Osberan - Tome 2: Épopée temporelle
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À propos de ce livre électronique
Hyahin, une jeune caporale, pense qu’en embarquant sur la flotte de l’Aley, elle pourra découvrir une vie aussi riche que celle de ses ancêtres, dépourvue de contraintes et de malhonnêteté. Mais le chemin est long, et la perversion de ses compatriotes guette dans les coursives des vaisseaux.
Par ailleurs, Malerine et son grand-père continuent d’arpenter cette singulière planète pour comprendre tous ses mystères. Entre autres, pourquoi le temps semble-t-il ne pas suivre une trajectoire rectiligne et pourquoi Osberan réagit-elle aux champs magnétiques des machines humaines ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Antoine Joseph Richard est né en 1980. Fasciné depuis sa plus tendre enfance par l’espace et les étoiles, il devient ingénieur mécanicien pour combler sa passion.
En 2006, il se lance dans la rédaction de "Osberan : Paradis infernal", son premier roman de science-fiction, qu’il publie aujourd’hui.
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Avis sur Osberan - Tome 2
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Aperçu du livre
Osberan - Tome 2 - Antoine Joseph Richard
CHAPITRE 19 :
Découverte !
Une fois cette grande discussion finie, Obéron retrouva l’envie de continuer sa quête. Il voulait comprendre tout ce qui avait bien pu se passer, tout reprendre depuis l’arrivée des humains sur Osberan. Et toutes ces nouvelles informations étaient autant de possibilités de nourrir ces questionnements.
Notre premier objectif consistait à nous reposer. L’enthousiasme, même extrême, ne permettait pas de cacher la fatigue du groupe. La nuit suivante fut particulièrement agitée, j’ai souvenir d’avoir beaucoup rêvé de choses en rapport avec nos conversations. Au réveil, le lendemain, j’ai eu beaucoup de mal à préciser les images qui se bousculaient dans ma tête. Finalement, à peine commençais-je à avoir des certitudes qu’elles s’évanouissaient comme de la fumée. C’était très frustrant ! Et avec ça, j’avais toujours cette sensation d’oublier quelque chose d’important.
Grâce à cette rapide introspection, je réalisai que j’avais besoin de laisser tout cela de côté quelque temps. Dommage, car cela allait à l’encontre de ce que souhaitait mon grand-père. Il devait le comprendre, pour que je puisse me recharger. C’était le moment idéal pour retrouver mes compagnons d’aventure. En même temps, je les croisais régulièrement, même à leur insu. Ils paraissaient tous s’être si bien intégrés à ce Nouveau Monde. En revanche, ce lieu semblait totalement inaccessible de mon point de vue. J’avais trop peu de distractions en dehors de ce dans quoi Obéron me menait. Je n’avais, en outre, jamais pris le temps de découvrir quoique ce soit d’autres ! Certes, ce que je faisais avec lui était palpitant, mais, de temps à autre, je ressentais un manque. Quelque chose m’avait échappé.
En faisant une petite rétrospective des dernières semaines, je pris conscience que j’ignorais encore tout de la cité d’argent, Argentia comme les locaux l’appelait. Je ne connaissais tout simplement personne ici, en dehors d’Obéron, de Tanan et de Marths. Je devais rapidement changer cela. En tout cas, c’était mon ambition. En refusant de sortir, demain, avec mon grand-père, il était probable que je le fasse enrager. Et c’est d’ailleurs ce qui s’était passé dans un premier temps ! Et même au-delà ! En effet, alors que je lui expliquais que j’avais besoin de m’évader et de souffler, il tapait des pieds tel un enfant à qui on demande de patienter avant une surprise.
–Papé !
Je pris un ton grave, puis je continuai sans retenue :
–Tous ces revirements de situation, toutes ces informations que tu m’as livrées sans trop de ménagement, c’est très difficile à emmagasiner. Maintenant, tu dois me laisser me reposer. Donne-moi au moins une journée pour que je puisse tout ingurgiter. Il est évident que l’avenir ne conduira qu’à tout me rendre davantage plus obscur, alors, avant d’aller plus loin, je veux juste faire une petite pause.
Même s’il n’appréciait pas mes propos au point de me faire sentir que je le bloquais dans son élan, au fond de lui,, il me regarda finalement avec des yeux pleins de bienveillance, comme je pouvais l’imaginer de la part d’un grand-père aimant. Son visage marqué laissait transparaître une profonde réflexion, enfin il se décida à me faire part de son opinion, les dents serrées :
–Je comprends, Malerine. J’éprouve tant d’impatience à l’idée de démêler toute cette épopée grâce à des renseignements qui jusque-là m’étaient toujours restés inaccessibles. Mais tu as raison ! Que nous courrions après les réponses ou que nous prenions encore un peu de temps en considérant tes besoins ne changera rien à ce qui se trame maintenant. Et puisque tu souhaites rejoindre tes amis, ce qui me semble légitime, je vais en profiter pour aller parler à Tanan. Je vous avais informé, hier, que je devais encore vous enseigner des choses que vous ignorez sur notre histoire. Je dois aussi vous transmettre les connaissances que vos aïeux ont accumulées et dont je suis l’un des derniers dépositaires.
Marths se réveillait aussi péniblement. Sans trop en dire, la veille au soir, il s’était endormi un peu n’importe comment dans le canapé. Et la position qu’il adoptait ce matin laissait penser qu’il avait passé une nuit particulièrement difficile.
–Ah, j’ai mal partout ! C’est horrible ! Mon dos me torture.
Il tâta sa couche. Mais elle ne correspondait pas à ce qu’il attendait. Ses yeux encore mouillés, il ne parvenait pas à voir clair, il fut pris de panique et s’assit d’un coup sec. Puis il se frotta les yeux pour essayer de distinguer quelque chose. Lorsqu’il le put enfin, il exprima aussitôt sa surprise :
–Mais, où est-ce que je me trouve ?
Mon grand-père, qui s’était mû jusqu’à la cuisine, lui répondit assez gentiment :
–Chez moi ! Tu t’es endormi hier soir, d’un coup après notre discussion. Et je n’avais pas le cœur à te réveiller, sachant la journée que nous venions de passer.
Marths se replaça correctement dans le fauteuil, les pieds au sol. Puis il regarda Obéron : – Pourquoi personne ne m’a-t-il réveillé ? Je serais retourné chez moi.
–Cela n’aurait eu aucun sens, il était déjà très tard, ou très tôt aussi si tu préfères. Maintenant, si tu le souhaites, rentre chez toi. Ce sera l’occasion pour toi d’aller récupérer les livres de ton père. Tu veux bien ?
–Les livres ? Quels livres ? lui rétorqua-t-il, confus. Avant même qu’Obéron n’essaie d’expliquer, il réagit. Ah oui, la discussion d’hier soir me revient. Effectivement !
De mon côté, j’assistais à cette scène sans trop rien dire. Je scrutais encore Obéron, je craignais un peu que ma requête ne l’ennuie bien plus qu’il acceptait de me le signifier. Enfin, peu avant que je ne passe le seuil de la porte, il tourna le regard vers moi :
–Malerine, ma chérie ! À présent, agis comme tu désires ! Mais à partir de demain, j’aimerais que nous prenions le temps pour que je t’instruise sur quelques petites choses. Bien sûr, nous devrons retourner sur le site du vaisseau. Et si tes compagnons veulent profiter de ton apprentissage, ils peuvent venir, mais attention, le reste, s’il te plaît, n’en parle pas encore. Pour le moment, je ne sais pas si cela débouchera sur quelque chose ou pas. Puis il me fit un geste pour me libérer avant de conclure. Bonne journée à toi. Amuse-toi bien.
–Merci grand-père, à toi aussi.
Je sortis donc à la hâte pour rejoindre Ptohely. Les quinze heures qui suivirent, je les ai vécues à ne me soucier que de mes amis retrouvés. Même si cela fut un moment des plus agréables, cette euphorie et cette étincelle que nous avions pu connaître jusqu’alors avaient disparu. Pire, je ne réussissais plus à me confier à eux à propos de toutes mes connaissances acquises, cela ne faisait qu’accroître cette distance entre nous. Pourtant, je devais donner le change et ne rien laisser paraître, mais cela me fatiguait un peu.
Ptohely, elle, aimait prendre soin de moi :
–Malerine, j’ai passé une excellente journée avec toi, mais lorsque je te regarde, tu ne sembles pas totalement présente avec nous. Est-ce que quelque chose t’embête ?
Comme quoi, malgré tous mes efforts, elle parvenait toujours à me lire. J’en déduisais qu’elle était une véritable amie, comme on n’en a qu’une dans une vie. Pourtant, je devais feindre :
–Non ! lui répondis-je avec juste assez de conviction pour donner le change. Tout va bien ! J’ai retrouvé ce grand-père qui a tant manqué à mon existence, et même si je garde un peu de rancœur, sa présence me fait du bien ! Et puis, tout ce que je vis ces derniers jours…
–Oui, précisément ! m’interrompit Eden. Comment cela se passe-t-il avec Obéron, Tanan et Marths, tu restes tout le temps avec eux.
Dans ma tête, c’était la tempête, je ne pouvais discuter de rien avec eux. Mais cette question, je ne m’y étais pas préparée, alors que c’était une évidence qu’elle me serait posée.
–Tu sais, lui dis-je, prise de démangeaisons, j’ai beaucoup parlé avec mon grand-père, il m’a raconté quelques anecdotes sur mes parents. Rien de très folichon. Et puis nous avons beaucoup visité les alentours. Il tenait à ce que je voie à quoi ressemblait cette région. J’admets qu’il existe des endroits fort sympathiques où j’espère pouvoir vous mener un de ces jours.
Ahelmina nous rejoignit seulement à cet instant. Elle s’était empressée de nous retrouver pour profiter d’être tous ensemble. Une fois à notre hauteur, elle appuya ses deux mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. Dès qu’elle fut en mesure de parler, elle me tira le bras et nous isola du groupe. Pto fut surprise et afin de dissiper toute confusion, Ahelmina enchaîna aussitôt :
–Ne t’inquiète pas, je te la ramène dans deux minutes, j’ai une toute petite question personnelle à lui poser.
Elle avait entendu la fin de ma conversation avec Pto et, curieuse, elle me demanda certains éclaircissements sur mes derniers propos.
–Je t’ai aussi vu sortir à plusieurs reprises de la ville avec ton grand-père, Tanan et Marths. Vous partiez loin, me semble-t-il, à chaque fois. Ne souhaites-tu pas me dire où ?
Elle me prenait de court, mais si je ne répliquais rien, je savais qu’elle me cuisinerait jusqu’à obtenir une explication qui lui paraîtrait valable. Je devais donc lui dire quelque chose :
–Oui, en effet, Tanan et Marths voulaient absolument me montrer quelque chose à l’extérieur du village.
Trouvant ma réponse très incomplète, elle continua ses questions.
–Ah ! Et que souhaitaient-ils te faire voir ? Apprends-m’en plus ! Promis, je resterai muette comme une tombe.
Sa curiosité et son insistance étaient difficiles à gérer. Si je ne lui lâchais rien, j’allais devoir la garder à l’œil elle aussi. Elle poursuivit avec un flot ininterrompu d’interrogations. Résultat, je n’avais pas le temps de lui répondre. Avant de me lancer, je scrutai autour de moi pour voir où étaient les autres. A priori personne n’était vraiment proche de nous, même Pto s’était lancée dans une autre discussion. J’imagine qu’ils étaient occupés à dialoguer de leur nouvelle vie dans le village. À la suite de ça, je tentai le tout pour le tout :
–Commençons par nous mettre à l’écart, es-tu d’accord ?
Les sourcils froncés, Ahelmina me regarda, étonnée :
–Qu’as-tu à m’apprendre qui nécessite tant de précautions ? Tu m’intrigues.
J’étais en train de me dire que j’en faisais peut-être trop. Bref ! Mais j’avoue que je me sentais excessivement confiante ! Et c’est sûrement à cause de cela que je libérai ma parole et dévoilai quelques informations pourtant sensibles. À voix basse, je lui glissai :
–Je dois te dire quelque chose, Ahelmina. Garde-le pour toi, s’il te plaît, mais un autre sanctuaire existe, assez ressemblant à celui où nous nous étions repliés au début de notre périple. Te souviens-tu ? Celui où Ptohely a failli mourir.
Au fond de moi, je me disais que ma présentation était assez brutale. D’autant que je me demandais si je n’avais pas gaffé. Peut-être n’aurais-je pas dû lâcher ce secret. Le plus difficile, ce jour-là, pour moi, fut de lutter contre mon envie de discuter de ces rebondissements. Ahelmina, j’en suis persuadée, a su profiter de cette faiblesse. À l’avenir, j’allais devoir apprendre à me gérer, à mieux me maîtriser pour résister à mon besoin de tout partager. Ma punition fut de me sentir coupable envers mon grand-père. Je lui avais promis de ne rien dire. Avec du recul, j’avais l’impression de trahir mes engagements.
Ahelmina resta scotchée par ma remarque. Elle fit un geste en arrière de la tête, un peu comme si elle ne parvenait pas à déglutir.
–Euh, d’accord ! Étrange, je trouve, mais pourquoi te montrer cela seulement à toi et nous écarter de la sorte ? Ça aurait été plus correct de nous en parler à tous en même temps ou, à la rigueur, après votre retour. Après tout, nous étions une équipe et presque une famille, oserais-je dire. Me serais-je trompée dans mon jugement ? Et pourquoi tu ne nous en as pas touché un mot lorsque nous nous sommes regroupés il y a quelques minutes ?
Hésitante, je bégayai :
–Je ne me sentais pas de vous avouer tout cela sans l’aval de mon grand-père. De plus, je ne devais rien dire, pas tout de suite en tout cas. Peut-être voulaient-ils me montrer ce lieu dans un premier temps, en discuter avec moi et seulement après avec tout le monde. Du reste, le sanctuaire se trouve dans un cratère très agréable.
–Et puisque tu parles de sanctuaire, cela me rappelle un certain endroit. Si tu vois où je veux en venir. Alors je me permets de te demander : là-bas, on rencontre aussi ces minuscules bestioles ?
–En y repensant, en effet, ils m’ont parlé des petites lucioles. On en trouve également.
Ma façon de lui présenter les choses la fit réagir :
–Parce qu’ils savaient que dans le premier temple nous avions affronté ces bêtes assoiffées de sang ?
–Oui, car je ne vous l’ai pas dit non plus, mais lorsque nous avons campé dans le sanctuaire après avoir quitté Polaris, Marths et Tanan nous suivaient déjà et ils nous ont vus sauver Ptohely après l’attaque de ces bestioles.
–Tu veux dire qu’ils étaient là quand c’est arrivé ! Mais alors, pourquoi ne pas être entré en contact avec nous ce soir-là ? Nous aurions eu besoin d’eux !
Le visage d’Ahelmina exprimait toute sa stupéfaction. Ce secret était de trop. Si je ne me corrigeais pas au plus vite, elle ne garderait pas cela pour elle. Je cherchais donc une solution pour que cette information reste entre nous. Je devais la calmer.
Lorsque j’ai demandé pourquoi ils n’avaient rien fait, Tanan m’a répondu que ce n’était pas le bon moment pour que l’on se rencontre. Surtout, d’après lui, ils n’auraient en fait pu nous rejoindre qu’après l’attaque sur Ptohely. De plus, d’après son expérience avec ces lucioles, nous avions déjà réagi comme il le fallait. Leur intervention ne nous aurait donc pas été utile. En somme, nous nous étions tout de suite comportés comme nous le devions face aux petites lucioles.
–Les buveuses de sang, tu veux dire ?
–Oui !
–Très intrigant. J’aimerais beaucoup voir cet endroit. Tu crois qu’ils accepteraient de m’y emmener ?
Ahelmina faisait preuve de beaucoup de curiosité, je redoutais à chaque instant de gaffer. Plus je parlais avec elle et plus elle m’inquiétait. Personne d’autre, jusqu’alors, n’avait montré le moindre intérêt pour toutes mes aventures passées. J’essayai, encore une fois, de changer définitivement de sujet, mais je lui précisai en totale transparence :
–Je ne sais pas ! Honnêtement, mon grand-père m’a fait promettre de ne rien dire concernant mes découvertes. Pour le moment, et même à vous !
Ahelmina, qui me souriait sans chercher à cacher qu’elle était vexée, me rétorqua :
–C’est un peu raté maintenant. Mais pourquoi cette discrétion à tout prix ? Il n’a pas confiance en nous ?
Ma tentative de diversion semblait fonctionner. Je devais continuer sur cette lancée :
–Non, je ne conçois pas que cela puisse être le problème ! Il m’a expliqué qu’il craignait que je ne sois pas crue et que cela joue contre moi. Bien avant cela, je lui avais précisé dans quelle situation je m’étais retrouvée à Polaris et il m’a clairement dit qu’il ne souhaitait pas que cela recommence ici. C’est une belle preuve d’attention de sa part, mais c’est parce qu’il ne vous connaît pas. En fait, c’est un peu maladroit de penser ainsi.
Je tentais de clore le sujet, mais Ahelmina ne semblait que très moyennement convaincue. Je devais y croire :
–J’essaierai de lui en toucher deux mots, mais j’insiste, pour le moment, s’il te plaît, ne l’ébruite pas.
Gentiment, elle me prit dans ses bras, puis, s’approchant de mon oreille, elle me susurra :
–Parce que j’ai confiance en toi, je ne dirai rien. Mais j’aimerais sincèrement qu’il nous intègre au groupe. Nous avons vécu de sacrées aventures ensemble et je reste sur ma faim. Il ne peut pas le nier et encore moins nous écarter sans raison.
Je poussai un ouf de soulagement au fond de moi, tout en prenant garde à ce que ma gestuelle ne me trahisse pas. Je m’étais assez bien sortie de cette impasse. Je ressentais tout de même une petite frustration. Ne pas pouvoir mieux contenter une amie était moralement difficile. Était-elle sincère en me présentant un magnifique sourire ou était-elle vexée ? Eh bien, le temps me le dirait, mais j’aurais davantage dû me méfier ce jour-là…
–J’avoue, Ahelmina. Promis, dès que je sens que c’est possible, j’en parle avec lui.
Ce petit intermède touchait à sa fin. Nous pouvions rejoindre le groupe et reprendre les discussions tous ensemble. D’un œil attentif, je contemplais mes amis. Je repensais à notre vie passée et j’imaginais comment leur quotidien s’était transformé. J’arborais un sourire apaisé, j’étais soulagée de voir que personne ne se souciait de ma conversation avec Ahelmina. Peu à peu, au cours de la soirée, je me demandai quand même si je n’avais pas eu tort de parler aussi librement avec elle. Mais qu’importe, de toute façon, maintenant, c’était fait et aucun retour en arrière n’était possible. Je sentais que je pouvais lui faire confiance. Les petits rictus réguliers et discrets qu’elle m’adressait m’en donnaient la certitude.
Alors que la nuit avançait, nous en profitions pour marcher dans un patchwork de maisons. Elles étaient faites de pierre, de terre, de bois, de métal et de tissu. Je découvrais cette ville de nuit, c’était une atmosphère si différente de ce qu’elle dégageait le jour ! Elle était fraîche, grâce à une brise légèrement humide plutôt agréable. Pourtant, c’était difficile de comprendre d’où cette humidité pouvait venir en regardant les alentours. En nous éloignant un peu du centre très lumineux, nous approchâmes de zones peu éclairées, ce qui nous permit de savourer un tout autre spectacle. Un ciel profond et constellé d’étoiles s’exhibait à nos yeux et la présence de la petite lune, Ptolana, ajoutait une touche inoubliable à ce tableau magique grâce à sa couleur émeraude ! Tout ce que je vivais ce soir-là resterait gravé comme un moment particulièrement délicieux et paisible.
Une fois de retour vers le centre, nous nous posâmes ensemble près d’un feu qui crépitait que nous fûmes bien contents de trouver. En effet, la nuit avançant, la fraîcheur cédait peu à peu la place au froid. Juste à côté, quelques musiciens animaient la rue. Ce moment était parfait. Pour accompagner le tout, les stands alentour proposaient quelques ripailles, des fruits, des brochettes de Lézine, comme ils disaient ici, et bien sûr quelques boissons.
Le Lézine était un petit animal en forme de boule de quelques centimètres tout au plus avec un nombre incalculable de membres et une minuscule tête. Chose peu commune pour les rampants de la région, la bestiole n’avait pas de queue, sauf à considérer que ses deux pattes arrière bien plus grandes que les autres pouvaient jouer ce rôle. Le vendeur de brochettes, très bavard et assez informé sur la créature, me raconta qu’elles adoraient vivre à l’ombre des structures de la ville. Elles passaient le plus clair de leur temps dans des terriers assez profonds et n’aimaient pas le soleil ! Plutôt solitaires, on ne parvenait à attraper que ceux qui venaient de s’accoupler, car ils devenaient dès lors lents et moribonds. Je compris même qu’ils mouraient juste après. Mais avant cela, ils étaient inaccessibles. En fin de compte, ce n’était que profiter d’une manne de nourriture avant qu’elle ne pourrisse, nous ne cassions en rien leur cycle de vie. Sachant cela, cela aurait été dommage de s’en priver, car c’était vraiment bon !
Après en avoir mangé des kilos et des kilos, nous allâmes tous aller dormir. Je savais que le lendemain allait être assez chargé.
Le grand jour arriva. Mon grand-père m’attendait devant ma porte dès les premiers rayons du soleil. Encore une fois, nous devions monter ces espèces de monstres malodorants, les Episaspis. C’était vraiment à contrecœur que j’enfourchai la créature pour une troisième fois. Je voyais du coin de l’œil Marths et Tanan sourire face à la contrariété très visible sur mon visage et dans mes propos.
Nous prîmes la route en direction du Tyl. C’était insupportable, non seulement cette créature était écœurante au possible, mais en plus, sa démarche nous brimbalait de droite à gauche et d’avant en arrière. La recette idéale pour, à coup sûr, me déclencher la nausée. En fait, en y réfléchissant, entre l’odeur et les mouvements, mon pauvre ventre n’avait aucune chance.
Tanan s’approcha de moi. Bien plus à l’aise, il allait plus vite et cela me faisait enrager. Il se plaça à mon niveau et me regarda, souriant, puis me dit :
–Tu t’en sors bien, Malerine. À ce que je vois, tu sembles être plus confortable sur l’animal que les fois précédentes.
Sa démarche taquine ne me plaisait pas vraiment, et ma réaction fut en parfaite adéquation avec le fond de ma pensée, froide et peu agréable :
–Laisse-moi le plaisir de ne pas répondre à ta remarque.
Puis je dirigeai ma monture pour rattraper Obéron qui nous avait déjà un peu distancés.
Pendant les trois heures de trajet, sous un soleil de plomb et avec un air aussi sec que le sable du désert, je transpirais à grosses gouttes et à mon grand désarroi… tout comme la créature ! Mes jambes étaient couvertes de son mucus gluant. J’avais l’impression que ce liquide venait ronger mes vêtements, il s’insinuait jusqu’où il ne devait pas. Je ne supportais plus son contact ! Face à nous, la zone accidentée se dessinait enfin. Le gravier d’un blanc presque pur à mes pieds contrastait terriblement d’avec les falaises des montagnes rouge orangé et détonait avec la riche gamme de vert des steppes qui parsemaient les lieux.
Je n’avais pas souvenir, lors de nos passages précédents, d’avoir bénéficié d’un tel point de vue
–Obéron, ce panorama face à nous est magnifique, mais pourquoi ne l’avais-je pas vu auparavant ? Avions-nous pris un autre chemin ?
J’étais particulièrement curieuse de savoir, je ne reconnaissais vraiment pas cet endroit.
–Non, Malerine, nous arrivons par le même chemin que la dernière fois. La grosse différence, c’est qu’à l’époque, une brume de chaleur cachait tout cela et nous ne pouvions pas profiter de ce spectacle.
Ayant hâte d’en finir, je scrutais l’horizon à la recherche de l’ouverture du cratère. J’avais ainsi l’impression que la fin du voyage viendrait plus tôt. Seulement, j’avais beau savoir quoi chercher, je ne parvenais pas à localiser notre cible. Disons-le, cet endroit, sans brouillard, était méconnaissable, je ne retrouvais aucun repère habituel.
Malgré tout, je profitais de ce nouveau spectacle qui s’offrait à moi, ce qui, sans nul doute, me donna l’impression d’arriver plus vite au bout de ce périple éprouvant.
Une fois au pied de la falaise, nous descendîmes de nos montures. Les derniers mètres étaient pénibles, la chaleur de la terre traversait mes chaussures et me brûlait presque la plante des pieds. J’avais soif, je pris donc mon outre pour m’hydrater, mais par mégarde je laissai s’échapper un peu d’eau. Celle-ci s’évapora dans un laps de temps très court en touchant le sol. En continuant de boire, mon regard se fixa sur ce qui se trouvait devant moi. Je fus choquée en constatant toute cette verdure. C’était un mystère ! Comment se pouvait-il que tant de vie soit présente dans un tel lieu ?
Un instant plus tard, nous étions enfin devant les abords de la grotte. Tout comme la dernière fois, Tanan prit les montures pour les mettre en sécurité. Obéron, Marths et moi nous dirigeâmes vers l’entrée, le moment que je préférais en arrivant sur ce site. La fraîcheur de là de la caverne venait doucement me caresser le visage. Quel contraste avec les trois heures précédentes !
Obéron me regarda profiter de l’instant, puis me lança :
–Allez, Malerine. Ne tarde pas, s’il te plaît. Je n’aime pas rester trop longtemps devant cette caverne, on ne sait jamais.
–Crains-tu que quelqu’un ne nous ait suivis ?
–Non pas vraiment ! Nous sommes assez loin de la cité.
–Alors, pourquoi se presser ?
–Ce ne sont pas tant les autres habitants que ce qui pourrait rôder autour de la grotte qui me fait peur !
–Quoi ! Tu veux dire qu’ici quelques sympathiques animaux pourraient tourner, prêts à nous sauter dessus pour nous croquer ?
–Je ne suis jamais resté de période suffisamment longue pour le découvrir et… je n’ai pas envie de le savoir. Demande plutôt à Tanan, c’est toujours lui qui a traîné le plus à l’extérieur. Il aura peut-être constaté quelque chose.
Je cheminais tranquillement dans le couloir sombre de la caverne, avec autant d’émerveillement que la première fois. Ce vent frais qui soufflait depuis la grotte était quelque chose dont j’aimais jouir.
Je n’avais pas fait attention au temps qui passait, pourtant, j’eus la sensation que Tanan avait tardé à nous rejoindre. Il n’apparut que lorsque nous pénétrâmes dans le cratère, un peu chamboulé. Obéron l’interpella immédiatement :
–Comment ça va Tanan ? Tu me sembles perturbé, comme si tu avais vu un esprit.
–Non, mais lorsque j’accrochais les Episaspis à l’extérieur tout à l’heure, j’ai entendu derrière moi un bruit étrange.
–Étrange ? répétai-je. Que veux-tu dire ?
–Rien de bien important. J’ai imaginé que quelqu’un s’était approché de moi.
Avec un rythme de voix plus soutenu, Obéron bombarda Tanan de questions :
–Tu as vu quelqu’un, dis-moi ! Il est essentiel que personne ne connaisse cet endroit. Qui pourrait venir jusqu’ici sans être au courant de ce qui s’y cache ? Ou quoi ? Qu’as-tu découvert ?
–Justement, j’ai eu un peu peur. Je me suis retourné et j’ai cru apercevoir une silhouette !
–Tanan, tu me stresses.
Obéron s’agita, il suspectait que son grand secret ait été dévoilé au grand jour, et cela le mettait mal à l’aise.
Tanan, qui observait mon grand-père s’agacer, tenta de le tranquilliser en lui donnant son avis :
–Je pense que c’était une fausse alerte, Obéron. Comme je sais que tu te méfies, dans le doute j’ai préféré aller vérifier. Et à part une espèce de petit lézard, je n’ai rien vu. Ayant alors pris conscience que j’avais trop traîné, j’ai couru pour vous rejoindre. Voilà pourquoi je suis essoufflé.
La discussion étant close, nous reprîmes notre chemin. Malgré tout, un questionnement incessant me submergeait. Tanan ne m’avait pas convaincue. Je savais qu’il nous cachait quelque chose ! En plus, sa gestuelle trahissait un stress profond, un peu comme s’il avait découvert quelque chose de terrifiant. En regardant innocemment vers Marths et mon grand-père, je fus surprise de constater qu’ils semblaient n’avoir rien remarqué. Peut-être ne voulaient-ils pas me faire peur ? Feignaient-ils d’être sereins ? Dans le doute, je décidai de le laisser tranquille. L’occasion de l’interroger finirait bien par se présenter.
Quelques minutes de marche plus tard, dans un silence qui me paraissait pesant, nous arrivâmes enfin à l’entrée du cratère. Au fond, le Tyl. À notre approche, comme la première fois, l’appareil se mit à bourdonner. Personne n’en avait a priori conscience, mais durant toute la traversée du corridor, j’avais gardé un œil sur Tanan. Il était songeur, et plus j’y pensais, plus son
