Sabina sauve le futur: https://martinlundqvist.com/sabina-saves

Par Martin Lundqvist

Réincarnée au vingt-et-unième siècle, Sabina doit empêcher l’apocalypse du vingt-neuvième siècle.
Sabina sauve le futur est une suite de trois romans au cours desquels vous suivrez les aventures de Sabina Hines, dotée de pouvoirs surnaturels, qui parcourt le monde et découvre plusieurs infâmes conspirations.
Sabina est une talentueuse jeune fille de dix-huit ans qui vit à Sydney, en l’an 2037. Mais elle est porteuse d’un secret très particulier : lors de sa précédente incarnation, elle était l’Élue, mais n’a pas réussi à empêcher l’apocalypse de 2887. En mourant, elle demanda à la Vraie Créatrice la permission de se réincarner en 2019 avec tous ses pouvoirs.
Après avoir échappé de peu à une tentative de viol commise par Joshua Harkins, un enfant gâté, Sabina eut une révélation : il était temps pour elle de s’occuper de sa mission : trouver le Zeto Crystal primordial, appelé aussi saint Graal.
Sa quête la mène à Jérusalem, où des hommes vils cherchent la même chose, mais pour leurs infâmes objectifs. Faisant face aux conspirateurs, Sabina se lance dans la dangereuse quête de l’artéfact magique, pour le purifier et éviter d’il ne tombe dans des mains impies.
Mais s’opposer au mal n’est pas une mince affaire. Quel sacrifice devra-t-elle faire pour atteindre son objectif ? Arrivera-t-elle à conserver son innocence en traversant ce calvaire ?
Après avoir récupéré le Zeto Crystal, Sabina doit choisir entre amour et devoir.
Ayant été blessée aussi bien physiquement que mentalement lors de son voyage tumultueux en Israël, Sabina se réconforte auprès du mignon et compatissant Alexander O’Neill, duquel elle tombe amoureuse, pour la première fois de sa vie.
Le Zeto Crystal ayant perdu toute son énergie, Sabina se focalise sur sa relation avec Alex et s’emploie à trouver des fonds pour leur œuvre caritative.
La vie se déroule sans encombres pour Sabina jusqu’à ce qu’un jour, un nouvel ennemi apparaisse, ce qui la pousse à se rendre au Mexique. Mais le pays est au bord de la guerre civile et elle doit faire face à un choix difficile : l’amour ou le devoir.
Après bien des épreuves, Sabina doit affronter son destin, Rangda. Mais Sabina réussira-t-elle à surmonter le mal qu’elle essaie d’arrêter ?
Ayant survécus à la guerre civile au Mexique et ayant mis un terme aux desseins maléfiques de Pierre Beaumont, Sabina et Alex récupèrent à Hawaii.
Mais hélas la paix ne dure pas longtemps, car le mystérieux Martin Al-Sham refait surface. Ses complices kidnappent Alex pour que Sabina soit forcée d’aider Martin en se lançant dans une expédition dangereuse.
Martin révèle à Sabina qu’il a trouvé un moyen de ré-énergiser le Zeto Crystal, et qu’il faut qu’elle accomplisse sa destinée.
Ensemble, ils se rendent à Kiribati. Ils doivent y escalader un volcan actif avant que Sabina ne plonge vers la pyramide engloutie de Kiribati, au sein de laquelle se trouve le portail menant à la dimension divine.
Finalement, Sabina arrive jusqu’à Rangda, mais sera-t-elle capable de mener à bien sa mission, ou deviendra-t-elle le mal même qu’elle s’efforce de stopper ?

• Langue: Français
• Éditeur: BadPress
• Date de sortie: 7 sept. 2023
• ISBN: 9781667446615

Martin Lundqvist

Martin's background Martin is a Swedish male born in 1985 He has lived in Australia since 2012, and has been with his partner Elaine Hidayat since 2013. Martin's writing history Martin wrote wrote his first book, the psychological crime thriller James Locker: The Duality of Fate back in 2013.  After that Martin had a break from book writing for a couple of years. In late 2016, Martin decided to take up book writing again and he finished his Science Fiction novel The Divine Dissimulation a year later. In July 2018 Martin finished his third book, The Divine Sedition. which constitutes the second book in The Divine Zetan trilogy. In 2018 Martin also wrote a short-story for children Matt's Amazing Week and a parody novella called Divine Space Gods: Abraham's Follies In January 2019 Martin finished writing Divine Space Gods II: Revolution for Dummies Martin's style Martin is a multi-genre writer who likes to mix up his works. So far he has released works in the crime, science fiction, humor and children genre, and he intend to write more genres in the future to mix up his repertoire and improve his writing.

Aperçu du livre

Sabina sauve le futur

Martin Lundqvist

––––––––

Traduit par Michel Gambier 

Sabina sauve le futur

Écrit Par Martin Lundqvist

Copyright © 2023 Martin Lundqvist

Tous droits réservés

Distribué par Babelcube, Inc.

www.babelcube.com

Traduit par Michel Gambier

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Chapitre 1 : à mon sujet

Je m’appelle Sabina Hines, mais je préfère secrètement Sabina Eisenstein. Je suis née en 2019, et je viens de fêter mes dix-huit ans. Je suis originaire d’Afrique du Sud, mais je vis à Sydney, en Australie, depuis bien des années ; depuis que mes parents y ont émigré lorsque les tensions raciales sont devenues vives.

Certaines personnes disent que je suis jolie, et elles ont peut-être raison. Je me définirais comme grande et mince, le teint clair, les traits symétriques. Je suis blonde aux yeux bleus, des yeux qui parfois brillent quand elle me parle. Mais il n’y a rien d’autre à dire sur ma beauté, vu que les belles plantes sont rares et que la beauté physique s’évanouit avec l’âge.

Non, ce qui est unique chez moi, c’est que j’ai vécu une vie précédente. Avant d’être Sabina Hines, j’étais Sabina Eisenstein. Je sais que nombre d’entre vous vont rire en entendant cela, et que mon affirmation en elle-même n’a rien d’unique en soi. Après tout, un nombre inimaginable de personnes revendiquent avoir été Napoléon, Hitler ou Elvis dans une vie antérieure, et la réincarnation est une croyance partagée par bon nombre de religions telles que l’Hindouisme ou le Bouddhisme.

Mais ma réincarnation est une histoire très particulière. En fait, ma courte vie en tant que Sabina Eisenstein s’est passée dans un lointain futur : j’ai vécu de 2875 à 2887. Née d’une mère martienne révolutionnaire, Keila Eisenstein, la Vraie Créatrice m’a assigné la tâche d’arrêter la reine xeno, Rangda, dans son entreprise de corruption des Zeto Crystals, et de mettre un terme à la tyrannie et aux destructions perpétrées dans toute la Voie lactée par cette dernière. Vu qu’y il y a sept Zeto Crystals primordiaux dans toute notre galaxie, j’ai la mission de protéger celui de la terre, vu que les autres me sont inaccessibles.

J’ai échoué dans cette tâche lors des guerres intergalactiques et de l’Armageddon qui en découla, où Rangda détruisit mon corps physique, ce qui força la Vraie Créatrice à détruire Rangda. Mais, ce faisant, la Vraie Créatrice a aussi détruit la galaxie toute entière sans le faire exprès, la réduisant à des particules micro-moléculaires. Juste avant l’explosion magistrale et la fin des temps, j’ai supplié la Vraie Créatrice de me donner une autre chance de rétablir les choses, et elle répondit à ma requête en me renvoyant dans le passé pour y renaître. Elle me confia la mission de vaincre Rangda avant que ses pouvoirs démoniaques ne deviennent trop puissants. Examinant les options qui s’offraient à moi, j’ai décidé que 2019 était une année idéale pour renaître et j’ai dû sélectionner mes parents.

2019 était une bonne année pour plusieurs raisons. La technologie était suffisamment avancée pour me permettre d’atteindre mon but, et aussi parce qu’il y avait encore beaucoup de choses à découvrir. Ça m’a plu. Mais le plus important, c’est qu’en cette année vivaient deux personnes aux ADNs convenables pour qu’ils puissent devenir mes parents, qu’ils puissent se rencontrer et que je puisse être conçue. Mais ça ne serait pas simple, vu que chacun d’eux était déjà en couple et que mon père, Marvin Orchard, allait être atteint d’un cancer incurable quelques mois plus tard et qu’il mourrait avant que je ne naisse. À l’aide de mes pouvoirs télépathiques, j’ai influencé mes parents biologiques pour qu’ils se rencontrent et aient une rapide relation dans un restaurant tandis que leurs partenaires les attendaient chacun à leur table. Je fus témoin de toute la scène et, même si cela ne fut pas si génial que ça, et même si je ne suis pas particulièrement fière de ce que j’ai fait, cela devait tout simplement arriver. J’ai convaincu ma mère de ne pas se faire avorter et de ne pas dire à mon père, John, que je n’étais pas sa fille biologique.

Bon, eh bien je pense que c’est tout ce que vous avez besoin de savoir sur moi pour l’instant, alors place à mon histoire.

Chapitre 2 : je rêvasse à l’école

Je laissais aller mon imagination en cours, pensant à la façon dont je pourrais convaincre John de me payer un voyage à Jérusalem. Cette ville n’était pas sûre pour une fille qui voyageait seule et je ne voulais pas que mes parents viennent avec moi, vu que j’avais un objectif qui pourrait m’attirer des ennuis. Je pourrais peut-être me servir du zèle religieux, en faire la raison de mon désir d’y aller. John serait certainement ravi que j’aille visiter la sainte cité de ses ancêtres, vu que c’est un juif dévot.

Tandis que je pensais à cela, Joshua s’approcha de moi. C’était le genre de garçon dont toute adolescente rêvait : joli, charmant, joueur de rugby, de foot et de cricket de premier plan. Toutefois, il n’était pas à mon goût. La sexualité ou les garçons ne m’intéressaient pas spécialement et ma beauté était plutôt une malédiction qu’une bénédiction, vu que les garçons n’arrêtaient pas de m’aborder.

— Eh, à propos de la fête que je donne vendredi soir... ça te dirait de venir ? me demanda-t-il.

— Mais Josh, je crois que tu as un match de rugby samedi matin.

Je peux vous assurer que ma répartie le prit un peu de cours, mais il ne se laissa pas démonter :

— Eh bien, je crois que je vais devoir faire les deux, répondit-il.

— Sûr. T’es encore jeune, ça devrait pas te poser de problème.

— Alors, tu veux venir ? me demanda-t-il nerveusement.

Est-ce que j’en avais envie ? Pas le moins du monde. Prendre diverses substances pour altérer les réponses chimiques de mon cerveau, qu’elle idée stupide ! C’est alors que je me souvins d’une chose : mon demi-frère secret, Eric Orchard, qui a le même âge que moi, m’avait confié l’inclination qu’il avait pour cette fille, Lindsey, qui est dans ma classe. Si elle y allait, je pourrais aider mon demi-frère sur ce coup. Eric avait souffert de dépression, principalement parce qu’il avait grandi sans père. Le pousser dans les bras de Lindsey n’était peut-être pas la solution à long terme la meilleure, mais je voulais le voir heureux.

— Est-ce que Lindsey McGowan et Eric Orchard y viendront ? Demandais-je.

Joshua me regarda d’un air ahuri :

— Ouais, Lindsey fut ravie d’accepter l’invitation. Pour ce qui est d’Eric, pourquoi me demander ça ? Personne ne l’aime.

Je me demandais si j’allais répondre à Joshua qu’Eric avait une âme plus pure que la sienne et qu’il y avait autre chose dans la vie que l’apparence et le succès, mais je me dis qu’une réplique aussi vive ne saurait engendrer de résultat encourageant. Au lieu de ça, je pris la main de Joshua, le regardais dans les yeux et lui dit d’une voix douce :

— Je t’en prie, invite-le par égard pour moi. Il est seul et il ne causera aucun problème.

Je sentis que Joshua fut émoustillé quand je lui pris la main. Cela m’écœura un peu, mais c’était aussi un soulagement. En effet, cela m’aurait fait de la peine d’avoir à éconduire quelqu’un de sincèrement amoureux de moi, mais, en ce qui concernait Joshua, il n’était que sexuellement attiré par moi et cela ne lui poserait pas de problèmes. J’examinais son visage pour deviner à quoi il pensait mais il finit par répondre :

— Okay, tu peux venir à la fête accompagnée de ton ami gay si tu veux.

J’eus bien envie de rétorquer qu’il ne l’était pas, mais je m’en abstins. C’était mieux pour tous. Si Joshua pensait qu’Eric était gay, il ne le verrait pas comme un rival.

Chapitre 3 : au club d’échecs

Le même jour, un peu plus tard, je jouais aux échecs avec Eric. Ce jeu n’était qu’un prétexte pour le rencontrer dans un environnement amical. Lui ne savait pas que nous étions de la même fratrie, ayant le même père. J’avais évité de lui révéler cette information parce que j’avais présagé que lui dire la vérité n’était pas l’idée du siècle. Soit il se dirait que j’étais une menteuse pathologique, soit il ne me croirait pas. En outre, cela risquait d’égratigner l’aura de son père, Marvin Orchard. Eric tenait son père en haute estime, un père qui était décédé alors qu’il n’avait que quelques mois. Briser cette estime en affirmant que son père avait eu une relation extra-conjugale quelques mois avant sa mort n’était sûrement pas la chose à faire.

J’aimais passer du temps avec mon demi-frère. Pourtant, ignorant que nous étions de la même fratrie, il essaya de m’embrasser une fois, ce qui m’embarrassa terriblement.

En ce jour, j’avais décidé que j’allais perdre la partie en trente-sept coups. Ma connexion mentale avec la Vraie Créatrice rendait les échecs trop faciles. Même le niveau le plus élevé dans un jeu d’échecs électronique n’était pas un problème. Mais perdre en un certain nombre de coups était beaucoup plus difficile, vu qu’il fallait beaucoup plus de réflexion pour perdre d’une certaine façon que pour gagner. Je devais manœuvrer et je sentais que cela peaufinait mes facultés intellectuelles. Après m’être faite battre en trente-sept coups, je souris à Eric et le complimentait de ce beau match :

— Bien joué, Eric. Tu m’as encore battue.

Il leva les yeux sur moi et ne parut pas heureux d’avoir gagné :

— Sabina, cesse de me laisser gagner. C’est pas du jeu !

Je feignis la surprise et rétorquais :

— Je ne t’ai pas laissé gagner. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— Je t’ai vue battre l’intelligence artificielle lors de la compétition holographique d’échecs l’autre jour. Tu l’as battue au niveau Kasparov, l’un des plus difficiles aux échecs, que personne n’a jamais battu.

Je regardais Eric et me décidait à lui dire la vérité en souriant :

— Bon, c’est vrai. J’ai perdu volontairement. Mais c’est juste parce que j’apprécie ta compagnie.

— Ah ouais, et alors pourquoi tu me mens ? répliqua-t-il, indigné.

Je décidais que cela allait trop loin. Je pris sa main et le regardais droit dans les yeux :

— Je ne t’ai pas menti. Je t’ai laissé gagner pour te donner confiance en toi. Malheureusement, tu as été plus futé et m’a percée à jour.

Eric soupira :

— Heureux les ignorants. J’aurais préféré ne pas savoir que tu as perdu volontairement, dans ce but.

— Heureux sont-ils ! répondis-je avec un sourire insolent.

Je préférais passer à un sujet plus léger :

— Alors, Eric, veux-tu venir avec moi à la fête de Joshua vendredi soir ? Lindsey sera là.

Je lui fis un clin d’œil et, pendant un instant, je vis ses yeux sourire avant qu’il ne retombe dans sa mélancolie.

— Est-ce que Joshua m’a vraiment invité à sa fête ? Il ne m’aime pas, indiqua-t-il avec scepticisme.

— Euh techniquement, il m’a invitée moi. Tu seras juste mon acolyte, mais je pourrais t’aider avec Lindsey, répondis-je en lui faisant un clin d’œil.

Eric me regarda d’un air soucieux :

— Merci, Sabina. Mais je m’inquiète pour toi. Joshua est obsédé par toi. Tu n’imagines pas ce qu’il peut dire sur toi.

— Tu as sans doute raison, répondis-je avec nonchalance.

Après un court temps de silence, j’assurais Eric que je pouvais aller à la fête de Joshua. Je lui souris :

— Écoute Eric. Je sais très bien que Joshua ne rêve que de me culbuter. Mais je peux me défendre et je préfère cela à un penchant émotionnel qu’il aurait pour moi. Je déteste faire de la peine aux gens.

Regardant ma montre, j’ajoutais :

— Maintenant, je dois rentrer, mais on se voit vendredi. Ça sera génial.

En rentrant chez moi à pied, je repensais à ce qu’Eric avait dit à propos de Joshua. Devais-je vraiment aller à cette fête ? Je n’aimais pas les fêtes ni être en compagnie de jeunes comme moi, se droguant pour altérer leurs facultés mentales et avoir une montée. Mes facultés mentales me convenaient très bien comme elles étaient. Boire une tasse de thé, étudier les formes complexes et la beauté des fleurs m’intéressait beaucoup plus que d’avaler diverses substances dans l’espoir de me faire accepter par mes pairs. Si je voulais faire l’expérience d’un rapprochement physique et passer une nuit fantastique avec quelqu’un, ce que j’étais sûre d’expérimenter un de ces jours, je préférais le faire en toute conscience.

Arrivée à ma chambre, je dis à l’intelligence artificielle de jouer mon album favori, le meilleur de Chopin, et je trouvais la paix dans cet équilibre et cette harmonie parfaite que seule la bonne musique peut apporter.

Chapitre 4 : vendredi, avant la fête

Ce soir-là, je rencontrais Eric à Bondi Junction. Il était ravissant avec son costume bleu marine MJ Bale, sa chemise blanche et sa cravate jaune. J’en fus soulagée. Si je devais aider mon demi-frère à conquérir la fille de ses rêves, son apparence était cruciale. Je sais bien que l’intérieur est le plus important chez un être humain, mais notre apparence ne devrait jamais empêcher les gens d’apprendre à mieux connaître notre beauté intérieure. Tout en m’approchant d’Eric, je l’étudiais de près. Il semblait transpirer, nerveux, et avoir un peu bu. Oh Eric, pourquoi me rends-tu les choses si difficiles ?

Arrivée à sa hauteur, je lui souriais :

— Salut Eric. T’es prêt pour la chance de ta vie avec Lindsey ?

— Oui. Je vais me la faire, c’est sûr.

Sa voix se faisait l’écho de sa trop grande confiance en soi et de son arrogance prétentieuse. Je hochais la tête et le regardait avec désapprobation :

— Eric, si tu veux que je t’aide, cesse tout de suite tes airs prétentieux. L’Eric que je connais mérite d’avoir une chance en amour, mais pas celui que j’ai devant moi.

Mes paroles dégonflèrent son faux ego et il prit un air de chien battu en me répondant, honteux :

— Mais je ne sais pas quoi faire pour que Lindsey, ou tout autre fille, me remarque.

Je lui lançais un regard compatissant :

— Je ne me coltine pas la fête de Joshua pour que tu sortes avec n’importe quelle fille. J’y vais pour t’aider avec Lindsey.

— D’accord. De toute façon, c’est Lindsey que je veux, répondit-il d’un air penaud.

— Bien.

Je lui souris et continuais sur un ton plus sérieux :

— Premièrement, j’aimerais que tu respectes certaines règles de base. Tu es là pour poser de solides fondations pour un futur avec la personne que tu aimes. Si tu ne viens là que pour te soûler et pour t’envoyer en l’air, je ne t’aiderai plus jamais.

Eric me regarda, ébahi :

— Je ne comprends pas. Qu’y a-t-il de mal à une relation sexuelle sans émotions ?

— Il n’y a rien de mal à ça, mais ça ne m’intéresse pas de t’aider juste pour ça.

Eric me regarda un instant, puis acquiesça :

— D’accord. On fait comme tu veux. Après tout, c’est grâce à toi que j’ai été invité.

— Bien.

Nous avons bavardé pendant un moment avant de nous décider à prendre le chemin de la maison de Joshua. J’avais dans l’idée de prendre le bus, mais Eric choisit de louer une Autocar Deluxe. Autocar était l’appli la plus répandue pour appeler un taxi électrique sans chauffeur en 2037, et Autocar Deluxe nous envoya une Mercedes en lieu et place des Toyotas ordinaires. Je fus bien aise de ne pas avoir à prendre le bus pour une fois, et peu après nous arrivions à la luxueuse demeure de Joshua, située à Dover Heights[1].

Chapitre 5 : la pire fête à laquelle j’ai assisté

En descendant de notre Autocar Deluxe près de la demeure des parents de Joshua, je pris conscience qu’Eric avait eu raison de dépenser un peu d’argent pour un véhicule luxueux, vu le nombre de somptueuses voitures garées dans les parages. Un groupe de filles, courtes vêtues et outrageusement maquillées, nous précéda à l’entrée. Elles gloussaient comme des pintades surexcitées. Ce qui se comprenait, vu qu’elles avaient été invitées à la fête d’anniversaire privée de Joshua Harkins, dont le père était l’un des hommes les plus riches de Sydney. Quant à moi, cela ne m’impressionnait pas tant que ça.

La richesse excessive ne mène qu’à la corruption. Pour ma part, j’étais sûre que je pourrais devenir très riche si je m’en donnais la peine mais je ne voyais pas comment cela aurait pu me rendre plus heureuse. J’étais bien comme ça, vivant dans un modeste appartement avec ma mère et John. Ajouter cinq cents mètres carrés et trois domestiques à notre style de vie n’aurait en rien amélioré notre vie, ou plutôt aurait fait empirer les choses. Dans un manoir, nous serions isolés les uns des autres, chacun dans son aile, et nous ne nous parlerions que rarement.

Un fois passée la sécurité, nous réalisâmes que les parents de Joshua n’avaient pas regardé à la dépense pour que la fête soit aussi somptueuse que possible. Il y avait des centaines d’invités et de nombreux serveurs et serveuses avaient été embauchés pour satisfaire les invités.

Joshua nous remarqua et vint vers moi, plein de confiance en soi :

— Bienvenue chez moi, Sabina. Tu es splendide ce soir. Que penses-tu de la fête ?

— Ça à l’air génial. Eric et moi sommes ravis d’en être, répondis-je avec un enthousiasme feint.

Je remarquais un bref changement sur le visage de Joshua. À l’évidence, ma mention d’Eric l’avait dérangé. Mais bien vite sa confiance en soi réapparut et, faisant comme si Eric n’était pas là, il ajouta :

— Aimerais-tu un verre de Dom Pérignon ?

Eric souriait comme un aristocrate, imaginant que le nom d’un tel champagne, à plusieurs centaines de dollars la bouteille, allait m’impressionner.

Après une courte pause, je répliquais :

— Non, je préfère une tasse de thé, Earl Grey si possible. Mais je suis sûre qu’Eric sera ravi de goûter au Dom Pérignon.

M’entendant préférer une tasse de thé à un champagne français aussi prisé, Joshua fut surpris et sembla un peu à court de mots, mais il finit pas répondre :

— C’est la fête d’anniversaire de mes dix-huit ans et tu me demandes une tasse de thé, Sabina ?

Ignorant le sarcasme, je rétorquais :

— Oui. Boire de l’alcool ne m’intéresse pas. Mais merci de me le proposer.

Josh resta interloqué mais se plia finalement à ma demande et appela un serveur :

— Un verre de Dom Pérignon pour moi, un tasse d’Earl Grey pour cette ravissante dame et une bouteille de bière Daft pour Eric. Je suis sûr que la bière ira bien avec son statut socio-économique.

Je gratifiais Joshua d’un regard réprobateur à cause de sa dernière phrase, mais il l’ignora. Au lieu de ça, il ajouta :

— Je dois te quitter, pour l’instant, car je dois m’occuper des autres invités. N’oublie pas d’écouter mon discours un peu plus tard dans la soirée.

— Je n’y manquerais pas, répondis-je sur un ton désinvolte.

Quand Josh se fut éloigné, je me tournais vers Eric :

— Quel mufle, se moquer de nous ainsi !

Eric haussa les épaules :

— Voyons le côté positif : en fait, je préfère la bière.

Puis il me regarda d’un air étonné :

— Mais toi, Sabina, tu bois de l’alcool. Nous avons fêté ton anniversaire le mois dernier et je t’ai vue en boire.

— Je sais, mais je ne suis pas venue ici pour faire la leçon aux gens sur les dangers des drogues et des substances psychoactives. Parfois un mensonge innocent peut être utile.

Après avoir été servis, nous nous mîmes en quête de Lindsey et de ses amis. L’ayant trouvée, j’allais vers elle et lui pris gentiment la main. La regardant dans les yeux :

— Salut Lindsey. Eric est là et il serait ravi de parler avec toi.

Au premier abord, Lindsey ouvrit de grands yeux, étonnée. Mais quand elle vit Eric, elle fut soudain toute excitée, l’embrassa et dit :

— Salut Eric ! Je suis si contente de te voir ce soir. Je suis sûre que nous allons passer une nuit géniale.

Eric devint tout rouge sous l’empire d’un mélange de joie et de timidité, abasourdi par ce qu’il venait d’entendre. Mais il se reprit bien vite, et bientôt nos deux perdreaux étaient engagés dans une conversation passionnante. Ils semblaient s’entendre à merveille. M’excusant, je les laissais en si bonne compagnie. Tout en étant ravie de pouvoir aider mon demi-frère, j’étais aussi honteuse d’avoir utilisé mes pouvoirs pour influencer Lindsey. J’étais certaine qu’ils feraient un couple charmant, mais était-ce à moi de décider de la vie d’autres gens ?

Je fus interrompue dans mes cogitations philosophiques par Joshua, s’approchant de moi passablement ivre :

— Sabina, il faut que je te parle.

— Je t’en prie.

Josh se pencha vers moi et me chuchota à l’oreille :

— Il faut que je te parle