Celle que l’on affuble du doux qualificatif de « maman de Mimi Cracra », semble plus encore la mère de tout un monde. Du haut de ses 82 ans, Agnès Rosenstiehl se dit mue par la volonté de faire « quelque chose d’essentiel ». Difficile de ne pas acquiescer devant une œuvre si prolifique. Son inépuisable signature ? L’âme d’enfant qu’elle continue à laisser fleurir précieusement en elle. L’illustratrice et auteure, reconnaissable par son trait fin et ses dessins de profil d’inspiration égyptienne, amoureuse de la langue, qu’elle qualifie comme « notre bien commun », autant qu’elle l’est des notes de musique, se dit plus que jamais fascinée par le phrasé des enfants. Rencontre hors du temps, dans sa maison parisienne.
Votre œuvre se caractérise souvent par une totale liberté de ton. Peut-on tout dire aux enfants ? En d’autres termes, peuvent-ils tout entendre ?
Je crois [paru en 1976, réédité chez La ville brûle, ndlr], je fais le grand écart : les filles jouent au rugby et montrent leur sexe mais s’occupent aussi des bébés et aiment faire de la confiture.