Les enfants cachés du cordonnier: Biographie
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À propos de ce livre électronique
Toi, mon père biologique que je n’ai jamais connu, j’ai toujours eu envie de savoir qui tu étais. Te retrouver, te rencontrer devenait une obsession. J’ai secrètement souhaité que tu fasses des recherches pour nous retrouver, mon frère et moi. Moi j’en ai fait, au départ dans l’espoir seulement d’obtenir ton nom. Je commence à l’âge de quatorze ans. Je n’ai que ton prénom et quelques informations que ma mère a bien voulu me communiquer. Lorsque j’arrive à retrouver ta famille, j’ai plus de cinquante ans. Personne n’est au courant de notre existence. Je dévoile alors un secret de famille.
Dans ce récit biographique, suivez le cheminement de l'auteur à la recherche de ses origines pour trouver la liberté !
EXTRAIT
Au rythme des virages alpins, les questions et les hypothèses tournent à nouveau dans la tête d’Hélène, comme elles avaient tourné si souvent au cours de son enfance. Mais ce jour-là, elles ont plus d’acuité et elles affluent, tout en désordre.
Pourquoi Simone a-t-elle voulu garder pour elle ce secret ?
Croyait-elle que Pietro rejetterait ses enfants si elle les mettait en contact avec lui ? Voulait-elle leur éviter cette déception ?
Ou au contraire craignait-elle que Pietro établisse avec ses enfants un lien qu’elle-même n’avait pas su conserver avec lui ? Simone était si jalouse, si exclusive !
Dans l’inconscient de Simone, Hélène avait-elle pour mission de garder son père auprès d’elles ? Puisqu’elle avait échoué, fallait-il donc la priver de la possibilité de le retrouver ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Hélène Cartier-Millon est née à Marseille en 1949. Son tempérament positif l’aide à traverser une enfance compliquée et à assumer les aléas de sa vie. Après différentes expériences professionnelles, elle devient éducatrice, pour à son tour accompagner les enfants en difficulté.
Parallèlement, elle mène des recherches pour retrouver les traces de sa famille paternelle. Sa ténacité lui permet d’aboutir, de dévoiler un secret et d’en raconter le cheminement.
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Avis sur Les enfants cachés du cordonnier
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Aperçu du livre
Les enfants cachés du cordonnier - Hélène Cartier-Millon
Hélène Cartier-Millon
Les enfants cachés du cordonnier
Je dédie ce livre,
À mon neveu Grégory Cartier-Millon
À mes frères Alain et André Cartier-Millon
À la lignée des femmes de ma généalogie
Aux mères et aux pères manquants, en difficulté à la naissance de leur enfant
Aux enfants qui sont en quête de leur mère, de leur père et de leurs origines
Préface
Père ? Sur le registre d’état civil il n’y a rien ! Père inconnu ? Même pas ! Rien qui pourrait laisser supposer que l’arrivée au monde de cette petite fille ait eu un homme pour origine. Et pour son frère ? C’est le même mystère.
Famille complexe, des mères, des pères, un frère, des demi-frères… un père biologique inconnu. Au départ, famille restreinte. J’ai eu besoin d’en savoir plus.
Toi, mon père biologique que je n’ai jamais connu, j’ai toujours eu envie de savoir qui tu étais. Te retrouver, te rencontrer devenait une obsession. J’ai secrètement souhaité que tu fasses des recherches pour nous retrouver mon frère et moi. Moi j’en ai fait, au départ dans l’espoir seulement d’obtenir ton nom. J’ai consulté des actes d’état civil, de baptême, des dossiers médicaux ou sociaux. Cette quête faisait naître en moi un espoir de plus en plus grand.
Ces recherches généalogiques ont été un travail de longue haleine, un travail de fourmi, de patience et de persévérance. Chaque démarche m’apportait de la joie, ainsi qu’une grande satisfaction dès que j’obtenais un renseignement, ce qui me permettait de construire le puzzle, petit à petit…
Je commence à l’âge de 14 ans. Je n’ai que ton prénom et quelques informations que ma mère a bien voulu me communiquer. Un jour, ma recherche fait un bond en avant ! Le hasard d’un rendez-vous me permet de découvrir ton nom, de retrouver ta famille et ton histoire. Mais j’apprends que toi, tu es décédé depuis longtemps.
Lorsque j’arrive à retrouver ta famille, j’ai plus de 50 ans. Personne n’est au courant de mon existence… Je dévoile alors un secret de famille.
La petite fille a fait du chemin ! Chacun de nous avance comme il peut, avec ses difficultés, ses angoisses, avec les mains tendues qu’il accepte ou refuse, avec les aléas et les bonheurs. Parcours plus ou moins facile, certains épisodes plutôt douloureux, mais qui font partie de la vie ! De ma vie ! Une enfance difficile jalonnée de nombreux placements, une mère malade durant plusieurs années, nous n’avons pu, mon frère et moi rester avec elle. Une famille éclatée, dispersée. Comment s’y retrouver ? Comment survivre, vivre ?
Je décide d’écrire mon histoire, celle de mes frères, de ma famille.
Me voilà soudain hésitante. Comment débuter ? À quel moment une histoire de vie commence-t-elle ? À la naissance de l’enfant ? Ou plutôt longtemps auparavant, lorsque jour après jour se tissent les histoires des ancêtres, dont les écheveaux compliqués viennent s’enchevêtrer autour du nouveau-né ? Toutes ces histoires constituent une toile protectrice pour certains, une prison étouffante pour d’autres. Souvent un mélange des deux ! Pour le meilleur comme pour le pire, nous sommes reliés les uns aux autres par des liens que nous n’avons pas consciemment choisis et dont nous ignorons à peu près tout. Les retrouver peut nous rendre libres mais c’est l’œuvre de toute une vie.
Chapitre 1
Bonjour maman !
Me vient soudain à la mémoire le souvenir d’une rencontre avec ma mère. Elle est déjà âgée à l’époque et vit à Vizille. Cette rencontre a été pour moi extrêmement importante. La nouvelle que je viens de lui annoncer l’a peut-être bouleversée, mais elle est l’aboutissement d’une recherche qui a duré tant d’années ! Elle est ma victoire personnelle contre les secrets, les silences et les bouches cousues qui ont empoisonné une bonne partie de ma vie.
Je regarde cette femme qui revient d’une petite ville entourée de montagnes. Cette femme qui a réussi à mener sa quête jusqu’au bout, qui a gagné son combat, c’est moi. C’est la partie obstinée de moi-même ! Je peux la regarder avec du recul, comme si elle m’était extérieure. C’est plus facile peut être…
***
Hélène rentre de Vizille où elle a rendu visite à sa mère, Simone, qui vit dans une maison de retraite. La route est longue et tout en conduisant elle se remémore l’échange qu’elle vient d’avoir.
Le dialogue et les mots tournent dans sa tête, au rythme des virages alpins.
–Bonjour maman ! Comment vas-tu ?
–Ça va !
–J’ai une grande nouvelle à t’annoncer.
–Ah ! Bon ! Quelle nouvelle ? Tu vas te marier ?
–Non ! J’ai trouvé le nom de mon père biologique et aussi sa famille.
Un temps de silence. Sa mère ne s’attendait vraiment pas à cela. Elle ne sait que dire. Puis elle s’étonne.
–Ah ! Tu y es quand même arrivée ! Je reconnais bien ta persévérance et ta force de caractère ! Mais comment as-tu fait ? Je ne t’ai jamais révélé son nom, je ne t’avais donné que son prénom. Comment as-tu pu le trouver ?
–Ah ça, c’est toute une histoire !
–Pourtant tu as essayé de me le soutirer ce nom, chaque fois que tu venais me voir ! Je savais bien que souvent tu venais pour ça. Tu ne m’as jamais crue lorsque je te disais que je ne m’en souvenais pas, n’est-ce pas ?
–En effet ! Comment peux-tu ne pas te souvenir du nom de l’homme avec qui tu as fait deux enfants ? Me croyais-tu si crédule ?
–Je t’ai dit qu’il était d’origine grecque. Tu pouvais croire que c’était un nom difficile à retenir !
–Oui ! Mais maintenant, je sais ! En fait ce nom originaire de Grèce, plus précisément de Chypre, remonte à très longtemps, à plusieurs générations. Son fils Victor m’a raconté : ses ancêtres, qui désiraient aller vivre en Amérique, sont partis en bateau. Une violente tempête s’est levée, puis ils ont aperçu un bout de terre vers lequel ils se sont dirigés. C’était la Sicile et ils y sont restés. Au fil du temps le nom s’est transformé en Galenta. Le nom grec n’était pas plus difficile à retenir que le nom sicilien, n’est-ce pas maman ?
–Oui tu as raison. Même si j’ai voulu oublier ton père, je n’ai pas oublié le nom de l’homme qui m’a fait deux enfants et qui a été l’amour de ma vie. Je l’ai tant aimé ! Oh ! Lui aussi m’a aimée !
–Ah oui ?
–Oui, il m’a dit que j’étais un cadeau du ciel pour lui.
–Il faut dire que tu étais belle à cette époque ! Et aussi plus jeune que lui.
–Moi aussi je lui ai fait deux cadeaux : une fille et un garçon, mais malheureusement il ne vous a pas accueillis comme des cadeaux. Pour un homme marié ce n’était pas facile.
Elle reste songeuse, perdue un instant dans des souvenirs qu’elle ne peut partager.
–Eh oui ! Le poids des traditions siciliennes, ce n’est pas rien. Il a sûrement eu peur des représailles des familles, aussi bien de la sienne que de celle de sa femme. Les Siciliens ne divorçaient pas à cette époque et n’acceptaient pas le déshonneur. Tromper sa femme et faire des enfants hors mariage devaient être inconcevables !
–Cela aurait pu mal tourner, pour lui comme pour nous.
–C’est bien possible. Est-ce qu’il venait nous voir ?
–Il n’est venu te voir qu’une fois à la maternité, mais il n’est pas venu voir Alain.
–Mon frère Alain et moi avons été placés en Ardèche par l’Assistance Publique, comme cela s’appelait à l’époque, peu après notre naissance à chacun.
–Oui, mais c’était à cause de ma maladie. Avant même ta naissance on m’avait annoncé que j’avais la tuberculose. Tu imagines mon effroi ! À cette époque c’était une maladie très dangereuse dont beaucoup de personnes mouraient. J’ai été hospitalisée rapidement et ensuite je suis partie en sanatorium à Hauteville dans l’Ain. L’Assistance Publique me donnait de vos nouvelles de temps en temps, mais je n’avais pas de contact direct avec les familles qui vous accueillaient. Les tuberculeux risquaient d’être contagieux et cela faisait peur.
–Dis-moi, mon père est venu te voir lorsque tu étais en sanatorium, puisqu’Alain a été conçu pendant cette période !
–Comment sais-tu cela ?
–Je suis arrivée à obtenir le dossier médical de ton séjour en sanatorium, il y a les dates.
–Ah oui ! Tu as pu avoir mon dossier, c’est possible ?
–Oui, par l’intermédiaire de mon médecin.
–Ah bon ! En effet, Pietro est venu me voir, lorsque j’allais mieux et que j’ai pu recevoir des visites. Il s’est libéré alors que sa femme était absente de Marseille. Elle allait de temps en temps dans les Alpes, pour suivre ses patrons lorsqu’ils partaient en vacances, car elle était leur bonne.
–Maintenant on dirait « employée de maison ».
–Eh oui !
–Il en a fait des kilomètres pour te faire un deuxième enfant !
–Il m’aimait.
–Oui, peut-être bien ! Pourquoi n’avez-vous pas continué à vous voir ?
–Au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il ne m’aimait plus vraiment, que notre situation ne pouvait pas évoluer, puisqu’il ne voulait pas quitter sa femme. Et il avait peur des représailles de leur famille, si cette situation était venue à se savoir. J’ai donc quitté Marseille, et je suis partie dans la région de Grenoble. C’était mieux comme ça.
Elle regarde Hélène d’un air interrogatif.
–Alors, dis-moi. Comment as-tu fait pour trouver son nom ? Je ne vois pas comment tu as pu y arriver.
–C’est un miracle !
–Un miracle ? Je suis très croyante, tu le sais, mais je ne crois pas aux miracles de ce genre.
–Et pourtant, pour moi c’en est un. C’est aussi un hasard qui s’est transformé en un rendez-vous. Je vais te raconter.
–Ah oui ! Je suis impatiente de savoir !
–C’est une histoire de dents, de racines ! De racines dentaires, de racines généalogiques et des racines mêmes de mon existence ! J’ai donc eu un problème de dent, j’avais une carie. Le dentiste a obturé ma dent avec un amalgame au mercure, ce qui se fait couramment. Mais suite à ce soin, j’avais mal à la mâchoire et de violents maux de tête.
–Ah bon !
–Les médecins ne trouvaient pas la cause de ces douleurs, alors j’en ai parlé à une amie naturopathe. Elle m’a dit que je devais faire une allergie au mercure de mes amalgames dentaires. Et elle m’a conseillé de consulter une dentiste énergéticienne, à Marseille.
–Ça alors !
–J’ai eu la chance de tomber sur une dentiste qui a fait le lien entre mon problème dentaire et son implication psychologique, ce que l’on nomme réaction psychosomatique. Après avoir retiré l’amalgame au mercure elle m’a conseillé de ne pas retenir ce que j’avais sur le cœur et de l’exprimer. Je me souviens encore de la date de cette rencontre qui a été si importante pour moi : le 22 mars 2001 ! Exprimer ce que j’avais sur le cœur ? J’étais perplexe : exprimer oui, mais cela n’était pas simple ! Et cela ne pourrait pas tout résoudre. Mais la dentiste m’a dit que c’était très important. J’ai tout de suite pensé au sujet qui me hantait depuis toujours : retrouver mon père biologique ! Instinctivement, j’ai parlé à cette femme du fait que tu ne m’avais jamais révélé son nom, que tu ne m’avais donné que son prénom, Pietro. La dentiste m’a demandé si j’avais d’autres renseignements. Je lui ai répondu : « Oui, il était d’origine grecque, il habitait Marseille et il était cordonnier dans une rue qui monte vers Notre-Dame-de-la-Garde. Mais il y a de nombreuses rues qui montent à Notre-Dame-de-la-Garde, comment savoir laquelle c’est ? » Elle a souri et m’a dit : « Ça alors, ce n’est pas par hasard que nous nous rencontrons ! » En effet le hasard de cette rencontre est un véritable rendez-vous ! Imagine-toi que le père de cette dentiste, âgé de 80 ans mais doté encore d’une mémoire d’éléphant, vendait jadis des fournitures pour les cordonniers. Il se souviendrait sans doute, m’a-t-elle dit, d’un cordonnier de cette époque, qui pourrait correspondre à mon père.
–C’est incroyable toutes ces coïncidences !
–Tu imagines dans quel état d’impatience j’étais en attendant le prochain rendez-vous ! Je passais de l’anxiété à l’euphorie la plus totale, j’avais l’impression que mon destin m’attendait maintenant, après toutes ces années de pesantes questions ! Au rendez-vous suivant j’ai enfin su le nom de famille probable de mon père : son père se souvenait d’un M. Galenta, cordonnier dans ce quartier de Marseille en 1950. Mais il n’avait pas le prénom. S’agissait-il de Pietro ? Il fallait faire des recherches.
–Oui, c’est bien lui. Mais alors, est-ce que tu l’as rencontré ?
–Non. Il est décédé en 1983. Cette année-là, je m’étais installée à Aix-en-Provence, comme si la vie voulait me rapprocher de lui.
–Tu as dû être déçue. Mais c’est peut-être mieux comme ça. Comment aurait-il réagi, alors qu’il ne s’est jamais soucié ni de toi ni de ton frère ?
–Oui, j’ai été déçue. J’aurais aimé me trouver face à lui et savoir s’il était au moins capable de me reconnaître. De reconnaître mon existence et celle de mon frère.
Sa mère est restée pensive. Hélène la connaît bien et sait qu’une part d’elle-même est soulagée. La mort de Pietro met un point final à tout le drame de sa vie. Et ce secret enfin révélé la libère. Elle quittera ce monde un an plus tard. Avait-elle attendu ce moment ?
Au rythme des virages alpins, les questions et les hypothèses tournent à nouveau dans la tête d’Hélène, comme elles avaient tourné si souvent au cours de son enfance. Mais ce jour-là, elles ont plus d’acuité et elles affluent, tout en désordre.
Pourquoi Simone a-t-elle voulu garder pour elle ce secret ?
Croyait-elle que Pietro rejetterait ses enfants si elle les mettait en contact avec lui ? Voulait-elle leur éviter cette déception ?
Ou au contraire craignait-elle que Pietro établisse avec ses enfants un lien qu’elle-même n’avait pas su