faire fondre l’air me donnait mal au ventre.

    Mais je ne devrais pas avoir peur. Au lieu de l’escalier, notre petit groupe — soldats compris — arriva sur une grande plateforme à quelques dizaines de mètres de l’autre côté de la porte, et attendit.

    La salle s’assombrit et devint silencieuse. Personne ne parlait. Puis une lumière bleue brilla au centre de la plateforme en s’étendant vers l’extérieur. Je la regardai, m’émerveillant devant la beauté de la lumière douce qui clignotait et devenait de plus en plus claire à chacune de mes respirations. Je sentis mes cheveux, qui me piquaient le cuir chevelu, décoller de mes épaules et de mon dos. J’eus l’impression d’être légère comme un nuage flottant au-dessus du sol. Le bleu nous engloba alors pleinement jusqu’à ce que je puisse à peine voir autre chose que de légères ombres et des silhouettes de personnes, même si elles étaient à côté de moi. Je remarquai à peine la main de Cailen dans la mienne.

    J’eus des papillons dans l’estomac alors que je flottais de plus en plus haut, et je devins de plus en plus légère dans la brume bleue.

    Puis, le bleu se délava peu à peu, et je commençai à me sentir de nouveau alourdie et fatiguée, comme s’il me faudrait toute mon énergie pour tenir le coup. Cailen me serra davantage la main, et les ombres redevinrent des personnes une fois de plus.

    La pièce dans laquelle nous nous retrouvâmes était maintenant claire, et il y soufflait une brise sèche à travers les fissures des murs de pierre. L’air en face de moi vibrait encore, et miroitait.

    Dès que les soldats en uniforme, lequel était argenté en bas mais dorénavant brun et gris pour se fondre dans leur environnement, commencèrent à quitter la plateforme, Cailen nous conduisit derrière. Du verre craqua sous mes pieds, et Cailen et moi arrêtâmes net. Les soldats les plus près de nous regardèrent où nous nous trouvions. Leurs regards passèrent à travers nous. Ils ne nous voyaient toujours pas. Puis, haussant les épaules, ils sortirent de la pièce dans la ville en décrépitude au-dessus du Bloc.

    À l’extérieur, le monde était à feu et à sang. De la poussière brune flottait dans l’air, teintant la lumière du soleil de Soltak de la couleur du feu. J’eus de la poussière dans la bouche et le nez, et je toussai avant de pouvoir m’en empêcher. Cailen nous conduisit derrière un mur écroulé, loin des yeux des dizaines de soldats qui gardaient la seule porte arrière de l’édifice. Je plongeai mon visage dans sa poitrine pour étouffer ma toux. Je pressai les mains dans sa chemise et enfonçai le tissu contre ma bouche. Je sentis davantage de poussière me monter dans le nez alors que le vent me fouetta le visage et tournoya dans mes cheveux. J’avais les narines qui chatouillaient, la gorge qui brûlait, et je m’étouffai de nouveau.

    Je me pinçai le nez et respirai à travers sa chemise et finis par retenir ma toux. Je me couvris la bouche et le nez avec les mains et m’accotai contre le mur, près de Cailen, mais sans le toucher.

    — Qu’est-il arrivé à cet endroit ? demandai-je à travers mon bouclier de fortune.

    Comme il avait couvert son visage avec ses mains, je ne pus voir que ses yeux verts brillants. Ils exprimaient alors de l’inquiétude.

    — Il y a eu une sécheresse, répondit-il.

    Je hochai la tête. J’avais entendu quelque chose à ce sujet dans le bunker. Les gens avaient murmuré autour de moi et m’avaient regardée de travers. Apparemment, ils pensaient que je pouvais en être responsable. Personne ne faisait plus confiance à l’Aurie. Pas après mon attaque de quelques soldats ladeshians, et ma destruction d’un système solaire entier.

    Mais ils étaient fous de s’inquiéter à notre sujet. Cailen ne pouvait maîtriser l’eau, et j’étais là pour les aider, pas les tuer. De plus, je ne pouvais même pas imaginer le genre de pouvoir qu’il faudrait pour épuiser lentement l’approvisionnement en eau de tout un monde. S’ils m’avaient demandé mon avis, j’aurais dit que c’était un acte d’El.

    Cailen se leva et me tendit la main.

    — Allons-y. Je ne veux pas être à proximité de tous ces hommes de Lastrini.

    Je me levai sans son aide. Je l’avais déjà trop touché. J’arrivais à peine à contenir mon désir. La chaleur qui coulait dans mes veines devenait plus forte chaque fois que j’y pensais, chaque fois que je regardais ses mains, ses lèvres, ses yeux.

    Je fermai les yeux et repoussai ces pensées au loin.

    Quand je les rouvris, Cailen se trouvait dos à moi. Sa chemise était ouverte à l’arrière pour exposer les longs monticules minces où ses ailes se cachaient sous sa peau. Mais je ne pouvais voir plus que les monticules où son dos était exposé. Je vis le contour net de ses muscles. La manière subtile dont il bougeait et respirait.

    Il se retourna et regarda vers moi. Le feu et la chaleur brûlaient dans ses yeux. Ma respiration resta coincée dans mes poumons, et je me rendis compte que tout mon corps était chaud de cette électricité pulsante, qui bourdonnait dans mes veines du haut de ma tête tout le long des endroits dont je ne connaissais l’existence qu’en raison des pulsations du drilium. Je pressai mes mains contre ma bouche et inspirai. J’avais besoin de me maîtriser. Rien ne pouvait arriver tant que je n’étais pas certaine de l’authenticité de mes sentiments.

    Cailen ferma les yeux et fit un pas en arrière. Nous devions tous deux nous maîtriser.

    Il me tourna le dos de nouveau et me fit signe de rester près de lui. Nous fîmes le tour de la formation lâche de soldats, chacun d’eux gardant la structure de pierre en ruine avec des regards qui auraient pénétré l’acier. Rien n’échappait à leur attention. Rien, sauf nous.

    La poussière assombrissait tout par le tourbillon du vent. Je ne pouvais pas voir à plus de trois mètres devant moi. Ma robe était collée contre moi et s’enroulait autour de mes chevilles. De petits cailloux me piquaient les bras et les jambes quand le vent fouettait ma robe au-dessus de mes genoux. Je marchais en plissant les yeux, m’assurant de toujours voir Cailen. Soudain, je regrettai de ne pas avoir les dispositifs de protection des yeux, du nez et de la bouche que portaient les soldats soltakians.

    Nous finîmes par arriver au bas de la colline, au-delà des soldats et de leur mur cassé, et dans ce qui restait de la nouvelle ville. Il ne restait pas grand-chose de la métropole autrefois glorieuse, mais nous avions besoin d’un endroit où nous abriter jusqu’à ce que la tempête de poussière se calme, alors nous marchâmes en nous protégeant le visage contre le vent, la poussière et le sable. Des tas de gravats jonchaient les rues de pierre. Les lacs d’autrefois avaient été remplacés par des cratères de boue desséchée. Malgré nos recherches, nous ne trouvâmes pas d’abri. La ville avait disparu. Les tours de cristal servaient de barricade entourant une terre en friche, qui n’était plus belle, mais imposante, et agissait comme un rappel constant qu’on était en guerre.

    Comme nous approchâmes du cœur de la nouvelle ville sans encore avoir trouvé un abri, je m’apprêtais à proposer que nous bloquions au moins une partie de la saleté et de la poussière que nous recevions au visage en nous adossant à l’un des plus gros tas de décombres quand Cailen tourna brusquement à gauche. Devant nous, je vis ce qu’il avait vu : une grande structure

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