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Vent de panique à Lannion: Les enquêtes de Laure Saint-Donge - Tome 17
Vent de panique à Lannion: Les enquêtes de Laure Saint-Donge - Tome 17
Vent de panique à Lannion: Les enquêtes de Laure Saint-Donge - Tome 17
Livre électronique258 pages3 heures

Vent de panique à Lannion: Les enquêtes de Laure Saint-Donge - Tome 17

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À propos de ce livre électronique

Des meurtres s'enchaînent au château de Tonquédec... 

À Lannion, un vent de panique souffle depuis quelques jours. Les assassins s’enchaînent, suivant tous le même mode opératoire. Chose étrange, toutes les victimes ont un point en commun : elles cherchaient à découvrir le trésor du château de Tonquédec, une forteresse médiévale imposante et chargée d'histoire, située à quelques kilomètres de la ville, au bord du Léguer. Le SRJP et la SR de Rennes ont beau travailler ensemble, l'enquête piétine. Heureusement que la "belle" Laure Saint-Donge s'en mêle ! Une nouvelle aventure de LSD, pleine de découvertes, de surprises et d'humour.

Retrouvez Laure Saint-Donge, alias LSD, dans une nouvelle enquête surprenante !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Michel Courat travaille actuellement comme expert pour une ONG qui s’occupe du bien-être des animaux, Eurogroup, et partage son temps entre la Bretagne et Bruxelles. Amoureux du Trégor depuis toujours, il y a exercé comme vétérinaire praticien pendant une quinzaine d’années, avant de partir s’occuper de protection animale dans les Cornouailles anglaises pendant neuf ans.
LangueFrançais
Date de sortie19 mars 2020
ISBN9782355506437
Vent de panique à Lannion: Les enquêtes de Laure Saint-Donge - Tome 17

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    Aperçu du livre

    Vent de panique à Lannion - Michel Courat

    I

    Mardi 7 novembre, 16 h 25

    Aline gare sa voiture le long de la route, tout près du pont qui enjambe le Léguer. Le moteur est à peine coupé que des coups violents se font entendre à l’arrière. La terre est boueuse, mais ses baskets en ont vu d’autres. Elle s’approche du coffre. Ce qu’il y a à l’intérieur, elle ne le sait que trop bien. Combien de fois lui a-t-elle déjà fait le coup ! Quelques secondes pour s’extirper de son étrange cachette et la mère et la fille marchent toutes deux en direction de la rivière, sans échanger un mot. Un bruit sourd. Oriane s’écroule à ses côtés. Même pas le temps de se retourner, même pas le temps d’apercevoir dans le lointain la silhouette du château qui surplombe les bois environnants. Elle tombe à son tour et n’est plus qu’une masse inerte, gisant sur le sol détrempé.

    ***

    Lannion, Côtes-d’Armor, quinze jours plus tôt

    — Gérard Guivarc’h, samedi prochain, vous organisez à la salle des Ursulines une nouvelle murder party, une activité qui rencontre de plus en plus d’adeptes. Vous pouvez nous en dire plus ?

    — Je voudrais déjà vous remercier de m’accueillir sur les ondes de votre radio, c’est toujours un plaisir de venir à ce micro. Eh oui, c’est vrai, avec mes amis de l’association Polarmor, nous avons mis sur pied cette murder party, une animation qui nous vient d’Angleterre et qui est devenue très populaire en France et surtout en Bretagne. L’été dernier nous en avions organisé une sur le site de l’abbaye de Beauport, à côté de Paimpol, et nous avions eu près de quatre cents participants…

    — Ce qui est énorme !

    — Absolument, mais le site s’y prêtait et on était en pleine saison…

    — Je sais que les fanatiques connaissent bien le principe de ce jeu, mais, pour les profanes, ceux qui voudraient découvrir cette activité, pourriez-vous nous expliquer un peu comment se déroulera cette soirée ?

    — En fait, il s’agit d’un jeu, dans un endroit défini, original de préférence, qui ressemble un peu à un Cluedo géant. On pourrait dire qu’il s’agit d’une sorte de jeu de rôles autour d’une histoire policière, à laquelle les spectateurs sont invités à participer. En fait, nous avons un scénario, que nous suivons à la lettre, et un certain nombre d’acteurs, tous amateurs, qui vont chacun jouer un personnage bien précis. Dans un premier temps, les joueurs, les spectateurs, vont être regroupés par équipes et vont se retrouver dans différentes pièces de la salle, transformée en théâtre, où les acteurs vont jouer leur rôle. Chaque scène va ainsi présenter les éléments d’une intrigue, va dévoiler certaines facettes des personnages. Et chaque participant au jeu va devoir faire très attention à ce qui se dit ou se fait, parce que cela peut avoir une grande importance par la suite. Pendant toute cette première partie du jeu, les joueurs-enquêteurs se contentent d’écouter et de regarder. Puis une mort suspecte, ou qui sait, un meurtre, va survenir, et là le jeu entre dans une deuxième phase. L’enquête proprement dite. C’est la phase interactive de la soirée. Chaque équipe va alors devoir, à tour de rôle, mener sa propre enquête en interrogeant, comme elle le veut, tous les acteurs de la pièce. Chacun a reçu une fiche décrivant en détail son personnage et va donc répondre, en fonction des caractéristiques bien précises de la personnalité qu’il interprète. Il va y avoir des mensonges, il va y avoir des oublis, il va y avoir des mystères à résoudre, mais il va y avoir aussi des indices à trouver, dans ce qui se dit, ou ce qui se voit. Et bien sûr, la première équipe qui identifiera le ou les coupables, qui pourra donner son mobile, et qui retrouvera l’arme du crime remportera le jeu. Et le premier prix, c’est quand même un week-end à Jersey, tous frais compris, offert par Seagull Ferries !

    — Un beau cadeau ! Donc, en quelque sorte, c’est une enquête policière grandeur nature ?

    — Absolument, avec un scénario original, que j’ai imaginé avec Martine Plouguiel, ma complice, une histoire très moderne, un peu machiavélique, mais qui devrait ravir tous les participants.

    — Vous pouvez nous résumer brièvement le thème de cette party ?

    — Cela s’intitule Tous en scène ? avec un point d’interrogation. Le pitch, comme on dit, de l’histoire, est très simple : un metteur en scène autoritaire et jaloux a décidé de monter Six personnages en quête d’auteur de Pirandello, avec sa femme dans le rôle principal. Mais elle le trompe, et il ne le sait pas… Je ne vous en dirai pas plus, si ce n’est que la troupe rassemble une dizaine d’acteurs, pour la plupart membres de ligues d’improvisation de la région, et que la vérité ne sera pas facile à trouver.

    — Et comment peut-on participer ?

    — C’est très simple, il suffit d’aller sur le site de Polarmor, www.polarmor.bzh, tout est expliqué en détail. On peut encore s’inscrire, mais il faut se dépêcher. Pour des raisons de sécurité, nous avons décidé de limiter le nombre de participants à soixante équipes de trois, et il ne reste plus beaucoup de places. Et pour ceux qui veulent venir seuls, rassurez-vous, il y a toujours d’autres joueurs dans le même cas, et vous n’aurez aucun mal à constituer une brigade d’enquêteurs.

    — Nos auditeurs savent donc ce qu’il leur reste à faire… Merci, Gérard Guivarc’h. Ah non, j’oubliais quand même un détail important, je pense qu’il y a des droits d’inscription ?

    — Absolument ! En fait il est vrai qu’une telle organisation génère des frais, mais il faut dire aussi que la moitié des bénéfices de la soirée sera remise aux Restos du Cœur. Il est donc demandé à chaque joueur une participation de douze euros, huit euros pour les étudiants et les moins de 18 ans.

    — Merci à vous ! Il me reste à rappeler l’heure du rendez-vous : samedi prochain aux Ursulines, à Lannion, à 19 heures précises.

    ***

    Quelque part en Côtes-d’Armor, mardi 7 novembre

    Là où ses pas la mènent. Oriane marche sans réfléchir. Comment pourrait-elle faire autrement avec un cerveau déconnecté du monde réel ? Elle avance au gré de ses pulsions du moment. Chaque intersection devient une loterie, où seul le hasard choisit la route à suivre, et potentiellement son destin. Elle continue son chemin, indifférente au présent comme au futur. La faim la tenaille, sa tête lui fait très mal, ses jambes n’en peuvent plus.

    Au fur et à mesure que se dissipent les vapeurs des alcools divers et du shit, des bribes du passé lui reviennent. Pas suffisamment toutefois pour comprendre ce qu’il s’est passé dans les heures précédentes. Elle revoit cette scène comme un cauchemar dont on se souvient au réveil. Que faisait le corps de sa mère à moitié immergé dans une rivière ? Impossible de se le rappeler. Avait-elle une quelconque responsabilité dans cette mort ? Elle ne s’était même pas approchée du corps inerte. À quoi bon ? Aucun doute n’était possible. Appeler une ambulance n’aurait servi à rien, et prévenir les keufs, c’était l’assurance de replonger dans les emmerdes, avec leurs questions à la con, les interrogatoires incessants, les visites aux juges et le reste… Et tout ça pour quoi ?

    Sa mémoire, désespérément vide, cherche à savoir comment elle s’était retrouvée là. Dans l’obscurité grandissante, les arbres l’empêchaient de voir la voiture de la noyée, pourtant garée à quelques dizaines de mètres seulement de son cadavre, au bord de la route, tout près d’un pont qui enjambait la rivière. Cet endroit lui rappelait des souvenirs, mais elle restait incapable de le situer. La rivière grondait. Les pluies torrentielles des jours derniers avaient fortement accru son débit, et à force de chevaucher violemment les blocs de granite qui encombraient son lit, elle devenait presque torrent. Vagues, trop vagues souvenirs. Elle se souvenait aussi d’avoir voulu appeler Louise, sa meilleure amie. Difficile sans son téléphone, disparu sans laisser d’adresse. Il ne lui restait que deux options, faire du stop ou marcher, au hasard. Avec un double objectif, éviter de retrouver son « bâtard de daron » et échapper aux flics, qui ne tarderaient pas à débarquer, dès que quelqu’un découvrirait le corps. Ses quelques neurones encore intacts avaient fini par prendre une décision. Le stop, ça voulait dire prendre le risque d’avoir un témoin, capable de préciser là où il l’avait trouvée. Trop risqué, si elle avait une responsabilité dans la mort de sa mère. Alors elle avait longé la rivière vers l’aval, tourné à droite sur le pont et continué sur la route, sans même remarquer qu’elle passait devant le château de Tonquédec, plongé dans la pénombre. Quelques rares voitures passaient à côté d’elle, sans même ralentir. Elle avait longtemps marché, longtemps, se faisant discrète en traversant le village voisin et ses zones éclairées.

    Le passé s’est estompé. Elle marche toujours. La faim et ses douleurs s’amplifient à chaque minute. Quelques lumières plus denses dans le lointain. Sans doute un autre village. Dans la nuit tombée, elle ne fait même pas attention au nom en passant le panneau : Calan, Cavan, Caban… Peu importe, ce qu’elle veut, c’est trouver à manger. Heureusement, les commerces sont toujours ouverts, et il lui reste un peu d’argent, emprunté au portefeuille de son père. Du pain, du pâté, de l’eau, deux bouteilles de vin blanc, quelques biscuits, la voici armée pour quelques heures. Personne ne semble faire attention à elle. Une fois son repas englouti, assise sur un talus juste à la sortie du village, elle reprend la route. Son seul horizon, sa seule envie : trouver un endroit où dormir. Quelques centaines de mètres encore, une petite route sur la droite, un chemin qui mène à une ferme, avec un grand hangar attenant. Qui dit ferme, dit paille, exactement le genre d’hébergement qu’il lui faut pour cette nuit. Discret, et suffisamment confortable. Dans sa jeune vie, elle a connu tellement pire. Un chien hurle dans la cour. Heureusement pour elle, il est attaché. Elle se trouve vite un coin bien à l’abri dans l’immense grange, entre deux balles de foin. Les dernières lampées de sa première bouteille de vin commencent à la réconforter. Elle allume le dernier joint qui lui reste, le savoure à petites taffes, alternant avec des gorgées de sa deuxième bouteille. Progressivement, sa vie se montre sous des couleurs plus brillantes. Comme si la mort tragique de sa mère ne l’avait pas affectée ni même effleurée. Son euphorie de paradis artificiels aux allures de purgatoire regonfle ses quelques neurones encore vaillants. Pour combien de temps, peu lui importe. Un visage s’inscrit soudain devant le sien. Un visage souriant, rayonnant même. Ses yeux la fixent mais ne la voient pas, comme si elle était transparente. Son père se tient là, devant elle, l’ignorant complètement. Il ne lui pose pas la moindre question, ne montre pas le moindre geste tendre. Dans l’obscurité de la grange, elle sort de sa poche un couteau à cran d’arrêt. Elle veut effacer cet odieux faciès de son paysage, de sa vue, de sa vie. D’un geste brusque, elle plonge son couteau dans le ventre de cet être porteur de malheur, et ne traverse qu’une ombre. Emportée par l’élan, elle tombe à terre. Pas la force de se relever. Une autre vision envahit son cerveau. Une vision obsédante : elle tient la tête de sa mère sous l’eau. Jusqu’à ne plus sentir qu’un morceau de chair inerte. Le flot de la rivière vient lui lécher les mains de sa langue humide et froide. Juste avant qu’elle ne perde connaissance.

    *

    Locquirec, Finistère, le lendemain matin

    — Salut, Laurette, je te dérange ?

    — Pas vraiment ! Je rentre de mon footing et je commençais à préparer mon prochain reportage. Mais il n’y a rien d’urgent.

    — Où tu pars cette fois ?

    — Je ne sais pas encore. Pour l’instant je n’en suis qu’au stade de la recherche. Un grand magazine culinaire m’a demandé de préparer un sujet sur les traditions gastronomiques de Noël à travers le monde qui mettent en danger le bien-être animal. J’ai déjà pris quelques contacts, ça fait peur. Entre le foie gras industriel, les carpes de Noël en Pologne et le massacre des cochons en Roumanie, j’ai déjà de quoi faire. Mais t’inquiète pas, je ne vais pas devenir végane tout de suite, j’aime trop la viande quand je sais d’où elle vient. Et toi, mon Tanguy, qu’est-ce que tu racontes ? Ta chérie va bien ?

    — Isa pète le feu, et moi, ce que j’ai à te raconter est un peu bizarre.

    — T’as des emmerdes ?

    — Non pas moi, mais j’ai un copain qui en a un. Un gros.

    — Quel genre ?

    — Sa femme a été retrouvée morte ce matin, au bord du Léguer, la rivière de Lannion. Juste en amont du pont qui mène au château de Tonquédec.

    — Un château fort qui est superbe et que j’adore. J’y suis allée souvent… d’abord avec Isabelle, puis avec Hugues. Un endroit impressionnant, qui surplombe une des plus belles parties de la rivière. À cet endroit-là je trouve le Léguer magnifique, à la fois sauvage et docile. Mais cela doit bien faire quatre ou cinq ans que je n’y suis pas retournée. De quoi elle est morte ?

    — On l’a retrouvée pendue… Pour la gendarmerie, et la légiste, cela s’est passé hier, en fin d’après-midi.

    — Drôle d’idée quand même d’aller se suicider dans un endroit pareil !

    — Drôle d’idée s’il s’agissait d’un suicide, là, il s’agit d’un meurtre.

    — Un meurtre ? Par pendaison ! Pas vraiment courant pour une femme. C’est très triste mais en quoi cela te concerne tant que ça ? Tu la connaissais bien ?

    — Elle ? Pas du tout, je ne connais que son mari. Il travaille chez Alkia-Lucetson à Lannion.

    — Dans la Silicon Valley, enfin la mini Silicon Valley version breizh ?

    — Exact ! Dans la Silannion Valley si tu préfères, à côté de l’aéroport et de la tour du CNET, comme on l’appelle toujours, en pleine zone Pégase. Je suis souvent en contact avec lui parce que je lui envoie régulièrement certains de mes étudiants en stage, et il leur trouve toujours un job intéressant. C’est vraiment un mec bien, et pour nous à l’IUT, c’est une vraie bénédiction.

    — Je comprends, et en quoi cela me concerne, hormis le fait que cela m’attriste pour toi et ton copain ?

    — Tu vas saisir tout de suite ! C’est la gendarmerie de Lannion, enfin la communauté de brigades qui mène l’enquête. Les investigations sur le terrain n’ont rien donné de précis pour le moment. Il y a tellement de passage sur le sentier au bord de la rivière, la scène de crime était complètement polluée. On a retrouvé le corps à moitié immergé au pied d’un arbre…

    — Attends ! Il y a deux minutes la nénette avait été retrouvée pendue, et maintenant tu me dis qu’elle s’est noyée ! À moins de lui avoir passé un nœud coulant autour du cou avant de la tirer avec un hors-bord, je ne vois pas comment ce serait possible. D’autant plus que, connaissant bien la rivière, ça m’étonnerait qu’il y ait beaucoup de pratiquants de ski nautique dans ce coin-là.

    — Arrête de débloquer, Laure. Mais c’est vrai que ce n’est pas évident à comprendre. Mon copain vient d’avoir un coup de fil de la gendarmerie. La légiste a été très claire : d’après ses premiers examens, elle n’est pas morte noyée. On l’a d’abord assommée, vraisemblablement avec un morceau de bois. Là où on l’a trouvée, il n’y a qu’à se baisser pour en trouver, et après, on a fait passer une corde au-dessus d’une branche d’arbre pour la pendre. Après on l’a redescendue à terre et on a balancé le haut de son corps dans la rivière. L’arbre avait pratiquement les pieds dans l’eau, c’était d’une simplicité enfantine.

    — Et la corde ?

    — On ne l’a pas retrouvée. Ce sont juste les marques de strangulation identifiées par la légiste et la plaie sur la tête qui ont permis de reconstituer le déroulement des événements. Le meurtre ne fait aucun doute.

    — Dis donc, on s’est donné bien du mal pour la tuer, cette pauvre femme… Mais je ne vois toujours pas la raison de ton appel. Ce genre de crime ne se résout pas en trois minutes, les gendarmes doivent mener leur enquête, avec rigueur, avec leurs méthodes, laisse-leur un peu de temps quand même !

    — J’ai essayé d’expliquer ça à mon copain, mais il me dit qu’il n’a pas confiance, qu’il trouve que les gendarmes ne se démènent pas assez pour retrouver celui qui a fait ça.

    — Celui ? Ils ont pratiquement exclu l’hypothèse que ce puisse être une femme ?

    — Oui ! Sauf si c’est une haltérophile. La victime pesait un peu plus de soixante kilos, et la corde ne devait pas bien glisser avec le frottement sur le bois de l’arbre…

    — Personnellement, je t’avoue que ce type d’argument me laisse un peu perplexe. Même si la branche ne vaut pas une vraie poulie, il ne faut pas tant de force que ça pour hisser un poids de ce genre. Et à part ça, pourquoi ne croit-il pas en la compétence des gendarmes ?

    — Je vais être direct avec toi…

    — Ça ne changera pas de d’habitude…

    Un léger ricanement, et le professeur d’informatique reprend :

    — Avant que ça n’arrive, on a souvent parlé de ta manière de résoudre les affaires. En toi, il a confiance, et il m’a demandé si tu ne pouvais pas…

    — M’intéresser à l’enquête ? Même pas en rêve ! Entre mon père au premier étage qui s’est trouvé une copine, et Ann qui rame avec Monia à Saint-Pol, j’ai bien assez de soucis. Et tu signaleras à ton copain que la gendarmerie de Lannion fait du très bon boulot !

    — Il va être très déçu, mais je transmettrai. Et avec Hugues, où en es-tu* ? demande une voix qui marche sur des pincettes. Un exercice peu évident.

    LSD jette un coup d’œil à la baie de Locquirec à travers le bow-window de la cuisine à l’américaine. Quelques courageux pêcheurs à pied ratissent consciencieusement les gisements de coques, indifférents, semble-t-il, aux rafales d’est qui refroidissent l’atmosphère, et font trembler la haie de noisetiers de la propriété voisine.

    — Où veux-tu que j’en sois ? On se voit régulièrement, avec vous, mais aussi sans vous. On va même au restaurant tous les deux ce midi pour tout te dire. Disons que nous sommes dans une période de tendre amitié. Ce que nous avons vécu ensemble reste inoubliable, irremplaçable, mais c’est le passé. Et ni lui ni moi n’avons l’intention de jouer le jeu de la nostalgie. Comme dit la maman d’Isabelle, il faut laisser le temps au temps. Et ce qui doit arriver arrivera. Je crois à la destinée, tu le sais bien.

    — Hugues pense la même chose. En tout cas, il me l’a dit la dernière fois qu’on s’est parlé. Et pour en revenir à mon histoire ?

    — Pour mettre les points sur les i, je suis très triste pour ton copain. Pour autant je n’ai aucunement l’intention d’aller marcher sur les plates-bandes de la gendarmerie. Point barre.

    *

    Gendarmerie de Lannion, 11 h 30

    — Mathieu ! J’ai encore les journalistes sur le dos ! Qu’est-ce que je leur dis ?

    — Rien ! Pas de commentaires, réplique le lieutenant Royan, commandant de la communauté de brigades de Lannion. L’enquête suit son cours, on les contactera le moment venu. Entre Le Télégramme, Ouest-France et Le Trégor, on passerait notre temps en conférence de presse…

    — Il n’y a pas qu’eux, j’ai eu aussi Variation, enfin, Océane Bretagne Nord, et Plestin FM…

    — Ah ! Isabelle Lebech sans doute ! Tant qu’on n’a pas la fouteuse de merde, sa copine Saint-Donge, sur le dos, c’est déjà ça. Tu te rappelles l’histoire du sniper et des meurtres au Yaudet et à Trébeurden ? Elle nous avait bien court-circuités. Mais là, elle ne devrait pas s’en mêler, c’est déjà ça. Bon, alors on en est où ?

    — Pour l’instant, on n’a pu interroger que les voisins de la victime

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