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L'épouse d'un Dieu: Tome 2
L'épouse d'un Dieu: Tome 2
L'épouse d'un Dieu: Tome 2
Livre électronique324 pages4 heuresL'épouse d'un Dieu

L'épouse d'un Dieu: Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Après l'attaque dévastatrice de Catoh, le légendaire de Nobtus, Brawn est entre la vie et la mort. Pour le sauver, je dois me rendre dans un autre monde, là où réside Sheliazades, la soeur d'Ashura. Mais alors que je me prépare à affronter l'inconnu, une autre menace grandit sous mes yeux : ma fille, Foudre, consumée par la colère, glisse peu à peu vers une voie que je redoute. Entre dieux et mortels, entre le devoir et l'amour, je devrai faire des choix qui pourraient tout changer. Jusqu'où suis-je prête à aller pour arracher Brawn aux griffes du destin... sans perdre ceux que j'aime.
LangueFrançais
ÉditeurBoD - Books on Demand
Date de sortie9 avr. 2025
ISBN9782322666317
L'épouse d'un Dieu: Tome 2
Auteur

Ben Chevalier

Ben Chevalier est un auteur passionné, né en 1981, qui signe ici son cinquième roman. Grand amateur de jeux de rôles et d'aventure, il puise son inspiration dans ces univers immersifs pour créer des récits épiques où se mêlent action, mythologie et émotions fortes. Adepte de la pop culture, il aime tisser des histoires où l'héroïsme, la destinée et les relations humaines prennent une place centrale.

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    Aperçu du livre

    L'épouse d'un Dieu - Ben Chevalier

    Image de couverture du livre “L'épouse d'un Dieu”

    Du même auteur

    Les Wizards : L’intégrale.

    L'épouse d'un Dieu : Tome 1

    Ben Chevalier

    Ben Chevalier est un auteur passionné, né en 1981, qui signe ici son cinquième roman. Grand amateur de jeux de rôles et d'aventure, il puise son inspiration dans ces univers immersifs pour créer des récits épiques où se mêlent action, mythologie et émotions fortes. Adepte de la pop culture, il aime tisser des histoires où l'héroïsme, la destinée et les relations humaines prennent une place centrale.

    Sommaire

    L’épouse d’un Dieu : Tome 2

    CHAPITRE 1

    CHAPITRE 2

    CHAPITRE 3

    CHAPITRE 4

    CHAPITRE 5

    CHAPITRE 6

    CHAPITRE 7

    CHAPITRE 8

    CHAPITRE 9

    CHAPITRE 10

    CHAPITRE 11

    CHAPITRE 12

    CHAPITRE 13

    CHAPITRE 14

    CHAPITRE 15

    CHAPITRE 16

    CHAPITRE 17

    CHAPITRE 18

    CHAPITRE 19

    CHAPITRE 20

    CHAPITRE 21

    CHAPITRE 22

    CHAPITRE 23

    CHAPITRE 24

    CHAPITRE 25

    CHAPITRE 26

    CHAPITRE 27

    CHAPITRE 28

    CHAPITRE 29

    CHAPITRE 30

    CHAPITRE 31

    L’épouse d’un Dieu

    Tome 2

    CHAPITRE 1

    Ainsi, me voilà à nouveau enfermée dans une infrastructure humaine, ce qui est, il faut bien l’admettre, assez cocasse. Bien évidemment, la situation est différente de la dernière fois. Pour commencer, ma fille, que j'ai été contrainte de calmer afin qu’elle ne transforme pas ce bâtiment en ruine, et moi-même sommes « installées » dans un vaste bureau richement décoré et confortable à souhait, ce qui est très distinct d’une cellule de porte-avions, croyez-moi ! La salle est spacieuse, baignée d’une lumière naturelle grâce à de grandes fenêtres qui offrent une vue panoramique sur la ville. Les murs sont revêtus de bois raffiné et garnis d’œuvres d’art contemporaines décrivant des scènes de batailles des siècles passés. Tout autour de nous, des étagères en verre exposent des livres et des pièces de collection. Un coin salon confortable est aménagé avec des fauteuils en cuir moelleux et une table basse élégante, créant un espace propice à la réflexion et à la détente, ce qui n’est pas pour me déplaire au vu de la situation. Et je ne parle même pas du service, car en moins d’une heure, pas moins de trois personnes sont déjà venues nous proposer un rafraîchissement. Je regarde une fois encore par la fenêtre pour admirer Dragar qui dort toujours tranquillement, preuve que nos vies ne doivent absolument pas être en danger. Ma fille est allongée dans l’un des canapés en cuir. Immobile telle une statue grecque, je la sens agacée par cette situation. De même que moi, elle préférerait être sur le chemin du retour, mais nous savons, l’une comme l’autre, que préserver la paix avec les humains est d’une importance capitale. Non pas que nous en ayons besoin, mais il reste notre monde d’origine, à toutes les deux. Le voir disparaître nous affecterait forcément, que nous le voulions ou non.

    « Toc Toc Toc »

    Nous tournons toutes les deux la tête vers la porte pour y découvrir un militaire d’un certain âge, qui ne m’est pas inconnu. C’était le seul qui, à l’époque, était opposé à notre incarcération, mon père et moi lorsque nous nous trouvions sur le porte-avions. Cette fois, je prends le temps de jauger l’homme.

    Son uniforme impeccable, bien que certainement plus décontracté que celui revêtu pendant son service actif, est orné de médailles et d’insignes qui racontent l’histoire de ses nombreux exploits et de ses contributions exceptionnelles. La précision avec laquelle il le porte témoigne de sa discipline innée, une qualité restée ancrée en lui-même. Son visage est marqué par les lignes du temps, mais la sagesse qui provient de ses yeux perçants est incontestable. Une fine moustache grisonnante ajoute une touche de caractère à ses traits, soulignant son autorité indéniable. Ses cheveux, quoique légèrement argentés, sont coupés de manière soignée, reflétant son engagement envers l’ordre et la rigueur. Pourtant, il émane de lui une gentillesse naturelle. Lorsqu’il se déplace, il conserve une démarche assurée et mesurée, évoquant l’habitude des années de service militaire.

    — Madame, je suis heureux de vous revoir, saine et sauve.

    — Merci, même si aujourd’hui, c’est « Votre Majesté ».

    Ma réponse nous fait tous les deux sourire, car je sais au fond de moi qu’il doit être le plus perdu de nous deux, au moins sur le plan protocolaire.

    — Bien sûr, mes excuses, Votre Majesté, me déclare-t-il en me saluant bien bas.

    — Ce n’est rien. J’aimerais pouvoir vous remercier pour votre attitude à mon égard au cours de de notre dernière rencontre et je suis heureuse que vous n’ayez pas été blessé lors de mon… sauvetage. Néanmoins, je ne connais pas votre nom.

    — Général Marc Dujardin, à la retraite, pour vous servir.

    — Et c’est vous que l’on envoie ? Avez-vous perdu à la courte paille, Général Dujardin à la retraite ?

    Il ne peut s’empêcher de sourire à nouveau avant de s’installer dans l’un des fauteuils en cuir, l’air éreinté.

    —Vous savez, quand on n’a rien à perdre, on se porte volontaire pour tout et n’importe quoi. Je ne pense pas que vous, ou votre fille, soyez venues ici pour tuer un vieil homme comme moi.

    — En effet, je réponds en prenant moi aussi place dans un canapé. En revanche, j’aimerais beaucoup que vous m’expliquiez cette mascarade de tout à l’heure et ce que nous faisons là.

    — Vous avez bien changé.

    — Je ne suis plus en pyjama.

    Nouveau petit rire complice entre nous deux. Je dois admettre que revoir un « humain » qui ne m’est pas hostile me fait du bien. Comme si ma nature humaine, ancrée au plus profond de ma personne, appréciait cet échange. Mais je sens qu’il va aborder un sujet plus sérieux, car je l’aperçois sortir un modeste mouchoir pour s’éponger le front et la jovialité passagère que nous étions arrivés à créer vient de laisser place à un visage tourmenté.

    — Votre « arrestation » a été filmée à des fins de propagande. Le but était de rassurer les populations. Vous ne le savez peut-être pas, mais l’humanité est en état d’urgence.

    J’acquiesce, parfaitement consciente de la situation.

    — En d’autres termes, poursuit-il, on n’en mène pas large. La version officielle concernant l’attentat de l’escadre française a été qu’une véritable armée nous a attaqués. Bizarrement, il a été démontré que cela est plus rassurant que la vérité.

    — Vous voulez dire qu’avouer au monde qu’un dragon et deux Welfens ont, à eux seuls, écrasé une flotte entière ne doit pas être dévoilé ?

    Gêné, il me salue de la tête afin de me faire comprendre que j’ai parfaitement interprété ses propos.

    — Donc que faisons-nous désormais ? Doisje appeler mon dragon afin qu’une fois de plus il vienne me récupérer ?

    — Ça ne sera pas nécessaire, ma chère. Je suis mandaté pour… comment dire, vous demander le plus humblement possible si une entrevue avec votre… Dieu était envisageable.

    Je ne cache pas ma surprise et je peux voir pour la première fois Foudre se redresser sur son canapé. Ainsi, ce n’est pas ma présence qui était espérée aujourd’hui, mais celle d’Ashura. Je pose instinctivement la main sur ma rapière alors que mon enfant se met debout.

    — Ne vous méprenez pas, mesdames, essaie de me dire le vieux militaire. Nous ne souhaitons pas de conflit.

    — Encore heureux pour vous ! lui dis-je avec stupeur. Vous étiez là la dernière fois qu’il y en a eu un. Ma fille à elle seule pourrait me faire sortir d’ici sans la moindre égratignure.

    — Nous le savons, enfin, je le sais. Mais si cet Ashura n’est pas notre ennemi, pourquoi vous envoyer à sa place ?

    Je bouillonne intérieurement. Même si j’éprouve de la sympathie pour ce vieil homme, je suis exaspéré par de telles attentes de la part des humains.

    — Peut-être s’est-il dit que vous auriez moins peur d’une simple humaine ou peut-être qu’en tant que divinité, ce n’est pas dans ses priorités ?

    Mon ton est presque condescendant et je le sens d’un coup beaucoup moins à l’aise.

    — Je suis désolé si mes propos vous ont offensés, me répond-il sur la défensive.

    J’essaie de me calmer, mais aussi de me mettre à sa place. Après avoir respiré un grand coup, je reprends la parole plus posément.

    — En fait, j’imagine que je vais correspondre à vos attentes avec cette nouvelle : le Dieu Ashura et moi-même allons nous marier, afin que je devienne reine de l’Archipel de manière plus « officielle ». Nous en profiterons pour faire une cérémonie où seront conviés la plupart des chefs d’Etat de cette planète. Quoi de plus fédérateur que l’union d’une humaine et d’un Être suprême pour apaiser d’éventuelles tensions, ne pensez-vous pas ?

    Secoué par cette annonce, je le sens à la fois soulagé et encore plus inquiet.

    — À présent, si cela ne vous dérange pas, nous aimerions rentrer.

    Je me lève afin qu'il comprenne que la mascarade s’arrête maintenant.

    — Donc, soit vous nous laissez partir, soit je dis à ma fille de me faire sortir d’ici.

    Sur ce, je peux voir l’intéressée me faire un grand sourire avant de se placer devant moi, satisfaite que je pense enfin à faire appel à ses services.

    — Ça ne sera pas nécessaire, Votre Majesté, me répond le vieux militaire en me désignant la porte. Le bâtiment est très beau, mais bien moins résistant qu’un porte-avions…

    CHAPITRE 2

    Mon esprit vagabonde pendant que Dragar nous ramène sur L’Archipel. Ses grandes ailes déployées forment une ombre éphémère et terrifiante pour tous les êtres humains qui nous observent, telles des fourmis pleines de curiosités. Je peux voir les plus courageux sortir leurs téléphones portables pour tenter de prendre une photo et ainsi immortaliser un instant qui leur semble vital alors qu’il est, en fait, totalement insignifiant. Même si je ne le montre pas, j’apprécie le moment où nous franchissons tous les trois le portail afin de nous téléporter à la frontière de cet autre monde, ce nouveau chez moi. Nous survolons les villages Welfens et, comme au premier jour, je distingue des enfants qui se lancent à notre poursuite, excités par l’idée d’être capable de rattraper un dragon en plein vol. J’éprouve un sentiment de bien-être lorsque nous passons devant la tour de la vie avec sa multitude de lanternes qui éclairent le bâtiment à l'image d'un phare dans la nuit tombante, guidant ainsi tous le Welfens en quête d’une soirée pleine d’amusement ou de plaisir, voire les deux.

    Dans le plus grand silence, comme à son habitude, ma fille se lève pour venir m’embrasser avant de sauter en direction de l’un des balcons de l’édifice au niveau des tavernes. J’ai encore le réflexe de retenir un cri d’effroi en la voyant ainsi se jeter dans le vide, mais sa condition de légendaire lui permet, sans surprise, d’atterrir avec souplesse vingt mètres plus loin.

    — Elle est très préoccupée ces temps-ci. Le Maître est inquiet pour elle, souffle Dragar en la regardant évanouir entre les tables.

    Je ne réponds rien, mais j’éprouve le même sentiment depuis déjà un moment. La disparition d’Illith et l’état critique de Brawn ont ravivé la flamme de la vengeance dans le cœur de ma fille, lui faisant dès lors oublier la joie de nos retrouvailles ainsi que son futur combat avec son prétendant.

    Nous continuons de voler de la sorte en silence jusqu’au palais où Ashura m’attend sur la terrasse au sommet de l’édifice. Vaste tel un terrain de football, elle avait été créée pour fêter nos fiançailles qui ont été une catastrophe. Au final, c’est devenu un lieu où il apprécie de venir régulièrement pour « contempler l’univers », comme il aime si bien le dire. Une fois déposée au sol, je remercie Dragar qui s’empresse de repartir dans les airs, reprenant par conséquent son rôle de maître des cieux. En le regardant ainsi s’éloigner, je me demande objectivement d’où il est originaire. Est-il une création de mon mari ou vivait-il en fait dans un monde encore différent ?

    — Ce n’est ni l’un ni l’autre, me dit mon époux en s’approchant de moi. Son histoire est très symbolique, mais il lui revient de te la raconter en personne.

    Je le contemple avancer vers moi avec assurance. Ma main caresse mon cou presque mécaniquement sans y trouver le collier que j’ai enlevé le jour de l’attaque pour ne plus jamais le remettre. Depuis, je suis un livre ouvert pour lui, mais je ne suis plus un frein à ses pouvoirs.

    — Il faudra que je lui demande de me raconter son histoire, elle doit être passionnante.

    — Tous les récits sont fascinants. Il suffit de savoir les écouter, me répond-il avec une pointe de mystère dans la voix. Mais parlons un peu de toi, mon amour, tu t’es très bien débrouillée aujourd’hui.

    — Merci, mais j’ai le sentiment que rien n’est joué. Les terriens sont…

    — Terrorisés.

    Il regarde dans le vague, comme s’il percevait la pensée de chaque être humain. Le pire dans tout ça, c’est que je suis certaine qu’il en est capable, mais ce n’est pas ce qui me fait le plus peur.

    — Tu as déjà connu cette situation, n’est-ce pas ?

    — En effet, me répond-il en me prenant dans ses bras. Notre nature divine provoque presque toujours ce genre de réaction.

    — Et comment cela se termine-t-il d’habitude ?

    — Plutôt mal. La crainte exhorte le peuple dominant d’une planète à désirer le rester, même si rien ne le remet en cause.

    Je le serre contre moi plus fort, car je sais que ce n’est pas ce qu’il souhaite au fond de lui. L’humanité, qu’il le veuille ou non, demeure sa race d’origine et la détruire reviendrait à anéantir une part de lui-même.

    — Tu penses qu’ils vont nous attaquer ?

    — C’est incertain, me répond-il avec tendresse. Mais nous avons un problème plus urgent à régler. Demain, nous partirons pour le monde de Sheliazades et je sens que Foudre est perturbée.

    — Demain ?

    Je ne peux cacher ma surprise. Certes, je me doutais que notre départ était imminent, mais avec cette annonce, je réalise que dans moins de vingt-quatre heures, je quitterai cette planète pour visiter un autre univers. Je déglutis bruyamment une fois le choc passé et je resserre mon étreinte sur Ashura tout en essayant de maîtriser les battements frénétiques de mon cœur.

    — Oui, me répond Ashura. Avoir un légendaire entre la vie et la mort est un problème. J'ignore si notre ennemi est au courant, mais je ne souhaite pas faire perdurer cette situation. Je dois prendre une décision pour Brawn…

    — Tu ne peux pas dire ça !

    J’explose littéralement, car c’est la première fois qu’il aborde le potentiel décès du légendaire.

    — Sache que je dis ce que je veux ! me répond-il en me repoussant. Je suis un Dieu !

    Il détourne le regard avant de poursuivre plus calmement.

    — Je te demande pardon, continue-t-il en faisant apparaître une bouteille de vin et deux verres. Je n’ai plus l’habitude de dépendre de quelqu’un d’autre. Si Sheliazades refuse de nous aider, les choses pourraient dégénérer, d’où mon inquiétude vis-à-vis de Foudre.

    Je m’approche lentement pour saisir l’une des coupes qu’il me tend. Il est rare de le voir ainsi se conduire comme un mortel et j’en viens presque à apprécier cet instant. J’admire la robe bordeaux du breuvage qui semble capturer la quintessence d’un coucher de soleil d’automne. Il m’en sert un verre et lorsque je le porte à mes lèvres, je me surprends à ne jamais avoir bu un nectar aussi délicieux. Les premières gorgées font écho à une symphonie sensorielle, caressant mon palais avec une douceur veloutée, puis éclatant en une explosion de saveurs délicates et nuancées. Le vin, riche en épopées et en variantes, dévoile un ballet de notes fruitées, une danse subtile entre les baies rouges et noires. Des arômes de vanille et de chêne enveloppent ma langue, évoquant des images de fûts de bois bien vieillis dans une cave ancienne. Les tanins, soyeux et bien équilibrés, semblent narrer des histoires silencieuses, laissant sur mon palais une empreinte persistante. Chaque gorgée est un voyage sensoriel, une exploration des terres où les raisins sont cultivés avec soin, des mains qui ont pris part à la récolte.

    — « La Romanée », de mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf. Il pourrissait dans la cave d’un trafiquant d’armes d’Afrique centrale. Je vois que tu n’y es pas indifférente.

    — N’essaie pas de m’embrouiller l’esprit avec… cette merveille ! (Dieu que c’est bon !) et parle-moi de Foudre et de ce qui risque de nous arriver demain.

    — Tu as raison, reprend-il avec sérieux. Sheliazades est la fille de Droshin. Du peu que j’en sais, elle n’était pas vraiment proche de lui, mais ça ne doit pas jouer en notre faveur. De plus, elle a voué son existence à la vie et son origine. Autant dire qu’être le Dieu de la colère, de la guerre et du sang ne va pas l’encourager à nous prêter main-forte.

    — Et tu penses que Foudre risque de mal réagir à un éventuel refus de sa part.

    — Je compte sur toi pour canaliser sa fureur.

    Je termine mon verre de vin d’un seul trait, avant de le lui tendre afin qu’il le remplisse.

    — Je n’arrive pas à lui parler en ce moment. De plus, je ne connais pas la langue des signes.

    — Ce deuxième point est un détail, me répond-il en faisant apparaître son épée si singulière et en prenant l’aspect du Dieu Ashura.

    Ses yeux reflètent désormais la sagesse infinie malgré « son jeune âge », et chaque mouvement de sa main dégage une puissance créatrice. Il façonne par la pensée un anneau d’or pur, sa surface est ornée de symboles célestes. Dans chaque gravure, une histoire se dévoile, une narration mystique du pouvoir qui se profile. Au centre de la bague, une gemme chatoyante émet une lueur douce, telle une étoile captive.

    — Porte cet anneau, il te permettra de la comprendre. Il est possible que notre première tentative avec Sheliazades soit un échec, mais s’emporter contre elle ne ferait qu’aggraver la situation.

    — Je veux bien essayer, mais je ne te garantis rien, nous sommes devenues presque des étrangères l’une pour l’autre.

    — C’est ce que tu crois et plus tu vas t’en convaincre, plus tu ressentiras de la difficulté à parler avec elle.

    « Facile à dire quand on peut lire dans les pensées », hurlai-je intérieurement afin de lui casser les oreilles, ce qui eut pour résultat de lui arracher un petit sourire.

    — Je vois que Madame reste enjouée malgré les épreuves pénibles que nous traversons.

    — C’est l’adrénaline. Savoir que c’est ma dernière nuit sur Terre me rend un peu euphorique. Mais ne te fais pas d’idée, c’est pour dissimuler mon stress…

    Avec douceur, il m’attire à lui. Son changement d’humeur est contagieux. Nos verres de vin disparaissent pour ressurgir sur une petite table basse fraîchement apparue. L’une de ses mains tire sur le lacet frontal de ma robe (mais elle n’en avait pas ?!) ce qui a pour conséquence de la faire tomber au sol avec une grande facilité, me laissant totalement nue face à lui.

    — Comme c’est ta dernière nuit sur Terre, je me dois de la rendre mémorable, non ?

    Je me jette littéralement sur lui, désireuse d’oublier toutes mes angoisses pour quelques heures. Ma bouche se colle instinctivement à son cou et je sens ses effets aphrodisiaques pénétrer mon corps et mon esprit. J’utilise ma force de Welfen nouvellement acquise pour arracher ses vêtements. Une main redoutable me saisit par la gorge pour me lâcher dans une rivière de coussins jonchant désormais le sol. Rapide comme l’éclair, il est déjà sur moi. J’ai réveillé en lui le Dieu, le monstre qu’il s’efforce de séquestrer au plus profond de son être. Des liens magiques m’attachent les poignets au-dessus de la tête, ce qui me surprend et m’excite au plus haut point. Ses mains puissantes écartent mes jambes avec une autorité enflammée, me réduisant à l’état d’une offrande sous son regard pénétrant. Un frisson exaltant me parcourt alors qu’il se penche sur moi, ses lèvres survolant mon épiderme, traçant un sillon brûlant le long de mon ventre. Chaque baiser, chaque contact de sa langue sur ma peau déclenche une onde de plaisir qui se propage dans mon organisme, me faisant perdre tout repère.

    Je capte sa respiration chaude effleurer l’intérieur de mes cuisses, et mon désir s’intensifie. Nos langues, ces organes chargés de sensations interdites, se cherchent, se caressent, s’enroulent avec une précision presque animale. Dès qu’elles se rencontrent, c’est un choc, une fusion d’essences et d’énergie brute. Il m’explore, chaque coup de langue résonnant en moi comme un sortilège qui embrase mes sens.

    Le lien entre nous est électrique, quasi mystique. Mon corps répond malgré moi, s’ouvrant à lui avec une avidité incontrôlable. Nos souffles se mêlent, nos enveloppes charnelles se courbent sous l’intensité de la jouissance qui monte, et bientôt, je ne distingue plus où je finis et où il commence.

    Je suis sienne, entièrement, irrévocablement, et dans cet abandon, je trouve une extase indicible.

    CHAPITRE 3

    C’est une agréable caresse qui m’extirpe d’un profond sommeil. Je me délecte de cette sensation d’avoir le corps nu de « l’homme » de ma vie collé au mien, surtout après la nuit que nous venons de passer. En ouvrant les yeux, je découvre l’Archipel sous un nouveau jour. Pour la première fois, je me réveille sur le toit du palais en pleine aurore. Bien que magnifique, je ne peux m’empêcher d’imaginer cet endroit en feu. Comme si mes angoisses revenaient au premier plan malgré les heures de plaisir que j’ai récemment vécu.

    — Tout va bien se passer mon amour, me chuchote Ashura tout en me caressant le dos. Je ne laisserai personne nous faire du mal.

    Je me colle encore plus à lui afin de profiter de l’instant présent.

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