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Une vie en mieux
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Livre électronique202 pages2 heures

Une vie en mieux

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À propos de ce livre électronique

Josette Stanké est l’épouse du journaliste et éditeur, le renommé Alain Stanké.
Dans son dernier livre, Une vie en mieux, Josette Stanké partage comment, après avoir été rejetée avant même sa naissance, elle a trouvé la force de survivre à la vie, voire de re naître même à plusieurs vies.
Ce récit d’aventure autobiographique est un véritable cri d’amour. Au fil des moments personnels et intimes on lit l’élan et le souffle de tout une vie.
Et quelle vie ! qui nous réserve toujours de magnifique surprises.
Une ode à la résilience ! conclut Guy Corneau dans sa préface.

LangueFrançais
Date de sortie2 nov. 2016
ISBN9782924739006
Une vie en mieux
Auteur

Presta Editions

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    Aperçu du livre

    Une vie en mieux - Presta Editions

    Couverture

    JOSETTE STANKÉ

    Une vie

    en mieux

    Fragments autobiographiques

    logo Difference

    Mais qu’elle crève ! C’est par ce cri que la petite Josette est accueillie par son père à sa naissance. Par bonheur, sa mère, trop occupée à sauver sa propre jeunesse, confie l’enfant à sa grand-mère dont l’amour résonne encore en son cœur trois quarts de siècle plus tard. Les déchirures précoces lui apprennent l’urgence de vivre et le miracle des rencontres.

    À l'âge de vingt-et-un ans, elle s’installe au Québec et quelques années plus tard, elle crée la première école de soins professionnels de beauté au Canada, tout en poursuivant des études en psychologie, s’intéressant particulièrement à la condition féminine et à la vie prénatale.

    Récit authentique d’une expérience hors du commun, ce livre bouleverse et ravit à la fois.

    « Une obsession parcourt ce livre, celle de naître, de naître enfin et malgré tout ! Au point que l’on finit par se demander si ce n’est pas une grâce déguisée que celle d’avoir connu de si pénibles origines… Une ode à la résilience ! » Guy Corneau

    Josette Stanké est née à Paris et vit au québec depuis 1953. En plus d’avoir fondé le Centre d’Études d’esthétique, elle a connu une brillante carrière comme auteure, éditrice, conférencière et thérapeute.

    PRÉFACE

    Naître enfin !

    Josette Stanké écrit pour vivre, pour être certaine d’avoir vécu, comme elle le dit. C’est sa façon d’ajouter du réel à la réalité. Pourtant sa vie n’a pas manqué d’intensité. Dès les premiers instants, elle fut accueillie par des paroles qu’aucun enfant ne devrait entendre et qu’aucun parent ne devrait prononcer. Elle a choisi de faire avec.

    Dans l’une de ses chansons, le poète Leonard Cohen parle d’une « invincible défaite », comme une ombre déjà inscrite en soi qui viendrait nous rencontrer. La vie de Josette Stanké s’inscrit dans une étonnante série de conflagrations, toutes plus invincibles les unes que les autres. Néanmoins, à travers celles-ci, elle apprendra à durer. Bien plus, elle saura devenir, advenir, parvenir à elle-même, triompher.

    Une obsession parcourt ce livre, celle de naître, de naître enfin, de naître malgré tout ! Au point que l’on finit par se demander si ce n’est pas une grâce déguisée que celle d’avoir connu de si pénibles origines. Procédant à travers nombre d’événements biographiques, ajoutant ici et là des éléments de connaissance et de réflexion, exorcisant l’enfance au passage, le livre de Josette Stanké s’affirme comme une ode à la résilience !

    Guy Corneau

    AVANT LIRE

    Le livre que vous avez entre les mains n’est pas à proprement parler une autobiographie. Je retrace ici le commencement d’une vie. Pas seulement de la mienne, celle des autres aussi. Je me sers de ce que me dit la science des êtres vivants pour imaginer ma propre venue au monde et me la réapproprier.

    L’héritage de la filiation m’a toujours intriguée. L’épigénétique, une toute nouvelle vision de la génétique, m’a fait comprendre qu’aucun de nous n’est le copié-collé de ses géniteurs, et c’est sûrement tant mieux !

    Après m’être passionnée pour la mise au monde de nos cousins bonobos, j’ose remettre en cause le martyre de ma mère qui m’a enfantée et à documenter différemment le labeur de naître humain.

    Ma quête n’a pas été de me donner raison, mais plutôt d’approcher la réalité qui relie les êtres vivants entre eux et d’y rencontrer moins la consolation que l’étonnement. Cet état d’ébahissement qui fait grand sens au fond de soi. Celui qui porte élan à la vie, qui nous appelle toujours à nous relever, quelle que soit l’épreuve traversée.

    Si, à la lecture de ces pages, ces mouvements qui s’échappent de ma plume comme de ma vie trouvent écho en la vôtre, ce livre aura sa raison d’être.

    *

    Q

    ue sera ben crevada ! Qu’elle crève, rugit le jeune homme. L’énergie du ton ne trompe guère. Sans retenue ni honte, en sa langue d’enfance, il tue la filiation qu’il n’a pas demandée. Il nie ma vie pour préserver la sienne. Le jeune homme se prénomme Alfred. Il est l’auteur de mes jours, le premier homme de ma vie. Je ne dirai jamais papa, ni à lui, ni à un autre. Je ne serai l’enfant d’aucun homme. Je suis une fille sans père.

    Mais qu’elle crève !

    La phrase, je l’apprendrai de Marie, ma mère, l’épouse d’Alfred depuis cinq mois, la génitrice qui vient de se vider de moi, celle de qui je ne dirai jamais ma maman. Elle me rapportera les mots sept ans plus tard, à la mort de mon grand-père. Quelque chose atteint irrémédiablement mes neurones qui, saisis, s’en départissent aussitôt. Des décennies s’écoulent avant que le fond crépusculaire ne se fende et ne libère, dans sa diction première, la malédiction qui me porte au monde.

    Je prends vie contre ceux qui me la refusent.

    Je vois le jour, si l’image convient, par une nuit sombre, dans la maison de naissance de Juliette Clémencet. Rejeton de quatre livres – lapin écorché, aurait dit Marie –, je suis accueillie par les mains expertes de la sage-femme. Dans les heures qui suivent, c’est elle qui déclare ma naissance et paraphe l’acte civil à la mairie du Quatorzième. Ainsi, je connais le nom, l’âge, le domicile et même l’écriture de celle à qui je dois le meilleur de mes premiers instants. Si vous la mettez en nourrice, aurait-elle prévenu ceux qui ne pensent qu’à ça, elle ne survivra pas, elle est trop chétive.

    La Ville lumière s’éveille à une aube nouvelle, sans que l’amour n’illumine le cœur de mes géniteurs. Notre rencontre est ratée.

    Ne pas savoir, ne rien retenir,

    Préserver son souffle et tenir,

    Endurer le dur désir de vouloir durer,

    Naître à l’immense envie de vivre.

    L

    e 20 juin 1931, cinq mois avant ma venue au monde, il est douze heures lorsque comparaissent en la maison commune de Compreignac Alfred, âgé de dix-neuf ans, et Marie, âgée de dix-neuf ans.

    L’un et l’autre ont déclaré se prendre pour époux.

    Au nom de la loi, ils sont unis par le mariage.

    Sans moi, Alfred et Marie ne se seraient pas présentés devant Monsieur le maire. Je suis le détail qui précipite l’événement, l’humble instigatrice qui rassemble tous ces gens pour festoyer. Sur la photo de mariage, on dénombre soixante-quinze invités. C’est un grand mariage.

    Marie est superbe. La longue robe blanche moule son corps encore svelte. Son sourire est réservé. Elle tient, serrée sur son ventre, une gerbe de fleurs immaculées. En dessous, discrètement, je me fonds en elle et je guette ceux qui ne me soupçonnent pas.

    Alfred est princier. Sa tenue est impeccable. Il regarde droit et loin. Il vise des cibles qu’il est seul à voir.

    Sa mère, qui porte le même prénom que celui de la mariée, se tient à sa droite. Joliment vêtue, très à l’aise, elle occupe un espace considérable. Elle jouit de la fête et le plaisir embellit ses traits. Quel dommage qu’elle ne se soit jamais donné la peine de me rencontrer et de se faire connaître !

    Anna, la mère de la mariée, a petite mine. Elle se tient au flanc de sa fille, alors que c’est sa fille qui n’est debout que grâce à elle. Vêtue comme une veuve, l’air soucieux, le sourcil froncé, elle semble scruter ce qui ne se voit pas. Sous cet air de misère, personne ne peut soupçonner la vigueur qu’il lui a fallu pour mettre sur pied ce qui advient aujourd’hui. Les festivités qu’elle a laborieusement orchestrées n’arrivent pas à la réjouir. Des sentiments dont elle ne dit mot l’accablent. Elle use, jusqu’à s’en faire violence, de son cœur vaillant mais fragile qui porte seul l’envers du décor.

    La stature imposante de Baptiste, le père de Marie, le distingue des autres personnages. Sa présence fait grande impression. Il domine une situation qu’il ignore. Tandis qu’il a l’air de marier sa fille, sa femme, elle, sait qu’elle la perd.

    Moi minime réalité, revenante déjà d’une fausse couche ratée, résistante à un fantasme continu de rejet, je suis rejointe en secret par l’amour d’Anna qui m’atteint exactement où il me le faut pour persévérer et croître.

    A

    lfred et Marie totalisent trente-six ans lorsqu’ils se rencontrent. Foudroyés au premier regard, l’accroche est fulgurante. Alfred est beau. Marie est superbe. L’un et l’autre invitent l’envoûtement qu’ils subissent. Dans leur imaginaire, grâce à l’amour de l’autre, leur vie est un jardin de roses.

    Chaque soir, chacun fait son bout de chemin à vélo vers l’être d’exception à retrouver, à cajoler, à désirer, et à perdre jusqu’au lendemain.

    L’hiver tire à sa fin. Les bourgeons annoncent les floraisons. Les amants entrent dans leur premier printemps.

    Sous l’ivresse, si l’on prête attention, des ombres accourent. Marie sourit moins, boude souvent, fuit le regard. L’amoureuse ne démontre plus la même fascination envers son prince charmant qui ne l’est peut-être plus déjà.

    Alfred ne s’y retrouve pas.

    Marie non plus.

    Seule avec elle-même, elle n’est sûre de rien. Elle angoisse, elle ressasse, elle pleure. Elle attend des règles qui ne viennent pas. J’arrive à leur place.

    Marie voudrait n’avoir jamais connu ce bonheur qui se découvre être lamentable chimère. Elle en veut à celui par qui la félicité apparue est en train de fondre comme neige au soleil. Pourquoi le bonheur n’est-il jamais sûr ? Elle l’a toujours su, pourquoi y a-t-elle cru ?

    En détresse, Marie se confie à Marguerite, son amie des bons et des mauvais coups. Ensemble elles s’affolent, se désolent, éclatent en sanglots, explosent en colère, appelant désespérément l’énergie du miracle qui conjurerait l’horreur du désastre. Leurs défoulements ne changent rien au retard qui s’amplifie. Les amies d’enfance sont bien d’accord : il faut supprimer la chose impensable, mais comment ?

    Soutenue par Marguerite qui, en la matière, ne connaît rien de plus qu’elle, Marie court après tout ce qui peut attaquer et détruire la malédiction qu’elle porte. Je n’aurais pas idée des procédés qu’elles s’infligent, mais aucun ne viendra à bout du germe de moi qui s’incruste et persévère en elle.

    L’adolescente craque. Elle parle à sa mère.

    Marie ne sait pas pourquoi elle a fait ça. Elle ne se souvient plus d’avoir voulu faire ça ! Elle ne se rappelle pas que l’homme qui lui a fait ça l’aimait, qu’elle l’aimait aussi et qu’elle croyait en lui. Ni que ça lui ait plu le temps où elle l’a fait.

    Anna s’attelle à rassembler ses esprits. Elle sent que tout dépend d’elle. D’abord, préserver la vie que sa fille lui annonce. Et puis, ne pas alerter la furie paternelle. Rien ne se voit encore, elle peut prendre sur elle d’organiser les noces. C’est la seule initiative à sa portée qui puisse dissimuler la situation, ouvrir un autre cours à la débâcle actuelle.

    Anna ressent comme sien le désarroi de Marie. Son ventre éprouve la honte de sa fille, son cœur s’offre à la consoler. La dureté qu’elle découvre chez Alfred la blesse. Profondément. Personnellement. Elle y reconnaît la froideur de Baptiste. Et, en fond, l’indifférence de son propre père.

    Anna garde tout en elle. Elle sait qu’elle ne peut pas changer les faits. Elle pense qu’il suffirait de quelques mots et gestes entre le père et la fille pour ranimer l’affection que chacun attend de l’autre. Baptiste n’a jamais laissé entendre à sa fille ce qui aurait pu tout éviter : Marie, ma fille, je t’aime…

    Ce miracle, Anna l’implore dans ses prières. En intimité avec Dieu, elle en trouve l’audace, elle souffle les mots à son homme et le sourire à sa fille. Le père de Marie, c’est son homme. Cette fille, elle est la leur. Elle voudrait tant que les deux s’accordent.

    M

    arie avait deux ans quand Baptiste est parti pour la guerre. Il en est revenu quand elle en avait six. L’un et l’autre se sont retrouvés sans se reconnaître. Marie n’avait pas l’âge de se souvenir quand Baptiste est parti. Lui, pendant cette nuit de quatre années, il n’a pensé qu’à traverser la tuerie vivant. Revenu, il veut s’ancrer dans sa terre, planter ses pénates, une fois pour toutes, dans son village, recouvrer son foyer dans la maison où il est né, où ses ancêtres sont nés, où ils ont vécu et sont enterrés.

    Baptiste aspire à une vraie vie d’homme avec une vraie femme, la sienne, Anna. Elle est celle qui réussit à l’humaniser, après les horreurs des tranchées. Elle est l’unique femme qu’il puisse approcher sans se cabrer. Il a besoin de sa réserve tendre et patiente et il l’apprécie. Il ne peut le lui dire, mais il croit savoir lui faire comprendre qu’elle seule compte dans sa vie. Chez Baptiste, on dirait qu’il n’y a pas assez d’espace en son cœur comme en sa tête pour contenir et aimer Anna l’épouse et Anna la mère. Il n’a pas et n’a peut-être jamais eu dans ses dispositions la fibre paternelle. Il est l’homme d’un amour d’homme qu’il nourrit en exclusivité et cela lui suffit envers une seule femme.

    Marie entend les choses d’une autre oreille. Elle se sent rejetée par son père, parce qu’elle est née fille. Elle se raconte qu’il l’aurait voulue du même sexe que lui, qu’une fille ne flatte pas son estime de soi, qu’un fils serait son alter ego, sa fierté, son héritier. Depuis toujours, Anna serine ce raisonnement à sa fille sans se douter qu’elle-même le tire de sa propre histoire. Anna, la maman, sait très bien ce qu’il en coûte d’avoir été une fille repoussée par son père. Elle a neuf ans lorsque sa mère meurt. Bien vite, le père remplace la défunte par une jeune épouse qui n’a que faire d’élever quatre filles d’un autre lit. Anna est placée dans une ferme où elle sera logée et nourrie en échange de son labeur. Du même coup, la fillette perd sa mère, son père, son foyer et son enfance. C’est beaucoup pour son âge. Ses liens à sa famille deviendront sa priorité.

    Anna aime Baptiste, l’homme de sa vie. Anna aime Marie, l’enfant de son amour pour Baptiste. Elle est comblée. Pourtant, ses deux amours font en elle des vies parallèles. Anna, qui n’a qu’un seul cœur, en souffre.

    F

    évrier 1931. Il fait glacial et

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