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Judith Winchester et les élus de Wanouk: Judith Winchester - Tome 1
Judith Winchester et les élus de Wanouk: Judith Winchester - Tome 1
Judith Winchester et les élus de Wanouk: Judith Winchester - Tome 1
Livre électronique470 pages7 heures

Judith Winchester et les élus de Wanouk: Judith Winchester - Tome 1

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À propos de ce livre électronique

Sur la petite île de Wanouk, Judith va découvrir un monde surnaturel et dangereux...

En quelques jours, la vie de Judith a basculé. Orpheline, on l’envoie vivre chez son oncle Tom, qui habite Wanouk, un petit bout de terre perdu au milieu de l’océan.
Livrée à elle-même, la jeune fille tente de retrouver son équilibre, et se lie d’amitié avec Hugo, un adolescent de son âge, qui lui apprend que l’île abrite une vieille légende selon laquelle les fragments d’âme de trois frères, possédant les pouvoirs de l’air, du feu, et de l’eau, sont dissimulés dans les environs.
D’abord sceptique, Judith est bien forcée d’accepter la vérité lorsqu’elle découvre le fragment de Chanax, l’âme du feu. Son destin est alors scellé. Partagée entre le bien et le mal, aidée des autres élus de la nature, l’adolescente va découvrir que la magie peut être aussi belle que terrifiante, et qu’elle devra se battre pour survivre.

Découvrez sans plus tarder le premier tome de cette saga fantastique !

EXTRAIT

Je lève les yeux et reste scotchée, tout comme Peter, qui lui aussi observe les terres devant nous. L’île est verte, presque entièrement recouverte de verdure et c’est plutôt joli. Le bateau se dirige vers un petit ponton de bois où une magnifique plage se situe derrière lui. Il a fallu presque trente minutes de navigation et pourtant vu d’ici j’aurais bien stoppé la navette pour admirer encore plus longtemps le paysage. Mais en quelques minutes le bateau se stabilise et je descends sur le ponton de bois. La plage sur laquelle il est situé est d’une beauté spectaculaire. Le sable est d’un blanc presque aveuglant et les vaguelettes d’un bleu limpide vous appellent avec insistance. Tout est splendide.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Entre légende fascinante et communion avec la nature, l’auteure nous offre ici une histoire palpitante que je n’ai pas pu lâcher une seconde [...] Cette quête de soi-même pour apprendre à maîtriser tous ses dons est très bien écrite, le suspense est là et j’avoue que la fin me donne une envie folle de retourner sur Wanouk ! - emmaelys, Booknode

Une histoire sublime avec une intrigue qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin. Juste waouh ! - Blog Bookdream

À PROPOS DE L'AUTEURE

Née en 1991 dans une famille de pépiniéristes, Julie Michaud est bercée depuis sa plus tendre enfance dans la nature et les plantes. Passionnée par la magie et la littérature de l’imaginaire, elle-même fleuriste, elle a su combiner ses intérêts pour donner naissance à Judith Winchester et les élus de Wanouk, premier tome d’une véritable saga.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie14 déc. 2017
ISBN9791023607123
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    Aperçu du livre

    Judith Winchester et les élus de Wanouk - Julie Michaud

    Prologue

    Encore cette foutue grotte. Une fois de plus je me suis réveillé trop tôt. Je suis vaseux et comateux. Toujours faible et dans cette insupportable bulle magique. En quelle année on est ? Quelles époques se sont succédé ? Combien d’années, de siècles, de millénaires sont passés ? Déjà à mon dernier réveil, les hommes avaient oublié mon existence et celle de mes frères.

    Pourtant j’aurais eu du succès à toutes ces époques. Je le sais, surtout aujourd’hui où les humains ne se soucient plus que de leur propre personne et de leur physique. J’aurais fait fureur dans un lycée auprès des filles, comme des mecs. Je suis un athlète à la peau bronzée. Le seul hic physique qui pourrait choquer à votre époque, ce sont mes yeux rouge feu. Mentalement je ne suis peut-être pas le plus intelligent, mais je suis aussi doux et courageux. Et je suis bourré d’humour ! Je me soucie plus des autres que de moi, et c’est justement ce qui m’a tué.

    Je suis en sueur et couvert de sang. Une longue estafilade me parcourt l’oreille droite et descend jusqu’à mon cou. Je sens le liquide chaud et poisseux me coller à la peau. Mais ce n’est pas ce qui fait le plus mal. Je viens de voir mon frère Ventil, mon frère jumeau, tomber. Il est mort, je le sais avant même de me laisser glisser à terre près de lui. Déjà parce que j’ai entendu son souffle et son cœur se stopper avant même que son dos ne percute le sol.

    Après avoir regardé ses yeux jaunes, grands ouverts, sans vie, me fixer et avoir contemplé avec rage et peur le sang couler de sa bouche ainsi qu’une plaie gigantesque qui lui a presque arraché la moitié de l’épaule et de toute évidence le cœur. La douleur m’a emporté dans une bataille déjà rude et folle en hurlant à pleins poumons. Son origine est bien dramatique et irréaliste. Jamais je n’aurais imaginé que dix-sept ans après ma naissance si magique soit-elle, je doive m’entre-tuer avec mon frère aîné.

    Malheureusement, Claronx, mon second frère tombe lui aussi sous les coups cruels de l’homme aux yeux sombres qui s’est maintenant consacré au dernier rempart qui l’empêche de détruire le bien de cette planète, autrement dit, moi.

    Je me jette sur lui mais je suis bien trop affaibli. Je me bats avec rage, je ne peux pas le laisser détruire mon foyer. Il m’a pris mes frères et je suis prêt à donner ma vie pour protéger ma maison, mon île, mon père, ma mère et même cette indigène aux yeux clairs. Putain je ne reverrai sans doute jamais aucun d’entre eux. Et ça, ça fait plus mal que tout le reste !

    Je ne me rappelle pas de tout ce qui s’est passé en détail ce soir-là. Je sais juste qu’on s’est battus corps et âme sur cette plage contre le monstre qu’était devenu mon frère. J’ai vu la mort en face dans ses yeux noirs quand il s’est posé devant moi. Je n’ai pas vraiment vu l’arme brute et froide me percuter mais je sais juste que j’en ai ressenti la violente douleur. Je me suis effondré au sol instinctivement. Mes doigts pouvaient à peine retenir le flot de sang qui s’échappait de ma plaie. Je me rappelle du goût de la mort se propager dans ma bouche. Je n’ai pas eu peur, j’ai juste ressenti une profonde honte à l’idée que j’avais échoué et que ce monde allait périr par ma faute. Je n’ai pas su le protéger !

    Sombro a toujours été personnel, mais c’est mon frère. On partage le même sang, mais pas la même vision. Lui est froid et cruel. Il tue tout ce qui se trouve sur notre île sans ménagement et sans remords. Je l’ai vu arracher le cœur de biche avec plaisir, et brûler des lapins vivants sans compter les frayeurs qu’il aime donner aux indigènes qui vivent sur l’île voisine. Mais on a imaginé jusqu’à la dernière seconde qu’il restait un cœur derrière cette carapace de haine. Nous nous sommes trompés tous les trois, et celle qui nous a donné nos capacités nous a demandé de l’aide pour stopper ses monstruosités avant qu’il ne détruise toute vie ici.

    Le sable chaud sous moi prend un aspect poisseux à cause de mon sang. Le ciel encore noir laisse apparaître les quelques points lumineux si fabuleux que j’aime tant regarder par temps clair. Pourtant, ce soir la bataille a dégagé tant de poussière que jamais je n’aurais cru que ma dernière vision pourrait être celle-ci. La douleur est bien trop forte. Ma vision se brouille, je vais mourir, je le sais. Devant moi, la silhouette de Sombro se dessine. Il se rapproche en riant de plus belle.

    –Désolé petit frère mais tu n’as pas ta place dans ce monde ! Dans mon monde !

    Je le vois lever le sceptre au-dessus de ma tête, la pierre noire juchée sur l’armature en acier reflète des éclats de mort et je crache la bouche pleine de sang :

    –Tu n’as pas ta place dans ce monde non plus !

    Je lève les deux mains et je rassemble mes dernières forces pour lui lancer un jet de flammes très violent en pleine figure.

    Je l’ai entendu hurler mais je ne me rappelle pas grand-chose d’autre, à part le goût du sang dans ma bouche et le bruit du vent m’emmener loin de ce que j’ai connu.

    Je me suis réveillé bien plus tard, et encore, je ne suis pas sûr que « réveillé » soit le bon mot. Je me sens à moitié moi, comme découpé, déchiré, non vivant, mais pas mort non plus. Je sais qu’il faut que j’attende, je sais que quoi qu’il se passe je suis destiné à rattraper mes échecs plus tard.

    J’ai su des années plus tard, à un autre de mes réveils que je faisais partie d’une prophétie. Pourtant je sais aussi que celle qui m’a donné sa magie s’effrite. Les humains détruisent son pays, son domaine et sa beauté. Aurai-je le droit, un jour, de revenir ? Aura-t-elle assez de pouvoirs pour me ramener d’entre les morts ? Pour choisir ceux qui me porteront ?

    Aujourd’hui c’est différent, je me sens toujours divisé mais je sens du changement. Comme un appel, comme une attraction, un chant mélodieux, une pression énergique. Elle arrive ! Celle qui me prendra en son sein, celle qui bouleversera les projets maléfiques de ce monde !

    Je m’appelle Chanax, fils de Wanouk, et je suis prêt à revenir ! J’arrive !

    Chapitre 1 : Wanouk

    Penchée à l’avant du bateau, j’observe le paysage sans vraiment le voir. Pourtant c’est vraiment magnifique. J’ai quitté l’île principale pour prendre une navette qui me conduit tout droit vers ma nouvelle demeure. Ce petit bout de terre qui flotte devant mes yeux sur des flots bleu turquoise et sous un soleil paradisiaque.

    Putain j’ai du mal à réaliser ce que je fais vraiment ici. Le bateau va assez vite mais vu la distance qui nous sépare du morceau de terre que j’aperçois, je sais qu’il nous faudra un certain temps avant d’arriver à destination. Je ferme les yeux en espérant que l’air pur du large fera disparaître toute cette douleur.

    Dernièrement, je ne reconnais plus ma vie et surtout je ne me reconnais plus moi-même. J’ai parcouru les derniers jours dans un brouillard qui semble s’épaissir à chaque minute. Je ne comprends pas comment tout a pu basculer autant en moins d’une semaine. Il y a quelques jours, j’étais une adolescente tout à fait normale, avec une vie normale. Je me sentais aussi heureuse qu’on peut penser l’être à 17 ans. Je passais tout mon temps possible auprès de mes amis en imaginant qu’on refaisait le monde. Malheureusement je ne me suis rendu compte que trop tard que ce qui était le plus important n’était pas de changer l’univers mais de profiter de ce qu’il m’avait apporté. Je regrette tellement …

    –Il a l’air d’apprécier le voyage !

    Je rouvre les yeux et je jette un coup d’œil sur ma droite et je croise le regard marron, de Simon. Cet homme noir, la quarantaine au sourire contagieux, qui nous a récupérés à l’aéroport. Il me montre la silhouette de mon petit frère du bout des doigts.

    Celui-ci est debout les cheveux dans le vent au bout de la proue et fixe les flots avec un grand sourire sur le visage. Le vent s’engouffre dans sa tignasse brune. Le voir rire comme ça me rassure légèrement. Depuis quelques semaines je n’ai fait que le rassurer sur cette nouvelle vie qui s’impose à nous. Et c’est bien compliqué car moi-même j’ai du mal à me persuader que tout ira pour le mieux. Mais si ces quelques jours sont un vrai cauchemar pour moi j’imagine la terreur de mon jeune frère. J’ai toujours été très proche de Peter malgré notre différence d’âge mais dans cette complicité je ne me suis jamais dit qu’un jour je devrais le prendre sous mon aile de cette manière.

    Même si je n’ai aucune envie de parler je ne peux me résoudre à être malpolie avec des gens qui vont de toute évidence partager ma nouvelle vie.

    –Il a seulement 5 ans depuis quinze jours alors je ne sais pas s’il comprend réellement ce qu’il se passe !

    –Ça vaut mieux pour lui !

    C’est vrai qu’avoir peur de ne pas se faire de nouveau copain ou de dormir dans une nouvelle maison n’est pas un point sur lequel je panique, mais Peter si ! Il ne connaît pas mon oncle chez qui nous sommes forcés d’habiter désormais. Et je dois dire que moi non plus. La seule chose de certaine c’est que c’est le seul parent qu’il me reste et il a demandé notre garde. Comme si je devais lui être reconnaissante de ce geste. J’avais d’autres possibilités. Pat’ et Sam’, les meilleurs amis de mes parents, auraient pu nous prendre en charge. Mon cœur se serre à cette éventualité. J’y ai cru et bon Dieu comme j’aurais préféré ! Je ne sais pas si ça aurait pu apaiser ma peine et ma douleur mais ça n’aurait sans doute pas attisé cette colère si forte au fond de ma poitrine. Je n’ai pas voulu blesser Patricia en lui disant que j’avais surpris sa conversation avec Samuel la nuit dernière. Ils nous ont hébergés depuis le drame et j’ai du mal à dormir depuis ça, alors ma dernière insomnie m’a permis d’entendre et de comprendre que les amis de mes parents n’ont pas pu obtenir ce qu’ils voulaient vraiment. Ils cherchaient une solution pour convaincre Tom qu’il serait mieux pour nous deux de rester en France, avec nos repères mais mon oncle a refusé catégoriquement cette éventualité. Pourquoi Tom se donne autant de mal ? Il ne nous connaît pas et de toute évidence, il n’a aucune envie de le faire !

    J’en ai marre, je suis à bout. Je suffoque. J’ai tellement mal. Je veux que quelqu’un me secoue pour me réveiller de cet horrible cauchemar mais il est bien trop long pour ne pas être réel.

    –Ça doit être dur !

    Je reste silencieuse quelques minutes. Je sens mon pouls s’accélérer et la colère grimper mais cet homme essaye juste de discuter et de s’intéresser à moi alors je réponds plus sèchement que voulu :

    –Si tu appelles difficile d’être orpheline à 17 ans alors oui, c’est dur mais je n’ai pas le choix. Mes parents ont tout fait pour moi… Pour Pet’ aussi !

    –Tu as l’air épuisée, je suppose que tu ne dois pas dormir beaucoup depuis cet accident !

    –Je dois faire mon possible pour mon frère !

    –Tom va prendre la relève, tu verras ! Tu pourras te reposer !

    Je reste muette et impassible, en fait je suis totalement en désaccord avec lui. Je ne souhaite pas dévoiler mes sentiments à Simon, après tout je le connais à peine même s’il m’a l’air sympathique, il ne connaît rien de moi.

    –Excuse-moi mais j’ignorais que mon oncle avait un associé !

    –Oh je suppose que tu connais peu de choses de Tom ! Tu le vois rarement non ?

    Je ricane malgré moi. Un ricanement qui sonne plutôt comme une moquerie.

    –Oh c’est le moins que l’on puisse dire ! Je ne l’ai vu qu’une fois et je ne lui ai pas parlé du tout. Ma mère a juste eu le temps de me le présenter mais ça remonte à sept ans et ce n’était pas pour une occasion très joyeuse…

    Effectivement, la seule et uniquement fois où j’ai vu mon oncle, c’était à l’enterrement de mon grand-père. Son fils, Tom, avait fait le voyage pour retrouver ma mère afin d’enterrer leur père. J’ai un vague souvenir de ce qui s’est passé ce jour-là. Je revois ma mère me le présenter mais il est reparti aussi vite qu’il est arrivé.

    –Donc tu ne le connais pas du tout ?

    Bordel quel curieux ! 

    –Et je ne sais pas si j’ai vraiment envie de le connaître ! Quel genre d’homme apprenant le décès brutal de sa sœur laisse sa nièce et son neveu à l’aéroport ne prenant pas le temps de venir les chercher lui-même ?

    –Il avait un rendez-vous ! Tu sais c’est un homme très occupé !

    Simon essaye peut-être de défendre son ami mais il s’y prend très mal et je sens ma rage bouillonner et mes poings se serrer. Je ne pourrai bientôt plus retenir ma colère et je le sais.

    –Je viens de perdre mes parents et mon oncle ne prend même pas la peine d’annuler un rendez-vous pour venir nous chercher ! Qu’est-ce qu’il croit ? Que je vais lui sauter au cou en le remerciant de nous prendre tous les deux ?

    –Attends de le connaître ! Tu verras c’est quelqu’un de bien et de surprenant. Il était ravi de vous recevoir sur l’île.

    –Dis plutôt qu’il s’en est senti obligé !

    –Non tu te trompes sur lui !

    Je ne peux plus continuer cette conversation, il faut que je change de sujet et très vite car de toute évidence son associé est têtu et trop curieux.

    –Dis-moi ! Comment s’appelle cette île ?

    –Wanouk !

    –Wanouk ? C’est plutôt joli !

    –L’hôtel est le seul de l’île et il est très populaire. Tu t’y feras, ce n’est pas très grand mais la vie est paisible ici !

    Je ne lui réponds pas, j’ai envie d’être seule. J’ai du mal à savoir ce que je veux vraiment en ce moment.

    –Djoud’ ! c’est ton surnom ?

    Peter a crié ce nom plusieurs fois à l’aéroport, paniqué de ne pas voir Tom venir nous chercher. Quand Simon a débarqué avec sa camionnette et son grand sourire, je venais de raccrocher avec l’hôtel qui me prévenait que son associé allait arriver. Il a dû entendre mon surnom à ce moment-là.

    –Oui, ce sont mes amis qui me l’ont donné quand j’ai fait mon entrée au collège et c’est toujours resté depuis !

    –C’est mignon !

    –Merci !

    Il faut que je change de sujet, j’ai horreur qu’on parle de moi.

    –Ça fait combien de temps que tu es associé avec mon oncle ?

    –Depuis toujours ! C’est-à-dire environ vingt-cinq ans.

    –Je me suis toujours demandé pourquoi il était venu construire un hôtel ici ?

    –Oh je ne sais pas s’il est venu ici pour monter un hôtel ! Je pense plutôt qu’il recherchait quelque chose et qu’il ne l’a pas trouvé alors il s’est rabattu sur l’hôtel, ce qui lui permettait de rester sur place.

    Je me retourne vers lui. Ma curiosité reprend le dessus et je lui lance :

    –Quoi ?

    Simon sourit et reprend :

    –C’est une longue histoire et ce n’est pas à moi de la raconter !

    –Je crois que je n’ai pas tout compris !

    –Tu lui ressembles beaucoup !

    Mes yeux me brûlent et je serre les poings. C’est quoi son problème ? Il a vraiment rien compris ou quoi ?

    –Ah oui vraiment ? Je ne vois pas ce que je pourrais avoir en commun avec quelqu’un comme lui !

    –Tu te trompes ! Tu penses qu’il n’a pas de cœur mais je ne connais pas beaucoup de personnes qui en ont un comme le sien. Il est très proche des jeunes de l’île et il fait beaucoup sur Wanouk !

    –Ce n’est pas pour ça que je vais l’aimer ! Il n’a même pas pris la peine de venir à l’enterrement de mes parents, il n’est pas venu dire adieu à sa sœur !

    –Il a eu un empêchement…

    –Et après tu me dis qu’il a bon cœur ?

    Simon me transperce de ses yeux marron, il ouvre la bouche mais est interrompu par la voix de Peter qui s’écrit :

    –Djoud’ Djoud’ viens voir !

    Je me rapproche de lui en lui caressant les cheveux comme le faisait maman, en me penchant à ses côtés.

    –Quoi que t’arrive-t-il ?

    Il me tend un doigt vers la coque et là, sous les vagues, se dessinent deux dauphins. Ils sautent et suivent le mouvement des flots. Voilà qui va m’offrir une distraction pour le reste du trajet.

    –Nous arrivons sur Wanouk ! Bienvenue ! lance Simon dans mon dos.

    Chapitre 2 : Oncle Tom

    Je lève les yeux et reste scotchée, tout comme Peter, qui lui aussi observe les terres devant nous. L’île est verte, presque entièrement recouverte de verdure et c’est plutôt joli. Le bateau se dirige vers un petit ponton de bois où une magnifique plage se situe derrière lui. Il a fallu presque trente minutes de navigation et pourtant vu d’ici j’aurais bien stoppé la navette pour admirer encore plus longtemps le paysage. Mais en quelques minutes le bateau se stabilise et je descends sur le ponton de bois. La plage sur laquelle il est situé est d’une beauté spectaculaire. Le sable est d’un blanc presque aveuglant et les vaguelettes d’un bleu limpide vous appellent avec insistance. Tout est splendide. En levant les yeux, j’aperçois le bâtiment qui doit être l’hôtel. Il a l’air magnifique lui aussi mais je n’en distingue pas grand-chose d’ici.

    Je remarque que la plupart des villageois partent sur ma gauche en direction d’une route où un bus les attend.

    –Allez venez je vais vous présenter l’Alpinia ! lance Simon en soulevant l’un de mes sacs.

    Je ne peux détacher mes yeux de la plage à ma droite, elle est si belle. Simon nous fait contourner un petit bosquet pour arriver sur un chemin pavé et c’est lorsque mes pieds touchent cette surface que mes yeux quittent les flots pour regarder face à moi. L’allée entourée de palmiers est d’une splendeur exceptionnelle. Elle mène tout droit à un bâtiment luxueux. Celui-ci est en bois et il se confond dans le paysage luxuriant couvert de palmiers, bananiers et autres plantes fleuries. Sur deux étages, il est soutenu de chaque côté par des poutres qui font ressortir une magnifique terrasse en bois qui se prolonge sur la plage.

    Je suis Simon sur ce sentier qui doit faire cent cinquante mètres à première vue. J’ai l’impression d’être dans l’allée princière d’un palace. Au-dessus de l’appentis que forme le hall d’entrée, est inscrit en lettres de bois le nom de « L’Alpinia ». Les rayons du soleil qui parviennent à traverser le feuillage donnent une lumière verte magique et irréaliste au lieu. C’est magnifique.

    –Alors qu’en penses-tu ? me demande Simon à quelques pas devant moi en me jetant un regard amusé.

    Je ne lui réponds pas, vu son amusement il se fout déjà de mon air ébahi. Il sait très bien que son hôtel est un bijou brut. Les oiseaux chantent au-dessus de moi et le vent qui provient de la plage où les vagues s’écrasent avec fracas m’hypnotise, mais une voix me ramène à la réalité.

    –Salut !

    Je donne un coup d’œil à l’entrée et un jeune garçon descend les trois marches du perron à toute vitesse pour venir se jeter devant moi. Il est blond, des yeux bleus et la peau dorée par le soleil. Je n’ai pas à chercher bien loin pour reconnaître cette voix. C’est la voix douce et enjouée du réceptionniste qui m’a indiqué que Simon serait notre chauffeur lorsque j’étais à l’aéroport. Eh bah plutôt sexy comme réceptionniste d’ailleurs ! 

    Son sourire est aussi contagieux que celui de Simon et je l’aime tout de suite.

    –Bah alors t’as fini par le trouver !

    –Euh oui merci !

    –Oh excuse-moi, donne ton sac je vais le prendre ! Je m’appelle Hugo, je suis ravi de faire ta connaissance !

    –Oui moi aussi, je m’appelle Jud…

    –Judith, oui je sais !

    Peter et Simon marchent devant moi pendant que mon nouvel ami se place à mes côtés.

    –Je tiens à te présenter toutes mes condoléances pour ta…

    –Merci, c’est gentil ! Je lui ai coupé la parole mais je n’ai aucune envie d’entendre ça d’une personne qui ne connaît rien de ma famille.

    On pénètre dans l’hôtel et je ne peux que constater que l’intérieur est aussi magnifique que l’extérieur. Tout est en bois et si lumineux que le tout donne une impression rustique, simple et réconfortante à la fois. Le hall d’entrée est plutôt vaste et j’ai le temps de remarquer rapidement plusieurs ouvertures qui donnent sur la salle de restaurant, sur la terrasse, d’autres sur les cuisines sans doute et à ma gauche un grand escalier de bois se distingue des différents couloirs où doivent se dissimuler les multiples chambres. Simon revient du comptoir avec des paires de clés et nous entraîne à l’étage. Je débarque dans un couloir réservé aux employés de L’Alpinia. J’apprends par Hugo que tous ceux qui vivent ici, logent dans ce couloir, y compris Tom et Simon. Putain c’est pas cool ça. Simon enfonce la clé dans l’une des portes en bois et je suis Peter dans la pièce. La chambre n’est pas grande mais très bien aménagée. Un lit, une armoire et un bureau. Une fenêtre donne droit sur la plage et j’imagine que tout le monde n’a pas cette vue-là. Je découvre une seconde porte qui mène à une petite salle de bain, avec douche, miroir et toilette. C’est une bonne nouvelle, je n’ai jamais eu de salle de bain à moi.

    –Voici ta chambre Peter ! Ce n’est pas très grand mais tu t’y plairas. La tienne Judith est juste à côté. Bien je vous laisse vous installer et moi je vais m’occuper de mes clients ! à plus tard.

    –Merci Simon !

    Hugo me dépose les sacs sur le lit et me précise :

    –Ta chambre est identique, et je vais vous laisser mais si tu as besoin Judith n’hésite pas je suis en bas ou dans les parages !

    Je le remercie d’un signe de tête et d’un sourire il disparaît dans le couloir. Peter se jette sur le lit et se met à sauter dessus au moment où j’ouvre la commode pour en sortir des draps.

    –J’ai une idée !

    Peter lève ses petits yeux marron vers moi. Dernièrement ils étaient plus souvent bouffis et rouges de larmes mais là je me plonge de nouveau dans le regard innocent de mon frère.

    –Si tu mettais ton maillot de bain on pourrait aller se baigner !

    J’ai le droit à un grand sourire et un gros câlin. En peu de temps je me retrouve sur le sable de cette magnifique plage à voir mon petit frère sauter dans les vagues. Je ne peux m’empêcher de sourire en le voyant plonger la tête et ressortir trempé en riant aux éclats.

    –Il a l’air de se plaire ! me lance la voix d’Hugo dans mon dos.

    Je me retourne, mais lui lance un sourire douloureux comme réponse. Il s’avance vers moi et je lui demande :

    –Tu travailles ici ?

    Il est vraiment mignon avec son regard turquoise qui me dévisage tendrement.

    –Oui j’aide ton oncle et mon père !

    –Ton père ? Simon est ton père ?

    –Oui mon père adoptif pour être exact. Mes parents sont morts quand j’avais 6 ans et Simon était le meilleur ami de mon père, il m’a pris sous son aile depuis ce temps.

    –Je suis désolé.

    –De quoi ? Tu ne pouvais pas savoir mais je dois t’avouer que j’étais ravi d’apprendre que Tom acceptait de vous prendre en charge tous les deux. Ton oncle m’a expliqué l’accident et j’avoue que savoir que je ne serai plus le seul, ça m’a donné envie de t’aider… enfin le prend pas mal hein ! Je ne dis pas que je suis ravi que tes parents ne soient plus... mais juste que… Oh la la je m’enfonce non ?

    Je lui souris, amusée. Je suis surprise de sa franchise et j’ai l’impression de m’être déjà fait un super ami.

    –Je peux te poser une question?

    –Oui je t’en prie !

    –Comment sont morts tes parents ?

    –Ils ont été assassinés !

    –Oh !

    Mince, je ne m’attendais pas à cette réponse.

    –Oui ils sont morts tous les deux dans des conditions plutôt étranges. Nous dormions quand je me rappelle avoir entendu mes parents hurler de frayeur. Je me suis jeté sous mon lit et j’ai vu une sorte d’ombre gigantesque parcourir toute ma chambre et le couloir. Tout à coup, j’ai eu très froid, très peur. J’ai couru dans la chambre de mes parents et ils étaient tous deux allongés sur le lit. Je n’oublierai jamais leur expression, ils avaient l’air terrifiés et ils étaient livides. Les médecins n’ont pas pu donner d’explication mais j’ai réussi après des années de recherches à découvrir des meurtres similaires.

    Son histoire est affreuse, mais après ce qui m’est arrivé, je ne ressens aucune gêne pour lui poser d’autres questions sur son passé. Je sais que ma curiosité est malpolie, mais son regard et son sourire me font comprendre que je n’ai pas à avoir peur de demander.

    –Tu es sûr que ce sont des meurtres ? Ça ne peut pas être des crises cardiaques ou des cas médicaux spectaculaires ?

    –On dirait Simon ! Il m’a répété je ne sais combien de fois les mêmes propos que toi !

    –Je ne veux pas te manquer de respect.

    –Oh non ! Ne t’en fais pas je comprends tout à fait que ça puisse sembler... bizarre… mais je sais ce que j’ai vu et ressenti.

    –Je comprends, mais c’est juste que je n’ai jamais aimé le paranormal !

    –C’est vrai que comparé à moi, toi c’est un accident de voiture qui a tué tes parents, c’est ça ?

    –Oui tout ce qu’il y a de plus banal et destructeur. Ils étaient partis faire des courses et ils ont croisé un camionneur saoul. Mon père n’a pas pu éviter la collision. La voiture a explosé, ils sont morts sur le coup. Tout s’est passé si vite et ça a été si brutal que j’ai encore du mal à réaliser mais je dois m’occuper de lui ! dis-je en fixant Peter.

    –C’est normal de ressentir ce que tu ressens mais ne garde pas tes sentiments pour toi ! Parle avec ton oncle, tu verras ça te fera du bien.

    Je ricane de nouveau. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir que je parle à Tom ?

    –Ce n’est sûrement pas Tom qui va comprendre ce que je ressens !

    –Détrompe-toi, il est vraiment surprenant et il est très apprécié ici !

    –Peut-être, mais moi je ne le connais pas ! Tu sais où il est d’ailleurs ?

    Je viens de réaliser que ne pas venir nous chercher est un fait, mais depuis que je suis là il aurait au moins pu venir nous voir non ?

    –Il est parti ce matin avec les jeunes de la Trinite !

    –La Trinite ?

    –Oui, c’est le nom d’une plage et on l’a donné aussi à un petit groupe d’ados de notre âge. Tout simplement parce qu’ils en ont pris possession. Si tu veux demain je pourrais te faire visiter Wanouk et t’expliquer un peu son histoire ?

    –Oh oui avec plaisir j’aimerais beaucoup ! Mais dis-moi je ne sais pas où tu habites ?

    –Juste derrière l’hôtel. Comme toi j’habite ici ! Mais ne t’en fais pas, je serai ton guide et ton ami pendant autant de temps que tu le veux.

    –Merci Hugo, j’avoue que ça fait du bien !

    –Je t’expliquerai comment fonctionnent l’hôtel et l’île demain. Mais maintenant prends un peu de temps pour toi, va avec lui, tu verras elle est bonne !

    Je lui souris, et suis ses conseils. Il a raison l’eau est bleue, limpide, tiède et magnifique, bref c’est vrai que cette île est paradisiaque. Je me rue sur Peter et il hurle de rire. On s’amuse tous les deux pendant presque deux heures.

    Je n’ai pas vu la soirée passer et je me retrouve très vite à lire une histoire à mon petit frère pour l’aider à s’endormir.

    On a fait la connaissance avec tout le reste de l’hôtel. Hugo nous a accompagnés sur une petite terrasse à côté des cuisines afin de retrouver les salariés de l’hôtel et partager un délicieux repas fait par la cuisinière en chef Tina. Il faut vraiment que je retourne la voir car ses plats sont des délices.

    La fatigue emporte rapidement Peter et en même temps j’aurais été surprise du contraire car la journée a été bien remplie. Je suis tout aussi vannée mais j’ai vraiment peur de dormir. Je jette mon sac sur mon propre lit. Il est tard mais je dois ranger mes affaires. La faible lueur de la lampe de chevet diffuse une douce lumière rougeâtre magnifique. Vu le peu d’affaires que j’ai, c’est plutôt du rapide. Va vraiment falloir que je me rachète des vêtements ainsi qu’à Peter. Et aussi que je trouve un job pour gagner de l’argent. Peut-être qu’Hugo aura une idée !

    Je souffle un grand coup. Je n’aime pas rester seule en ce moment ou du moins je déteste rester inactive, je réfléchis trop. Une boule chargée d’émotion se loge dans ma gorge mais je n’ai pas réellement le temps de craquer car des voix me ramènent à la réalité.

    Il y a du monde dehors car j’entends plusieurs sons et des pas sous ma fenêtre. Je me lève et tire doucement sur les rideaux. La faible lumière de la pièce me permet d’être discrète et de ne pas être vue par les individus à l’extérieur. Sur le sentier extérieur devant le hall, se trouvent six personnes qui discutent avec enthousiasme. Et mon sang se met à bouillir quand je reconnais la silhouette de mon oncle. Les cinq autres silhouettes sont des ados, deux filles et trois garçons. Je dirais qu’ils ont sans doute mon âge, mais d’ici j’en suis pas certaine. L’une des filles est de couleur noire, l’autre blanche et quant aux garçons il y a un blanc plutôt de petite taille, un jeune homme noir et l’autre est métis ou très bronzé mais là encore je n’en suis pas sûre. Ma curiosité est piquée quand je me rends compte qu’ils sont tous dans un état pitoyable. Leurs vêtements sont déchirés ou dégueulasses et leurs visages sont dans le même état. Je pense même qu’il y a du sang sur le front du garçon blanc. C’est quoi ce bordel ? Ils discutent tous avec beaucoup d’entrain et chacun a l’air de vouloir faire valoir son opinion mais je n’entends rien d’ici. Il faut que je me rapproche et que j’ouvre la fenêtre mais au moment où je fais un pas en avant ils se stoppent tous sauf Tom qui continue de parler et de faire de grands signes.

    J’hallucine ou quoi ? La jeune fille noire prononce quelque chose et tous lui tournent le dos et disparaissent de mon champ de vision. Quand je repose mes yeux sur mon oncle, je me rends compte qu’il a déjà levé la tête vers moi. Je croise son regard et j’espère lui transmettre tout mon dégoût avant de me jeter sur mon lit.

    Bordel qu’est-ce qu’il s’est passé. Ils n’ont pas pu m’entendre, je n’ai fait qu’un pas et moi-même je n’arrivais déjà pas à entendre leur conversation. Mais c’est étrange qu’ils se soient tous arrêtés de parler d’un seul coup alors qu’ils avaient l’air de se disputer deux minutes avant. Le ventilateur au plafond absorbe mes pensées et je ne me rends même pas compte que Morphée me prend dans ses bras.

    Je me réveille en sursaut. Putain j’en ai marre de ces cauchemars ! C’est toujours le même, encore et toujours. Je vois cette forêt et les voitures. Et puis je me réveille en sursaut quand la voiture explose. Mais cette fois-ci c’était différent, j’ai eu l’impression qu’on m’appelait. Mon rêve a débuté sur Wanouk, j’y ai vu tous les paysages que j’ai découverts hier, et puis comme d’habitude je me suis retrouvée dans cette foutue forêt ! Bref le résultat est le même, je suis debout et il fait encore nuit.

    Je descends silencieusement sur la plage. Même si le soleil ne se reflète pas encore sur les flots, Wanouk me semble paradisiaque mais également étrange et je ne sais pas pourquoi je ressens ça. Peut-être parce que les bruits, les sensations, la beauté, tout me semble décuplé ici. J’ai marché sur le sable sans me rendre compte de la distance. Je suis arrivée au pied de la falaise et je n’ai d’autre choix que de faire demi-tour. Le soleil commence à rougir au-dessus des flots et quand j’arrive devant l’hôtel, je m’assieds pour observer le paysage.

    –C’est joli hein ?

    Je reste silencieuse. Cette voix masculine me revient en mémoire et je sais à qui elle appartient. Hier soir il faisait sombre et sa silhouette était aussi floue que dans mes souvenirs, mais cette voix est exactement la même.

    –Tu as fait bon voyage ?

    Je l’entends se rapprocher et je me retourne pour le regarder droit dans les yeux. Je sens ma colère revenir et bouillir, et cette fois j’ai pas forcément envie de me retenir. Il a la quarantaine comme Simon, mais il est blanc et plus grand que son associé. Les cheveux courts et châtain clair comme ceux de maman, il me regarde avec les mêmes yeux qu’elle. Bon Dieu ! Il est assez musclé, sous son marcel blanc on voit bien les formes de ses muscles se dessiner. Je détourne rapidement les yeux en lui faisant croire que je n’ai pas vu la coupure qui descend sur son cou.

    –Si j’ai fait bon voyage ? Oh oui ! Et si tu veux savoir si j’ai fait connaissance avec l’hôtel je te dirai oui aussi. J’ai pratiquement rencontré tout le monde, sauf toi ! Mais c’est vrai que c’est tout à fait logique puisque tu n’es que mon oncle !

    –Judith, je suis désolé, j’avais…

    –Une affaire, oui je sais Simon m’a expliqué et ça devait sûrement être plus urgent que le fait de venir chercher sa nièce et son neveu à l’aéroport après le décès de leurs parents. Quand maman parlait de toi, ses yeux s’illuminaient. Elle avait l’air de t’aimer comme une dingue. J’étais persuadée que tu accourrais pour me prendre dans tes bras lorsque tu as appris qu’ils étaient morts. Tu ne pouvais pas être aussi égoïste et monstrueux pour me laisser face à ça ! Mais tu n’es pas venu. Tu nous as abandonnés et le fait de nous accueillir chez toi n’y changera rien. Tu nous as laissés seuls à l’aéroport bordel ! Quel genre d’homme es-tu ?

    J’ai dit ça d’une traite et mon cœur tape dans ma poitrine. Je suis en colère et je la contrôle difficilement. Les yeux de mon oncle se sont écarquillés à plusieurs reprises sous la force de mes paroles mais il reste calme.

    –Judith je t’assure que j’aurais voulu venir mais ici on avait besoin de mon aide !

    –Ah oui tu dois sûrement parler des jeunes gens que j’ai vus hier soir. Tu ne me connais pas plus que je ne te connais toi, alors je peux comprendre que tu aies préféré aider ces jeunes plutôt que moi qui viens de débarquer. Je comprends que l’aide que tu fournis à tes amis devait sûrement être plus importante que l’aide que j’attendais de mon seul oncle. Ne t’en fais pas être orpheline du jour au lendemain on s’y fait très vite.

    Il me fixe de longues secondes avec un regard d’impuissance. Je sais pertinemment que mes yeux lui transmettent toute ma rage et que mes joues ont dû prendre un rouge profond mais je m’en contrefous. Le voir devant moi me fait trembler de rage et il ne peut même pas se justifier. À part ses yeux, il n’a rien à voir avec maman ça c’est sûr !

    –Je suis désolé, c’est normal que tu sois en colère, je comprends tout à fait mais si jamais je peux faire quelque chose…

    –Tu ne comprends rien du tout et je ne suis pas en colère Tom, c’est loin d’être la vérité, je bouillonne littéralement et tu n’as rien fait pour m’aider au contraire. Pour moi, tu as un retard de dix-sept ans, mais Peter est jeune, cependant n’oublie pas que lui aussi est orphelin. Une notion que de toute évidence tu ne connais pas. On

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