Les enfants « d’occasion »

Je suis américaine, je m’appelle Emily, j’ai 40 ans et je n’ai jamais connu mes parents biologiques. J’ai été adoptée alors que j’étais encore bébé mais j’ai grandi heureuse auprès de Norma et Robert, mes parents adoptifs. Ils m’avaient désirée aussi fort que si j’avais été de leur sang.

Je n’étais pas leur unique enfant, mais la seule qui ne soit pas née de leur amour. A mon arrivée, quatre petites têtes de 5 à 11 ans, deux garçons et deux filles, s’étaient penchées vers moi pour me souhaiter la bienvenue.

Norma et Robert auraient pu se satisfaire des quatre enfants que la nature leur avait donnés, mais leur générosité les avait poussés à ouvrir leurs bras à un de ces délaissés qui peuplaient les orphelinats. Ils en avaient discuté avec leur progéniture et j’avais été l’élue.

Quand j’eus l’âge de comprendre, Norma et Robert m’expliquèrent avec beaucoup de délicatesse qu’ils m’avaient adoptée. Je n’avais pas posé de questions sur mes origines. La seule chose qui m’importait était leur amour et le bonheur de vivre auprès d’eux.

A l’adolescence, j’ai commencé à vouloir en savoir un peu plus sur mes origines, à désirer connaître mon histoire. Et surtout, à comprendre pourquoi on m’avait abandonnée. J’ébauchais des théories plus ou moins optimistes sur mes parents et notamment sur ma mère biologique. On me disait jolie, et sans pécher par manque de modestie, c’était vrai (je commençais à le voir dans le regard des garçons de mon lycée…). J’étais alors convaincue de ressembler à ma pauvre mère qui avait dû se séparer de moi. Et, parce qu’il m’était insupportable de songer que je n’avais été pour elle qu’un fardeau dont elle devait absolument se débarrasser, je me suis inventé une histoire de jeune fille fragile, séduite, abusée puis rejetée, obligée d’abandonner sa fille pour l’honneur de sa famille. Je voulais qu’elle soit une victime. J’espérais qu’elle ne m’ait jamais oubliée. Peut-être même pleurait-elle chaque jour.

Norma et Robert m’ont beaucoup soutenue dans cette période délicate. Ils m’ont assuré encore et encore que cette maman