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Maïwenn, l’intense

encontrer Maïwenn, c’est jouer à cache-cache. D’une part, parce qu’on ne la trouve pas du premier coup et donc, qu’on s’inquiète un peu de ne pas réussir à la dénicher. D’autre part, parce qu’elle refuse très aimablement toute une série d’évidences qu’on commence par lui accoler: ses films comme autant de facettes de sa vie, la recherche de la vérité comme moteur de la fiction, tout ce bazar métaphysique. On finit donc par se rencontrer la nuit tombée, à l’heure du repas, pas très loin du Panthéon, à la terrasse d’un café. Elle est détendue, traits apaisés, comme en vacances, une illusion que le temps estival accrédite. Erreur ! Maïwenn n’arrête pas de travailler. Elle sort tout juste d’une séance d’écriture avec Roschdy Zem pour l’aider à accoucher de son prochain film en tant que réalisateur. Le lendemain matin, elle prendra le train pour Lourdes, oui Lourdes, où un tournage le cinquième long-métrage de Maïwenn. Neige, qui aurait dû s’appeler Nedjma, traverse une tempête identitaire après la mort de son grand-père algérien qui l’a en grande partie élevée, choyée, fait découvrir l’Algérie. À la mort de ce grand-père communiste qui s’est battu pour l’indépendance du pays et qui ressemble beaucoup au véritable grand-père de Maïwenn, Neige éprouve un besoin vital de se faire attester par la science ce qu’elle sait de ses origines. Cette quête identitaire se double d’une autre recherche: offrir au défunt la cérémonie qui lui ressemble le plus possible. Mais les frères et soeurs se déchirent sur la période de sa vie à privilégier. Comme souvent dans les films de Maïwenn, est aussi le portrait d’une famille et des émotions qui la traversent, ici d’autant plus violentes que la mort les ravive. Plutôt que de tirer les larmes, l’excellente idée de la cinéaste est de montrer combien l’organisation pratique d’un enterrement est l’occasion de questionnements irrésistiblement absurdes, comme le choix du capiton pour le cercueil par exemple, alors même qu’une incinération est prévue. De Fanny Ardant à Louis Garrel en passant par Marine Vacth, sans oublier Caroline Chaniolleau, le film est porté par le casting et surtout la véracité des acteurs. Comment ne pas croire que Fanny Ardant est la véritable mère de Maïwenn et Marine Vacth, sa petite soeur? Car au centre, il y a Neige, solitaire et farouche, déterminée et engagée, que l’actrice-cinéaste porte. Si loin d’elle, vraiment, Neige, Nedjma, «petite étoile»? On partage un gaspacho dans une nuit parisienne inhabituellement lumineuse.

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